La 38ème séance de l’académie des vins anciens se tient une nouvelle fois au restaurant Macéo. Nous serons 32 répartis en trois tables, deux de onze et une de dix, la table 2. La gestation a été difficile car normalement je demande que les livraisons de vins et les paiements soient faits avec un mois d’avance. Or jusqu’au dernier jour j’ai dû attendre des vins et des paiements, ce qui est difficile à gérer.
Par ailleurs il y a une extrême diversité dans la qualité des apports et le niveau général pour cette session est inférieur à celui des séances précédentes où nous avions réussi à hausser le niveau grâce à quelques amis, empêchés de venir. Face à cela, j’ai décidé de faire un apport plus important en volume que d’habitude, pour être sûr que tout le monde soit content de cette réunion. Sur les 32 participants, onze viennent sans vin aussi mon apport devrait normalement êtres de onze en plus du mien, soit douze bouteilles. Or j’ai apporté l’équivalent de 26 bouteilles de 75 cl, Ce qui permet que chaque table puisse goûter 17 vins différents, au lieu de dix ou onze dans la logique habituelle de l’académie.
Tout le monde devrait pouvoir trouver son bonheur. Généralement, les plus généreux participants sont à ma table mais pas tous, car rien n’est rigide, et pour motiver tous les académiciens à être plus généreux, j’ai ajouté à ma table un vin du domaine de la Romanée Conti.
Il y a donc de quoi faire plaisir à tout le monde et j’ai pu le vérifier par les sourires épanouis de toutes les tables.
Il y a par ailleurs une grande nouveauté, c’est le nombre significatif d’étrangers qui se sont inscrits après avoir lu mes messages sur Instagram. Des hollandais, plusieurs newyorkais, un Hongkongais et sans doute d’autres, se sont joints à nous.
Voici la répartition des vins par table.
Les Vins de la table 1 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Champagne Pol Roger 1964, Champagne Dom Pérignon année illisible 1961, Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949, Quincy 1946, Corton Charlemagne Maison Rouget 1990, Montrachet Caves Nicolas 1969, Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1971, Cos d’Estournel 1973, Château Branaire 1945 vidange, Clos de Tart 1947 (grande vidange), Beaune Barton & Guestier 1969, Corton Bichot négociant 1947, Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984, Bordeaux Supérieur domaine Dubourdieu Crème de Tête 1947, Vouvray Le Paradis René Bouco mœlleux 1953.
Les vins de la table 2 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Champagne Charles Ellner 1976, Champagne Charles Ellner 1967, Sancerre Blanc Domaine Robineau 1979, Tokay Pinot Gris Grand Cru Hartmann Gérard & Fils Cuvée Ste Catherine 1985, Château Bouscaut blanc 1966, Château de Lamarque Haut Médoc 1975, Château Croizet-Bages Pauillac 1964, Vin d’Arbois rouge En Chemenot cave Edgar Faure 1964, Château Calon-Ségur Saint-Estéphe 1955, Barolo Franco Tirina 1968, Barolo Borgogno Giacomo et Figli 1968, Barolo Filli Seris et Battista Borgogno 1968, Fontanafredda Barolo 1967, Domaine de Malendure Loupiac Crème de tête 1964, Sauternes Yves Bourgès 1964.
Les vins de la table 3 : Champagne Laurent Perrier Brut ss A magnum (apéritif), Champagne Paul Gobillard 1983, Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949, Ladoucette Pouilly-Fumé 1972, Vin d’Alsace Clos Zisser 1976, Chassagne Montrachet Poulet Père & Fils 1988, Hermitage Chante Alouette Chapoutier années 80, Château de Lamarque Haut Médoc 1975, Château Cantemerle 1950, Brane Cantenac 1982, Cos d’Estournel 1964, Château Ducru Beaucaillou 1943 vidange, Vin d’Arbois rouge En Chemenot cave Edgar Faure 1964, Chambertin Bichot négociant 1947, Coteaux du Layon domaine inconnu années 70, Vouvray demi-sec Jean Bardet 1966, Rivesaltes Aimé Cazes 1978.
