Miami et Palm Beach lundi, 23 janvier 2012

Départ à Miami pour rendre visite à notre fils. On attend beaucoup aux postes de douanes à Roissy, alors que curieusement, nous passons la douane à Miami avec une rapidité rare. Et les valises arrivent vite sur les tapis. C’est un grand contraste avec la livraison des bagages en France.

Miami crée un dépaysement particulier. Les routes sont larges, avec des trottoirs en pelouses, et tout est d’une propreté frappante. Les maisons sont cossues, sans clôtures qui les masquent, et tout semble étrangement propre, les jardins étant particulièrement bien entretenus. Il n’y a aucun embouteillage malgré le gigantisme de cette ville, ce qui est d’un confort particulier pour les banlieusards que nous sommes, subissant à Paris l’enfer automobile, amplifié par toutes les restrictions volontaires à la fluidité du trafic, le pompon revenant aux tramways en service ou en chantier, aberration culturelle française. Au débit des américains on pourra mettre la consommation d’essence, car tout le monde roule dans d’énormes voitures ou vans, qui sont des gouffres de pétrole.

Notre hôtel, le Sonesta, est à Coconut Grove, et notre chambre au 19ème étage surplombe la mer et ses innombrables bateaux. Chez mon fils un Champagne La Grande Dame Veuve Clicquot Ponsardin 1998 est agréablement buvable, mais manque de vibration et d’émotion. Il est suivi par un Champagne Pierre Moncuit Brut Hugues de Coulmet sans année dont le style tout particulier de Mesnil-sur-Oger nous parle beaucoup plus. Il a une tension et vibre vraiment.

Après une nuit réparatrice, nous allons nous promener sur l’une des innombrables plages de Key Biscane et tout nous pousse à penser que Miami est un site de loisir. On y travaille bien sûr, mais le week-end, tout le monde profite du sport et de la mer. Et il fait particulièrement beau.

Nous déjeunons au Rusty Pelican, et pour fêter nos retrouvailles, je fais ouvrir un Champagne Dom Pérignon 2002. On dirait que les deux champagnes d’hier sont des faire-valoir de ce magnifique champagne. Chaque gorgée est une gorgée de plaisir. C’est vraiment un aristocrate du champagne. Nous sommes devant la mer et les bateaux passent à des vitesses folles le long des côtes, et un petit hydravion se pose devant le restaurant en se frayant un chemin au milieu des bateaux. La nourriture est bonne et le service attentif. C’est une étape sympathique.

Nous partons à Palm Beach, et si Miami étale un grande luxe, ce n’est rien à côté de Palm Beach, qui regorge de propriétés qui n’existent que dans des rêves. Nous allons à une exposition « artpalmbeach » d’art de photographie et de design qui se tient au Palm Beach County Convention Center, site magnifique où l’exposition est agencée de façon remarquable. Les stands sont beaux, et la visite est plaisante. Nous rendons visite à un galeriste belge installé dans de nombreuses villes d’art dont Saint-Paul de Vence où nous l’avions connu. Il nous retient à dîner chez une sculptrice de grand talent et de grand succès qui loge dans un immeuble, le Trump Plaza, qui repousse la notion de luxe à des hauteurs inconnues. Le buffet et les boissons ne sont pas taillés dans le même métal.

Notre hôtel et la vue

chez mon fils

Au Rusty Pelican

dîner au restaurant Laurent avec quelques beaux vins vendredi, 20 janvier 2012

Avec Tomo et son épouse, la mienne et trois amis, nous nous retrouvons à dîner au restaurant Laurent. La forme que nous avons choisie est celle des casual Friday, c’est-à-dire que les vins sont apportés par ceux qui en ont envie et le coût des repas est partagé.

Etant arrivé largement en avance, j’ai le temps d’ouvrir mes vins et un vin déjà présent sur place. J’ai apporté quatre vins plus un qui est une inconnue, un Château Ausone 1937 au niveau en vidange. C’est un petit clin d’œil au restaurant Laurent qui en a beaucoup de ce millésime. Le parfum du vin me semble sympathique.

L’apéritif se prend dans le joli salon de réception sur des nems épicés et des sticks au saumon fumé, avec un Champagne Bollinger Grande Année 1999, solide, bien charpenté, fluide, bon à boire, mais peut-être un peu trop classique. Il se boit avec plaisir.

Nous avons la belle table au centre de la rotonde. Tournant le dos à la salle pour que les femmes trônent face à celle-ci, je peux voir les cyclamens mauves et violets aux couleurs intenses. J’ai mis au point le menu avec Philippe Bourguignon peu de temps avant l’arrivée des amis : araignée de mer dans ses sucs en gelée, crème de fenouil / jaune d’œuf coulant sous un « tortelli », bouillon-poulette, truffes noires / caille dorée en cocotte, rôtie aux abats, côtes de céleri mitonnées aux olives noires / lasagne de queue de bœuf braisée au vin rouge, moelle, cœur de sucrine / vieux Beaufort / soufflé chaud à la mandarine.

Sur l’araignée, nous avons simultanément le Champagne Dom Pérignon 1980 et le Chablis Grand Cru Valmur Raveneau 2007. Le Chablis est un vin à la belle couleur claire, au nez plutôt puissant. Il est très jeune et très expressif, mais le pauvre souffre du casting, car l’accord entre le champagne et l’araignée est si grand qu’il le paralyse. Nous décidons de le garder pour le fromage, car le combat est trop inégal. Le Dom Pérignon 1980 a une belle couleur dorée, son nez est charmeur, sa bulle très active, et en bouche, c’est le régal des champagnes déjà mûrs qui ont encore de la jeunesse. Il est rond, plein, fruité, dans des notes exotiques, et il est furieusement gastronomique, car il envoûte l’araignée pour créer un accord de feu.

