Grand Tasting – Les Ateliers Gourmets mardi, 4 décembre 2012

Les Ateliers Gourmets sont proposés en même temps que les Master Class aussi est-ce difficile parfois d’arbitrer. J’ai assisté à deux d’entre eux.

A ma gauche, Philippe Mille le brillant chef des Crayères. Il va affronter trois poids lourds à ma droite, le Champagne Alexandre Penet Grande Réserve non dosé, le Champagne Gonet-Médeville Blanc de Noirs sans année et le Château Phélan-Ségur 2005. Le combat promet d’être acharné. Philippe assène un coup fatal, un foie gras à la truffe de Champagne et un carpaccio de langoustine aux agrumes. Le Champagne Penet est à mon goût trop strict, trop extrême, sans la moindre once de concession, mais le carpaccio l’apprivoise. Le Champagne Gonet est beaucoup plus sociable et consensuel. Si le carpaccio est du domaine des champagnes, le foie gras trouve dans le Phélan-Ségur le plus beau des sparring-partners. L’accord est d’une pertinence rare. Le chef a confirmé son talent et mis en valeur un bordeaux racé.

Le second atelier met en présence le chef Pierre Rigothier du restaurant Baudelaire à l’hôtel Burgundy et le Moulin à Vent du Château de Moulin à Vent 2010 servi en magnum. Le combat est plus équilibré et Philippe a choisi l’arme la plus efficace qui soit : un dos de chevreuil de chasse française, céleri, marmelade de myrtilles au café. Il se passe alors quelque chose de passionnant. Si l’on prend la chair seule du gibier, douce à souhait, l’accord avec le pénétrant beaujolais est naturel. Si l’on ajoute au chevreuil la marmelade, le vin est excité et l’accord est grand. On prend ensuite un peu du céleri, qui calme le palais et donne une furieuse envie de recommencer chevreuil et myrtille. Le vin est généreux, l’accord est superbe, et le tremplin créé par le céleri est une heureuse excitation. Cet accord est de toute beauté. Bravo au chef et au vigneron.

Grand Tasting – visite de quelques stands mardi, 4 décembre 2012

Le Grand Tasting ce n’est pas que les Master Class, racontées dans les deux bulletins précédents. C’est d’abord les centaines de stands de vignerons. Je ne me livre pas à une exploration programmée ou systématique. C’est plutôt du butinage. Le Champagne Grand Cru Confidence J.L. Vergnon 2007 m’a été suggéré par un de ses confrères, ce qui est généreux. J’aime beaucoup ce champagne. Je bois tous les champagnes Agrapart présentés, le Terroirs, le Minéral 2006, le Vénus et Expérience 07. Ce sont de remarquables champagnes faits par un vigneron de qualité. Un pinot gris du domaine Paul Blanck est superbe. Moët & Chandon fait goûter son Grand Vintage Collection 1993 qui profite bien de ses presque 20 ans. Le Champagne Cuvée Joséphine Joseph Perrier 2004 accompagne mon casse-croûte. C’est un champagne élégant mais aussi gourmand. Et c’est le Château La Tour Blanche 2009 qui accompagne mon dessert. Ce sauternes d’une année miraculeuse promet. Le Champagne Gosset Grand Millésime 2004 est de très belle facture. Le Champagne Veuve Clicquot rosé 1989 est superbe.

Au stand d’Hervé Bizeul je peux goûter La Petite Sibérie 2004 de belle maturité et qui montre que ce vin vieillit bien et plus tard le 2005 d’un équilibre remarquable. Ce vin joue dans la cour des grands.

Sur les conseils de Michel Bettane, je vais goûter un vin italien parmi les dizaines et dizaines de vins présents. Il s’agit d’un Brunello di Montalcino Stella di Campalto 2007 d’une rare finesse.

Sur le stand de Pibarnon, je peux goûter le 2001 et le 1995 qui démontrent avec éclat que ce vin vieillit bien. Au stand Philipponnat, je goûte le Clos des Goisses blanc 1999 qui me ravit toujours autant. Au stand Duval-Leroy j’ai le plaisir de bavarder avec la dynamique propriétaire de ce beau champagne, Carol Duval-Leroy, tout en goûtant un sympathique 2004. En plus de ceux dégustés à la Master Class, je bois le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2002 qui est une incontestable réussite. Au stand de Villa Ponciago qui jouxte le stand de Bouchard, c’est Thomas Henriot lui-même qui me sert le Fleurie La Roche Muriers Villa Ponciago 2010 qui est joyeux et épanoui et réconcilie s’il en était besoin avec le beaujolais.

