Régis Marcon cuisine à quatre mains aux Crayères mercredi, 11 septembre 2013

L’hôtel Les Crayères à Reims a eu la riche idée d’organiser des repas à quatre mains et cinq étoiles avec Philippe Mille, le chef deux étoiles des Crayères et avec un chef trois étoiles. Ce soir, c’est Régis Marcon qui donne la réplique à Philippe.

Voici le menu concocté par les deux chefs : royale de foie gras d’oie, gelée de ratafia de la Champagne / dos de bar de ligne à la vapeur de champagne, vernis, couteaux et céleris boules étuvés / couci-couça d’agneau au praliné de cèpes, figue farcie / chaud-froid de banane et poire, caramel de morilles.

Les deux premiers plats sont de Philippe Mille et les deux suivants sont de Régis Marcon. Il s’agit de créations pour cette soirée. Il serait assez difficile de classer ces plats d’une créativité réfléchie. Chaque plat est porteur d’émotion. La royale de foie gras a un finale qui donne des évocations fruitées de pêches blanches que rien ne laisserait supposer, le dos de bar est d’une élégance et d’une justesse de ton exceptionnelle, l’agneau est d’une maîtrise qui fait comprendre pourquoi un chef peut obtenir trois étoiles et le dessert est probablement le plus abouti des quatre plats, avec une cohérence d’anthologie.

Alors, c’est un festival de bout en bout. Régis Marcon a découpé en salle les échines d’agneaux et c’est un régal de voir la précision des gestes. La vedette était manifestement du côté des cuisines.

Le Champagne Mumm Blanc de Blancs Mumm de Cramant magnum sans année est pris à l’apéritif. C’est un champagne de soif bien agréable, sans longueur excessive, qui se reprend avec plaisir.

Le premier plat accueille un Champagne Jacquesson Dizy Corne Bautray 2004 d’une belle tension. Le Champagne Jacquesson Avize Champ Caïn 2004 est de la même veine que le précédent, affuté, et trouvant dans le bar un écho très favorable.

Même si le Champagne R. Lalou Mumm 1999 a de grandes qualités, il est trop discret pour être à l’unisson de l’agneau, transcendantal pour lui.

C’est en fait le Champagne Mumm Extra Dry Carte Classique, fait avec des vins des années 90 qui a créé le plus bel accord de cette soirée, car malgré son dosage, sa douceur renvoyait un beau clin d’œil au caramel de morilles.

Mumm était venu en force, et tous les représentants de cette honorable maison sont restés entre eux, sans communiquer avec l’extérieur, vivant cet événement comme un séminaire interne. L’intérêt de ces événements extraordinaires où des chefs créent ensemble aurait été de susciter plus d’échanges.

Quelques fidèles se sont retrouvés sous la yourte du jardin, qui avec un champagne Billecart Salmon, qui avec un cognac Hine. Pour moi ce fut de délicieux et puissant Cognac Hine 1960.

Hervé Faure, avec les encouragements de Laurent Gardinier, a lancé un concept très fort, qui est un émerveillement à chaque nouveau happening à quatre mains.

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Le cercle Climats Côte Chalonnaise mercredi, 11 septembre 2013

Dix vignerons se sont regroupés en un cercle « Climats Côte Chalonnaise« . Ils font des Mercurey, Givry, Rully et Bouzeron, et ont invité des professionnels dans l’appartement du Questeur du Sénat. Connaissant quelques acteurs de cette sympathique association, j’ai tenu à venir les saluer.

Chaque maison présente cinq vins, ce qui représente une bonne cinquantaine de vins à déguster. En blanc, ce sont généralement les 2012 et 2011 qui sont sur table. Si la qualité des vins est certaine, j’avoue que la jeunesse de certains vins rend difficile d’apprécier tous leurs atouts pour un amateur de vins anciens. Aussi est-il peu pertinent que je fasse des appréciations de ces vins. J’ai préféré bavarder avec des vignerons de haute qualité.

