Dîner de vins légendaires dont Rayas 1929 au restaurant Palégrié à Lyon vendredi, 5 décembre 2014

Le dîner que je vais raconter est un peu aux limites de l’imaginable. Florent me demande de participer à un dîner à Lyon où se retrouveront des amateurs de vins disposant de caves significatives. Parmi eux, un amateur qui avait apporté à un autre dîner fou, mais sans Florent, Lafite 1844 et Lafite 1858, au moment où Lafite crevait les plafonds tarifaires, ce qui semblait d’une générosité incroyable, annonce Pétrus 1947 et un magnum de Château Lafleur 1947. La première question que l’on se pose est : « s’agit-il d’un vrai », tant Lafleur a inspiré tous les fraudeurs de la planète, mais le sérieux de la cave de cet ami plaide pour la véracité de cette bouteille.

L’annonce de bouteilles aussi prestigieuses impose que mon apport le soit aussi. J’annonce la Romanée Conti 1964 de beau niveau. Florent, qui veut que chacun se surpasse, annonce des apports de première grandeur et me demande si j’ai Montrachet domaine de la Romanée Conti 1973 qui est pour lui une année de particulière réussite de ce vin. J’essaie de dire que si j’apporte ces deux bouteilles, cela me semble un peu disproportionné, et je demande à réfléchir. Entretemps, pour des raisons que je ne saurai pas, les deux 1947 annoncés ne seront plus au rendez-vous. Pour me laisser la possibilité d’ajuster mes apports aux vins que je découvrirai sur place, puisque je suis le seul qui ait envoyé à Florent les photos de mes vins, je prends avec moi les deux bouteilles désirées par Florent, plus La Tâche 1942 en lui disant que je choisirai sur place celles que j’ouvrirai.

La table se forme avec un contingent plus faible qu’initialement prévu et tout n’est pas réglé. Nous verrons.

Le TGV est idéal car il me dépose au centre de Lyon, avec un confort appréciable. Seule angoisse, la grève des contrôleurs de la SNCF démarre demain et j’ai une importante réunion à mon retour. La France, décidément la France !

J’ai rendez-vous à 17 heures avec Florent au restaurant Palégrié à Lyon pour ouvrir les bouteilles. Elles sont presque toutes là. Il y a de très belles choses, dont une rareté extrême : Rayas 1929. Comme tous les amoureux transis je sais que je vais céder. Je fais semblant d’hésiter mais ma décision s’impose : j’ouvrirai la Romanée Conti 1964 et le Montrachet 1973 du même domaine.

Les ouvertures se passent bien. Comme cela arrive souvent avec les vins centenaires, le goulot du Rausan Ségla 1900 a une surépaisseur dans la partie haute du goulot, mais à l’intérieur de celui-ci, ce qui entraîne que le bouchon ne peut sortir autrement qu’en charpie.

Les dernières bouteilles arrivent, je les ai presque toutes ouvertes, l’ordre est fait selon mes indications que les faits valideront dans presque tous les cas. Ce soir, nous sommes douze et nous allons boire dix-sept vins : Champagne Renaudin Bollinger & Cie Extra Quality Very Dry 1906, Champagne Clos du Mesnil Krug 1979, Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1973, Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959, Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1962, Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949, Montrachet Domaine Leflaive 1996, Château Rausan-Ségla 1900, Château Haut-Brion rouge 1945, Romanée-Conti domaine de la Romanée Conti 1964, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959, Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929, Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947, La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1996, Côte Rôtie La Landonne Guigal 1978, Clos Papal Châteauneuf-du-Pape 1920, Bonnezeaux Domaine René Renou 1921.

Si ce n’est pas l’Everest, c’est certainement l’Annapurna des dîners de vins.

Le restaurant est tenu par Guillaume Monjuré, le chef et Chrystel Barnier son épouse a un passé de sommelière et a accompagné certains de mes dîners à Apicius ou le George V.

Le menu est fait par Guillaume en fonction des vins qu’il a sentis ou goûtés. Il a fait un travail remarquable : pain toasté, truffe noire / céleri risotto, granny smith / héliantis, topinambour, champignons cuits dans un beurre mousseux de veau / Saint-Jacques de la baie de Saint-Brieuc, citron, salsifis à cru / turbot rôti, crosnes, jus aux arêtes grillées / cardons, croûtons, truffe blanche d’Alba / petit pâté chaud de gibier / chevreuil, truffe noire, potimarron / la tartine truffée / fromage de brebis du pays basque, vieilli deux ans, comté vingt-quatre mois / coing, pomme, cynorhodon, amande.

N’ayant pas pris de note pendant ce repas, mes commentaires sont surtout liés aux sentiments.

Le Champagne Renaudin Bollinger & Cie Extra Quality Very Dry 1906 a un bouchon de toute beauté. Je suis gêné par le nez qui m’évoque la truffe blanche mais surtout une crème de lait qui aurait tourné. Et cette impression est très forte en bouche et me gêne. Le champagne est assez dosé, ce qui est normal pour cette époque et je n’arrive pas à entrer dans les goûts de ce champagne que d’autres amis acceptent plus que moi. Le toast à la truffe noire, délicieux, ne va pas avec les goûts de truffe blanche du vin, créant une incompatibilité. Ce n’est pas dû au choix de Guillaume mais au champagne.

