dîner au restaurant l’Ecu de France vendredi, 27 janvier 2017

Nous sommes cinq à dîner au restaurant l’Ecu de France à Chennevières dont seulement deux buveurs et demi. Nous sommes invités. Le parking du restaurant est rempli de voitures ce qui est un bon signe. Mon menu sera : noix de Saint-Jacques rôties, velouté de potimarron et de poissons de roche, émulsion de parmesan et de roquette / suprêmes de pigeon aux petits légumes et purée / Cantal affiné aux oignons frits, figues, vinaigrette dissociée à l’huile de truffe.

Le chef Peter Delaboss est haïtien et exubérant. Chaque plat est comme une explosion. On pense aux tableaux de Basquiat qui débordent d’énergie. On pense aussi à la phrase culte des Tontons Flingueurs : « c’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases », en la transformant en : « c’est curieux cette manie qu’ont les chefs d’ajouter des saveurs qui ne sont pas nécessaires ». Mais c’est la nature du chef d’être exubérant et joyeux et de ce fait, comme les produits sont de belle qualité, on s’adapte à sa générosité.

Le Champagne Initial Brut Blanc de Blancs Jacques Selosse dégorgé en novembre 2013 est vif, typé, sauvage. Il est très intéressant et de belle personnalité. Il sait aussi accompagner les plats avec justesse. On a dans ce champagne tout le talent du vigneron.

Le Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 2005 est assez étonnant car ce qui se montre surtout c’est la râpe et l’astringence. Il est un peu amer, et il faut vraiment la force du pigeon pour que le vin devienne sociable et agréable. J’attendais beaucoup plus de joie de vivre de ce vin qui est strict et peu amène. Il est toutefois très intéressant car il est sauvage comme le champagne Initial.

Du fait de la forte assistance, la cuisine a tardé à délivrer les plats mais globalement le service attentif nous a choyés. L’Ecu de France est une étape gourmande et chaleureuse dont la carte des vins est l’un des atouts.

Déjeuner au restaurant du George V mardi, 24 janvier 2017

Déjeuner au restaurant du George V avec un ami journaliste qui m’invite. Lorsqu’on entre au George V, on a une bouffée de richesse, de luxe, et il faut bien reconnaître que dans la foule qui hante ces lieux, le cosmopolitisme est majeur. Tout ici est raffinement. Tout respire la recherche de l’excellence.

Mon menu sera : jardin marin, iodé, pour accompagner la pièce de foie gras au pressé de caviar / jambon, truffe noire, champignons, en timbale de spaghetti / riz noir légèrement fumé enrichi d’un crémeux de boudin noir, jus passion café / anguille de la Somme à peine fumée, pain brulé, réduction de jus de raisin.

J’ai, par expérience, une grande admiration pour le talent de Christian Le Squer. Je suis donc a priori conquis. La petite gelée fondante d’accueil qui de plus se voit propulsée par le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2006 ne va pas contrarier mes préjugés. Les amuse-bouche sont bons et ne cherchent pas à en imposer et c’est une bonne chose. Thierry le chef sommelier qui nous a versé ce champagne a bien fait car le champagne est pur, précis et en plus il est de belle ampleur en bouche. Il va d’ailleurs se révéler extrêmement gastronomique.

L’avocat et l’oursin se combinent de bien belle façon. Avec le jardin marin et le riz noir, je veux explorer de nouvelles tendances du chef. Le « terre et mer » est une tendance qui perdure et dont je ne suis pas un adepte convaincu. Si cela a bien fonctionné pour l’avocat, je suis plus sur la réserve pour l’entrée. Le foie gras poché est divin et tout ce qui est marin et qui l’entoure ne me convainc pas outre mesure. De plus le caviar est à peine lisible. Le foie gras seul m’eût enthousiasmé.

Le Meursault Les Narvaux domaine Ballot Millot et Fils 2014 est un vin fort agréable et on ne sent pas particulièrement de manque lié à sa jeunesse. Il a un beau fruit, une belle droiture, et même s’il n’apporte pas de vibration particulière, il fait le job comme on dit aujourd’hui.

