Grand tasting – atelier gourmet avec Matthieu Pacaud et le champagne mardi, 29 novembre 2016

Le dernier événement auquel j’assiste est l’atelier gourmet de prestigeMatthieu Pacaud le chef des restaurants Ambroisie, Histoires, Hexagone et Divellec a cuisiné pour les champagnes Thiénot présentés par Garance Thiénot.

Ce champagne a été créé en 1985. Le père de Garance était courtier en raisins pour les maisons de champagne. Il a acheté des vignes en 1976 et a aujourd’hui 30 hectares de vignes.

Un œuf coque, sabayon citron et caviar golden accompagne le Champagne Thiénot Cuvée Stanislas Blanc de Blancs 2006. Le nez est agréable et la bouche un peu plate mais le champagne trouve une très bonne vibration avec le plat car étant un peu lacté il voisine bien avec l’œuf et le sabayon.

Le Champagne Thiénot Cuvée Garance Blanc de Noirs 2008 a un nez précis. Le vin est beaucoup plus vif. Il est très agréable et cohabite assez naturellement avec un foie gras caramélisé aux cèpes.

Alors que l’on suggérait d’essayer les deux champagnes sur les deux plats, l’attribution était pour moi évidente du Stanislas à l’œuf au caviar et du Garance au foie gras.

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Grand Tasting – le génie de la Côte-Rôtie mardi, 29 novembre 2016

Une autre Master Class de Prestige est « le génie de la Côte-Rôtie ». Ce vignoble comprend 285 hectares avec une côte brune et une côte blonde, un sud à majorité de schistes et un nord avec des sols plus lourds et de l’argile.

La Côte Rôtie La Mordorée domaine Chapoutier 2011 est présentée par Jean-Baptiste Bacchetta. Le premier millésime de La Mordorée est 1989, année de l’arrivée de Michel Chapoutier au domaine. Le vin est fait sur 5 hectares de la Côte Brune, en plein sud. Le domaine est certifié en biodynamie depuis 2001. Les vins vieillissent 16 mois en fûts dont 30% de fûts neufs.

Le nez est extrêmement élégant et charmeur. La bouche est élégante et le vin est subtil avec de la violette de l’olive, et de la garrigue dans le finale. Il est très plaisant, racé et gourmand. Il a un côté floral. On le boit avec grand plaisir. C’est un vin très grand et impressionnant.

La Côte Rôtie Maison Rouge Domaine Georges Vernay 2010 est présenté par Christine Vernay qui dirige le domaine depuis 1996. Le nez est subtil mais plus discret. L’attaque est très fraîche, avec du cassis doux et de la framboise. Ce vin de douceur est tout en suggestion. Il est incroyablement délicat. On a l’impression de croquer des petits fruits. C’est assez fou, car on a l’impression de croquer un bonbon fourré de fruits dont le fruit explose quand on croque. C’est émouvant et le vin pianote des notes merveilleuse. Je n’ai pas le souvenir d’avoir bu un vin jeune qui explose son fruit aussi génialement.

La Côte Rôtie La Belle Hélène domaine Stéphane Ogier 2007 est présentée par Stéphane Ogier lui-même. C’est en 1997 qu’on a isolé cette parcelle. Le nez évoque l’alcool et le fruit pressé. L’attaque est noble, le vin est d’un bel équilibre et d’un beau finale de fruits d’automne. Il est gourmand. On le sent fait pour la garde. Il va s’épanouir encore. Il est élégant, avec des suggestions de griottes. Il est gastronomique.

La Côte Rôtie La Mouline Domaine Guigal 1999 est un vin de la côte blonde. Il est présenté par Philippe Guigal qui rappelle que le vignoble de la Côte Rôtie a 24 siècles d’histoire. Les murs qui soutiennent les vignes ont été bâtis à l’époque romaine. Les plants de vignes ont 70 ans d’âge moyen, les plus vieux ceps de 1893 sont gardés pour le symbole. Les vins vieillissent 40 mois en fûts de chêne neufs. Les vendanges sont faites à haute maturité. Le vin a 89% de syrah et 11% de viognier pour la complexité aromatique et l’apport textural.

Le vin a un nez très subtil. En bouche, le vin est suave, grand, charmeur. Il est élégant et stylé avec une folle fraîcheur. Au-delà du fruit il est floral. C’est vin soyeux et gourmand, à l’élégance hors du commun.

La Côte Rôtie Domaine Jamet 1991 est un immense cadeau de Jean-Paul Jamet car 1991 est une année magique dans le Rhône. 2016 est le 41ème millésime fait par Jean-Paul. En 1991, il a fait les vendanges seulement en octobre, car c’est son mariage qui a retardé les vendanges. La couleur du vin n’a aucun signe de tuilé. Le nez est joli. Le vin est émouvant et l’âge lui donne des complexités subtiles. Il est fait de vendanges entières. Il combine grâce, équilibre et maturité. Il est fabuleux et émouvant. Ce vin de grande classe ne cherche pas à séduire. Je l’adore.

Ces cinq Côtes Rôties m’ont tellement plu que je n’ai aucune envie de les classer. Elles méritent toutes mes amours.

