Un 1929 de l’Etoile pour un déjeuner avec deux vignerons dimanche, 1 septembre 2013

Chaque année j’organise un diner de vignerons qui s’appelle « le dîner des amis de Bipin Desai ».

Cette année, Jean-François Coche-Dury nous fait le plaisir et l’honneur de se joindre à nous.

Lorsque Richard Geoffroy a su que JFCD venait, il m’a demandé d’organiser une rencontre au domaine Coche-Dury, avec JFCD.

Avec ces deux vignerons de domaines prestigieux, que puis-je apporter pour le déjeuner ?

Il ne faut pas que ce soit un vin qui entre en compétition avec des vins des deux vignerons.

Ce serait bien d’apporter un vin qui pourrait intéresser les deux vignerons, avec des saveurs qu’ils ne connaîtraient pas, si possible.

Alors, j’ai choisi un Vin du Jura de l’Etoile de la Coopérative Vinicole de l’Etoile 1929. C’est une rareté, car de très vieux vins de l’Etoile se trouvent difficilement.

Je pense que ce vin pourrait créer un choc intéressant avec les champagnes de Richard Geoffroy et avec les vins blancs de Jean-François Coche-Dury.

A suivre !

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Ajoute, quelques jours plus tard:

J’étais heureux d’apporter cette bouteille. Le déjeuner ayant été annulé pour cause de funérailles, la bouteille attendra pour une autre occasion avec les mêmes convives.

Haut-Brion blanc 89 et Pol Roger 66 samedi, 24 août 2013

Les enfants vont partir demain. Nous avions fait festin pour leur arrivée. Leur départ doit aussi s’arroser. Je choisis un vin qui doit être un signe de l’importance de l’instant. Le Champagne Pol Roger Extra Cuvée de Réserve 1966 se présente dans une jolie bouteille patinée par les ans. Le bouchon s’extrait facilement. Il n’y a pratiquement pas de pschitt. La couleur est étonnamment jeune, sans ambre apparent. Le nez évoque des fruits jaunes.

En bouche, ce qui frappe en premier c’est l’équilibre et la sérénité. On sait qu’on est en face d’un champagne ancien, au pétillant sensible mais sans bulle et l’on s’aperçoit qu’il n’a pas de signe de fatigue. Il évoque des fruits jaunes et dorés, dont du citron et du pomelos. Il est extrêmement confortable. Il ne trouve aucun accord qui le sublime. Il vit sa vie, et on le boit pour lui tout seul.

On l’abandonne après l’apéritif pour le reprendre en fin de repas. Et c’est alors qu’apparaissent des signes de fatigue. Une amertume se découvre, ainsi que des notes de thé. Le vin a été magnifique sur la première moitié de la bouteille et fatigué en fin de repas. C’est une très belle expérience qu’il fallait tenter.

Sur le poulet au citron, c’est un Château Haut-Brion blanc 1989 de mon gendre qui fait son apparition. Le nez est impressionnant, car il plante le décor : on est dans la noblesse, la richesse et l’abondante complexité. Dès la première gorgée, le mot qui vient à l’esprit, c’est « respect ». Car on est face à un monstre sacré. Tout est imposant dans ce vin, la puissance, la complexité, les fruits si nombreux de tous les hémisphères, les épices innombrables. Mais s’y ajoutent une plénitude et une longueur infinie.

Alors que mon gendre est un amoureux inconditionnel de Laville Haut-Brion, nous convenons tous les deux qu’aucun Laville ne pourrait se hisser au niveau de cet impérial 1989. C’est probablement l’un des plus grands vins de notre été qui en comportait beaucoup.

Ma fille aînée, venue nous rejoindre pour quelques jours a besoin d’un vin rouge aussi hérite-t-elle d’un Hermitage Chave rouge 1995. Quel vin ! Ce qui frappe, c’est le côté velouté qui enveloppe de son charme ce vin. Le seul petit reproche, c’est que la fin de bouche est marquée par une trace camphrée qui trahit très probablement un accident de chaleur au cours de la vie du vin.

Nous avons au cours de cet été bu des vins magnifiques dont émergent, entre autres, Salon 1996, le Cros Parantoux Méo Camuzet 1999, le Pétrus 1985 et ce Haut-Brion blanc 1989. Mais il y en a tellement d’autres que je ferai le bilan plus tard. L’été n’est pas fini.

