Je suis l’homme le plus heureux du monde.
Il se trouve qu’une amitié très forte était née entre Jean Hugel et moi.
Il adhérait aux objectifs de l’académie des vins anciens, et à sa dernière réunion, puisqu’il était un fidèle académicien, il avait dit en parlant de moi : « s’il n’existait pas, il aurait fallu l’inventer », car il appréciait la mise en valeur du patrimoine des vins anciens telle que je la conduis.
Jean est mort et j’ai tenu à inviter Etienne Hugel son neveu au premier dîner qui suit son décès.
C’est ce soir.
Etienne vient avec un vin de Hugel que j’ai déjà dégusté avec Jean et que j’ai adoré, un Riesling Vendanges Tardives, Sélection de Grains Nobles Hugel 1976, une des plus grandes réussites de la maison Hugel.
Ce jour Etienne m’appelle.
Il m’avait déjà signalé qu’il était – évidemment gentiment – "jaloux" que Jean ait ouvert un Riesling SGN 1915 avec moi, alors que les neveux n’en ont jamais bu.
Aussi, en accord avec Simone, l’épouse de Jean, il apporte ce soir le plus grand vin du monde, que Jean m’avait montré dans sa cave secrète, un Constantia Afrique du Sud 1791.
Je suis tout excité, et bien sûr très honoré de cette marque d’amitié.