Le Champagne Clos du Mesnil Krug 1979 fait un bruit sympathique quand le bouchon est tiré. Ça claque ! la bulle est très active et le champagne est d’une jeunesse rare. Ce qui me fascine, c’est son énergie. Ce champagne est une bombe, avec une complexité maximale. C’est un champagne exceptionnel où tout est dosé divinement, le citron, l’acidité, les agrumes, le pétillant. C’est un champagne noble et puissant. Un très grand champagne qui justifie sa réputation de meilleur des Clos du Mesnil qui ont été faits.

J’ai la première goutte du Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1973, pour le vérifier en premier et cette prise de contact me surprend un peu. Il n’a pas la puissance habituelle de ce Montrachet. Mon impression s’améliore au fur et à mesure que le vin s’épanouit. C’est en fait un montrachet très calme, subtil, avec de belles complexités, mais dont le manque de puissance me frustre un peu et encore plus quand on boit le vin suivant. Ce montrachet a de très belles subtilités, des suggestions minérales très belles mais il est discret.

Le Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959 est exceptionnel. On rêverait que tous les vins blancs soient comme ce vin puissant, doré et généreux. Il déborde de joie de vivre, avec une mâche puissante de fruits dorés. C’est un grand bonheur. Un convive dit qu’il est beaucoup plus Chevalier-Montrachet que Bâtard et je suis d’accord avec lui.

Le Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1962 est un beau montrachet, mais après le Ramonet, c’est assez difficile de briller. Il a beaucoup de charme et de subtilité. C’est un vin racé.

L’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949 est tout simplement exceptionnel. Contrairement aux bourguignons, ce blanc est un bloc de granite. Le message est droit, fort, sans fioriture. Ce vin est tout en affirmation. Et quelle plénitude. C’est fou. C’est un vin exceptionnel qui va compter dans mon classement. Il est puissant, équilibré, avec d’énormes qualités aromatiques. On est au paradis.

Et tout à coup, on bascule dans la huitième dimension. Le Montrachet Domaine Leflaive 1996 pétrole comme un vin de l’année. Et il est d’une puissance qui renvoie les autres vins au jardin d’enfant. C’est une explosion de saveurs infinies. Là, on a quitté le monde des vins anciens. C’est un vin d’une vigueur inouïe. Il est tellement hors norme par rapport aux autres que le mettre dans un classement autrement qu’à la place de premier va être difficile, car c’est un empereur. Il est exceptionnel dans sa jeunesse folle.

Le passage au Château Rausan-Ségla 1900 ne se passe pas si mal que cela après la bombe de Leflaive. Mes amis aiment assez ce vin mais même s’il a de belles ressources liée à l’année 1900, il manque un peu de cohésion. C’est un témoignage qui mérite d’être reçu, sans plus.

La vérité bordelaise est avec le Château Haut-Brion rouge 1945. Si je pense que 1926 est la plus grande année pour Haut-Brion, celui-ci est extrêmement proche du Haut-Brion idéal. Il respire la truffe noire, la boîte de cigares. Là aussi nous sommes face à un vin de plénitude, complètement intégré, riche, avec une longueur extrême.

Lorsque j’avais senti à l’ouverture la Romanée-Conti domaine de la Romanée Conti 1964, j’avais pensé que ce vin ressemblait à un vin hermitagé, car le parfum est trop riche, de beaux fruits rouges. L’impression se confirme à la dégustation. Tout indique que le vin est d’origine, car son bouchon est authentique. Mais on n’est pas dans l’image que j’aime de la Romanée Conti. Le vin est subtil, agréable, très puissant. Mais la magie Romanée Conti ne joue pas comme je l’espérais à cause d’un fruit trop affirmé. J’ai en fait commis une erreur d’appréciation dont j’aurai la confirmation plusieurs jours plus tard.

C’est avec La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959 que l’âme de la Romanée Conti va m’apparaître avec notamment une salinité sympathique. C’est un très grand vin à la longueur exquise. Un vin de grand bonheur où l’on retrouve toutes les subtilités gracieuses d’un vin délicat du domaine combinées à de la puissance.

Vient maintenant le vin qui a le plus excité ma curiosité, le Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929. Et il est au rendez-vous. Il a un nez superbe, droit, clair, précis et cela se retrouve en bouche. C’est un vin droit, carré, auquel on ne donnerait pas d’âge car il a toutes ses facultés et une vivacité préservée. Vin superbe, il n’a pas, comme des Rayas récents de suggestions bourguignonnes. Il est franchement Châteauneuf-du-Pape. De belle longueur, joyeux, il comble mes attentes.

