dîner de réveillon de Noël mardi, 25 décembre 2012

Le dîner du réveillon de Noël est précédé de la distribution des cadeaux, sous les rires, les « oh » et les « ah » et les embrassades. Mon gendre a apporté un Champagne Krug 1995 qui se boit en croquant de délicieuses gougères. Le champagne est un peu trop acide à mon goût et ce sont des bulots qui vont corriger cette impression pendant que le champagne s’élargit dans les verres. C’est un champagne raffiné aux beaux fruits acidulés.

En attendant le dîner, nous décidons de faire un sort au Pétrus 1992 de la veille. Le vin s’est épanoui et son parfum est toujours d’une incroyable force. Les tannins sont puissants, la truffe est présente, et c’est surtout le velouté qui s’exprime sur de petites langoustines froides que l’on grignote sans aucun accompagnement. Le Pétrus est étonnant pour ce millésime et se classe sans hésiter dans les grands Pétrus, même s’il est loin des plus grands.

Nous passons à table. Des coquilles Saint-Jacques crues sont recouvertes des caviar d’Aquitaine Paris de la maison Prunier, et ce caviar est nettement meilleur que le Saint-James de la même maison goûté récemment. Le Champagne Krug Clos-du-Mesnil 1985 est absolument hors normes. Il est à cent coudées au dessus du Krug 1995 par sa complexité, par ses fruits jaunes et dorés délicieusement équilibrés et par la persistance aromatique en bouche quasi infinie. Ce champagne est renversant de grâce.

Mon gendre cuit des couteaux d’une façon parfaite. C’est rare que des couteaux aient autant de goût. Le vin qui les accompagne et unChâteau Corbin Saint-Emilion 1929. Lorsque j’avais voulu ôter le bouchon, celui-ci avait commencé à glisser vers le bas et malgré ma patience, aucune tentative de le rattraper ne fut couronnée de succès. En versant le vin dans une carafe, j’avais eu peur que le contact du liquide avec le vilain bouchon ne crée de mauvaises amertumes, mais il n’en est rien. Le nez du vin est pur et en bouche, même si l’on ressent de façon infime la trace du contact avec le bouchon, le vin est pur, clair, très saint-émilion. Il a de la truffe, des fruits noirs, et se boit agréablement, même si son imagination n’est pas débordante. On sent qu’il est loin de sa gloire passée.

Sur un dos de chevreuil cuit à basse température et deux purées, une blanche et une orange, la blanche de pomme de terre et de céleri, l’orange de butternut, je sers un Château Margaux 1929. Le nez de ce vin est très pur et sans défaut. En bouche, je commence à avoir un peu peur que le vin ne montre sa fatigue, mais en fait, il suffit d’attendre un peu et de magnifiques fruits rouges apparaissent, ensoleillant le goût de ce vin au velours le plus distingué. Mon gendre se pâme tant il est conquis par ce vin. Je le deviens aussi mais un peu moins. C’est un grand 1929 mais je pense que les heures de gloire de ce millésime se font plus rares. C’est en tout cas untrès grand Margaux.

Ma fille aînée n’aime pas ces vins d’histoire. Elle préfère les vins charnus dont le plaisir est immédiat. Aussi souffre-t-elle de ne rien avoir à boire. Mon dilemme est de lui servir un grand vin qui viendrait trop tôt dans l’ordre que j’ai prévu. Je précipite le service du troisième rouge, qui est un Richebourg domaine Méo-Camuzet 1991. Il me semblait que le Richebourg allait écraser le Margaux de sa jeunesse conquérante et j’en retardais l’entrée en scène. Mais en fait, pas du tout et c’est même le contraire : le Richebourg met en valeur le fruit délicat du Margaux, le rendant plus vivace encore.

Le Richebourg est un vin d’une rare perfection. Lui aussi est mis en valeur par le vin de bordeaux car sa jeunesse devient plus triomphale. C’est un grand vin de Bourgogne, au parfum subtil et retenu et avec une droiture d’expression en bouche particulièrement noble. Ce qui n’exclut pas un plaisir franc et droit. Le vin n’est pas à proprement parler un vin gourmand. C’est un vin noble et raffiné. Je l’adore. Il est très adapté au chevreuil.

Les vins rouges accompagnent à leur façon les fromages. La tarte Tatin accueille un Champagne Perrier-Jouët Belle Epoque 1978 que je croyais rosé puisque la cape est rose, mais il n’y a aucune indication du mot « rosé » sur la bouteille. C’est un beau champagne légèrement ambré à la bulle active, au nez pénétrant, et au goût de pleine maturité. Il est vivant, actif, et termine joyeusement ce repas de réveillon d’un beau Noël familial.

Mon gendre classe en premier Margaux 1929, puis Krug Clos-du-Mesnil 1985 et Krug 1995. Je classe ainsi : 1 – Krug Clos-du-Mesnil 1985, 2 – Château Margaux 1929, 3 – Richebourg Méo-Camuzet 1991.

fin du monde plus deux, Noël moins un dimanche, 23 décembre 2012

Nous approchons de Noël, fête qui rassemble les familles. Nous recevons deux de nos petits-enfants, cornes d’abondance de fraîcheur et d’innocence. Leurs parents veulent les récupérer la veille de Noël, à l’heure du déjeuner. Comme il serait étonnant que l’on mange frugal, dès dix heures, j’ouvre un vin que je veux proposer à l’aveugle à mon gendre, car j’ai ma petite idée en tête. Contre toute attente, le bouchon collé au verre ne veut pas sortir et s’arrache par la force du tirebouchon. Trop épais, il n’a pas évité d’être noyé de vin. Une partie est imbibée et j’ai peur que cela ait une influence. A l’odeur, il n’en est rien. Au contraire, le vin est d’un parfum d’une délicatesse envoûtante.

Les parents arrivent et c’est l’heure du Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs magnum 1996. Le dernier que j’avais bu avait un peu de fumé et de réduction. Celui-ci est d’une pureté exemplaire. C’est un beau et grand champagne, très académique, sur une base de vins de grande valeur.

Le vin que je fais découvrir à l’aveugle à mon gendre apporte la démonstration que je voulais faire : jamais on ne penserait à une petite année. C’est Pétrus 1992 dont le parfum est la plus belle carte de visite. Jamais personne ne pourrait dire qu’une telle puissance aromatique vient d’une année comme 1992.En bouche, le vin est plein, très tannique, et évoque la truffe parmi ses saveurs. Comme souvent, on peut remarquer que s’il apparaissait à côté d’un Pétrus d’une très grande années, on verrait qu’il a des limites. Mais là, seul vin rouge du repas, il fait apprécier la finesse de sa trame, et sa richesse. C’est sur la longueur que le vin révèle l’année naguère jugée faible. Avec un brie à la truffe, nous sommes revenus au champagne et nous avons pu constater encore plus la beauté du vin de base de ce grand champagne. Ce Noël avant l’heure démarre bien.

 

 

 

déjeuner au restaurant la Tante Marguerite vendredi, 21 décembre 2012

Notre club 2043 est comme la langue française : une règle ne peut se concevoir que s’il y a des exceptions. Olivier est l’exception puisque c’est le seul à ne pas avoir notre âge. Il est en charge du déjeuner. Le restaurant est la Tante Marguerite du groupe Loiseau. Nous sommes dans une petite salle privée où l’acoustique rend difficile les discussions de groupe. Le bruit isole au lieu de rassembler. L’apéritif est un Champagne Deutz brut rosé sans année qui manque franchement d’inspiration. Avec l’accord de l’invitant je cherche dans la carte des vins où curieusement Deutz jouit d’un monopole. Il y a un Champagne Amour de Deutz blanc de blancs 2003 qui attire mon regard. C’est une bonne pioche, car il y a une vibration qui fait un saut qualitatif majeur par rapport au rosé. C’est un très beau champagne.

Le menu préparé pour notre table est : carpaccio de dorade marinée, compotée d’oignon au curry de Madras, ananas et citron vert / quasi de veau rôti, frite de panisse, oignon rouge au balsamique et navet glacé au jus / assiette de fromages affinés /paris-brest au praliné.

Le Meursault d’Alain Gras 2009, simple meursault, est extrêmement plaisant car il est très pur et authentique. Il se marie bien à la dorade goûteuse. Le Nuits-Saint-Georges Clos de la Maréchale Jacques-Frédéric Mugnier 2009 est une merveille de délicatesse. J’adore ce domaine élégant et ce vin en est la preuve. La deuxième bouteille du même vin va nous réserver une grande surprise. Autant le premier est subtil et délicat, autant le second est tannique et d’un lourd alcool. Comment deux bouteilles du même lot, qui ont partagé les mêmes caves aux mêmes moments peuvent-elles être si dissemblables ? C’est un des mystères du vin. Avec le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2004 on monte une nouvelle marche sur le chemin de l’excellence. Bien que le millésime 2004 ne soit pas l’un des plus grands, ce vin montre des qualités exceptionnelles. Tout en lui est excellent. Il est subtil, complexe et généreux, vin de grand plaisir raffiné. Nous étions d’humeur gourmande, aussi ce vin a été de nouveau doublé, sans qu’il y ait la moindre différence gustative pour celui-ci. Ce vin est un plaisir de chaque gorgée.

Notre repas s’est conclu sur un excellent Champagne Cuvée William Deutz 1999 à la personnalité très affirmée, goûteux et de grande empreinte.

La cuisine de ce restaurant est fort agréable sur un registre traditionnel. Le sommelier a bien accompagné notre voyage avec de grands vins. Notre petite confrérie a terminé son année 2012 sur un beau repas de fête.

Une incroyable plongée dans le monde de la Romanée Conti avec 46 vins du domaine dont 15 Romanée Conti, dont 6 préphylloxériques dimanche, 16 décembre 2012

Avertissement : il est apparu en 2014 que le « White Club » a eu l’habitude de pratiques frauduleuses. Certaines bouteilles ont été utilisées à plusieurs dégustations, ce qui conduit à penser qu’il y a eu des faux lors de cette dégustation. Les commentaires ne sont pas modifiés, mais cela montre que lorsque l’on est influencé par l’ambiance d’un événement que l’on croit authentique, on peut se laisser abuser. J’ai aidé les enquêteurs de cette affaire en fournissant mes témoignages et mes photos. Nul n’est à l’abri de ces faussaires.