Le Château Beychevelle 1994 et le Château Pailhas Saint-Emilion 1928 sont associés au plat nouveau à la carte du jaune d’œuf, traité de telle façon qu’il ne rejette pas les vins. Et là aussi, le déséquilibre d’attitude du vin envers le plat est saisissant. Le Beychevelle est un beau vin, plus rond que ce qu’indique son millésime, mais il fait pâle figure devant le plat alors que le 1928 s’approprie le plat et devient brillant, vivant, un très grand saint-émilion. Il est même étonnant qu’il ait tant de présence.

Le Château Ausone 1937 avait son niveau à l’endroit où l’épaule rejoint le cylindre de verre. Le risque était grand que le vin soit mort. Or à l’ouverture le parfum était prometteur. Il sent bon maintenant et il est un Ausone très typé, avec des évocations de truffe. Le plat lui répond bien. Nous avons réussi à profiter de ce vin, dont les blessures ne gênaient pas la dégustation, avant qu’il ne soit trop tard.

Sur les lasagnes de queue de bœuf, une fois encore deux vins, le Vosne Romanée Nicolas 1961 et le Volnay Henri de Villamont, Collection du docteur Barolet 1934. Alors que j’ai une bonne sensibilité au goût de bouchon, j’étais conquis par un nez très viril, costaud, bourguignon dans sa rudesse et je m’en réjouissais, mais ma femme me fit comprendre mon erreur : le vin a un goût de bouchon. Je dois confesser que je ne l’avais pas vu. Et après, bien sûr, on ne voit plus que cela, même si le goût est acceptable. Le Volnay est extrêmement fruité, d’une joie de vivre surprenante de jeunesse. Il a brillé sur l’excellent plat.

Les deux délaissés, le Beychevelle et le Chablis se sont épanouis, avec ou sans fromage. Le Château de la Forêt, Preignac 1923 à la couleur ambrée acajou superbe et au niveau impeccable dans la bouteille a un nez d’agrumes très présent. En bouche il est absolument délicieux, raffiné, élégant. C’est un grand sauternes de plaisir qui se boit tout seul, même si le soufflé lui va bien.

Dans ce lieu que je chéris, au service attentionné, nous avons – pour une fois – parlé plus de sujets hors vins que de vin. Dans les rires et les propos amicaux, nous avons passé une soirée animée d’où émergent deux vins : le Champagne Dom Pérignon 1980 et le Volnay Henri de Villamont, Collection du docteur Barolet 1934.

visite et déjeuner au domaine de la Romanée Conti mercredi, 18 janvier 2012

De bon matin, il fait froid à Vosne-Romanée. Moins qu’hier où l’on avait atteint moins sept degrés. On est à moins quatre degrés. Je vais chercher mon frère à la gare de Beaune, car nous allons rendre visite à la Romanée Conti. Jean Audouze, mon frère, a été nommé par le Premier Ministre au poste de président de la Commission nationale pour l’éducation, la science et la culture de l’UNESCO. Il est l’une des personnes intéressées par le dossier de classement des climats de Bourgogne, décision hautement politique qui sera prise aux plus hauts niveaux de l’Etat et de l’UNESCO. C’est l’occasion d’une visite amicale.

Lorsque nous arrivons au siège du domaine, Jean-Charles Cuvelier me dit que les résultats d’analyse de la bouteille trouvée dans les gravats de l’abbaye de Saint-Vivant supposée du 18ème siècle ne sont pas encore connus et il m’informe que l’une des descendantes de la famille qui a possédé l’abbaye, ayant lu les articles de journaux, a apporté à Aubert de Villaine une autre bouteille qui dormait dans l’abbaye probablement aux mêmes époques. Mon cœur se met à battre plus fort et Jean-Charles me montre la bouteille au goulot très fin comme on en trouve dans des bouteilles d’avant 1850, et avec un fond plat irrégulier qui fait pencher la bouteille quand elle est debout. Cette bouteille me semble plus vieille que celle que nous avons ouverte il y a peu de mois.

Bernard Noblet nous emmène goûter en cave les 2010 du domaine. Je n’avais pas relu mes notes d’une précédente dégustation des 2010 du domaine, et je ne les relis pas en écrivant ce compte-rendu.

Le Corton Domaine de la Romanée Conti 2010 est un vin pris en fermage par le domaine. Il est sur trois climats qui sont vinifiés ensemble pour l’instant. C’est émouvant pour moi de goûter pour la première fois ce vin, bien jeune mais prometteur.

L’Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2010 se présente très fermé. Il faut dire qu’il fait très froid. Bernard nous dit qu’il n’a pas vérifié si ce jour est un jour fruit ou un jour fleur, car selon le cas, la dégustation sera plus ou moins réussie.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 2010 a beaucoup plus de matière et est plus ouvert. Il est même plaisant.

La Romanée Saint-Vivant Domaine de la Romanée Conti 2010 est romantique, très féminine et jolie.

Le Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2010 me plait énormément, car il superbe et a déjà toutes les caractéristiques d’un Richebourg du domaine. Cette lisibilité de son caractère me plait énormément.

