L’heure est venue des contacts avec des journalistes qui vont m’interviewer dans la salle où sont exposés les bouchons. Antonio Amorim est avec moi et répond lui aussi aux questions. L’ambiance est agréable et les journalistes compétents.
Je retourne à l’hôtel et à l’heure dite Carlos de Jesus me conduit dans la maison d’Antonio Amorim. Les murs extérieurs font au moins six mètre de haut. Le large portail a la même hauteur et le jardin luxuriant de plantes exotiques est d’une grande beauté. Nous arrivons au seuil d’une grande maison construite en 1605. La salle d’accueil a des azulejos très similaires à l’azulejos qui existe dans ma maison.
Antonio Amorim a invité trois des plus grands experts du porto. Un anglais expert en porto et deux propriétaires ou maîtres de chais de maisons de porto. Ce qui est fascinant c’est que dès les premiers mots, nous nous comprenons comme si nous étions amis depuis des décennies. Quel plaisir de discuter avec des experts si compétents.
La salle à manger est d’une décoration raffinée avec une table en acajou d’une grande beauté. Les fleurs et l’agencement sont d’un goût certain. Nous commençons par un Champagne Dom Ruinart 2010 dont Antonio nous dit qu’il a été gardé avec un élevage sur liège au lieu de capsule comme on le fait généralement. Il estime que si ce champagne a été désigné meilleur champagne de 2010, c’est à cause de l’élevage sur liège.
Les petits fours sont délicieux et le chef cuisinier attaché à la maison d’Antonio a un talent certain qui atteindra son point culminant avec un canard présenté sous une cloche en pâtisserie.
Le menu tel qu’il est écrit : le pétoncle poêlé aux trois caviars (jaune, noir rouge) (citron, esturgeon, tomate / soupe au melon et jambon croustillant / la salade russe aux crevettes / le canard sous une cloche de pain / deux fromages portugais et toasts, le S. Jorge – Azorès : affinage 7 mois, lait de vache et le Serra Estrela Nord : affinage 40 mois, lait de brebis / mousse au citron jaune / kaki de saison / café et chocolats.
Nous buvons deux vins blancs, un Morgado de Santa Catherina Bucelas 2003 et un autre blanc de 1995. Pour un plat de crevettes aux crèmes complexes, Antonio a prévu un Ribeiro & Ferreira Vinho Tinto 1955, croyant que j’aimais le vin rouge sur les crevettes, et je suis obligé de corriger en rappelant que j’avais parlé de langouste et non de crevettes. L’accord n’est pas là mais qu’importe, la richesse de nos discussions dépasse ce détail.
Nous avons ensuite un Vinho de Collares dont j’ai oublié l’année et un Vinho Pera-Manca Tinto 1995 et un Ferreirinha Tinto Barca Velha 1985. Ces vins pour lesquels je n’ai pas de repères montre que le vin rouge du Portugal a de grandes qualités. Celui qui me plait le plus est le 1955 qui montre que ces vins rouges vieillissent bien.
Tout dans ce repas est fluide et élégant. Vient maintenant l’heure des vins doux. Le Taylor’s Vintage Port 1994 bottled in 1996 est un pur plaisir raffiné. Quelle élégance dans cette jeunesse. C’est David, mon voisin de table qui a fait ce vin de plaisir.
Mon autre voisin de table, ancien rugbyman, n’a pas fait le Porto Van Zellers & Co 1888, mais ce sont ses ancêtres. Ce porto est d’un charme infini et d’un raffinement subtil inimitable.
J’ai apporté un Vin de Chypre 1870 pour honorer Antonio. Il est sec et profond, d’une rémanence infinie. Mais mon cœur ira vers le 1888 beaucoup plus riche et joyeux.
Nous avons bavardé jusqu’à une heure du matin. Ce fut une rencontre passionnante avec des experts du porto et une réception de haute qualité.