1 – l’inscription
Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai aucune connaissance de ce qui adviendra demain. Je connais un négociant en vins installé en Italie, dont le nom est français. De temps à autre, mais  de façon régulière, je lui achète des vins. Il a décidé depuis quelque temps de faire des dîners de vins rares, un peu dans l’esprit des miens. Un jour, je lui écris que je trouve ses prix décalés par rapport à ce qu’ils devraient être. Il me répond : « pourquoi  ? Vous les trouvez trop chers ? ». Ceci prouve qu’il n’a pas compris ma remarque, alors qu’il vend du vin et en connait les prix. Ma critique portait sur le fait qu’il est malsain d’offrir des vins introuvables et non reproductibles à des prix qui s’apparentent à ceux des manifestations les plus banales sur le vin.

Peu de mois se passent et je reçois une offre pour un dîner avec une liste invraisemblable de vins rarissimes. C’est un choc, de voir que l’on propose autant de millésimes de Romanée Conti dont 1929 et 1945. Et je tourne la page pour regarder le prix. Je vois que mes remarques ont porté, car le prix proposé est à de larges coudées au dessus de tout ce que j’ai pu proposer de plus cher. La proposition ne manque pas d’air, mais le programme aussi. Je rangerais volontiers cette offre dans la fosse des idées sans suite mais il m’appelle et me dit : « compte tenu de votre expérience de la Romanée Conti, je vous propose de remplacer votre contribution financière par une contribution en Romanée Conti ».

Là, mon oreille écoute. Et comme on a mis au programme Romanée Conti 1945, il faut que je sorte mes plus belles bouteilles. Je lui propose d’apporter Romanée Conti 1922 et 1944, deux vins des vignes préphylloxériques, qui correspondent à la rareté de la 1945. Ma proposition est acceptée. Quelques jours plus tard, j’apprends que mon ami Tomo est inscrit à ce dîner. J’en suis heureux, car partager des raretés avec des inconnus n’a pas le même sel que quand c’est avec des amis.

Je prends la route pour me rendre à l’Hostellerie de Levernois où se tiendra l’un des trois repas de ce week-end vineux, et au moment de faire le plein d’essence de ma voiture, je lis un SMS du négociant annonçant qu’un des convives ne viendra pas et me demandant si je pouvais trouver un convive de remplacement. Avec cette si courte échéance, il est exclu de trouver quelqu’un. Mais si celui qui ne vient pas est l’auteur de la Romanée Conti 1945, cela change la donne. Car mes deux raretés se conçoivent – dans mon esprit – si elles se marient à la 1945, puisque j’ai choisi l’année qui est la plus proche de 1945, juxtaposition dont on imagine l’intérêt.

Arrivé à l’hôtel, je retrouve Tomo et nous décidons de dîner ensemble. L’organisateur, que je ne connais que par échanges de mails, est dans sa chambre et a commandé une collation en chambre. Peut-être veut-il ne pas être dérangé. Le suspense reste donc entier. Que se passera-t-il dans cette gigantesque dégustation de Romanée Conti légendaires ? Nous le saurons demain.

2 – dîner avec Tomo
Tomo et moi sommes inscrits à un gargantuesque week-end de Romanée Conti. Il y a une incertitude sur le programme puisque celui qui ne vient pas, dont l’absence est annoncée il y a quelques heures, est-il l’apporteur de la Romanée Conti 1945 ? Dilemme. Nous dînons au restaurant de l’Hostellerie de Levernois. La carte des vins est copieuse et intelligente, puisqu’on y trouve des prix qui donnent envie de boire. L’apéritif se fait avec un Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1995 d’un accomplissement réjouissant. Le vin est fumé, avec de belles évocations de fruits confits. Il est profond, intense. C’est un régal. Nous commandons un Chambolle-Musigny Les Amoureuses domaine Roumier 2007 dont nous savons que l’année est frêle, mais nous voulons profiter de sa délicatesse. Sur le risotto à la truffe noire, à la sauce d’une belle réduction, il apparaît que c’est le champagne qui est de loin le meilleur accompagnateur, alors que l’on aurait pu imaginer que le vin rouge eût convenu. Le terrain d’excellence du rouge, c’est le délicieux pigeon d’une qualité de chair remarquable. Mais une fois que l’on a vanté la délicatesse de ce vin tout en subtilité, force est de constater que ce n’est pas le manque de puissance qui gêne, puisque nous voulions cette année légère, mais c’est le manque de complexité. Et je dois dire que ce Roumier m’a un peu déçu. Et c’est sans doute la raison pour laquelle, alors que nous avons demain un programme surhumain, nous avons succombé au point d’aller dans le déraisonnable. Le chariot magnifique arrive et mon œil tombe sur le bleu de Termignon. Je fais une « fixation » chronique sur ce fromage qui me rend fou. Et j’ai l’intuition que ce qu’il nous faut, c’est un Château Grillet. La carte des vins a fort justement un 1987. Le bleu de Termignon avec le Château Grillet 1987, c’est une des preuves de l’existence de l’Himalaya gastronomique. Le vin est un chef d’œuvre et je dois bien avouer que jamais je n’aurais attendu un 1987 de Grillet a ce niveau stratosphérique. Le sommet de ce dîner, c’est le Château Grillet d’un équilibre que l’on croirait celui d’un riesling, d’une fraîcheur invraisemblable, et d’un équilibre hors norme. Ce vin fluide, droit, coulant comme une douceur coupable est une bénédiction. Je suis sûr que c’est lié à l’instant et que le même vin, un autre jour, n’apporterait pas la même émotion gustative. Mais il fut là, au bon moment, sur un bleu de Termignon exceptionnel. Alors, demain c’est l’inconnu du programme sur la Romanée Conti. Autant dormir et faire de beaux rêves.

3 – dégustation au domaine de la Romanée Conti
Le programme du week-end des inscrits au dîner de ce soir, commence par une visite au domaine de la Romanée Conti. Arrivé en avance, je bavarde avec Aubert de Villaine qui me demande combien nous serons. Lorsque je lui dis : « une quinzaine », il sursaute et me dit qu’il est exclu de boire les vins en fût si nous sommes quinze, car la distribution du vin à la pipette prendrait un temps trop long et serait difficile du fait de l’étroitesse des allées en cave. Dans la salle de réunion du siège du domaine, les visiteurs se présentent. Il y a des danois au sein desquels je reconnais avec plaisir Peter Siesseck, le vigneron propriétaire du célèbre vin espagnol Pingus, des italiens, des suisses, et peu de français.  Aubert de Villaine tient un aimable propos de bienvenue et nous conduit dans la cave où se tiennent traditionnellement les dégustations. A part Peter et Tomo, je ne connais personne et je fais la connaissance de René, danois vivant à Bâle, qui est en fait l’organisateur de la manifestation qui n’est pas un dîner comme je le croyais il y a quelques jours, mais un vrai week-end complet où le groupe, réuni sous la bannière du « White Club« , va boire les vins du programme et d’autres hors programme en trois repas officiels et trois repas informels.

Le seul vin qu’annoncera Aubert de Villaine, c’est le Vosne Romanée Domaine de la Romanée Conti 2004, car les autres seront bus à l’aveugle. Ce vin a un joli nez, un peu piquant et poivré. Il est de belle structure. C’est un vin généreux mais de petite longueur.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2006 a un nez plus intense et une bouche plus voluptueuse. C’est un vin raffiné, riche de bel équilibre. Je ressens sa finesse. Aubert de Villaine  dit qu’il est dans un moment d’adolescence. Il parle avec poésie de la colère du vin qui se sent enfermé dans sa bouteille et a envie de s’exprimer. J’aime beaucoup ce vin.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1999 est d’un style très différent. Il est plus court que le précédent mais plus riche. Je ressens de la verdeur dans le final. Le vin est un peu rêche mais l’on sent la finesse de la trame et du velouté.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1992 a un nez très joli. Aubert de Villaine  nous dit que l’année a été condamnée par les critiques. On sent un vin plus vieux, très délicat. Il a de la rondeur, mais il est servi froid, ce qui limite un peu le plaisir. On sent quand même son beau fruit et sa belle complexité. C’est un vin que j’ai toujours apprécié.

En sentant à l’aveugle la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1956, j’ai une illumination. Alors que je ne pratique pas la dégustation à l’aveugle et que je n’y excelle pas, cette illumination est incroyable : je suis sûr d’avoir reconnu le vin que nous buvons. Et ce qui est curieux, c’est que je n’ai pas le moindre doute. J’ose dire : « je sais ce que c’est » et c’est bien la Romanée Conti 1956 que j’ai déjà bue. Le nez est pour moi totalement Romanée Conti, avec cette suggestion de pétales de roses fanées. Le final est extraordinaire. Ce vin rebouché en 1995 est absolument immense. Son élégance est extrême. Aubert de Villaine  nous dit que c’est un vin dont la chair a disparu, qui vit dans une autre dimension, celle de l’esprit du vin. Pour moi, c’est l’âme de la Romanée Conti.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1977 a une couleur déjà marquée par l’âge. Le nez me gêne un peu. L’attaque en bouche est citronnée, très jolie, avec un petit manque de vivacité. Il faut attendre qu’il se réchauffe, car le miel apparaît. Le vin s’améliore et devient même grand. J’ai senti qu’Aubert de Villaine  était heureux de retrouver ces vins dont certains n’avaient été ouverts par lui qu’il y a longtemps. Tout le monde a apprécié la justesse et la pertinence de ses propos sur ses vins et son domaine. Chacun a été sensible a sa grande  générosité.

4 – déjeuner dans un petit château à Mercurey
En groupes dispersés nous nous rendons dans une grande demeure bourgeoise à Mercurey, qui loge tout le groupe à l’exception de mon mentor le négociant en vin, Tomo et moi.

