Dégustation de vins anciens avec « Rhône Vignobles » lundi, 9 janvier 2017

Le groupement « Rhône Vignobles » a été fondé par une bonne quinzaine de vignerons pour faire ensemble des opérations de promotion de leurs vins. Régulièrement, ils organisent une manifestation « vieux millésimes » sur deux jours. Le premier jour, les vignerons sont seuls et boivent des vins anciens de toutes régions dans une séance de dégustation puis à la suite lors d’un dîner. Le deuxième jour, ils invitent leurs grands clients, notamment restaurateurs et cavistes, pour une dégustation de millésimes anciens de leurs propriétés et un déjeuner gastronomique dans l’un de leurs domaines.

Pour la troisième fois je me joindrai à eux à l’ensemble des événements, seul non vigneron admis avec un caviste lyonnais truculent, Georges Dos Santos. Nous sommes là tous les deux dès le premier jour car nous animons la dégustation des vins anciens. J’avais prévu d’apporter 17 vins mais au cours du transport en avion une de mes bouteilles s’est cassée, un Mascara P. Sorensen 13° blanc ou gris Algérie 1947. Quel dommage ! En ouvrant ma valise un parfum capiteux a envahi tout l’espace et imprégné fortement les affaires que j’avais apportées. Ce parfum doucereux m’a donné des regrets car il aurait brillé lors de cette soirée.

Le rendez-vous est donné à la Bastide de Capelongue à Bonnieux, hôtel Relais & Châteaux tenu par Edouard Loubet qui cuisinera les repas des deux jours. A l’arrivée je me préoccupe d’ouvrir mes vins en attendant que les vignerons et Georges n’apportent les leurs. La salle du restaurant est très longue, voûtée, flanquée de deux cheminées aux deux extrémités de la longueur. Comme il fait très froid des chauffages additionnels surchauffent la pièce aussi je préfère ouvrir mes vins dans ma chambre.

Les vignerons arrivent alors que j’ai ouvert sept de mes vins et nous allons regrouper toutes les bouteilles pour les affecter soit à la dégustation, soit au dîner, et ensuite les classer par ordre de service. Cette tâche m’incombe. Il y a au total 56 vins. Avec Georges nous ouvrons toutes les bouteilles. Quelques odeurs sont peu hospitalières et certains vins doivent être carafés car les bouchons tombent. Il faut dire que ces ouvertures sont faites à un rythme très rapide qui empêche d’avoir tout le soin qui conviendrait. Pour encourager les « travailleurs » qui extirpent les bouchons, on me tend un verre de Champagne Louis Roederer brut simple mais qui convient bien pour donner du cœur à l’ouvrage.

La dégustation commence à 18 heures. Nous sommes plus de 25. Georges qui fera un service du vin absolument remarquable ne servira que 17 verres pour chaque vin, les membres d’une même famille de vignerons buvant dans un seul verre. Nous boirons 25 vins, les autres étant réservés au dîner. J’indiquerai par une astérisque les vins que j’ai apportés quasi exclusivement affectés à la dégustation.

L’air est chaud, lourdement chargé d’odeurs de cheminée qui piquent parfois les yeux. Tout attaché au bon déroulement de la dégustation je n’ai pas pris de notes aussi mes commentaires seront-ils succincts et peut-être une fois ou deux ma mémoire aura fait défaut.

Le *Kebir Rosé Frédéric Lung année probable 1945 est d’une couleur très soutenue. Le vin est lourd, porteur de beaux fruits et intense. Il est hautement gastronomique. C’est une très agréable surprise. Il a des arômes de noix en fin de bouche. Il est d’une belle fraîcheur que jamais son âge ne laisserait imaginer..

Le *Montrachet Grand Cru Domaine Roland Thévenin 1945 est lui aussi une belle surprise car il se présente beaucoup mieux que ce que je pensais. Il manque un peu du gras et de la largeur que l’on attend d’un montrachet mais il est précis et d’une belle complexité, même en étant un peu évolué.

L’Hermitage, Mure de Larnage blanc M Chapoutier 1974 est un vin agréable avec un beau fruit vivant. Il est expressif, de belle fraîcheur. Un vigneron dit qu’il aurait passé de trois à dix ans en barrique, ce qui explique peut-être une pointe de salinité et d’épices.

L’*Hermitage Chante-Alouette blanc M Chapoutier 1955 est un vin large, agréable et gastronomique. Il emplit la bouche de belles complexités. Il est d’un grand équilibre et d’une belle fraîcheur, avec une belle longueur.

L’*Étoile Domaine Veuve Jean Bassard 1976 a tout le charme des beaux vins jaunes. Il est vif, large, fort, imprégnant. Lui aussi est gastronomique, avec une grande ampleur en bouche.

J’avais voulu avec les quatre blancs précédés d’une astérisque montrer des vins de quatre régions distinctes afin de faire un voyage dans le monde des blancs anciens. Je n’avais pas imaginé que le résultat serait aussi brillant car il n’y a eu aucune mauvaise surprise sur ces 5 vins blancs, différents mais beaux.

Nous passons aux rouges avec un *Côtes du Jura Domaine Jean Bourdy 1945. Ce vin va surprendre tout le monde. Car il a une invraisemblable jeunesse et un fruit rouge intact. Il est strict, droit, mais sait ajouter une touche de plaisir grâce à son fruit.

Le Château Clinet Pomerol 1970 est légèrement bouchonné et ne suscite pas beaucoup d’intérêt.

Il en est de même du Moulin à Vent Coron Père & Fils 1964, hélas bouchonné. On cherche à lui trouver des qualités car nous avons le souvenir de superbes beaujolais bus lors d’une récente dégustation en commun.

Le Fleurie Clos de la Roilette Maurice Crozet 1946 a dû être carafé car la bouteille contenait une lie extrêmement fournie. Paradoxalement, malgré cette présentation peu flatteuse, le vin est agréable et vivant. Il a des évocations complexes de café et de sel. Il a un beau fruit rouge et une belle fraîcheur.

Le Grands Échézeaux Ed. Loiseau 1953 est une mauvaise surprise. La bouteille est défectueuse, impossible à boire et lorsqu’on verse, on s’aperçoit qu’il y a un deuxième bouchon au fond de la bouteille, mais qui n’a pas donné de goût de bouchon. Un vigneron suggère que c’est au moment de l’embouteillage qu’un deuxième bouchon a été poussé.

Le *Gevrey Chambertin Duthu père & fils 1949 a une jolie bouteille de vin ancien. Le vin me plait beaucoup, très bel exemple de la Bourgogne. Il m’émeut car il est typiquement bourguignon avec une amertume et une râpe superbe. C’est un vin typé immense d’équilibre et de précision.

Le Bonnes Mares Jacques Sourdillat 1962 est un vin assez déroutant, ne dégageant pas beaucoup d’émotion.

Le *Côte de Beaune Domaine Champy 1945 est un vin qui m’a toujours plu et d’une grande année. Qu’un simple vin Villages soit aussi riche est une belle récompense. Il est agréable sans être complexe.

Le *Pommard Marius Meulien 1923 est une bouteille que je chéris. Comme avec le Côtes du Jura 1945, tout le monde est étonné de voir en ce vin une telle richesse et une telle vivacité. Un participant dit qu’à l’aveugle il situerait ce vin dans les années 70. C’est une des plus belles surprises et c’est un vin que j’ai acheté sur un coup de cœur lorsque j’ai entrevu cette belle bouteille.

Le *Côtes du Lubéron, cave du Lubéron probable 1990 est un petit clin d’œil que j’ai voulu faire à notre hôte de demain, le vigneron du domaine de la Citadelle à Ménerbes, en plein cœur de l’appellation. A l’ouverture ce vin était poussiéreux, avec un nez coincé. Maintenant, même si ce vin ne brille pas par sa complexité, je le trouve très acceptable.