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La France n’a jamais été aussi jeune jeudi, 22 août 2013

Tous les démographes vous le disent, la France vieillit.

Le nombre de centenaires va être multiplié par trente, les nonagénaires vont se multiplier par dix, et les plus de 60 ans vont tripler.

Par ces propos, on veut affoler les populations en laissant entendre :

– il y a beaucoup trop de vieux

– on ne pourra jamais financer leur maintien en bonne santé.

Et on ressort les éternels poncifs :

– un pays qui a trop de vieux est réactionnaire

– il est figé dans ses conformismes

– il n’invente plus l’avenir.

Et si c’était l’inverse ?

Jamais un sexagénaire n’a été aussi jeune : il voyage, fait du sport, fait attention à sa forme physique et à son alimentation. Et il sait qu’il a probablement vingt ans devant lui, ce qui lui permet d’avoir des projets.

Pour chaque tranche d’âge, jamais les citoyens d’un âge déterminé n’ont été aussi jeunes dans leur corps et dans leur esprit.

C’est donc une chance formidable de se dire qu’à âge égal, on a une espérance de vie et donc de projets qui n’a jamais été aussi grande.

Alors, oui, la France n’a jamais été aussi jeune.

Si le travail n’était pas présenté comme une aliénation dont l’Etat souhaite libérer le citoyen au plus vite, en multipliant les cas de pénibilité, si le travail était considéré comme l’accomplissement d’une vie, donnant un sens à la vie de chacun, on pourrait travailler jusqu’à 80 ans, en aménageant les postes pour s’adapter à la résistance physique et psychique des séniors.

Et alors, on pourrait dire sans crainte : oui, la France est de plus en plus jeune, car ses citoyens, à chaque âge se sentent de plus en plus jeunes et de plus en plus responsables de leurs destins.

Six vins jeunes exceptionnels dans une belle confrontation dimanche, 18 août 2013

Traditionnellement, le week-end du 15 août est le point culminant de notre été gastronomique. Des amis viennent avec des munitions généreuses et j’ouvre des vins que j’ai envie de partager avec eux. Ce soir, c’est le dîner de gala qui conclut une succession de six repas de grands vins.

En été, je n’aime pas ouvrir de très vieux vins, car la chaleur ne convient pas à ces vins mais aussi parce que les palais ne sont pas aussi réceptifs qu’au printemps ou à l’automne. Aussi vais-je pouvoir réaliser un de mes rêves : ouvrir ensemble six grands vins rouges de toutes origines, très jeunes et très puissants. Il y a trente ans, j’aurais refusé de tels vins, car le monde des vins anciens peuplait mon intérêt. Aujourd’hui, j’ai appris à aimer des vins modernes lorsqu’ils sont bien faits, même s’ils ont les caractéristiques de ce que je repoussais naguère.

Jean-Philippe a concocté le repas suivant : Cecina de Leòne / Dashi, livèche, crevettes séchées du Cameroun / Gnocchis, olives noires, abricot /Rognons de veau, poivron rouge / Filet de rumsteck, poêlée de fenouil, jus de viande / Parmentier de queue de bœuf, sauce andalouse / Nectarine, amande, agrumes.

Nous commençons par la fin du Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990, toujours aussi confortable et rassurant, mis en valeur la les fines tranches de viande de bœuf traitée comme un jambon ibérique.

Le Champagne Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle magnum a au moins cinq ans de cave. C’est une explosion de fleurs blanches d’une élégance rare. Ce champagne féminin est d’une délicatesse subtile au plus haut point. Le bouillon dashi est très « détox » ce qui est de bon augure pour la suite du dîner. La cohabitation de l’olive noire et de l’abricot est très originale et convient bien au délicieux champagne, qui profite à plein de son long passage en cave et de son format magnum.

Chacun des huit buveurs sur neuf convives a devant lui six verres. Il a fallu de longues répétitions pour que chacun mémorise les vins qu’il aura devant lui puisque les verres ne sont pas marqués. J’ai choisi pour règle de mettre les étrangers d’abord, les plus éloignés de la France en premier. Ensuite, pour les vins français, c’est de la plus haute latitude vers la plus basse. Ce qui donne cet ordre :

Penfolds Grange BIN 95 2005. Ce vin me fascine par le fenouil et les herbes que l’on ressent et par la fraîcheur finale.