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Grand Tasting – le Génie des Millésimes en 9 mardi, 29 novembre 2016

Traditionnellement le deuxième jour du Grand Tasting démarre par une Master Class Prestige sur le génie du vin. Cette année, le thème choisi par Michel Bettane et Thierry Desseauve est « le Génie des Millésimes en 9 ». Huit domaines seront mis à l’honneur.

Le Champagne Roederer Cuvée Cristal 1999 est présenté par Jean Baptiste Lecaillon chef de cave qui, entré en cette maison en 1989 a fait de 1999 son premier millésime. Il a fait évoluer le dosage de cette cuvée qui avant lui était dosé à 12 grammes. Ce que nous buvons est dosé à 8 – 9 grammes et dans le futur on ira vers 8 grammes. Le vin provient de 45 parcelles en sept grands crus. Il a pratiqué la sélection massale sur près de 300 différents types de pinots. Les 90 hectares sont en biodynamie.

Le champagne a un nez très noble, intense. Le vin est très racé, noisette, toasté, de belle matière. Il n’est pas explosif mais de belle affirmation. Deux mots lui conviennent : élégant et racé. Le finale est beau avec un peu de salin, de craie et d’iode. Le choix qui a été fait est de finesse et de maturité aboutie. C’est vraiment un grand champagne et je me régale en le buvant, y revenant sans cesse.

Le Corton-Charlemagne Domaine Bonneau du Martray 2009 est présenté par Jean-Charles de la Morinière, propriétaire. Sa propriété est de 11 hectares sur le versant ouest de la montagne de Corton ce qui a une influence sur le tempérament des très vieilles vignes. Il y a beaucoup d’érosion lorsqu’il pleut et il faut lutter pour protéger la terre. Le domaine a démarré la biodynamie en 2004. Le propriétaire estime que dès 2009 il a pu ressentir dans le vin ce qu’il attendait de la biodynamie. Jean-Charles parle de l’approche esthétique de la gestuelle en vigne. Il dit de 2009 que c’est une année heureuse dont les climats en toutes saisons ont été parfaits, sans aucune inquiétude, ce à quoi les vignerons ne sont pas préparés !

Le nez du vin a des notes d’alcool. L’attaque est très raffinée et distinguée, avec un peu de lacté. Il y a une belle minéralité. Le vin est distingué et raffiné, avec un finale de grande pureté. Sa persistance aromatique est grande. Le passage du champagne au vin et retour marche idéalement.

Le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel, Roussanne vieilles vignes blanc 2009 est présenté par César Perrin qui est l’un des neuf membres de la famille qui dirigent le domaine, tous au même niveau. César est de la cinquième génération des Perrin dans le domaine qui fait cent hectares aujourd’hui. Le vin que nous allons boire provient de deux hectares de vignes plantées en 1909. Cette cuvée a été créée en 1986 juste avant la cuvée Hommage à Jacques Perrin créée en 1989.

Le vin a un nez très profond, percutant. Il est gourmand, puissant mais précis, gouleyant. L’alcool est bien présent. On le sent gastronomique. Michel Bettane parle de nez truffé qu’on ne ressent pas sur la bouteille qui est servie à ma table. Il y a une richesse exotique dans ce vin gourmand et parfumé au finale plein d’énergie. Ces deux vins blancs que tout sépare sont superbes.

Le Clos-Saint-Denis Grand Cru Domaine Charlopin-Parizot 2009 est présenté par Michel Bettane en l’absence du vigneron. Le vin présenté provient d’une parcelle de 15 ares qui donne deux à trois pièces par an. Le nez est opulent, riche, délicieux. La couleur est claire. Le premier contact est difficile après les blancs. Le vin très délicat et équilibré. Tout en lui est finesse. C’est un vin heureux, gourmand et gastronomique.

Le IGT Toscana Montevertine Le Pergole Torte rouge 1999 est présenté par Martino Manetti dont les propos sont traduits de l’italien. Ce vin est fait dans le cœur du Chianti Classico. Il a été créé en 1977 avec le choix d’avoir à 100% le cépage San Giovese, ce qui a conduit à ne pas lui accorder l’appellation Chianti Classico qui interdit le mono cépage. Il est fait de ce vin 15.000 bouteilles par an. La couleur est nettement plus foncée que celle du vin bourguignon. Le nez est difficile à comprendre. L’attaque est gourmande et suave, presque sucrée. Il est astringent, un peu rêche, ce n’est pas un vin de plaisir. Il est très pur, original, mais pas généreux. Il lui faudrait une viande pour s’exprimer. Il ne me parle pas beaucoup.

Le Château Pavie Saint-Emilion 1999 est le deuxième millésime fait sous l’autorité de Gérard Perse, propriétaire, qui le présente. Son domaine de 37 hectares a aujourd’hui 40% de cabernet pour 60% de merlot. A son arrivée le domaine avait 20% de cabernet et son ambition est d’aller vers 50%.

