« Rhône Vignobles » réunit ses quinze membres chez Yves Cuilleron. Nous venons de terminer la dégustation des vins anciens et toute le monde est encore sous le charme de bouteilles superbes, dont les beaujolais qui, comme il y a deux ans, ont brillé.
Georges découpe de fines tranches d’un magnifique jambon espagnol avec une dextérité invraisemblable. Pour nous « rincer la bouche » Yves Cuilleron nous sert un Condrieu domaine Cuilleron 2012 très rafraîchissant. Et pendant ce temps, j’ouvre les bouteilles du dîner.
Lorsque j’ai fini, nous passons aux champagnes. Le premier est un Champagne Pommery Cuvée Louise 1981 agréable et qui est mis en valeur par le jambon d’un beau gras.
Vient maintenant la bouteille la plus prestigieuse de mes apports, le Champagne Heidsieck Monopole magnum 1961*. Le bouchon se casse et je suis obligé de le sortir au tirebouchon. La bulle est faible mais le pétillant est présent. Ce champagne me ravit. Sa couleur est très jeune, d’un jaune presque vert. En bouche il est opulent, riche, d’une acidité citronnée parfaite. Quel bonheur ! Sur le jambon, c’est un régal.
Georges sert deux bouteilles de Château Simone blanc 1990 et des amis se moquent gentiment de lui en disant que l’on peut comparer deux versions de ce vin, avec ou sans shaker, tant il a remué le vin dans une carafe. Ce blanc de grande sérénité est au sommet de son art. Il en impose.
Le Pavillon Blanc de Château Margaux 1979* n’a pas le succès que j’espérais, alors qu’il est ce qu’il devrait être, sans doute parce que ce vin est trop loin des vins riches et fruités des belles régions des vignerons.
Nous passons à table. Les truffes ont été généreusement fournies par Hubert Valayer du domaine de Deurre, qui fait commerce de ce précieux fruit de la terre et la cuisine est faite par François Villard, du domaine éponyme, qui a un passé de restaurateur. Le menu est composé d’un bouillon de pot au feu au foie gras et à la truffe, d’une omelette aux truffes, d’un gigantesque pot au feu aux différents morceaux de bœuf et d’une tarte aux pommes.
Le Saint-Joseph domaine Cuilleron 1996 arrive à point nommé car il a un goût de truffe assez spectaculaire.
La Côte Rôtie François Villard magnum 1995 est de son premier millésime. C’est un vin très gourmand, chaleureux, qui s’associe très bien avec le bouillon.
Pour l’omelette, je reviens vers l’Hermitage La Tour Blanche Jaboulet Vercherre 1976. Il est toujours remarquable. Le Saint-Joseph domaine Cuilleron 1983 a été fait par l’oncle d’Yves. Il est un peu fatigué mais chaleureux. Il n’est pas d’une précision suffisante.
Le Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1962 est bouchonné.
Le Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1957 même imparfait se boit correctement. Il manque d’énergie.
Le Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 1990 est le premier millésime de Laurent Combier. Il est superbe. Il est très agréable à boire.
Le Chambolle-Musigny Denis Mortet 1992 a un joli nez. En bouche il n’est pas mal mais il manque de dynamisme et son final est un peu rêche.
Mes notes deviennent de plus en plus succinctes, car le temps fait son travail de sape.
La Côte Rôtie Delas 1982 est un très bon vin.
L’Hermitage rouge Chave 1996 est droit, direct, bon. Il y a une petite acidité qui ne remet pas en cause l’équilibre. Le vin est de grand charme.
Le Château Gruaud Larose 1978 a une belle puissance et beaucoup de structure. C’est un bon vin.
La Côte Rôtie Les Grandes Places Jean-Michel Gerin 1988 a une petite présence viandeuse, mais qui disparaît. C’est le premier millésime de Jean-Michel. Il a un joli fruit mais je trouve que le vin est encore fermé et s’exprimera mieux dans dix ans.
Le Santenay Hautes Cornières de M. Chapelle
1966 est agréable mais mon palais sature. Il a encore un joli fruit.
Le Château Rayas Chateauneuf-du-Pape rouge 1998 a un nez agréable et précis. Il est magnifique et a beaucoup plus de rythme que les vins précédents. Son fruit rouge est beau. C’est un grand vin. Son final est très affirmé.
Le Château Chalon Jean Bourdy 1934* est gigantesque. Tout le monde apprécie ce magnifique Château Chalon d’une grande pureté et d’une force indestructible.
Le Château Gilette crème de tête 1961* est absolument parfait et gourmand. Mais il a un rival.
Le Château Gilette crème de tête 1953 est plus clair, plus safrané. Il est plus léger mais plus subtil. Il sera généralement préféré au 1961. J’aime les deux, le 1961 pour sa force et son gras et le 1953 pour sa subtilité.
Le Château Rieussec 1970 est bouchonné.