Au stand Trapet Jean-Louis Trapet me fait goûter le Chambertin Trapet 2010 qui ne joue pas sur la puissance mais sur la finesse. Il faut avoir le courage de l’attendre, car il promet beaucoup. Sa subtilité est à signaler.

Au stand Roederer, le Champagne Cristal Roederer 2004 se boit bien, conforme à cette belle année. Au stand de l’Aumérade, Le Côtes de provence Dame de Piegros Aumérade 2010 est un vin ensoleillé qui me fait rêver de cigales. Le stand Bollinger est tellement pris d’assaut que je reste à distance, rejoint par Jérôme Philipon, président de Bollinger, et nous bavardons avec Benoît Gouez, le chef de cave de Moët & Chandon de sujets de champagnes. Je remarquerai comme ici que beaucoup de responsables importants de domaines célèbres sont venus sur ce salon pour marquer leur attachement à cette manifestation.

Un moment fort du Grand Tasting, c’est la dégustation cocktail organisée par idealwine, le site de cotation et de ventes aux enchères de vin le plus connu en France. Un Champagne rosé Bollinger brut est servi en jéroboam et le format lui convient bien. Le Wehlener Sonnenuhr Riesling Auslese J. J. Prüm 2007 est un régal de précision comme tous les vins de cette belle maison. Le Chevalier-Montrachet Les Demoiselles Louis Latour 1999 est très agréable, mais je pense plus à bavarde avec des amateurs présents qu’à analyser ce vin. La Petite Sibérie d’Hervé Bizeul 2008 est superbe de jeunesse et d’enthousiasme. Je n’ai pas bu plus d’un cinquième de ce qui était proposé. C’est un moment fort du Grand Tasting.

Entre le Grand Tasting et le restaurant Lasserre mardi, 4 décembre 2012

J’avais réservé une table pour le soir même au restaurant Lasserre. Hier, Antoine Pétrus, directeur de ce restaurant était venu rendre visite aux élèves de l’école internationale des arts de la table, le Cordon Bleu, qui ont fait un service des vins des Master Class digne d’éloge, sous l’autorité efficace du directeur de l’école. Il m’a annoncé qu’il était au courant de ma réservation et qu’il serait là. Cet après-midi, alors que je suis en master Class, il m’envoie un SMS : « si vous voulez apporter un vin de votre cave, ce sera avec plaisir ». Je n’ai pas le temps de passer à ma cave. Ce pourrait être l’occasion de mettre en valeur tel ou tel vin d’un vigneron que j’apprécie. Ainsi, à la fin du salon, je me vois me comporter comme ces jeunes vautours qui cherchent à capturer les bouteilles restantes pour arroser un peu plus leur taux d’alcoolémie. Me voir demander des bouteilles, ça me fait une drôle d’impression. Mais tout naturellement, Eric de Saint-Victor me donne une bouteille de Pibarnon 2007 et Hervé Bizeul me donne une bouteille de Clos des Fées 2010 plus un vin d’une de ses cuvées particulières au nom poétique.

Avec ces emplettes je quitte le Carrousel du Louvre avec le sentiment d’avoir vécu un Grand Tasting de haut niveau, grâce à la qualité des vins présentés, mais aussi grâce à la présence de nombreux vignerons qui viennent apporter leur support à l’un des plus grands rendez-vous du vin.

Ceci est mon trois millième message lundi, 3 décembre 2012

Trois mille messages sur deux cent pages de ce blog, c’est plus de dix mille vins racontés et des milliers et des milliers de photos, probablement plus de dix mille. C’est évidemment beaucoup de travail mais c’est aussi un témoignage sur des vins que peu de gens ont la possibilité d’approcher.

Il serait dommage de ne pas en garder la mémoire. C’est ce que j’essaie de faire sur ce blog, lu en moyenne par environ 400 personnes par jour.

Merci de votre fidélité.

Grand Tasting – Master Class « la ‘futurothèque’ Taittinger Comtes de Champagne » lundi, 3 décembre 2012

