Académie 11 mars – photos vins d’après 1958 jeudi, 11 mars 2010

Château Bouscaut blanc 1959 (magnifique couleur)

Château Brane-Cantenac 1959, épaule basse

Gewurztraminer Clos Zisser (Klipfel ) 1959 (cette bouteille m’inspire)

Malescot St Exupery 1961 niveau LB (belle bouteille)

Château de l’Etoile, vin de l’Etoile Vandelle 1967 (j’adore les vins de l’Etoile dont je suis amoureux)

Château La Gaffelière Saint-Emilion 1969 (jolie bouteille)

Château Lynch-Moussas 1970 (jolie bouteille) (j’aurais tendance à penser que ce vin est jeune. mais il faut que je m’habitue au fait qu’un 1970 a quarante ans aujourd’hui !!!)

Château Guiraud 1971 (la couleur de ce Sauternes est très belle)

Chablis Montée de Tonnerre Raveneau 1972 (niveau à 2,8 cm) (la couleur promet des merveilles)

Vin du Jura jaune ROLET 1979 (très belle)

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Champagne Pommery Brut Royal (env. 25 ans) (2 bt)

Champagne Selosse

Académie 11 mars – photos vins d’avant 1959 jeudi, 11 mars 2010

Photos prises dans ma cave, avant l’académie.

Supposé Madère très vieux # 1850 (bouteille qui fait partie d’un lot de très vieux madères, au goût extraordinaire)

Magnum de Léoville Las Cases 1924 (cette bouteille n’a pas d’étiquette, mais la capsule est explicite. Le niveau est beau. Cette bouteille me plaist beaucoup – à vérifier)

Château d’Arsac Margaux 1925

Hospices de Beaune Brunet 1929 (il y a deux bouteilles de niveaux très bas. Incertitude complète. A voir) (je n’ai pas enlevé les films plastiques pour la photo)

Champagne Mumm Cordon Rouge magnum 1937 (grande vidange) (j’ai voulu offrir ce magnum pour l’académie. Je prends la bouteille et je constate que 2/3 du liquide sont évaporés. La jeter ? Non, nous allons essayer, sans garantie)

Château Roudier, Montagne Saint-Emilion Roudier 1943 (bouteille récemment reconditionnée au château, difficile à juger sur cette présentation)

Château Fonplégade Saint-Emilion 1947

Champagne Veuve Clicquot 1953 (le niveau est très bas, mais l’expérience mérite d’être tentée)

Château Roudier, Montagne Saint-Emilion Roudier 1953 (bouteille récemment reconditionnée au château, difficile à juger sur cette présentation)

château de Pez 1955 (la capsule est invraisemeblablement fraîche, mais c’est un bouchage d’origine. la bouteill est très belle)

Château Clos-Fourtet 1955 (bouteille très engageante)

Les Petites Granges, Bordeaux blanc 1955 (cette bouteille m’a fait une grosse surprise : quand je l’ai prise, intéressé par ce vin inconnu, le niveau était mi épaule. Lorsque je l’ai prise pour la photographier, j’ai constaté que le bouchon a fait éclater la capsule, comme si une fermentation nouvelle avait fait exploser l’air. la couleur du vin n’est pas aussi foncée que ce qu’on voit sur la photo)

à noter que le jour de l’ouverture, le bouchon a encore monté !!!

Château Roudier, Montagne Saint-Emilion Roudier 1955 (bouteille récemment reconditionnée au château, difficile à juger sur cette présentation)

Romanée St Vivant Pierre Bourée 1957 (cette bouteille ne m’inspire pas trop, car on a ciré le haut, sans doute pour arrêter une évaporation trop forte. A voir à la dégustation)

Académie des Vins anciens – 11 mars 2010 – note d’organisation jeudi, 11 mars 2010

Académie des Vins anciens – 12ème séance du 11 mars 2010

Informations sur la 12ème séance de l’académie des vins anciens du 11 mars 2010 :

>>> l’expérience a montré qu’il est bon de lire entièrement et minutieusement ce qui est indiqué ci-après

Lieu de la réunion : restaurant Macéo 15 r Petits Champs 75001 PARIS 01 42 97 53 85

Date de la réunion : c’est le 11 mars à 19 heures, heure absolument impérative.

