Invraisemblable journée au siège du champagne Péters avec 20 vins différents dont des raretés absolues samedi, 23 novembre 2013

Cela faisait longtemps que nous voulions nous retrouver ! J’arrive à Mesnil-sur-Oger au siège du champagne Pierre Péters. Rodolphe Péters me propose de déguster les vins clairs de 2013. Je me suis déjà livré à cet exercice dont l’idée me plait. Nous faisons cette dégustation dans les chais.

Le vin clair Les Monts Martin au Mesnil 2013 se présente à l’œil comme un jus de citron un peu trouble, marqué de deux gouttes de lait. Il en sera de même des autres. Le vin évoque le citron, les fruits blancs, la craie. Il est surtout citron.

Le vin clair La Fosse à Avize 2013 est plus austère. Sa structure est différente. Il est plus gras, plus riche mais moins tendu. Il est plus pamplemousse que citron. S’il est plus gras et ample, cela vient du profil du vignoble me dit Rodolphe Péters qui évoquera au fil de la dégustation les caractéristiques des parcelles, telles que l’orientation, l’ensoleillement et la composition du sol.

Le vin clair Les Bellevues à Oger, côté Mesnil 2013 a une attaque superbe, plus généreuse de pomelos. Il y a aussi un côté floral, fleur d’oranger. Il est très élégant avec un beau final. Très généreux.

Le vin clair Les Chemins de Chalons à Cramant 2013 a une attaque très fraîche suggérant la menthe. Il y a des fruits blancs. C’est celui qui a la plus belle palette de fruits et fleurs blanches avec un bel agrume, le pamplemousse. Il a plus d’acidité car ce vin n’a pas fait sa fermentation malolactique. Il a des épices douces.

Le vin clair Les Chétillons de Mesnil-sur-Oger 2013 est pétillant. Il a des fruits blancs. L’agrume est peu marqué. Le fruit est plus confit. Je dis : « c’est le plus difficile à comprendre » et cette formule plait à Rodolphe Péters car il est à juste titre fier de ce vin.

Rodolphe Péters m’apporte deux vins sans me dire de quoi il s’agit.

Le premier vin a un nez très précis, une attaque très douce, calme. Seul le final est citronné.

Le second vin a un nez plus large que précis. L’attaque est plus rêche mais il a plus de matière. Le final est moins long et sans agrume.

Rodolphe Péters m’explique que le premier vin a été élevé avec une levure saccharomyces et que le second a été élevé avec une levure torulaspora puis saccharomyces. Le premier n’a eu qu’une levure alors que le second en a eu deux.

Le premier est plus droit et le second plus large. J’avoue bien volontiers que cette expérience me passe un peu au dessus de la tête.

Le vin que je goûte maintenant est le Brut Sans Année de réserve. Il est fait avec 50% de brut sans année de l’année précédente plus 50% de vin de l’année. Le Brut Sans Année de réserve a commencé en 1988. Ce vin est beaucoup plus rond, car il est plus ancien. Il a un bel équilibre mais il manque un peu de final.

Nous allons maintenant à la salle de dégustation pour continuer notre voyage. Rodolphe Péters me fait goûter le Champagne du centenaire de la maison Pierre Péters. Il y a des vins de l’arrière-grand-père, le 1921 et le 1937. Des vins du grand-père 1947, 1959, 1966. Des vins du père de Rodolphe, 1969, 1973, 1976, 1979, 1982, 1985, 1988, 1990, 1995, 1996. Cet assemblage représente un tiers du vin. Le deuxième tiers comprend les 2000, 2002, 2004 et 2008. Le troisième tiers est fait de 2010. Ce qui me surprend, c’est que Rodolphe Péters ne l’a pas encore bu. Il le découvre donc avec moi. Quel honneur !

Le nez est très intéressant car multiple. Il y a une évocation de fenouil. En bouche c’est très jeune, marqué par du caramel au beurre salé. C’est la patine des vieux vins. Rodolphe Péters dit que l’impact de la levure est trop présent. C’est un vin très curieux, très intéressant mais pas concluant. Il y a probablement trop de 2010 qui brouille le message des plus vieux témoignages des vins de cette maison.
Nous passons ensuite à des vins plus conventionnels. Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2006 a un nez un peu lacté. L’attaque est brillante et riche, avec du lait et du beurre. Le vin est très long, avec deux caractéristiques : caramel et mandarine.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2005 a un nez plus racé, plus champagne. Il y a plus de tension mais moins d’opulence. Il est plus champagne que le 2006 mais le 2006 va évoluer. Le 2005 a de l’amande et de la mandarine, ce qui est caractéristique des Chétillons.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2004 est dans une phase qui ne plait pas à Rodolphe Péters. Le nez est très minéral, la bouche est lactée, beurre et noisette. Rodolphe pense qu’il y a trop de coing et pas assez d’agrumes et que le fruit est un peu éteint. Je trouve que c’est un grand vin mais pas très pétulant.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 2002 a beaucoup plus de tension. Le nez est vineux. Le vin est carré, solennel, très grand. L’équilibre est minéral avec du pamplemousse. Le vin est de grande longueur. Il est grand.