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 2010 est le charme absolu. Elle est toute en séduction, alors que le Richebourg est en richesse et en structure. La Tâche et la Romanée Conti sont dans des fûts placés dans la partie nord de la cave, car cela convient mieux à leur vieillissement.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 2010 m’interpelle, car je n’arrive pas à bien la comprendre. Elle est hyper fermée. C’est à ce moment qu’arrive Aubert de Villaine qui nous salue et nous dit qu’il y a dans la Romanée Conti de la violette qui est l’annonce du grand vin, et évoluera vers le pétale de rose. Lorsque Aubert le dit, je le constate, mais je n’arrive toujours pas à retrouver ce qui fait la vibration de la Romanée Conti. Mon frère est naturellement ému puisque c’est sa première expérience, mais je me sens frustré de ne pas retrouver le vin que j’aime. Il se pourrait que je sois dans une mauvaise disposition pour goûter ce vin, comme pourrait le prouver la suite. De plus, nous sommes dans un jour de basse pression où le vin encaisse la baisse des températures extérieures.

Nous nous rendons maintenant dans la petite cave voûtée où se passent les dégustations de vins en bouteilles, après les vins en fûts. Bernard Noblet nous a quittés aussi sommes-nous trois, mon frère, Aubert et moi. Aubert n’a pas le même talent que Bernard pour brouiller les pistes et susciter des réponses fausses, aussi le jeu de la découverte à l’aveugle est-il moins accentué.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1997 a un nez superbe et très épanoui. Il a un peu de raisin de Corinthe, et je le trouve plus puissant que l’image que j’ai de son millésime. Il est déjà prêt à boire.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1990 est remarquable. C’est du velours. Il est féminin et d’un équilibre total. Les raisins sont mûrs et le final est très gourmand.

La Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1961 dont nous ne savons pas encore de quel vin et de quelle année il s’agit a un nez magnifique et pleinement bourguignon, avec une légère amertume et la promesse de son côté salin. Le vin est floral. Il y a grande persistance, une belle fraîcheur, de la légèreté et de la douceur. Je pressens la rose et le salin, mais je dois dire que je suis un peu frustré, même en apprenant qu’il s’agit de la Romanée Conti 1961.

Le Bâtard Montrachet Domaine de la Romanée Conti 2006 est très charpenté, très opulent, charnu et il étonne par l’impression de sucrosité liée à un botrytis très prégnant. La parcelle de Bâtard fait deux ouvrées, l’ouvrée représentant 428 m², ce qui fait une très petite parcelle.

Nous remontons à l’air libre en emportant les bouteilles sauf la 1997, et nous allons faire une petite dinette dans la grande salle de l’ancien siège de la Romanée Conti. De la cochonnaille, deux fromages et des mandarines nous attendent. C’est frugal, mais c’est l’esprit du domaine et je l’accepte bien volontiers, d’autant plus que c’est ainsi que je fus reçu la première fois à la Romanée Conti.

A table, avec le pâté en croûte le Bâtard redevient le vin sec qu’il devrait être. Il est superbe et racé, très complexe. Etonnamment, on ne ressent plus aucune trace du botrytis.

Le Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1990 a un nez raffiné. En bouche, il est très fruité et large. Le côté chatoyant est très surprenant. Il est beau, épanoui, brillant. Le plus spectaculaire est la largeur de ce vin. Il est très bourguignon avec une belle râpe et une fraîcheur mentholée.

En sentant la Romanée Conti Domaine de la Romanée Conti 1961, on sait que l’on change de planète. Si certaines caractéristiques sont superlatives, d’autres me dérangent. La longueur est infinie, mais le vin est indéfinissable. Je commence par trouver du fumé, des grains de raisins presque brûlés. Un boisé et le côté brûlé donnent au vin une force de goût hors norme. Mais il n’est pas gourmand et n’a pas la délicatesse habituelle. Je me demande si ce n’est pas moi qui ne suis pas d’humeur à vibrer avec la Romanée Conti.

Et tout à coup, le salin apparaît. Le vin commence à s’assembler et le fruit se découvre enfin. Sa transformation est incroyable et enfin, je me trouve devant une Romanée Conti. Puis le fruit s’estompe au profit de la rose, ce qui est très plaisant. Et le vin évolue vers ses caractéristiques du début, avec ces raisins brûlés et cette amertume.

Alors que je suppose qu’il est rare que l’on questionne le mythe du domaine, je m’ouvre à Aubert de Villaine de mon impression de probable mauvaise performance de cette bouteille de Romanée Conti. Aubert me confirme que lui aussi est un peu gêné par cette évolution du vin qu’il n’avait pas ressentie avec la précédente 1961 bue il y a quelques mois. L’explication est sans doute à chercher dans les conditions de la dégustation et dans l’état du bouchon.

Dans ma musette, j’ai le fond du Muscat Mas d’Eu mis en bouteille en 1889 que j’avais ouvert lors des rencontres Henri Jayer. Il y en a suffisamment pour faire quatre verres où le liquide regorge de lie en petites plaques fines. Le vin est sublime et je montre à mon frère comme il va bien avec les mandarines. Ce vin est un régal, apprécié par Aubert et Jean-Charles.

Celui-ci, en démon tentateur, propose un Marc de Bourgogne du Domaine de la Romanée Conti 1978, mis en bouteille en 1994. Je pense n’avoir jamais bu un marc aussi brillant que celui-ci. Il est génial.

Aubert de Villaine conduit mon frère pour une visite éclair des vignes de La Tâche et de la Romanée Conti pendant que je vais récupérer à mon hôtel les vins qui m’ont été offerts aussi bien par les vignerons de Chateauneuf-du-Pape que par ceux de Bourgogne.