Coût de la participation : 120 € pour un académicien qui vient avec une bouteille ancienne. 240 € pour les académiciens sans bouteille. Chèque à adresser dès maintenant à l’ordre de "François Audouze AVA" à l’adresse suivante : François Audouze société ACIPAR, 18 rue de Paris, 93130 Noisy-le-Sec.

Inscription : par mail à François Audouze

Proposition de vins anciens : indiquer toutes informations sur l’état et le niveau. Toute bouteille proposée doit être agréée par François Audouze

Dates limites : livrer les bouteilles après approbation avant le 1er mars. Envoyer votre chèque avant le 1er mars, date vraiment limite.

Nota : les chèques reçus avant la séance ne sont pas remis en banque avant la séance. Il n’y a donc aucun avantage à retarder l’envoi.

Livraison des bouteilles : Si vous déposez les bouteilles, faites le au bureau de la maison de champagne Henriot 5 rue la Boétie 75008 PARIS – tél : 01.47.42.18.06. C’est au deuxième étage. Indiquez bien votre nom sur votre paquet, mais surtout, n’écrivez rien sur les bouteilles et ne collez rien sur les bouteilles. Ne mettez pas votre chèque avec la bouteille.

Si vous expédiez les bouteilles, faites le à l’adresse de mon bureau : François Audouze société ACIPAR, 18 rue de Paris, 93130 Noisy-le-Sec, et je les garderai dans ma cave. Bien indiquer ACIPAR sur l’adresse de livraison

Informations complémentaires : Vous pouvez vous informer sur les précédentes réunions en regardant sur le blog, dans la catégorie « académie des vins anciens ».

Les vins annoncés sont : Champagne Pommery Brut Royal (env. 25 ans) – Champagne Mumm Cordon Rouge magnum 1937 (grande vidange) – Champagne Veuve Clicquot 1953 basse – Les Petites Granges, Bordeaux blanc 1955 ME – Chablis Montée de Tonnerre Raveneau 1972 (niveau à 2,8 cm) – Château Bouscaut blanc 1959 – Château Brane-Cantenac 1959, épaule basse – Château d’Arsac Margaux 1925 – Château Roudier, Montagne Saint-Emilion Roudier 1955 – Château Clos-Fourtet 1955 – château de Pez 1955 – Malescot St Exupery 1961 niveau LB – Château Roudier, Montagne Saint-Emilion Roudier 1953 – Château Roudier, Montagne Saint-Emilion Roudier 1943 – Château Fonplégade Saint-Emilion 1947 – Château La Gaffelière Saint-Emilion 1969 – Château Lynch-Moussas 1970 – Magnum de Léoville Las Cases 1924 – Romanée St Vivant Pierre Bourée 1957 – Hospices de Beaune Brunet 1929 – Vin du Jura jaune ROLET 1979 – Château de l’Etoile, vin de l’Etoile Vandelle 1967 – Gewurztraminer Clos Zisser (Klipfel ) 1959 – Château Guiraud 1971 – Supposé Madère très vieux # 1850 – Champagne Selosse.

Grands Crus d’Alsace sous l’égide du Conseil Interprofessionnel des Vins d’Alsace lundi, 8 mars 2010

Après la dégustation des vins de 2007 des domaines de tradition de Bourgogne, je vais à l’hôtel Intercontinental, dans le salon Opéra magnifiquement décoré par Garnier pour la présentation de Grands Crus d’Alsace sous l’égide du Conseil Interprofessionnel des Vins d’Alsace (CIVA).

Ici on a mis les petits plats dans les grands, car des huîtres, du foie gras et diverses autres victuailles sont servis à profusion. Mon analyse des vins d’Alsace est peu exhaustive alors qu’il y a de merveilleux domaines. A deux ou trois exceptions près, je ne m’imprègne que de rieslings. Et cette immersion est un véritable bonheur. Qu’y a-t-il de plus beau que le riesling ? Le riesling, quand il est bien fait, est d’une précision et d’une plénitude qui satisfont le plus exigeant des amateurs.

