des cigalons chez Yvan Roux dimanche, 31 janvier 2010

Pour un vrai retour en France, il nous fallait un détour dans notre maison du sud. Yvan Roux m’annonce qu’il a des cigalons, qui sont aujourd’hui les mets que je recherche le plus. Nous appelons des amis. Je cherche en cave des vins que j’ai envie de boire. Laissons-nous aller.

Les amis arrivent à la maison. Des petits toasts au foie gras attendent un champagne. J’ai ouvert un Champagne Salon 1983, année difficile pour Salon. Je ne l’ai pas bue depuis plusieurs années. Comment a-t-elle évolué ? Le bouchon est impeccable, souple et puissant, ce qui me fait plaisir. Si l’on a pris le soin de prendre de bons lièges, c’est un signe positif. La bulle est très active, la couleur est d’un or sympathique. Tout s’annonce bien. Dès la première gorgée, on sent que l’on a affaire à un champagne atypique. Le caractère vineux est dominant. L’âge est sensible, et l’on comprend pourquoi ce vin a pu être jugé faible, car il y a un petit creux dans la densité. Mais la compensation existe largement quand l’on écoute le discours fumé d’un champagne vineux, fort, puissant et d’une longueur appréciable.

Nous allons chez Yvan Roux, et dans la cuisine, les fruits de la mer attendent notre gourmandise. Dans une assiette, trois éléments : une friture de petits souclets, des alevins de seiches sans os et des petits crabes de posidonies frits. Tout cela se croque avec bonheur sur un Meursault Clos de la Barre Domaine Comtes Lafon 2000. Le vin est très attendu. C’est-à-dire que la richesse onctueuse d’un vin polymorphe est exactement ce que j’espérais. Mais ce qui frappe, avec une évidence marquée, c’est la longueur du vin. Quand il pianote en début de bouche, on sent ce qu’il veut dire. Et dès qu’il prolonge les aiguilles du temps, on sent qu’il en dit un peu plus. C’est un grand vin.

Le point d’orgue de notre dîner, ce sont les cigalons qu’Yvan a mariés à de l’ail confit. Sur ce plat, deux vins rouges : un Clos de la Roche Armand Rousseau 2002 et un Clos de la Roche Dujac 2002. L’idée de mettre côte à côte ces deux vins m’est apparue ludique. Les cigalons sont transcendantaux. Parmi tous les goûts que je côtoie, le plus fort, le plus excitant aujourd’hui, car nul ne sait de quoi demain sera fait, c’est celui des cigalons. Et, si j’osais le dire, ce sont les cigalons cuits par Yvan.

Rien n’est plus dissemblable que le goût de ces deux Clos de la Roche. Il y a dans le Dujac un côté séducteur, charmant, puissant, flatteur, qui peut convaincre. Et ma voisine et amie est séduite. Mais le Rousseau résume complètement l’identité pure de la Bourgogne. Le charme moderne est chez Dujac. L’authenticité profonde est chez Rousseau. Les deux vins sont grands, mais mon cœur balance vers Rousseau. Les deux vins sont en symbiose avec les cigalons. Je vis un moment grandiose.

Yvan nous sert un carpaccio de pageot à l’huile d’olive et suprêmes de pomelos. La chair du pageot est sublime. Les rouges s’en accommodent bien, du moins ce qu’il en reste, si l’on oublie les pomelos pour n’en conserver que leur trace suggestive. Pour le soufflé à la vanille de Madagascar, mon ami commande un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle. Le soufflé est expressif et aérien. Le Laurent Perrier se place dans son sillage. S’il n’y a pas la complexité du Salon, il y a un plaisir de vivre qui se communique.