L’Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947 est encore plus superlatif que tous les vins qui précèdent. Ceux qui, à notre table, ont bu le 1961 pensent que ce 1947 est supérieur mais je ne suis pas de leur avis, car le 1961 que j’ai bu il y a un peu plus d’un an était stratosphérique. Celui-ci est immense, un vin d’une plénitude rare. Mais il n’atteint pas le 1961 légendaire que je considère comme le plus grand vin rouge que j’aie bu. Ce 1947 sera mon gagnant ce soir, malgré une rude compétition. Il est tout en plénitude, équilibre et profusion de saveurs riches et vineuses.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1996 fait un peu le même effet que le Leflaive 1996 avec les blancs. Car il a la folle puissance de la jeunesse et une subtilité géniale. C’est beau un vin si jeune et si expressif.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1978 est normalement un monument, mais la fatigue commençait à venir pour moi. Il a confirmé qu’il est grand, mais l’émotion ne m’a pas touché, ce qui vient de moi et non du vin.

Florent, insatiable, ouvre alors un Clos Papal Châteauneuf-du-Pape 1920, cette année étant approximative, puisque le vin n’a pas d’étiquette. C’est un vin très agréable et plaisant.

Le Bonnezeaux Domaine René Renou 1921 est un vin moelleux très agréable, assez aérien, qui conclut avec délicatesse et grâce ce voyage passionnant.

La cuisine de Guillaume a été vraiment inspirée, à part le toast à la truffe noire, trahi par le Bollinger. J’ai particulièrement aimé les Saint-Jacques, le turbot, le pâté de gibier et la tartine finale. Il convient de signaler que Victor, l’un des participants a apporté les verres de dégustation, dont des Philippe Jamesse pour les champagnes et des verres autrichiens Zalto pour les vins, qui convinrent à merveille.

Le classement des vins est pratiquement impossible. Je choisirais ainsi : 1 – Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947, 2 – Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959, 3 – Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949, 4 – Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929, 5 – Champagne Clos du Mesnil Krug 1979, 6 – Château Haut-Brion rouge 1945,

en admettant que le Montrachet Domaine Leflaive 1996 doit être soit premier ex-aequo, soit premier tout court, soit mis hors concours.

Sur le papier mes vins étaient parmi les plus réputés, et je suis probablement plus dur avec eux que ne le sont mes amis. C’est inhabituel que mes vins ne soient pas dans le peloton de tête mais c’est ainsi. Il y a eu à ce dîner des vins absolument fantastiques qui justifient qu’ils soient considérés comme légendaires. Ce fut un immense dîner, où l’on a évidemment beaucoup parlé de vin, rendu encore plus sympathique par l’enthousiasme souriant de Chrystel et Guillaume dans ce restaurant simple mais plein de talent.

Le lendemain, j’avance mon retour par le TGV pour éviter une éventuelle annulation de mon train du fait de la grève des contrôleurs. Dans un train rempli de près du double de la capacité disponible, j’ai commencé à voyager debout puis pendant l’essentiel du trajet je me suis assis comme d’autres sur les marches de l’escalier qui relie les deux étages du train. Les voyages forment la jeunesse !

Champagne Renaudin Bollinger & Cie Extra Quality Very Dry 1906,

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Champagne Clos du Mesnil Krug 1979,

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Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1973,

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Bâtard-Montrachet Claude Ramonet 1959,

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Montrachet Marquis de Laguiche Joseph Drouhin 1962,

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Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné blanc 1949,

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Montrachet Domaine Leflaive 1996,

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Château Rausan-Ségla 1900,

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Château Haut-Brion rouge 1945, (le bouchon est à droite sur l’assiette)

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Romanée-Conti domaine de la Romanée Conti 1964,

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La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959,

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Château Rayas Châteauneuf-du-Pape 1929,

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Hermitage La Chapelle Paul Jaboulet Aîné rouge 1947,

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La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1996,

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Côte Rôtie La Landonne Guigal 1978,

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Clos Papal Châteauneuf-du-Pape 1920,

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Bonnezeaux Domaine René Renou 1921.

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la majeure partie des bouchons des vins ouverts. Victor et moi pendant l’ouverture

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(photo prise avec l’appareil de Victor masson, à gauche sur la photo)

photos de groupe avant ouverture (le groupe n’est pas complet)

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menu Palégrié 2 001 menu Palégrié 1 001

les plats de Guillaume Monjuré

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plusieurs photos de groupe de toutes les bouteilles vides

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Lancement d’un nouveau livre au Plaza Athénée jeudi, 4 décembre 2014

Le Conseil des Grands Crus Classés 1855, l’éditeur Jacques Glénat et la direction du Plaza Athénée invitent pour la présentation d’un nouveau livre : « Bordeaux, les Grands Crus Classés 1855 » écrit par Jean-Charles Chapuzet et Guy Charneau, qui a réalisé les photographies. On a bien fait les choses, car dans un joli salon rénové, presque tous les crus classés sont représentés par un vin. Comme l’esprit est plus à discuter avec des gens que l’on connaît, je ne peux pas prendre note, ni consacrer du temps à l’analyse. Aussi on ne retient que des bribes, mais quelles bribes !