Vega Sicilia Unico Ribeira del Duero 2003. J’ai déjà ouvert plusieurs fois ce vin cet été et, lorsqu’il était servi seul, il a brillé beaucoup plus que ce soir. Je le trouve timide, plus discret, alors qu’il a un énorme potentiel.

Pingus Ribeira del Duero 2009. Ce vin titre 15,5° mais on ne le sent pas du tout. Il est d’un message assez monolithique mais il sait lui aussi montrer de la fraîcheur. J’aime beaucoup sa capacité de persuasion.

Côte Rôtie La Turque Guigal 2005. Lui aussi se montre discret au début, puis fait apparaître sa belle fraîcheur mentholée. Il est subtil et convaincant.

Chateauneuf-du-Pape Beaucastel Hommage à Jacques Perrin 2003. Il paraît, lui aussi un peu discret au démarrage, mais il montre ensuite une belle profondeur et un message subtil comme la Turque.

La Petite Sibérie Côtes du Roussillon Villages Bizeul 2005. Il est au début assez monolithique comme le Pingus, mais il montre ensuite sur les rognons des facultés extrêmes.

Assez rapidement on peut faire deux classes de vins : le Penfolds, le Pingus et la Petite Sibérie sont des vins puissants, percutants, qui veulent passer en force. A côté d’eux, le Vega Sicilia Unico, la Turque et le Beaucastel sont des vins qui cherchent à s’imposer par la persuasion de leur subtilité.

La nature humaine est ainsi faite que l’on aimerait bien classer ces vins par ordre de préférence. Mais ils vont nous jouer un joli tour en nous offrant un phénomène assez particulier. Si l’on fait une dégustation successive des six vins, on imagine un ordre de préférence. On attend un peu que le palais se calme et l’on boit alors celui qui paraissait le plus faible. Comme par enchantement on le trouve alors sublime. J’ai répété plusieurs fois cette expérience, et chaque fois, le plus faible d’un instant devenait un très grand vin. C’est comme si les vins s’étaient regroupés en une mêlée de rugby, pour être définitivement solidaires.

Cette idée ne me déplait pas de ne pas classer. Il y a toutefois un vin qui émerge et mérite d’être classé premier et je suis content que Jean-Philippe ait partagé mon choix. C’est le Penfolds Grange qui a la plus grande complexité combinée à une fraîcheur hors du commun. Ensuite, il y a deux grandes directions : les fonceurs comme Pingus et la Petite Sibérie, mais qui ne foncent pas dans le brouillard car ils sont capables de fraîcheur et les subtils comme la Turque et le Beaucastel, très « Frenchies » à côté des puissants étrangers, le Vega Sicilia se plaçant à mi-chemin entre les fonceurs et les subtils.

Mais ces catégories ont été souvent remises en cause au fil des plats absolument exceptionnels, les rognons percutants allant bien avec les fonceurs, le rumsteck convenant aux subtils et la délicieuse queue de bœuf en Parmentier accueillant l’ensemble des vins, et confirmant l’avantage du redoutable Penfolds.

Devant mes six verres, j’avais l’immense joie d’avoir réuni des vins exceptionnels dont aucun ne faisait pâle figure, aucun n’étant détruit pas la cohabitation avec l’un des autres. J’avais cette immense joie mais aussi la tristesse que cela puisse s’arrêter. Je voulais cette dégustation, je voulais cette confrontation et les vins ont eu l’intelligence de jouer collectif. Je suis heureux.

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Dîner chez ma fille avec des blancs d’exception samedi, 17 août 2013

Le quatrième repas de notre week-end de folie est un dîner chez ma fille et mon gendre. Jean-Philippe et mon gendre sont au fourneau depuis 17 heures. L’esprit sera aux tapas.

Le Champagne Bollinger Grande Année 1990 est une très heureuse surprise. Il a une évolution plus marquée que celle qu’il devrait avoir et cela lui va bien. Il a des notes fumées, un peu oxydatives. Le premier message est assez monolithique, unidirectionnel, mais le vin va spectaculairement s’épanouir sur les premières tapas. Nous commençons par des dés de céleri à la citronnelle et au citron vert, qui fouettent le champagne et lui donnent plus de percussion. Une huître rôtie aux herbes du port et au torron Sirvent colle à fond au côté patiné du champagne. C’est probablement le plus bel accord du dîner, car le champagne devient fringant et rajeunit de dix ans. L’huître est délicieuse et le vin en profite.