Entretemps, le vin du centenaire s’est assemblé. Il est beaucoup plus serein, large avec un final de lait et de caramel. Et le 2002 s’ouvre aussi, offrant la mandarine caractéristique du Chétillons.

Rodolphe présente maintenant un vin qui s’appelle Champagne Pierre Péters « Réserves Oubliées » un vin créé pour Michael Edwards, poète et membre de l’académie française, qui voulait un « goût anglais ». Seules 60 bouteilles ont été faites. La base est la réserve perpétuelle vieillie un an en cuve. La base est de 2007 et les vins plus anciens, mis en cuve en 2009 et gardés quatre ans en cave. Le vin est très bon, plein et effectivement, on a une impression de boisé. Il est beau, chaleureux, minéral, très pur, joyeux et gourmand. Du grand champagne.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1997 a un parfum fort prégnant. Il a un côté très agréable et complexe, dans beaucoup de directions. Lacté, foin, grillé.

Le centenaire continue de s’épanouir, et du floral apparaît.

Après cette dégustation d’un rare éclectisme et avec des vins originaux, nous nous rendons au restaurant Les Avisés où nous sommes accueillis par Anselme Selosse qui ne restera pas avec nous. Je vais saluer Nathalie qui va servir notre repas et Stéphane Rossillon, le chef avec qui j’avais partagé des moments mémorables il y a quelques mois. Le menu affiché sur l’ardoise est : l’œuf mollet et son velouté de champignons, châtaignes au curcuma / suprême de volaille fermière au citron, endive rôtie au piment d’Espelette, cocos de chevriers aux aromates / mousse au chocolat tiède à l’orange.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1996 a un nez très minéral et très champagne. Le vin, de grande tension et harmonieux a un goût de truffe.

Le Château Chalon Fruitière Viticole de Voiteur 1966 que j’ai apporté a un merveilleux goût de noix. C’est un Château Chalon au sommet de sa plénitude. Il est « énorme ».

Rodolphe Péters, qui n’en est pas à une surprise près à m’offrir a apporté le vin qui est maintenant le plus vieux de sa maison puisque les plus vieux champagnes ont tous été assemblés dans le vin du centenaire. C’est un Vin rouge de Vertus Pierre Péters 1937. Son nez est salin et on ne peut pas ne pas penser aux vins de la Romanée Conti. L’attaque en bouche est très fruitée, de fruits rouges. Le vin est presque sucré, mais son final est salin. La jeunesse du fruit est remarquable. Il a une énergie immense. S’il a des fruits rouges, il a aussi de l’écorce d’orange. Le côté sucré évoque le ratafia.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1986 a un côté évolué extrêmement plaisant. Le 1966 est charnu, il a du gras et la noix est bien dosée. Il réagit très bien sur l’endive.

Le 1986 paraît jeune à côté du 1937 et du 1966. Il est très agrume frais, peut-être pas très long mais très large.

Le Champagne Les Chétillons Pierre Péters 1976 est marqué par la noix. Il a une belle évolution, une belle énergie. Il est mordant en bouche, vineux et coquille d’huître. Le pont que je voulais créer entre vin jaune et champagne se trouve idéalement avec ce 1976 mais aussi avec le 1986.

La générosité de Rodolphe Péters est incommensurable. Ce qui est amusant c’est qu’il avait prévu que nous buvions 1996, 1986 et 1976 et que je suis venu avec un 1966. Hasard ?

Je repars sur un petit nuage à Paris. Le dîner de L’Ordre des Dames du Vin et de la Table m’attend au restaurant Laurent. Comment vais-je survivre, je ne sais pas.

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la couleur des vins clairs et la salle de dégustation

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le vin rouge de Vertus de 1937

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le Chateau Chalon 1966

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les Chétillons 1996 et 1986

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nous avons demandé une poêlée de champignons pour accompagner le rouge de 1937

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Déjeuner au restaurant Le Millésime avec des vins du domaine de Vogüé samedi, 23 novembre 2013

Nous nous rendons à pied au restaurant Le Millésime avec nos musettes respectives. Nous avons un salon pour nous tout seuls aussi puis-je immédiatement procéder à l’ouverture de mon vin, qui est venu en voiture avec moi et a donc été agité. Imaginant que je bénéficierais d’une verticale extensive du Musigny, j’avais pris avec moi un vin pour qu’il permette une comparaison avec les plus vieux, mais dès mon arrivée au domaine, Jean-Luc m’avait dit que les réserves du domaine sont maigrelettes et que l’âge des vins du repas ne serait pas canonique. Tant pis, il faut prendre les choses telles qu’elles viennent, sachant que la générosité est là, puisque Jean-Luc Pépin est l’un des plus généreux lors des dîners de vignerons que j’organise chaque année. Mon vin a un bouchon qui vient bien, d’une grandes souplesse qui laisse penser qu’il est plutôt de 1948 / 1950 que de l’année du vin, résultant probablement d’un rebouchage. Le parfum est splendide. De peur qu’il ne s’évanouisse du fait du chahut du voyage, il sera goûté en premier.

Le menu que je choisis est : queue de cochon en robe des champs, pulpe de haricots tarbais / fusette de filet d’oie, jus aux épices du Maghreb et pulpe de pois chiches.