La couleur du vin est presque noire. Le nez est très saint-émilion, très noble. La bouche a une attaque gourmande. Le vin est épais, lourd, insistant, mais en même temps il a de la fraîcheur et de l’astringence. Le vin est expressif, imprégnant, viril et guerrier, sans concession. Thierry Desseauve parle de son élégance et de sa finesse. Je le vois plus dans un registre guerrier. C’est un grand vin.

Le Cos d’Estournel Saint-Estèphe 1989 est présenté par Aymeric de Gironde, le maître de chai. Aymeric a choisi ce 1989 au lieu de choisir le 2009 qui a obtenu 100 points Parker ce qui aurait été une option plus facile. Le nez a une couleur rouge sombre. Le nez est discret. Le vin est très équilibré et concentré tout en étant rond, assez gourmand et appelle la gastronomie. 1989 est une grande année et on le sent, avec cet équilibre entre puissance et élégance. Il devient de meilleur en meilleur. Il a une grande densité, de truffe et de fumé. Il me plait de plus en plus. Aymeric dit qu’à Bordeaux les 1989 passent maintenant devant les 1990.

Le Château Suduiraut Sauternes Crème de Tête 1989 est présenté par Pierre Montégut qui fait le vin sur 90 hectares. Aujourd’hui, le grand vin est fait sur 50% de la récolte et le concept de crème de tête n’existe plus. Le nez est superbe et profond de fruit confit et de pâte de fruit. La couleur est d’un or ambré. Il est magique en bouche. Il est superbe, aérien tout en étant lourd ce qui peut paraître paradoxal. Il est gourmand, avec un fruit immense et une fraîcheur infinie. Ce vin est un miracle. La crème de tête a été faite sur 6 hectares sur les 90. Son fruité est formidable avec de l’orange amère. Sa complexité est grande. Il a fraîcheur, de beaux amers, de l’énergie et de la vivacité.

Dans cette superbe Master Class les vins qui émergent pour moi, au sein de grands vins est : 1 – Suduiraut, 2 – Cristal Roederer, 3 – Corton Charlemagne. Ce fut un grand moment.

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Grand Tasting – dégustation privée iDealwine mardi, 29 novembre 2016

A la fin de la première journée du Grand Tasting organisé par Bettane & Desseauve il y a un événement très apprécié par les amateurs, c’est la dégustation privée iDealwine. Idealwine est très impliqué dans ce beau salon et offre à goûter des vins de grand intérêt à leurs meilleurs clients du « club iDeal ». Ici on ne prend pas de notes, plus occupé à bavarder avec les nombreux vignerons présents et d’autres convives.

Le Champagne Bollinger Grande Année 1985 est définitivement un grand champagne d’une grande année.

Le Château Léoville Las Cases magnum 1982 atteint maintenant une maturité exemplaire. Il est gouleyant, plein et racé.

Le Château Grand Corbin Despagne double magnum 2000 est une belle réussite, l’effet format jouant à plein.

Le Château Doisy-Daëne Barsac magnum 2002 du regretté Denis Dubourdieu est d’une rare élégance, ciselé et joyeux.

La Romanée Saint-Vivant Les Quatre Journaux Domaine Louis Latour 1999 est un grand vin de grande noblesse, mais je suis beaucoup plus impressionné par le Vosne-Romanée 1er Cru les Malconsorts domaine du Clos Frantin Albert Bichot 2014 qui est dans un moment de grâce tout à fait exceptionnel. Il m’a ému.

On ne peut que remercier iDealwine de sa générosité qui permet de boire des vins rares dans de beaux formats.

Grand Tasting – voyage dans l’univers des champagnes Krug mardi, 29 novembre 2016

La Master Class suivante est un « voyage dans l’univers des champagnes Krug » présenté par l’infatigable globe-trotter Olivier Krug qui se consacre avec énergie à la défense et illustration de son noble champagne.

Le Champagne Krug 2003 a une immense élégance. Tout est là dans ce champagne, en précision et mesure. Je le trouve parfait. Tout est équilibré entre amertume et acidité. C’est l’aristocratie du champagne.

Le Champagne Krug 2002 est beaucoup plus iodé, plus droit. Contrairement à ce qui se dit, je préfère le 2003 au 2002 à ce stade de leurs vies. Le 2002 deviendra peut-être plus grand, mais maintenant, la vibration du 2003 est plus forte pour moi.

Nous poursuivons avec le Champagne Krug Grande Cuvée, qui évoque le caramel, très beau vin avec un peu d’épices. C’est un très grand champagne.

On m’a souvent proposé d’associer la musique aux vins dans mes dîners. J’ai toujours repoussé cette idée car le vin est déjà perçu très différemment selon les personnes, tant les goûts sont différents. Associer des musiques, qui elles aussi sont perçues très différemment selon les individus, conduira sans doute à des accords improbables et non consensuels. Aussi suis-je prudent sur ce sujet. Mais Olivier Krug a invité avec lui Jean-Philippe Collard, grand pianiste, dont le père a été le dirigeant des champagnes Philipponnat. Jean-Philippe a donc tété (virtuellement) le champagne pendant sa jeunesse. Il nous fait écouter un enregistrement de Daphnis et Chloé. Je ferme les yeux et tout-à-coup, je suis saisi par la pertinence de l’accord, qui donne une dimension supplémentaire au champagne. C’est envoûtant. L’expérience est réussie au-delà de ce que je pourrais imaginer et Olivier Krug dit que des scientifiques ont mesuré cette influence, la musique et le goût touchant les mêmes zones du cerveau. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir être ému de cette façon. Mon plaisir a été décuplé car je me suis enfermé dans ma bulle (sans jeu de mot), faite de musique et de vin.