Le *Châteauneuf du Pape domaine de la petite Gardiole 1965 est bouchonné, mort.

Le *Châteauneuf du Pape David & Foillard 1947 est un peu liégeux mais en bouche, on est dans le domaine du possible. Et l’année 1947 le révèle assez bien.

Le *Châteauneuf du Pape Domaine Paul Jean 1971 est très bouchonné.

Le *Châteauneuf du Pape Les Olivets Domaine Roger Sabon 1971 est un vin sympathique qui compense la mauvaise série précédente. Il est d’une belle fraîcheur, avec des évocations de Rhône nord, vin riche et fumé.

La *Côte Rôtie Brune et Blonde M Chapoutier 1949 est un vin solide et riche. Il est très agréable à boire. Il est fin, élégant, c’est un grand vin. Il pinote comme un bourgogne. C’est une très belle bouteille.

Le Chianti Pillo 1958 dans un joli flacon ressemblant à une petite dame-jeanne d’environ trois litres avec verseur est hélas mort.

J’ai été moins attentif aux trois vins espagnols, sauf le plus vieux, le Viña Réal Rioja 1981, le Cune Rioja clarete 1928 que j’ai trouvé superbe et élégant, lui aussi un grand vin et le Gran Coronas Reserva Torres 1962 aussi très agréable.

Terminer par le *Royal Kebir Frédéric Lung Algérie 1947 après avoir commencé par un rosé de la même maison est une coquetterie de ma part pour montrer que le monde des vins anciens doit être exploré tous azimuts. Ce vin est superbe, riche, avec de jolies évocations de café, un peu comme le Vega Sicilia Unico espagnol dont c’est la signature.

A la lecture de ce qui précède, on voit que le taux de vins à problème est significatif, mais cela n’a dérangé personne. Nous avions 25 vins. Les quinze meilleurs suffisent pour faire de cet événement un grand moment dont émergent le Côte du Jura rouge 1945, le Pommard 1923, le Côtes de Beaune 1945, le Royal Kébir 1947, le Gevrey-Chambertin 1949 et le curieux rosé algérien des années 40.

Au cours de la dégustation, Edouard Loubet, intéressé par ce que nous faisions et nos commentaires, nous a fait porter des assiettes de charcuteries, de délicieuses petites tartes en forme de pizza à la truffe noire goûteuse, et des pissaladières.

Il est temps de faire une pause et de laisser préparer la table du repas. Georges ouvre un Champagne Dom Pérignon magnum 1959. Ce champagne est un rayon de soleil, subtil et facile à vivre. Un très grand champagne, noble et de belle longueur. Nous poursuivons par un Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1985 dans un état glorieux. Il est au sommet de son art.

Au dîner nous sommes plus de trente et il n’y a pas loin d’une trentaine de vins encore à boire. Comme nous sommes tous autour de la même table, nous ne boirons pas les mêmes vins et nous ne portons pas autant d’attention aux différents vins qui nous sont servis. De beaux canards ont accompagné des vins de tous horizons comme un joli magnum de Château Talbot 1950, quelques vins espagnols et beaucoup de vins que je n’ai pas notés. J’aurais bien aimé goûter le Bandol domaine d’Ott blanc 1985 à la jolie couleur claire, le Clos Joliette 1979 et le Mouton Baron 1961 mais ces bouteilles ne sont pas venues jusqu’à ma place.

J’avais apporté aussi un *Vieux Marc du Clos des Lambrays 40 ans d’âge 41,8° d’avant 1970. C’est un très beau marc, viril, sans concession, de très belle qualité. Le restaurant nous offre de goûter une Chartreuse verte V.E.P. J’ai commis l’erreur de succomber au charme de cette liqueur. Ces deux alcools et une chambre assez froide du fait du gel qui entoure l’hôtel ont eu un effet assez néfaste sur mon sommeil. Aussi quand je me présente le lendemain matin pour prendre mon petit déjeuner, j’apprends que tous les vignerons sont déjà partis.

Par un grand froid ensoleillé, je me rends au Domaine de la Citadelle à Ménerbes qui est la propriété de Yves Rousset-Rouard et exploité par son fils Alexis. Il y a déjà une foule importante de clients des vignerons qui peuvent goûter des vins anciens de tous les domaines. Les millésimes vont de 2008 à 1977. Cette dégustation est intéressante car on peut approcher des vins qui sont réellement prêts à boire. Un Châteauneuf-du-Pape blanc Jéroboam La Janasse 2006 est absolument excellent et profond. Une Côte Rôtie du domaine Gérin 1985 est superbe. Un Châteauneuf-du-Pape blanc domaine Beaurenard 1986 est aussi très goûteux et épanoui. Les vins de Courbis, Cuilleron, Villard, Voge, Gérin, et tant d’autres sont superbes.

D’une façon générale, tous les vins présentés sont d’un grand intérêt et leur âge les épanouit. Il faut espérer que cela donne envie aux cavistes et restaurateurs présents de vendre des vins prêts à boire. J’ai fait une visite rapide du musée du tirebouchon qui possède une collection impressionnante de tirebouchons historiques et Yves Rousset-Rouard m’a emmené sur une colline de sa propriété où il est en train de créer un jardin botanique de plantes aromatiques, médicinales et étranges qui sera bientôt mis à la disposition du public à des fins éducatives et ludiques. C’est aussi une façon de mettre en valeur son domaine.

Le déjeuner se tient dans le chai où deux tables interminables permettent à environ deux cents personnes de s’asseoir. Tous les vignerons font goûter leurs vins dans des flacons de grands formats. Les jéroboams et magnums abondent. On passe d’un vin à l’autre tant les vignerons sont heureux de faire goûter leurs vins.

Le menu conçu par Edouard Loubet est remarquablement exécuté pour cette foule immense. Il y a des petits oiseaux accompagnés de tartines de crèmes d’abats et d’aulx, puis une pièce de cerf très généreuse, un fromage de chèvre frais et un dessert au chocolat accompagné de Rasteau et de vins mutés des participants dont un du domaine Delubac fait de grains de raisins abandonnés quinze ans dans un fût de chêne. Une petite merveille.

Ce qui me plait en Rhône Vignobles, c’est la gentillesse, la générosité, la joie de vivre et le sens de l’accueil de tous les vignerons. Avec de telles qualités, on ne peut faire que du bon vin. Longue vie à Rhône Vignobles et bravo pour l’intérêt marqué pour les vins anciens, que j’essaie, grâce à leur amitié, d’entretenir.


tout d’abord photos de mes vins pris en cave parisienne

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le Mascara hélas cassé dans l’avion

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mon chouchou de 1923

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photo en cave de Paris des vins à ce stade

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apports de ma cave du sud

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mes vins photographiés dans ma chambre

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l’hôtel et ma chambre (arcade de gauche)

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la vue de ma chambre

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tous les vins de la dégustation :

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les vins y compris ceux du dîner (en arrière plan sur la table)

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les vignerons studieux pendant la dégustation de vins anciens

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les canards du dîner

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visite du jardin des plantes aromatiques et médicinales du domaine de la Citadelle

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les tables du déjeuner et les vins préparés par les vignerons

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Tasting of very old wines in two days with winemakers of “Rhône Vignobles” lundi, 9 janvier 2017

Tasting of very old wines in two days with winemakers of « Rhône Vignobles »