L’ambiance était très amicale et les vins fort bons. Il est sûr que l’on reparlera de ce cercle où j’ai découvert quelques bonnes pioches, à laisser vieillir bien sûr !

dîner de rentrée au restaurant Laurent mercredi, 11 septembre 2013

C’est mon premier dîner de rentrée au restaurant Laurent. Il est tentant de prendre le menu de saison : araignée de mer dans ses sucs en gelée, crème de fenouil / œuf de poule façon cocotte, girolles et mousseline d’artichauts / tronçon de turbot nacré à l’huile d’olive, bardes et légumes verts dans une fleurette iodée / pigeon à peine fumé et rôti, pissaladière de jeunes primeurs, sauce piquante / voiture de fromages / soufflé chaud au thym-eucalyptus.

La cuisine est rassurante, posée, sereine. On se sent bien. Le Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle est aussi confortable que cette cuisine. Il en a aussi la légèreté. Sa capacité gastronomique est sereine comme le lieu. S’y ajoute une petite pointe de romantisme. On succombe donc sans difficulté au charme de ce beau champagne expressif.

Pour le pigeon, j’ai commandé un Domaine de Chevalier rouge 1/2 bt 2008 sobre, classique, mais aussi profond et incisif, qui joue bien avec la chair rose du pigeon. Il se tient bien sur un saint-nectaire fondant.

Le champagne reprend sa place sur le soufflé délicieusement aromatique.

Pour paraphraser la célèbre formule : « chez Dupont tout est bon », ce sera « chez Laurent, tout est charmant ».

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Dégustation de Château Canon et Château Rauzan-Ségla Place Vendôme lundi, 9 septembre 2013

Sur la magnifique place Vendôme, au troisième étage de la boutique Chanel, John Kolasa reçoit des professionnels pour présenter deux vins de la famille Wertheimer dont il a la charge. Les lecteurs fidèles des bulletins se souviennent que dans les n°s 240 et 241 j’ai raconté les superbes verticales de ces deux vins qui avaient permis en quatre services de goûter :

Château Rauzan-Ségla 2005, 2000, 1996, 1995, 1988, 1982, 1970, 1966, 1961

Château Rauzan-Ségla 1990, 1989, 1986, 1985, 1957, 1952, 1947, 1929

Château Canon 2005, 2000, 1982, 1961, 1959, 1949, 1947

Château Canon 1998, 1990, 1989, 1964, 1955, 1952.

(voir : https://www.academiedesvinsanciens.com/verticale-de-rauzan-segla-et-canon-au-restaurant-taillevent/

https://www.academiedesvinsanciens.com/an-impressive-vertical-of-rauzan-segla-and-canon-by-taillevent/ )

Aujourd’hui, les vins plus récents sont présentés et l’on peut goûter : Clos Canon 2009, 2008 puis Château Canon 2010, 2008, 2006, 2005, 2004, 2002, 2001, 2000 puis Ségla 2009 et 2006 et enfin Château Rauzan-Ségla 2010, 2008, 2006, 2005, 2004, 2002, 2001, 2000.

Je suis revenu hier en voiture de mon sud. Nous sommes un lundi matin, j’ai pris juste avant ce rendez-vous un café crème. L’humeur n’est pas à une dégustation exhaustive. Aussi, plutôt que de l’analytique, je vais chercher à m’imprégner des deux grands vins faits par John Kolasa.

Ce que je bois du Saint-Emilion Château Canon est si fort, si précis, si typé que mon impression dépasse l’effet millésime. Il s’agit d’un vin strict, qui ne cherche pas à plaire et ne joue pas de sa séduction, mais qui récite son terroir, très représentatif de l’appellation. Pour moi, chaque millésime se rapproche des autres pour me faire aimer ce Saint-Emilion à la trace profonde. John à qui je fais part de mes impressions trouve au contraire que chaque millésime montre ses différences. C’est normal qu’il ait cette attitude puisqu’il fait le vin. J’ai cherché plutôt une synthèse. Le Clos Canon, dont je n’ai bu que le 2009 est infiniment plus charmeur, puisqu’il est plus facile. Dès que le Canon aura pris de l’âge, il va le distancer.