La timbale de spaghetti est une merveille de précision. C’est un plat abouti, où tout est dosé avec une précision millimétrique. C’est une merveille. Le Château Saint-Pierre Saint-Julien domaine Martin 2007 est une mauvaise pioche. Rien dans ce vin n’est excitant. Il a une râpe intéressante mais qui ne sous-tend aucune vibration. Il est vite remplacé par un Château Le Gay Pomerol 2011 qui est mis en valeur par le précédent. Car ce vin est vibrant, vif, actif, avec la belle saveur de truffe des pomerols qui colle bien au spaghetti.

Le riz noir est intéressant mais mes amours se concentreront sur l’anguille, plat emblématique du chef, qui profite du pomerol mais aurait sans doute préféré un riche vin du Rhône.

Je ne suis pas très convaincu par l’interprétation qui est faite du roquefort mais j’applaudis à deux mains la merveilleuse omelette norvégienne interprétée de façon originale, d’une exécution digne d’éloges. Il est intéressant de constater qu’il y a des plats d’une réelle perfection où chaque composante semble pesée au trébuchet. Tout est assemblé comme s’il était impossible de concevoir le plat autrement. C’est le cas de la timbale de spaghetti, de l’anguille et de l’omelette norvégienne. Les autres plats semblent être en phase de maturation comme le jardin marin et le riz noir. Mais globalement on se trouve transporté par cette cuisine de très haut niveau. Le cadre est beau, le service est impeccable. Il y a en ce lieu une atmosphère de haute gastronomie.

J’ai rendez-vous ensuite au bar de l’hôtel George V avec un organisateur de grands dîners. Le bar est fréquenté par une population très bigarrée de toutes origines. La décoration est riche et les fleurs sont belles. On nous propose un Champagne Amour de Deutz 2006 qui manque d’équilibre et n’a pas atteint la sérénité du Comtes de Champagne de la même année. Le George V a probablement l’atmosphère luxueuse la plus sympathique de tous les palaces parisiens.

le bar

Déjeuner au restaurant du Plaza Athénée vendredi, 20 janvier 2017

Au restaurant du Plaza Athénée je rejoins pour déjeuner l’un des dirigeants du groupe Dorchester qui possède le Meurice, le Plaza et le Dorchester de Londres. Nous visitons la superbe cave du restaurant et notamment le coffre-fort qui contient quelques bouteilles de 1911 date de la création de l’hôtel Plaza. Je suis étonné de ne pas trouver la bouteille de Moët 1911 qui avait été donnée avec solennité par la maison Moët à l’occasion d’une vente exceptionnelle de bouteilles de Moët 1911 dans onze capitales mondiales le 11 novembre 2011. Mon hôte m’indique que cette bouteille a été placée avec quelques autres dans un sarcophage de survie scellé qui ne sera ouvert que lorsque beaucoup d’entre nous serons morts.

La salle à manger est claire et raffinée, avec des tons d’or et de blanc, ce qui convient parfaitement au petit toast de bienvenue léché d’un miel de la même couleur. La bienvenue est aussi marquée par un jus aux légumes verts, qui se veut provocant et y réussit, car l’algue mêlée aux légumes verts a une petite saveur de franchement rebutante.

Le menu que me suggère Denis Courtiade le directeur du restaurant est : lentilles vertes du Puy et caviar, délicate gelée d’anguille / Saint-Jacques de Chausey, chou-fleur, vieux Comté, truffe noire / turbot du Golfe de Gascogne, choux de Milan, barbes à peine fumées / fromages / chocolat et café de notre manufacture, badiane, praliné / citron niçois, algues kombu à l’estragon / baba au rhum à la crème.

C’est Laurent Roucayrol, le chef sommelier qui va guider le parcours des vins. Nous commençons par un Champagne Henri Giraud Blanc de Craie Aÿ sans année dont l’attaque est belle, fraîche et franche, mais qui manque un peu de longueur et d’ampleur. C’est un bon champagne d’accueil et lorsque j’y reviendrai plus tard mon avis sera plus ouvert. Les amuse-bouche sont variés et délicats, de grande dextérité, sur des textures variées. Ils sont intelligemment distribués.