A 15 heures j’attends que le premier étage du restaurant Macéo soit libre pour pouvoir ouvrir les bouteilles. Il y a 51 vins ce qui représente un important travail. Il fait tellement chaud qu’il faut veiller à la température des vins. Béatrice, qui m’aide à chaque séance pour organiser la gestion et sans laquelle je ne pourrais rien faire, a des astuces pour rafraîchir les vins rouges sans tremper les bouteilles dans l’eau.
A côté de moi l’équipe du restaurant dresse les tables avec des gestes précis. Des académiciens vont venir m’aider ce qui aura permis une ouverture dans des temps records. Du fait des conditions atmosphériques les bouchons sont plutôt secs et résistent. Les parfums des vins sont assez engageants. Des académiciens offriront un champagne et un Vouvray pour donner du cœur à l’ouvrage aux ouvreurs. Nous bavardons aimablement jusqu’à l’arrivée des participants.
Nous sommes 32 répartis en trois tables. Chaque table aura accès à 17 vins ce qui est – je crois – un record. Comme il fait très chaud nous prendrons l’apéritif à table car l’espace libre entre les tables est limité.
Nous commençons par deux bouteilles de Champagne Laurent Perrier Brut sans année en magnum. De la couleur et de la forme du bouchon on peut estimer qu’il s’agit de vins des années 90. Celui que je bois est très agréable, de couleur légèrement dorée, bien rond et confortable.
Pour l’apéritif j’ai aussi ajouté trois bouteilles de Champagne Paul Gobillard 1983 dont une des bouteilles a fait un joli pschitt à l’ouverture. Le champagne est agréable mais manque peut-être d’un peu d’émotion.
Nous commençons à boire les vins du repas mais la cuisine n’est pas encore prête à nous servir.
Le Champagne Pol Roger 1964 a une attaque magnifique et une belle complexité mais curieusement il s’arrête en cours de route et son finale est très court. Malgré cela on l’aime beaucoup.
A l’inverse le Champagne Dom Pérignon 1961 dont l’année est illisible sur l’étiquette abîmée a une attaque plutôt discrète et un finale tonitruant. Cette opposition de style entre les deux est amusante. Les deux champagnes sont grands et j’aurai un faible pour le Pol Rogerun peu plus expressif.
Le Sancerre Sauvignon G.Leschemelle & Cie 1949 est une merveilleuse surprise. Comment est-ce possible qu’un sancerre de 74 ans soit aussi rond, équilibré, abouti et porteur d’une telle joie de vivre ? C’est un grand sancerre au fruit généreux.
Lorsque j’avais fait les photos des bouteilles du repas je suis tombé amoureux du Quincy 1946 à la jolie bouteille, au beau niveau et à la couleur prometteuse. Ce devait être mon chouchou car, qui a en cave aujourd’hui un Quincy de 1946 année difficilement trouvable car se trouvant entre deux légendes, 1945 et 1947. Il était assez prévisible que tous les vins de ce millésime aient été bus. J’étais donc devenu amoureux de ce beau Quincy qui ne m’a pas trahi. De jolie couleur, au nez charmant il montre une belle personnalité et nous offre un beau plaisir. J’en suis heureux.
Le Corton Charlemagne Maison Rouget 1990 est un grand vin, mais il paraît trop jeune dans un tel dîner, malgré ses 33 ans. Il est riche mais il aurait fallu un millésime plus ancien.
Le Montrachet Caves Nicolas 1969 est une très heureuse surprise car il est riche, structuré et noble. Et sa belle prestation sera confirmée par le Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1971 qui dans mon esprit, devait être plus grand que le vin de Nicolas, mais en fait c’est le 1969 qui s’est montré le plus large et gourmand devant un 1971 un peu timide.
Le Cos d’Estournel 1973 est une belle surprise. D’un grain truffé sensible, il offre une solidité de charpente qu’on n’attendrait pas d’un 1973. Et j’aime bien quand ces années dites petites sont capables de telles vivacités.
