La Master Class suivante est de « prestige », elle concerne Bouchard Père & Fils. Elle est animée par Frédéric Wéber, maître de chais, qui a pris la suite de Philippe Roux depuis peu de temps. J’ai la chance d’être assis à ses côtés avec Michel Bettane qui a partagé comme moi certains des trésors de la cave de cette maison.
Le Corton Grand Cru Bouchard Père & Fils rouge magnum 1976 a une robe déjà ancienne. Le nez est lui aussi un peu ancien. La bouche est belle, d’amertume mesurée. Le finale a un fruit rouge très beau. Il a des notes de raisin sec, des épices et de la muscade. L’attaque est fraîche, c’est un vin terrien. Le finale est de plus en plus enthousiasmant.
Le Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils magnum 1969 a une couleur plus claire. Le nez est puissant et l’on sent l’alcool sous-jacent. Le nez devient doucereux. La bouche est à la fois doucereuse et saline. Le finale est très racé. Il y a une belle amertume. C’est un vin gourmand, très racé et gastronomique.
Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1961 a une couleur claire, à peine tuilée. Le nez est charmant. La bouche est étonnante car il y a un fruit rouge généreux. Il y a un peu de sel mais moins que dans le Volnay. Vin gourmand de folle jeunesse, il évoque le cuir, la violette et le velours.
Le Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils magnum 1955 a un nez éblouissant. En bouche, ce vin est un miracle. Il a un peu de miel, de caramel, il est finement toasté. C’est un vin très puissant, le plus corsé des vins de Bouchard. Il me ravit par son équilibre, car en lui, tout est coordonné.
Tellement impressionné par sa perfection et voyant que dans la salle tout le monde bavarde et bavarde, j’ai pris la parole, pour dire que chaque amateur rêve sans doute de boire un jour un vin blanc parfait. Or il se trouve que ce vin parfait, ce vin idéalisé dans l’imaginaire, nous l’avons devant nous et nous le goûtons. Alors, il faut le mémoriser, se recueillir et graver dans sa mémoire ce que peut-être l’émotion d’un vin parfait.
La maison Bouchard nous a fait un cadeau incroyable en apportant ce 1955 (mais aussi les trois autres vins) pour une centaine de personnes. Une fois de plus on a la démonstration que plus un vin de bonne origine gagne en âge plus ses qualités s’amplifient, se complexifient et se coordonnent pour arriver au vin parfait. J’espère que ce 1955 sublime restera dans les mémoires de ceux qui l’ont bu.
Après les Master Class, je suis allé rendre visite aux stands de vignerons que j’apprécie. J’ai pu constater à quel point les visiteurs du Grand Tasting sont des amateurs éclairés, jeunes et moins jeunes. Michel Bettane et Thierry Desseauve animent un salon de très haute qualité, avec des vignerons qui sont d’une extrême générosité. Le Veuve Clicquot Carte Jaune base 1953 et le Corton Charlemagne Bouchard 1955 justifieraient à eux seuls l’intérêt de ce salon.
Et ça continue demain !