Lorsque nos amis nous quittent, je pense à ce dîner. Il y a eu exactement ce que je recherche. A tout moment, il n’y a eu que le goût pur. Pas la moindre fioriture. Le goût pour le goût, avec des cuissons d’une justesse extrême. Je touche à ce que j’aime. Et les vins que j’ai mis à leur contact répondent présents. C’est un plaisir ultime que je veux couver pour longtemps.

dîner chez Yvan Roux photos samedi, 30 janvier 2010

Champagne Salon 1983

Un bouchon splendide

Souclets, petits crabes et alevins de seiches

Meursault Clos de la Barre Domaine Comtes Lafon 2000

Clos de la Roche Domaine Dujac 2002

Clos de la Roche Domaine Armand Rousseau 2002

Petites crevettes roses

Les cigalons, objet de ma convoitise

Carpaccio de pageot

Trois vins que j’apprécie

Soufflé à la vanille

Les bouchons des deux Clos de la Roche

Un hippocampe dans les filets, c’est un porte-bonheur

déjeuner d’amis au restaurant Taillevent mercredi, 27 janvier 2010

J’aime l’impromptu. Un SMS tombe sur mon portable peu après mon retour : « demain, déjeuner, Taillevent, ça te va ? ». Jean-Philippe veut que je lui raconte le récent voyage. Je demande à ma femme si elle veut être de la partie, mais elle s’est engagée vis-à-vis de notre fille. Nous nous retrouvons à deux au restaurant Taillevent. Nous sommes accueillis par un Champagne Jacquesson Sillery Grand Cru 1996. Ce champagne est un 100% pinot noir dégorgé en 2004. A l’aveugle, il ne m’évoque aucun champagne, car il se trouve que j’ai très peu acheté de vins de cette maison. Mais ce que je reconnais volontiers, c’est que le champagne est plaisant. Il est à peine dosé, à 3,5 grammes et a une belle amertume, signe de personnalité. Les affectueuses gougères, sésame de cet endroit, me font de l’œil avec insistance, ce qui permettra à Jean-Marie Ancher de faire de l’humour sur un mode gentil, quand plus tard, il fera habiller une profiterole à la façon d’une gougère.

Nous discutons avec Jean-Philippe du choix des vins et plusieurs pistes sont possibles. Je laisse mon ami proposer les solutions que nous adoptons.

Le premier vin est un Bienvenues Bâtard Montrachet Domaine Leflaive 1989. Après une abstinence vineuse de plus de 25 jours, ce vin fait briller mes yeux. Il y a une complexité, un épanouissement qui sont exemplaires. Le vin est juteux, gras, expressif. C’est du bonheur en bouche. La mise en bouche est succulente, mais nous parlons tant que j’oublie ce qu’elle est. Le consommé de bœuf, moelle et châtaignes est agrémenté d’une belle tranche de truffe noire qui fait vibrer le Bienvenues avec une efficacité remarquable. Lorsque vient la deuxième entrée, Frégola artisanale de Sardaigne cuisiné au homard et aux coquillages, l’accord est tout aussi plaisant, mais j’ai l’envie d’essayer le rouge. Il s’agit d’un Musigny Jacques-Frédéric Mugnier 1999. Le plat rétrécit un peu le vin, c’est évident, mais l’accord ne me déplait pas, iode et vin rouge trouvant en moi un écho particulier.

En fait, le territoire du Musigny, c’est le carré d’agneau des Pyrénées en croûte d’herbes, jus à la sarriette, absolument délicieux. Le vin est très intéressant, atypique car il fait explorer des gammes de goûts qui ne jouent pas sur la séduction, et c’est ce que j’aime dans les bourgognes. Ce vin va encore s’étoffer, prendre de l’ampleur. Mais avec ses dix ans bien sonnés, il commence à parler et raconter des histoires d’un grand Musigny, de belle précision et de belle longueur. J’adore ce vin qui n’a pas le charme direct du Bienvenues, mais une subtilité et une affirmation dans un registre étrange qui s’affinera avec le temps.

C’est amusant d’ailleurs de constater que le Bienvenues est dans un registre complètement connu, exécuté de façon remarquable, alors que le Musigny joue sur la surprise et l’exploration de sentiers non battus. Cette opposition de styles est un bonheur.

