Après avoir dormi seulement trois heures, je prends avec mon épouse un train en direction d’Avignon pour assister aux obsèques d’une cousine très chère emportée par une maladie incurable. Lorsqu’on a le souvenir des gares de Tokyo, Kyoto et Fukuoka, arriver à la Gare de Lyon fait un choc. Comment un pays comme la France peut-il revendiquer le rang de grande puissance ou se croire encore dans le peloton de tête des pays de la planète, s’il accepte que l’on vive dans une telle saleté. Tout ici est sale. Les abords de loueurs de voitures sont des pièges à saleté et croulent sous les odeurs d’urines des voyageurs qui ne veulent pas payer pour se soulager.
Des toilettes publiques sont fermées, sans doute parce que la dame-pipi a pris ses RTT. Bon. Nous allons à d’autres toilettes, et là, le spectacle est assez édifiant. Une femme plantureuse est assise derrière une grande vitre trouée d’un hygiaphone. Autour d’elle, des fleurs en plastique qui n’ont pas connu de plumeau depuis des lustres. Elle dialogue avec un micro donnant du volume à sa voix, et sa seule préoccupation est de recueillir les 50 centimes nécessaires aux hommes pour une place debout ou la somme correspondant aux places assises. J’imagine volontiers que les feuilles de papier sont données au compte-goutte, car les distributeurs sont tous vides. On est obligé de passer par un tourniquet étroit qu’elle libère si l’on a payé. Les jeux de valises qui ne passent pas par le tourniquet sont assez cocasses. Et à l’intérieur, c’est la saleté congénitale des français qui nous a tellement dépréciés aux yeux des étrangers. Il est évident que cette femme est d’abord caissière – on imagine assez bien les problèmes des étrangers sans monnaie – et en aucun cas nettoyeuse de ces édicules. C’est honteux, indigne, et montre que notre pays s’enfonce en courant dans son sous-développement.
Les TGV eux-mêmes sont sales, les toilettes dans les trains sont d’une grande saleté. Qui aura un jour l’envie de redonner à la France l’envie d’être fière d’elle-même ? Et rien ne peut se construire s’il n’y a au départ la recherche de la propreté, de l’amabilité, du respect des autres. Penser qu’il y a des princes qui nous gouvernent qui considèrent comme une chance d’ajouter encore en France dix millions de personnes de plus dans les trente ans à venir ! On aimerait bien qu’ils remettent les pieds sur terre, passant plus de temps à observer la France telle qu’elle est devenue, plutôt que de doser si une alliance avec les centristes sera plus porteuse de voix au moment des régionales ou de la présidentielle qu’une alliance avec le diable frontiste.
France, qu’es-tu devenue ?