The group « Rhône Vignobles » was founded by a good fifteen winegrowers to do together operations to promote their wines. Regularly, they organize an « old vintage » event over two days. On the first day, the winemakers are alone and drink old wines of all regions in a tasting session and then following at a dinner. On the second day, they invite their big customers, including restaurateurs and wine merchants, for a tasting of old vintages of their properties and a gourmet lunch in one of their estates.
For the third time I will join them in all the events, only non-winegrower admitted with a truculent wine merchant of Lyon, Georges da Costa. We are there both from the first day because we animate the tasting of the old wines. I had planned to bring 17 wines but during the transport by plane one of my bottles broke, a Mascara P. Sorensen 13 ° white or gray Algeria 1947. What a pity! By opening my suitcase a heady perfume invaded all the space and strongly impregnated the stuff that I had brought. This sweet perfume gave me regrets because it would have shone during this evening.
The appointment is given at the Bastide de Capelongue in Bonnieux, Relais & Châteaux hotel run by Edouard Loubet who will cook the meals of the two days. On arrival I worry about opening my wines while waiting for the winemakers and Georges to bring theirs. The dining room is very long, vaulted, flanked by two chimneys at both ends of the length. As it is very cold the additional heaters overheat the room so I prefer to open my wines in my room.
The winemakers arrive when I have opened seven of my wines and we will regroup all the bottles to assign them either to the tasting or to the dinner, and then to classify them in order of service. That is my duty. There are a total of 56 wines. With Georges we open all the bottles. Some odors are hospitable and some wines must be decanted because the corks fall. It must be said that these openings are made at a very fast pace that prevents to have all the care that would suit. To encourage the « workers » who extirpate the corks, I am handed a glass of Champagne Louis Roederer Brut simple but which is well suited to give heart to the work.
Tasting starts at 6pm. We are more than 25. Georges who will make an absolutely remarkable wine service will only serve 17 glasses for each wine, members of the same family of winegrowers drinking in a single glass. We will have 25 wines, the others reserved for dinner. I will indicate by an asterisk the wines that I brought almost exclusively assigned to the tasting.
The air is hot, heavily loaded with smells of chimney that sometimes bite the eyes. All attached to the smooth running of the tasting I did not take notes so my comments will be succinct and maybe once or twice my memory will have failed.
The * Kebir Rosé Frédéric Lung probable year 1945 is of a very sustained color. The wine is heavy, beautiful and intense. It is highly gastronomic. It is a very pleasant surprise. It has nut aromas in the finale. It is a beautiful freshness that his age would never let imagine.
The * Montrachet Grand Cru Domaine Roland Thévenin 1945 is also a nice surprise because it looks much better than what I thought. It lacks some of the fat and the width that one expects of a montrachet but it is precise and of a beautiful complexity, even being a little evolved.
The Hermitage, Mure of Larnage white M Chapoutier 1974 is a pleasant wine with a beautiful lively fruit. It is expressive, beautifully fresh. A winegrower says that it would have spent three to ten years in barrels, which may explain a tip of salinity and spices.
The * Hermitage Chante-Alouette white M Chapoutier 1955 is a wide, pleasant and gastronomic wine. It fills the mouth with beautiful complexities. It is of great balance and freshness, with a good length.
* L’Étoile Domaine Veuve Jean Bassard 1976 has all the charm of beautiful yellow wines of Jura. It is lively, broad, strong, impregnating. It is also gastronomic, with a large volume in mouth.

I had wished with the four whites preceded by an asterisk to show wines from four distinct regions in order to make a journey into the world of the old whites. I had not imagined that the result would be as brilliant as there were no unpleasant surprises on these 5 white wines, different but beautiful.

We pass to the reds with a * Côtes du Jura Domaine Jean Bourdy 1945. This wine will surprise everyone. For he has an unbelievable youth and a red fruit intact. He is strict, straight, but knows how to add a touch of pleasure thanks to his fruit.

The Château Clinet Pomerol 1970 is slightly corked and does not attract much interest.

It is the same with the Moulin à Vent Coron Père & Fils 1964, alas corked. We seek to find him qualities because we have the memory of beautiful old Beaujolais drunk during a recent tasting in common.

The Fleurie Clos de la Roilette Maurice Crozet 1946 had to be decanted because the bottle contained extremely important lees. Paradoxically, despite this unflattering presentation, the wine is pleasant and alive. It has complex evocations of coffee and salt. It has a beautiful red fruit and a nice freshness.

The Grands Échézeaux Ed. Loiseau 1953 is a nasty surprise. The bottle is defective, impossible to drink and when we pour it, we see that there is a second cork at the bottom of the bottle, but that did not give a corky taste. A winegrower suggests that it was at the time of the bottling that a second cork was pushed.

The * Gevrey Chambertin Duthu father & son 1949 has a pretty bottle of ancient wine. The wine I like very much, very beautiful example of Burgundy. It moves me because it is typically Burgundy with a bitterness and a superb rasp. It is an immense typified wine of balance and precision.

The Bonnes Mares Jacques Sourdillat 1962 is a wine quite confusing, not releasing much emotion.

The * Côte de Beaune Domaine Champy 1945 is a wine that has always pleased me and a great year. Whether a simple Villages wine is so rich is a fine reward. It is pleasant without being complex.

The * Pommard Marius Meulien 1923 is a bottle that I cherish. As with the Côtes du Jura 1945, everyone is astonished to see in this wine such richness and vivacity. One participant said that blindly he would situate this wine in the seventies. This is one of the most beautiful surprises and it is a wine I bought on a heart stroke when I glimpsed this beautiful bottle .

The * Côtes du Lubéron, Lubéron cellar probable 1990 is a little wink I wanted to make our host of tomorrow, the winemaker of the estate of the Citadelle in Ménerbes, in the heart of the appellation. At the opening this wine was dusty, with a stuck nose. Now, even if this wine does not shine by its complexity, I find it very acceptable.

The * Chateauneuf du Pape domaine de la Petite Gardiole 1965 is corked, dead.

The * Châteauneuf du Pape David & Foillard 1947 is a bit corky but in the mouth, one is in the realm of the possible. And the year 1947 reveals it quite well.

The * Châteauneuf du Pape Domaine Paul Jean 1971 is very corked.

The * Châteauneuf du Pape Les Olivets Domaine Roger Sabon 1971 is a sympathetic wine that compensates the previous bad series. It is of a beautiful freshness, with evocations of Rhone north, rich and smoky wine.

La * Côte Rôtie Brune and Blonde M Chapoutier 1949 is a solid and rich wine. It is very pleasant to drink. It is fine, elegant, it is a great wine. He « pinotes » like a burgundy. It’s a very nice bottle.

The Chianti Pillo 1958 in a pretty bottle resembling a small dame-jeanne of about three liters with pourer is alas dead.

I was less attentive to the three Spanish wines except the oldest : the Viña Real Rioja 1981, the Cune Rioja clarete 1928 which I found superb and elegant, also a great wine and the Gran Coronas Reserva Torres 1962
also very pleasant.

Finishing by the * Royal Kebir Frédéric Lung Algeria 1947 after starting with a rosé of the same property is a coquetry on my part to show that the world of ancient wines must be explored all over the world. This wine is superb, rich, with pretty evocations of coffee, a little like the Spanish Vega Sicilia Unico whose it is the signature.

On reading the above, we see that the level of problematic wines is significant, but it did not bother anyone. We had 25 wines. The fifteen best are enough to make this event a great moment from which emerge the Côte du Jura red 1945, the Pommard 1923, the Côtes de Beaune 1945, the Royal Kebir 1947, the Gevrey-Chambertin 1949 and the curious rosé Algerian of the 1940s.

During the tasting, Edouard Loubet, interested in what we did and in our comments, brought us plates of delicatessen, delicious little tarts in the shape of pizza with tasty black truffle, and pissaladières.