Le Château d’Yquem 2011 est superbe de fraîcheur. Il promet énormément. Le Château La Tour Blanche 2008 est généreux et bien assis, le Climens dont je n’ai pas mémorisé le millésime est charmeur et délicat sous un message d’une belle puissance.

Du côté des rouges, le Château Lafite-Rothschild 2001 est majestueux d’équilibre et de justesse, avec une profondeur truffée. Le Château Margaux 2009 est d’un charme féminin comme on l’attend, le Château Haut-Brion 2011 est d’une promesse extrême, le Château Ducru-Beaucaillou 2008 me plait énormément par son message subtil, le Château Calon Ségur 2009 est joli comme un cœur, le Château Palmer 2009 est absolument éblouissant. C’est un seigneur.

J’ai bu beaucoup d’autres vins que je ne peux pas commenter car je n’ai pas mémorisé les années. Ce qu’on peut dire, c’est qu’aujourd’hui, les vins de Bordeaux ont définitivement enterré leur période où le bois était agressif. Ils sont bien faits, précis, parfaits.

Les petits fours sont délicieux et gourmands. Bernard Antony est venu lui-même pour trancher les fromages. Son Stilton est à se damner tant il est parfait pour les sauternes présents. Le livre prétexte à ce cocktail aura eu le plus beau des lancements.

Dîner au restaurant Tan Dinh mardi, 2 décembre 2014

J’achète deux champagnes de 1928 et deux Romanée Conti à un marchand de province qui a envie de festoyer après cela. Il appelle un de ses amis qui promet d’apporter une bouteille de La Tour Blanche d’âge canonique. N’ayant pas d’obligation particulière, je réponds que je suis libre. Le rendez-vous est pris au restaurant Tan Dinh de Freddy et Robert Vifian, grands restaurateurs et amateurs de vins. Lorsque j’arrive, le restaurant est quasiment plein. Un petit monsieur de 91 ans vient me saluer avec un grand sourire. C’est le père de Freddy et Robert. Il est charmant et en pleine forme. On trouve une table dans un coin, la seule libre. Le marchand me rejoint et nous regardons la carte des vins où il y a souvent de bonnes pioches, tant qu’elles ne sont pas asséchées par de vrais amateurs, car l’adresse est bien connue pour cela. En attendant son ami nous goûtons au verre un Chassagne-Montrachet 1er Cru les Chaumées Michel Colin-Deléger 1997. C’est assez joyeux et fruité, mais nous sommes en pleine recherche dans la carte aussi avons-nous l’esprit ailleurs.

L’ami arrive et nous dit qu’il n’a pas eu le temps de passer à sa cave pour prendre La Tour Blanche. De telles circonstances ont le don de m’énerver. M’appâter pour une chose qui n’existe pas m’agace car le procédé est inélégant. Etant chez mes amis Vifian, je ne vais pas quitter la table.

Nous choisissons un Musigny Comte de Vogüé rouge 1990 et Freddy Vifian a un comportement qui m’étonne. Dix fois au moins il viendra nous dire que le vin est beaucoup trop jeune, trop fermé, que c’est dommage d’ouvrir une telle bouteille. Une fois eût suffi, puisqu’il était évident que nous le voulions. Pour le deuxième vin nous suivons son conseil, c’est un Châteauneuf du Pape Réserve des Célestins Henri Bonneau 1999. Nous laissons faire Freddy pour le menu, et les quatre plats que nous avons goûtés sont d’une belle cuisine délicate et subtile.

Comme cela arrive souvent lorsque l’on interfère dans les choix de la table, nous avons nettement apprécié le Musigny Comte de Vogüé Vieilles Vignes rouge 1990 qui bien sûr est un jeune fou très vif, mais qui a  de telles qualités qu’il nous a enthousiasmés. C’est d’ailleurs ce vin dans ce millésime que je vais boire dans peu de temps avec Jean-Luc Pépin lors du dîner annuel de vignerons que j’organise et Jean-Luc, qui dirige le domaine, n’a pas eu les réserves de Freddy quand il me l’a proposé. C’est donc qu’il l’estime buvable.

Et nous avons trouvé le Châteauneuf du Pape Réserve des Célestins Bonneau et Fils 1999 jouant un peu en dedans, plus plat et sans l’imagination du splendide Musigny. Ce soir-là, il a manqué de vibration. Mais étions nous réceptifs ?

Il ne peut s’agir que d’un acte manqué mais Freddy, sans doute contrarié par notre choix, a pesé lourdement sur la note lorsqu’il a chiffré le prix des vins. Cette erreur bien involontaire a vite été corrigée. Le repas fut fort sympathique, mais il suffit parfois de petits détails, un vin proposé pour m’aguicher qui ne vient pas, une réaction mal placée sur un choix de vin, et le résultat d’ensemble est écorné. Il faut vite corriger tout cela, car il ne faut garder que le positif dans une vie heureuse.