Dans le grand salon aux papiers peints exotiques évoquant des richesses tropicales à la Douanier Rousseau, je vois sur une table un Chateau Palmer double magnum 2003 qui est ouvert. Alors que ce vin n’était pas inscrit au programme, j’imagine volontiers que nous irons de surprise en surprise. Je ne fus pas trompé ! Boire ce Palmer après la visite à la Romanée Conti, ce n’est pas un service à lui rendre ! Car le vin a des tannins très durs et fait un peu rustaud après les vins du domaine. On voit ainsi l’influence des conditions de dégustation.

L’apéritif, c’est en fait le Champagne Comtes de Champagne Taittinger Magnum 1985. Ce qui vient en premier avec ce champagne, c’est l’acidité. Quelques minutes plus tard, c’est le dosage qui apparaît. Ce champagne est normalement meilleur que celui que nous buvons ici.

Nous passons à la salle à manger où une grande table a été apprêtée, avec des verres de la maison Lalique dont le propriétaire fait partie du groupe. Il est l’un des sponsors de « White Club« , comme un fabricant de montres suisses et un producteur d’eau minérale, ce qui est pour le moins original.

Le repas est joliment réalisé, mais on ne cherche aucun rapport avec les vins. C’est un support de nourriture. Les vins sont servis en séries de cinq.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1989 a un nez assez fermé. Il faut dire que les verres Lalique, à mon avis, enferment les parfums au lieu de les épanouir. La bouche est d’une extrême délicatesse. C’est grand.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1996 est très joli, plus précis, plus tendu, plus vif.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2003, c’est le charme, l’élégance. Il est enjôleur, envoûtant. Il est plus strict dans le final. C’est à l’attaque qu’il gagne les cœurs. Quand il s’étend dans le verre, il est d’un velours extrême. Ce vin est fantastique.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2003 me frappe par sa profondeur. Il y a une belle complexité et la rose fanée que l’on n’est pas obligé de chercher. Elle est là. C’est incroyable comme elle est déjà expressive et longue. C’est une très belle réussite. Ce vin, c’est la longueur et la profondeur. Sa rémanence en bouche est infinie. La Tâche 2003 est plus généreuse et a un final plus glorieux, mais le vin est moins profond que la Romanée Conti 2003.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2005, c’est la joie de vivre, la tension extrême. Ce vin claque. Il n’est pas féminin, il fonce. Son final est magnifique.

Nous passons à la deuxième série.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1959 a un nez un peu évolué. Le vin est un peu coincé et je sens qu’il faut attendre, car la complexité est encore un peu timide. Elle est un peu décevante, car on en attend trop, un peu comme le Richebourg 1959 que j’ai ouvert récemment et qui m’a déçu. Mais quand il s’étend, il montre qu’il est grand.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1957 a un nez plus vivant. Le vin est plus vivant que le 1959. Sa trame est très belle. Le vin est très beau, vivant et expressif. Le vin est toutefois nettement moins émouvant que le 1956 ouvert à la dernière minute et froid dans les caves du domaine.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1947a un nez très beau. Sa bouche est d’une extrême présence. Il est un peu abîmé dans le final mais c’est un très beau vin. Quand il s’épanouit, il devient fantastique et je note : « ce vin vaut plus de 100 points ». Je note encore : « ce vin est fou ». C’est probablement l’un des plus grand vins de ce voyage dans la Romanée Conti. Son velours est légendaire. Je note toutefois que ce vin est moins complexe que la Romanée Conti 2003 qui me plait énormément.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1944même si elle est fatiguée est intéressante. Sa couleur est très brune. C’est un très beau vin avec un peu de café dans le goût.

La Tâche Romanée Chevillot négociant 1928 est un vin qui m’est totalement inconnu. C’est un vin mis en bouteille par un négociant, qui avait le droit d’embouteiller La Tâche et l’appelle Tâche Romanée. La couleur est très brune. Le nez est de charbon et de terre. La bouche est superbe, qui contraste avec l’œil et le nez. Le final est un peu vieux, mais le milieu de bouche est très émouvant. Le vin est très joli, même s’il a un peu de fatigue, car le message est intact et la trame est riche. Toutefois, ce vin est plus historique que réel.

Nous passons à la troisième série.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1997 est très généreuse et très Romanée Conti. C’est une Romanée Conti « naturelle », facile à vivre. Ce vin est « top ». Il est si facile !

Le vin joker est très joli. Je trouve des similitudes avec le vin précédent de 1997. C’est un  vin très beau et lui aussi très naturel. Je ne l’ai pas reconnu. C’est un Vosne Romanée  Cros Parantoux Henri Jayer 1988 un peu serré.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1978 a un bel équilibre et une belle opulence. Le vin est un peu torréfié et je commence a éprouver mes limites de dégustateur. Je le trouve lui aussi un peu serré.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti magnum 1982 magnifique est un vin généreux et opulent. Elle est très domaine de la Romanée Conti. C’est un vin magique. Quand il s’épanouit il devient fantastique. Il a l’âme du domaine de la Romanée Conti. Il est émouvant au possible.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1963 a un nez intense de truffe. C’est un joli vin. Au fil du temps il montre un peu sa fatigue. Au troisième passage, son final est fatigué.

L’intérêt des vins surprise, c’est qu’ils donnent une grande humilité au dégustateur. On reconnait assez facilement que c’est un bordeaux. A un moment, j’ai pensé Cheval Blanc, mais je n’ai pas gardé l’idée, car je ne le trouvais pas assez grand. Or il s’agit d’un vin mythique, Chateau Cheval Blanc 1982. Il faut dire qu’après des bourgognes, les choses ne sont pas faciles. Je ne peux pas dire que j’ai capté en le buvant ce qu’il représente en fait.

Et un nouveau point d’interrogation nous est servi. Le nez un peu camphré me fait penser à celui de l’Yquem 1941 que j’avais écarté, tant il me déplaisait, mais ici, le vin n’a pas souffert. Je pense à Lafaurie Peyraguey 1964, car il y a une richesse de botrytis qui me fait penser à ce vin. Et j’ai tout faux, car il s’agit de Chateau d’Yquem 1929. Honte sur moi. Mais il faut dire que je n’ai pas l’émotion que porte normalement ce vin immense.

5 – dîner à l’hostellerie de Levernois
Il est tard dans l’après midi après cette éblouissante présentation de vins rares. J’aurais aimé faire une sieste à l’hôtel, mais le devoir m’appelle, car je vais devoir ouvrir un très grand nombre de vins pour le dîner de ce soir. Nous rentrons Tomo et moi à Levernois. J’ai à peine le temps de me retirer dix minutes, et le plus invraisemblable amoncèlement de vins du Domaine de la Romanée Conti va passer entre mes mains, pour l’ouverture des bouchons. Si la qualité des bouchons des années récentes est irréprochable, il n’en est pas de même des bouchons anciens avec lesquels j’ai bataillé au point d’avoir très mal aux doigts de la main droite qui est celle qui tire doucement les bouchons. Pour la Romanée Conti 1983, le bouchon est aussi serré que tous ceux que j’ai ouverts et il me faut lutter comme un fou pour arriver à le sortir. Je suis bien évidemment intéressé par les deux vins que j’ai apportés. La Romanée Conti 1922 sent affreusement mauvais. Je suis triste car elle me semble perdue. La Romanée Conti 1944 au contraire a un parfum qui me plait. Souvenez-vous de ce que vous venez de lire, car le monde des vins anciens est un monde à surprises.


Et la Romanée Conti 1945, où est-elle ? Car c’est pour elle que je me suis inscrit. Lorsque nous étions à la Romanée Conti, Aubert de Villaine avait posé des questions sur son origine et René, l’animateur de White Club l’avait rassuré. Mais je ne la vois pas. Romain, le négociant qui m’avait fait m’inscrire à ces repas me demande de rejoindre René, qui m’explique que la bouteille qui lui a été vendue n’étant pas conforme à la photo de la bouteille qu’il voulait acheter, il l’a laissée sur place pour se faire rembourser. Conscient que je m’étais inscrit pour la 1945, il me promet qu’il fera un autre repas où figurera une 1945. Tout m’incite à faire confiance, et je continue à ouvrir les vins. Alors que je n’ai pas fini, les membres du groupe qui logent à Mercurey arrivent. Ma sieste passe aux oubliettes.

J’ai à peine le temps de me changer et je redescends dans un caveau où tout le monde prend l’apéritif avec un Champagne Perrier-Jouët jéroboam 1961. Puisqu’on est dans l’excès, pourquoi pas un jéroboam ! La couleur est trouble. Le champagne n’est pas désagréable, mais il n’est pas du tout ce qu’il devrait être. Je n’y touche qu’à peine, car il ne me plait pas. Avec Peter Sisseck, nous disons en plaisantant que c’est un vin qui a dû être stocké en évidence dans une boîte de nuit où il a souffert de la chaleur.

Quand on voit les choses en grand, ça vaut aussi pour la nourriture. Voici le menu dont ma balance se souvient encore, deux jours plus tard : huitre Gillardeau et Panna cotta d’oursin au caviar osciètre / marinière de coquillages et croustillant mimosa / l’œuf parfait aux cèpes, jambon Belotta et crème de poule faisane / coquilles Saint-Jacques aux truffes, poireau et céleri / homard cuit en carapace, Paccheri de King crabe au citron confit et artichauts / risotto Acquarello à la moelle et truffes noires / boudin blanc de perdreau aux châtaignes, foie gras de canard des Landes en infusion de cèpes / lièvre à la royale, chartreuse de chou et champignons des bois / fromages frais et affinés / variation de poire comice et caramel confiseur / tarte au chocolat Manjari, crème brûlée vanille Bourbon et glace ivoire.

Ce repas n’a pas du tout été pensé pour les vins, mais les plats ont été délicieux et bien exécutés. Ce fut largement trop copieux, mais nécessaire pour soutenir le rythme des vins.

Le programme n’avait prévu que des vins rouges et c’eût été difficile avec le début du menu, aussi René a ouvert un Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2007. Il est magnifique et l’on sent le lait et la pâtisserie. Il est riche, généreux, au final gourmand. Ce vin a une longueur extrême. Il est l’élégance incarnée.