Je goûte les vins des domaines Jean Becker, Marcel Deiss, Dopf-Irion, Klipfel, Schlumberger et sans doute deux ou trois autres. Ce qui me plait, c’est d’ajouter les expériences de différentes versions du riesling, majoritairement de 2008, mais aussi de 2006 et même 1999. Et je me souviens de jean Hugel qui ne manquait pas de me dire à quel point ce cépage confine au sublime. Et c’est vrai.

Des vignerons présents m’ont parlé de la difficulté qu’ils ont à vendre leurs vins à Paris où l’Alsace souffre d’un déficit d’image, alors que ses vins sont grands. Comme pour les vins du Jura, il faut remédier à cette anomalie.

Les 2007 des Domaines familiaux de tradition de Bourgogne lundi, 8 mars 2010

Chaque année, la dégustation des vins des « Domaines familiaux de tradition » de Bourgogne est un événement extrêmement important, car on y retrouve les propriétaires des plus beaux domaines de Bourgogne présentant leurs vins. Cette année, ce sont les 2007 qui sont sur les minis stands de chaque domaine au Pavillon Ledoyen.

Je commence par serrer les mains des vignerons et des visiteurs que je connais, et mon premier contact est le Corton Charlemagne Domaine de Montille 2007. Autant dire que j’ai commencé par le meilleur, car ce Corton Charlemagne est d’une précision et d’un charme particuliers. Juste après lui, je déguste le Corton Charlemagne Bonneau du Martray 2007 que j’ai trouvé plus fermé et moins vibrant. Il faut dire que ces vins sont servis deux ans et quelques mois après leurs vendanges, aussi certains sont-ils encore dans des phases ingrates. Mon intention n’étant pas de délivrer des jugements définitifs, mais plutôt des flashes du moment, voici des impressions du butinage.

En blancs, j’ai beaucoup aimé le Beaune Clos des Mouches Domaine Joseph Drouhin 2007 car j’aime le style de ce terroir. Le Morey-Saint-Denis Les Monts Luisants domaine Dujac 2007 est une curiosité particulièrement intéressante, car je suis plutôt sans repère pour ce vin. Les trois vins du domaine Lafon sont bien ciselés et goûteux, sans trompette tonitruante, et j’avoue que j’ai un faible pour 2007, car cette année mezzo voce fait ressortir encore plus le talent de ceux qui font bien. Le Meursault Clos de la barre Domaine Comtes Lafon 2007 est un vin solide et élégant.

Les vins du domaine Leflaive m’ont séduit parce qu’ils jouent sur un registre calme tout en montrant l’expertise du domaine. J’ai préféré le Puligny-Montrachet Les Clavoillon Domaine Leflaive 2007 au Puligny-Montrachet les Pucelles Domaine Leflaive 2007. Mais les deux vins sont remarquables.

Les vins du domaine Raveneau sont des plaisirs qui devraient être défendus tant ils rendent dépendants comme des drogues dures. J’ai paradoxalement préféré le Chablis premier cru Butteaux domaine Raveneau 2007 au Chablis grand cru Blanchot domaine Raveneau 2007 même si le potentiel à long terme est évidemment en faveur du Grand Cru.

Les blancs que j’ai bus m’ont séduit. L’année 2007 est en demi-teinte, mais les vignerons améliorant leurs méthodes année après année ont produit des vins élégants et intéressants. Au moment où l’on peut grignoter les excellents fromages de la maison Loiseau, un Beaune Clos des Mouches Domaine Joseph Drouhin 2005, un Corton Charlemagne Bonneau du Martray 2005 et un Chablis premier cru Montée de Tonnerre domaine Raveneau 2005 montrent, s’il en était besoin, que 2005 est une immense année, beaucoup plus riche, mais qui ne porte pas d’ombre aux vins subtils de 2007.

Cette affirmation est encore plus vraie pour les rouges, car c’est un festival de finesse, de délicatesse et d’élégance, malgré le jeune âge. J’ai été très intéressé par un Latricière-Chambertin domaine Simon Bize 2007, d’une maison que je ne connaissais pas. Le Chambertin Grand Cru domaine Trapet 2007 est très convaincant. Le Corton rouge Bonneau du Martray 2007, vin que j’adore habituellement m’a laissé un peu dubitatif, alors que le Corton Domaine Méo-Camuzet 2007 est absolument splendide.