It’s time to take a break and let the meal table be prepared. Georges opens a Champagne Dom Pérignon magnum 1959. This champagne is a ray of sun, subtle and easy to live. A very large champagne, noble and beautiful length. We continue with a Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1985 in a glorious state. He is at the top of his art.

At dinner we are more than thirty and there are not far from thirty wines still to drink. As we are all around the same table, we will not drink the same wines and we do not pay as much attention to the different wines that we are served. Beautiful ducks accompanied wines from all horizons such as a pretty magnum of Château Talbot 1950, some Spanish wines and many wines that I have not noted. I would have liked to taste the Bandol domaine d’Ott blanc 1985 with the pretty light color, Clos Joliette 1979 and the Mouton Baron 1961 but these bottles did not come to my place.

I had also brought a * Vieux Marc of Clos des Lambrays 40 years of age 41.8 ° before 1970. It is a very beautiful marc, virile, uncompromising, very beautiful quality. The restaurant offers us to taste a Green Chartreuse V.E.P. I have made the mistake of succumbing to the charm of this liquor. These two spirits and a rather cold room due to the freezing surrounding the hotel had a rather bad effect on my sleep. Also when I introduce myself the next morning to have breakfast, I learn that all the winemakers have already left.

By a great sunny cold, I go to the Domaine de la Citadelle in Ménerbes which is owned by Yves Rousset-Rouard and operated by his son Alexis. There are already a large number of winegrowers’ customers who can taste old wines from their properties. The vintages go from 2008 to 1977. This tasting is interesting because one can approach the wines that are really ready to drink. A Châteauneuf-du-Pape white Jeroboam La Janasse 2006 is absolutely excellent and deep. A Côte Rôtie of Domaine Gérin 1985 is superb. A Châteauneuf-du-Pape white Domaine Beaurenard 1986 is also very tasty and flourishing. The wines of Courbis, Cuilleron, Villard, Voge, Gérin, and so many others are superb.

In general, all the wines presented are of great interest and their age flourishes. It is hoped that this will inspire the wine merchants and restaurateurs present to sell wines really ready to drink. I made a quick visit of the museum of corkscrew which has an impressive collection of historical corkscrews and Yves Rousset-Rouard took me on a hill of his property where he is creating a botanical garden of herbs, medicinal plants and which will soon be made available to the public for educational and recreational purposes. It is also a way of highlighting his Domaine.

Lunch is held in the cellar where two endless tables allow about two hundred people to sit. All winegrowers let taste their wines in large size bottles. Jeroboams and magnums abound. One passes from one wine to the other so much the winegrowers are happy to make taste their wines.

The menu designed by Edouard Loubet is remarkably executed for this immense crowd. There are small birds accompanied by tartines of offal creams and garlic, then a very generous deer filet, a fresh goat cheese and a chocolate dessert accompanied by Rasteau and mutated wines of the participants including one of the domain Delubac made from grapes of grapes abandoned fifteen years in an oak barrel. A little wonder.

What I like in Rhône Vignobles is the kindness, the generosity, the joy of living and the sense of welcome of all the winemakers. With such human qualities, one can only make good wine. Long life for Rhône Vineyards and bravo for the interest marked for the old wines, which I try, thanks to their friendship, to maintain and develop.

(the pictures can be seen on the same subject in the French article)

Dîner avec un Dom Pérignon 1964 jeudi, 5 janvier 2017

Un ami vient dîner à la maison. J’ai envie de voir ce que devient le Champagne Dom Pérignon 1998. Ce champagne avait eu des périodes d’incertitudes. Qu’en est-il aujourd’hui ? Bonne nouvelle, ce champagne a pris de l’ampleur et se montre excellent. Il est plein, charmant, peut-être pas aussi romantique que sur d’autres millésimes, mais c’est un beau compagnon de gastronomie. Alors que le Pata Negra est bien gras et vif, c’est avec un saucisson que le Dom Pérignon vibre le mieux. Le saucisson est d’ailleurs l’ami aussi bien des champagnes que des vins blancs et des vins rouges car selon le partenaire il fera apparaître certaines de ses facettes. Ici, c’est sur le poivre et le gras que l’accord se trouve.

Sur un risotto à la truffe noire, le Dom Pérignon est aussi présent, surtout sur le parmesan car la truffe noire est plutôt discrète.

Un poulet cuit à basse température accueille une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996. C’est toujours un régal de boire les Côtes Rôties de Guigal mais je m’attendais à plus de vivacité de la part de ce 1996. Il est paradoxal que La Landonne 1987 ait été plus riche et plus vive que cette Mouline. Le vin est évidemment agréable mais je suis un peu sur ma faim. Il suggère les pins plus que la garrigue, avec un joli parfum et une longueur peu affirmée.

Notre ami est esthète et adore les bons produits. Il dirige deux boucheries et épiceries fines et prend un soin particulier dans le choix des produits qu’il vend. Il va visiter ses producteurs pour réserver les plus belles pièces, un peu comme le font les grands restaurateurs aujourd’hui. Aussi est-ce avec joie que j’ouvre pour lui un champagne que j’adore, le Champagne Dom Pérignon 1964. Le bouchon vient de deux fois car la rondelle de liège du bas de bouchon est restée en place sans suivre le bouchon. Le pschitt n’est pas là mais le pétillant du champagne est intact. La couleur est joliment ambrée mais très claire. Dès la première gorgée, ce champagne est un voyage vers l’infini. On sait que pour aller trouver la première planète qui pourrait être habitable et propice à la vie, il faudrait quelques milliers d’années avec les techniques actuelles. Eh bien, ce champagne c’est ça. Il nous propulse vers un autre monde de saveurs. S’il y a des évocations citronnées gracieuses, il aussi des kakis, des fruits compotés, des grâces vineuses. Il est impossible de faire le tour des complexités de ce vin. Si on lui disait : « dessine-moi un mouton », il le ferait. Il arrive même à évoquer de frêles fruits rouges. Son vineux est fort. Ce voyage hors du temps est irréel. C’est un grand champagne hors-piste.

Le suite du repas est faite de fromage puis de mousse au chocolat avec des palmiers. Le champagne se boit pour lui-même, rayon de soleil de ce dîner.

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Sylverter’s dinner in the South lundi, 2 janvier 2017

New Year’s Eve is held in our house in the south. We will be six, including four drinkers. I like coincidences and it always fascinates me. A friend who will attend the dinner calls me at lunchtime and tells me that he intends to bring a wine for the meal and asks me if his input will be consistent with what I have planned. And he announced his contribution: Richebourg Domaine Anne Gros 2003. I had already chosen the wines so that my wife is inspired to compose the menu and among them there is a Richebourg Domaine Gros Frère & Soeur 1987. I obviously agree its contribution which will give rise to a pretty juxtaposition.

At 5 pm my friend delivers his wine and I open all the bottles of the dinner. The friends arrive at 20:30 and we take the aperitif with a Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle magnum non vintage that I have for ten years in cellar. The color is already somewhat amber with a beautiful gold patina, the bubble is very active and the champagne is a rare richness. If the general trend is that of lemony notes, the message of the wine changes constantly, overflowing with complexity. And the finish is inextinguishable as the wine is penetrating. It is a very large champagne with an elusive message as it twirls. With this champagne we nibble thin slices of a Pata Negra well fat and tasty, small tiles with parmesan, small dry salted petits fours and slices of an excellent sausage.

We go to the table. My wife planned: scallops / foie gras lobes fried with truffle slices / low-temperature lamb with pan-fried parsnip / variety of cheeses / supremes (which means without skin) of pink grapefruit with confit kumquat and saffron from our garden / financiers and small dry sweet petits fours.