Le Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2008 a un nez très élégant. Il est plus pétrole. Il est plus minéral et a plus de botrytis que le 2007. Ce vin est profond. On sent le miel. Autant le 2007 est prêt à boire maintenant avec plaisir autant il faut garder encore les 2008.

Les bouteilles que j’avais ouvertes étant manipulées dans tous les sens, je demande à René de les ranger dans l’ordre qu’il a prévu. Il y a sur une table 27 vins du domaine de la Romanée Conti. Nous nageons dans l’irréel.

Et, comme pour en ajouter une couche, René nous sert un vin mystère. Il est bu à l’aveugle par une table de quinze amateurs. Pratiquement tous ceux qui se sont exprimé ont proposé Pétrus. Et pour Pétrus, la plupart ont proposé 1961. Mon ami Tomo a proposé Pétrus 1998 et j’ai proposé Pétrus 1990. Quand on a la réponse, quelle surprise !!!  C’est Château Margaux 1900, à l’étiquette de Barton & Guestier, rebouché en 1999 sans que le nom Margaux ne figure sur le bouchon ce qui est curieux. Peter Siesseck me dit : ce vin est tellement jeune que si ce n’est pas Margaux 1900, il faudrait donner une médaille au vigneron qui a pu fabriquer un vin jeune aussi phénoménal.

Force est de dire que ce vin est hors du commun. C’est du 100/100 Parker, de façon évidente, mais c’est plus que cela. Equilibre, émotion, longueur, profondeur, tout y est. Et effectivement, je me suis trompé sur l’âge, mais ce n’est pas la première fois que des vins sublimes du passé bluffent tout le monde. Ce qui a conduit à Pétrus, c’est cette sensation de truffe, d’une rare précision. C’est une belle leçon et un vin splendide. Il a une perfection inimitable et une élégance absolue. Il pourrait bien être le gagnant de cette journée.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2007 a un nez très domaine de la Romanée Conti. La bouche est élégante mais aussi stricte et mesurée. C’est un vin élégant qui reste mesuré et courtois. C’est un grand vin.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2002 a un nez puissant de folle jeunesse. En bouche il est joyeux, tout en charme, mais aussi puissant. Il a tout à fait le style du domaine. Ce vin est glorieux.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1993 a un nez discret. La bouche se marie magnifiquement avec les cèpes. Ce vin est élégant, sans avoir la personnalité de La Tâche. Avec le temps il gagne du corps.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1997 reste stricte mais très domaine de la Romanée Conti.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1990 a un nez d’une pureté remarquable. Il est d’une élégance extrême. Il marie accomplissement et cohérence. Ce vin est dans un état de grâce. Il a une longueur infinie.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1983 a un nez subtil. Sur la Saint-Jacques à la truffe, le vin est glorieux. Il a une longueur infinie. J’aime cette Romanée Conti que j’ai bue de nombreuses fois. On voit que ce n’est pas une année de puissance mais le vin a une élégance à la Coco Chanel. La rose et le sel sont là.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1981 a un très joli nez. C’est beau en bouche même si l’on est très loin de la Romanée Conti 83.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 1975 a un nez très domaine de la Romanée Conti. Il y a beaucoup de sel. En bouche le vin est beaucoup plus gourmand que ce que le nez suggère. Ce vin se comporte nettement au dessus de ce qu’on en attendrait.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1973 a un nez très joli et une bouche gourmande. Quelle belle surprise pour un vin de cette année ! Les quatre derniers vins sont surprenants, car de petites années et brillants. La Romanée Conti 1983 a quelque chose de plus que les autres par la complexité de son final. Mais le plus incroyable et le gagnant de ces quatre est pour moi le 1975, contre toute attente et je suis ravi de voir qu’autour de la table, on pense comme moi.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1956 a un nez très domaine de la Romanée Conti avec une puissance rare. Il a des points communs avec la Romanée Conti 1956 de ce matin, mais servi à table, il est plus opulent. Il a un peu d’amertume en fin de bouche, mais le vin est très joli.

Le nez de la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1954 n’est pas parfait. En bouche, il est un peu fatigué, un peu « amantillado ». Il fait brûlé, mais il a quand même quelque chose à dire, ce qui rend la 1956 plus vivante encore.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1944 qui est mon apport a une couleur bien moche. Le nez est un peu vinaigre. En bouche le vin n’est pas stupide mais il est notoirement insuffisant. On sent un peu de chocolat. Il n’est pas mort en bouche, mais je suis furieux.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1945 a un nez un peu camphré. La bouche est belle même si un peu chimique. René est beaucoup plus tendre avec ce vin que je ne le suis. Cette série de quatre vins est faible, le 1956 étant le plus vivant, très beau.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 1943 ajouté pour me faire plaisir puisque c’est mon année a une belle couleur. Le nez a du champignon, dont l’intensité ne va jamais baisser. Il faut attendre pour le goûter, mais il ne deviendra jamais ce que j’ai connu de ce vin, un des plus grands du Domaine de la Romanée Conti que j’aie bu. L’odeur de champignon empêche de l’aimer.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti magnum 1940 a une couleur très brune. Le nez est correct mais limite. Le vin n’est pas mal, mais montre un peu trop de fatigue. Le final est trop fatigué.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti magnum 1940a une couleur aussi très fatiguée. Le nez est meilleur. En bouche, c’est très buvable même si c’est un peu fatigué. Le final est très limité.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1937 a une couleur beaucoup plus belle, même si elle est un peu trouble. Il y a un peu de tabac dans le nez de ce vin. Le vin a une belle attaque et un final un peu imprécis à ce stade.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti Van der Meulen 1929 a une couleur foncée. Le nez est très joli. On sent un vin un peu fortifié, un peu torréfié. C’est un beau vin, mais ce n’est pas la légende.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti Van der Meulen 1923 a une couleur aussi foncée. Le nez est très velouté et c’est le premier vin dont je sens la fraîcheur mentholée. C’est le 1929 en nettement mieux. C’est un très grand vin et l’expression d’un vin préphylloxérique.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1922 qui est mon deuxième apport a une couleur claire. Il est magnifique. C’est le meilleur des vins de cette série à quatre Romanée Conti. Il a la fraîcheur et une tension extrême. Je suis tellement content que ce vin rattrape le 1944.

La Romanée Conti 1937 s’améliore et on peut constater que les 22 et 37 ont des couleurs claires et sont définitivement ce que la Romanée Conti doit être, alors que les 23 et 29 ont des couleurs plus foncées et donnent l’impression que les vins ont été fortifiés par Van der Meulen. Le 1937 s’est amélioré et ressemble beaucoup au 1922 qui est maintenant royal. Si on se souvient bien, le 1922 sentait la mort et le 1944 avait un beau parfum. Les voies du vin sont impénétrables.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1935 a un très joli nez de Romanée Conti. En bouche, c’est une très grande Romanée Conti. Le match est ouvert entre 1922, 1935 et 1937. C’est peut-être le 1935 qui est le plus riche, mais il est peut-être aussi légèrement fortifié. C’est donc le 1922 qui gagne devant 1937 et 1935 cependant que le 1923 devient de plus en plus charmant.

Peut-on imaginer que nous venons de boire six vins de Romanée Conti de vignes préphylloxériques : 1922, 1923, 1929, 1935, 1937, 1944 ! Le 1935 a une grande puissance, de l’alcool, mais c’est un beau vin, le 1923 devient plus élégant, poivré, c’est un grand vin même s’il a été un peu aidé. Le 1922 est l’élégance absolue, avec le raffinement et la pureté de la Romanée Conti. Le 1937 est la délicatesse, le petit frère du 1922 même s’il est un peu moins beau. La fraîcheur mentholée du 1935 est étonnante car inhabituelle.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1962 a une couleur entre brun et rouge. Le nez est grandiose. Le vin est doux mais profond. C’est un très grand vin mais ce n’est pas la légende que j’attendais.

La dernière goutte du 1922 est de la rose pure. Je suis ému.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1959 a la même couleur que le 1962. Le nez est imparfait. La bouche est beaucoup plus gourmande. Il est généreux mais il n’est pas parfait. Décidément, je n’ai pas de chance avec les 1959.

Ce qu’on peut constater, c’est que tous les vins jeunes et les plus vieux sont spectaculairement bons. Ce sont les vins des âges intermédiaires des années 40 et 50 qui ont posé des problèmes. Quand on constate que la Romanée Conti 1956 bue en cave est sans doute l’une des plus belles de ce jour, cela montre qu’il y a un vrai problème de conservation des vins des années des décennies 40 et 50. Mais le positif gagne tellement devant le négatif que je vis un moment unique.

René, en mal de générosité, demande si nous avons encore de l’énergie. Je dis oui. Et arrive le vin que j’appelle « le vin John Wayne ». Dans tous les westerns de cet acteur américain, la victoire arrive toujours au dernier moment du film.  Eh bien, la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1969, c’est un peu ça. Elle a une couleur claire, un nez authentique de Romanée Conti. Elle est parfaite, élégante, belle, même s’il y a un petit manque de tension. Au point où nous en sommes, elle cohabite avec le dessert au chocolat, mais à ce stade, nous sommes capables de nous consacrer au vin uniquement, l’un des plus beaux de ce soir.

6 – commentaires et conclusions
Un tel rythme est tellement déraisonnable que j’avais annoncé que je ne viendrai pas au déjeuner du lendemain prévu au programme pour lequel je m’étais engagé. L’idée d’abandonner un repas où 17 vins du Domaine de la Romanée Conti vont être ouverts incluant La Tâche 1990 pourrait paraître de la folie. Mais la folie eût été de m’y rendre.

Que retenir de cette extravagance absolue ? Voici un groupe cosmopolite de fondus de vins qui ont les moyens financiers pour affronter les plus rares vins de la planète. Quand on a les budgets, on peut chasser l’étrange et le rare. C’est la profusion qui commande, plus que la mesure. On peut critiquer, mais René l’a fait avec une telle générosité que son sens du partage ne peut qu’être respecté.

Il y a bien sûr l’absence de la Romanée Conti 1945, qui était le motif de mon inscription. Si une autre Romanée Conti 1945 est ouverte, ce sera un plaisir de plus.