La quatrième Master Class à la quelle j’assiste est : "la ‘futurothèque’ Taittinger Comtes de Champagne". L’idée est de présenter, non pas des millésimes déjà faits, mais les millésimes du futur. Ce travail d’examen des vins en cours d’élaboration est celui des œnologues. Par cet exercice, Pierre Emmanuel Taittinger et Damien Le Sueur veulent nous associer au travail qui est fait au sein de leur maison. Les quatre vins qui vont être bus ont été dégorgés en décembre 2011 et tous dosés de la même façon que le dernier commercialisé, le 2004, à 9 grammes. Ce dosage pour cet exercice ne sera pas le dosage définitif des vins. Le choix sera fait au moment de la commercialisation.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2004 arrive tout juste sur le marché. Il est d’une année exubérante au rendement très élevé. La couleur est déjà d’un or léger. Le nez est intense et élégant. En bouche, ce qui marque, c’est l’élégance et le raffinement. On sent une grande tension et des fruits distingués.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2005 n’est pas encore sur le marché. Il a un joli nez et on sent un peu le dosage. Je m’en ouvre à Damien Le Sueur qui indique qu’il est plus que probable que le dosage définitif sera inférieur à 9 grammes. Ce vin a les qualité du blanc de blancs mais il est un peu pataud et cela tient sans doute au dosage. Il est élégant, frais, au final poivré.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2006 a un nez un peu lacté. L’attaque est très franche. Il est un peu foufou. La personnalité n’est pas encore très affirmée. Le final est un peu plus court et la tension est faible. On sent plus de pâtisserie. Il a une expression de craie, et n’a pas la même énergie que les précédents.

Le Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2007 a un nez encore plus lacté. Lorsqu’on le tourne fort dans le verre, le nez devient plus noble. Ce vin a plus de fruits confits et le dosage pèse. Il est assez joyeux et on le boit bien dans cette jeunesse. Il va probablement se fermer puis se rouvrir. Ce sera un grand champagne.

Si cette expérience est intellectuellement ludique, je ne crois pas qu’elle intéresse beaucoup les amateurs, car pourquoi juger un vin qui n’est pas encore définitif ? Il vaut beaucoup mieux s’imprégner des vins "réels".

Pierre-Emmanuel Taittinger est toujours aussi brillant et communique une joie de vivre qui est celle de ses champagnes.

Le Grand Tasting, ce n’est pas que les Master Class. Nous en parlerons dans le prochain bulletin.

Grand Tasting – Master Class « L’excellence partagée des Primum Familiae Vini » dimanche, 2 décembre 2012

La deuxième Master Class du Grand Tasting à laquelle j’assiste est : "L’excellence partagée des Primum Familiae Vini". Il s’agit de grandes familles du vin qui se sont réunies dans une association internationale pour promouvoir l’excellence, la transmission familiale et d’autres valeurs morales et éthiques. Beaucoup de vignerons prestigieux de ce groupe son venus en personne : Philippine de Rothschild, alors que son fils est présent pour présenter son vin et Pablo Alvarez, propriétaire de Vega Sicilia, alors que son collaborateur direct Javier Ausas présente son vin.

Le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 2000 est présenté par Michel Bettane. Le nez est très pur. L’approche est très vineuse et de dosage faible. Il est très expressif, au final très gourmand. Sa rémanence en bouche est extrême et son élégance est marquante. C’est un vin charnu, gourmand, avec des évocations de fruits confits.

Le Scharzhofberger Riesling Kabinett Egon-Müller 2011 est d’une couleur très blanche. Le nez offre de multiples fruits blancs et du citron. Il est superbe en bouche, très bonbon anglais. On sent le litchi et le citron. Le final est joli, mais le vin est très jeune. Michel Bettane parle de sucre et de sel.

Le Beaune Clos des Mouches blanc Joseph Drouhin 2008 est présenté par Frédéric Drouhin. Il est très gourmand et mis en valeur par le vin précédent. Je ressens du citron, kumquat, poivre et des fruits blancs. Il a un côté bonbon acidulé, mais pas le bonbon anglais comme l’Egon-Müller. Il est riche et goûteux, gras et frais, avec une grande fraîcheur en finale. Frédéric Drouhin parle de poivre blanc pour qualifier le poivre que j’avais ressenti.

Le Sassicaia rouge Tenuta San Guido 2009 a un nez de velours. Il passe difficilement après les blancs. Il a beaucoup de poivre. Il est très agréable à boire car il a un grand équilibre. Il a beaucoup de tannins, mais avec un joli velours. Il est un peu sucré. Le final est végétal, de feuille de cassis. Le vin est gourmand, puissant, avec trop de bois à mon goût, car on sature très vite. C’est Michel Rolland qui fait maintenant ce "Super-Toscan" comme on l’appelle depuis les années 70.

Le Solaia Antinori 2001est, selon Michel Bettane, la réponse d’Antinori à la famille de Sassicaia. Le nez est fort, annonçant un haut niveau d’alcool. C’est un grand vin mais trop fort pour moi. Il y a des tannins, des fruits noirs. C’est un vin guerrier. Son final assèche. Il mange les joues et les gencives.

Le Grans Muralles Torres 2007 est présenté par Cristina Torres. Le nez riche est très fort. Là aussi, on sent le bois ! En bouche le vin est charmeur, puissant, conquérant, voire envahissant. Il est trop fort pour mon goût. Il est quand même gourmand, au fruit généreux. C’est un grand vin qui mériterait vingt ans de plus, car il promet, du fait de son élégance.

