Christian Millau a commis un charmant petit livre, petit seulement par la taille, qui s’appelle « le petit roman du vin », plein d’anecdotes riches de son expérience. Son éditeur organise un déjeuner de presse au restaurant Guy Savoy. Nous sommes une trentaine autour de Christian et son épouse, amis, confrères et journalistes.
Guy Savoy a préparé un menu classique de belle facture : petits amuse-bouche / rouget barbet « rôti-farci » comme un gratin / autour du veau et des cèpes / exotique / mignardises.
Madame Catherine Péré-Vergé, propriétaire de vins prestigieux, nous fait goûter deux vins de ses domaines, qui sont élaborés par elle-même, car elle s’occupe dans le détail de faire le vin de ses propriétés, et par Michel Rolland qui la conseille en France et en Argentine.
Le Lindaflor Chardonnay Argentine 2009 a une couleur d’un jaune intense. Le nez est riche. Le vin est puissant, très travaillé et un peu monolithique. On comprend qu’il correspond à une évolution de vins modernes, faciles à comprendre et très plaisants. La vigneronne est particulièrement volontariste et dynamique, arc-boutée sur sa vision de son vin.
Son Château Le Gay 2003 me plaît beaucoup. C’est un vin moderne, fait de grains très mûrs, avec un élevage poussé, mais dont le final frais, évoquant la violette, comme son autre vin, le Château La Violette, est un véritable plaisir. Ses vins sont faits pour plaire à une clientèle internationale, mais ce pomerol de 13,5°, réussit à garder une belle âme de pomerol, élégante, au final souriant.
J’ai apporté du champagne Laurent Perrier Grand Siècle des années 60. Les trois bouteilles sont très homogènes en qualité. Les bouchons pourraient être de la fin des années 50 ou début des années 60. La couleur du champagne est d’un ambre légèrement gris. La bulle a quasiment disparu, le nez est un peu vert. C’est en bouche que tout se joue. Le pétillant est encore là, surtout sur le rouget dont la sauce réveille à la fois le pétillant et le doucereux du champagne à la persistance aromatique extrême. J’adore ces champagnes riches de saveurs qui surprennent. Ce fut un plaisir de voir que beaucoup des convives ont apprécié ce champagne évolué qui n’a plus rien à voir avec les champagnes jeunes, mais qui fait voyager dans un monde de saveurs doucereuses irisées et changeantes comme les couleurs de la nacre.
Sur le dessert comportant des copeaux de mangues fort opportuns, le Château d’Yquem 1970 que j’avais aussi apporté, très brun pour son âge encore jeune, a tout d’un grand Yquem, car sa douceur est pénétrante, et la signature d’Yquem est réussie.
Le livre de Christian Millau plait aux journalistes présents. Mes vins ont plu, sur la cuisine d’un grand chef. Que demander de plus ?
Voici la table avec le petit livre au centre
les plats de la cuisine traditionnelle de Guy Savoy
Le vin du repas
Les trois photos qui suivent sont au crédit de Le BeauKal Christian de Brosses
Bertrand de Saint Vincent a fait un compte rendu sur le Figaro "Et vous" du 2 octobre. Un plaisir de plus !