The Meursault-Charmes 1er Cru Domaine des Comtes Lafon 2003 has a rich wealth opulent smells. He invades the mouth and settles there. It has both beautiful minerality and sensual fat. It is a beautiful white wine merry, perfectly adapted to the shells and a little less to the foie gras even if it suits him.

The gigot welcomes two Richebourg. The Richebourg Domaine Gros Frère & Soeur 1987 has a slightly dusty nose. It is nice but has lost a bit of its vivacity. It highlights the Richebourg domaine Anne Gros 2003 with the live fruit, generous of a very young wine. The fight does not take place because the 1987 is a bit frail but the juxtaposition is possible, both Richebourg being very pleasant. The 2003 is a noble and racy wine.

Our pace of absorption is sustained also is it time to open the wine I had planned before my friend declared his contribution. The Côte Rôtie La Landonne Guigal 1987 is a marvel. It has the youth of the 2003 that we just finished and the legibility of a generous wine and immediate access. And what transcends it is the freshness of its finale. My friend reports his menthol notes which are those of an exquisite freshness. This wine is pure pleasure. The cheeses are so numerous and varied that we must choose those who go with this splendid Landonne. The Laguiole is well suited as well as the Saint-Nectaire, but also the superb blue Termignon, very lively.

For the supreme grapefruit, the Château d’Yquem half-bottle 1990 is the ideal companion. And I did not expect it to go as well with raw, uncooked slices. They give a boost to the wine that is in a glorious state. He is fat, strong, joyous as a golden ingot. It should be noted that the traces of saffron magnificently excite the sauternes, giving it a complement of vigor.
At the request of my friend we vote and if the votes are different an agreement is found to rank first La Landonne Guigal and in second ex-aequo the Grand Siècle and Yquem.

We had been kissing for New year for a long time and thirst is always present, so I open a Champagne Krug Grande Cuvée that I entered in the cellar about four years ago. The champagne is straight, precise, complex but a little unidirectional and far enough from the beautiful complexity of the Grand Siècle by Laurent Perrier. We nibble at sweet little petits fours and delicious financiers from my wife. We are rebuilding the world as one of the guests is overwhelmed by what we have been drinking.

It is three o’clock when begins my first night of 2017.

The next morning, lunch with the cheeses of the day before and the rest of the Krug. It is very much better, wider, fuller. I had probably misunderstood it, at the end of our agape.

réveillon de la Saint Sylvestre dans notre maison du sud dimanche, 1 janvier 2017

Le réveillon de la Saint Sylvestre se tient dans notre maison du sud. Nous serons six, dont quatre buveurs. J’aime les coïncidences et cela me fascine toujours. Un ami qui sera présent au dîner m’appelle à l’heure du déjeuner et me dit qu’il a l’intention d’apporter un vin pour le repas et me demande si son apport sera cohérent avec ce que j’ai prévu. Et il annonce son apport : Richebourg Domaine Anne Gros 2003. J’avais déjà choisi les vins pour que ma femme s’en inspire pour composer le menu et parmi eux il y a un Richebourg Domaine Gros Frère & sœur 1987. J’approuve évidemment son apport qui va donner lieu à une jolie juxtaposition.

A 17 heures mon ami livre son vin et j’ouvre toutes les bouteilles prévues. Les amis arrivent à 20h30 et nous prenons l’apéritif avec un Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle magnum sans année que j’ai depuis dix ans en cave. La couleur est déjà un peu ambrée d’un bel or patiné, la bulle est très active et le champagne est d’une rare richesse. Si la tendance générale est celle de notes citronnées, le message du vin change sans cesse, débordant de complexité. Et le finale est inextinguible tant le vin est pénétrant. C’est un très grand champagne au message insaisissable tant il virevolte. Avec ce champagne nous grignotons de fines tranches d’un Pata Negra bien gras et goûteux, des petites tuiles au parmesan, des petits fours salés secs et des tranches d’une excellent saucisson.

Nous passons à table. Ma femme a prévu : coquilles Saint-Jacques / lobes de foie gras poêlés avec des lamelles de truffes / gigot d’agneau basse température avec des panais poêlés / variété de fromages / suprêmes de pamplemousse rose avec kumquat confit et safran du jardin / financiers et petits fours secs.

Le Meursault-Charmes 1er Cru Domaine des Comtes Lafon 2003 est d’une belle richesse opulente. Il tapisse la bouche et s’y installe. Il a à la fois une belle minéralité et un gras sensuel. C’est un beau vin blanc joyeux, parfaitement adapté aux coquilles et un peu moins au foie gras même s’il lui convient.

Le gigot accueille les deux Richebourg. Le Richebourg Domaine Gros Frère & sœur 1987 a un nez légèrement poussiéreux. Il est agréable mais a perdu un peu de sa vivacité. Il met donc en valeur le Richebourg domaine Anne Gros 2003 au fruit vivant, généreux d’un vin très jeune. Le combat n’a pas lieu car le 1987 est un peu frêle mais la juxtaposition est possible, ces deux Richebourg étant très agréables. Le 2003 est un vin noble et racé.

Notre rythme d’absorption est soutenu aussi est-il temps d’ouvrir le vin que j’avais prévu avant que mon ami ne déclare son apport. La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1987 est une merveille. Il a la jeunesse du 2003 que nous venons de finir et la lisibilité d’un vin généreux et immédiat d’accès. Et ce qui le transcende, c’est la fraîcheur de son finale. Mon ami signale ses notes mentholées qui sont celles d’une exquise fraîcheur. Ce vin est du plaisir pur. Les fromages sont tellement nombreux et variés qu’il faut choisir ceux qui vont avec cette splendide Landonne. Le Laguiole convient bien ainsi que le Saint-Nectaire, mais aussi le superbe bleu de Termignon, bien vif.

Pour les suprêmes de pamplemousse, le Château d’Yquem demi-bouteille 1990 est le compagnon idéal. Et je ne m’attendais pas à ce que cela aille aussi bien avec des tranches crues, non poêlées. Elles donnent un coup de fouet au vin qui est dans un état glorieux. Il est gras, fort, joyeux comme un lingot d’or. Il est à noter que les traces de safran excitent magnifiquement le sauternes, lui donnant un complément de vigueur.

A la demande de mon ami nous votons et si les votes différent un accord se trouve pour classer en premier La Landonne Guigal et en deuxièmes ex-aequo le Grand Siècle et l’Yquem.

Nous nous sommes embrassés depuis longtemps et la soif est toujours présente aussi j’ouvre un Champagne Krug Grande Cuvée que j’ai entré en cave il y a environ quatre ans. Le champagne est droit, précis, complexe mais un peu unidirectionnel et assez loin de la belle complexité du Grand Siècle de Laurent Perrier. Nous grignotons des petits fours sucrés et les financiers délicieux de ma femme. Nous reconstruisons le monde pendant qu’une des convives est terrassée par ce que nous avons bu.

C’est à trois heures que commence ma première nuit de 2017.

Le lendemain midi, bref déjeuner avec les fromages de la veille et le reste du Krug. Il est très nettement meilleur, plus large, plus plein. Je l’avais sans doute mal appréhendé, au bout de nos agapes.