Le Margaux est différent, mais il y a la même recherche de pureté et d’authenticité. Le sommelier du restaurant qui a la plus belle cave de Paris me dit que ces deux vins n’ont pas la notoriété qu’ils mériteraient. Dans un coin de la jolie pièce on a carafé Château Canon 1998 et Château Rauzan-Ségla 1996. L’aération, un ou deux petits canapés à grignoter me permettent de ressentir le saut gustatif majeur. Ces deux vins sont épanouis, heureux, même s’ils sont rigoureux. C’est un plaisir de les boire. Pour se refaire le palais, si c’était nécessaire, nous avons la chance de boire un Champagne Delamotte brut magnum qui claque bien sur la langue, présenté par Didier Depond et son équipe.

Il ne fait pas de doute que c’est plus agréable de boire de grands vins dans les ors de la Place Vendôme et le luxe de Chanel que dans la cohue d’une foire aux vins. On n’en goûte que mieux l’intelligence du travail de John Kolasa sur ces grands vins.

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Lancement avec panache du nouveau Bettane et Desseauve vendredi, 6 septembre 2013

Comme l’an dernier à pareille époque, les Caves Legrand, dont l’âme n’a pas été affectée par le changement d’actionnaire majoritaire issu maintenant du pays de Soleil Levant, reçoivent les invités de Michel Bettane et Thierry Desseauve à l’occasion de la parution de leur nouveau guide de vins. De nombreux vignerons sont présents, des chouchous, des coups de cœur, des lauréats et des amis. La presse et quelques amateurs sont présents. La foule est immense et les déplacements de stand en stand sont difficiles.

Sous les verrières de la galerie Vivienne il fait une chaleur de souk. Les chemises des hommes s’auréolent ou se trempent. Les buffets de victuailles sont simples mais de belle qualité. Les vins rouges sont difficiles à boire car trop chauds. Le Palmer 2006 que j’essaie est trop chaud pour que j’en apprécie la belle structure. Il faut se rabattre sur le champagne, ce qui est loin d’une punition quand il y a Pol Roger, Bollinger, Philipponnat Clos des Goisses et Laurent Perrier Grand Siècle et d’autres encore.

Ayant découvert que Pol Roger présentait sa cuvée Winston Churchill 2000, j’en ai fait mon ordinaire lors de cette soirée.

Ce qui est toujours remarquable, c’est la complicité et l’amitié qui attachent tous ces vignerons aux deux auteurs. Il me semble qu’aucun autre critique ne crée des sentiments aussi forts avec les vignerons.

Il me semble aussi que les Caves Legrand sont le seul repaire capable d’accueillir avec cette chaleur humaine (et chaleur tout court) cette foule qui compte dans le monde du vin. Michel Chapoutier nous a dit tout simplement pourquoi il est fier d’avoir été nommé l’homme de l’année.

Ce cocktail lance merveilleusement bien l’année vineuse.

Vente caritative d’immenses cognacs le 19 septembre jeudi, 5 septembre 2013

Le Bureau National Interprofessionnel du Cognac organise avec « la part des anges » une vente caritative au profit de la Croix Rouge de bouteilles uniques de cognac, offertes pas une vingtaine de maisons de Cognac.

C’est le 19 septembre 2013 au château de Brillac à Foussignac, mais on peut enchérir par le web.

www.lapartdesanges.cognac.fr

Tout est décrit sur ce site. Il y a des bouteilles mythiques.

Un cocktail a réuni la presse, des amateurs et une bonne vingtaine de maîtres de caves de ces prestigieuses maisons, pour montrer les cognacs vendus.

On en a eu plein les mirettes !!! ici quelques bouteilles

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le cocktail à base de cognac qui a été servi, très agréable à boire et évoquant bien le cognac

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Dîner au restaurant Caves Madeleine à Beaune mercredi, 4 septembre 2013

De retour à l’hôtel le Cep, je bois une bière blanche de la Brasserie de Vézelay en attendant Ray Walker avec lequel je dois dîner. Ray me conduit au restaurant Caves Madeleine dont l’animateur est Laurent Brelin que j’avais déjà rencontré lors d’un déjeuner avec des vignerons bourguignons lors de la présentation des vins des domaines familiaux de Bourgogne à Paris. C’est un bistrot bar à vins dont l’éclectisme est certain. Laurent est très orienté vers les vins naturels et les vins de vignerons. Mais il a aussi des vins plus traditionnels.