Ce qui reste pour moi, c’est surtout cette plongée unique dans l’histoire du goût de la Romanée Conti. J’ai maintenant des notes sur plus de 300 vins du domaine, en près de 70 millésimes différents. J’ai donc conforté une vision assez pénétrante des vins de ce domaine. J’en suis profondément reconnaissant aux auteurs de cet événement unique. Je ne l’aurais jamais fait comme cela. Mais vive la différence. Et vive la Romanée Conti.

AN INCREDIBLE EXPLORATION OF THE WORLD OF ROMANÉE CONTI dimanche, 16 décembre 2012

AN INCREDIBLE EXPLORATION OF THE WORLD OF ROMANÉE CONTI, WITH 46 WINES FROM THE DOMAINE, INCLUDING 15 ROMANÉE CONTI, 6 OF WHICH ARE PREPHYLLOXERIC

Warning : there is a big concern about the authenticity of several wines, as it appears that some bottles have been used twice or more after being refilled. I did not change my comments, as it shows that everyone can be fooled when he is in an atmosphere which is considered as offering honesty. It is a good lesson.

1 – THE REGISTRATION

As I write these lines, I have no idea as to what will happen tomorrow. I know a wine merchant who lives in Italy, whose name is French. From time to time, but not regularly, I buy wine from him. He has of late started organising dinners based on rare wines, in a similar fashion to the ones I organise. One day, I write to him to inform him that I find his prices out of proportion with what they should be. He answers: “Why? Do you find my prices too high?” This proves that he has misunderstood me, for his job is to sell wine, and he knows the current prices. My criticism was targeting the fact that I find it unreasonable to find one-of-a-kind, extremely rare wines at prices quite close to those of the most banal of wine events.

A couple of months later, I receive an offer for a dinner with an unbelievable list of extremely rare wines. It is quite shocking to see so many vintages of Romanée Conti, including 1929 and 1945. I turn the page to have a look at the price, and realise that my remarks have had an effect, for the demanded participation fee is way above all the fees that I have ever asked, even for my most expensive dinners. This offer has got some nerve, and so does the program. I would happily file this offer in the cabinet of forgotten proposals, but the wine merchant calls me and tells me: “Taking into account your Romanée Conti experience, I suggest that you replace your participation fee by a contribution in Romanée Conti.”

This sparks my interest. And since a 1945 Romanée Conti has been included on the list, I need to match this with my most prestigious bottles. I offer to bring a 1922 and a 1944 Romanée Conti, two wines from prephylloxeric vines, which can match the rarity of the 1945. My offer is accepted. A few days later, I learn that my friend Tomo will also take part in this dinner. This pleases me, for sharing such rare wines with strangers is not as rewarding an experience as sharing them with friends.

I drive down to the Hostellerie de Levernois where one of three scheduled meals of this wine weekend is to take place and, as I fill up the tank of my car, I receive an SMS from the wine merchant, informing me that one of the guests will not show up and asking me if I can find a last-minute replacement. At such short notice, it is clearly impossible to find someone. But if the guest who will be a no-show is the one who was supposed to bring the 1945 Romanée Conti, this changes things. Because in my mind, my two rarities cannot be fully embraced if they are not paired with the 1945, for I chose the closest vintages to the 1945, to create what could be an interesting juxtaposition.

I arrive at the hotel and find Tomo; we decide to have dinner together. The merchant who is my contact for this event, who I know only via emails, is in his room and has asked for room service. Maybe he doesn’t want to be disturbed. The suspense is still ongoing. What will happen during this massive tasting of legendary Romanée Conti? Tomorrow will tell.

2 – DINNER WITH TOMO

Tomo and I have signed up for a gargantuan Romanée Conti week-end. There is an uncertainty about the program, because it is possible that the guest who confirmed, only a few hours ago, that he will not show up could be the one bringing the 1945 Romanée Conti. That puts me in a bit of a pickle regarding my own contribution to this dinner.

We are having dinner at the restaurant of the Hostellerie de Levernois. The wine list is quite copious and smart, since the prices certainly whet the appetite. We start our aperitif with a 1995 Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs which is delightfully accomplished. It is a smoky wine, with beautiful hints of candied fruit. It is deep and intense—a real delight.

We order a 2007 Chambolle-Musigny Les Amoureuses domaine Roumier ; we know it is a light vintage, but we want to enjoy its delicacy. With the black truffle risotto and its beautifully concentrated sauce, it turns out that the champagne is the best pairing by far, whereas one could have thought that it would have been with the red wine. But the latter excels with the delicious pigeon and its remarkably meaty texture. And yet, once we have marveled at the delicacy of this extremely subtle wine, we are forced to admit that it is lacking something; it is not power, for we asked precisely for this light vintage, but a lack of complexity. And I have to say that I was slightly disappointed with this wine from Roumier, which is probably the reason why, despite an out-of-this-world program already scheduled for tomorrow, we yield to temptation and are unreasonable. A wonderful cheese selection arrives and a blue cheese from Termignon catches my eye. I suffer from a chronic infatuation with this cheese which drives me crazy. And my intuition tells me that we need to pair it with a Château Grillet.

The restaurant wine list indeed includes a 1987. The blue cheese from Termignon paired with this 1987 Château Grillet is a definite proof of the existence of gastronomic nirvana. This wine is a masterpiece and I have to admit that I would never have expected a 1987 Château Grillet to reach such heights. It is the acme of this dinner, offering a balance similar to a Riesling, an unbelievable freshness, and an unparalleled balance. It is fluid, straight, smooth like a forbidden fruit—a real blessing. I am convinced that this has to do with a particular moment in time and that the same wine, on another day, would not create the same taste pleasure. But right here, right now, it pairs exceptionally well with the blue cheese from Termignon.

We still do not know what tomorrow will bring concerning the Romanée Conti wine list. We might as well go to sleep and dream sweet dreams.

3 – WINE TASTING AT THE DOMAINE DE LA ROMANÉE CONTI

The weekend program for the participants of tonight’s dinner starts with a visit of the Domaine de la Romanée Conti. Since I show up a bit ahead of schedule, I have a chat with Aubert de Villaine who asks me how many people are supposed to take part. When I answer that there should be about fifteen people, he is startled and tells me that it is not possible to taste straight from the barrel if there are fifteen of us, since distributing wine with the pipette would take too long and would be difficult because of the limited space in the cellars. In the meeting room at the domaine’s headquarters, the guests start to arrive. There are some Danes—among whom I am happy to recognise Peter Sisseck, the winemaker-owner of the famous Spanish wine Pingus—along with some Italians, Swiss, and only a couple of French people. Aubert de Villaine greets us cordially, and directs us to the cellars where the tastings are traditionally organised. Except for Peter and Tomo, I don’t know anyone in our group, and I make the acquaintance of René, a Dane who lives in Basel, and the organiser of this event. I learn that this indeed is not a dinner as I still thought it was a couple of days ago, but a real complete week-end during which this group, which gathers together the members of the “White Club”, will drink the wines in the program, as well as other non-programmed ones, during the course of three official meals and three non-official meals.

The only wine that Aubert de Villaine will announce is the 2004 Vosne Romanée Domaine de la Romanée Conti, for all the others will be tasted blind. It has a pleasant nose, slightly tart and peppery. It is well structured. It is a generous yet quite short wine.

The 2006 Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti has a more intense nose, and is more voluptuous in the mouth. It is a refined, rich, well-balanced wine. I can taste its subtlety. Aubert de Villaine explains that it is still in its adolescence. He talks quite poetically of the anger of the wine, still repressed in its bottle, desperate to express its personality. I really like this wine.

The 1999 Echézeaux Domaine de la Romanée Conti is of a very different style. It is shorter than the previous one, but richer. I detect a slight green taste in the finish. The wine is marginally unripe, but it is possible to taste its delicate thread and its mellowness of texture.

The 1992 La Tâche Domaine de la Romanée Conti has a very beautiful aroma. Aubert de Villaine tells us that this vintage was written off by wine critics. One can taste an older wine, very delicate, round, but it is served cold, which limits the pleasure. However, it is possible to taste its fruitiness and its beautiful complexity. It is a wine that I have always appreciated.

The next wine is tasted blind again, and as I smell the 1956 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti, I have an epiphany. I do not train in the art of blind tasting, nor do I excel in it, but it is a truly unbelievable revelation. I am convinced that I have recognised the wine we are drinking. And the curious thing is that I have absolutely no doubt about it. I dare to announce that I know what wine it is, and it is indeed the 1956 Romanée Conti which I have already tasted in the past. I feel it has the archetypal Romanée Conti nose, with those hints of wilted rose petals. The finish is extraordinary. This wine has been recorked in 1995 and it is absolutely immense. It is of extreme elegance. Aubert de Villaine explains that this is a disembodied wine, which has shed its mortal body and lives in another dimension altogether, that of the spirit of wines. For me, this wine is the soul of the Romanée Conti.

The 1977 Montrachet Domaine de la Romanée Conti is of a colour that already shows signs of age. I have a slight problem with the nose. The attack in the mouth is lemony, quite beautiful, with a slight lack of liveliness. When it is left to warm up for a bit, the taste of honey appears. The wine then improves and even becomes great.

I feel that Aubert de Villaine is happy to be reacquainted with these wines, some of which he had not opened in a long time. Everyone can appreciate his pertinence and accuracy when describing his wines and his domaine. Everyone is moved by his great generosity.

4 – LUNCH AT A SMALL MANOR IN MERCUREY

Without a clear plan of action, we separate into small groups and head for a great bourgeois manor house in Mercurey which hosts the whole group except for my mentor the wine merchant, Tomo, and myself.

In the great lounge with exotic wallpaper that evokes the tropical richness of the Douanier Rousseau, I can spot on one of the tables a 2003 double magnum of Château Palmer, uncorked. While this wine was not on the list, I can easily imagine that we will go from one surprise to the next—and I will not be disappointed. To drink this Palmer after our visit at the Romanée Conti is somehow a disservice to the Bordeaux wine, for it has really hard tannins and comes across as a bit rough after the wines of the Domaine. This goes to show that tasting conditions have a clear influence on one’s perception.