Après tant de jours sans vin, j’ai senti leur pesanteur pendant plusieurs heures. Mais le retour au raffinement de la cuisine française, avec la délicatesse d’une grande maison, c’est exactement ce qu’il me fallait, quand en plus, c’est avec un ami.

déjeuner d’amis au restaurant Taillevent photos mercredi, 27 janvier 2010

Champagne Jacquesson Sillery 1996

Bienvenues Bâtard Montrachet domaine Laflaive 1989

Musigny Jacques Frédéric Mugnier 1999

amuse-bouche

Consommé de bœuf, moelle et châtaignes (l’aileron de requin qui flotte dans le consommé est une généreuse tranche de truffe noire)

Frégola artisanale de Sardaigne cuisiné au homard et aux coquillages

Carré d’agneau des Pyrénées en croûte d’herbes, jus à la sarriette

Je me suis fait une farce sur les gougères (eh oui, excusez cette contrepèterie) en début de repas, aussi Jean-Marie Ancher m’a fait cette petite frace d’une profiterole façon gougère. Il a même tenu à immortaliser ma béatitude

Chèvre frais, tapenade et mesclun

Déclinaison de fruits exotiques

Gourmandise de chocolat Nyangbo

vacances en Amérique mardi, 26 janvier 2010

Il est conseillé de lire dans l’ordre inverse de succession des messages, pour respecter l’ordre chronologique.

 

Ce compte-rendu de voyage a été rédigé pour garder la mémoire des événements qui nous ont marqués. Il n’a normalement pas sa place sur le blog, puisqu’on n’y parlera pas de vin. Il ne sera pas inclus dans les bulletins.

Yquem, Banyuls et Maury à Sciences Po lundi, 25 janvier 2010

David, l’animateur du groupe d’œnologie de Sciences Po m’avait contacté il y a de nombreux mois pour que je vienne parler de vins anciens devant une quarantaine d’élèves et anciens élèves. Ayant fait à Normale Sup’ une présentation en compagnie d’un vigneron ami, j’ai suggéré de recommencer cet exercice en binôme. Ce soir, je serai aux côtés de Pierre Lurton qui présentera Yquem.

Quand je me présente, deux élèves rangent les tables et les chaises, n’ont pas encore ouvert les bouteilles, n’ont pas les verres, mais comme par miracle, tout s’assemble au bon moment. C’est plutôt du « last minute » que du « just in time », mais si ça marche, bravo les jeunes.

(la salle avant le début de la réunion)

Pierre Lurton arrive tout sourire et présente le prestigieux domaine du Château d’Yquem. Nous commençons par déguster « Y » d’Yquem 2006. Le nez est de citron vert très raffiné. La bouche est élégante, avec des écorces d’agrumes. Il n’a pas tellement de longueur, mais il promet. Il a du gras, de la charpente, et ce que l’on retient surtout c’est qu’il offre déjà une belle maturité en ne montrant aucun signe des déséquilibres habituels des vins blancs jeunes de Bordeaux.

Le Château d’Yquem 1999 a un nez assez fermé. Et quand il s’ouvre, il offre de belles fleurs blanches. La bouche est très agrumes, et lorsque l’on revient au « Y », le cousinage entre les deux vins est saisissant. Il n’est pas très long, n’a pas beaucoup de richesse, mais il compense par une ravissante fraîcheur. Il a un peu de pâtes de fruits qui donnent de la consistance. Sa caractéristique est d’être élégant.

Avec le Château d’Yquem 1996 on entre de plain-pied dans le monde d’Yquem. Car voilà un vrai Yquem. Le nez est beaucoup plus riche et l’on y trouve du coing. Le goût est beaucoup plus épanoui. La trace finale est la signature d’Yquem. La pâte de fruit est construite, le poivre est agréable, le pamplemousse et l’orange ajoutent la note d’agrumes indispensable. La longueur est là avec une fraîcheur remarquable.