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Master Class « Mailly Grand Cru, la Magnum Collection » lundi, 1 décembre 2014

La deuxième Master Class est « Mailly Grand Cru, la Magnum Collection », présentée par Jean-François Préau directeur général et Sébastien Moncuit, chef de cave. La cave de Mailly, cave de producteurs, a été créée en 1929. Elle produit 500.000 bouteilles par an, vendues moitié en France et moitié à l’export. 90% des apports viennent du territoire de Mailly, site remarquable par ses différentes expositions. C’est un territoire majoritairement de pinot noir. Jean-François cite Richard Geoffroy, le chef de cave de Dom Pérignon, qui dit que les vins de Mailly donnent de la précision au Dom Pérignon.

Mailly vient de créer une collection de quatre magnums qui sont présentés en boîtes en bois de chêne de grande qualité. Les années sont 1996, 1997, 1998 et 1999. Les magnums ont vieilli dix ans sur lattes puis ont été mis en position verticale pour ralentir le vieillissement. Pour tous la composition est de 75% de pinot noir et 25% de chardonnay. Les quatre ont été dégorgés au début 2014 et dosés différemment, entre 2,3 et 3,3 grammes.

Le Champagne Collection Grand Cru brut millésimé Mailly 1997 offre un miel fin. Il est gourmand, sans concession, équilibré et élégant. Il y a un peu de crémeux en attaque de bouche. Je le vois bien associé à une viande blanche.

Le Champagne Collection Grand Cru brut millésimé Mailly 1999 a un côté très lacté, pâtisserie. Il est plus strict, d’une couleur plus blanche que le 1997, signe qu’il est plus réductif. Sébastien dit qu’il a un côté très tranchant et parle de spéculos, de gingembre que j’ai du mal à trouver. Il a une grande tension, il est précis et joue sur sa droiture. C’est un vin que je vois dans un accord de provocation, de confrontation, comme par exemple avec une saucisse de Morteau. Il a une belle salinité.

Le Champagne Collection Grand Cru brut millésimé Mailly 1998 est aussi lacté. Il est gourmand et généreux. Je le vois bien avec un foie gras ou un pâté en croûte. Sébastien pense à une poularde.

Le Champagne Collection Grand Cru brut millésimé Mailly 1996 a un nez très joli. Il évoque des fruits secs. Il est d’une belle acidité et une grande fraîcheur. Il est sans concession et manque un peu de convivialité. Il a des évocations de pomelos, d’agrumes et un caractère tonique. Je le verrais avec des langoustines juste saisies. Jean-François suggère de le prendre en digestif, comme champagne de conversation.

L’ordre de mes préférences est : 1998 – 1996 – 1997 – 1999. Ces magnums ont un style très convaincant.

iDealwine reçoit au Grand Tasting lundi, 1 décembre 2014

A la fin de la première journée du Grand Tasting, la société iDealwine
a l’habitude d’inviter ses fidèles clients et de leur offrir à déguster de précieux flacons. Il y a par exemple le Château d’Yquem impériale 1997. Le vin profite à fond de ce format de six litres, exactement comme l’avait fait l’Yquem 1983 en impériale que j’avais ouvert pour mes soixante ans, superbe d’épanouissement. Ce 1997 est beau, au botrytis d’une élégance rare. Il est joyeux, facile à boire, plein de charme.

Le Château Figeac impériale 1990
profite aussi du format. C’est un très grand Figeac épanoui, à l’âge idéal pour profiter de ce grand saint-émilion. Beaucoup de vins étaient offerts de toutes régions mais j’ai surtout profité de cette occasion pour bavarder avec des amateurs ou acteurs passionnants du monde du vin. iDealwine, grande maison de cotation et de vente de vins sait être généreuse et accueillante lors du Grand Tasting.

Grand Tasting Master Class « Voyage dans l’univers des champagnes Krug » lundi, 1 décembre 2014

La troisième Master Class à laquelle je participe est « Voyage dans l’univers des champagnes Krug » présentée par Olivier Krug, inlassable défenseur des champagnes de la maison fondée par Joseph Krug, son ancêtre.

Olivier rappelle l’apport essentiel que Joseph Krug représente dans l’histoire de sa maison mais aussi dans l’histoire de toute la Champagne.

Le Champagne Krug 2003
a un nez très lacté et fait penser à du croissant. Il a une belle ampleur en bouche et une belle mâche. Je l’aime beaucoup.

Le Champagne Krug Grande Cuvée non millésimé
porte au dos un identifiant, le « Krug ID » qui est 213035. Avec une application sur internet on peut avoir toutes les indications sur la composition de ce champagne dégorgé au deuxième semestre 2013, fait de 142 vins différents de onze années différentes, de 2006 à 1990. Le vin a un nez plus discret que le 2003. Il a une belle attaque elle aussi lactée. Il évoque le caramel. Il a une plus grande longueur que le 2003.

Le Champagne Krug Grande Cuvée non millésimé
a pour Krug ID le n° 211021. Il a été fait au deuxième semestre 2011 avec des vins qui vont de 2003 à 1988. Le vin est aussi très lacté mais il est plus fort, plus profond et plus intense que son cadet de deux ans, ce qui prouve la pertinence à faire vieillir encore les Grande Cuvée quelques années après leur mise sur le marché. Je lui trouve de magnifiques épices gourmandes.