Les lentilles mêlées au caviar constituent un plat de très grande qualité. Il est indispensable de goûter ensemble les cinq éléments, lentilles, caviar, gelée, crème et crêpe. Car lentilles et caviar seuls, délicieux, sont orphelins sans les trois autres. La gelée est exceptionnelle. Le plat est grand. Le Champagne Avizoise Grand Cru Extra Brut Blanc de Blancs Agrapart & Fils 2007 est beaucoup plus large et complexe que le précédent et convient merveilleusement à ce plat. Sa vivacité de chardonnay excite le caviar gris à gros grains. Malgré son dosage d’extra-brut, ce champagne est gourmand.

Les Saint-Jacques sont excellentes et la tourte au chou-fleur est appétissante. Le Vouvray Le Haut-Lieu demi-sec Domaine Huet 2008 est légèrement fumé, très bien dosé, sans douceur excessive. Il est très agréable. Il a suffisamment de vivacité pour accompagner le plat mais ne crée pas un réel accord. Le plat et le vin se côtoient poliment sans se féconder l’un l’autre. C’est le comté qui crée le pont entre le vin et le plat.

Le turbot est de belle mâche et le chou appelle un vin rouge. L’ Hermitage rouge Domaine Jean-Louis Chave 2000 combine un fruit puissant, une jeunesse extrême et en même temps la douceur d’un beau début de maturité. L’accord est superbe et les barbes légèrement fumées sont comme des bonbons. Le vin se continue avec de bons fromages. C’est son fruit rouge juteux qui me fascine.

Le dessert au chocolat a des goûts assez complexes, difficiles pour mon palais même si j’aime l’amertume du chocolat. Tandis que le dessert au citron et l’excellent baba au rhum glissent en bouche avec bonheur.

Après le déjeuner je vais féliciter en cuisine le chef Romain Meder qui m’explique élégamment les choix qui sont faits pour réaliser les plats dans la philosophie d’Alain Ducasse qui est de s’appuyer sur des produits de qualité et de ne pas hésiter à dérouter. La cuisine ne doit pas être convenue ou conventionnelle et provoquer des réactions.

Dans cette jolie salle avec un service attentif, ce fut un très agréable déjeuner dont les gagnants sont pour le plat, lentilles et caviar et le Chave pour le vin.

centre de table et le miel du toast de bienvenue avec son jus

Dîner de vins de plus de 150 ans et de trois ou quatre siècles vendredi, 20 janvier 2017

L’idée m’est venue d’un dîner historique où tous les vins auraient au moins 150 ans.

En regardant dans ma cave j’ai trouvé de quoi faire un tel dîner.

Chaque bouteille a une histoire que je raconterai.

Pour l’instant, voici le programme que j’envisage de mettre en place, sous une forme qui reste à définir, ainsi que le lieu.

1690 vin d’une cave de Londres (daté grâce à la forme de la bouteille) contemporain de Louis XIV

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1730 # 1735 vin d’un bateau naufragé en 1739, contemporain de Louis XV

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1828 Champagne Juglar d’un bateau coulé en 1917

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1865 Alicante (blanc sec)

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1730 Cahors

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1770 # 1780 Bourgogne

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1859 Jerez

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1860 Chateau d’Yquem

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1858 Vin de Paille

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1846 Rancio

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1528 Porto (date ?) énigme et date impossible mais l’histoire est belle.

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1858 Pajarette, vin doux de type muscat

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1845 Chypre Commandaria, vin doux

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1844 eau de vie Armagnac

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les vins du futur dîner

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Déjeuner au Yacht Club de France mardi, 17 janvier 2017

Une fois de plus notre groupe de conscrits se retrouve au Yacht Club de France où nous sommes choyés par Thierry Le Luc, directeur de la restauration et son équipe. L’ami qui nous invite a apporté des vins de sa cave. L’apéritif commence par un Champagne Pol Roger Extra cuvée de réserve magnum sans année qu’il avait depuis sept ans en cave et ça se remarque car le champagne a un équilibre et une présence que seul l’âge peut donner. Les amuse-bouche sont l’occasion de montrer la dextérité du chef. Cela commence par des petits toasts de flétan fumé sur une rondelle de radis, puis des coquilles Saint-Jacques enroulées de bacon, et des mini-langoustines habillées de pâte et shiso, le tout dans des sauces adorablement parfumées. Le champagne est à son aise, joyeux et facile à vivre, grâce à son plaisant début de maturité. Il est suivi d’un Champagne Louis Roederer Brut Premier très différent, plus énigmatique et un peu moins charmant.