Le cappuccino de moules est inscrit dans la ligne de mire du Bollinger et crée lui aussi un accord vibrant.

Le Champagne Salon 1996 a un parfum qui est une explosion de fleurs blanches et de complexités. Dès la première gorgée, on sent qu’il y a un monde entre le Salon et le Bollinger. Les fleurs blanches sont brillantes, et c’est surtout la complexité qui fait la différence, car le message change sans cesse. Le vin n’est jamais là où on l’attend, glorieux, vineux mais drapé dans ses fleurs blanches. Un immense champagne, probablement le meilleur des Salon 1996 que j’aie jamais bus.

Le Clos de la Coulée de Serrant Nicolas Joly 2000 est un choc. Il est immense. On comprend Curnonsky qui l’a classé dans les cinq plus grands vins blancs de France. Car il est une énigme permanente, jouant sur des notes oxydatives mais bien contenues. Il est joyeux, plein, opulent et c’est la première fois que je vois une Coulée de Serrant aussi jeune avec autant de charme et de sérénité. Je suis transporté par ce vin car j’aime ce qui me dérange. La fondue de fenouil est délicieuse ainsi que les encornets à la pêche blanche qui mettent en valeur ce vin de Savennières.

Le Clos Sainte-Hune Riesling Trimbach 2005 montre une fois de plus à quel point le cépage riesling, lorsqu’il est bien vinifié, est d’une précision qui est l’une des plus grandes de tous les blancs secs. Ce vin pourrait être qualifié de parfait. Mais mon cœur penche vers le vin plus canaille de la Loire. Les encornets au curcuma sont délicieux et se dégustent aussi bien avec les deux blancs.

Le tartare de bar penche du côté du Sainte-Hune. Les rougets à la fondue de poireau accueillent avec grâce le Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 2007 qui est un bourgogne généreux fruité, joyeux, délicat et équilibré. C’est de la joie pure. Il est assez intéressant de comparer avec le vin servi en même temps, Château Laville Haut-Brion 1982. Ce vin est exceptionnel. Il est profond, droit, un vin de méditation. Car ses complexités sont extrêmement subtiles et il faut se concentrer pour en saisir le plus grand nombre. La joie est bourguignonne, la race et la noblesse sont bordelaises. Les deux vins s’expriment avec bonheur sur des andouilles qui à la cuisson ont explosé leurs peaux comme le font les crooners lorsqu’ils sont tétanisés pas les cris d’amour de leurs groupies et déchirent leurs teeshirts.

A ce stade, nous sommes soûlés de perfection. La succession de tapas est une excellente chose et les vins ont été multipliés par des accords éblouissants. Il faut se rafraîchir et un Champagne Krug 1995 accompagne des pêches blanches en salade ainsi qu’un gâteau conçu et réalisé par mon petit-fils de quatre ans. Jean-Philippe se met alors au piano et nous massacrons par nos voix des chansons qui font partie du patrimoine de la chanson française.

Je classerais volontiers les vins ainsi: 1 – Champagne Salon 1996, 2 – Clos de la Coulée de Serrant 2000, 3 – Château Laville Haut-Brion 1982, 4 – Clos Sainte-Hune 2005.

L’accord le plus vibrant est celui de l’huître avec le Bollinger. Mais le carpaccio avec le même champagne et l’andouille avec le Laville font partie des grands accords de ce repas. Jean-Philippe et mon gendre ont fait des prodiges.

Une journée chargée nous attend. Nous sommes donc rentrés à pied, sous une lune qui argente la mer, romantique comme jamais.

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mer argentée sous la lune

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De merveilleux 1989 samedi, 17 août 2013

Le thème du cinquième repas de notre week-end de folie, c’est l’année 1989, naturellement trouvé grâce aux apports des amis. Ce soir, il y aura du très lourd, puisque c’est le dîner de gala, aussi est-il jugé opportun de supprimer l’apéritif au déjeuner, pour garder des forces.