C’est amusant de voir le poids de la mémoire. Car j’ai eu la chance d’acheter de vieux Pommard Epenots Michel Gaunoux. Et le Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 2007 a allumé mille bougies de réminiscence qui m’ont fait adorer ce vin, alors que le Corton renardes Michel Gaunoux 2007 le vaut au moins.

Le Clos de la Roche domaine Dujac 2007 est solide et dans la logique de son terroir, le Volnay Taillepieds domaine de Montille 2007 est charmant et romantique, et le cousinage est évident avec la remarquable subtilité des vins de Jacques-Frédéric Mugnier, sachant que j’ai préféré à ce stade de leurs vies le Clos de la Maréchale au célèbre Musigny domaine Jacques-Frédéric Mugnier 2007 qui est dans une phase refermée.

J’ai eu une particulière surprise. Car c’est la première fois que je goûtais un rouge du domaine de Bouzeron d’Aubert et Paméla de Villaine. Le Mercurey les Montots domaine A et P de Villaine 2007 est absolument charmant et structuré. C’est un vin de plaisir.

Je ne suis pas un familier des vins de Georges Roumier, que je n’achète jamais car l’occasion ne s’est pas présentée. Mais c’est une grande leçon de rigueur que donnent ses vins, le Bonnes-Mares Grand Cru domaine Georges Mounier étant une réussite certaine.

La grande interrogation a été pour moi le domaine Rousseau dont j’ai bu les quatre vins présentés, Gevrey-Chambertin villages, Ruchottes-Chambertin Clos des Ruchottes, Clos Saint-Jacques et Chambertin. Alors que tous les autres domaines jouent sur un registre délicat, j’ai trouvé une affirmation qui dépasse celle de l’année. Je m’en suis ouvert à Eric Rousseau qui a souri et qui m’a dit qu’il préfère les vins qu’il a faits en 2007 à ceux de 2006, pourtant plus encensés par la critique. Je les ai donc goûtés à nouveau quelques heures plus tard, après m’être rendu à un autre rendez-vous, et si j’ai toujours la surprise de la puissance de ces vins pour l’année, force m’est de constater que les vins d’Armand Rousseau font partie de mes chéris, et le Chambertin Armand Rousseau 2007, quand il aura grandi, sera un vin de belle élégance.

Ayant le palais attiré par les vins anciens il est certain que je me sens à l’aise avec les vins de 2007 qui jouent sur la délicatesse et l’élégance.

Si je devais citer les chouchous de ce jour, il y a le Corton Charlemagne de Montille, le Chablis Butteaux Raveneau, le Corton Méo-Camuzet, le Pommard Michel Gaunoux, le Clos de la Maréchale JF Mugnier, le Bonnes Mares Roumier, le Chambertin Rousseau et la belle surprise du Mercurey de Villaine. Comme disait Jean Gabin en s’adressant (je pense) à la Bourgogne : « t’as de beaux vins, tu sais ».

Rayas 2005 au restaurant Villaret jeudi, 4 mars 2010

C’est François Simon qui m’avait fait découvrir le restaurant Villaret. Je m’y rends à nouveau. La carte des vins est toujours spectaculairement belle, intelligente et abordable. Cela tient à la rare connaissance des vins du chef Olivier Gaslain. Mon menu est : terrine de poitrine de pigeon et sa cuisse confite, salade de mesclun, puis le poulet « pattes bleues », dont la garniture d’olives et chanterelles est changée en fonction du vin par le chef au profit d’une purée de pommes de terre truffée. Il y a l’embarras du choix sur la carte des vins. Je choisis Château Rayas, Châteauneuf-du-Pape 2005. C’est un infanticide, je le sais, mais comme disait la grand-mère de je ne sais plus qui : « c’est toujours ça de pris ».

La patronne veut carafer le vin mais j’arrête son geste. J’ai envie de voir l’éclosion du vin dans sa tendre fraîcheur. Et c’est proprement dionysiaque. Le vin est gymnopédique. Il est d’une subtilité invraisemblable qui entoure un fruit généreux. Tout est délicat dans ce vin qui titre pourtant 14° mais ne les fait pas.