The apéritif turns out to be the 1985 magnum of Champagne Comtes de Champagne Taittinger. The first impression that is given by this champagne is of acidity. A few minutes later, it is the dosage that comes through. This champagne is usually better than the one we drink today.

We head for the dining room where a long table has been prepared with glasses from the Lalique company, whose owner is part of our group. He is one of the sponsors of the White Club, along with a Swiss watchmaker and a producer of mineral water, which is original to say the least in a wine tasting.

The meal is beautifully executed, but without looking for wine pairings. It just provides sustenance. The wines are served in flights of five.

The nose of the 1989 Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti is relatively closed. I personally feel like the Lalique glasses confine the aromas of the wines to the glass instead of contributing to their expansion. The mouth is extremely delicate. It is a great wine.

The 1996 Richebourg Domaine de la Romanée Conti is very beautiful, offering more precision, more tightness, and more liveliness.

The 2003 La Tâche Domaine de la Romanée Conti is nothing but charm and elegance. It is slick and seductive. It is stricter in the finish. It wins us over with its attack, and when it expands in the glass, it becomes extremely velvety. This wine is fantastic.

The 2003 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti strikes me with its depth. It has beautiful complexity and willingly displays an aroma of wilted rose. No need to look for it, it is there, already incredibly expressive and long. It is a beautiful achievement. This wine is about length and depth. Its persistence in the mouth seems like it will never end. The 2003 La Tâche is more generous and has a more glorious finish, but is less deep than the 2003 Romanée Conti.

The 2005 Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti expresses true joie de vivre and extreme tension. It cracks like a whip. It is not feminine, it charges in. Its finish is wonderful.

We now turn to the second flight.

The 1959 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti has a slightly evolved nose. The wine is a bit inhibited, and I can feel that we ought to be patient, for its complexity is still a bit shy. This wine is slightly disappointing, but too much is expected of it, a bit like the 1959 Richebourg that I opened recently and which disappointed me. But when it expands, it shows how great it can be.

The 1957 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti has a livelier nose. The wine is definitely more alive than the 1959. It has a beautiful texture. It is very pretty, lively and expressive. However, it is undoubtedly less moving than the 1956 that was opened at the last minute this morning and served cold in the cellars of the Domaine.

The 1947 La Tâche Domaine de la Romanée Conti has a very beautiful bouquet. It is extremely assertive in the mouth. It is slightly damaged in the finish but it is a truly beautiful wine. When it expands, it becomes fantastic, and I write down that “this wine is worth over 100 points”, and also “what an insane wine!” It is probably one the greatest wines of this journey through the world of the Romanée Conti. Its velvety texture is legendary. However, I notice that it is less complex than the 2003 Romanée Conti of which I am enormously fond.

The 1944 La Tâche Domaine de la Romanée Conti is interesting, even though it is somewhat tired. It is of a very brown colour. It is a very beautiful wine, with a slight taste of coffee.

The 1928 La Tâche Romanée Chevillot négociant is completely unknown to me. It has been bottled by a wine merchant who was allowed to bottle La Tâche and to call it Tâche Romanée. It is of a very brown colour. Its nose smells of coal and earth. The mouth is superb, contrasting with the sight and the smell. It shows its age in the finish, but the mid-palate is very moving. It is a very beautiful wine, even though it is a bit tired, for its message is still intact, and the texture is rich. It is, however, more historical than real.

We now turn our attention to the third flight of wines.

The 1997 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti is very generous, and typical of the Romanée Conti. It is a natural Romanée Conti, easy to understand—a top-of-the-range wine, so easy to drink!

The joker wine is quite beautiful. I find similarities with the 1997 wine we have just tasted. It is very pretty, and very natural too. I do not identify it. It is a slightly tight 1988 Vosne RomanéeCros Parantoux Henri Jayer.

The 1978 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti has beautiful balance and richness. The wine has slightly roasted flavours and I feel like I am reaching my tasting limits. Again, I find this wine to be a bit tight.

The magnum of 1982 La Tâche Domaine de la Romanée Conti is a magnificently generous and opulent wine. It is another signature wine of the Domaine de la Romanée Conti, a magical wine which becomes fantastic when it expands in the glass. It has the soul of the domaine, and moves me beyond measure.

The 1963 Richebourg Domaine de la Romanée Conti has an intense aroma of truffles. It is a pretty wine, but it gradually shows signs of exhaustion. When I come back to it for the third time, its finish is tired.

The interest of unplanned wines is that they force a certain humility upon the wine taster. It is quite easy to identify that the next wine comes from Bordeaux. I think of Cheval Blanc for a second, but dismiss the idea because I didn’t find it great enough. It turns out to be a mythical wine—1982 Château Cheval Blanc. Admittedly, it is not easy to come after the Burgundy wines. When I drink it, I cannot claim to be able to fully embrace what this wine actually represents.

And then, another mystery is served to us. The moderately camphorated nose makes me think of a 1941 Yquem—the very same that I put aside in one of my recent dinners because it displeased me so much—but here, the wine has not suffered. I think of a 1964 Lafaurie Peyraguey, because of its botrytised richness. It turns out I am completely wrong, for it is actually a 1929 Yquem. Shame on me! But I have to point out that I do not perceive the emotion that is normally expressed by this tremendous wine.

5 – DINNER AT THE HOSTELLERIE DE LEVERNOIS

It is now late in the afternoon. We have just finished this dazzling presentation of rare wines. I would have liked to take a nap at the hotel, but time waits for no man, and I have an impressive number of wines to uncork for tonight’s dinner. Tomo and I head back to Levernois. I barely have ten minutes to catch my breath and now have to face the most unbelievable accumulation of wines from the Domaine de la Romanée Conti, and I will handle them all and uncork them one by one. If the quality of the corks for the recent vintages is beyond reproach, it is not the same for the old corks which I have to struggle with, to such an extent that the fingers of my right hand—the one that pulls gently on the cork—begin to ache. For the 1983 Romanée Conti, the cork is far more compressed than all the others and I have to fight like a mad man to pull it out. Naturally, I am interested in the two wines I brought with me. The 1922 Romanée Conti has a horrible aroma. I am saddened for it seems to be beyond help. The 1944 Romanée Conti has, on the other hand, an aroma that I really like. Please remember this and keep reading, you will see how surprising the world of vintage wines can be.

And where is the 1945 Romanée Conti? For my signing up for this dinner was based on its presence. When we were at the domaine this morning, Aubert de Villaine asked questions about its origin, and René, the master of ceremonies, had reassured him. But I can’t see it. Romain, the wine merchant who had pressed me to join those dinners, asks me to go and talk to René, who explains that the bottle that was sold to him doesn’t correspond to the photo of the bottle that he intended to buy, and that he had therefore not picked it up and asked for a refund. As he is well aware that I had decided to take part in this dinner because of the 1945, he promises that he will organise another dinner with a 1945. Everything tells me that I can trust him, and I keep opening the wines. I am not finished and already the members of the groups that stay at Mercurey begin to arrive. I can consign my nap to oblivion.

I barely have time to get dressed and walk back down to a cellar where everyone is enjoying an aperitif with a jeroboam of 1961 Champagne Perrier-Jouët. Why not, considering excess seems to be the word of the day! The colour is hazy. It is not disagreeable, but it is absolutely not what it should be. I hardly drink of it, because I don’t like it. With Peter Sisseck, we joke about the fact that it was probably stored and displayed on a shelf in a nightclub where it was damaged by the heat.

When you think on a big scale, it also includes the food. Here is the menu which still makes quite an impression on my scales two days later: Gillardeau oysters and sea urchin panna cotta with Osciètre caviar / Shellfish broth and mimosa crispy wafer / The perfect egg with porcini, Belotta ham and hen pheasant cream / Scallops with truffles, leek and celery / Lobster cooked in its shell, paccheri pasta stuffed with King crab, preserved lemon and artichoke / Acquarello risotto with bone marrow and black truffles / White boudin of young partridge with chestnuts, duck foie gras from the Landes region, infused in a porcini broth / Lièvre à la royale, cauliflower terrine and wild mushrooms / A selection of fresh and matured cheeses / Variations on the comice pear with caramel / Manjari chocolate tart, crème brûlée with Bourbon vanilla, ivory ice-cream.

This meal was absolutely not imagined to pair with the wines, but it is delicious and beautifully executed. It was way too copious, but necessary to sustain the rhythm of the wines.

On the program, there are only red wines, which would have been difficult, considering the beginning of the menu. As a result, René insists we open a 2007 Montrachet Domaine de la Romanée Conti. It is splendid and it smells of dairy products and patisserie. It is rich, generous, very tasty in the finish, extremely long. It is elegance incarnate.

The 2008 Montrachet Domaine de la Romanée Conti has a very elegant nose. It has more of a petrol aroma. It is more mineral, and has more botrytis than the 2007 one. It is a deep wine. There is an aroma of honey. If the 2007 is pleasant and ready to drink now, the 2008 should be kept in the cellar for a bit longer.

Since the bottles that I opened go from one pair of hands to the next, I ask René to reorganise them in the order of the program. On the table, there are 27 wines from the Domaine de la Romanée Conti. This is completely surreal.

And as if that isn’t already enough, René decides to pour us a mystery wine. It is tasted blind by our table of fifteen wine enthusiasts. Practically everyone suggest Pétrus; more precisely, the majority suggest 1961 for the vintage. My friend Tomo thinks of 1998, whereas I think of 1990. What a surprise when we discover it is actually a 1900 Château Margaux, with a Barton & Guestier label, recorked in 1999 and oddly, without the name Margaux written on the cork. Peter Sisseck tells me that this wine is so young that if it actually is not 1900 Château Margaux, an award should be given to the winemaker who has managed to create such a phenomenal young wine.

And indeed this wine is absolutely out of this world. It is worth a hundred Parker points, that is obvious, but it is so much more than that. Balance, emotion, length, depth—it has everything. And I have indeed made a mistake about its age, but it is not the first time that sublime vintage wines fool everyone. The reason everyone thought of Pétrus was because of this truffle taste, of rare precision. It is a beautiful lesson, and a splendid wine. It has inimitable perfection and absolute elegance. It could very well be the winner at the end of the day.

