Chaque année, la société "Grains Nobles" organise une dégustation des vins du domaine de la Romanée Conti.
C’est Aubert de Villaine qui présente ses vins, assisté de Michel Bettane et Bernard Burtschy. Il nous présente les 2007. Le millésime 2007 est un millésime hors normes. On avait l’impression d’être "battus" par la nature, et il y a eu le miracle du pinot noir. Avril a été très chaud et le vent des Rameaux a fait penser à une année sèche. Mai a été très mauvais, suscitant le mildiou, l’oïdium et le botrytis très précoce. La floraison a été très longue et la récolte de moyenne quantité, très millerandée. Il y a eu de très petits raisins, signes de qualité. Les véraisons et les qualités se sont étagées. Il y a eu un fort décalage entre le pinot noir et le chardonnay, en retard de dix jours, alors que c’est normalement très différent. Le botrytis s’est développé en août, freiné par le froid. A partir du 20 août, le soleil arrive et le vent du nord arrête le botrytis. Les raisins mûrissent et la maturation est très rapide ainsi que la concentration, grâce au vent du nord. Les vendanges ont commencé le 1er septembre, sur dix jours. Il y a eu 15 à 20% de botrytis à éliminer à la vigne puis à la table de tri. La vendange s’est faite en deux temps : les raisins les plus fins, puis les plus grosses grappes. Le Montrachet moins attaqué par le botrytis a été vendangé à partir du 17/09, une semaine après la fin des rouges, avec des raisins très sains.
Cet exposé où Aubert de Villaine a jalonné le temps de ses choix successifs est passionnant.
Pour nous faire la bouche, nous commençons par un Bourgogne Générique de Dominique Laurent 2007 à la couleur rose rubis, a nez très pur, de belle amertume, droit. Le vin est très poivré, strict et très vert, mais très prometteur.
L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2007 est d’un rouge très clair et très pur. Le nez est celui d’un vin très jeune, pas très défini. La bouche est très fruitée mais verte. Michel Bettane dit que les raisins sont plus mûrs que ce qu’on imagine. Le final est très vert avec une astringence nette. C’est un vin pur, sans concession. La mâche est très délicate et l’acidité sera la base de la longévité. Aubert dit que le vin est aérien. C’est un vin marqué par la pureté, la finesse, la droiture, la fraîcheur au final très long.
Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2007 est d’un rouge un peu plus profond. Le nez est plus profond, très droit et pur. En bouche, le strict prend le dessus. Il est poivré, tendu. Lui aussi est très vert et manque un peu de fruit. Je ressens plus la rigueur de la vinification que le fruit. C’est un vin ascétique, très concentré, avec de la matière. Il durera éternellement. Quand le vin s’échauffe, un joli fruit apparaît.
La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2007 est d’un rouge encore plus profond. Le nez est élégant. On sent plus le sel. Le nez est très fort. Il est Romanée et plus sauvage aussi. Le nez est plus profond. En bouche, il y a une râpe qui est très Domaine de la Romanée Conti. Qu’est-ce que c’est bon ! Il y a un charme énorme. Le fruit est beau. On est dans le domaine de la séduction et de la volupté. C’est la vie sous Louis XV ! Dans le final, il y a le sel que j’adore dans les vins du Domaine.
Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2007 a un rouge de rubis superbe. Le nez est encore plus profond, mais il est moins Domaine de la Romanée Conti que la Romanée Saint-Vivant. Le goût est plus guerrier, plus viril, et le final est glorieux. Il y a moins de fruit, mais le final est spectaculaire. Il y a le sel du Domaine. J’aime la Romanée Saint-Vivant pour son charme et le Richebourg pour son sel et son final glorieux.
La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2007 est fait de vignes qui en 2007 ont une moyenne d’âge de 52 ans. Le rouge est encore plus profond. Le nez est impérial, montrant encore plus d’équilibre. Le nez est beaucoup plus riche. Le fruit explose à l’attaque. Puis le sel arrive et le final est en sel, avec du poivre. Ce vin est une promesse extrême. Il a la puissance, l’équilibre et la trace saline où le fruit va se découvrir avec le temps. Ce vin promet énormément. Aubert évoque vanille et réglisse. Le fruit se développe et ce vin est imprégnant, possessif. Il est très La Tâche. Michel parle de son toucher de bouche énorme.
La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2007 est d’une robe plus claire, mais pas si claire que cela, comme elle en a la réputation, Bernard Noblet estimant que pour ce vin, la couleur serait un maquillage trop fardé. Oui, on retrouve au nez les pétales de rose et le sel. On y est ! C’est le charme absolu. Le final fou est plus grand que celui du Richebourg. Même si je suis conditionné pour l’aimer, et je ne peux pas m’empêcher d’avoir un petit frisson quand je bois cette Romanée, ce vin est immense. Il y a le fruit, le sel et surtout la complexité. Il n’est pas facile à comprendre, ne se livre pas tant que cela, et mon voisin d’en face me dit qu’il n’arrive pas à vibrer sur ce vin alors qu’il a compris tous les autres. Le final du vin, c’est le sel et les roses, avec des fruits rouge pâle. Il a le charme et l’équilibre. Il faudra attendre avant qu’il n’atteigne la gloire de la Romanée Conti.
Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2007 est un vin qui ne se fait que depuis 1966. Il est d’un jaune d’or et son nez est opulent. La richesse est exceptionnelle. Les raisins ont été cueillis très mûris, car Aubert estime que cela conserve la fraîcheur. Cela donne des vins au style opulent. Celui que nous buvons est encore fermé mais grand. Il est strict, mais élégant. Il a de la présence et du fruité. Il s’ouvre et montre qu’il est riche, au final merveilleux d’élégance et de persistance. La minéralité (on retrouve le sel) est assortie de poivre, de zestes de citron. Il est grand, sel et épices. Sa fraîcheur est remarquable. C’est un vin sans défaut.
Aubert de Villaine est impressionnant quand il expose sa démarche vers l’excellence absolue, avec humilité et le doute du scientifique. La dégustation est une démonstration éclatante du talent du Domaine de la Romanée Conti en matière de choix des raisins et de vinification. Les vins de 2007 sont graciles, assez stricts, et nous combleront de joie par leur élégance d’une année légère dans au moins une dizaine d’années.