Mais dans chaque groupe d’êtres humains il y a des « traîtres » dont l’un – perfide – me demande pourquoi je n’ai pas prévu de champagne. La vie est ainsi faite.

Le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1990 est toujours aussi solide et agréable, celui-ci s’exprimant beaucoup plus que lors d’un récent essai. Nous tranchons un long saucisson fait au belota belota, ce qui est original.

Le quasi de veau basse température est accompagné de fines tranches de pomme de terre juste poêlées. Jean-Philippe a conçu une sauce qui doit capter les tannins des deux vins. Elle est de grande pertinence mais je préfère approcher les deux vins merveilles sur la chair seule.

Le Château Tertre Roteboeuf Saint-Emilion 1989 est d’une grande richesse de tannins et ce qui frappe, c’est sa profondeur. Le message est assez simplifié, mais le vin a une grande cohérence. Comme pour le Dujac de l’autre soir, s’il était seul, il serait salué par des applaudissements. Il s’étoffe dans le verre, prend de l’aisance et se montre très plaisant.

Mais son voisin de plat est le Château Latour Pauillac 1989 qui marque un saut qualitatif déterminant. Ce vin est un bordeaux parfait. Il a l’élégance, la noblesse, la complexité mais surtout, son exposé n’en finit pas. Quand en bouche on croit avoir tout compris, il rajoute de nouvelles saveurs. Si le Tertre fait penser à des fruits noirs dont du cassis écrasé, le Latour est plus dans des fruits roses noirs comme des cerises. Ce qui est important pour moi, c’est ce message qui n’en finit pas.

L’épaule d’agneau a été cuite au basilic ananas avec une huile espagnole. Le Vega Sicilia Unico 1989 est depuis longtemps l’un de mes chouchous, probablement le meilleur des jeunes VSU. Le vin est d’une jeunesse insolente, car on a un jus riche en alcool comme celui d’un vin de quinze ans de moins. Et le charme agit car je ressens des brassées de plantes, dont des méditerranéennes, comme le romarin, le thym, et le basilic judicieux de Jean-Philippe. Il y a aussi du fenouil, de l’anis et le final est marqué par une extrême fraîcheur. Qu’on ne me demande pas d’être objectif, je ne le peux pas.

Le dessert est de mangue rôtie et pamplemousse rose confit au miel d’acacia avec quelques zestes de pamplemousse. La couleur du plat est strictement la même que celle du Château d’Yquem 1989 doré magnifique. La fusion entre le plat et le vin est saisissante. On n’est pas tenté de chercher la valeur intrinsèque du vin, puisque l’accord fusionnel nous propulse à des hauteurs himalayennes de gastronomie. Nous sommes tous saisis par cette perfection et l’Yquem, au sucre parfaitement intégré, récite les saveurs de miel, de mangue et de pamplemousse dont le dessert lui a donné le miroir. C’est irréellement bon.

Nos votes sont très différents. Jean Philippe a mis Latour en premier. Mon vote est : 1 – Yquem 1989, 2 – Vega Sicilia Unico 1989, 3 – Latour 1989, 4 – Tertre Roteboeuf 1989.

Nous avons eu la démonstration que l’année 1989 est encore d’une étonnante jeunesse, certains vins étant très loin d’avoir atteint leur maturité. Ces cinq repas qui se succèdent ont tous des personnalités différentes. Il faut vite se reposer, car ce soir, c’est le feu d’artifice.

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fusion des couleurs et des saveurs avec l’Yquem

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Week-end de folie – 2ème déjeuner vendredi, 16 août 2013

Le lendemain midi, c’est un festival de jambons ibériques et de lomo, qui précèdent des canapés variés en forme de tapas. Nous pouvons finir les vins de la veille. Je ne suis pas tenté d’essayer la Moutonne dont Jean-Philippe me dit qu’elle n’est toujours pas chablis.

Le Meursault Charmes Comtes Lafon 2002 a gagné en opulence. Il est beaucoup plus épanoui et précis. Il est nettement plus grand qu’hier.

Cette impression est la même pour le Clos de la Roche Dujac 2002 qui est nettement plus grand et affirmé que la veille.

Seul le Clos de Bèze Armand Rousseau est fidèle à l’excellence qu’il avait montrée la veille. C’est assez réjouissant de constater que les vins se comportent aussi bien le lendemain.