En repartant à Paris après cinq jours de folie, je retiens surtout la générosité de vignerons dont l’amitié est certainement le plus grand des cadeaux.

visite à la Romanée Conti, photos mercredi, 18 janvier 2012

une cave de la Romanée Conti

mon frère Jean Audouze avec Bernard Noblet

mon frère et moi avec Bernard Noblet et avec Aubert de Villaine

la dégustation de vins en bouteilles (le bouchon du Bâtard)

la cave de vins anciens

le déjeuner avec les vins ouverts en cave

le Muscat mas d’Eu mis en bouteilles en 1889 que j’ai apporté (reste de celui ouvert à l’occasion des Rencontres Henri Jayer)

le marc de la Romanée Conti 1978

J’ai comparé en cave le muscat avec d’autres ouverts précédemment, pour voir comment les bouteilles ont été chemisées par les dépôts. Celle bue ce jour, au centre, est la moins chemisée

l’étiquette de celle bue ce jour est à droite :

les « Rencontres Henri Jayer » à Vosne-Romanée mardi, 17 janvier 2012

Ayant quitté Chateauneuf-du-Pape en faisant l’impasse sur le deuxième service du lièvre à la Royale, j’arrive à Vosne-Romanée à la salle des fêtes de Vosne Romanée. Depuis ce matin se tiennent les « Rencontres Henri Jayer » qui ont été fondées en 1993 par Henri Jayer et Jacky Rigaux, universitaire et écrivain du vin, ami d’Henri. Ces Rencontres ont continué après la mort d’Henri, dirigées et animées par Jacky Rigaux, et le thème cette année est « millésimes et extrêmes ». Pendant toute la journée, des vignerons ont présenté leurs vins, dans deux millésimes radicalement opposés en termes de conditions climatiques et de données œnologiques. Aubert de Villaine qui ne pouvait participer aux travaux a déjeuné avec ses amis et a apporté le Batard-Montrachet du Domaine de la Romanée Conti 2005. J’aurais aimé avoir le don d’ubiquité pour être dans le Vaucluse et dans la Côte d’Or en même temps.

Au moment où j’arrive, les vignerons participants sont dans l’après-match, et bavardent des vins qu’ils ont bus ou de tous autres sujets. Christian, un grand collectionneur, qui a apporté un Echézeaux Henri Jayer 1995, me donne la moitié de son verre, cadeau que j’apprécie. Encore dans l’ambiance de mon voyage, je ne goûte pas comme il convient toutes les subtilités de ce vin bien fait.

Une salle à manger voûtée est en sous-sol et nous nous répartissons en plusieurs tables. Et, tout comme à la Paulée de Meursault, grand rendez-vous de tous les vignerons de Bourgogne, commence le ballet des les vignerons qui viennent auprès de chacun pour faire goûter leurs vins. Avec seulement deux verres, on jongle, et on est obligé d’en jeter pour accueillir le vin suivant.

N’ayant pas pris de notes et venant de passer deux jours à faire le même exercice, je ne vais faire que citer les vins. Le Kastelberg Grand Cru Marc Kreydenweiss 2008 est un vin jeune mais plaisant et bien fait. Le Champagne Minéral Extra Brut Blanc de Blancs Agrapart 2005 me plait d’autant plus que je suis assis à côté du vigneron. Le Puligny-Montrachet les Folatières Domaine Leflaive 2005 est superbe et gourmand sur une terrine très légère et goûteuse, malheureusement desservie par une salade au vinaigre balsamique qui est un « killer » pour les vins.

Le Mambourg Grand Cru Marcel Deiss 2000 est un très grand vin, aussi original que Jean-Michel Deiss, un grand personnage du monde du vin qui marie pragmatisme, réalisme et vision à long terme. Le Burlenberg « La colline brûlée » Marcel Deiss 2004 est plus énigmatique pour moi.

Chacun reçoit une cassolette de joue de bœuf à la truffe qui est un régal absolu. Le Vosne-Romanée Les Reignots domaine Liger-Belair 2006 est merveilleux. Son fruit est gourmand au possible. Le Beaune Grèves domaine Lafarge 1996 est assez strict mais très bien fait, le Gevrey-Chambertin Racines du Temps en vieilles vignes René Bouvier 2001 est présenté par son vigneron dynamique et enthousiaste et l’Echézeaux Grand Cru Jacques Prieur 2001 est superbe de sérénité. Mais je n’ai pas l’esprit à prendre des notes, aussi ma mémoire n’est-elle que pointillée.

Le Volnay-Caillerets marquis d’Angerville 2007 est un vin de distinction. Le Chambolle-Musigny Les Feusselottes domaine Cécile Tremblay 2008 m’est servi par Cécile elle-même, et c’est le dernier vin que je bois, car un bon sommeil s’impose.

Le lendemain matin, il fait moins sept degrés au thermomètre, et nous nous gelons devant la porte de la salle des fêtes que doit ouvrir Marc Plantagenêt, qui dirige l’entreprise Seguin-Moreau, sponsor des Entrevues Henri Jayer. Marc a fait un détour pour chercher un rétroprojecteur pour la conférence que je vais tenir sur le sujet des vins anciens. Nous sommes trente-cinq dans la salle et les questions montrent l’intérêt suscité par le sujet des vins anciens. J’ai apporté dans ma musette un vin qui fait partie de mes trésors gustatifs. C’est un Muscat Mas d’Eu mis en bouteille en 1889. On peut donc supposer qu’il date des années 1850 / 1860, voire bien avant, car il semble avoir eu un temps de fût considérable. Ce vin servi à tous est un bonheur. Il apporte la preuve de mes propos sur le fait que certains goûts merveilleux ne peuvent exister que par l’âge extrême d’un vin. Il a des agrumes, des écorces d’orange mais aussi du café, du poivre, et des épices innombrables. Ce qui frappe, c’est son extrême longueur. Tout le monde est conquis par ce vin et je pense avoir suscité de l’intérêt pour une autre façon d’envisager les vins anciens.