Avec la virile terrine très profonde, le fruit est opulent et remplit la bouche. La chair du poulet est magistrale et l’accord est tout aussi splendide, mais sur un registre plus délicat que fruité. J’ai discuté avec Olivier Gaslain et suggéré que dans un tel contexte la délicieuse sauce qui a enveloppé le volatile ne soit pas présente dans l’assiette si elle l’est à la cuisson, car la pureté de l’accord se trouve sur la chair intense du poulet. François Simon adore le poulet. C’était une façon de le remercier que d’avoir pris ce plat réussi.

Cette adresse est une pioche de première catégorie.

Conférence pour des ardennais mercredi, 3 mars 2010

Ma mère était ardennaise. Je la voyais compulser avec régularité la revue « l’Ardenne à Paris » qui lui donnait des nouvelles, souvent de disparition, de gens qu’elle avait connus.

Un jour le président de l’Ardenne à Paris me rencontre et me demande si je peux faire une conférence sur l’entreprise de ma famille, créée dans les Ardennes, que j’ai dirigée pendant 26 ans. Pensant surtout au plaisir que cela ferait à ma mère, je dis oui.

Entendre raconter l’histoire d’une entreprise quand on n’est pas du métier, cela peut rapidement lasser. Aussi ai-je l’idée de parler aussi de ma passion actuelle en faisant goûter à cette assemblée un ou deux vins anciens. Nous nous retrouvons une trentaine à la maison des associations, quai de Valmy. Les ardennais de Paris ne sont pas de prime jeunesse, mais c’est une bonne chose, car certains ont des souvenirs communs avec ce que je raconte.

Après l’exposé très écouté de l’histoire d’une entreprise ardennaise qui a ensuite largement débordé des limites du département, je fais goûter un Banyuls de coopérative de 1959 et un Maury La Coume du Roy 1925 sur des petits carrés de chocolat. L’écart d’âge entre les vins très différents montre à quel point les années arrondissent et harmonisent les saveurs. L’assemblée est conquise et pose force questions sur les deux sujets bien différents de mon exposé. Au moment où l’on me remercie une charmante jeune dame de 85 ans me dit : « si vous saviez comme je suis heureuse d’avoir bu un vin de mon année.

Si elle me regarde du ciel, ma mère doit être contente que j’aie fait parler une moitié de mon patrimoine génétique, mes racines ardennaises.

déjeuner au restaurant de l’hôtel Bedford lundi, 22 février 2010

La date du 11 mars que j’ai annoncée pour la prochaine académie des vins anciens a sans doute été mal choisie, car il y a des empêchements pour beaucoup d’habitués. Nous serons moins nombreux, aussi aurais-je mauvaise grâce à réserver le premier étage du restaurant Macéo où nous tenons habituellement nos réunions.

Un ami me dit qu’il a peut-être la solution pour le 11 mars. C’est un restaurant d’hôtel que l’on peut privatiser le soir. Nous décidons d’aller y déjeuner pour en faire l’inspection. Au moment où je m’assieds à la table, l’ami me dit : « le restaurant est pris le soir du 11 mars ». Ma réponse fuse comme un smash : « comme c’est un coup d’épée dans l’eau, c’est toi qui invites ». On m’a connu plus élégant, mais je sais que j’ai dans mes manches de quoi réciproquer. L’hôtel Bedford est un de ces hôtels que l’on ignore quand on passe devant. Au fond du vaste hall, la salle de restaurant fait comprendre pourquoi l’excès de stuc est appelé pâtisserie. Car la pièce ressemble aux gâteaux surchargés de mon enfance. Mais au-delà de cet aspect enfantin et kitsch, il y a comme une atmosphère. Nous sommes bien assis, le personnel a le service attentif des pensions de famille de province. Bien sûr, j’exagère. Nous prenons le menu du jour, charcuterie variée pour moi puis volaille à la purée truffée.

