La dernière Master Class à laquelle j’assiste est « Ornellaia, cru fastueux de la Toscane« . Le Bolgheri Le Serre Nuove dell »Ornellaia rouge 2008 est d’un rouge très foncé. Le nez, très riche, est velouté. La bouche est marquée par l’astringence. C’est un vin strict, généreux en tannins, qui est tout sauf flatteur. Il est d’une belle mâche, mais je le trouve trop strict, sans concession.
Le Bolgheri Superiore rouge Ornellaia 2008 est d’un rouge très noir. C’est un vin qui a été élevé vingt-et-un mois en fûts dont deux tiers de bois neuf. Le nez est discret et très élégant. La bouche est beaucoup plus ronde, le bois est noble. C’est un grand vin, mais il faudrait attendre des années pour qu’il devienne charmant.
Le Bolgheri Superiore rouge Ornellaia 2007 a la même couleur d’un rouge noir. Le nez est très droit, subtil. En bouche il est nettement plus civilisé. La râpe est plus belle, plus acceptable. L’œnologue parle de fraîcheur et de soyeux des tannins. Thierry Desseauve, qu dirige la Master Class m’étonne quand il parle de rondeur et donne des qualificatifs de douceur pour ces vins durs et qui ne deviendront charmants qu’avec l’âge. Car pour moi, ce vin est assez dur, avec seulement des tannins et pas de fruit. Le final est de cassis. Lorsque le 2008 s’ouvre, il est plus exubérant et rond que le 2007.
Le Bolgheri Superiore rouge Ornellaia 1998 est d’un rouge plus tuilé que les autres années. Le nez est beaucoup plus chaleureux et civilisé. La bouche est beaucoup plus arrondie, cohérente, intégrée. Le vin est rond et équilibré. Le bois est très bien dosé.
Il se trouve que je n’avais pas pu rester pour le traditionnel cocktail organisé par idealwine. Entre deux master class, Angélique de Lencquesaing me propose de goûter un verre du Château Haut-Bailly 2000 en jéroboam ouvert hier. Ce vin est élégant, raffiné et dans un état d’accomplissement proche de son sommet historique. Je suis entré dans cette master class avec mon verre et quand je compare les Ornellaia avec le bordelais, il n’y a pas photo, comme on dit, car le soyeux, la douceur, l’équilibre sont du côté de Haut-Bailly. J’ai du mal à imaginer qu’Ornellaia ait pu, sur d’autres millésimes, surclasser les bordelais qui lui étaient opposés à l’aveugle. Ces vins italiens sont bien faits, mais il faut attendre plus de vingt ans si on veut jouir de leurs subtilités.
Entre les master class, je suis allé saluer des vignerons et picorer de-ci-delà quelques beaux vins. Quelques vins qui m’ont plu sont, dans le désordre, les beaujolais de la Villa Ponciago, absolument gourmands et nobles, la Cuvée Winston Churchill 1999 de Pol Roger, le Champagne Pierre Peters Les Chétillons 2004, le vin de paille Château d’Arlay 2006, La Petite Sibérie, Côtes du Roussillon Villages 2009 du domaine Le Clos des Fées d’Hervé Bizeul et beaucoup d’autres encore.
Si je devais retenir trois vins de ce Grand Tasting, ce qui est très réducteur, ce serait : 1 – Château Ausone 2000 en magnum, 2 – Gewurztraminer Grand Cru Mambourg domaine Weinbach Quitessence de Grains Nobles 2008, 3 – Château Haut-Bailly en jéroboam 2000.
Cette édition du Grand Tasting, événement de plus en plus populaire, fut un grand millésime, avec de très grands vins, des rencontres de grands vignerons, et une générosité qui transpire à tous les stands. Une réussite.