Le Château Mouton-Rothschild 2004 est présenté par Julien de Beaumarchais de Rothschild, rejoint peu après par sa mère Philippine de Rothschild. Le nez est très élégant. La bouche est très élégante mais paraît discrète après cette profusion de vins surboisés. Ce que l’on retient, c’est l’élégance. Il est équilibré mais fait quand même un peu court après les bombes italiennes. Il a malgré tout une belle personnalité.

Le Chateauneuf-du-Pape Hommage à Jacques Perrin domaine de Beaucastel 2000 est présenté par François Perrin. Il a un nez pénétrant très intense. La bouche est élégante. Les fruits sont curieux. Il y a de la grenade et du litchi au milieu des cassis. C’est un vin très original, voire atypique. J’aime bien. Le final est en douceur. Ce vin est curieux et troublant par la présence de ce litchi inhabituel.

Le Vega Sicilia Unico 2003 est présenté par Javier Ausas qui parle avec flamme du domaine de Pablo Alvarez présent. Ce vin n’est pas encore mis en bouteille et sera commercialisé en 2013. Le nez est à tomber par terre. C’est un parfum. C’est un nez de fruits délicats et cohérents. En bouche, il est l’élégance la plus raffinée. Quel vin ! Son final est mentholé. C’est un vin phénoménal, d’une pureté absolue.

Le Gewurztraminer Vendange Tardive Hugel 2007 a un nez d’une pureté extrême. Le vin est doux et d’une fraîcheur sans pareille. C’est un vin gourmand à la longueur incroyable. Il a des fruits blancs comme le litchi et une fraîcheur absolue.

Le Graham’s Vintage Port magnum 1994 appartient à la famille Symington. Le nez est discret et très élégant. L’attaque est élégante. On sent un pruneau trempé dans un alcool fin. Le vin est élégant à la finale fraîche. C’est un vin traître car il est d’un charme redoutable. On dirait qu’on croque les raisins secs. Ce doit être un grand partenaire de gastronomie. J’imagine volontiers un lièvre à la royale.

Cette présentation est de très grande qualité et les vignerons sont des gens passionnants. Pour mon goût personnel, trois vins lors de cette présentation se sont montrés sous un jour exceptionnel, le Vega Sicilia Unico, le Gewurztraminer et le Porto Graham’s. Ce qui ne veut pas dire que les autres ont démérité, comme le Mouton, le Pol Roger et le Beaune. Seuls les italiens et le catalan sont difficiles pour moi. Un très grand moment de ce Grand Tasting.

Grand Tasting – Master Class « Le Génie du Vin » dimanche, 2 décembre 2012

La troisième Master Class à laquelle j’assiste est le point culminant de cette manifestation, qui s’intitule "le Génie du Vin". Comme pour la précédente Master Class, un tel événement ne serait pas possible sans l’amitié qui lie les vignerons présents avec Michel Bettane et Thierry Desseauve.

Le Champagne Krug Clos du Mesnil 2000 est d’un jaune d’or déjà joli. Le nez est discret. L’attaque est très belle. La bulle est active mais sans agressivité. Le charme est extrême et l’élégance est rare. C’est le meilleur des Clos du Mesnil 2000 que j’ai bus. Il y a des fruits jaunes et du lacté, le tout étant en nuances.

Le Chevalier-Montrachet Bouchard Père & Fils 1998 est présenté par Christophe Bouchard. Le nez est très puissant et on note encore un peu de soufre. L’attaque est très généreuse. Le vin est très noble, avec du poivre, du tabac et du citron confit. Le vin est opulent, avec une belle tension et une belle acidité. Il est extrêmement plaisant, gourmand grâce à son équilibre. Michel Bettane insiste sur la réussite de ce vin dans un millésime difficile pour les blancs. La race et la subtilité de ce vin me plaisent.

Le Beaune 1er cru Clos des Fèves Chanson Père & Fils 2009 est présenté par Jean Pierre Confuron qui indique que son domaine appartient à Bollinger depuis 1999. Le nom "Fèves" veut dire "hêtres". Le vin est d’un joli rouge clair. Le nez est de feuille de cassis, assez rêche, sans aucune opulence. La bouche est un peu sévère, puritaine, mais intéressante. Le vin est rêche, asséchant mais j’aime son authenticité car il ne cherche pas à séduire. Le vin recherche l’élégance, la retenue. Il sera très brillant dans vingt ans. La vinification en grappes entières explique le goût râpeux et promet un vin de longue garde. C’est un vin très bien fait, élégant, net et pur que l’on boira avec bonheur dans vingt ans.