Nous avons ensuite poursuivi les travaux commencés la veille avec Elizabeth présentant les vins de Toscane Montenidoli avec un Vernaccia di Carato 2002 et 2007, le domaine Cornulus du Valais avec le Clos de Corbassières Païen « Cœur du Clos » 2005 que j’ai trouvé merveilleux de fraîcheur et de gourmandise. Jean-Michel Deiss a présenté un Riesling 2003 et 2008 puis un Burg premier cru 2003 et 2008. Jean-Michel est orateur brillant et captivant. Le jeune vigneron du domaine Marc Kreydenweiss a présenté avec sa passion le Kastelberg Grand Cru 2008 et 2009, le Domaine Amiot Servelle a présenté son Chambolle-Musigny premier cru « derrière la Grange » 2002 et 2003. Le domaine du Marquis d’Angerville a ouvert son Volnay Champans des millésime 2008 et 2009 et le Château Rouget à Pomerol nous a fait goûter son 2003 et son superbe 2006.

Jacky Rigaux a remercié les vignerons de leur générosité et de leurs interventions brillantes, et c’est vrai, car ici, on ne fait pas du commercial, on discute entre vignerons des tendances, des interrogations et des choix. Et c’est passionnant.

Nous descendons à table dans la salle voûtée pour un buffet de bonne qualité. La ronde des vins reprend. La star du déjeuner est pour moi le Schoenenbourg Grand Cru Marcel Deiss magnum 1989 qui est une merveille de complexité ensoleillée. Le Clos du Moulin à Vent Monopole 2009, dont le propriétaire l’est aussi du château Rouget, est une preuve évidente que ça bouge dans le bon sens dans le beaujolais, car le vin est grand. J’ai bu beaucoup d’autres vins, mais la mémoire n’en a pas été enregistrée.

A Chateauneuf-du-Pape, c’était une bande de copains vignerons, chasseurs et ripailleurs. A Vosne-Romanée, du fait de ces « Entrevues Henri Jayer », la forme est plus structurée. Mais les vignerons sont généreux, et parlent d’or. Jacky Rigaux a bien fait de perpétuer ce qui était voulu par Henri Jayer, pour que l’on parle d’excellence. Ce fut un grand moment.

photos – la table du dîner

les vins bus à table ou au cours des rencontres Henri Jayer

le repas du soir

« Rhône Vignobles » reçoit des professionnels du vin et de la restauration lundi, 16 janvier 2012

Le réveil est dur ! L’association « Rhône Vignobles » reçoit ce matin au domaine de Beaurenard environ 150 cavistes, agents, restaurateurs et sommeliers de la région. Les vignerons ont organisé de petits stands entre les fûts dans la cave de vieillissement. Et les visiteurs sont invités à goûter les vins des vignerons de l’association. L’originalité de cette dégustation est que les vins sont parmi les plus vieux de tous les domaines. Ainsi Daniel Coulon fait goûter un Chateauneuf-du-Pape blanc domaine de Beaurenard 1984 à la belle couleur dorée, évoquant la noix et la pâtisserie, et le Chateauneuf-du-Pape domaine de Beaurenard jéroboam 1937 que j’ai ouvert hier. Le nez est follement bourguignon, racé, raffiné. En bouche alors que beaucoup de personnes le trouvent jeune parce qu’il est fringant, je trouve qu’il fait parfaitement son âge, avec une sérénité assumée. Oserais-je dire qu’il n’a pas l’ombre d’un défaut ? Il évoque la cendre, les fumets délicats et a une légère sucrosité. C’est un très grand vin.

Jean-Michel Gérin présente une Côte-Rôtie domaine Gérin 1964 au nez puissant et joyeux. Le vin est superbe, mêlant la joie de vivre, une belle acidité et un grand raffinement. Il apporte la preuve éclatante que la Côte-Rôtie peut vieillir et bien vieillir.

Tous les stands sont tentateurs mais sachant que mon voyage va se continuer en Bourgogne, puisqu’après le déjeuner au domaine Beaurenard j’ai un dîner à Vosne-Romanée, je limite à ces trois vins ma dégustation. Dommage, car il y a de sacrées bouteilles.

Après la dégustation en cave, un repas pour 160 personnes se tient dans les chais où une longue table unique est installée entre les cuves en inox. Le menu est réalisé par Eric Sapet, le chef de « la petite maison » de Cucuron : pâté de chevreuil au foie gras, terrine de sanglier, pâté en croûte de colvert / consommé de palombe, tartine gourmande / les petits oiseaux en cocotte / lièvre à la Royale en deux services, le premier à la façon du sénateur Couteaux / le deuxième à la façon d’Antonin Carême. Pour avoir des chances d’être à temps à Vosne-Romanée, je n’ai pas goûté la deuxième version. Je n’ai pas fait carême !