Nous passons à table. Le menu est prévu sans viande : carpaccio de daurade royale et jus de fruit de la passion, sardine à la marocaine / médaillons des queues de langouste rôtie, boules de betterave zébrées et mini-légumes, jus de crustacés / turbot entier, pommes frites et béarnaise / fromages d’Éric Lefebvre MOF / croustillant chocolat noisette et ananas.

Thierry voudrait que nous mettions le jus de fruit de la passion sur la daurade mais je demande qu’on ne le fasse pas pour que l’on goûte la daurade crue avec le Meursault Cuvée Maurice Chevalier Remoissenet Père & Fils 2009. L’accord est sublime. Le meursault a une belle acidité franche et s’adoucit avec le gras du carpaccio. Si l’on veut ensuite associer la daurade avec le jus, c’est non seulement possible mais agréable car le fruit de la passion excite bien la chair mais il faut alors abandonner toute idée de meursault.

Je suggère pour la sardine que l’on essaie le Côtes du Rhône Villages Grangeneuve Domaine Saint Amant magnum 2003, car cette sardine me semble appeler un rouge. Et ce vin que Thierry m’avait fait goûter à mon arrivée et qui semblait poussiéreux s’anime de façon remarquable et crée un accord superbe. Il y a dans ce vin des Beaumes de Venise de fortes évocations de café qui s’accordent à merveille avec les sardines au goût fort et imprégnant.

Pour la langouste, le Puligny-Montrachet Champ-Canet Louis Jadot 2002 est parfaitement adapté. Il est beaucoup plus ambré que le meursault et a aussi une assise plus large. Il est moins racé mais plus voluptueux. Jusqu’à présent les accords sont remarquables.

Pour le turbot nous buvons un Hermitage Chante-Alouette M. Chapoutier 2012 qui est franc, plein, opulent et droit. Il forme un accord plus convenu, plus classique que les précédents mais il est agréable. Le vin est gourmand.

Sur les fromages nous buvons un Sanctus Saint-Emilion 2002 solide avec ses 14° qui du fait de sa jeunesse a relativement peu de vibration. Peut-être est-ce moi qui ne lui ai pas prêté assez d’attention.

Le dessert appelle un Champagne Veuve Clicquot La Grande Dame 1995, très beau champagne noble et accompli, fruité et conquérant. Comme si la fête ne pouvait pas avoir de fin notre ami nous a fait verser un Bas-Armagnac Lacourtoisie Domaine de la Coste 1984 superbe de définition, un grand armagnac.

Notre ami généreux a voulu créer de beaux accords et ce fut réussi. La cuisine du Yacht Club de France est toujours attentionnée et fondée sur de beaux produits. En ce lieu nous passons de beaux moments gastronomiques.

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tous les vins sauf le magnum de Pol Roger

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dîner de la fondation française pour la recherche sur l’épilepsie (FFRE) lundi, 16 janvier 2017

La fondation française pour la recherche sur l’épilepsie (FFRE) organise le 30 janvier un dîner caritatif suivi d’une vente aux enchères. Je fournis quelques lots et je serai présent. Ceux qui voudraient profiter de cette occasion pour que nous dînions ensemble et faire une œuvre utile peuvent s’inscrire sur le formulaire joint.

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Galette des rois et Salon 1995 lundi, 16 janvier 2017

De retour à Paris après plus de quinze jours dans le sud nous recevons notre fille cadette et ses deux enfants pour partager de bons moments mais aussi la galette des rois. J’ouvre un Champagne Salon magnum 1995. Ce qui frappe tout de suite c’est le beau fruit de ce vin racé et vif. L’on est aussi étonné de la fraîcheur et de la jeunesse de ce grand champagne. Ma femme a préparé du chou avec des saucisses de Morteau, plat pour lequel j’accepterais de me damner. Le Salon 1995 est très à l’aise sur ce plat aussi bien que sur un camembert et sur la galette confectionnée par mes petits-enfants qui avaient savamment calculé où poser les deux fèves pour les avoir eux-mêmes. Ce fut réussi une fois sur deux.