La bouteille que j’ai prise en cave car je l’avais repérée et j’en attendais une belle surprise est une bouteille dont on ne voit que l’année, 1918. Comme on vient de passer une semaine à ne parler que de la future commémoration de la grande guerre, j’ai eu envie de l’apporter au domaine de Vogüé, domaine pour lequel j’ai les yeux de Chimène, ces yeux pleurant parfois sur l’inaccessibilité financière des vieux millésimes. L’étiquette de mon vin est en lambeaux mais en faisant un travail de Champollion, je risquerais ce nom : Chambertin Thomas Bassot 1918 car il y a des lettres qui rendent cette hypothèse probable.

Le nez est très joli, très doux. En bouche, le vin est très doux, il a un peu de pruneau, il est velouté. J’ai peur qu’il ne décline, mais en fait c’est le contraire qui se produit. Il se renforce, prend de la consistance tout en gardant un charme velouté et doucereux.

Le Bourgogne Blanc domaine Georges de Vogüé 1995 a un caractère lacté. Il est capiteux, opulent et généreux et s’associe très bien à la queue de cochon.

Le Chambolle Musigny Les Amoureuses domaine Georges de Vogüé 2007 est frais, d’un beau fruit généreux mais gracile. C’est un vin très plaisant. Il n’a pas beaucoup de puissance mais il a la spontanéité du fruit rouge. Il ressemble au 2012 que nous avons goûté en cave.

Le blanc fait lourd et pesant après le rouge. Il a un beau fruit jaune clair mais on sent les vignes jeunes. Il y a un peu de litchi. Le vin est capiteux.

Le 2007 auquel on revient est un vin de très grand plaisir. Il a un final en coup de fouet minéral.

Le Musigny Vieilles Vignes domaine Georges de Vogüé 1996 a un nez superbe et profond. C’est un vin intense, riche mais de très grande subtilité. Sur l’oie, il ne cherche pas à s’imposer. François évoque, et c’est vrai, la peau blanche de pamplemousse. Le vin est riche, très gastronomique, rafraîchissant.

Le 1918 progresse et progresse, prenant de l’ampleur. Le 2007 confirme sa fraîcheur extrême.

Le Bonnes-Mares domaine Georges de Vogüé 1980 a une couleur plus tuilée. C’est Alain Roumier qui a fait ce vin de 1956 à 1985. François Millet a pris sa suite en 1986. Ce vin a des caractéristiques de vin ancien, sans doute un peu plus que ne devrait son millésime. Il a des aspects de griotte et de kirsch mais aussi de bois marin car le sel affleure.

Sur l’oie, la fraîcheur du 1918 est incroyable. En résumé, le 2007 est très frais et aérien, le 1996 a une belle puissance et un grand équilibre, le 1980 s’améliore et perd un peu de son caractère évolué et le 1918 est magnifique avec une tenue exemplaire. Sa tension est inimaginable et son fruit très vivant.

Je quitte mes hôtes à toute vitesse, car je dois participer à une émission sur France Culture qui parle de bonne chère et de bons vins, ce qui ne m’empêche pas de les remercier pour le temps qu’il m’ont consacré et pour leur générosité. Le restaurant est agréable et le service attentif. Croisant au retour Frédéric Mugnier je lui dis que c’est assez curieux qu’au cœur de l’aristocratie viticole de la Bourgogne le restaurant ne fasse pas une cuisine plus simple qui se met au service des vins si prodigieux qui l’entourent. La cuisine est bonne. Mais elle doit comprendre qu’elle est au service des vins miraculeux de sa région et de sa commune !

Cette immersion dans le monde de Vogüé, par ses vins jeunes et par ses vins plus mûrs à table fut une grande réussite.

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Le 1918 à déchiffrer. Merci pour vos éventuelles suggestions.

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Dégustation des 2012, 2011 et 2010 au domaine Georges de Vogüé samedi, 23 novembre 2013

A l’invitation de Jean-Luc Pépin je me rends au domaine Comte Georges de Vogüé dans la charmante ville de Chambolle-Musigny. Avec François Millet maître de chai et Eric Bourgogne responsable des vignes, nous allons goûter les vins en fût de 2012 en cave.

Il doit être dit que je ne suis pas un expert en vins jeunes aussi mes notes ne sont que des impressions de voyage, de vagabondage, qui ne prétendent pas exprimer une vérité intangible. De plus les vins que l’on boit sont parfois à des stades différents de leurs évolutions. On ne retiendra donc de ces notes que les impressions d’un amateur au palais formé ou déformé par les vins anciens.

Le Musigny blanc domaine Georges de Vogüé 2012 évoque la noix. Il est très minéral avec des agrumes, de l’acacia et du tilleul. Il a été soutiré il y a dix jours et se montre très ouvert. Il est à noter que le Musigny blanc s’appelle encore Bourgogne Blanc, car le domaine ne veut donner le nom de Musigny qu’à un vin de vieilles vignes. Du fait d’arrachages, le dernier Musigny blanc date de 1993. Les années suivantes sont des « Bourgogne Blanc » et reprendront leur nom de Musigny dans trois ou quatre ans.