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Week-end de folie – le premier dîner jeudi, 15 août 2013

Des amis amateurs de vins et de cuisine sont venus nous rejoindre pour un week-end prolongé autour du 15 août. Le thème du dîner, qui est apparu presque spontanément, c’est l’année 2002. Il restait du Champagne Les Chétillons Pierre Péters magnum 2002 et l’idée qui vient est de l’associer avec un Chablis Grand Cru Moutonne Long-Dépaquit Albert Bichot 2002 sur un fromage de tête.

Le champagne est toujours aussi agréable, frais et romantique. Il donne un coup de pouce sérieux au chablis, assez profond, qui ne fait pas vraiment grand cru, mais qui, surtout, n’évoque pas le chablis. C’est un vin agréable, mais qui paraît loin de ses origines. Il réagit avec pertinence sur le fromage de tête.

Jean-Philippe a fait un risotto à l’encre de seiche et au rouget, qui est fait avec le riz qu’utilise Davide Bisetto, le chef italien du Casadelmar en Corse. C’est une petite merveille  sur le Meursault Charmes 1er Cru domaine des Comtes Lafon 2002. Le nez du vin pétrole, et en bouche, ce qui s’impose, c’est la caractère toasté du vin. Il est riche, opulent et n’a pas l’extrémisme que l’on trouve parfois de goût de caramel. Le vin est assez réduit, mais se comporte de très belle façon. Sa mâche est agréable, fruitée d’un citron bien dosé et la résonnance du riz est superbe.

C’est sur un poulet que vont apparaître deux vins que je chéris et que j’ai voulu offrir à mes amis. Le Clos de la Roche Dujac 2002 a un nez riche et imposant. S’il était bu tout seul, on le trouverait splendide car il est joliment fruité, de belle consistance, et de belle longueur. En l’imaginant seul, je lui trouve beaucoup de talent et d’allant.

Mais il ne peut pas rivaliser avec le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2002 au nez plus discret, qui est d’une définition absolument parfaite. Tout en lui glisse comme par miracle. Le vin est subtil, délicat, très changeant tant il développe d’harmoniques, et la partition est jouée avec une maestria extrême. Et c’est d’autant plus appréciable que l’année ne lui donne pas de gros bras. Il est élégant, distingué et complexe. C’est une belle leçon.

Le dessert est aux amandes et à la crème, plombant nos estomacs de sa richesse, mais délicieux. C’est sur lui que se finit le Péters.

Il reste suffisamment de chaque vin, sauf le champagne, pour que nous n’ayons pas à choisir les vins du déjeuner.

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Premier repas d’un week-end de folie jeudi, 15 août 2013

Le matin du 15 août à 8h20, j’accueille trois amis à l’aéroport de Toulon-Hyères. Leurs bagages laissés en soute regorgent de vins qui doivent jalonner quatre jours de folie. Dès leur arrivée, nous allons faire des courses complémentaires à celles faites par mon épouse et nous nous retrouvons autour d’une table pour bâtir le programme des huit repas à venir. Le nombre de variantes possibles est élevé, d’autant que mon gendre veut organiser un repas chez lui et qu’un autre ami ajoute au programme une bouteille qui tombe pilepoil dans un des programmes envisagés.

Nous déballons les victuailles, et un ami à qui l’on avait demandé de chercher deux baguettes revient avec six baguettes toutes chaudes d’un pain juste cuit. C’est l’occasion d’ouvrir un paquet de jambon italien Culatello di zibello bien gras, salé, et extrêmement intense, qui se blottit avec amour dans la mie toute tiède.

Le premier repas me permet d’honorer un pari fait lors de mon anniversaire. Trois amis doivent partager avec moi un grand bordeaux. Comme les autres amis ne sont pas concernés par le pari, je décide que l’on boive un magnum pour que les gagnants ne soient pas déçus et les perdants exclus. Il est ouvert à 10h30 et l’odeur première n’est pas très engageante. Attendons. Des côtes de veau cuisent à basse température et Jean-Philippe prépare une salade de champignons de Paris avec une sauce au soja qu’il a rapportée de Chine.

