Le Château Guiraud organise un déjeuner de presse au restaurant de l’hôtel Shangri La, le Shang Palace, dirigé par Frank Xu. Les invités avaient le choix entre déjeuner ou dîner. Je serai du déjeuner.
Guiraud, c’est quatre compères, Robert Peugeot, majoritaire grâce à son holding familial, Xavier Planty, qui fait les vins du domaine, Olivier Bernard du Domaine de Chevalier et Stephan von Neipperg de Canon La Gaffelière, La Mondotte et autres vignobles. Le déjeuner est consacré aux vins de Guiraud, mais c’est l’occasion d’élargir aux vins des copropriétaires.
Le menu conçu par le chef est : Ha Kao, Siu Mai, ravioli aux Saint-Jacques, « buns » de porc laqué sucré-salé /saumon Le Hei / canard laqué façon pékinoise, premier service peau croustillante servie avec des crêpes à la farine de riz, concombre, cébette émincée / Assortiments de spécialités rôties façon cantonaise, poêlée de pois gourmands aux champignons, taro et patate douce / canard laqué façon pékinoise, deuxième service chair de canard émincée et sautée au wok, en feuilles de laitue / bœuf sauté aux pleurotes, sauce barbecue, riz sauté à la façon du chef / boules moelleuses à la crème montée et fruits frais.
Nous sommes dans un salon double, répartis en deux tables. La décoration résolument chinoise plait sans doute aux chinois, mais je ne mords pas du tout à cette présentation assez hétéroclite et un peu banale à mon goût. Sur les deux tables rondes, un plateau tournant reçoit les mets. Il faut donc être attentif à ce qui tourne, ce qui fait qu’à la fin, on ne sait pas vraiment ce qu’on a mangé. La qualité des plats est superbe, les chairs sont goûteuses. C’est assez dépaysant, mais j’aime. L’association avec les vins n’est pas toujours évidente. Le service est impeccable.
Le G de Guiraud 2011 est évidemment très vert, mais il se boit bien. Son acidité est maîtrisée, et il est vraiment prometteur. Il est surtout très gastronomique et se marie avec ces cuisines complexes.
Le Château Lespault-Martillac Pessac-Léognan 2009 est géré par Olivier Bernard. Il est un peu pataud, et souffre d’être présenté à côté des trois autres rouges superbes.
La Mondotte 2001 est d’un spectaculaire finesse. C’est la pureté et l’élégance qui s’imposent, avec une évocation de truffe charmante. On est loin d’un vin moderne, chapeau.
Le Château Canon-La-Gaffelière 2000 est fortement boisé et tannique. On est surpris de le voir si jeune et tout fou. Il a un potentiel énorme et je le vois bien devenir dans quinze ans un vin de très grande qualité, quand il aura gommé ses aspérités. Il se boit bien.
Le Domaine de Chevalier 1990 est un très beau vin épanoui. C’est un Domaine de Chevalier généreux et serein. Mais il manque un peu de coffre et de final et ne ressemble pas au superbe 1990 que j’avais bu il y a un an au domaine, servi en magnum.
Le Château Guiraud 1988 est d’une belle couleur d’un or intense. Il est épanoui, plaisant, gourmand. Le Château Guiraud 2001 est d’une étoffe plus noble. Mais il sert de faire-valoir au 1988, dont le côté plus équilibré, plus recentré, apparaît encore mieux quand il est bu après son cadet. Ce sont deux vins superbes dont Xavier est légitimement fier. J’apprends que l’étiquette est devenue noire l’année de la mort de Napoléon 1er, en 1821.
Que retenir de ce déjeuner ? Les vins des quatre mousquetaires sont de beaux fleurons du vignoble bordelais. Mon classement, purement anecdotique, puisque les millésimes sont différents, c’est Mondotte, Canon-La-Gaffelière, Domaine de Chevalier et pour Guiraud, 2001 devant 1988 pour le futur, mais 1988 devant 2001 pour le plaisir immédiat. Ce que je retiens le plus de ce repas, c’est la chaude amitié qui réunit ces quatre grands acteurs des vignobles bordelais, avec un sens de l’humour aiguisé et de francs sourires.
Olivier Bernard, Xavier Planty et Robert Peugeot