Le Chambolle Musigny domaine Georges de Vogüé 2012 est d’une année difficile. Le nez est fermé car en cave la température est très basse. Il fait froid dehors. L’attaque est très belle et le final est assez coincé. Il y a du bonbon sucré que l’on croque et un peu d’astringence. Le vin fermé est peu charmeur.

Le Chambolle Musigny 1er Cru domaine Georges de Vogüé 2012 est en fait le Musigny de jeunes vignes, de moins de 25 ans, qui n’aura pas l’appellation Musigny. L’âge moyen des vignes est de 16 ans. Le gap est énorme avec le précédent. Le vin est riche, il a du fruit, opulent même s’il y a une astringence finale. Les fruits rouges et noirs sont très spontanés.

Le Chambolle Musigny Les Amoureuses domaine Georges de Vogüé 2012 a un nez raffiné. Les vignes ont été plantées en 1964 et 1974. Le vin est raffiné, élégant et cohérent. Il y a de la confiserie de framboise et du poivre blanc.

Le Bonnes-Mares domaine Georges de Vogüé 2012 est très différent. Il est plus subtil et plus intellectuel. Le fruit est moins apparent. Il a une astringence finale. On sent la myrtille, la prunelle, la feuille verte. Il a beaucoup de fraîcheur. La couleur du vin tend vers le bleu et le violet.

Le Musigny Vieilles Vignes domaine Georges de Vogüé 2012 est d’un parfum riche et très cohérent. Très fermé, on sent sa grande énergie. Comme c’est le plus grand, c’est celui qui aura besoin de plus de temps pour s’exprimer. Il a une consistance de fruits rouges et noirs, de cassis. Son poivre est fort et le final est le plus riche, avec beaucoup plus de réserve. C’est le vin au final le plus long, malgré une mise plus tardive de trois mois.

Les 2011 sont bus de bouteilles et non plus de fûts.

Le Chambolle Musigny domaine Georges de Vogüé 2011 montre une très grosse différence, car le vin est déjà buvable. C’est un très beau vin accueillant, d’un millésime précoce, évoquant la gelée de fruit.

Le Chambolle Musigny 1er Cru domaine Georges de Vogüé 2011 (jeunes vignes du Musigny) a plus de végétal. Il est moins souriant que le Villages. Il va s’épanouir. On a une sensation de calcaire en final. Au réchauffement dans les mains, le vin devient plus sympathique.

Le Bonnes-Mares domaine Georges de Vogüé 2011 a beaucoup de richesse, beaucoup de cohérence. C’est un grand vin. Le fruit est très bien mesuré. Le vin est superbe. François dit qu’il évoque le goûter de quatre heures.

Le Musigny Vieilles Vignes domaine Georges de Vogüé 2011 a une magnifique matière. Il y a des fruits noirs. Il y a presque du gras tant le vin est soyeux et charmant. Minéralité, densité et réserve sont ses caractéristiques de grand vin. Je sens la peau de raison. Le vin titre 12,3°.

Le Chambolle Musigny domaine Georges de Vogüé 2010 a une belle attaque mais un final rêche. Son parcours en bouche est assez court. Je préfère le 2011 à leurs stades respectifs de développement aujourd’hui. Au deuxième essai le vin est meilleur, avec un final plus sympathique.

Le Chambolle Musigny 1er Cru domaine Georges de Vogüé 2010 a plus de consistance. Le final est plus riche. Il est assez strict, très droit, plus épuré. Il est minéral et de grande clarté.

Le Bonnes-Mares domaine Georges de Vogüé 2010 est riche et plus joyeux. Il a un beau fruit épanoui, entre rouge et noir. Le final est un peu léger mais c’est un grand vin très fluide et très beau.

Le Musigny Vieilles Vignes domaine Georges de Vogüé 2010 a une grande élégance et une belle richesse. Il est assez contenu. François dit : « c’est un lac d’eau très pure », car il est fluide et de grande minéralité. Je sens des fruits très purs à petits grains. Il a beaucoup de précision. Le vin est ensoleillé.

Cette dégustation est très intéressante car j’apprends beaucoup de choses. Jean-Luc, François et Eric ont en tête les données climatiques qui leur permettent de mettre ces vins en perspective. Je n’ai que mon palais pour juger de leurs qualités immédiates, celles du jour de la dégustation de vins dont les âges sont de 1, 2 et 3 ans, ce qui crée des différences considérables.

Vite, allons déjeuner, pour boire « en vrai » ce que deviennent les si belles promesses de ce domaine prestigieux.

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le domaine qui n’avait pratiquement plus aucun vin ancien constitue une « bibliothèque » pour le futur.

Les 30 ans de l’Ordre des Dames du Vin et de la Table vendredi, 22 novembre 2013

L’Ordre des Dames du Vin et de la Table fête ses trente ans au restaurant Laurent. La Présidente est Françoise Cornu-Rigord de la Commanderie de Peyrassol. Avant le dîner il était possible de goûter des vins des Dames mais je ne suis arrivé que pour le dîner .