Pendant le repas au rythme très lent, nous avons été abreuvés de vins des quinze vignerons de l’association, beaucoup plus récents et dans des formats dépassant parfois le magnum. Ces vins sont fort bons mais j’ai plus cherché à les éviter qu’à les goûter. Un Chateauneuf-du-Pape Cuvée Chaupin La Janasse rouge jéroboam 2001 m’a beaucoup plu par la fougue de son fruit, comme un Condrieu Vertige Cuilleron 2001 superbe par sa plénitude sereine. Je n’ai pas noté les autres vins qui venaient de droite comme de gauche et imposaient de vider le verre en cours pour faire plaisir au vigneron qui voulait verser son vin. La cuisine d’Eric Sapet est très traditionnelle mais bien exécutée. Elle est particulièrement riche et gourmande. Les petits oiseaux comme le lièvre sont goûteux et généreux.

Que dire de ces deux jours de folie ? Ce qui m’a frappé d’abord, c’est la générosité des ces quinze vignerons, bande de copains joviaux et bons vivants. Déguster avec eux est un plaisir. On sentait que chacun avait vécu un grand moment de partage et de connaissance, car tous n’ont pas l’habitude de côtoyer de tels vins anciens. L’émotion la plus forte pour la famille Coulon a été l’ouverture du 1880.

Nous sommes appelés à nous revoir, car un accueil aussi chaleureux ne peut rester sans suite.

photos – l’enseigne au domaine de Beaurenard

la dégustation en cave (au premier plan, le jéroboam de Beaurenard 1937)

l’impressionnante table pour 160 personnes

quelques photos du repas et un des vins

Dîner de folie au domaine de La Janasse lundi, 16 janvier 2012

Nous sommes accueillis au domicile privé des propriétaires de La Janasse par Christophe Sabon et sa sœur Isabelle, qui font les vins du domaine et par leurs parents. Les jeunes enfants de Christophe et Céline passent des plats de petits amuse-bouche truffés. Georges, le marchand de vin, a apporté un délicieux jambon espagnol et découpe des fines tranches avec une dextérité spectaculaire, et nous explique les zones de la patte qui sont les plus goûteuses. Commence alors une folie, une débauche de générosité qui nous entraînera tard dans la nuit.

L’Hermitage blanc Chave 1996 est joyeux et très pur. C’est un grand vin. L’Hermitage blanc « Velours » Chapoutier 1982 est hyper sucré. Il est plus dans la catégorie vin de paille que dans celle des Hermitage blancs. Le Chablis 1er cru Côte de Lechet Defaix 1991 est d’une très belle minéralité mais manque de corps.

Le Champagne Joseph-Perrier rosé magnum années 50 est joli, mais comme il est gastronomique, on ressent qu’il n’est pas mis en valeur par un plat adapté et en souffre. Le Champagne Victor Clicquot 1959 est absolument superbe. Il a le charme des beaux champagnes évolués.

Le reste du magnum de Château Canon 1955 montre que le vin n’a pas évolué. Il reste imparfait.

Le Crozes Hermitage Albert Bégot magnum 1985 a un nez superbe. Frais, fruité, il est très jeune et même un peu vert. La crème de céleri n’est pas très propice aux vins.

Nous passons maintenant aux bécasses, dont la sauce lourde est à se damner. La Côte Rôtie La Turque Guigal 1991 sur la bécasse est une folie totale. Quel mariage ! Le vin est un monument. Le Beaune Clos des Mouches Darvil 1993 est fort délicat et se place bien après le colossal vin qui le précède.

L’Hermitage La Chapelle Jaboulet 1990 est superbe de jeunesse, moins puissant que La Turque mais plus profond. Lui aussi est un immense vin.

Georges, en plein tourbillon de générosité ouvre un Cos d’Estournel magnum 1961 contre ma suggestion, car nous étions déjà dans l’excès le plus déraisonnable. Evidemment, verre en main, je ne regrette pas sa générosité, car le vin est tout simplement parfait. C’est un vin géant, d’une rectitude absolue.

Le Châteauneuf-du-Pape Rayas 1992 est un très grand vin à la subtilité raffinée. Le Gevrey-Chambertin En Champ, vieilles vignes Denis Mortet 1996 est génial, très bourguignon.

Le Château Mouton-Rothschild 1942 est une grosse surprise car je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse être aussi bon. Si des signes de fatigue existent, paradoxalement c’est sa vigueur qui surprend. C’est un très beau vin.

Le Château Haut-Bailly magnum 1934 est merveilleux, avec la classe naturelle de ce château. Il est impressionnant de sérénité. Il n’est pas flamboyant, mais il est là. Pureté et rectitude sont ses qualités. Pendant que nous suivions la valse des flacons, un sanglier superbe à la sauce très lourde que l’on sauce au pain, comme pour l’oiseau, nous ravit par sa gourmandise, qui s’adapte aux vins des différentes régions.

Le Coteaux du Layon Sauvion 1947 est très joli et crée un accord étonnant de pertinence avec des sorbets. Le bouchon du Château Filhot 1935 que j’avais ajouté sans le dire à mes apports était tombé dans le vin sans que je ne fasse rien, et Georges s’en gausse. Mais le vin parle de lui-même. C’est un sauternes de référence, d’un accomplissement qui justifie que l’on goûte les sauternes à un âge canonique.

Le Château de La Roque, sauternes 1931 que j’ai apporté est gentil, mentholé, au caramel un peu fort. Si on l’avait bu seul, il nous eût plu, mais après le Filhot, la tâche est difficile.

Le Madère Bual 1845, solera du centenaire est un magnifique madère à la folle jeunesse. Il est d’une rare complexité avec de l’anis, du poivre. Il est génial.