Le lendemain, le Salon 1995 donne une toute autre image. Le vin a gagné en maturité, il n’est plus le jeune fou mais un beau jeune homme séducteur. Et au lieu du fruit, c’est le caractère vineux qui s’exprime. J’avais été frappé dès son lancement par la prestance du Salon 1995 lorsqu’il est en magnum. A 21 ans, il est extrêmement brillant dans ce format.

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Fargues à Toulouse 22 avril 2017 mercredi, 11 janvier 2017

Le Club Œnophile du Midi organise le 22 avril 2017 une dégustation de plusieurs millésimes du Château de Fargues, en présence d’Alexandre de Lur Saluces.

Cela se fera le 22 avril 2017 à La Cour des Consuls Hôtel et Spa 46 rue des Couteliers 31000 Toulouse.

Le lendemain, une vente aux enchères est organisée sur place.

Les deux dépliants ci-joints donnent toutes les précisions utiles concernant les horaires et les modalités d’inscription.

Boire Fargues 1989 en compagnie du propriétaire du château, qui a réussi ce millésime aussi bien que son Yquem 1989 est une occasion rare à ne pas manquer.

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Dégustation de vins anciens avec « Rhône Vignobles » lundi, 9 janvier 2017

Le groupement « Rhône Vignobles » a été fondé par une bonne quinzaine de vignerons pour faire ensemble des opérations de promotion de leurs vins. Régulièrement, ils organisent une manifestation « vieux millésimes » sur deux jours. Le premier jour, les vignerons sont seuls et boivent des vins anciens de toutes régions dans une séance de dégustation puis à la suite lors d’un dîner. Le deuxième jour, ils invitent leurs grands clients, notamment restaurateurs et cavistes, pour une dégustation de millésimes anciens de leurs propriétés et un déjeuner gastronomique dans l’un de leurs domaines.

Pour la troisième fois je me joindrai à eux à l’ensemble des événements, seul non vigneron admis avec un caviste lyonnais truculent, Georges Dos Santos. Nous sommes là tous les deux dès le premier jour car nous animons la dégustation des vins anciens. J’avais prévu d’apporter 17 vins mais au cours du transport en avion une de mes bouteilles s’est cassée, un Mascara P. Sorensen 13° blanc ou gris Algérie 1947. Quel dommage ! En ouvrant ma valise un parfum capiteux a envahi tout l’espace et imprégné fortement les affaires que j’avais apportées. Ce parfum doucereux m’a donné des regrets car il aurait brillé lors de cette soirée.

Le rendez-vous est donné à la Bastide de Capelongue à Bonnieux, hôtel Relais & Châteaux tenu par Edouard Loubet qui cuisinera les repas des deux jours. A l’arrivée je me préoccupe d’ouvrir mes vins en attendant que les vignerons et Georges n’apportent les leurs. La salle du restaurant est très longue, voûtée, flanquée de deux cheminées aux deux extrémités de la longueur. Comme il fait très froid des chauffages additionnels surchauffent la pièce aussi je préfère ouvrir mes vins dans ma chambre.

Les vignerons arrivent alors que j’ai ouvert sept de mes vins et nous allons regrouper toutes les bouteilles pour les affecter soit à la dégustation, soit au dîner, et ensuite les classer par ordre de service. Cette tâche m’incombe. Il y a au total 56 vins. Avec Georges nous ouvrons toutes les bouteilles. Quelques odeurs sont peu hospitalières et certains vins doivent être carafés car les bouchons tombent. Il faut dire que ces ouvertures sont faites à un rythme très rapide qui empêche d’avoir tout le soin qui conviendrait. Pour encourager les « travailleurs » qui extirpent les bouchons, on me tend un verre de Champagne Louis Roederer brut simple mais qui convient bien pour donner du cœur à l’ouvrage.