Le menu que nous choisissons sur l’ardoise murale est : terrine de campagne maison /Collier d’agneau fermier du Quercy confit. Ray qui a faim y ajoute une joue de bœuf.

Nous commençons par un Champagne Jacques Lassaigne Brut nature Blanc de Blancs de Montgueux 2004. J’ai eu des expériences nettement meilleures avec des champagnes de ce vigneron. Ce vin est assez déstructuré, et joue au vin nature en oubliant d’être plaisant.

Le Musigny Grand Cru Jacques-Frédéric Mugnier 2004 dont j’ai un peu influencé le choix a fait peur à Ray car ses expériences avec des vins de 2004 ne lui ont pas laissé un bon souvenir. Le vin à l’ouverture est plein d’un fruit rouge généreux tout-à-fait étonnant, aussi bien pour le millésime que pour le domaine. Lorsque le vin s’installe dans le verre il devient plus Musigny, plus bourguignon, et Ray constate avec plaisir que l’on oublie aisément qu’il est de 2004, car il a une force de persuasion qui est très affirmée. Nous sommes maintenant en présence d’un grand vin, subtil et émouvant, bien mis en valeur par le collier.

Le chef et Laurent Brelin viennent discuter avec nous quand toutes les tables sont vides et nous bavardons à bâtons rompus, évoquant de grands souvenirs. Laurent fait goûter à l’aveugle un Bugey Cerdon méthode ancestrale Récolte Cécile – Balivet Mérignat vignerons. D’emblée je dis que ce vin pétillant qui ressemble à un sirop de groseilles n’est pas du tout dans mes recherches. Mais le temps passant, je constate ses propriétés digestives. Il remplace efficacement un dessert car il en gomme la nécessité.

Chaque séjour en Bourgogne donne lieu à de belles rencontres.

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la terrine était déjà bien entamée quand j’ai pris la photo !

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Dégustation des vins de la Maison Ilan à Nuits Saint Georges mardi, 3 septembre 2013

Ray Walker est un jeune américain issu de la finance qui a décidé de faire du vin en Bourgogne. Hasard et chance se sont conjugués pour qu’il réussisse à obtenir des grappes de grands crus qu’il vinifie lui-même sous le nom « maison Ilan« , nom qui provient de morceaux du prénom de sa fille. La maison est au cœur de Nuits-Saint-Georges. Cette aventure est si extraordinaire que Ray a écrit un livre qui la raconte « the road to Burgundy » qui rencontre à ce jour un très grand succès.

Nous avions conversé sur un forum de vin et une sympathie est née qui a conduit au désir de se rencontrer. L’horaire de la dégustation est très dépendant des contraintes de repas et d’école de ses enfants, car Ray est un père attentionné.

Passant le porche qui ouvre sur une petite cour assez désordonnée, il faut écarquiller ses yeux pour comprendre que la minuscule salle dont le portes sont entrouvertes est la salle de vinification. Ray me donne un verre et nous descendons en cave de vieillissement pour déguster un panel de ses vins. Les 2010 seront bus de bouteilles et les 2011 de fûts. Avant cela, je fais goûter à Ray le reste du Musigny Comte de Vogüé 1989 de la veille. Même si le vin a été chahuté et en a souffert ce qui reste est la signature d’un vin d’exception.

C’est le tour des vins de Maison Ilan. Le Morey-Saint-Denis Les Monts Luisants 1er cru 2010 a une belle attaque généreuse et fruitée de fruits rouges et noirs. Le final est assez court. On sent qu’il faut que le vin s’assemble. C’est une promesse de grand vin.

Le Morey-Saint-Denis 1er cru les Chaffots 2010 me plait beaucoup plus car ce vin est typiquement l’expression de la Bourgogne comme je l’aime, mêlant des aspects énigmatiques et stricts sur un fond très cohérent. Je préfère les Chaffots

Le Morey-Saint-Denis Les Monts Luisants 1er cru 2011 est beaucoup plus charmeur et structuré que le 2010, alors que le Morey-Saint-Denis 1er cru les Chaffots 2011 est moins assemblé que le 2010. Pour ce millésime, je préfère les Luisants. N’ayant pas pris de notes, j’écris ce texte de mémoire. Ce qui m’a frappé à ce stade, c’est la cohérence de la vinification, même si les résultats varient d’une année sur l’autre.