Le Château Mouton-Rothschild magnum 1983 va nous offrir deux facettes. Le haut de la bouteille est assez léger et donne l’impression d’un vin plus ancien avec une petite amertume qui signe une évolution. Si le veau bien rose se marie dignement avec le Mouton, c’est la sauce soja des champignons qui va donner un coup de fouet déterminant au vin. Dans les premiers verres versés le vin était de couleur rose. Dans les verres de la deuxième partie de la bouteille le vin est presque noir. Les tannins sont plus appuyés et le Mouton est incroyablement velouté, délicat. Ce qui m’impressionne est que le vin, en fin de bouche, est d’une rare fraîcheur.

Au premier contact, ce vin laissait dubitatif. Sur la deuxième partie, la cause est entendue, nous sommes conquis par l’incroyable velouté d’un vin serein, épanoui et profond. Un vrai bonheur, car tout est suggéré.

Des amis qui avaient gagné le pari ne devaient pas rester et le bordeaux était en apéritif. Nous les invitons à continuer le parcours. Ma femme fait une omelette avec des œufs de nos poules. Le Champagne Initiale de Selosse dégorgé en 2010 est pénétrant, solide, de grande personnalité. Et un peu d’âge lui va bien. Il combine force de pénétration avec un grand équilibre. Il est vineux mais ne le montre pas trop, civilisé par la

Le stock de baguette étant encore important et un fromage Jort attendant qu’on s’y intéresse, j’ouvre un Champagne Pierre Peters Cuvée les Chétillons magnum 2002. Au premier contact, juste après le Selosse, le Peters fait presque frêle. Mais très rapidement, il prend sa place, se découvre extrêmement subtil et romantique, titillé par le camembert fort excitant.

Il poursuit son parcours sur des macarons de Pierre Marcolini puis des chocolats du même brillant chocolatier. Le champagne continue de briller, même si ce n’est pas son terrain d’excellence, frais, romantique, de grande délicatesse sur des fleurs blanches. Il en restera pour ce soir où nous explorerons, par pur hasard, des 2002, ce champagne jouant à l’éclaireur.

2013-08-15 13.21.26 2013-08-15 13.45.02

2013-08-15 14.05.51 2013-08-15 14.01.53 2013-08-15 14.01.39

2013-08-15 14.26.32 2013-08-15 14.26.15

2013-08-15 11.33.01 2013-08-15 13.02.47 2013-08-15 13.07.48 2013-08-15 13.19.23 2013-08-15 14.30.55 2013-08-15 14.48.53 2013-08-15 14.52.17

restaurant San Felice de l’hôtel du Castellet mercredi, 14 août 2013

Déjeuner au restaurant San Felice de l’hôtel du Castellet. Le Champagne Femme Duval-Leroy 1996 est d’une jolie couleur dorée, plus foncée que celle des vins de cette année. Le vin est solide, classique, de belle mâche, et l’on apprécie beaucoup ce champagne d’équilibre, qui profite bien de son excellent millésime.

Ma fille et mon gendre nous avaient précédés d’une journée à l’hôtel aussi reste-t-il un peu du Château Sainte-Anne Bandol Cuvée Collection 1995. Le vin est un peu « too much », trop « pushing », voulant imposer sa force vineuse poivrée. Je n’insiste pas.

Le Silex Dagueneau Blanc fumé de Pouilly 2007 a un nez éblouissant. C’est un bouquet aromatique assez impressionnant. En bouche, il est follement Loire et me rappelle des Montlouis généreux avec peut-être un peu plus de noblesse. Le vin est très intense, le citron s’accompagnant de pomme, et sa profondeur est extrême. C’est un très grand vin, qui impose le respect.

Le Château Rayas rouge Chateauneuf-du-Pape 1999 a un nez qui paraît discret après l’insolente explosion du Silex. C’est en bouche que tout se joue. Alors que souvent Rayas a des accents bourguignons, ici, pas du tout. Il est Châteauneuf à plein. Il faut dire qu’il fait chaud et qu’il titre 14°, ce qui lui donne une puissance hors du commun, même si le vin est servi à bonne température. Ce qui me frappe, c’est qu’il est juteux comme un 2009. C’est étonnant d’avoir tant de jeunesse dans ce vin. Le poivre est marqué, et je ressens du fenouil et du cuir . Le vin généreux est extrêmement plaisant sur une entrecôte et des pommes de terre sautées.

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