Le Champagne Krug rosé non millésimé
a une belle couleur de pêche. Le nez est subtil. Il a une belle attaque très généreuse. En bouche il est très friand, tout en douceur, de belle longueur. Olivier suggère sur ce champagne la tourte de pigeon d’Arnaud Lallement. On y court !

Boire des Krug est toujours un plaisir mais leur véritable terrain d’excellence est avec des amis autour d’une bonne table.

Grand Tasting Master Class : Trois décennies de vins de réserve chez Veuve Clicquot lundi, 1 décembre 2014

La première Master Class à laquelle j’assiste est celle de « Trois décennies de vins de réserve chez Veuve Clicquot » présentées par Cyrille Brun, œnologue de cette grande maison de champagne. Le vin de réserve est un vin tranquille utilisé dans la composition du brut sans année, dans lequel il y a de 30 à 50% de vins de réserve, le reste étant du vin de l’année. Ce brut, appelé « carte jaune » représente 80% des ventes de la maison. En nous faisant goûter les vins de réserve, Veuve Clicquot nous initie au travail de l’œnologue, qui va choisir parmi tous les vins de réserve ceux dont la maturité est parfaite pour s’intégrer dans l’ensemble qui répondra au goût maison recherché.

Les plus vieux vins de réserve sont de 1990 en pinot noir, de 1988 en chardonnay et le pinot meunier ne se garde pas plus de huit ans, soit 2006.

Le Vin de Réserve Grand Cru Bouzy pinot noir Veuve Clicquot 2012
est très frais, huître, très jeune, très dur. Il va bien évoluer. Cyrille dit qu’il faudra l’attendre 8 à 10 ans. Il a beaucoup de citron, de fruits blancs et de pierre qui roule. Il a beaucoup d’énergie.

Le Vin de Réserve Grand Cru Verzy pinot noir Veuve Clicquot 2008
est beaucoup plus végétal, très différent du Bouzy. Il a plus d’ampleur, évoque la truffe blanche. Il a beaucoup de finesse.

Le Vin de Réserve Premier Cru Loches dans l’Aube pinot noir Veuve Clicquot 1996 est beaucoup plus gourmand. Il est large en bouche. Il a du poivre, une belle fraîcheur, combine huître et toast grillé. En bouche on pourrait penser à un chablis. Il devrait donner un beau coup de fouet au futur champagne.

A ce propos, j’essaie de m’imaginer ce que chacun apporterait au champagne et, voulant n’utiliser qu’un seul mot, j’ai noté : 2012 la vivacité, 2008 l’ampleur et 1996 le charme. Cyrille a eu la gentillesse de me dire que mes réponses allaient dans la bonne direction.

Le Vin de Réserve Ay pinot noir Veuve Clicquot 1990
a une couleur plus marquée. Il a une très belle attaque, fruit, figue et il est un peu lacté dans le final. Il a beaucoup de présence. C’est un vin qui a été mis en cuve en mars 1991 et qui n’a pas bougé depuis. Il a 23 ans de présence ininterrompue dans le même état. Il a de la finesse et un joli toucher de bouche.

Lorsque l’on a goûté ces quatre vins on serait bien en peine de savoir comment les mélanger dans un grand vin. Alors je me suis amusé à goûter 2012 + 2008 qui a beaucoup d’équilibre, les deux vins différents s’harmonisant bien. 2012 + 2008 + 1996 je trouve que l’addition de ce qui restait de chaque vin dans mon verre est moins intéressant que sans le 1996. 2012 + 2008 + 1996 + 1990 est un vin relativement dur. Je ne serais donc pas un très bon œnologue de Veuve Clicquot.

Le Champagne Carte Jaune Veuve Clicquot sans année
que nous goûtons maintenant est à base de 2008 avec des vins de réserve dont le plus vieux est de 2002. Contrairement à tous les vins tranquilles il a un nez expressif, très présent et racé. C’est un beau champagne de grande fraîcheur, complexe, épanoui, qui claque sur la langue. Je le trouve gourmand. Il est dosé à 9 grammes et cela lui va bien.

Cette dégustation des vins de réserve, qui sont en fait des Coteaux Champenois, est très didactique.

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Grand Tasting Master Class « Taittinger, la trilogie en magnum » lundi, 1 décembre 2014

La cinquième Master Class à laquelle j’assiste s’intitule « Taittinger, la trilogie en magnum ». Il est question du brut millésimé pour les années 88, 89 et 90 et, comme pour les trois mousquetaires, le quatrième sera 1995. La présentation est faite par Pierre-Emmanuel Taittinger
le brillant chef d’entreprise, truculent conteur et ambassadeur du champagne

Les champagnes ont tous été dégorgés au printemps 2012 et dosés à 9 grammes. Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1995 est fait de 50% chardonnay et 50% pinot noir, ce pourcentage pouvant varier selon les millésimes. Le nez est d’une pureté rare. Le champagne a beaucoup de force. La largeur en bouche est belle. Très ensoleillé il a de beaux fruits dorés. Il évoque la chaleur, le soleil, le miel. Il a une belle joie de vivre.

Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1990 a un nez avec du lacté et de la pâtisserie, mais il se trouve que tout à côté de notre salle il y a un atelier gourmand où l’on fait du foie gras poêlé, qui vient troubler l’appréciation du parfum du vin. Le lacté est très présent en bouche. Il est un peu moins précis que le 1995 que je préfère.

Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1989 a un nez plus élégant. Il y a une racine commune faite de miel et de lait. Ce champagne a beaucoup de crème de lait. Sa structure est carrée, sereine, superbe, racée. Sa tension, son énergie sont énormes. Très équilibré, c’est un grand champagne.

Le Champagne Brut millésimé Taittinger magnum 1988 a un nez profond où l’on ne décèle aucune trace lactée. Ici, il n’est question que de tension. Le champagne est très beau et le lacté se ressent en bouche. Il a un grand potentiel qu’il exprimera plus tard.

Mon classement de ces beaux champagnes qui profitent bien du format magnum est : 1989 – 1995 – 1990 – 1988.

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Grand Tasting Master Class « le Génie du Vin » lundi, 1 décembre 2014

La quatrième Master Class à laquelle j’assiste s’intitule tout simplement « le Génie du Vin ». Elle est animée par Michel Bettane et des représentants de chaque vin s’ils sont présents.

Le Champagne Veuve Clicquot Cave Privée magnum 1989 est présenté par Dominique Demarville chef de caves. Le concept de « Cave Privée » est de garder des champagnes vingt ans sur lattes pour offrir des vins dégorgés tardivement. Les magnums que nous goûtons ont été dégorgés au début 2014 et sont dosés à 5 grammes, contre 9 grammes pour le dégorgement d’origine. Le champagne a une belle couleur d’un or clair, un nez profond, intense et noble. La force est donnée par les pinots noirs de Bouzy. Il est crémeux, de texture soyeuse, à la bulle légère et conviendrait bien à un risotto à la truffe blanche (décidément, les chefs de cave suggèrent des plats populaires !). Je lui trouve une belle amertume, de la race, une belle longueur, belle acidité et des talents gastronomiques. C’est vraiment un grand champagne.

C’est Michel Bettane qui présente le Pouilly-Fumé Silex Didier Dagueneau 2008 car Benjamin Dagueneau ne pouvait être présent. Ce sauvignon a un nez superbe, à la fois claquant et très doux. La bouche est bien onctueuse, presque grasse, et c’est dans le final que l’on trouve la tension. Il a de la fraîcheur et de la rigueur.

Michel dit que Benjamin a une vision plus personnelle et plus artiste que son père et une très belle vision du terroir. Le vin a des fruits gourmands qui apparaissent au-delà de la pureté et la finesse cristalline. Ce vin est d’un équilibre absolu, de l’eau de roche. Il y a salinité et profondeur. Malgré la tension il est gourmand et l’on note quelques touches iodées de coquilles d’huitres.

Le Clos de Tart magnum 2005 est présenté par Sylvain Pitiot, toujours aussi passionnant et modeste. J’apprends à cette occasion que Tart est le nom d’une abbaye de Tart aujourd’hui détruite.

Le vin a une couleur légèrement violacée, évoquant la cerise. Comme on le boit après des blancs, il faut que le palais se calibre. Le vin est d’une étonnante jeunesse et d’un équilibre parfait. Les fruits sont « sérieux ». Ce n’est pas un vin généreux. C’est un vin noble, qui donne une grande émotion. Il vieillira bien. Sylvain dit que c’est une année facile pour les vignerons, qui a donné des raisins parfaits, plus parfaits que ceux de 2009.

Ce vin, c’est la classe de la Bourgogne, avec finesse, délicatesse, qui n’empêche pas la gourmandise de raisins secs. Le clos de 7,5 hectares a 23 parcelles géologiques distinctes, mais seulement dix sous-ensembles de vinification sont faits, le choix étant fait à l’assemblage.

Le Château l’Evangile Pomerol 2000 appartient à la branche des Rothschild qui possède Lafite. Le nez est intense, charmeur et annonce du plomb ! Le vin est assez doucereux, un peu neutre à mon goût. Mais dans le final il y a de la richesse et de la vivacité. Ce vin est un peu timide, servi froid. Il ne me paraît pas très pomerol, extrêmement jeune et fermé. Michel Bettane évoque la violette que je n’ai pas ressentie. Je n’ai pas le plaisir que j’attendais de ce vin. On est loin du charme du Clos de Tart.

Le Château La Mission Haut-Brion 1985 est présenté par Laëtitia Dubos, directrice de la communication du château. Je vais vraiment manquer de chance. Le nez du vin sent très fortement l’écurie, ce qui me pousse à faire changer mon verre. Et pour le second, dont le nez est très riche, c’est le final qui est désagréable, très imprécis. J’ai laissé passer du temps pour voir si les choses s’arrangeaient mais l’attaque du premier et le final du second ont conservé leurs défauts. Apparemment, les commentaires de Laëtitia comme de Michel montrent que leur bouteille contenait le vin que je n’ai pas pu apprécier comme il conviendrait.