L’apéritif est servi à table. C’est un Champagne AR Lenoble grand cru blanc de blancs non millésimé. Ayant passé ma journée à goûter des champagnes de Pierre Péters, il m’est difficile de recalibrer mon palais sur ce champagne plus opulent et d’un autre terroir.

Je suis à la table d’une ancienne présidente, Gisèle Gonet, de la célèbre maison de champagne de Mesnil-sur-Oger où j’étais ce matin même, d’une ancienne propriétaire de Cheval Blanc que je connais depuis quelques années, qui possède maintenant le château qui a appartenu à Joséphine Baker. Il y a aussi un couple de vignerons suisses dont la femme est présidente de l’association des vins de Suisse (Artisanes du Vin), une vigneronne de Pommard et d’autres personnes de l’autre côté de la table avec qui il fut impossible de parler dans l’ambiance bruyante et joyeuse de ce dîner.

Le menu mis au point par l’Ordre et Alain Pégouret est : araignée de mer dans ses sucs en gelée, crème de fenouil / homard en civet / volaille de Bresse farcie au foie gras, champignons des bois / pamplemousse rose en marmelade dans un pain d’épice maison, sorbet / café, mignardises et chocolats.

Le Sancerre Cuvée des 500 ans, Joseph Mellot 2012 est brutal. C’est une bombe olfactive et j’ai bien du mal avec ce vin auquel je prédis un bel avenir. Le Montagny 1er cru « Les Coères » Feuillat Juillot 2011 est d’une densité extrême. Lui aussi est très fort mais plus civilisé du fait de son âge. C’est lui qui accompagne le mieux l’araignée d’une qualité particulièrement appréciable.

Le Chinon « Clos du Chêne vert » Charles Joguet 2009 est probablement le vin de la soirée pour moi. Il est riche mais absolument charmant, glissant en bouche avec une joie certaine. Madame de Labarre, ex-Cheval Blanc, l’adore pour la pureté de son cabernet franc.

Le Château d’Afrique Côtes de Provence Elie Sumeire 2009 est moins précis que le chinon qui est servi en même temps que lui. Le Chinon est plus adapté à la chair du homard, et le Côtes de Provence plus adapté à la sauce très (trop ?) poivrée.

Le Pommard 1er Cru Les Epenots domaine Parent 2007 de ma voisine de table est plus puissant et tannique que ce que j’aurais imaginé. Il est plus puissant qu’il n’est Pommard, mais il est très bon.

Le Château La Tour de l’Evêque Côtes de Provence Régine Sumeire 2009 est très agréable, plus fondu que celui d’Elie. Les deux vins se régalent avec la volaille de Bresse exceptionnellement aérienne et goûteuse.

Le Château Rayne Vigneau 2007 est un bonheur. C’est le mieux dessiné de tous les vins du repas. Il est précis, sa puissance est contenue. Il dégage un bonheur serein. Avec les agrumes du dessert, il vibre bien, mais les biscuits et le sorbet ne lui conviennent pas. Le dessert est trop disparate pour le vin.

Les Dames du Vin et de la Table ne sont pas toutes des oratrices et il est difficile d’entendre leurs discours dans le brouhaha de groupes qui bavardent lors des discours. L’ambiance est chaleureuse et souriante. Tous et toutes sont heureux d’être ensemble. Le service du Laurent pour 150 couverts et neuf vins à servir a été parfait comme d’habitude. L’araignée et la volaille sont deux temps forts, ainsi que le Chinon et le Rayne-Vigneau.

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Du kebab de compétition au « Grillé » vendredi, 22 novembre 2013

Au cœur de Paris, j’ai rendez-vous avec une papesse de la communication. Elle virevolte entre ses téléphones, tutoie la terre entière, brusque les uns et caresse de sa voix les autres. Entremetteuse de talent, sans le moindre souci du contenu de mon agenda, elle m’organise pour le lendemain un enregistrement sur France Culture.

Ce jonglage permanent sur les ondes hertziennes s’arrête soudain et elle me dit : « on va manger un kebab, vous m’emmenez ». Elle sait que j’ai le dîner de l’Académie du Vin de France qui m’attend, mais on ne résiste pas à cet Attila en jupe.

Au coin d’une rue, il y a effectivement une boutique « Grillé » ouverte et lumineuse, qui fait des kebabs. On me dit que le midi, on y fait la queue tant il y a de demandes, et ce soir, nous sommes les premiers servis du premier service du soir de la boutique qui n’était active qu’au déjeuner. C’est donc le soir d’ouverture. Et là, qui vois-je ? Hugo Desnoyer le boucher le plus célèbre de Paris. Il est associé dans cette affaire. Quelle belle surprise ! On me donne à goûter un kebab absolument délicieux, dont la viande est excellente et la sauce verte judicieusement épicée. On peut grignoter de petites frites croquantes à souhait. Ce lieu a joué la carte de la qualité et c’est franchement bon.

Ne dites pas à ma mère que je suis dans un kebab, elle me croit au dîner de l’Académie du Vin de France, où je me rends toutes affaires cessantes.