Le Volnay 1er les Robardelles 2011 est d’une très jolie expression. C’est un vin précis qui raconte beaucoup de choses.

Nous passons maintenant aux grands crus. Le Mazoyères-Chambertin Grand Cru 2011 se caractérise par un seul mot : la générosité. Il brille comme le soleil à ce stade de sa vie. Pour tous ces grands crus, je goûterai de deux fûts différents, généralement du premier et du dernier tiré et les écarts sont sensibles. Ce qui me fait plaisir c’est que nos préférences sont presque toujours les mêmes.

Le Charmes-Chambertin Grand Cru 2011 qui provient d’une parcelle de Charmes Haut a, comme son nom l’indique, beaucoup de charme. J’ai toutefois un penchant pour le Mazoyères.

Ray intercale un vin qu’il ne commercialise pas, un Gevrey-Chambertin les Feusselottes 2011 dont le passage est très difficile après le Charmes.

Le Chambertin Grand Cru 2011 a le velours caractéristique des chambertins, mais il faudra attendre avant de l’apprécier car il est très fermé.

Ray me fait goûter un Mazoyères-Chambertin Grand Cru 2012 qui a un improbable goût de café. Il est trop jeune pour moi.

Un blanc m’est servi maintenant, un Mazoyères  blanc 2011 très curieux, car je n’ai aucun repère. Ray a voulu que nous finissions par un marc de Bourgogne fait uniquement avec des grands crus. Alors que je suis un fan du marc, celui-ci est trop jeune pour moi.

Ce qui est intéressant, c’est que les vins de Maison Ilan sont d’une grande pureté et d’une grande précision. Et ceci concerne tous ses vins. Les Grands Crus sont très grands. Ray s’efface volontiers, par une humilité qui paraît sincère, minimisant son travail, puisqu’il estime que de terroir est le seul acteur dans cette affaire. Il a bien tort, car sa volonté de faire les vins de façon artisanale et traditionnelle est couronnée de succès.

Longue vie à cette jeune maison atypique promise à un bel avenir.

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Dégustation de vins au domaine Coche-Dury mardi, 3 septembre 2013

Je quitte Ray Walker pour une sieste réparatrice à l’hôtel le Cep à Beaune à la décoration boisée d’une imagination débridée et désuète mais de souriante intention. A 18 heures je me présente au domaine Jean-François Coche-Dury où le maître des lieux revient des funérailles d’un vigneron de 92 ans connu de Meursault. Nous discutons de divers sujets et le vigneron me propose d’aller déguster quelques vins en cave. J’admire la qualité des caves construites en 1982, dont Jean François est fier. Certains vins sont à température de cave et d’autres, prélevés ailleurs, sont un peu plus chauds. Je n’ai pris aucune note pendant la dégustation. La mémoire retient seulement quelques éléments.

Le Meursault Villages Domaine Jean-François Coche-Dury 2011 a une belle attaque citronnée. Il est très frais.

Le Meursault Villages Domaine Jean-François Coche-Dury 2010 est très différent. Il est plus assis. Il a perdu l’aspect citronné. Il est plus gastronomique.

Un autre Meursault Villages Domaine Jean-François Coche-Dury 2010 est plus vivace à mon goût et plus proche du 2011 que du 2010 précédent et j’ai tendance à le préférer. Mais Jean-François parie plus sur la capacité de vieillissement de celui-ci.

Le vin suivant est un Puligny-Montrachet les Enseignères Domaine Jean-François Coche-Dury 2010. Plus opulent, plus gras du fait de la chaleur, je lui trouve un peu moins de tension que n’en ont les meursaults.

Chaque vin m’est servi avant que le nom ne me soit donné. Au moment où je prends contact avec le vin qui arrive, je fais : « wow ». Je ne me suis pas trompé, car c’est le Corton-Charlemagne Domaine Jean-François Coche-Dury 2011. C’est un merveille car il est dans une forme éblouissante. Il va probablement se refermer mais il est éclatant maintenant. Jean François me dit qu’il ne l’avait pas goûté depuis un an et qu’il est comme moi très favorablement impressionné par son équilibre et son accomplissement actuels.