Le Château Palmer 1989 est présenté par Thomas Duroux. Il a un nez à se damner, d’une race extrême et d’une grande force de conviction. La bouche est moins opulente que le nez. Le final est un peu court. Je suis un peu étonné qu’il ne soit pas plus tonitruant, car c’est une grande réussite de Palmer. Thomas Duroux dit qu’il estime que 1989 aura plus d’avenir que 1990. Thierry Desseauve parle de suavité et de toucher de bouche. Il se pourrait que j’aie eu une bouteille plus fermée que d’autres.

La Côte Rôtie La Turque Guigal 2005 est présentée par Marcel Guigal. Il nous dit que lorsque l’on plante des piquets en terre et qu’on attache une planche transversale, on parle d’une turque. Il pense que ce pourrait être l’explication que personne ne connait vraiment. Je croyais qu’il s’agissait de la forme de l’ombre que crée le soleil sur la parcelle, celle d’un croissant qui avait suscité ce nom. Le nez du vin est d’une richesse folle, de cassis et de poivre. L’attaque est très belle, et la finale est gourmande. Il y a beaucoup de tannins. Il y a une belle richesse joyeuse et une fraîcheur mentholée. Son élégance est extrême.

Le Château de Pibarnon Bandol 1998 nous est servi en mathusalem. Les participants fort nombreux ont tous la même bouteille à boire. Eric de Saint-Victor présente ce vin au nez très discret mais chaleureux, de grande douceur. Le vin a une attaque très ensoleillée et son final est beau. Le vin tannique est généreux et de belle matière. Il est élégant et un peu râpeux. C’est un vin très agréable. Michel Bettane parle de la noblesse du mourvèdre. C’est un très beau vin de gastronomie, de belle richesse en bouche qui va bien vieillir.

Le Vega Sicilia Unico 1994 est présenté par Javier Ausas en la présence de Pablo Alvarez qui comprend assez mal le français. Sa présence est une grande preuve d’amitié pour les animateurs du Grand Tasting. Le vin a un très joli nez et une attaque noble de grand vin. Pour une fois, je préfère le Guigal, car le Vega est vineux. Le Guigal est dans le fruit et le Vega est plus dans le bois, ce qui est plutôt inhabituel. Michel Bettane me dira plus tard qu’il a eu une bouteille meilleure que la mienne, d’après mes descriptions. Le Vega est plus pénétrant que la Turque, mais je préfère celle-ci.

Le Vouvray Clos Naudin 1989 est présenté par Philippe Foreau, le magicien du vouvray. Le nez est d’une grande pureté, avec de la mangue confite, du coing, de l’orange et du zeste d’orange. La couleur est magnifiquement dorée. Ce vin profond, lourd, pénétrant est du pur plaisir. Philippe Foreau parle de silex, de truffe, de coing et de noyau de datte. C’est surtout la fraîcheur du final qui est confondante. L’acidité donne de l’énergie au vin très gastronomique.

Cette présentation de vins immenses est certainement un des plus grands moments de toutes les manifestations publiques sur le vin.

Grand Tasting – Master Class « Le Génie de Meursault » dimanche, 2 décembre 2012

La 7ème session du Grand Tasting, dirigé par Michel Bettane et Thierry Desseauve, se tient au Carrousel du Louvre. Il y a de très nombreux stands de vignerons où l’on peut goûter leurs productions récentes et parfois une bouteille un peu exceptionnelle et il y a des "Master Class" à thèmes, des séances de l’Ecole des Terroirs, et des ateliers gourmets.

La foule est nombreuse, fait la queue à l’entrée, fait de même pour le vestiaire et pour les stands où l’o, se restaure, d’huîtres, de cochonnailles, de fromages ou de pâtisserie. On peut y passer un ou deux jours sans craindre de manquer de nourriture ou de boisson. Les visiteurs du deuxième jour, le samedi, sont beaucoup plus jeunes, manifestement peu au fait du vin et certains viennent faire un "before", où l’on se prépare à s’aviner le soir. Ils vont même grappiller les bouteilles pleines ou à moitié pleines sur les stands lorsque l’on crie "on ferme", et l’on verra plus loin que moi aussi, je suis jeune.

La première Master Class à laquelle j’assiste est : "Le Génie de Meursault".

Le Meursault Clos des Ambres Arnaud Ente 2009 est présenté par le vigneron lui-même. Il a créé ce domaine en 1992, mais le nom n’existe que depuis 2002. Il a des vignes de 60 ans. Le nez du vin est très pur, intense. En bouche il y a beaucoup de densité. On ressent la pureté, la fraîcheur et la netteté. Il a une belle acidité qui n’empêche pas de sentir un gras qui commence à se montrer. Il évoque les fleurs blanches et la pêche.