Le Champagne Krug rosé a une couleur de rose saumonée. Le vin est vineux. Olivier Krug dit qu’une tourte de pigeon faite par Arnaud Lallement serait l’accord parfait sur ce vin. Je le crois sans réserve. Ce Krug est plus vin que champagne même s’il est bien pétillant. Il a besoin d’un plat pour s’exprimer. Il n’a pas un finale suffisamment entraînant.

Je classe : 1 – Krug 2003, 2 – Grande Cuvée, 3 – Krug 2002, 4 – Krug rosé. Ces champagnes appartiennent à l’aristocratie du champagne.

Grand Tasting – atelier gourmet restaurant Pages et champagne Ruinart mardi, 29 novembre 2016

Mon périple se poursuit avec un atelier gourmet où le chef Ryuji Teshima du restaurant Pages cuisine pour le champagne Ruinart.

Le premier plat est : tartare de veau laitier avec œufs de saumon et émulsion de haddock. Le Champagne Dom Ruinart 2004 a une très belle attaque. Il est élégant et fluide, ayant passé dix ans sur lies. Dégorgé en 2015 il a des notes toastées. La mousse de haddock est superbe et crée un accord parfait. L’œuf de saumon avec la viande crue est original et l’accord est osé mais pertinent. Le 2004 a un finale un peu court.

Teshi a ajouté un plat non prévu au programme à base d’un canard cuit à basse température avec un croûte d’épices sur la peau, accompagné d’un cœur de poireau brûlé et des poudres fraîches dont je n’ai pas noté la composition. Le Champagne Ruinart 2009 est fait de 49% de chardonnay et 51% de pinot noir et a passé 7 ans sur lies. 2009 est un millésime solaire. Frédéric Panaïotis nous dit que le Ruinart millésimé ne représente que 1% des volumes de la maison. C’est un extra-brut. L’accord est exceptionnel sur la chair du canard et aussi sur la croûte de peau.

Teshi est venu avec son épouse et aussi le pâtissier qui a une grande sensibilité. Il a créé ce dessert : baba infusé à la vanille et bergamote avec sa crème et zeste de citron jaune confit et crème fouettée. L’accord se trouve avec le 2009 sur l’acidité et l’amertume.

On sent que le chef Teshi et son pâtissier ont magnifiquement travaillé leurs accords.

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Grand Tasting – la signature de la maison Mumm mardi, 29 novembre 2016

La première Master Class à laquelle j’assiste est celle de « la signature de la maison Mumm ». Elle est présentée par Didier Mariotti chef de cave.

Le Champagne RSRV Mumm Blanc de Blancs 2012 est une nouvelle cuvée dont l’approche est de non millésimé mais une exception a été faite pour le millésime 2012 pour exprimer le millésime bien qu’il ne s’agisse pas d’un grand millésime. Les quatre lettres RSRV sont inscrites en très gros sur l’étiquette et veulent dire « réserve ». Le vin est un peu lacté. Il a une belle attaque et une belle vivacité mais un finale plus discret. Le Blanc de Blancs chez Mumm n’était pas vendu et réservé aux amis, d’où l’idée de le nommer ainsi maintenant qu’on le commercialise. A terme, le RSRV va supplanter le Blanc de Blancs. Didier explique la méthode de la demi-mousse qui fait que la pression est de 4,5 bars au lieu de 6 bars, ce qui permet une belle fraîcheur et une plus grande digestibilité. Il y a une onctuosité en milieu de bouche, des agrumes des zestes de citron et un retour de salinité qui donne un goût iodé. C’est un très bon champagne. Je note à ce propos qu’après ma visite des stands, on goûte beaucoup mieux quand on est assis. On perçoit beaucoup plus les subtilités.

Le Champagne Mumm Grand Cordon sans année a un goût plus gras, plus noisette, plus épais. Il est moins vibrant que le RSRV précédent. Il est sur une base 2012 avec 30% de vins de réserve. Je trouve ce champagne un peu lourd.

Le Champagne Mumm millésimé 2008 est fait de 70% de pinot noir et le reste en chardonnay. Je le préfère au Grand Cordon. Il est fait pour la gastronomie avec ses notes de nougat, sa tension et son retour d’acidité en fin de bouche. Il va bien vieillir. Il a un beau finale et une belle acidité.

Le Champagne RSRV Blanc de Noirs Mumm 2008 qui est à 100% en pinot noir a une belle attaque très vive. Il a moins de rondeur que le millésimé 2008 mais je préfère sa vivacité. C’est un vin d’avenir, de grande tension.

