Par une belle journée au ciel clair, je rends visite au Château de Pibarnon. Marie, maître de chai, m’accueille sur le seuil de la belle demeure et je rejoins Eric de Saint-Victor, le propriétaire du domaine, qui est en train de déguster avec un ami comédien que je retrouve avec un infini plaisir. Quelle coïncidence ! Il se joindra à nous au déjeuner, ce qui n’était pas prévu.
Le Château de Pibarnon rosé 2013 est bien jeune mais il est rafraîchissant. Il se boit bien et facilement. Il diffère du 2011 bu récemment, qui est plus gastronomique et plus puissant mais moins désaltérant.
Le Château de Pibarnon rouge 2012 est aussi très jeune et je ne le ressens pas assez structuré.
Le Château de Pibarnon rouge 2011 me plait énormément. Il a l’âpreté des bandols. Il promet beaucoup.
Le Château de Pibarnon rouge 2010 est plus classique, structuré, construit mais fait un peu trop bon élève, premier de la classe. Il a de beaux jours devant lui mais restera assez classique.
Le Château de Pibarnon rouge 2009 est un peu une synthèse entre 2011 et 2010, c’est-à-dire qu’il a la belle âpreté du Bandol, du tempérament, de la structure et un final du plus bel effet. Même si le plus grand me semble être le 2009, celui que je préfère est le 2011, plus canaille et de ce fait plus excitant pour mon palais.
Eric de Saint Victor m’emmène dans sa voiture faire le tour de plusieurs parcelles de son vignoble de 50 hectares. Nous passons de perspective en perspectives dans des décors de rêve avec des vues à couper le souffle, tant la position en hauteur de ce domaine, très au dessus de La Cadière-d’Azur, offre des horizons infinis.
Nous prenons l’apéritif dans le petit salon. J’ai apporté un Champagne Salon 1996 en vue de l’associer avec des blancs du domaine pour regarder comment la cohabitation gustative se fait.
Le Champagne Salon 1996 est dans un état de grâce. Servi très frais, il glisse en bouche avec facilité et impressionne par sa longueur inextinguible.
Le Château de Pibarnon blanc 2004 est malheureusement fatigué, faisant dix ans de plus qu’il ne devrait. Mais l’expérience que je voulais tenter donne des résultats. Lorsque l’on boit le blanc seul, suivi du Salon et lorsqu’on le reboit, il gagne en complexité. Le champagne « féconde » le vin blanc.
Avec un autre Château de Pibarnon blanc 2004 nettement meilleur, d’une grande complexité, l’effet du Salon est moins concluant. Mais aussi bien le 2004 que le champagne nous régalent. Le Salon 1996 est magique de complexité sous une apparente facilité : le champagne ne cherche pas à briller. Il a le charme naturel de la voix d’un Frank Sinatra.
Des blinis aux œufs de saumon et du jambon ibérique accompagnent l’apéritif avec plaisir.
Nous sommes quatre à table, Marie, Aladin mon ami comédien qui est familier des lieux, Eric de Saint-Victor et moi. Eric a fait une flambée de sarments pour une belle pièce de bœuf qui sera accompagné d’un morceau d’araignée cuit au four.
Le Château de Pibarnon rouge 1985 est d’une grande puissance, emplissant le palais dans sa largeur. Il a beaucoup de matière, un fruit plein, mais il me donne des impressions de vin torréfié qui vont fort heureusement disparaître dix minutes plus tard rendant le vin charmeur et de belle plénitude. Ce n’est pas un Bandol typique, et l’on pourrait lui trouver des accents du Rhône nord.
Le Château de Pibarnon rouge 1990 est totalement différent du 1985. Si le 1985 est horizontal dans le palais, le 1990 est vertical. Il est tranchant, plus masculin, et plus typiquement bandol. Au début, je préfère le 1990 au 1985 et lorsque le 1985 s’est aéré, on pourrait dire que les deux se rejoignent en qualité, même s’ils sont opposés. Mon cœur ira plutôt vers le 1990 même si j’aime la richesse et l’opulence du 1985.
Le fromage banon est une merveille pour les rouges. Pour le délicieux roquefort bien frais, le Château de Pibarnon rosé 2011 est d’un grand confort et confirme son potentiel gastronomique. Le Château de Pibarnon blanc 2004 est une merveille et une réussite incontestable. C’est le plus enthousiasmant des rosés et blancs que nous avons bus.
Eric décide d’ouvrir alors un Château de Pibarnon rouge 1982 qui se révèle être le plus brillant des rouges, avec un parfum exceptionnel, plus grand que le goût brillant lui aussi. Le vin est une sorte de synthèse de ce que nous avons bu en vins rouges, avec l’âpreté, la matière, la cohérence et un final mentholé de pure fraîcheur. Ce vin donne l’impression d’une grande jeunesse et d’une capacité de vieillissement quasi infinie.
Ce voyage dans le temps avec les vins de Pibarnon est extrêmement convaincant. Par une belle journée ensoleillée et face à des panoramas de rêve, nous avons partagé un déjeuner de grande qualité.
Vins bus dans la salle de dégustation
le cadre féérique
la salle à manger
la pièce de boeuf
les vins du repas (manque photo de Salon 1996)
coupe du Monde oblige, café brésilien !