La dégustation commence à 18 heures. Nous sommes plus de 25. Georges qui fera un service du vin absolument remarquable ne servira que 17 verres pour chaque vin, les membres d’une même famille de vignerons buvant dans un seul verre. Nous boirons 25 vins, les autres étant réservés au dîner. J’indiquerai par une astérisque les vins que j’ai apportés quasi exclusivement affectés à la dégustation.

L’air est chaud, lourdement chargé d’odeurs de cheminée qui piquent parfois les yeux. Tout attaché au bon déroulement de la dégustation je n’ai pas pris de notes aussi mes commentaires seront-ils succincts et peut-être une fois ou deux ma mémoire aura fait défaut.

Le *Kebir Rosé Frédéric Lung année probable 1945 est d’une couleur très soutenue. Le vin est lourd, porteur de beaux fruits et intense. Il est hautement gastronomique. C’est une très agréable surprise. Il a des arômes de noix en fin de bouche. Il est d’une belle fraîcheur que jamais son âge ne laisserait imaginer..

Le *Montrachet Grand Cru Domaine Roland Thévenin 1945 est lui aussi une belle surprise car il se présente beaucoup mieux que ce que je pensais. Il manque un peu du gras et de la largeur que l’on attend d’un montrachet mais il est précis et d’une belle complexité, même en étant un peu évolué.

L’Hermitage, Mure de Larnage blanc M Chapoutier 1974 est un vin agréable avec un beau fruit vivant. Il est expressif, de belle fraîcheur. Un vigneron dit qu’il aurait passé de trois à dix ans en barrique, ce qui explique peut-être une pointe de salinité et d’épices.

L’*Hermitage Chante-Alouette blanc M Chapoutier 1955 est un vin large, agréable et gastronomique. Il emplit la bouche de belles complexités. Il est d’un grand équilibre et d’une belle fraîcheur, avec une belle longueur.

L’*Étoile Domaine Veuve Jean Bassard 1976 a tout le charme des beaux vins jaunes. Il est vif, large, fort, imprégnant. Lui aussi est gastronomique, avec une grande ampleur en bouche.

J’avais voulu avec les quatre blancs précédés d’une astérisque montrer des vins de quatre régions distinctes afin de faire un voyage dans le monde des blancs anciens. Je n’avais pas imaginé que le résultat serait aussi brillant car il n’y a eu aucune mauvaise surprise sur ces 5 vins blancs, différents mais beaux.

Nous passons aux rouges avec un *Côtes du Jura Domaine Jean Bourdy 1945. Ce vin va surprendre tout le monde. Car il a une invraisemblable jeunesse et un fruit rouge intact. Il est strict, droit, mais sait ajouter une touche de plaisir grâce à son fruit.

Le Château Clinet Pomerol 1970 est légèrement bouchonné et ne suscite pas beaucoup d’intérêt.

Il en est de même du Moulin à Vent Coron Père & Fils 1964, hélas bouchonné. On cherche à lui trouver des qualités car nous avons le souvenir de superbes beaujolais bus lors d’une récente dégustation en commun.

Le Fleurie Clos de la Roilette Maurice Crozet 1946 a dû être carafé car la bouteille contenait une lie extrêmement fournie. Paradoxalement, malgré cette présentation peu flatteuse, le vin est agréable et vivant. Il a des évocations complexes de café et de sel. Il a un beau fruit rouge et une belle fraîcheur.

Le Grands Échézeaux Ed. Loiseau 1953 est une mauvaise surprise. La bouteille est défectueuse, impossible à boire et lorsqu’on verse, on s’aperçoit qu’il y a un deuxième bouchon au fond de la bouteille, mais qui n’a pas donné de goût de bouchon. Un vigneron suggère que c’est au moment de l’embouteillage qu’un deuxième bouchon a été poussé.

Le *Gevrey Chambertin Duthu père & fils 1949 a une jolie bouteille de vin ancien. Le vin me plait beaucoup, très bel exemple de la Bourgogne. Il m’émeut car il est typiquement bourguignon avec une amertume et une râpe superbe. C’est un vin typé immense d’équilibre et de précision.

Le Bonnes Mares Jacques Sourdillat 1962 est un vin assez déroutant, ne dégageant pas beaucoup d’émotion.