La charcuterie est bonne et la volaille n’est pas merveilleuse. Dans la carte des vins très limitée je repère un vin qui me vaut une approbation appuyée du sommelier qui nous dit que c’est sa dernière bouteille de ce millésime. Le Clos de Vougeot Domaine Tortochot 2000 surprend aussi bien mon ami que moi. Nous ne l’attendions pas à ce niveau. Le vin est agréable, d’une fraîcheur remarquable et d’une élégance certaine. C’est un vin qui fait plaisir à boire. C’est rare qu’on se sente aussi bien sans avoir besoin d’analyser pourquoi. Comme il est bon, il est asséché assez vite aussi pour le fromage prenons-nous un Meursault les Narvaux Domaine Bachelet 2006. Il n’y a avec ce vin pas l’ombre d’une surprise. Il est meursault, il est riche et gouleyant, d’une belle présence, mais sans créer l’émotion que le rouge avait créée.

Le lieu a du charme, kitsch mais amusant, aussi avons-nous réservé pour la session suivante de l’académie. Il faudra bien sûr voir ce que l’on nous propose, mais cet essai est engageant. Le restaurant n’est ouvert au dîner que s’il est privatisé. Aussi, comme dans les bonnes pensions, on installe sur les tables les confitures et les tasses pour le petit-déjeuner, pendant que nous continuons nos passionnantes discussions.

la solidarité des chaudières !! dimanche, 21 février 2010

(lire le sujet du 20 Février avant celui-ci)

Le lendemain midi, les mêmes se retrouvent à notre domicile. Je suis allé dans ma cave pour choisir du vin, et voyant un carton qui n’est pas ouvert, j’ai la curiosité de l’ouvrir. Dedans, trois bouteilles d’un Châteauneuf-du-Pape. Comment et pourquoi ai-je acquis ce vin, je n’en ai aucune idée.

Les enfants et petits-enfants arrivent, et il faut organiser les vins. Guillaume descend en cave avec moi et préfère explorer un vieux champagne. Dans une zone où j’ai des Mumm 1937 il sort une bouteille. Je pense qu’il s’agit d’un Mumm 1937 mais en fait c’est un Champagne Mumm Cordon Rouge sans année. Compte tenu des torsades du fil du muselet, des couleurs et des blessures, ce champagne doit être des années 30. Je constate qu’il a une belle couleur et un beau niveau. Ce sera donc le champagne du repas. Nous commençons à grignoter des noisettes sur ce champagne à la couleur de pêche, au parfum délicat qui ne montre aucune déviance, et au goût charmant et romantique comme un tableau d’Elizabeth Vigée-Le Brun. Il y a du fruit frais orangé comme la pêche fraîche, une bulle active, un pétillant joyeux et un équilibre ravissant. C’est le 18ème siècle galant.

Guillaume cuit des coquilles Saint-jacques, coquille d’abord et corail ensuite. La coquille s’accouple en délicatesse avec le champagne joyeux. Sur le corail, qui conviendrait aussi au champagne, nous essayons le Châteauneuf-du-Pape Ch. Bader-Mimeur 1961. Je n’ai jamais entendu parler de ce négociant installé au Château de Chassagne-Montrachet. La couleur du vin dans les verres Riedel est très belle. Le parfum est franc, précis. En bouche, ce qui frappe instantanément, c’est le velours. Ce vin est velouté, charmant, enveloppant, avec une force alcoolique non négligeable. Les coraux sont d’une finesse extrême, créée par une cuisson au millième de degré.

Le plat principal est un gigot d’agneau cuit à basse température avec des haricots blancs et des petits légumes. La chair de l’agneau est d’une intensité fondante, ce qui accentue le velouté du vin. Dans une telle délicatesse de sensations on remarque que le vin est légèrement influencé par un petit coup de chaud antérieur. Mais le plaisir est complet.

Une salade de fruits rouges et noirs n’accompagne aucun vin. Une sieste informelle et impérieuse suit ces agapes. Au réveil, je constate que la vengeance est un plat qui se mange effectivement froid, au sens propre du terme, car ayant ironisé sur la chaudière de mes enfants, je constate que notre chaudière hyper sophistiquée de moins d’un an est absente. La complexité des cadrans interdit toute manipulation de redémarrage. Un dimanche après-midi et probablement encore toute la nuit, nous allons rêver du sketch de Fernand Raynaud : « c’est le plombier ».