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dîner de gala de l’Académie du Vin de France vendredi, 22 novembre 2013

Comme chaque année, le dîner de gala de l’Académie du Vin de France se tient au restaurant Laurent. Avant cela, les membres de l’académie donnent à goûter lors d’une paulée le dernier millésime mis en bouteilles. Cette année, c’est le 2011. Les plus sérieux boivent tous les vins présentés qui sont une cinquantaine. La tentation est grande de bavarder avec les vignerons que l’on a plaisir à retrouver, ce qui limite les dégustations. J’ai bu et apprécié un Muscat Zind Humbrecht, le Clos Sainte-Hune Trimbach aérien, un Puligny-Montrachet les Pucelles domaine Leflaive puissant, un Crozes-Hermitage Graillot excellent, la Romanée Saint-Vivant du domaine de la Romanée Conti merveilleusement romantique, un Hermitage rouge Chave d’une fraîcheur extrême, un Château Gazin aux tannins de belle affirmation, le Mas Jullien très pur, le Château Simone solide et pour finir, les deux liquoreux de Cauhapé et de Fargues séduisants mais tellement jeunes !

L’apéritif permet de se rafraîchir le palais avec un Champagne Pol Roger 2004 de belle tension riche et déjà bien épanoui. Il se boit avec bonheur.

Nous rejoignons nos tables. Je suis venu avec ma fille que beaucoup de vignerons sont heureux de rencontrer car elle est souvent citée dans les aventures que ces vignerons amis me font le plaisir et l’honneur de lire. Autour de la table il y a des fidèles du restaurant Laurent du monde de la finance ou de l’administration, monsieur et madame Graillot avec lesquels j’ai en vue des agapes proches au cours desquelles l’on ouvrira de grands vins et Olivier Jullien qui est le premier vigneron languedocien à avoir rejoint l’académie. Le menu mis au point par des membres de l’académie et Alain Pégouret est : Corail d’oursins au naturel / homard servi à la façon d’une bourride, truffe blanche d’Alba / pigeon à peine fumé et rôti, champignon des bois et pommes soufflées, sauce piquante / saint-marcellin et vieux gouda / glace vanille minute, huile d’olive toscane « Castello Colle-Massari » récolte 2013 / palmiers et mignardises.

Le Riesling Clos Windsbuhl Zind-Humbrecht 2007 est une merveille de précision. Que ce vin est bon ! Il m’apporte une joie que je peux difficilement contenir. Car ce vin est parfait, joliment fouetté par le corail puissant au point d’avoir une persistance aromatique en bouche quasi infinie. J’ai eu un peu de mal à trouver l’accord avec les trois saveurs, gelée, crème et langues d’oursins. Jacques Puisais avec qui j’en ai parlé en fin de repas m’a dit : » il fallait prendre de grandes lampées du vin pour créer l’accord ».

L’Hermitage blanc J. L. Chave 2000 est riche et profond, en grand contraste avec l’alsacien précis et aérien. On est ici sur un vin terrien de belle mâche qui trouve dans la truffe blanche une résonance d’une force rare. Ce vin plein au beau fruité un peu confit est du bonheur.

Il m’est difficile de ne pas frémir quand je suis servi de La Tâche domaine de la Romanée Conti 2000. L’accord avec le pigeon et les champignons est d’un naturel absolu. Jacques Puisais l’a préféré sur les pattes du pigeon. Je l’ai préféré sur les suprêmes. C’est évidemment à la marge, car l’accord d’ensemble est divin. Le vin est d’une distinction, d’une politesse qui n’existent qu’avec les vins bien nés. Mais il sait aussi être judicieusement gourmand. Boire cette Tâche qui n’est pas la plus opulente mais laisse une belle trace en bouche est un plaisir d’un raffinement consommé.

Le Chateauneuf-du-Pape Château de Beaucastel rouge 2003 est un vin très différent, plus carré, plus facile à vivre, mais de belle joie. Il a la dure tâche d’accompagner des fromages très bons mais qui ne le font pas vibrer comme ils le pourraient.

Le Château de Fargues Sauternes 2005 a tous les attributs d’un grand sauternes, mais qu’est-ce qu’il est jeune ! Il lui faudrait trente ans de plus pour exprimer tout son talent. Il a toutefois créé un accord qui est probablement le plus original que j’aie rencontré cette année. Et le miracle de cet accord, c’est l’huile d’olive ! Car elle fluidifie la glace fondante qui claque sur le sauternes. Chapeau bas à ceux qui ont imaginé cet accord diabolique.

Comme chaque année Jacques Puisais a analysé les vins et les accords avec un brio parfois très gaulois. La cuisine du Laurent a été une fois de plus de très haute qualité, la truffe d’Alba et le pigeon rosé mettant en valeur les vins associés et l’accord du dessert tutoyant le génie.

Les dîners de l’académie du vin de France sont l’occasion de retrouver des vignerons qui comptent parmi les plus prestigieux de France. Leurs 2011 et les vins servis à table en ont fait une éclatante démonstration.