Globalement je préfère les deux RSRV, le Blanc de Noirs 2008 devant le Blanc de Blancs 2012, puis le millésimé 2008 devant le Grand Cordon. Cette dégustation est très éclairante sur les nouvelles tendances de Mumm, très intéressantes.

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Grand Tasting – visites aux stands mardi, 29 novembre 2016

Le Grand Tasting organisé par Bettane & Desseauve est un des grands événements pour les amateurs de vins. Aucun autre salon de cette envergure ne permet de goûter des vins prestigieux. Cela tient essentiellement à la confiance et l’estime qui existent entre Michel Bettane, Thierry Desseauve et les vignerons.

Je vais assister à quelques Master Class et à quelques ateliers gourmets, mais la première partie de mon passage à ce salon est consacrée à la visite de stands pour saluer les vignerons que je connais ou découvrir des vins nouveaux. J’ai butiné de stand en stand, me consacrant surtout aux champagnes. Quand on se déplace dans les allées, le verre dans une main et le guide dans une autre, on ne peut prendre que des notes sibyllines.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 2004 est très beau et charmant, de belle personnalité, tout-à-fait dans la ligne de la grande verticale de ce vin à laquelle j’avais participé à Londres il y a peu.

Le Champagne Drappier Grande Sendrée 2008 a une belle vivacité, très beau et gourmand.

Le Champagne Drappier Carte d’Or 1979 a de l’amertume. Il est un peu évolué. Il est grand et typé. Le finale est beau.

En toute discrétion car on le réserve à quelques « happy few », on me verse le Champagne Moët & Chandon Cuvée MCIII qui est absolument magnifique, d’une rare élégance, et nettement plus grand que le premier essai que j’avais fait à l’occasion du 200ème dîner, au moment où cette cuvée spéciale avait été lancée. C’est vraiment un très grand champagne tout en subtilité.

Le Champagne Alfred Gratien Brut sans année a un peu de caramel et se montre dosé.

Le Champagne Alfred Gratien Blanc de Blancs 2008 est très agréable, c’est un beau vin.

Le Champagne Alfred Gratien Millésimé 2004 avec 64% de chardonnay est agréable.

Le Champagne Alfred Gratien Cuvée Paradis brut 2008 avec 65% de chardonnay est très frais, élégant. C’est un très bon champagne de grande vivacité. Je l’apprécie beaucoup.

Le Chablis Grand cru Les Clos domaine Louis Moreau 2013 a une belle attaque gourmande.

Le Chablis Grand cru Valmur domaine Louis Moreau 2012 me fait moins bonne impression car je le trouve non encore complètement assemblé.

Le Champagne Lanson Extra Age Brut sans année avec 60% de pinot est très agréable.

Le Champagne Lanson Extra Blanc de Blancs sans année est très élégant de belle tension.

Le Champagne Mumm Blanc de Blancs est vif, frais, agréable avec de beaux agrumes.

Le Champagne A.R Lenoble Grand Cru Blanc de Blancs 2008 est très généreux, fort, grand, agréable et gastronomique.

Le Champagne A.R Lenoble Chouilly extra-brut 1996 est superbe. C’est un très grand vin.

Le Champagne Veuve Clicquot Vintage 2008 est superbe et très tendu.

On me sert – en cachette – un Champagne Veuve Clicquot Cave Privée jéroboam 1989 qui est absolument sublime, doux, exceptionnel.

Le Château Destieux Saint-Emilion 2010 a un très beau nez. Le vin est superbe et gourmand, très tonique. Une belle surprise.

Le Champagne Françoise Bedel l’Ame de la Terre 2005 est un extra brut avec 60% de pinot meunier que je trouve un peu dur.

Le Champagne Françoise Bedel Comme Autrefois sans année avec une base de 2003 et 40% de pinot meunier, 40% de pinot noir et 20% de chardonnay est très opulent, superbe, vin très gourmand et typé.

Le Champagne Gonet Médeville 2005 est composé à 100% de pinot noir d’Ambonnay. J’adore ce vin vif, expressif et très grand.

Le Champagne Legras & Haas Les Sillons 2012 est agréable et vif avec des notes de noisette.

Le Champagne Dom Ruinart Blanc de Blancs 2004 est très bon, très consensuel.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 2000 est très grand avec des notes de noisette. C’est un beau vin.

Le Champagne Henriot Cuve 38, champagne fait selon la méthode de la solera est très élégant, plus fin que les Enchanteleurs, mais au finale moins net.

Le Châteauneuf-du-Pape Domaine de Beaurenard Boisrenard 2014 est très gourmand et de plaisir, fait de vignes qui ont cent ans.

Le Châteauneuf-du-Pape Domaine de Beaurenard Gran Partita 2012 est fait de vignes sélectionnées pour leur âge et leur qualité. Cette cuvée spéciale est superbe d’élégance. Ce vin qui est plus élégant que gourmand est fluide, grand, absolument génial.

Le Champagne Deutz Brut Classic sans année est assez classique.

Le Champagne Deutz Cuvée William Deutz 2006 est très agréable.

Le Champagne Deutz Cuvée Amour de Deutz 2007 est un vin à revoir car ce que j’ai bu n’est pas très assemblé.