The 2007 Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti has a nose which is typical of the Romanée Conti wines. The mouth is elegant, but also strict and restrained. It is an elegant, measured and pleasant wine—a great wine.

The 2002 La Tâche Domaine de la Romanée Conti has a powerful and insanely young nose. In the mouth it is happy, charming, but also powerful. It clearly has the style of the domaine. It is glorious.

The 1993 Echézeaux Domaine de la Romanée Conti has a subdued bouquet. The mouth flavours pair magnificently with the porcini. It is elegant, but doesn’t have as much personality as the La Tâche. It gradually gets more full-bodied.

The 1997 Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti remains austere, but typical of the domaine wines.

The 1990 Richebourg Domaine de la Romanée Conti is remarkably pure on the nose. It is extremely elegant, balancing accomplishment and coherence. This wine is in a state of grace. It is of infinite length.

The 1983 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti has a subtle bouquet. Paired with the scallops and truffles, it is glorious. It is infinitely long. I love this Romanée Conti which I have already tasted many times in the past. It is clearly not a powerful vintage, but it is as elegant as Coco Chanel. I can taste the rose and the salt.

The 1981 Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti has a very beautiful nose. It is beautiful too in the mouth, even though it really does not compare with the 1983 Romanée Conti.

The 1975 Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti is really typical of the wines of the domaine. Salt is very present. In the mouth, the wine is much tastier than the nose promises it to be. It performs much better than could have been expected.

The 1973 La Tâche Domaine de la Romanée Conti has a very beautiful bouquet and is quite tasty in the mouth. What a pleasant surprise coming from that vintage! The last four wines are surprising, for they come from small vintages, but turn out to be brilliant. The 1983 Romanée Conti has a little something extra because of the complexity of its finish, but the most unbelievable of the four, which against all odds comes on top for me, is the 1975, and I am delighted to see that around the table, the other guests think so too.

The 1956 Richebourg Domaine de la Romanée Conti has the signature bouquet of the Romanée Conti wines, with a rare power. It has similarities with the 1956 Romanée Conti of this morning, but being served at the table, it is more opulent. It has a slightly bitter finish, but it is a very beautiful wine.

The nose of the 1954 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti is not perfect. In the mouth, the wine is slightly tired and evokes an amontillado. It tastes burnt, and yet it has something to say, which makes the 1956 even more alive.

The 1944 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti, which is one of my contributions, has a very unappealing colour. There is a hint of vinegar on the nose. In the mouth, it is not a complete blank, but it is definitely not up to the standards of the domaine. There is still a faint trace of chocolate. It is not dead in the mouth, but I am really furious.

The 1945 Richebourg Domaine de la Romanée Conti has a slightly camphorated nose. The mouth is beautiful even though it is a little bit chemical. René is much nicer to this wine than I am. This is a weak flight of wines. The 1956 emerges as the most alive of the four, and quite beautiful it is too.

The 1943 Richebourg Domaine de la Romanée Conti, which was added to the list to please me as a reminder of my birth year, has a beautiful colour. It evokes mushrooms on the nose, and its intensity will never weaken. We ought to wait before tasting it, but it will never turn into the memory of what I have experienced with this wine, one of the greatest I have ever tasted from the domaine. This mushroom aroma prevents you from falling in love with it.

The magnum of 1940 Richebourg Domaine de la Romanée Conti is of a very brown colour. The nose is okay, but borderline faulty. It is an acceptable wine, but it shows too many signs of exhaustion. The finish is too tired.

The magnum of 1940 La Tâche Domaine de la Romanée Conti is also of a very tired colour. The nose is better. In the mouth, it is perfectly drinkable, even though it too is slightly tired. The finish is very limited.

The 1937 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti is of a much more beautiful colour, even though it is slightly hazy. There is a hint of tobacco on the nose. The attack is beautiful, but the finish lacks precision at this moment of its life.

The 1929 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti Van der Meulen is of a dark colour. The nose is very pretty. One can smell a wine which is slightly fortified, and roasted aromas too. It is a beautiful wine, but it is not the legend it is supposed to be.

The 1923 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti Van der Meulen is also of a dark colour. The nose is very velvety, and it is the first wine in which I can perceive that menthol freshness. It has the same profile as the 1929, only much better. It is a great wine, and the true expression of a prephylloxeric wine.

The 1922 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti is my second contribution to this dinner. It has a clear colour and is wonderful. It is the best of this flight which includes four Romanée Conti. It combines freshness and extreme tension. I am so happy that this wine makes up for the disappointing 1944.

The 1937 Romanée Conti is improving. Both the 1922 and the 1937 have clear colours and are definitely what a Romanée Conti is supposed to be, whereas the 1923 and 1929 are of darker colours and give the impression that they were fortified by Van der Meulen. The 1937 has improved and is quite similar to the 1922 which is now regal. If we go back a couple hours, the 1922 was smelling of death and the 1944 had wonderful aromas. Wines evolve in mysterious ways!

The 1935 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti has a very pretty and typical nose of Romanée Conti. In the mouth, it is a truly great Romanée Conti. The race is on between the 1922, the 1935 and the 1937. The 1935 is probably the richest, but it could also have been slightly fortified. The 1922 is therefore the winner for me, ahead of the 1937 and the 1935, while the 1923 is turning out to be a more and more attractive outsider.

One can hardly imagine that we have just tasted six Romanée Conti made from prephylloxeric vines—1922, 1923, 1929, 1935, 1937 and 1944! The 1935 has great power, alcohol, and is a beautiful wine; the 1923 is becoming more elegant, peppery, and it is a great wine, even if it had a little bit of help; the 1922 epitomises elegance, with all the refinement and purity of the Romanée Conti; the 1937 is nothing but subtlety, a little brother to the 1922, even if it is not as pretty; the menthol freshness of the 1935 is surprisingly unusual.

The colour of the 1962 La Tâche Domaine de la Romanée Conti hesitates between red and brown. The nose is magnificent. It is a soft yet deep wine. It is another truly great wine, but not the legendary wine I was expecting.

The last drop of the 1922 is pure rose. I am deeply moved.

The 1959 La Tâche Domaine de la Romanée Conti is of a similar colour to the 1962. The nose is not perfect, but the mouth is a lot tastier. It is generous but imperfect. 1959 is definitely not my lucky number.

It appears that all the young wines, as well as the oldest ones, are spectacularly good. It is the mid-life wines, from the 1940s and 1950s, which are problematic. When you realize that the 1956 tasted this morning in the cellars of the Domaine de la Romanée Conti is one of the most beautiful of the day, it suggests that there is a real storage problem with the wines from the 1940s and the 1950s. But there is so much more positive than negative in today’s tastings that it allows me to experience a truly unique moment.

René, who still believes he has not been generous enough, asks if we still have some energy left. I say yes. And then enters what I will call the John Wayne wine. In all the westerns of this American actor, victory is decided in the last minutes of the movie. And it is more or less what happens with the 1969 Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti. It is of a clear colour, with the authentic bouquet of the Romanée Conti. It is perfect, elegant, beautiful, even though it shows a tiny lack of tension. It turns up to be paired with the chocolate dessert, but at this point, we are capable of focusing exclusively on the wine, one of the most beautiful of the evening.

6 – COMMENTARIES AND CONCLUSIONS

Such a rhythm is so excessive that I have announced that I will not take part in the lunch scheduled for the next day, which I had originally signed up for. The idea of letting go of the opportunity of a meal with 17 wines from the Domaine de la Romanée Conti—including a 1990 La Tâche—can seem utter folly. But it would indeed have been sheer madness to have taken part in it.

What can we learn from this absolute extravaganza of a tasting? Here is a cosmopolitan group of wine buffs who have the financial means to indulge in the rarest wines in the world. When you have the budget for it, why not hunt for the strange and rare? The order of the day was profusion, not measure. One could criticise this excess, but René did it with such generosity that you can only respect this desire to share.

Of course, the 1945 Romanée Conti was a no-show, and it was the wine that had made me sign up for this dinner in the first place. If another 1945 Romanée Conti ends up being opened on another occasion, it will be an extra pleasure for me.

What remains, for me, is this unique exploration in the taste history of the Romanée Conti. I now have notes on more than 300 wines from the domaine, spanning 74 different vintages. I have therefore confirmed a significant insight into the wines of this domaine. I am deeply grateful to the organisers of this once-in-a-lifetime event. I would never have organised it that way. But different can sometimes be good. And long live the Romanée Conti!

A 12h 12mn et 12 secondes le 12/12/12 mercredi, 12 décembre 2012

Dans mon entreprise industrielle, à 12h 12mn et 10 secondes, j’avais le bouchon en main. J’essaie de le tourner. Trop serré, je n’arrive pas à l’ouvrir.
Un collaborateur prend les choses en mains et l’ouvre, mais à 12h 12mn et 24 secondes.
A 12 secondes près, on ne va pas chercher la petite bête.

Par un hasard non calculé, nous étions douze à boire le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 en magnum.

Tout le monde a apprécié ce champagne intense, au fruit fort, aux saveurs de citron confit. Un champagne que j’aime beaucoup.

Je suis heureux d’avoir célébré ainsi cette conjonction unique : 12/12/12 à 12:12:12.

Que faire en ce jour quand on s’appelle Audouze ? mardi, 11 décembre 2012

Quand j’étais gamin, on m’a appelé des milliers de fois "au treize" et le plus surprenant est que chacun croyait qu’il était le premier à avoir inventé ce surnom !

Alors, quand le calendrier m’offre une date qui est 12/12/12, je me sens concerné !

A 12 heures 12, il va falloir que je me recueille.

Que vais-je faire ? Vais-je y penser ?

12 heures, 12 minutes, 12 secondes le 12/12/12, je crois que ça s’arrose.

