Nous approchons de Noël, fête qui rassemble les familles. Nous recevons deux de nos petits-enfants, cornes d’abondance de fraîcheur et d’innocence. Leurs parents veulent les récupérer la veille de Noël, à l’heure du déjeuner. Comme il serait étonnant que l’on mange frugal, dès dix heures, j’ouvre un vin que je veux proposer à l’aveugle à mon gendre, car j’ai ma petite idée en tête. Contre toute attente, le bouchon collé au verre ne veut pas sortir et s’arrache par la force du tirebouchon. Trop épais, il n’a pas évité d’être noyé de vin. Une partie est imbibée et j’ai peur que cela ait une influence. A l’odeur, il n’en est rien. Au contraire, le vin est d’un parfum d’une délicatesse envoûtante.
Les parents arrivent et c’est l’heure du Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996. Le dernier que j’avais bu avait un peu de fumé et de réduction. Celui-ci est d’une pureté exemplaire. C’est un beau et grand champagne, très académique, sur une base de vins de grande valeur.
Le vin que je fais découvrir à l’aveugle à mon gendre apporte la démonstration que je voulais faire : jamais on ne penserait à une petite année. C’est Pétrus 1992 dont le parfum est la plus belle carte de visite. Jamais personne ne pourrait dire qu’une telle puissance aromatique vient d’une année comme 1992.En bouche, le vin est plein, très tannique, et évoque la truffe parmi ses saveurs. Comme souvent, on peut remarquer que s’il apparaissait à côté d’un Pétrus d’une très grande années, on verrait qu’il a des limites. Mais là, seul vin rouge du repas, il fait apprécier la finesse de sa trame, et sa richesse. C’est sur la longueur que le vin révèle l’année naguère jugée faible. Avec un brie à la truffe, nous sommes revenus au champagne et nous avons pu constater encore plus la beauté du vin de base de ce grand champagne. Ce Noël avant l’heure démarre bien.