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dîner à l’Orangerie du château de Beaune avec des vins de Bouchard samedi, 16 novembre 2013

A l’occasion de la 153ème vente des vins des Hospices de Beaune, Joseph Henriot, Christophe Bouchard et Thomas Henriot invitent des gens de presse et des amis à un dîner à l’Orangerie du château de Beaune. A chacun de ces dîners, Christophe Bouchard choisit un thème. Ce peut être un thème numérique, en ouvrant des vins dont le dernier chiffre du millésime est celui de l’année en cours ou des thèmes liés à la climatologie. L’année 2013 ayant été marquée par de gros problèmes climatiques, le thème de ce soir est : les plus beaux millésimes tardifs.

Dans l’élégant salon du château, nous trinquons avec un Champagne Henriot blanc de blancs brut magnum sans année fondé sur une base de 2007 avec ajoute de vins de réserve. Le champagne est franc, très plaisant. C’est un champagne au goût de « revenez-y » au beau fruit généreux.

Nous sommes une cinquantaine dans la salle à manger de l’Orangerie. Je suis placé à la table de Thomas Henriot, juste à côté de Michel Bettane. Goûter avec lui et l’écouter est un émerveillement tant sa science dépasse tout ce qui est imaginable.

Le menu est : carpaccio de Saint-Jacques, topinambour et truffe de Bourgogne / vichyssoise de homard et crème aigrelette / filet de bœuf charolais servi saignant, champignon, jus truffé et gnocchis de potimarron / fromages régionaux / dôme chocolat et cœur aux fruits de la passion.

Le Meursault Perrières domaine Bouchard Père & Fils 2008 offre un fruit très plein, avec beaucoup de tension et de présence. La truffe de Bourgogne a des goûts de truffe blanche, sans doute amplifiés par une huile de truffe. Cela dope le meursault très profond, lui donnant une belle vibration.

Le Corton-Charlemagne domaine Bouchard Père & Fils 1955 a un léger marquage de bouchon que décèle Michel Bettane. La bouteille est changée et la suivante est d’un bel or cuivré clair. Le vin est d’une subtilité extrême. Il est tout en suggestion, moelleux avec des intonations de noisettes et d’amandes. Le homard froid et entravé par la sauce aigrelette n’a pas pu offrir de répondant au vin d’une grande franchise et d’une maturité toute en élégance. C’est sous cette forme que l’on rêve de boire un vin blanc.

Le Corton domaine Bouchard Père & Fils 1991 a un fruit strict. Immédiatement, on pense qu’il faudrait l’attendre encore trente ans et qu’il sera gigantesque dans un demi siècle. Michel Bettane dit que pour lui, Le Corton est l’image de Bouchard, même si l’enfant Jésus est un emblème fort. Le 1991 a beaucoup de puissance et s’anime sur la délicieuse viande. C’est la sauce truffée qui crée un accord magique avec ce vin qui devient truffe. La couleur noire du vin est quasi irréelle.

Le Volnay-Caillerets ancienne cuvée Carnot domaine Bouchard Père & Fils 1962 est magnifique. C’est le bourgogne idéal, sublimé par un grand millésime. Miche Bettane dit que son fumé est typique de Bouchard. Il y a un peu de framboises, et sa fraîcheur est remarquable.

Christophe Bouchard est très ému parce que ce 1962 parfait a été fait par son père. Il rappelle quelques moments de l’histoire de cette vénérable maison. Joseph Henriot, handicapé par une extinction de voix demande à Philippe Prost, maître de chai et actif depuis 21 ans dans la création des vins de Bouchard de dire quelques mots sur les vins.

Il dit du 2008 que l’acidité lui va bien. C’est un millésime d’élevage. Le 1955 est un vin impressionnant à servir à la température d’un rouge. Il a une énergie formidable. Du 1991, il dit que c’est un millésime charnu très porté sur le fruit. Le vin sera excellent dans trente ans. Du 1962, il signale le côté très ouvert et dit qu’il a été travaillé avec beaucoup d’élégance.

Il poursuit par un discours sur la mission de vinification. Son enthousiasme, son émotion, sont les propos d’un homme de cœur. Les millésimes tardifs de ce soir que la maison Bouchard nous donne l’occasion de boire sont la preuve vivante que le vin sait vieillir et qu’il faut savoir lui donner cette chance.

A l’arrivée, photographie avec Thomas Henriot et Christophe Bouchard

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Dîner au château de Puligny-Montrachet vendredi, 15 novembre 2013

Au château de Puligny-Montrachet Etienne de Montille m’accueille avec un large sourire. Nous voulions depuis si longtemps nous retrouver. Nous sommes heureux de passer la soirée en tête-à-tête. Sur une plaque de marbre je vois des bouteilles ouvertes.

Il faut que je m’isole pour ouvrir mon vin que je souhaite présenter à l’aveugle à Etienne. Pour me donner du cœur à l’ouvrage pour cette ouverture, Etienne m’apporte un verre de Saint-Aubin 1er Cru en Rémilly Château de Puligny-Montrachet 2011. Son attaque est joliment fruitée, mais le vin est un peu strict.

Etienne a prévu le menu qui comprend une soupe de potimarrons et une belle pièce de bœuf aux épinards frits et pommes de terre sautées.

Nous commençons avec le Champagne Lanson magnum 1964 qui a été chahuté dans ma voiture depuis Reims, mais se comporte divinement bien. Il est opulent et follement complexe, fou de fruits jaunes. Même si l’accord avec la soupe n’est pas recherché, cela se passe bien.