Le Champagne Laurent Perrier Grand Siècle non millésimé est toujours aussi élégant, vin de grâce romantique. Je l’ai pris pour accompagner des huîtres proposées à un stand de victuailles et la personne qui m’a versé le vin m’a dit que pour les huîtres je devrais prendre le Laurent-Perrier extra-brut. Elle a raison !

En dehors de ces visites de stands où je n’ai fait qu’effleurer ce qui s’offre à la dégustation, j’ai assisté à des master Class et à des ateliers gourmets.

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205ème dîner de wine-dinners au restaurant Taillevent samedi, 26 novembre 2016

Le 205ème dîner de wine-dinners se tient au restaurant Taillevent. Nous serons onze dans le beau salon lambrissé du premier étage du restaurant. La table sera cosmopolite puisque j’accueillerai une indienne, un japonais, une productrice de rhum à la Martinique, une propriétaire de mines aux antipodes et d’autres convives de tous horizons. La parité sera presque parfaite puisqu’elle est arithmétiquement impossible, avec cinq femmes et six hommes.

J’arrive à 17 heures pour ouvrir les vins et cette opération sera filmée par Cécile qui travaille pour une chaîne de télévision câblée. Cécile filmera aussi le dîner. J’ai eu des angoisses toute la matinée car je ne retrouvais plus ma trousse avec les divers outils que j’utilise pour ouvrir les vins. Etre filmé et ne pas avoir mes outils, quelle erreur de casting. J’utilise un Durand, un tirebouchon qui combine un bilame avec un tirebouchon, qui n’était pas dans ma trousse perdue. Je peux correctement ouvrir les vins mais je préfère mes longues mèches qui me donnent une meilleure sensibilité du comportement du bouchon lorsqu’il commence à se briser ou à se morceler. Par ailleurs le bilame blesse les bouchons, ce qui n’est pas beau.

Le parfum du Corton blanc 1919 est incertain. On verra comment il évolue. Celui du Vosne-Romanée 1947 est assez déplaisant. Une mauvaise surprise est à craindre. Le nez du Cahors 1893 est faible. Là aussi, l’évolution est incertaine. Les parfums des deux sauternes sont superbes, l’un plus tonitruant, l’autre plus gracieux. Dans ce contexte, il me semble opportun d’ouvrir une autre bouteille de rouge, dont je sais qu’elle sera sans problème.

Le convives arrivent, tous ponctuels. Après les consignes d’usage puisqu’il y a cinq participants dont c’est le premier dîner, nous trinquons sur un Champagne Lanson Red Label 1971. La bouteille est très jolie, en forme de quille. La couleur est d’un bel or assez clair. La bulle est peu présente mais le pétillant est actif. Le champagne est évolué mais plaisant. L’attaque est de petits fruits roses légèrement aigrelets et le corps du champagne est joliment vineux. Pour beaucoup il faut s’habituer aux goûts des champagnes anciens car ce n’est pas naturel. Sur les gougères et les copeaux de jambon, le champagne a une belle présence. Je suis ravi de sa belle complexité.

Nous passons à table. Un petit amuse-bouche gourmand convient bien au Lanson.

Le menu créé par Alain Solivérès : copeaux de jambon / huîtres Gillardeau en gelée d’eau de mer / bar de ligne étuvé, saveurs des bois / gourmandise de poule faisane, foie gras de canard et châtaignes / palombe rôtie aux salsifis / lièvre à la cuillère, pâtes fraîches à la farine de châtaignes / stilton / pomme et poire façon tarte Tatin

Sur l’huître en gelée, le Champagne Salon 1988 se montre absolument glorieux. Avec Tomo, nous nous disons que c’est un des plus grands Salon 1988 que nous ayons bus, car cette bouteille est d’une rare perfection. Ce Salon d’une grande année combine à la fois puissance et élégance. C’est un guerrier conquérant mais aussi un chevalier galant. Il a une profondeur et une persistance en bouche qui sont extrêmes.

Le Château Haut-Brion blanc 1979 est une mauvaise surprise, mais pas pour tout le monde puisqu’il sera voté numéro un par une convive. A l’ouverture, je pensais qu’il avait besoin de s’épanouir, mais maintenant c’est un vin qui a vieilli trop vite, anormalement évolué pour son âge, et qui ne se livre pas. Toutefois, mon jugement est sévère car avec le bar et surtout les petits champignons, il redevient aimable même s’il reste un peu en dedans.

La poule faisane est délicieuse et même si l’accord est osé, il fonctionne parfaitement. Le Corton Blanc Jacqueminot 1919 pour lequel mon diagnostic il y a quatre heures était indécis se montre totalement éblouissant. La sérénité de ce vin et son absence d’âge, tant il est équilibré, surprennent tout le monde. Tomo trouve que le meilleur accord est avec le foie gras. Je trouve que c’est avec la chair du faisan. Tous les visages s’illuminent, car c’est une surprise extrême.