Le Condrieu Les Eguets Récoltes Tardives Cuilleron 1993 n’a pas un nez très précis. Il est frais à boire, mais la fin de bouche est un peu amère. C’est difficile pour lui de passer après les deux Gilette.
Le Klein Constantia 1987 est une bonne surprise pour moi car je ne l’attendais pas à ce niveau. Georges qui l’a apporté considère qu’il n’est pas ce qu’il devrait être et ne l’accepte pas comme je l’ai accepté.
Le Marsala 1840, toujours de Georges d’une générosité extrême, a un nez marqué par l’amertume. Il a une très belle acidité. En bouche je ressens l’artichaut et l’œuf, la quinine. Il y a beaucoup de plantes dans ce vin assez amer, bien loin du Marsala 1856 splendide que j’avais ouvert à El Celler de Can Rocca.
Alain Graillot nous ouvre un Rhum 1945 qui affiche 40° mais en fait plus. Il est très pur mais trop strict, manquant de rondeur et de gras.
C’est à ce moment-là que je me rends compte que l’on n’a pas bu le Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1999* que je voulais offrir à notre groupe. J’avais ouvert ce vin et Georges l’avait carafé. La carafe est là sur la table et il n’est pas question de la boire après un rhum. Georges n’est pas capable de m’expliquer pourquoi il n’est pas bu. Je montre mon agacement et Georges remet le vin carafé dans sa bouteille pour qu’on puisse l’apporter au déjeuner du lendemain. Il verse et nous constatons qu’il manque la moitié de la bouteille. Ce qui veut dire que la moitié de la table en a eu et l’autre non. Pour vérifier si le vin avait un défaut, je me verse un verre. Même après les vins sucrés que je viens de boire, je comprends que le vin est grand. Quel dommage. Je l’emporte avec d’autres vins que nous boirons demain.
Les conversations continuent et nous sommes tous d’accord sur le fait que la qualité des vins anciens s’est beaucoup mieux révélée que celle des vins jeunes du dîner. S’il y avait eu un match, mais nous n’en voulions pas, les vins anciens auraient été déclarés vainqueurs.
Nous félicitons François Villard pour la qualité de sa cuisine, nous remercions Yves Cuilleron pour la chaleur de son accueil. Nous nous rendons en taxi à l’hôtel le Domaine des Vignes à Ampuis tenu par Pascal Clusel qui est à la fois hôtelier et vigneron. Il arbore un large sourire, et son hôtel est d’un agréable et suffisant confort.
Nous venons de passer une journée mémorable avec de grands vins et d’autres que nous oublierons. Le point le plus important de cette journée est la générosité et l’amitié de tous les membres de l’association, dont la nouvelle génération se souviendra car nombreux étaient ceux qui seront les vignerons du milieu de 21ème siècle. Longue vie à « Rhône Vignobles ».
pour l’apéritif, Georges dos Santos découpe le jambon avec une dextérité impressionnante
Condrieu La Petite Côte domaine Yves Cuilleron 2012
Champagne Pommery Cuvée Louise 1981
Champagne Heidsieck Monopole magnum 1961*
Château Simone blanc 1990
un autre Vouvray sec Clovis Lefèvre 1961
le riesling allemand que j’avais apporté ne m’a pas été servi. Je n’ai pu le commenter
Condrieu François Villard Le Grand Vallon 2012
Pavillon Blanc de Château Margaux 1979*
Condrieu La Loye Jean-Michel Gerin 2012
Puligny Montrachet Etienne Sauzet 1992 (non bu par FA)
Saint-Joseph domaine Cuilleron 1996
Cahors Le Cèdre 1998 (non bu par FA)
Côte Rôtie François Villard magnum 1995
Hermitage Chave blanc 1995
Deux Cairanne domaine Delubac 1976 (non bus par FA)
Chateau La Tour du Pin Figeac 1995 (non bu par FA)
Saint-Joseph domaine Cuilleron 1983
Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1962
Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1957
Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 1990
Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 2005
Chambolle-Musigny Denis Mortet 1992
Côte Rôtie Seigneur de Maugiron Delas 1982
Hermitage rouge Chave 1996
Château Gruaud Larose 1978
Chateau Branaire 1998
Côte Rôtie Les Grandes Places Jean-Michel Gerin 1988
Santenay Hautes Cornières de M. Chapelle 1966
Château Rayas Chateauneuf-du-Pape rouge 1998
vin illisible et inconnu (non bu FA)
Chateauneuf-du-Pape Prestige domaine de la Janasse 2004 (non bu FA)
Château Chalon Jean Bourdy 1934*
vin non bu : Chateau Tahbilk Marsanne 1993 (probablement liquoreux ?)
Château Gilette crème de tête 1961*
Château Gilette crème de tête 1953
Château Rieussec 1970
Condrieu Les Eguets Crème de Tête Vendange Tardive Cuilleron 1993
Klein Constantia 1987
Marsala 1840
Rhum 1945
Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1999*
quelques photos des plats