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le bouchon de la Landonne avec les bouchons des deux Richebourg

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le bouchon du Krug avec le bouchon du Grand Siècle magnum

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tous les bouchons

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tous les vins

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bulletins du 2ème semestre 2016 – du numéro 692 à 713 lundi, 26 décembre 2016

bulletin-wd-n-713-161227   Le bulletin n° 713 raconte : au Grand Tasting, dégustation privée iDealwine, Master Class Prestige « le Génie des Millésimes en 9 », Master Class de Prestige « le génie de la Côte-Rôtie », atelier gourmet de prestige où Matthieu Pacaud cuisine pour les champagnes Thiénot.

bulletin-wd-n-712-161227   Le bulletin n° 712 raconte : Grand Tasting au Carrousel du Louvre : Visites aux stands, Master Class « la signature de la maison Mumm », atelier gourmet où le chef Ryuji Teshima du restaurant Pages cuisine pour le champagne Ruinart, Master Class « voyage dans l’univers des champagnes Krug ».

bulletin-wd-n-711-161220   Le bulletin n° 711 raconte : dîner de vins canoniques à l’Orangerie du château de Beaune et 205ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent.

bulletin-wd-n-710-161220   Le bulletin n° 710 raconte : dîner de gala de l’Académie du vin de France au restaurant Laurent, dégustation de 19 vins de 2015 au siège de la maison Bouchard Père & Fils.

bulletin-wd-n-709-161206   Le bulletin n° 709 raconte : déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, colloque : « Les accords mets et vins » au château de Ferrières, dîner au château de Ferrières, en prélude au dîner de l’académie du vin de France, « paulée » au restaurant Laurent où l’on goûte les vins des académiciens.

bulletin-wd-n-708-161206   Le bulletin n° 708 raconte : dîner chez une amie, « France Chine, l’art du vin et du thé, un patrimoine en partage » dans les salons de la Présidence du Sénat, déjeuner au restaurant l’Ami Louis, champagne dominical, dégustation  des « Climats de la Côte Chalonnaise » à la Questure du Sénat.

bulletin-wd-n-707-161129   Le bulletin n° 707 raconte : à l’hôtel Intercontinental Park Lane de Londres dégustation de 15 millésimes de la Cuvée Winston Churchill de Pol Roger, suivie d’un dîner au restaurant Theo Randall, à l’hôtel Intercontinental Opéra dans le cadre de Biodyvin, dégustation de cinq vins du domaine Comte Liger-Belair sur deux millésimes, passage à Rhône en Seine.

bulletin-wd-n-706-161122  Le bulletin n° 706 raconte : un expert visite ma cave, une journaliste m’interviewe dans ma cave, invraisemblable déjeuner impromptu au 67 Pall Mall Club de Londres, dîner au restaurant Elystan Street de Londres pour deux mini-verticales des champagnes Bollinger Vieilles Vignes Françaises et Salon.

bulletin-wd-n-705-161115   Le bulletin n° 705 raconte deux dîners de grand intérêt : dîner au Grand Restaurant, le restaurant de Jean-François Piège, 16ème dîner des amis de Bipin Desai, dîner de vignerons au restaurant Laurent.

bulletin-wd-n-704-161108   Le bulletin n° 704 raconte : dîner de lancement du guide Gault & Millau 2017 au théâtre du Trianon, dîner caviar champagne à la maison avec un expert en spiritueux, casse-croûte dans ma cave et dîner au restaurant de l’Ecu de France à Chennevières.

bulletin-wd-n-703-161102   Le bulletin n° 703 raconte : dîner de champagnes avec mon fils, dîner d’anniversaire au restaurant de la Tour d’Argent.

bulletin-wd-n-702-161025   Le bulletin n° 702 raconte : déjeuner au restaurant Archeste, dîner au restaurant L’Ecu de France à Chennevières, dîner caviar, déjeuner au restaurant Michel Rostang, déjeuner au restaurant Le Petit Verdot.

bulletin-wd-n-701-161018   Le bulletin n° 701 raconte : déjeuner  pour fêter deux anniversaires, déjeuner au restaurant La Verrière de l’hôtel Intercontinental Opéra, dégustation de vins du monde au Ritz, déjeuner au Petit Verdot, déjeuner au restaurant Apicius avec des rhums de la maison La Mauny.

bulletin-wd-n-700-161011   Voici le bulletin n° 700. Les bulletins à chiffres ronds étaient l’occasion de faire le point de mon activité dans le domaine du vin. Pour le 700ème, au lieu de faire le point, j’ai choisi de « philosopher » (un bien grand mot) sur le monde des vins anciens au sein du monde du vin, et sur ma « croisade » (un bien grand mot) contre tous les poncifs et fausses idées sur les vins anciens.

Je vous recommande de le lire et serai heureux de lire vos commentaires si l’idée vous vient d’échanger sur ce que je considère comme un « pays des merveilles ».

bulletin-wd-n-699-wd-161005    Le bulletin n° 699 raconte : dégustation de vins d’Inde à l’ambassade de l’Inde à Paris, dégustation comparative de vins ayant passé un an sous la mer à Soif d’Ailleurs caviste parisien, déjeuner au restaurant Laurent, déjeuner de conscrits au Yacht Club de France.

bulletin-wd-n-698-160927   Le bulletin n° 698 raconte : dîner avec mon fils, présentation du Guide 2017 Bettane & Desseauve aux caves Legrand, déjeuner au restaurant Hexagone et 203ème dîner de wine-dinners au restaurant Pages.

bulletinwd-n-697-160920   Le bulletin n° 697 raconte : dîner du 15 août, déjeuner avec des amis, visite d’un monastère, dîner avec un ami fidèle de mes dîners, dîner d’amis, retour à Paris et repas avec mes enfants.

bulletin-wd-n-696-160913   Le bulletin n° 696 raconte : repas de gala du week-end du 15 août, l’un chez des amis du sud, l’autre dans ma maison du sud, avec des vins de tous horizons.

(bulletin WD N° 695 160906)    Le bulletin n° 695 raconte : dîner créole chez des amis, dîner de famille, dîner préparatoire des festivités du 15 août, déjeuner d’amis, premier dîner de bienvenue, visite d’un vignoble des Côtes de Provence, début des festivités du 15 août.

(bulletin WD N° 694 160830)    Le bulletin n° 694 raconte : séjour dans le sud avec des repas de grands vins et de grands champagnes, déjeuner au restaurant hôtel BOR près du port d’Hyères, autres repas de famille, de nouveau BOR, dîner chez des amis, dîner au restaurant Pradeau Plage sur la Presqu’île de Giens.

(bulletin WD N° 693 160823)  Le bulletin n° 693 raconte : présentation du champagne Salon 2004 lors d’un déjeuner au siège de Salon Delamotte, rencontres impromptues aux Caves Legrand, dîner dans la somptueuse salle de lecture de la Bibliothèque Nationale de France à l’invitation des champagnes Henriot, 202ème dîner de wine-dinners au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 692 160705)   Le bulletin n° 692 raconte : déjeuner dans le jardin du restaurant Laurent, anniversaire de 50 ans de mariage au Chalet de la Porte Jaune, dans le bois de Vincennes.

déjeuner de Noël en famille dimanche, 25 décembre 2016

Le lendemain matin, c’est Noël et notre groupe s’enrichit des deux enfants de ma cadette plus leur nounou. Nous serons donc dix pour le déjeuner de Noël. Ma femme a prévu : coquilles Saint-Jacques / porcelet et gratin de pommes de terre / fromages / ananas et madeleines.

Contrairement à tous mes usages, j’ai prévu un vin blanc à l’apéritif sur des gougères et des tranches de saucisson. Le Chablis Grand Cru Blanchots La Chablisienne 1988 est joliment doré. Il a une belle acidité, une agréable minéralité et se montre d’une grande vivacité, sans la moindre atténuation par l’âge. C’est un beau chablis, rond en bouche qui trouve son envol avec les délicieuses coquilles Saint-Jacques, cuites à la perfection.