Le Château d’Yquem 1989 est un des membres actifs d’une trilogie légendaire pour Yquem : 88, 89 et 90. Le nez est superbe, épanoui à souhait. Fruits confits et agrumes sont richement développés. Le goût est puissant, concentré, très droit. Il joue plus sur la puissance et un léger goût de camphre me gêne un peu. Son sucre est un peu fort. On sent le sucre caramélisé. Le final n’a pas l’affirmation que j’aurais attendue.

J’interviens auprès de Pierre Lurton pour parler de vieux Yquem dont l’évocation fait briller les yeux des élèves, aux remarques pertinentes. J’ai apporté deux vins que nous allons goûter sur deux chocolats achetés par les élèves, un chocolat résolument noir et l’autre plus doux. Le Maury La Coume du Roy, domaine de Volontat 1925 est extrêmement doux et ne fait pas son âge. Son attaque est toute en rondeur, puis l’alcool s’installe en bouche et son final d’une grande finesse apporte une fraîcheur particulièrement élégante.

Le Banyuls de coopérative 1929 ne montre aussi aucun signe d’âge. Son fruit est plus riche et plus expressif que celui du Maury. Il est plus fort en alcool et bénéficie lui aussi d’une belle fraîcheur. Je préfère le banyuls. Mais sur le chocolat, c’est le Maury qui emporte la mise, car la continuité gustative est nettement plus évidente, marquée par la douceur. Et c’est le chocolat le plus rêche, le plus noir, qui fait vibrer le Maury pour l’enrichir encore.

Il faut rendre la salle à 21h15, ce qui met un terme à mille questions d’élèves passionnés. Un ancien me dit qu’une tradition est de poursuivre les discussions dans un restaurant voisin.

(avec de telles munitions, tout est sourire)

Dans un restaurant italien proche, nous sommes huit, dont trois anciens ont déjà entamé une carrière dans le monde du vin. Il reste du « Y » et suffisamment d’Yquem pour que nos échanges se poursuivent au-delà de minuit. Ces jeunes, enthousiastes, montrent que l’amour du bon vin n’est pas près de s’éteindre. Des mordus participent aux concours inter-écoles. Il est prévu de se revoir soit à l’académie des vins anciens, soit lors d’un de leurs concours. Ça bouge à Sciences Po.

Cancun – fin et conclusion du voyage samedi, 23 janvier 2010

Dernier jour et essai de synthèse à chaud.

 

22 janv.-10 et 23 janv.-10

 

Pour la première fois, nous avons un petit-déjeuner en chambre que nous avons commandé à l’heure que nous avons décidée, car il n’y a aucun rendez-vous le matin.

 

Ayant tellement de fois fait et défait nos valises, les remplir ne nous fait pas peur. Aussi, avons-nous quasiment toute la matinée pour flâner au bord de la piscine ou sur la plage de sable blanc. Allongés sur de larges transats recouverts de serviettes moelleuses, mon Dieu que c’est bon. On dirait presque que c’est notre plus belle journée de vacances.

 

Je fais une dizaine de longueurs dans la piscine, puis avec Silke, nous allons affronter les vagues fortes qui créent un courant latéral qui nous déporte. Quel bain de bonheur. Nous allons ensuite déjeuner sous la hutte qui est sur la plage. Puis, séance de valises, attente de la voiture qui nous conduit à l’aéroport de Cancun.

 

Tout le long du trajet, nous sommes une nouvelle fois étonnés de l’importance du tourisme dans cette région. Nos plus grands ensembles de tourisme sont des nains à côté de ce que l’on voit ici.

 

A l’aéroport, nous nous enregistrons très facilement et il nous faut tuer le temps car j’avais prévu large, comme le premier jour. Comme nous voyageons en classe affaires, je cherche le salon d’attente correspondant à ce statut. Là où nous nous présentons, la compagnie XL ne figure pas. A voir la tête des préposés quand je présente nos billets, on se dit que notre compagnie doit faire charter. Nous nous présentons à un deuxième salon et à la réception c’est encore une fois la même moue dédaigneuse : « nous ne connaissons pas ce genre de compagnies ».