J’ai associé sur la palombe deux vins de 1947 mais il n’y aura aucune compétition. Le Vosne-Romanée Antonin Rodet 1947 est un peu fatigué et il est très nettement au-dessus de ce que j’attendais. Il serait seul, nous l’aimerions. Mais il y a à côté de lui une telle merveille que notre attention se porte sur le Gevrey Chambertin Maison P. Jorrot 1947. Ce vin est exceptionnel et tout le monde en convient puisqu’il obtiendra neuf votes dont cinq de premier, ce qui est rare. La grâce de ce vin, son charme, son équilibre, sa matière lourde combinée à une délicatesse extrême en font un vin de pur bonheur. Qu’un « Villages » puisse être aussi élégant est une énigme. La palombe est superbe et convient bien à ce vin qui nous transporte au septième ciel du vin.

Sur le lièvre une fois de plus délicieux, deux vins que tout oppose sont associés. Le Clos de Gamot Cahors 1893 a un nez bouchonné que Tomo ne trouve pas. En bouche, le gout de bouchon n’existe pas et ne gêne pas le joli message d’un vin assez simple mais bien vivant, dont on aurait peine à dire qu’il a 123 ans. Je suis heureusement surpris qu’il se comporte ainsi alors que son compère fanfaronne à côté de lui. Il est à noter que de mon expérience, les vins très anciens qui sont bouchonnés proviennent de bouteilles reconditionnées. Ce Cahors a été reconditionné dans les années 70 et c’est à cette occasion-là qu’il a dû attraper ce goût fort heureusement bénin.

Le Châteauneuf-du-Pape Charton 1928 est une bombe de saveurs. Doté d’une matière énorme ce vin parade de bonheur. Il est joyeux en bouche, au message très simple mais porteur de plaisir. C’est vraiment un vin de plaisir, gouleyant, plein en bouche.

Arrive maintenant le vin que j’ai ajouté et qui correspond beaucoup plus aux goûts que mes convives connaissent. Nous nous sommes amusés à le faire découvrir à l’aveugle et en s’aidant les uns les autres, la réponse a été très proche de la perfection puisque l’appellation a été trouvée. La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1983 est très élégante, racée, fine. Elle ne joue pas sur sa puissance mais sur son élégance. Classiquement, un vin qui n’est pas porté sur la feuille de vote n’obtient pas de vote même si chacun sait qu’il pourrait voter pour lui. Si le vin avait été annoncé, il aurait figuré dans les votes. C’est une très jolie Landonne que cette 1983.

Les deux sauternes étant très différents je décide qu’ils ne seront pas servis ensemble. Le Château Filhot 1928 est d’une grâce extrême. Ce qu’il y a de bien avec les sauternes, c’est que lorsqu’ils sont grands, il n’ont pas le moindre défaut. Celui-ci a mangé son sucre et cela lui donne une légèreté extrême. Ce n’est que du bonheur, amplifié par le très goûteux stilton. Le mot qui lui convient est « grâce », à la Grace Kelly.

Le Château Gilette crème de tête 1945 est une bombe de saveurs comme l’était le Châteauneuf-du-Pape tout à l’heure. Quel grand sauternes, aux antipodes du Filhot, car maintenant, c’est du beau botrytis qui envahit notre palais. L’accord avec la Tatin est un accord couleur sur couleur comme je les aime. On se régale.

Il est temps de voter et je suis particulièrement heureux car neuf vins figureront au moins une fois dans les onze votes où chacun désigne ses quatre vins préférés. De plus, six vins ont été nommés premier par au moins un convive. C’est spectaculaire et montre à quel point les goûts sont différents entre les convives si les votes sont si disparates. Le Gevrey Chambertin Maison P. Jorrot 1947 a eu cinq votes de premier, le Champagne Salon 1988 deux votes de premier et le Château Haut-Brion blanc 1979, le Corton Blanc Jacqueminot 1919, le Château Filhot 1928 et le Château Gilette crème de tête 1945 ont eu un vote de premier.

Le vote du consensus serait : 1 – Gevrey Chambertin Maison P. Jorrot 1947, 2 – Champagne Salon 1988, 3 – Château Filhot 1928, 4 – Corton Blanc Jacqueminot 1919, 5 – Châteauneuf-du-Pape Chartron 1928.

Mon vote est : 1 – Gevrey Chambertin Maison P. Jorrot 1947, 2 – Corton Blanc Jacqueminot 1919, 3 – Château Filhot 1928, 4 – Champagne Salon 1988.

Dans mes dîners, il y a toujours des vins « fantassins », c’est-à-dire des vins qui sont hors de portée des radars des spéculateurs. Qui rechercherait aujourd’hui les deux vins que j’ai classés en tête, Gevrey Chambertin Maison P. Jorrot 1947 et Corton Blanc Jacqueminot 1919 dont je ne connais d’ailleurs pas les maisons. C’est pour moi une grande fierté de pouvoir montrer que les vins fantassins prennent leur place au plus haut niveau dans de grands dîners.

Un des convives, habitué de mes dîners, est venu avec, sous son bras, le merveilleux écrin d’un Cognac Hennessy Paradis Imperial que nous avons partagé. Fait de l’assemblage de plus d’une centaine d’alcools ayant de 50 à 150 ans, il est d’une fraîcheur incroyable. Précis, net, élégant c’est un cognac qui se boit merveilleusement bien. J’en ai repris !

