A Noël, nous avions au réveillon tous nos enfants et petits-enfants, sauf ceux de Miami. Ce soir, ce sera donc un Noël à retardement. Après avoir suivi le match de base-ball de notre petit-fils et nous être gelés, le Champagne Krug 1985 est le meilleur des réchauffements. Sa couleur est légèrement ambrée, le parfum est profond, et en bouche ce champagne un peu évolué est d’une grande complexité. Il est d’une grande classe, évoquant le miel et les fruits jaunes. Il est intense et de lourde trace en bouche. C’est sur du Pata Negra qu’il brille, le gras noisette lui donnant de l’opulence, mais c’est aussi avec des langues d’oursins qu’il prend de la profondeur.
A l’ouverture, le nez du Pétrus 1975 me paraissait une peu imprécis et manquant de clarté, alors que la Romanée Saint-Vivant Marey-Monge domaine de la Romanée Conti 1998 me frappait par sa joie ensoleillée.
A table, les choses ne se présentent pas de la même façon. Sur des crevettes grillées et aillées, le Pétrus 1975 que j’ai apporté pour sa valeur sentimentale (lorsque mon fils avait travaillé au Brésil pendant 18 mois sans jamais revenir en France, c’est Pétrus 1975 que j’avais choisi pour nos retrouvailles, bu à deux, debout face à la mer) est d’un velouté exceptionnel. Ce qui frappe en ce vin c’est la profondeur. Il est velouté, mais profond, noir comme la gueule d’un mineur, le mot gueule étant utilisé dans cette profession comme un signe de noblesse.
Sur un agneau cuit de longues heures et d’une tendreté extrême, la Romanée Saint-Vivant Marey-Monge domaine de la Romanée Conti 1998 arrive avec un capital de sympathie et une anticipation de bonheur liée à son parfum d’ouverture. Le vin est confortable, mais je ne lui trouve pas la vibration bourguignonne habituelle. Le vin est agréable, bien fait, mais ne dégage pas l’émotion que l’on attendrait. Alors, il est intéressant de passer d’un vin à l’autre. Et la cause est entendue : le Pétrus est beaucoup plus impressionnant que le vin du domaine de la Romanée Conti.
La limite de cette remarque est dans le fait qu’une autre confrontation pourrait donner un autre résultat. Mais ce soir, notre cœur a vibré pour un Pétrus exceptionnel. La Romanée Saint-Vivant a certainement des réserves de charme à montrer. Elle n’est pas diminuée par cette confrontation. Ce qui nous a fait plaisir, c’est l’excellent agneau, les trois vins de grande qualité, mais surtout la joie d’être en famille, l’un des plus grands cadeaux que peut nous offrir le monde actuel.
la salle à manger joliment apprêtée
pour faire comme au Barton G, ma belle-fille a mis un mouton sorti de cage comme décoration du plat d’agneau
mais c’est plus discret !