Le *Côte de Beaune Domaine Champy 1945 est un vin qui m’a toujours plu et d’une grande année. Qu’un simple vin Villages soit aussi riche est une belle récompense. Il est agréable sans être complexe.

Le *Pommard Marius Meulien 1923 est une bouteille que je chéris. Comme avec le Côtes du Jura 1945, tout le monde est étonné de voir en ce vin une telle richesse et une telle vivacité. Un participant dit qu’à l’aveugle il situerait ce vin dans les années 70. C’est une des plus belles surprises et c’est un vin que j’ai acheté sur un coup de cœur lorsque j’ai entrevu cette belle bouteille.

Le *Côtes du Lubéron, cave du Lubéron probable 1990 est un petit clin d’œil que j’ai voulu faire à notre hôte de demain, le vigneron du domaine de la Citadelle à Ménerbes, en plein cœur de l’appellation. A l’ouverture ce vin était poussiéreux, avec un nez coincé. Maintenant, même si ce vin ne brille pas par sa complexité, je le trouve très acceptable.

Le *Châteauneuf du Pape domaine de la petite Gardiole 1965 est bouchonné, mort.

Le *Châteauneuf du Pape David & Foillard 1947 est un peu liégeux mais en bouche, on est dans le domaine du possible. Et l’année 1947 le révèle assez bien.

Le *Châteauneuf du Pape Domaine Paul Jean 1971 est très bouchonné.

Le *Châteauneuf du Pape Les Olivets Domaine Roger Sabon 1971 est un vin sympathique qui compense la mauvaise série précédente. Il est d’une belle fraîcheur, avec des évocations de Rhône nord, vin riche et fumé.

La *Côte Rôtie Brune et Blonde M Chapoutier 1949 est un vin solide et riche. Il est très agréable à boire. Il est fin, élégant, c’est un grand vin. Il pinote comme un bourgogne. C’est une très belle bouteille.

Le Chianti Pillo 1958 dans un joli flacon ressemblant à une petite dame-jeanne d’environ trois litres avec verseur est hélas mort.

J’ai été moins attentif aux trois vins espagnols, sauf le plus vieux, le Viña Réal Rioja 1981, le Cune Rioja clarete 1928 que j’ai trouvé superbe et élégant, lui aussi un grand vin et le Gran Coronas Reserva Torres 1962 aussi très agréable.

Terminer par le *Royal Kebir Frédéric Lung Algérie 1947 après avoir commencé par un rosé de la même maison est une coquetterie de ma part pour montrer que le monde des vins anciens doit être exploré tous azimuts. Ce vin est superbe, riche, avec de jolies évocations de café, un peu comme le Vega Sicilia Unico espagnol dont c’est la signature.

A la lecture de ce qui précède, on voit que le taux de vins à problème est significatif, mais cela n’a dérangé personne. Nous avions 25 vins. Les quinze meilleurs suffisent pour faire de cet événement un grand moment dont émergent le Côte du Jura rouge 1945, le Pommard 1923, le Côtes de Beaune 1945, le Royal Kébir 1947, le Gevrey-Chambertin 1949 et le curieux rosé algérien des années 40.

Au cours de la dégustation, Edouard Loubet, intéressé par ce que nous faisions et nos commentaires, nous a fait porter des assiettes de charcuteries, de délicieuses petites tartes en forme de pizza à la truffe noire goûteuse, et des pissaladières.

Il est temps de faire une pause et de laisser préparer la table du repas. Georges ouvre un Champagne Dom Pérignon magnum 1959. Ce champagne est un rayon de soleil, subtil et facile à vivre. Un très grand champagne, noble et de belle longueur. Nous poursuivons par un Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1985 dans un état glorieux. Il est au sommet de son art.

Au dîner nous sommes plus de trente et il n’y a pas loin d’une trentaine de vins encore à boire. Comme nous sommes tous autour de la même table, nous ne boirons pas les mêmes vins et nous ne portons pas autant d’attention aux différents vins qui nous sont servis. De beaux canards ont accompagné des vins de tous horizons comme un joli magnum de Château Talbot 1950, quelques vins espagnols et beaucoup de vins que je n’ai pas notés. J’aurais bien aimé goûter le Bandol domaine d’Ott blanc 1985 à la jolie couleur claire, le Clos Joliette 1979 et le Mouton Baron 1961 mais ces bouteilles ne sont pas venues jusqu’à ma place.