Le Meursault 1er Cru Genévrières Latour-Giraud 2010 a un nez discret. Son goût est classique, de forte minéralité. Il est assez joli mais surtout discret. Quand il s’épanouit, il devient très archétypal, avec un final un peu rêche. Il montre la pureté et l’acidité d’un vrai meursault.

Le Meursault 1er Cru Poruzot domaine Roulot 2009 est présenté par Jean Marc Roulot. Le nez est intense de minéralité. Il y a une belle attaque citronnée, mais le beurre apparait aussi. Le final est plus rêche et plus court que celui du Ente. Au deuxième essai, sa longueur apparaît ainsi que sa complexité. Le charme agit. Le final est assez rêche et montre du poivre. C’est un vin intense.

Le Meursault 1er Cru Clos des Perrières Albert Grivault 2004 est présenté par Michel Bardet. Il sent la pierre à fusil. Il est beaucoup plus rond que les autres, il a moins de tension, plus de gras. S’il est plus généreux, cela tient au millésime dégusté. Il y a de la pâtisserie, de le noisette et du beurre, des fleurs blanches. Je suis conquis par sa pureté et son goût de noisette.

Le Meursault 1er Cru Les Charmes Louis Jadot 2003 est présenté par Jacques Lardière, au discours captivant. Le nez est très charmeur. Le vin est puissant. C’est le plus lourd de tous. Tout est généreux dans ce vin. Je préfère la pureté du 2004 précédent.

19ème séance de l’ académie des vins anciens vendredi, 30 novembre 2012

La 19ème séance de l’ académie des vins anciens se tient au restaurant Macéo. Nous sommes 38 et nous nous partagerons 55 vins, répartis en trois groupes de dégustation. A 16h30, je commence l’ouverture des vins, rejoint par plusieurs académiciens qui viennent m’aider et participent à cette importante opération. L’ambiance est joyeuse et active, car beaucoup de bouchons résistent. Les odeurs des vins sont très variables, avec de bonnes et de mauvaises surprises.

Les vins sont répartis en trois groupes sauf les champagnes d’apéritif (les vins précédés d’une astérisque proviennent de ma cave) : deux *Champagne du Château de Germigney 1/2 bt sans année élaboré par Leclère – deux Champagne Taittinger brut – Champagne Ruinart Blanc de Blancs – Champagne Ruinart Brut – *Champagne Charles Heidsieck années 80.

Les vins du Groupe 1 : Champagne Grand Réserve Damien Coutelas SS A – *Domaine de la Trappe Vin d’Algérie rosé 1949 – Vin d’Algérie rosé Frédéric Lung 1942 – *Château d’Arlay Côtes du Jura 1973 – Château Latour-Figeac 1970 – Château Moulin Riche 1914 – *Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973 (commun à deux groupes) – Corton Jules Régnier 1961 – *Nuits-Saint-Georges Clos des Corvées Général Gouachon 1945 – Chateauneuf-du-Pape Domaine du Banneret 1989 – *Chateauneuf-du-Pape Veuve H.-M. Avril 1957 – *Rioja Ollauri Paternina 1928 – Vin d’Algérie rouge Frédéric Lung 1938 – *Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959 – Château Rabaud 1947 – Château Rayne Vigneau 1945

Les vins du Groupe 2 : Champagne Grand Réserve Damien Coutelas SS A – Château Mont-Redon Chateauneuf-du-Pape Blanc 1976 – *Château d’Arlay Côtes du Jura 1969 – Château Léoville Poyferré 1985 – Château La Conseillante 1969 – Clos l`Eglise pomerol 1959 – Clos des Jaubertes 1964 – Château d’Arsac 1925 – *Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973 (commun à deux groupes) – *Volnay Namont de Marcy 1961 – *Beaune Marconnets Remoissenet 1937 – Châteauneuf du Pape Camille Chandesais 1962 – *Rioja Ollauri Paternina 1928 – Vin Jaune Désiré Petit 1964 – *Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959 – Château Doisy-Daëne 1975 – Cru Le Buhan Cérons 1962

Les vins du Groupe 3 : Champagne Grand Réserve Damien Coutelas SS A – Château La Louvière Pessac Léognan Blanc 1979 – Mosel Wein 1964 – *Château d’Arlay Côtes du Jura 1969 – Château Mouton Rothschild 1976 – Château Canon Saint-Emilion 1966 – Corton Bressandes Tollot Beau 1988 – Château Malescot Saint-Exupéry 1961 – *Bonnes Mares Mommessin 1972 – *Vosne Romanée S.A. Leroy & Cie 1959 – Chassagne-Montrachet rouge Joseph Drouhin 1959 – Châteauneuf du Pape Faye et Cie Négociant 1958 – *Rioja Ollauri Paternina 1928 – Côtes du Jura Bury 1964 – *Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959