Le Corton-Charlemagne Domaine Jean-François Coche-Dury 2010 est aussi un très grand vin, plus conforme déjà aux Corton-Charlemagne Domaine Jean-François Coche-Dury que j’ai l’habitude de boire. Il est plus assis, plus riche, plus taillé pour la route, mais il n’a pas cette étincelle de grâce.

Le Meursault les Rougeots Domaine Jean-François Coche-Dury 2005 est assez chaud, gras, avec des aspects beurrés. Mais le passage après les deux Corton-Charlemagne est plus difficile.

Quand Jean-François me demande si je veux reprendre l’un des vins, ma réponse fuse : le Corton-Charlemagne 2011.

Nous avons longuement parlé de vins anciens dont il est friand. Nous avons un grand dîner en vue. Cette visite amicale m’a ravi.

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Dîner à Pommard avec un mythique Musigny lundi, 2 septembre 2013

La rentrée devait être marquée par un événement majeur : un déjeuner à Meursault avec Jean François Coche-Dury, propriétaire du prestigieux domaine éponyme et Richard Geoffroy maître de caves de Dom Pérignon qui m’avait demandé d’organiser cette rencontre de deux grands vignerons. Depuis deux mois j’avais bichonné une bouteille rarissime pour faire découvrir à ces deux personnages des saveurs qu’ils n’ont probablement jamais rencontrées.

Je pars de ma maison du sud et quelques heures après mon départ, Jean-François Coche-Dury m’annonce qu’il est obligé d’annuler notre rencontre pour cause de funérailles. Richard Geoffroy que j’informe m’annonce qu’il ne viendra pas à Meursault. Je m’y rends déçu et dépité car cette rencontre m’excitait au plus haut point.

Mon étape à Meursault est au château de Cîteaux, demeure du 19ème siècle posée sur des caves plus vieilles d’au moins trois cents ans. Le propriétaire m’accueille et va religieusement déposer en cave les bouteilles que j’avais prévues. J’avais pris une chambre pour être sûr d’être à l’heure au rendez-vous de demain, qui tombe à l’eau. De dépit, je vais dîner au restaurant « Auprès du Clocher » à Pommard, tenu par Jean-Christophe Moutet, avec la ferme intention de prendre un grand vin.

La carte des vins est superbe, avec quelques belles pioches. J’en repère une de première grandeur : Musigny Vieilles Vignes Domaine Comte Georges de Vogüé 1989. Pour l’accompagner, ma commande est : escalope de foie gras de canard poêlée, oignons et asperges vertes en croûte de sésame / pigeonneau élevage de monsieur Bernard rôti aux morilles et purée de petits pois.

Au premier contact, le vin est une ouverture vers le paradis. En lui, tout est velours. Puis il déploie une râpe bourguignonne comme je l’aime. Son éclosion est excitante comme une danse des sept voiles. L’amuse-bouche n’est pas fait pour le vin aussi le pain beurré corrige le tir. Sur des escargots à peine aillés, le vin prend un envol spectaculaire. Il a tout pour lui, le velours, la longueur, la puissance. Il est encore très jeune pour ses 24 ans, et il a une belle étoffe.

Le vin, normalement, c’est le partage. Je suis seul à dîner et je constate qu’étant seul, j’observe infiniment plus de détails que lorsque l’on discute en buvant. Dans ce vin, il y a un peu de quetsche, de feu de cheminée, quelques champignons. Mais c’est surtout sa rondeur, son velours, sa délicatesse et sa complexité qui me ravissent.

Les deux plats sont bons, mais trop compliqués et chargés pour que le Musigny y trouve son compte. Il faut un Brillat-Savarin pour que le vin revive. Je l’ai trouvé beaucoup plus intéressant au début de son éclosion que lorsqu’il devient assis, notable. C’est un vin de grande race, qui, comme les grands vins bourguignons, demande qu’on le comprenne, car il ne se livre pas. On le conquiert. Ce vin aura permis de soigner la plaie ouverte par une rencontre qui ne se fera pas avec deux grands vignerons français.

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