Le groupe Moët & Chandon veut réaliser un film pour motiver ses vendeurs de tous les pays et demande à une dizaine de personnalités de tous horizons de s’exprimer sur ce champagne. Le fait d’être sollicité pour participer est déjà un honneur. Le rendez-vous est pris dans ma cave et le matin même, j’ai succinctement nettoyé ce que je suppose être le lieu du tournage et j’ai rassemblé quelques bouteilles vides pour qu’une photo montre que j’ai quelques heures de vol lorsqu’il s’agit de Moët & Chandon.
Le cameraman règle ses éclairages et je réponds aux questions du responsable de la communication du groupe Moët. Les premières questions sont théoriques et assez rapidement nous en venons aux travaux pratiques. Dans des verres tulipes, je bois Champagne Moët & Chandon Brut sans année qui est très agréable et facile à vivre. Le Champagne Moët & Chandon rosé sans année est plus fait pour la gastronomie que pour une dégustation pure. Il me paraît plus agréable que la mémoire que j’en avais. Le Champagne Moët & Chandon 2002 possède un parfum envoûtant. Il est d’un millésime de grande réussite et s’épanouit avec bonheur. Il y a un peu de fruits confits et du fumé, joliment distillés.
Pour que ma participation soit plus personnelle, j’ai ouvert devant les caméras Champagne Moët & Chandon Brut Impérial 1964, d’une année considérée à Moët & Chandon comme la plus grande de ces soixante dernières années. Et, pour que la mesure soit complète, j’ai apporté un verre à champagne, une « champenoise » du 18ème siècle, daté entre 1785 et 1790, ce qui correspond à une période cruciale dans l’évolution de la famille Moët, le saut à la deuxième génération, celle de l’amitié avec Napoléon Bonaparte. Mon intervieweur partagera avec moi le champagne, et comme il est plus jeune, dans un verre du 19ème siècle. Le bouchon se brise au dernier quart que je soulève avec un tirebouchon qui a appartenu à mon grand-père. La lunule de bas de bouchon est d’une qualité parfaite et l’ouverture libère un « pschitt » engageant.
Je suis extrêmement étonné que la couleur soit aussi jeune, le champagne étant d’un jaune presque vert. La bulle est présente et active, le nez est extrêmement chaleureux, et en bouche, ce qui frappe, c’est l’absence totale de signe de vieillesse ou de fatigue. Commentant ce champagne qui évoque les fruits jaunes d’été avec le responsable de la communication de Moët, nous constatons que dater ce champagne en 1985 ne serait pas choquant. C’est un champagne éblouissant, dont hélas la pellicule du caméraman ne pourra pas rendre le génie..
Il reste suffisamment de champagne de ces quatre bouteilles pour que s’organise de façon impromptue un apéritif avec les employés de l’entreprise de distribution industrielle que dirige mon fils. Des films didactiques comme celui-là, j’en redemande volontiers ! Et je ne suis pas le seul.