Sur une table dans ma cave il y avait une bouteille tenue debout depuis des mois. Pourquoi est-elle debout, je ne m’en souviens plus. Le bouchon est en place et le niveau est dans le goulot ce qui est superbe. La bouteille n’a pas d’étiquette mais la capsule indique sans équivoque Ducru-Beaucaillou. La couleur vue au travers du verre semble convenable. Je décide de l’ouvrir pour ce midi. Le haut du bouchon sous la capsule est sale et le bouchon vient assez facilement, un peu gras et moins épais sur la base du bouchon. J’ai du mal à lire l’année car le liège est recouvert d’humidité. J’attends que le bouchon sèche et mes enfant sauront lire qu’il s’agit de Château Ducru-Beaucaillou Saint-Julien 1985. J’aurais imaginé volontiers qu’il s’agit d’un vin plus vieux, mais vogue la galère, nous le boirons. L’odeur à l’ouverture trois heures avant le repas ne me rebute pas.

Lorsqu’il est servi dans les verres, le vin est presque noir. Le nez est acide. En bouche le vin est granuleux comme s’il était charbonné. Il n’est pas foncièrement désagréable, mais ça ne nous convient pas. Le long du verre de la bouteille, des petits grains noirs de sédiment sont accrochés. Le vin évoque le charbon, la mine de crayon, mais son déséquilibre en limite l’intérêt.

Le Corton Grand Cru Renardes Domaine Michel Gaunoux 1990 n’en apparaît que meilleur. Mais il n’a besoin d’aucun faire-valoir. Il est délicat, subtil, gracieux tout en ayant quand même 13,5°. C’est un vin caressant, noble, complexe, très gastronomique. C’est un vin de plaisir et de contentement, car dans sa grandeur, il n’a aucune surprise. L’accord avec le porcelet et avec le gratin est superbe.

La suite du repas se fait à l’eau, l’ananas est délicieux, une première fournée de madeleines est une redite du principe d’incertitude d’Heisenberg, alors que la seconde fournée est d’une réussite totale, les madeleines au miel de bruyère s’accordant au café final.

Le plus beau cadeau de Noël est d’être ensemble, en famille, et de partager ces chauds moments.

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le bouchon du Ducru Beaucaillou

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la glorieuse incertitude du sport

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Veille de Noël en famille dimanche, 25 décembre 2016

Pour la veille de Noël, nous serons avec nos deux filles et deux sur six de nos petits-enfants, plus un frère de ma femme. Les cadeaux sont nombreux et généreux et comme cela se passe à un rythme calme et agréable, nous avons le temps de déguster le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1996. Lorsqu’il est froid, ce champagne est dans des tons acides de fruits citronnés. Lorsqu’il se réchauffe, assez rapidement car j’ai fait un feu dans la cheminée et toutes les bougies scintillent sur le sapin ou sur la table basse, le champagne prend progressivement de belles notes pâtissières qui s’accordent avec les gougères et le jambon Pata Negra. C’est un grand champagne fluide et vineux, fort et courtois.

Le menu est de fines tartelettes à l’oignon en forme de cœurs, cassolettes individuelles de canard confit sur un lit d’oignon et coiffé de purée de pommes de terre, fromages divers, « Merveilleux » et madeleines.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1997 a été remontée de la cave au dernier moment et ouverte sur l’instant. Le vin est une splendeur. Il est rayonnant de joie de vivre et de finesse. Ce qui est appréciable, c’est qu’étant d’une année calme, il ne joue en aucun cas sur la puissance, mais sur la délicatesse et la complexité. C’est surtout sur la tartelette aux oignons qu’il est prodigieux. Il est très bourguignon pour une Côte Rôtie, préférant jouer sur sa distinction plus que sur son affirmation.

Le Vega Sicilia Unico Ribera del Duero 1999 a été lui aussi ouvert au dernier moment. J’aime en effet profiter de la fraîcheur du vin qui éclot. La méthode dite « Audouze » d’ouverture des vins quatre heures à l’avance s’applique plus volontiers aux vins qui ont besoin d’oxygène pour se régénérer et s’accomplir. Avec des vins naturellement puissants et jeunes, je préfère mettre en valeur leur éclosion. Le parfum du vin est une bombe de cassis et de fruits noirs frais. En bouche le vin est juteux, imposant, conquérant et aux fruits noirs s’ajoutent des évocations de café et de tabac. Mais ce que j’aime le plus, car cela différencie ce vin de tous les vins jeunes et puissants, c’est son finale d’une fraîcheur miraculeuse. Le fenouil et la menthe sont les marqueurs de cette fraîcheur. Une fois de plus j’ai constaté que si l’accord camembert champagne est pertinent, l’improbable rencontre d’un camembert et d’un jeune Vega Sicilia fonctionne aussi très bien.

Ma fille aînée est définitivement dans le camp du vin français. Etant amoureux de ces deux vins, j’ai aimé les deux mais je conviens volontiers que La Landonne a été particulièrement brillante. Les « Merveilleux » sont des boules de meringue très légères et goûteuses. La cuisson des madeleines a été directement marquée par le principe d’incertitude d’Heisenberg. Qu’importe, la joie familiale était au rendez-vous. Noël en famille, qu’y a-t’ il de plus beau ?

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209ème dîner de wine-dinners au restaurant Pages vendredi, 23 décembre 2016

Le 209ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Pages. Le thème de ce dîner est original puisque c’est un amateur de vins que je connais et qui m’avait déjà demandé de faire un dîner il y a quelque temps qui réunit ses trois enfants, deux conjoints d’enfants et deux amis pour être avec eux autour d’un bon repas alors qu’ils sont souvent par monts et par vaux. Nous serons huit, six hommes et les deux filles de mon ami. Le repas et l’ouverture des vins seront filmés par une équipe d’une télévision chinoise privée dont l’audience, à l’échelle de la Chine, ferait pâlir d’envie bien des télévisions françaises.

La cave du restaurant étant de très petite taille j’ai apporté mes vins le jour même pendant l’heure du déjeuner. Qui vois-je à table, mon ami Tomo qui déjeune avec un chef coréen. Tomo me dit : « veux-tu goûter ? » et me tend son verre. La couleur est un peu tuilée et le goût me rappelle des vins familiers. Le Richebourg domaine de la Romanée Conti 1961 me plait beaucoup car malgré une certaine faiblesse de puissance, il est très évocateur et porteur du charme subtil des vins du domaine. Je quitte vite ces deux amis car j’ai un rendez-vous.

A 16h30 je commence à ouvrir les vins, filmé par deux cameramen. Deux problèmes vont apparaître pendant la séance d’ouverture. Le bouchon du Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus 1962, à peine effleuré, baisse d’un centimètre dans le goulot. Quelle que soit la douceur de mes gestes, le bouchon glisse et finit par tomber. Je suis obligé de carafer le vin ce qui est contraire à mes usages et après avoir extirpé le bouchon de la bouteille que j’ai nettoyée, j’ai remis le vin dans la bouteille. Malgré ces opérations, le vin ne sent pas mauvais. Mais étant chahuté ainsi, il est probable qu’on le ressentira à table. Un tel incident ne s’est quasiment jamais produit dans mes dîners ou du moins, je n’en ai pas le souvenir alors que cela s’est relativement plus souvent produit lors des séances de l’académie des vins anciens. Et cela arrive, comme par un mauvais hasard, le jour où l’ouverture des vins est filmée.

Le deuxième problème concerne le Maury 1925 présenté en une demi-bouteille qui a été embouteillée il y a une dizaine d’années d’un fût d’origine que je connais. Le bouchon est donc quasi neuf. Quelle que soit la façon dont j’essaie de tirer le bouchon, il ne remonte pas. Même en faisant levier avec un limonadier, rien ne bouge. Je dois donc déchiqueter calmement le bouchon miette par miette sur plus de la moitié du bouchon pour qu’enfin je puisse le lever.