 

Nous attendons dans un bar insipide où le produits sont facturés plus chers qu’au Fouquet’s, et je me renseigne au bureau de la porte d’embarquement : « non, cette compagnie n’a pas de salon pour la classe affaires ».

 

Lorsque nous embarquons dans un Airbus A 320 notoirement fatigué et abîmé, nous constatons que l’espace qui nous est réservé est particulièrement exigu. Et comme la commande des sièges ne fonctionne pas, il n’est pas question de s’allonger pour dormir. A partir du moment où nous volons, tout devient de la caricature. Imaginons que l’on demande à quelqu’un de faire le repas le plus indigeste et immangeable possible, il est sûr qu’il n’arrivera pas à faire aussi efficace que cette compagnie. Je n’ai pas mangé la moitié de ce qui nous a été servi. C’est du surgelé gorgé d’eau et sans le moindre goût. Affreux. Et tout fait chiche, calculé pour un prix de revient le plus bas possible.

 

Nous avons même eu droit à la zone de turbulence nous clouant à nos sièges pendant plus de trois heures, ce qui est extrêmement long. Est-ce que le pilote, ayant à économiser le carburant, n’a rien fait pour éviter la ligne droite qui croisait du mauvais temps ? Est-ce un moyen pour l’équipage de s’offrir un long moment de tranquillité ? Je ne sais pas répondre.

 

Il fut impossible de dormir et la position unique dans le siège m’a poussé à me contorsionner sur mon siège.

 

Nous sommes arrivés à l’heure dite, même avec de l’avance, et les formalités à la douane sont proches du zéro absolu. Je me demande même si les douaniers regardent les passeports, car leurs yeux ne se tournent qu’à peine vers les documents. Ils semblent plus intéressés pas le jolies touristes qui passent. Aucune file d’attente. On entre en France avec une facilité étonnante, voire coupable.

 

Aucune attente au tourniquet des bagages. Jamais je n’ai connu une arrivée aussi rapide et facile. Il y a 28° d’écart de température entre hier et aujourd’hui. Il va falloir se réhabituer.

 

Conclusion

 

Il est trop tôt de tirer les conclusions d’un tel voyage.

 

Voici quelques impressions trois heures seulement après avoir atterri.

 

D’abord, nous étions heureux d’être ensemble, et c’est le principal, car c’est ce que nous voulions.

 

Un programme aussi vaste avec autant de changements de lieux, d’hôtels et de vols est bâti pour des voyageurs de 40 ans plus que pour notre âge. Nous avons tenu le coup, mais nous aurions enchaîné beaucoup mieux à 40 ans.

 

Faire un voyage avec des guides qui sont toujours ponctuels, érudits, c’est d’un confort absolu.

 

Le bât a blessé en ce qui concerne les hôtels. Certains n’ont pas la qualité que nous souhaitions pour que ce séjour donne aussi un air de vacances luxueuses.

 

Mais ce qui compte le plus, c’est évidemment le contenu de ce que nous avons découvert. Nous voulions connaître trois civilisations disparues, celle de l’île de Pâques, celle des indiens de la Patagonie et celle des mayas. Nous avons appris beaucoup de choses sur l’histoire du monde, sur son caractère éphémère et sur la cruauté des humains.

 

Et il y a eu tellement de « premières » pour nous : première fois en Amérique du Sud, première fois au Chili, première fois à l’île de Pâques, première fois en Patagonie, première fois où j’ai survolé le Cap Horn, première fois sur les sites mayas, première fois au Yucatan.

 

Et les bains furent aussi des premières : je me suis baigné pour la première fois dans l’océan Pacifique, je me suis baigné pour la première fois dans le lac du cratère d’un volcan, je me suis baigné pour la première fois dans la mer des Caraïbes, je me suis baigné pour la première fois dans une mangrove, je me suis baigné pour la première fois dans une grotte souterraine, je me suis baigné pour la première fois avec des dauphins.