Nous prenons l’apéritif debout en commençant par le Champagne du Château de Germigney 1/2 bouteille sans année élaboré par Leclère, qui m’a été offert lors des séjours en cet hôtel au moment de la percée du vin jaune. Le champagne a quelques années et cela lui va bien. C’est une heureuse surprise que de voir une personnalité aussi affirmée. Le Champagne Taittinger brut est plus conventionnel et classique. Il est un peu trop dosé à mon goût. Le Champagne Ruinart Blanc de Blancs et le Champagne Ruinart Brut sont frais et agréables pour discuter entre amis. Le premier a une belle tension.

Nous passons à table. Le menu composé par le restaurant Macéo est : risotto de cocos tarbais, crème légère au citron vert / croustillant de volaille, tartare d’avocat, sauce aigre doux / gambas sautées au chorizo ibérique, risotto au piquillos / magret de canard, sauce épices, étuvée de choux et poireaux / ananas rôti, crème Chantilly / tiramisu aux quetsches. Il a fort agréablement accompagné la profusion de vins.

Le Champagne Grand Réserve Damien Coutelas sans année est une belle découverte. Pur, de belle personnalité, il a de grandes aptitudes à la gastronomie.

Le Vin d’Algérie rosé Frédéric Lung 1942 est jugé comme un blanc par certains convives de ma table, mais c’est bien un rosé, car j’en ai ouvert un de 1940 du même coloris. Quand je bois ce vin, je suis ému. Il est beau, de grande personnalité, racé et équilibré. Il raconte beaucoup de choses. J’ai ajouté le Domaine de la Trappe Vin d’Algérie rosé 1949 au programme car l’ami qui a apporté le 1942 d’Algérie et un 1938 a fait un grand cadeau à l’académie. Comme j’adore les vins d’Algérie de cette époque, j’ai fait cette ajoute. Le 1949 est plus lourd, avec plus d’alcool, mais il est bien fait. Il est étrange et nous n’avons pas de repères pour un tel vin. Malgré cela, je prends un grand plaisir. Le Château d’Arlay Côtes du Jura 1973 qui est servi en même temps que les deux algériens est beaucoup plus complexe. Il a des fruits, il est gouleyant ce qui est paradoxal pour un vin du Jura. Il est de grande longueur. C’est une belle surprise.

Le Château Latour-Figeac 1970 est lui aussi une belle surprise, car très au dessus de ce que j’attendais. C’est un bordeaux joliment épanoui, de grand plaisir. Le Château Moulin Riche 1914 est un peu plat, mais encore bien vivant. Il est agréable à boire et c’est ce genre de témoignage qui est dans la ligne de l’académie des vins anciens.

On m’apporte d’une autre table le Château Malescot Saint-Exupéry 1961, solide, imperturbable. Ce vin est comme un ticket gagnant : on est sûr qu’il sera bon pour longtemps.

Le Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973 est une divine surprise. Jamais je n’aurais cru que ce vin serait aussi expansif. Follement bourguignon, je l’aime parce qu’il ne cherche pas à séduire.

Le Corton Jules Régnier 1961 est intéressant, mais il n’est pas parfait, surtout au nez. On attendrait plus de cette belle année.

Le Nuits-Saint-Georges Clos des Corvées Général Gouachon 1945 est fatigué. Il évoque des tas de saveurs bien sûr, mais ce vin tasteviné au niveau bas n’est pas satisfaisant.

Le Beaune Marconnets Remoissenet 1937 que j’ai ajouté au programme d’une autre table vient à moi. Malgré un niveau bas, il se montre adorable. C’est un bonheur et à mon sens le plus beau bourgogne de ceux que j’ai bus ce soir.

Le Corton Bressandes Tollot Beau 1988 m’est proposé par son apporteur d’une autre table. Il est jeune, solide, aimable, mais par sa jeunesse il est à la limite du champ de recherche de l’académie.

Le Vosne Romanée S.A. Leroy & Cie 1959 que j’ai ajouté au programme d’une autre table est un très joli vin bien droit et solide, mais pas aussi complexe que ce que j’aurais souhaité.

Il y a à peine dix jours, j’étais venu au restaurant Macéo pour une dégustation de Chateauneuf-du-Pape. Un vigneron présent m’avait donné une bouteille du Chateauneuf-du-Pape Domaine du Banneret 1989 pour l’académie. C’est un beau cadeau, car le vin est magnifique d’équilibre. Très épanoui, très beau, c’est un grand Chateauneuf-du-Pape jeune lui aussi, de grande qualité.