Dans une atmosphère joyeuse et rieuse, avec le service toujours impeccable et attentionné de l’équipe du Taillevent, avec des accords tous réussis et une cuisine parfaitement orientée vers les vins, nous avons vécu un très beau dîner de gastronomie. Et la performance de fantassins est une récompense pour l’amoureux des vins anciens que je suis.

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Dîner à l’Orangerie du château de Beaune avec un éblouissant 1864 samedi, 26 novembre 2016

Après la dégustation des 2015 rouges et blancs de la maison Bouchard Père & Fils, il est temps de trinquer avec un beau champagne pour recalibrer le palais. Les vins étaient grands, mais les blancs difficiles pour moi du fait de leur jeunesse. Nous sommes accueillis à l’Orangerie du château de Beaune par Gilles de la Rouzière président du groupe contenant notamment Bouchard et les champagnes Henriot.

On nous sert le Champagne Henriot Cuve 38 sans année qui est produit selon la méthode de la solera. La première coupe qui m’est servie n’est pas très plaisante, le champagne se présentant comme un peu déséquilibré. Heureusement une autre bouteille donne un vin plus agréable, mais je préfère la Cuvée des Enchanteleurs auquel je suis plus habitué.

Nous passons à table. Je suis à la table de Gilles de la Rouzière avec deux des responsables de Christie’s qui vont conduire la vente des Hospices de Beaune demain, avec Michel Bettane et Bernard Burstchy ainsi que d’autres convives dont un importateur belge des vins de Bouchard.

Le menu qui a été élaboré pour les vins est : gougères et feuilletés / huître en gelée de concombre / sandre rôti garniture meurette et truffe de Bourgogne / terrine de pigeon, topinambour, foie gras et vinaigrette au genièvre / dos de biche rôti, courges, déclinaison d’oignons en texture / plateau de fromages / barre chocolat, crémeux à la griotte.

Le Corton Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils 2000 a un nez glorieux. Le vin se caractérise par son ampleur et sa merveilleuse acidité. L’accord avec l’huître et surtout avec la gelée de concombre est sublime. Le vin est transporté par l’accord. Il est large et doré, grandiose car puissant et entraînant. C’est un vin en pleine maturité et accompli. Il respire l’huître et combine puissance et élégance.

Le Corton Charlemagne Grand Cru Bouchard Père & Fils 1955 a du mal à passer après un 2000 aussi extraordinaire. Il lui faut le plat de sandre. C’est la sauce qui magnifie le vin qui n’a pas la puissance du 2000 mais est d’une belle subtilité. Très romantique, gracieux, c’est un grand vin subtil un peu lacté.

Le Clos-Vougeot Grand Cru Bouchard Père & Fils 1999 se présente avec un nez de cendre. C’est un vin très bourguignon qui a besoin du plat. Michel Bettane le trouve très grand. L’accord est brillantissime. Qui dirait qu’une terrine de pigeon avec du topinambour et une vinaigrette irait avec un vin rouge. Bravo aux concepteurs de cet accord que j’adore car il sort des conventions. Avec le plat le fruit de ce vin est fascinant. Il est tonitruant grâce à l’accord génial. Une telle inventivité me ravit.

Le Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Premier Cru Bouchard Père & Fils 1949 est exceptionnel. On boit du rêve. Le nez est un peu fumé et la bouche est de velours. L’amertume est divine. C’est un vin de recueillement. Il est très subtil et son velouté le rend presque sucré tant il est doux. Mais il aussi du poivre et sa complexité est sans limite. Je suis aux anges.

Le Beaune Clos de la Mousse Premier Cru Bouchard Père & Fils 1864 a une couleur d’une éternelle jeunesse. Pas une seule petite trace de tuilé. Le nez est impérial. Il y a de la rose dans ce parfum mais aussi un fruit imposant. C’est incomparable. Dans le finale il y a du fruit et la fraîcheur du raisin non égrappé. Quelle leçon ! ce vin est parfait et plus grand que le 1949. Il y a du sel et de la rose. On est dans une perfection du style des vieux vins de la Romanée Conti. C’est un moment de grâce totale et c’est le non-égrappé qui donne cette perfection. On se tromperait sans aucun problème de 100 ans si l’on buvait ce vin à l’aveugle. La complexité et la structure sont impressionnants Ce vin est inimaginable. On me sert la lie et cette lie explose de rose. Elle est douce, impensable folie.

Le Malaga 1859 a un nez enivrant. Il est très gras et velouté. Très cerise et pruneau il est divinement porté par le dessert. Ce qui est curieux c’est qu’il a aussi de la rose et de la framboise. C’est un vin de fraîcheur avec un finale sec qui porte la fraîcheur. Il a aussi des accents de raisin de Corinthe. Ce vin est du pur charme.

La générosité de nos hôtes est extrême. Les trois derniers vins, de 1949, 1864, 1859 sont des étapes qui conduisent directement vers le Graal ultime. La cuisine a été parfaite et les accords brillants d’ingéniosité. Ce dîner compte parmi les très grands.

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