J’avais apporté aussi un *Vieux Marc du Clos des Lambrays 40 ans d’âge 41,8° d’avant 1970. C’est un très beau marc, viril, sans concession, de très belle qualité. Le restaurant nous offre de goûter une Chartreuse verte V.E.P. J’ai commis l’erreur de succomber au charme de cette liqueur. Ces deux alcools et une chambre assez froide du fait du gel qui entoure l’hôtel ont eu un effet assez néfaste sur mon sommeil. Aussi quand je me présente le lendemain matin pour prendre mon petit déjeuner, j’apprends que tous les vignerons sont déjà partis.

Par un grand froid ensoleillé, je me rends au Domaine de la Citadelle à Ménerbes qui est la propriété de Yves Rousset-Rouard et exploité par son fils Alexis. Il y a déjà une foule importante de clients des vignerons qui peuvent goûter des vins anciens de tous les domaines. Les millésimes vont de 2008 à 1977. Cette dégustation est intéressante car on peut approcher des vins qui sont réellement prêts à boire. Un Châteauneuf-du-Pape blanc Jéroboam La Janasse 2006 est absolument excellent et profond. Une Côte Rôtie du domaine Gérin 1985 est superbe. Un Châteauneuf-du-Pape blanc domaine Beaurenard 1986 est aussi très goûteux et épanoui. Les vins de Courbis, Cuilleron, Villard, Voge, Gérin, et tant d’autres sont superbes.

D’une façon générale, tous les vins présentés sont d’un grand intérêt et leur âge les épanouit. Il faut espérer que cela donne envie aux cavistes et restaurateurs présents de vendre des vins prêts à boire. J’ai fait une visite rapide du musée du tirebouchon qui possède une collection impressionnante de tirebouchons historiques et Yves Rousset-Rouard m’a emmené sur une colline de sa propriété où il est en train de créer un jardin botanique de plantes aromatiques, médicinales et étranges qui sera bientôt mis à la disposition du public à des fins éducatives et ludiques. C’est aussi une façon de mettre en valeur son domaine.

Le déjeuner se tient dans le chai où deux tables interminables permettent à environ deux cents personnes de s’asseoir. Tous les vignerons font goûter leurs vins dans des flacons de grands formats. Les jéroboams et magnums abondent. On passe d’un vin à l’autre tant les vignerons sont heureux de faire goûter leurs vins.

Le menu conçu par Edouard Loubet est remarquablement exécuté pour cette foule immense. Il y a des petits oiseaux accompagnés de tartines de crèmes d’abats et d’aulx, puis une pièce de cerf très généreuse, un fromage de chèvre frais et un dessert au chocolat accompagné de Rasteau et de vins mutés des participants dont un du domaine Delubac fait de grains de raisins abandonnés quinze ans dans un fût de chêne. Une petite merveille.

Ce qui me plait en Rhône Vignobles, c’est la gentillesse, la générosité, la joie de vivre et le sens de l’accueil de tous les vignerons. Avec de telles qualités, on ne peut faire que du bon vin. Longue vie à Rhône Vignobles et bravo pour l’intérêt marqué pour les vins anciens, que j’essaie, grâce à leur amitié, d’entretenir.


tout d’abord photos de mes vins pris en cave parisienne

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le Mascara hélas cassé dans l’avion

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mon chouchou de 1923

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photo en cave de Paris des vins à ce stade

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apports de ma cave du sud

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mes vins photographiés dans ma chambre

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l’hôtel et ma chambre (arcade de gauche)

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la vue de ma chambre

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tous les vins de la dégustation :

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les vins y compris ceux du dîner (en arrière plan sur la table)

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les vignerons studieux pendant la dégustation de vins anciens

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les canards du dîner

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visite du jardin des plantes aromatiques et médicinales du domaine de la Citadelle

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les tables du déjeuner et les vins préparés par les vignerons

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