Le Chateauneuf-du-Pape Veuve H.-M. Avril 1957 a une odeur camphrée très désagréable. C’est une déception pour moi, car j’en avais déjà bu un qui m’avait enthousiasmé.

J’ai apporté pour les groupes trois bouteilles de Rioja Ollauri Paternina Réserve 1928 aux niveaux parfaits ou presque parfaits. Hélas une table a eu une bouteille morte, alors que les deux autres tables, dont la mienne, ont eu un vin magnifique de vivacité, d’un équilibre simple mais très convaincant. C’est un grand vin gourmand.

Face au Vin d’Algérie rouge Frédéric Lung 1938 je confesse volontiers que je n’ai aucune objectivité, parce que ce type de vins m’émeut. Il est rond, joli, ne tient pas la distance, mais qu’importe, il a été ouvert.

Le Vin Jaune Désiré Petit 1964 est intéressant mais je suis moins enthousiaste que ceux qui l’ont bu à une autre table. Le Côtes du Jura Bury 1964 est un vin délicat, subtil, manquant un peu de force.

Comme pour le Rioja, j’ai apporté trois Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959. Certains n’ont pas été convaincus à une table. Celui que j’ai bu est superbe et profond, à tous points de vue.

Lorsque j’ai voulu faire les photos des bouteilles, deux jours avant la réunion, j’ai eu la mauvaise surprise de constater que le bouchon du Château Rabaud 1947 d’un académicien avait glissé dans le liquide. La menace était forte. La bouteille a été transportée verticalement jusqu’au restaurant. A l’ouverture le nez était très pur. Force est de constater que le vin n’a pas de réel défaut au point d’être plus vivant et plus apprécié que le Château Rayne Vigneau 1945 de belle présentation mais qui offre un service minimum, politiquement correct, ce qui ne l’empêche pas d’être beau.

Le nombre de nouveaux académiciens est ce soir très important, ce qui est un signe encourageant. L’ambiance est amicale, enjouée, tonique, et chacun communie avec les autres à ces vins d’âges canoniques. Nous sommes donc dans l’esprit de l’académie. Le service du Macéo, qui est bien rodé, est efficace. Sur 55 vins, il y a eu, comme on peut s’y attendre, plusieurs déchets. Mais ce qui compte, ce sont les belles performances des autres vins, largement majoritaires. Même si je n’ai pas ressenti une étincelle de génie d’au moins l’un des vins, il y a suffisamment de belles performances pour faire de cette réunion l’un des plus belles des 19 que nous avons faites.

Avec le Vin d’Algérie rosé Frédéric Lung 1942, le Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973, le Beaune Marconnets Remoissenet 1937, le Chateauneuf-du-Pape Domaine du Banneret 1989, le Rioja Ollauri Paternina Réserve 1928, le Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959 et le Château Rabaud 1947, il ne sera pas difficile de garder de cette soirée un souvenir des plus positifs.

J’ai insisté sur le fait que chacun des membres doit essayer de pousser la qualité des vins vers le haut, pour notre plus grand plaisir.

Les bouteilles rassemblées dans ma cave (il en manque une dizaine)

les vins du groupe 1 (pas tous)

les vins du groupe 2

les vins du groupe 3 (les autres en arrière plan)

les bouchons

quelques photos de plats

Académie des vins anciens – les vins – champagnes et groupe 1 vendredi, 30 novembre 2012

Les vins sont répartis en trois groupes sauf les champagnes d’apéritif (les vins précédés d’une astérisque proviennent de ma cave) :

deux *Champagne du Château de Germigney 1/2 bt sans année élaboré par Leclère

deux Champagne Taittinger brut – Champagne Ruinart Blanc de Blancs

Champagne Ruinart Brut – *Champagne Charles Heidsieck années 80

Les vins du Groupe 1 :

Champagne Grand Réserve Damien Coutelas SS A

*Domaine de la Trappe Vin d’Algérie rosé 1949

Vin d’Algérie rosé Frédéric Lung 1942

*Château d’Arlay Côtes du Jura 1973

Château Latour-Figeac 1970 – Château Moulin Riche 1914

*Chambolle-Musigny Domaine Faiveley magnum 1973

Corton Jules Régnier 1961

*Nuits-Saint-Georges Clos des Corvées Général Gouachon 1945

Chateauneuf-du-Pape Domaine du Banneret 1989

*Chateauneuf-du-Pape Veuve H.-M. Avril 1957 – *Rioja Ollauri Paternina 1928 (un par groupe)

Vin d’Algérie rouge Frédéric Lung 1938

*Château Chalon Fruitière Viticole de Château Chalon 1959 – Château Rabaud 1947

Château Rayne Vigneau 1945