Le dîner démarre à 19h30 et pour ne pas gêner les tables avoisinantes je donne les consignes usuelles lorsque nous sommes assis à table. Le Champagne Mumm Cuvée René Lalou 1985 est d’une belle couleur claire. La bulle n’est pas très active mais le pétillant est vif. Le vin se place dans la catégorie des grand champagnes, au message fort de blés blonds d’été. Il est gentiment titillé par les amuse-bouche qui vont dans des directions extrêmement variées et c’est un petit filet de maquereau au goût très fort qui lui donne un coup de fouet magistral.

Le menu créé par le chef Ryuji Teshima est : amuse-bouche / caviar de Sologne / carpaccio de bœuf Wagyu / saint jacques, risotto de riz sauvage croustillant / lotte, coquillages et choux / agneau de lait basque, jus d’agneau, champignons / pigeonneau de la Nièvre, écrasé de céleri rave / dégustation de bœuf maturé (normande maturée 4 semaines, salers maturé 6 semaines et Wagyu Ozaki) / stilton / tarte tatin et glace à la truffe.

Le Champagne Salon 1988 est beaucoup plus ambré que le Mumm pourtant plus vieux. Ce champagne est une bombe. Olfactive d’abord et gustative ensuite. C’est un Salon parfait. Il a la puissance vineuse, il est glorieux et emplit la bouche d’un soleil radieux. L’accord avec le caviar est sublime, la crêpe donnant une douceur qui met en valeur le salin du caviar et la petite ciboulette excitant le champagne. Le carpaccio de bœuf Ozaki est d’une rare douceur et dompte le Salon qui ne demande que cela. De fines lamelles de truffe prolongent le bonheur d’un champagne hors norme. Il est à noter, et nous en ferons l’expérience pour d’autres séries de vins, que le passage de l’un à l’autre, c’est-à-dire du Salon vers le Mumm et retour, ne nuit à aucun des deux. Le Mumm tient sa place malgré la puissance du Salon.

Le Chablis Grand Cru Blanchot Vocoret & Fils 1988 est plus discret que des précédents de ce même vin bus récemment. Il est fluide, léger mais précis et de belle minéralité et forme avec les Saint-Jacques un bel accord.

Le Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, comme le Salon 1988, est une bombe. Son parfum explose. En bouche il est d’une présence infinie. C’est un immense bourgogne blanc. La lotte forme avec ce vin un accord d’une rare luxure. Le jeu des choux de Bruxelles, l’un vert, l’autre violet, excite le vin à la longueur sans pareille. Comme précédemment pour les champagnes, le retour vers le chablis se passe sans difficulté.

Lorsqu’on me donne les premières gouttes du Clos Saint-Denis Domaine Dujac 1979, le seul parfum du vin me transporte d’aise et je m’exclame : « ce vin est un passeport pour la plus belle Bourgogne ». Ce vin est pour moi l’expression de l’idéal bourguignon. Il a un peu de ce qu’offrent le Clos de Tart et les vins de la Romanée Conti. Car il y a une signature saline d’une belle gaieté. L’agneau est d’une tendreté inouïe et le vin d’une douceur et d’un charme parfaits magnifie l’accord.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1962 a deux facettes. D’un côté c’est un vin fatigué et dévié, de l’autre c’est un vin buvable. Mon ami l’aime beaucoup et comme le pigeon est exceptionnel, il en jouit. Pour ma part, les traces de goût de chocolat signent un vin dévié, mais comme la sauce du pigeon est lourde, l’accord se trouve sur la sauce. Malgré tout, je suis un peu déçu.

Le Musigny Domaine Comte de Vogüé 1978 est tout simplement exceptionnel. Il affiche une aisance et une personnalité impressionnantes. Il est glorieux comme le sont le Salon et le Ramonet. Le boire, c’est boire du bonheur. Il est vineux, avec une belle amertume et il sait être doucereux quand il le faut. Sa longueur est infinie. Nous aurons une querelle d’école, Naoko, la femme du chef et moi, mais cette question divisera aussi la table. Naoko nous dit de manger dans l’ordre Ozaki / normande / salers alors que je pense que le plus pertinent serait normande / salers / Ozaki. La viande d’Ozaki est grasse, tendre et douce. Si on commence par elle, les deux autres paraissent plus dures alors qu’en commençant par des goûts que l’on connaît, l’Ozaki est un feu d’artifice de douceur. Comme une partie de la table a approuvé Naoko, laissons la question en suspens. La seule chose qui compte est que ces viandes sont délicieuses et que le Musigny est immense.

Le Château d’Yquem 1922 est ambré mais relativement peu pour cet âge alors que mes convives moins familiers de ces vins le trouvent très foncé. Il est d’une délicatesse infinie, subtil, évoquant des agrumes fins et racés. Il a mangé une bonne partie de son sucre mais il en reste encore. L’accord est beaucoup plus brillant avec le stilton dans sa partie blanche qu’avec la tarte Tatin qui manque un peu de mâche de pomme et à l’inverse montre trop de feuilleté.

J’avais demandé à Dorian le talentueux pâtissier de prévoir la Tatin en deux services dont le deuxième plus caramélisé pour le Maury La Coume du Roy 1925. Ce Maury est superbe de douceur et malgré ses 17° il est d’une fraîcheur incroyable. Une des filles de mon ami trouve framboise et menthe dans ce vin. L’accord génial de ce vin est avec la glace à la truffe. Il est possible de passer du Maury à l’Yquem sans que les vins ne se gênent. Des convives ont préféré le Maury à l’Yquem ce qui montre qu’ils ne sont pas influencés par les étiquettes. Certains ont jugé le Maury plus complexe que l’Yquem, ce que je conteste catégoriquement tant ce 1922 est d’une noblesse incommensurable avec des subtilités pianotées comme des gymnopédies.

Nous n’aurions dû être que huit à voter mais l’un des gendres arrivé très tard a été suffisamment astucieux pour goûter tous les vins et nous sommes donc neuf à voter. Sept vins sur neuf figurent parmi les votes où chacun ne vote que pour ses quatre vins préférés. Un vin a reçu des votes de tout le monde ce qui arrive assez peu, c’est le Musigny qui recueille neuf votes. Cinq vins ont eu l’honneur d’être nommés vainqueurs, le Bâtard-Montrachet trois fois, le Clos Saint-Denis et le Musigny Domaine Comte de Vogüé deux fois et le Champagne Salon et l’Yquem une fois. Le fait que neuf personnes choisissent cinq vainqueurs différents montre bien la diversité des goûts.

Le vote compilant ceux des convives est : 1 – Musigny Domaine Comte de Vogüé 1978, 2 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 3 – Château d’Yquem 1922, 4 – Champagne Salon 1988, 5 – Maury La Coume du Roy 1925, 6 – Clos Saint-Denis Domaine Dujac 1979.

Mon vote est : 1 – Clos Saint-Denis Domaine Dujac 1979, 2 – Bâtard Montrachet Domaine Ramonet 1992, 3 – Musigny Domaine Comte de Vogüé 1978, 4 – Château d’Yquem 1922.

Toute la table a été enthousiasmée par la pertinence des accords mis au point par le chef Teshi pour les vins. L’ambiance de cette famille a été joyeuse tout au long du repas, décontractée mais studieuse quand il le fallait. A part le Beaune Grèves, tous les vins se sont présentés au mieux de ce qu’ils pouvaient offrir. Le Musigny, le Bâtard, l’Yquem, le Clos-Saint-Denis et le Salon sont des vins immenses. Ce fut un très beau repas gastronomique.

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les bouchons des deux blancs

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les bouchons du Dujac 1979 et du Beaune Grèves 1962

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bouchons du Musigny et de l’Yquem (le 1922 est lisible)

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