Chaque année, comme beaucoup de grandes entreprises françaises, Moët & Chandon dispose d’un espace privatif au sein du « village » de Roland-Garros. Comme pour la Formule 1, le sport est un bon prétexte pour des relations publiques efficaces. Je suppose que chaque jour doit avoir un thème. Aujourd’hui, je suis reçu avec quelques vignerons qui vendent leurs raisins à Moët, avec des membres de la direction des relations humaines, et avec plusieurs représentants de la presse écrite du vin et de la gastronomie. Dans cette oasis de communication, on ne lésine ni sur le nombre d’hôtesses, ni sur leur beauté. Nous bavardons entre invités autour d’un champagne Moët & Chandon brut sans année ou bien du même mais rosé. L’un et l’autre se boivent bien mais j’ai un penchant naturel vers le champagne plus que vers le rosé.
Nous passons ensuite au Champagne Moët & Chandon millésimé 2003 ainsi que son cousin rosé. J’insisterai sur le champagne, très original et qui se boit avec plaisir. Frédéric Cuménal, président de Moët & Chandon est tout sourire, rugbyman toujours pratiquant, avec les risques que cela comporte, tel que celui de ne plus pouvoir lever le coude, a invité deux rugbymen, joueurs internationaux. Nous passons à table et le menu a été préparé par Potel & Chabot. Je ne toucherai pas au Chablis 2007 et au Crozes-Hermitage 2007 pour éviter des mélanges avec des vins très jeunes. De ce que j’ai compris par les remarques alentour, les deux vins avaient probablement pour mission de ne pas faire de l’ombre au champagne. Je suis donc resté à son soleil, d’autant qu’il se boit facilement.
La présentation de la volaille sur le menu mérite d’être signalée. Car dans un monde de cocooning et de principe de précaution, on materne vraiment le consommateur. Voici ce qu’on en dit : « Poulet de Bresse, « appellation d’origine contrôlée », gaulois à crête rouge, plumage blanc et pattes bleues, entre Louhans et Pont-de-Vaux, Montrevel et Bourg-en-Bresse, gourmand et bagarreur, je cours libre dans les prés, glorieux, fier de ma chair et de mes lettres de noblesse ». J’attends avec impatience un couplet de même nature sur les escargots de Bourgogne.
Les conversations allaient bon train quand à la fin du repas arrive à notre table Alain Prost qui était invité à un autre endroit mais a tenu à saluer Jean Berchon, grand amateur s’il en est d’automobiles rares. Deux sujets ont pris le pas sur tous les autres : la voiture et l’écologie dans le monde actuel et le retour de la France au sein des pays organisateurs de Formule 1. Souriant, serein, Alain Prost est passionnant. Il m’a ouvert des thèmes de réflexion en faisant remarquer que la voiture électrique, tout bien pesé, n’est peut-être pas aussi écologique qu’on le dit.
Comme beaucoup, j’ai prétexté un après-midi studieux pour ne pas me rendre sur les gradins. Roland-Garros resta donc un prétexte à bénéficier de la générosité et de l’amitié de Moët & Chandon.
A moi de renvoyer la balle…