Etienne lève très vite l’interrogation sur ses vins, car rien ne sert que je cherche à les découvrir. Le Volnay 1er Cru Les Champans domaine de Montille 1990 a un joli nez racé et profond. Mais la bouche ne suit pas. Il est suave, presque sucré, évoquant des fruits en salade. Il est charmeur, mais il manque cruellement de tension. Etienne reconnaît qu’il a un problème, probablement de brettanomyces.

Le Volnay 1er Cru Les Taillepieds domaine de Montille 1976 est absolument superbe, très bourguignon, avec une belle salinité. Son état est parfait. Etienne est content quand je lui dis que je considère cette bouteille comme absolument exceptionnelle pour ce vin qui atteint un accomplissement unique. On ne cesse d’y revenir tant il donne envie.

Etienne cherche de quelle région pourrait être mon vin et je ne prolonge pas l’incertitude. Il est tout étonné de la prestation du Moulin à Vent des Hospices civils de Romanèche-Thorins 1964. Car ce vin qui a un niveau exceptionnel (deux centimètres sous le bouchon de belle qualité) est de belle tenue, très bourguignon dans l’âme. Il est gouleyant, de belle râpe et convient divinement bien à la viande ferme et rose. Le gamay vieillit bien !

Nous finissons le repas sur le Champagne Lanson demi-sec magnum 1989 qui n’éveille pas un grand intérêt, s’étant assoupi et n’ayant aucun écho doucereux auquel se confronter.

Le plus beau vin, c’est le 1976. La plus belle surprise, c’est le 1964. Mais le plus important, c’est d’avoir réchauffé notre amitié en parlant de mille et un sujets qui nous passionnent. Ça fait du bien.

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Je n’ai pas pris de photo de la belle pièce de boeuf, hélas.

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Déjeuner aux Crayères avec les champagnes Lanson vendredi, 15 novembre 2013

Après la dégustation de plusieurs millésimes de la « Vintage Collection » du Champagne Lanson, nous nous rendons au restaurant de l’hôtel des Crayères. Au bar, j’ouvre le vin que j’ai apporté, Un Clos de la Coulée de Serrant Mme A. Joly 1970. Très gentiment Jean-Paul Gandon maître de chais de la maison Lanson a apporté un Champagne Lanson demi-sec magnum 1989 dégorgé en 1998 pour que nous puissions voir si le vin et le champagne créent des correspondances. Le champagne prévu pour le repas est le Champagne Lanson magnum 1964 que nous avons commencé à déguster au siège de la maison Lanson.

Nous bavardons sur les possibilités de menu et Jean-Paul me laisse faire le choix, même s’il estime que c’est osé. Je le subodore aussi, mais j’ai envie qu’avec mes hôtes nous prenions des risques.

Notre menu sera : dos de sole viennoise de châtaignes, « cheveux d’ange » à la crème de parmesan, truffe blanche « tuber magnatum Pico » / bœuf Wagyu « aus Kobé niveau 9″ poché dans un bortch, betteraves et choux de Pontoise braisés, ravioles de cébettes à la cécina de bœuf.

C’est une constante assez générale que les amuse-bouche se moquent comme d’une guigne des vins choisis aux tables. Si la préparation crémeuse au haddock est superbe, elle est d’un goût envahissant qui interdit de boire nos vins. Après avoir mâché un peu de pain nous les abordons.

Le Champagne Lanson demi-sec magnum 1989 dégorgé en 1998 a des accents de miel et de pomme cuite. Hervé Dantan évoque la tarte aux pommes. Ce champagne va bien avec la sole.

La Coulée de Serrant Mme A. Joly 1970 a un nez superbe, riche et généreux. C’est une immense Coulée de Serrant ce que Philippe Jamesse, l’excellent sommelier des Crayères, confirme. Elle évoque le coing doré, voire aussi des fruits blancs. Le vin est marqué par une grande complexité. Il se marie magnifiquement avec les cheveux d’ange et avec la truffe blanche coupée en copeaux avec largesse dans nos assiettes. L’accord avec le Wagyu est enchanteur. Le vin récite des mangues confites.

Le Champagne Lanson magnum 1964 est impérial, noble, de beaux fruits jaunes. C’est son assurance qui emporte les suffrages. Il est plus à l’aise que le 1989 sur la sole, et ne forme que des accords polis avec les cheveux d’ange et le Wagyu.

En fait, le plus gastronomique et flexible est le Clos de la Coulée de Serrant, beau avec les cheveux d’ange et grand avec le Wagyu. Le 1964, très noble, est cohérent sur la sole. Le 1989 ne trouve pas de véritable écho sur les plats. Jean-Paul avait raison d’être dubitatif sur les choix mais je ne regrette pas l’expérience et j’ai bien aimé la correspondance qui s’est créée entre les douceurs du 1989 et celles du 1970.

Me rendant en Bourgogne, j’ai emporté avec moi les fonds de bouteille du 1989 et du 1964 pour que la fête se prolonge. Cette immersion dans le monde de Lanson m’a beaucoup appris et m’a montré l’extrême générosité de mes hôtes. Merci messieurs.

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