Dans les dîners de l’académie, j’accepte les bouteilles de niveau bas, si l’on apporte aussi un vin de belle qualité. En l’occurrence je suis l’apporteur du Château Branaire 1945 de niveau dit ‘vidange’ c’est-à-dire plus bas que le début du resserrement de la bouteille. C’était un essai. Il n’est pas concluant car le vin est trop fatigué. Il pourrait avoir des intonations intéressantes, mais nous avons beaucoup de vins, ce qui ne pousse pas à les analyser.
Le Clos de Tart 1947 est l’apport d’un académicien généreux, dont le niveau vidange est encore plus prononcé. Plusieurs amis autour de la table l’aiment, car c’est un témoignage rare, mais la fatigue me gêne, et limite l’émotion qu’il pourrait susciter.
Le Beaune Barton & Guestier 1969 est un solide Bourgogne très cohérent et agréable à boire, même s’il n’attire pas vraiment l’attention. La suite allait être d’un niveau enthousiasmant.
Le Corton Bichot négociant 1947 est un vin absolument splendide de raffinement et d’expression subtile. Quel beau vin. Il fait partie des vins que j’avais achetés de la cave de l’Institut, comme le Chambertin Bichot 1947 de la table 3 qui a été aussi très apprécié. Son élégance est un plaisir.
Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1984 est le vin que j’ai ajouté, parmi tous mes apports, pour inciter les participants à plus de générosité. A l’ouverture, j’avais eu peur, car le bouchon sentait le bouchon. Mais lorsqu’il fut enlevé, le vin ne montrait aucun signe de bouchon, ce qui se confirme maintenant. On a, de façon discrète, les marqueurs habituels des vins du domaine, la rose et le sel et le vin montre un raffinement certain. J’aime les vins du domaine des années calmes car leurs subtilités sont encore plus expressives. Certains à notre table goûtent pour la première fois un vin de la Romanée Conti. Leur satisfaction fait plaisir à voir.
Le Bordeaux Supérieur domaine du Bourdieu Crème de Tête 1947 est riche. Si le vin était servi à l’aveugle, tout le monde dirait sauternes, tant ce vin a de la puissance et de l’épaisseur. Il est très long et généreux.
Le Vouvray Le Paradis mœlleux 1953 est agréable, plus doux et calme que le vin bordelais.
Mon classement des vins de notre table est : 1 – Grands Echézeaux 1984, 2 – Corton Bichot 1947, 3 – Montrachet Nicolas 1969, 4 – Pol Roger 1964, 5 – Sancerre 1949, 6 – Quincy 1946, 7 – Bordeaux Supérieur 1947, 8 – Vouvray 1953.
Le menu a été plus un accompagnement qu’une recherche d’accords puisqu’il était impossible de concevoir un menu pour 51 vins. Je n’ai pas beaucoup bu de vins des autres tables, sauf l’un des deux Vins d’Arbois En Chemenot rouge 1964 de la cave d’Edgar Faure que j’avais apportés, auquel un académicien trouvait des intonations de vin d’Algérie tant il était torréfié, inattendu mais agréable.
Cette séance a été globalement très intéressante et la participation d’étrangers qui ont connu l’académie par Instagram permet des discussions nouvelles. J’accueille normalement des élèves des grandes écoles mais les plus fidèles faisaient en Champagne un concours européen de dégustation. Les trois fidèles de l’académie sont arrivés premiers en groupe et en individuel. Nous fêterons leur succès dans quelques mois.
Malgré la charge très lourde de gérer l’académie, je suis motivé à continuer d’animer les prochaines séances quand je constate à quel point les participants sont heureux de partager des vins anciens. L’amitié est un puissant stimulant.
Les vins tous reçus dans ma cave ce qui a permis de former les trois groupes de vins.
par un hasard comme il en arrive à l’académie, Izabella est à ma droite à la table 1
je n’ai pas photographié tous les plats
les vins de l’apéritif bus à table