Il aurait pu servir de point final mais débarque dans nos verres un Cognac Napoléon 1811 dont je ne suis pas sûr que tout soit de ce millésime, même s’il est évident qu’il est du 19ème siècle. Et le coup de grâce est donné par un Cointreau des années 60, véritable bonbon de douceurs câlines.

Le contrecoup de tout cela ne fut pas immédiat, car j’ai rédigé le compte-rendu de la première partie de cette journée à la suite du repas. C’est au matin, après seulement quatre heures de sommeil, que mon corps m’a rappelé la folie que nous avions vécue. Une telle générosité est unique. Vive Rhône Vignobles !

dégustation de vins anciens à Chateauneuf-du-Pape lundi, 16 janvier 2012

Le lendemain matin, nous nous rendons chez Vincent Delubac, vigneron à Cairanne, qui nous conduit, après force détours, dans un site où la truffe pourrait éclore. Pour que cela arrive, il y a Tania, chienne truffière peureuse et folâtre, qui nous gratifiera d’un seul point de grattage d’où deux petites truffes émergeront. L’autre alliée est la mouche, mais en ce beau temps sec et sans vent, la mouche est aux abonnés absents. Nantis de cette maigre moisson, nous regagnons le domicile de Vincent et je suis en charge de l’ouverture de trois vins.

Sur de délicieuses pâtes fraîches aux truffes incluant nos deux prises du matin, nous goûtons un Cairanne blanc domaine Delubac 1990. Le vin a une couleur déjà ambrée, et montre d’évidents signes d’évolution. Mais il est à l’aise avec la truffe qui lui donne un équilibre qu’il n’aurait pas autrement. Sur des bars d’élevage bien cuits, c’est-à-dire peu, le Chateauneuf-du-Pape domaine de Beaurenard blanc 1996 a un nez tonitruant et un fruit extrêmement puissant. C’est un vin très agréable, joyeux et puissant.

C’est sur un camembert que nous goûtons le Vin doux naturel Cairanne domaine Delubac 1972 qui est d’une rare fraîcheur et d’un équilibre confondant. Vincent peut être fier de la réussite de ce millésime.

Nous retournons au domaine Beaurenard où je suis en charge de l’ouverture d’un grand nombre de vins pour une dégustation entre membres de « Rhône Vignoble« . Alors que je suis là pour montrer la pertinence de ma méthode d’ouverture des vins, par deux fois des miettes de bouchons seront tombées dans le vin. Vatel s’est suicidé pour moins que ça. Entretemps, un caviste de Lyon au verbe tonitruant vient ouvrir ses vins en appliquant sa méthode qui est de tirer le bouchon au plus vite d’un geste sec. Sur deux ou trois essais, ça marche et je commence à avoir des doutes. Puis sa méthode cafouille, car il perd de nombreux morceaux de bouchons dans le liquide, ce qui oblige à un carafage. Ouf, mon honneur est sauf.

La dégustation commence. Le Château Calon Ségur 1925 est d’une robe un peu trouble, mais d’un rouge rubis. Le nez est charmeur, velouté. La bouche est un peu stricte mais d’une belle acidité. Il y a un peu de fruit mais le vin manque de charme. Le nez est grand, la longueur est prenante. Le vin est intéressant et de belle acidité, sans entraîner une totale émotion.

Le Château Canon magnum 1955 que j’ai apporté est d’une couleur magnifique. Il a un nez de viande et de café. La bouche est meilleure, mais le vin est un peu coincé. Il y a manifestement un manque.

Le Château Pontet Canet 1949 est d’une très jolie couleur. Le nez est charmeur, mais ne me semble pas complet. En bouche le vin est très plaisant, mentholé, de belle acidité. Le final est superbe. Le vin est très jeune et précis. Son final est joyeux et fruité. C’est un très beau vin.

Le Morgon Alfred Jiboz 1955 que j’ai apporté est de couleur claire. Le nez est discret et floral. La bouche est superbe. C’est un très grand beaujolais. Il a une belle râpe. C’est un vin que j’adore. On entre dans son charme. Il n’a pas le moindre défaut. Le vin est magnifique, très gourmand, d’un plaisir fou.

Le Moulin à Vent Genève Frères à Macon 1947 que j’ai apporté a une couleur d’un rouge rubis. Le goût de bouchon que nous sommes quelques uns à percevoir n’empêche pas de le goûter. Il est riche, de belle densité et de belle sucrosité, mais ce n’est pas un vin de plaisir.

Le Santenay Caves de la Bourgogne 1953 que j’ai apporté est d’une couleur claire. Il a un nez bourguignon superbe. C’est un vin de plaisir, follement gourmand. Il est vibrant, fait de fruits rouges, et sa vivacité est un plaisir pur. Sa persistance est très grande et l’on note son caractère salin en fin de bouche.

Le Vin de Bourgogne illisible Joseph Drouhin probable 1947 que j’ai apporté est d’une couleur rouge d’un rubis clair. Le nez est superbe. Le vin est « énorme », follement bourguignon. Il est magnifique, salin, râpeux, gourmand, très frais. C’est un très grand vin.

Le Pommard « les Charmots » Léon Violland 1926 est de couleur claire et a un nez de viande. L’attaque est claire, mais l’aspect giboyeux du milieu de bouche limite le plaisir.

La Côte Rôtie Vidal-Fleury 1960 a un nez imprécis, bizarre. La bouche a une très belle attaque. Le fruité est riche et élégant. Le vin est bourguignon et l’élégance domine, sur un fruit poivré.

