voici un article du Monde :
LE MONDE | 18.03.06 | 13h20 • Mis à jour le 18.03.06 | 14h50
Après plusieurs années marquées par la morosité, le marché des enchères de vins s’est repris en 2005 avec quelques belles ventes au cours du second semestre sur des premiers crus classés de bordeaux ou des grands bourgognes. Selon le courtier en ventes aux enchères et en ventes en ligne de vins Idealwine, le retour des investisseurs étrangers, qu’ils soient américains, russes ou asiatiques, sur le marché français et le regain d’intérêt pour des crus plus mûrs ont permis au marché de se reprendre. "Les nouveaux acheteurs sont très exigeants et se constituent de très belles caves, déclare Pascal Kuzniewski, expert en vins. Cela correspond à la fois à un art de vivre et à un outil de diversification du patrimoine. Ce type d’investissement est directement lié aux marchés financiers."
Après une campagne primeurs 2004 sans grand relief et une offre pléthorique, les amateurs de vins ont préféré limiter leurs achats sur ce segment pour réallouer des fonds vers des crus plus mûrs. Ils ont également profité d’offres massives de déstockage proposées sur des vins récents, y compris sur certains grands bordeaux 2000 en début d’année. Une bonne affaire, car les prix sont repartis à la hausse : un Latour 2000, adjugé 318 euros en avril 2005 à Toulouse, était coté 382 euros en fin d’année. Sur les huit derniers millésimes commercialisés en primeurs, le bordeaux de 2000 est actuellement le seul à avoir enregistré une plus-value annuelle de plus de 5 %. Le Château Léoville Las Cases figure parmi les vins les plus recherchés.
Les millésimes des années 1980 et 1990 se sont échangés à des niveaux élevés. "L’année 1982 reste la valeur de placement par excellence", souligne Pascal Kuzniewski. Un Latour 1982 a atteint ainsi 708 euros à Paris en novembre 2005, soit 64 % de plus que sa cote habituelle au moment de la vente. "Les caisses complètes de bordeaux 1982 devenant rarissimes, on devrait voir les prix continuer à grimper en 2006", ajoute-t-il. Le fait est : jeudi 16 mars, un Petrus 1982 coté 1 580 euros a atteint 3 749 euros et un Cheval-Blanc 1982, estimé 520 euros, s’est vendu 1 310 euros, lors d’une vente organisée à Paris chez Tajan.
Les vieux millésimes séduisent de plus en plus d’amateurs et de professionnels. Après les bourgognes et les liquoreux de Sauternes, le phénomène atteint maintenant les bordeaux anciens. Un Lafite- Rothschild 1898 s’est ainsi vendu 847 euros en juin 2005 et un Haut-Brion 1926 a été adjugé 1 592 euros quatre mois plus tard.
Difficile de parler de bordeaux sans citer Petrus, dont le cru reste mondialement recherché quel que soit son millésime. "Un Petrus 1975, coté habituellement 760 euros, a atteint 1 028 euros en octobre 2005 à Paris", rappelle Angélique de Lencquesaing, associée fondateur d’Idealwine. En 2006, il faudra suivre de près les cours de Haut-Brion après les fortes hausses enregistrées l’an dernier et un millésime 2005 annoncé comme particulièrement réussi."
LES GRANDS FORMATS TRÈS RECHERCHÉS
Toujours en bordeaux, on retiendra la vente chez Tajan à Paris, en octobre 2005, d’une caisse "Carré d’as" 2000 (Petrus, Margaux, Latour et Haut-Brion). Les grands formats restent très prisés. De la bouteille à l’impériale en passant par les doubles magnums et les jéroboams, les tarifs se sont envolés fin 2005 : un jéroboam de Château Mouton-Rothschild 1982 s’est vendu 6 133 euros à Montauban (Tarn-et-Garonne) en décembre 2005 et un Château Margaux 1990 en impériale 7 198 euros. A long terme, la plus-value enregistrée sur un magnum creuse l’écart avec le prix de deux bouteilles.
Les grands bourgognes, et en particulier le domaine de la Romanée-Conti, ont terminé l’année sur quelques ventes spectaculaires. Ainsi, un flacon de Romanée-Conti de 1945 a obtenu 15 214 euros à Louviers (Eure) fin 2005. "Les résultats, nombreux, ont permis d’établir une cotation en Europe et aux Etats-Unis, et en font une valeur de placement facile à suivre. Donc un cru éligible à l’investissement", précise Mme de Lencquesaing. Parmi les autres domaines très spéculatifs figurent Dugat-Py, notamment avec le Chambertin 2003 (1 229 euros à Cannes en décembre 2005), ainsi que les domaines de Vogüé, Leroy et Jayer. En bourgognes blancs, la tendance est toujours à la hausse autour des domaines de la Romanée-Conti, de Coche-Dury, des Comtes Lafon…
Reste le champagne, qui enregistre à nouveau une année record avec les millésimes de collection. Un Cristal Roederer 1990 en mathusalem a été adjugé 13 327 euros à Toulouse, en décembre 2005. C’était une cuvée spéciale "2 000 flacons pour l’an 2000".
Martine Picouët
Article paru dans l’édition du 19.03.06