Le Bandol La Tourtine domaine Tempier 2004 est présenté par François Peyraud descendant des propriétaires de la même famille depuis 1834. Le vin a 80% de mourvèdre. Le nez est très chaleureux, très sud ! Il a une belle plénitude en bouche, vin joyeux de belle structure, vin de plaisir pur, vin charnel, plein et vivant. C’est un très beau vin très simple d’approche que j’adore.

Le Langhe Sori San Lorenzo Angel Gaja 2011 est un nebbiolo présenté par Michel Bettane. Il a un nez de vin jeune non encore placé comme il faut. C’est un vin cristallin tout en finesse, c’est de la dentelle alors que le vin est lourd. Racé, il évoque la truffe noire, le tabac et le café. C’est un vin de grand plaisir, de gourmandise au beau final. Il va falloir que j’en achète !

Suivant l’adage selon lequel « blanc sur rouge rien ne bouge », j’ai repris après les rouges un peu de Dagueneau. Il est sublime.

Le Château Gilette Sauternes 1990 est présenté par Julie Gonet-Médeville qui respire la joie de vivre et l’enthousiasme. Elle pleurerait presque tant elle est émue par son vin, qui est dans sa famille depuis 1710, ce qui est un cas presque unique. Ce vin a passé 20 ans dans une cuve en béton, ce qui est aussi unique. Le nez du vin est superbe, pur. En bouche ce qui frappe, c’est la fraîcheur. Il y a de la réglisse. Quel bonheur ! Ce vin n’a que deux ans en bouteilles. Il a beaucoup de richesse et beaucoup de botrytis. Il est fabuleux dans sa jeunesse. Il a de l’abricot, mais on pense aussi à des paniers de fruits exotiques. Michel parle de caramel mais je suis plus sur les beaux fruits. Il a un fabuleux botrytis. C’est un immense vin.

Classer des vins aussi disparates est un exercice qui a peu de conséquences puisqu’on ne reproche rien à un vin par rapport à un autre. Je voterais : 1 – Gilette 1990, 2 – Silex 2008, 3 – Veuve Clicquot 1989, 4 ex aequo – Gaja 2011, Tempier 2004, Clos de Tart 2005.

En plaisir pur, les deux premiers, Gilette et Silex sont probablement les deux premiers de tout le Grand Tasting pour moi.

Arrive alors un vin surprise dont la surprise tombe très vite du fait des indiscrétions des intervenants. Le nez très pierre à fusil fait penser à un riesling. Le vin, très pétillant, pétrole en bouche. Il est d’une précision extrême et d’une jeunesse de folie. C’est Champagne Veuve Clicquot Cave Privée jéroboam 1990.

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Grand Tasting Master Class « cinquantième anniversaire de Bollinger R.D. de 1952 à 2002 » lundi, 1 décembre 2014

La sixième Master Class à laquelle j’assiste s’intitule «  cinquantième anniversaire de Bollinger R.D. de 1952 à 2002 ». Elle est conduite par Gilles Descotes chef de cave, Denis Bunner
adjoint chef de cave et Clément Ganier directeur marketing. Le Bollinger Récemment Dégorgé (RD) a été réalisé pour la première fois en 1967 sur le millésime 1952 et le 2002 est commercialisé maintenant.

Le Champagne Bollinger R.D. 2002 mis sur le marché en 2014 a un nez subtil et élégant. Il m’évoque la couleur rose. Il est élégant et de parfaite maturité. Il a fraîcheur et équilibre, qualités d’un champagne parfait. Je le trouve totalement équilibré.

Le Champagne Bollinger R.D. magnum 1999 a été dégorgé en 2014. Il est commercialisé uniquement en magnum. Il est moins vibrant que le 2002. Il est vineux, a un beau miel, devient charmant, mais je lui trouve moins d’énergie qu’au 2002.

Le Champagne Bollinger R.D. magnum 1988 a été dégorgé en septembre 2003. Il a un nez de miel. Il est salin, évoque la crème et sa présence est extrême. Il est très complexe et j’adore son côté insaisissable. Pâtissier, opulent, avec un peu d’épices et de caramel, il a du charme et un caractère vineux. Il a une belle acidité et une structure affirmée. Gilles évoque la torréfaction avec café et moka que je remarque moins..

Le Champagne Bollinger R.D. magnum 1973 a un dégorgement d’origine ce qui me semble relativement peu compatible avec la notion de RD, mais on ne va pas bouder son plaisir. Le nez est pétrolé, en bouche il y a du lacté, de l’acidité, et une grande vibration. C’est avec le 2002 celui qui vibre le plus. Il a la plus belle vivacité, une extrême largeur aromatique,. C’est un vin sublime, un vin ample, langoureux et vineux. L’iode et l’huître se montrent aussi.

Mon classement sera : 1973 – 2002 – 1988 – 1999. C’est une belle démonstration de cette grande maison de champagne.

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