L’Hermitage La Chapelle Jaboulet Aîné 1953 a une couleur d’un joli rouge à peine tuilé. Le nez est superbe. C’est un vin frais évoquant la cerise. Il est fruité, gourmand de plaisir. C’est un vin de gastronomie, absolument magnifique.

La Côte Rôtie Hubert Cachet 1928 est une rareté absolue, car la seule vigne que possédait Hubert Cachet était celle de La Turque. Nous buvons donc une Turque 1928. Inutile de dire que je suis aux anges. Le vin est d’un rouge vif très beau. Le nez est superbe et racé. Le vin est magnifique, témoignage unique et émouvant d’un vin mythique. Il est plein, riche, carré, solide, puissant. C’est le vin solide majeur. La fin de bouteille est noire, marquée par une folle fraîcheur.

L’Hermitage Salavert Frères 1922 a un nez de viande et de camphre. Il se présente comme un vin vieux, qui n’est pas mort, mais sans plaisir.

Le Chateauneuf-du-Pape Vidal-Fleury 1960 est d’une couleur rouge rubis. Le nez est marqué par le camphre. Ses défauts limitent le plaisir. On sent qu’il a un fruit riche, aux tannins rustiques, mais le vin n’est pas parfait.

Le Chateauneuf-du-Pape domaine de Beaurenard 1880 est d’une couleur claire, transparente, d’un rose presque prune rouge. Le nez est difficile. La bouche est agréable à l’attaque, et le final est un peu affaibli. C’est un vin de témoignage, émouvant, qui sent la gentiane et l’écorce d’orange, mais il lui manque un peu de corps pour être complet. Il manque un peu de vivacité. Mais il s »améliore dans le verre est devient plus plaisant.

Nous avons fini les rouges, qui montrent une générosité particulière des participants, et nous ne boirons que les blancs secs, réservant les sauternes prévus maintenant à l’après-dîner, car on nous attend pour le diner.

Le Vouvray sec Huet 1961 est d’un or joli. Il est marqué par une forte acidité. Il est un peu monolithique et manque un peu d’imagination. Il est très frais mais souffre de passer après les rouges.

L’Hermitage Chante Alouette 1952 est d’une couleur ambrée. Le nez est superbe et toasté. Le vin est excellent. Il est dans les tons de toast et de moka. Il est très subtil. C’est un grand vin.

L’Hermitage La Chapelle Jaboulet blanc 1959 est fatigué. Il est mort.

Au cours de cette dégustation de seize vins, Il y a sept vins qui se sont montrés sublimes que je classe ainsi : 1 – L’Hermitage La Chapelle Jaboulet Aîné rouge 1953, 2 – Côte Rôtie Hubert Cachet 1928, 3 – L’Hermitage Chante Alouette blanc 1952, 4 – Santenay Caves de la Bourgogne 1953, 5 – Vin de Bourgogne illisible Joseph Drouhin probable 1947, 6 – Morgon Alfred Jiboz 1955, 7 – Château Pontet Canet 1949. Une mention spéciale ira au Beaurenard 1880, témoignage rare du Chateauneuf-du-Pape du 19ème siècle.

Daniel Coulon a prévu d’offrir demain un jéroboam de Chateauneuf-du-Pape domaine de Beaurenard 1937. Avant le dîner je vais l’ouvrir en cave. Nous le goûtons et ce vin est tout simplement sublime. Il est follement bourguignon, très jeune, et promet beaucoup. Daniel est rassuré et nous nous rendons au domaine de la Janasse pour dîner.

Chateauneuf du Pape – photos 2 – les vins dimanche, 15 janvier 2012

Château Calon Ségur 1925

Château Canon magnum 1955

Château Pontet Canet 1949

Morgon Alfred Jiboz 1955

Moulin à Vent Genève Frères à Macon 1947

Santenay Caves de la Bourgogne 1953

Vin de Bourgogne illisible Joseph Drouhin probable 1947

Pommard « les Charmots » Louis Violland 1926

Côte Rôtie Vidal-Fleury 1960

Hermitage La Chapelle Jaboulet Aîné 1953

Côte Rôtie Hubert Cachet 1928

Hermitage Salavert Frères 1922

Chateauneuf-du-Pape Vidal-Fleury 1960

Chateauneuf-du-Pape domaine de Beaurenard 1880

Vouvray sec Huet 1961

Hermitage La Chapelle Jaboulet blanc 1959

les vins de la dégustation de l’après-midi (une partie)

Les vins du dîner chez les parents de Christophe Sabon

Hermitage blanc Chave 1996

Hermitage blanc « Velours » Chapoutier 1982

Hermitage Blanc Chante Alouette Chapoutier 1952

Chablis 1er cru Côte de Lechet Defaix 1991

Champagne Joseph-Perrier rosé magnum années 50

Champagne Victor Clicquot 1959 (avec un verre du Joseph-Perrier)

Crozes Hermitage Albert Bégot magnum 1985

Côte Rôtie La Turque Guigal 1991

Beaune Clos des Mouches Darvil 1993

Hermitage La Chapelle Jaboulet 1990

Cos d’Estournel magnum 1961

Châteauneuf-du-Pape Rayas 1992

Gevrey-Chambertin En Champ, vieilles vignes Denis Mortet 1996

Château Mouton-Rothschild 1942

Château Haut-Bailly magnum 1934

Coteaux du Layon Sauvion 1947

Chateau Guiteronde Sauternes 1921 ou 1924

Château Filhot 1935

Château de La Roque, sauternes 1931

Madère Bual 1845, solera du centenaire

Cognac Napoléon 1811

Cointreau des années 60

quelques photos du dîner