A vérifier.

dîner à Grains Nobles après la dégustation de la Romanée Conti mardi, 11 décembre 2012

Après la présentation des vins du domaine de la Romanée Conti par Aubert de Villaine, Pascal Marquet, directeur de Grains Nobles, retient à dîner quelques personnes autour d’Aubert de Villaine, dont Michel Bettane, Bernard Burtschy et moi. Sergio, qui a géré la dégustation et dirige la restauration de l’endroit avec sa femme, est d’origine colombienne. Le jeune chef est aussi hispanique. Il est très motivé, nous a expliqué les plats. Il travaille bien et l’on sent qu’il est ambitieux. Avant de passer à table, j’ouvre le vin que j’ai apporté. A peine ai-je soulevé trois millimètres qu’une affreuse odeur de bouchon envahit mes narines, puis la pièce. Le vin est un Côtes du Jura blanc Robert Jeannin 1973 qui m’avait plu lorsque je l’ai saisi en cave pour sa belle couleur. Il est bouchonné ou en a les apparences et ne revivra pas. Je n’ai pas réussi à ‘audouzer’ mon vin ce qui a permis à Michel et Bernard de faire gentiment un peu d’humour à mes dépens.

Nous commençons par un Champagne Egly-Ouriet rosé grand cru magnum sans année. Alors que je suis un fan des champagnes de cette maison, ce rosé ne me convainc pas du tout. Il n’a pas d’âme. Et le contraste est extrême avec un Champagne Egly-Ouriet Cuvée Brut non dosé qui a passé 61 mois en cave et a été dégorgé en juillet 2004. D’après ce que j’ai compris, ce champagne n’a pas été commercialisé. Il a une personnalité affirmée. Je l’adore. Le temps lui a donné de la souplesse et a rendu beaucoup plus facile à accepter l’absence de dosage. J’aime ce champagne qui raconte des complexités.

Dîner avec Michel Bettane et Bernard Burtschy, c’est fascinant, car on apprend des tonnes de choses nouvelles, en remarquant à quel point ils sont proches dans leurs analyses, mais on prend aussi une sacrée leçon d’humilité, tant on se sent nain à côté de ces géants de la connaissance du vin. Les deux éreintent avec une vivacité rare le Rioja Vina Tondonia 1964 qu’ils trouvent très mal fait. Je peux comprendre leur jugement, tout en étant moins sévère.

A l’inverse, ils encensent le Château Bel Air marquis d’Aligre 1970 en vantant à l’envi ses qualités. Je peux comprendre leur jugement, tout en étant moins laudatif.

Le chef nous a proposé un très bon foie gras au subtil chutney, des coquilles Saint-Jacques délicieuses et un plateau de fromages goûteux. Voilà une bien heureuse surprise.

Aubert de Villaine présente les 2009 du domaine de la Romanée Conti mardi, 11 décembre 2012

Chaque année, Aubert de Villaine vient présenter au siège de la société "Grains Nobles" les vins du domaine de la Romanée Conti du millésime qui a trois ans. Dans l’étroite cave voûtée probablement aussi vieille que la parcelle de la Romanée Conti, ou peu s’en faut, les habitués sont nombreux à venir célébrer le vin le plus emblématique du monde. Ils vont écouter religieusement Aubert de Villaine qui parle tout doucement, et Michel Bettane qui ajoute des anecdotes colorées sur les vins, pendant que Bernard Burtschy prend des notes sur son ordinateur.

Aubert de Villaine parle du film de l’année 2009 et dit qu’en août 2009 on savait déjà que l’année serait bonne, même si le début d’année fut assez difficile. Août fut chaud, marqué fort classiquement par l’orage du 15 août. Le beau temps a duré jusqu’en octobre. Les vendanges ont été faites du 10 au 18 septembre. Les raisins fins étaient très fins.

Pendant qu’Aubert continue ses considérations sur ce grand millésime, on nous sert un Pernand-Vergelesses 1er cru Ile de Vergelesses Chandon de Briailles 2007 dont Pascal Marquet, le directeur de Grains Nobles, nous dit à titre de boutade qu’il sert à aviner nos verres. Je dirais plutôt qu’il sert à préparer nos palais. Le vin a un nez pur assez linéaire. La bouche est agréable, accueillante, au final bien frais. Ce n’est pas un vin long et complexe. C’est plus un vin de repas de copains, vin carré sans grande originalité. Il est bien fait et plutôt gourmand.

Une fois le décor planté, nous commençons par le Corton Grand Cru Prince Florent de Mérode 2009 dont le domaine de la Romanée Conti est le fermier depuis novembre 2008, suite à plusieurs décès successifs dans la famille du prince. Il y a trois climats en Corton dans ce domaine : le Clos du Roi, les Bressandes et les Renardes. Mais Aubert n’a pas voulu faire les trois et a préféré se concentrer pour la première année sur les plus vieilles vignes. La couleur du vin est assez foncée. Le nez est profond et charmant. Le contraste est vif avec le vin précédent car ce vin est profond, riche, poivré, conquérant. Le final est strict et pur. C’est un vin soldat qui deviendra un vin de plaisir. La sensation est végétale. Aubert de Villaine dit qu’il y a peut-être un peu trop de fût neuf. Le rendement de ce vin est en 2009 de 24 ou 25 hecto/ha. Aubert de Villaine indique qu’en 2012, le rendement est de seulement 11 hecto/ha. Il ajoute : "ce vin regarde vers la terre et ne regarde pas vers le ciel". Il a un grand potentiel de vieillissement. Il est sauvage, gibier.

L’Echézeaux domaine de la Romanée Conti 2009 a une jolie robe rouge, plus foncée que celle du Corton. Le nez est caractéristique du domaine, profond, pénétrant. Voilà, tout le charme du domaine est là. Soyeux, délicat, subtil, ce vin a en finale une jolie râpe. Il a une forte trace en bouche. C’est un beau vin, que j’aime toujours, car c’est lui qui ouvre la porte des saveurs du domaine. Il les pianote avec douceur. Il y a un peu de feuille de cassis dans le final. Ce vin a une belle râpe et un beau végétal. J’aime sa délicatesse.

Le Grands-Echézeaux domaine de la Romanée Conti 2009 est un peu plus foncé. Le nez est très semblable au précédent, mais on sent une structure plus pleine. Le vin est plus volontaire, aussi on perd un peu l’impression de subtilité de l’Echézeaux. Le vin est plus riche, mais à ce stade de sa vie, je préfère le précédent. Le Grands-Echézeaux est un vin de plaisir, généreux, souriant. Mais plus que l’Echézeaux, il aura besoin de temps. Il a une grande rémanence gustative. Il sera très grand.

La Romanée Saint-Vivant domaine de la Romanée Conti 2009 est aussi un peu plus foncée. Le nez est très végétal avec un peu de pierre à fusil. L’attaque est fluide, douce, charmeuse. Tout est en finesse. Il a la grâce de l’Echézeaux, avec une finesse et une noblesse en plus. Féminin, il a la grâce, mais aussi la matière. Fraîcheur, équilibre, nez intense, ce vin montre tout le potentiel de subtilité de la Romanée Conti. Il est tellement gourmand que je bois vite mon verre, sans en garder pour des comparaisons ultérieures.

Le Richebourg domaine de la Romanée Conti 2009 est un vin plutôt foncé. Le nez est profond, fonceur. Il est un peu réduit, faisant penser en traces au caramel. La bouche est fruitée, gourmande. C’est un guerrier après la Romanée Saint-Vivant. Il est plus conquérant mais n’est pas encore bien assemblé. Il faut vraiment attendre alors que les vins jouant plus sur la subtilité sont plus faciles à boire aujourd’hui. Ce sera une bombe dans quinze ans. Le nez est de feuille de cassis, et la râpe va vers l’amertume. Il a un grand potentiel de richesse et de grandeur, à attendre patiemment.

La Tâche domaine de la Romanée Conti 2009 est d’un rouge à peine moins soutenu. Le nez est très profond, marqué par la jeunesse au point que l’on a une impression de soufre. En bouche, il est voluptueux, riche. Aubert de Villaine dit : "sans violence". Il a une matière et une structure très fortes. Les tannins sont riches. La fraîcheur est un peu mentholée. Le final est plein de grâce et contraste avec l’attaque forte. Ce qui me frappe, au-delà de la gourmandise, c’est la fraîcheur finale. Il faut attendre. Il est moins glorieux et épanoui que celui que j’ai bu lors de la paulée de l’Académie du Vin de France. C’est un très grand vin.

La Romanée Conti domaine de la Romanée Conti 2009 est d’un rouge assez clair. Le nez est d’un raffinement extrême mais pas très expansif. L’attaque, c’est du velours. Ensuite, en milieu de bouche, c’est un combat de saveurs. Et ce qui frappe, c’est la complexité, la profondeur et la conviction. Le vin raconte, et interpelle tous azimuts. C’est un vin d’une pénétration extrême. On est dans le fruit, et la rose et le sel ne sont pas là. Ils apparaîtront plus tard. Ce vin trompette. Il est tellement complexe qu’il est là où on ne l’attend pas. Il joue avec le dégustateur. Si La Tâche n’est pas encore assemblée, la Romanée Conti est divine. Ce vin est une leçon, tout en subtilité. Il prendra d’autres caractéristiques dans dix ans. C’est un rêve.

Le Montrachet domaine de la Romanée Conti 2009 est d’un jaune déjà un peu doré. Le nez est intense, d’un vin plus âgé. Il est opulent et lacté. En bouche, c’est un coup de massue tellement il est grand, fort, équilibré, riche et rare. Aubert de Villaine dit qu’il est plus minéral que d’habitude. Il est très grand, profond, encore jeune. Je ressens des pâtes de fruits, de la figue et du café, avec des arômes faciles à lire. C’est un vin d’une richesse rare, trop jeune encore. C’est un vin magnifique qu’il faudra attendre.

On sent, après ce voyage incroyable que l’on est face à une très grande année qu’il faudra savoir attendre. Mon classement en fonction de ce que j’ai bu ce soir, qui ne se reproduirait jamais de la même façon, est : 1 – Romanée Conti, 2 – Montrachet, 3 – Romanée Saint-Vivant. Plusieurs de ces vins pourraient devenir légendaires.