 

Tout ce que nous avons fait était déraisonnable. Mais nous sommes ravis de l’avoir fait.

 

Dans mes dîners il y a toujours le classement des vins que l’on a préférés. Quels sont les moments les plus riches pour moi : 1 – le survol du Cap Horn, 2 – le site de Chichen Itza, 3 – les statues des Moais plantées dans le désordre sur les pentes du volcan qui sert de carrière, 4 – la contemplation du site de Torres del Paine.

 

Alors, avons-nous envie de refaire un programme aussi fou ? Un petit coup de farniente sous les cocotiers face à une mer chaude serait le bienvenu.

Cancun, suite et presque fin vendredi, 22 janvier 2010

Les dauphins ont bon dos !

 

21 janv.-10

 

Après Chichen Itza, le programme du voyage mis au point avec l’agence de voyage est fini. Malgré l’envie que nous avions de ne plus dépendre d’horaires, j’ai pris un nouveau rendez-vous.

 

Mais, comme disait le regretté Philippe Seguin, quand ça veut pas, ça veut pas.

 

J’étais allé après le dîner prévenir la réception que nous appellerions pour le petit-déjeuner, à l’horaire de notre choix. On imagine ce qui s’est produit. A 6h30 du matin, je reçois un appel de France qui me réveille, d’un ami qu’autrement j’aurais traité avec délicatesse. Je me rendors et à 7h30, on toque à la porte. C’est le petit-déjeuner. La journée commence mal.

 

Le taxi que l’hôtel m’avait réservé et commandé devait me prendre à 10h20, pour un rendez-vous à 10h30. A l’heure dite rien. Lorsque 10h30 est déjà passé, l’hôtel me promet un taxi dans trois minutes, pour un trajet qui prend cinq minutes.

 

Le taxi vient sept minutes plus tard et le trajet dure un quart d’heure. On imagine mon stress, car ce à quoi je m’étais inscrit, c’est une heure de nage avec des dauphins. Nous arrivons dans un ensemble de vacances absolument gigantesque. Les voitures sur trois rangs patientent à l’entrée au contrôle, en formant des queues comme celles au péage lors d’un retour de week-end. Je serais prêt à manger le skaï de mon siège.

 

J’arrive enfin à la réception pour la nage avec les dauphins et le trajet qu’il faut faire pour être enfin en mesure d’intégrer le groupe est ubuesque. On est baladé d’un immeuble à un autre. Quand je paie, le préposé n’a plus de rouleau de papier dans son terminal carte bleue et je commence à me demander si je ne vais pas payer deux fois. Tout prend un temps fou et j’ai bien peur d’être en retard.

 

J’ai l’air malin, quand, ayant vu la mer ce matin très agitée, j’ai demandé à l’hôtel si cela n’influencerait pas la nage. Car devant nous, il n’y a que des bassins un peu plus grands que des piscines, où, malgré le vent, pas la moindre vaguelette ne se forme.

 

Silke m’a accompagné pour immortaliser mes acrobaties. Elle va attendre à la terrasse d’un café ce qui ressemble à un gigantesque attrape-nigauds. Le moniteur en chef fait un discours à une soixantaine de personnes, avec cet humour lourd de ceux qui savent. Ensuite le groupe se scinde et je suis dans un groupe d’une douzaine de personnes. Nous allons à pied sur une île artificielle pour regarder une vidéo de présentation de ce que nous allons faire. Avant de la lancer, notre moniteur fait de l’humour : « lorsque vous allez nager au milieu des requins » « euh, pardon, non, ce n’est pas pour vous ». On voit le niveau. Le contenu de la vidéo pourrait être compris en deux minutes, mais la vidéo en prend vingt. Et, pour nous expliquer que des photos seront prises, car la machine à fric fonctionne à plein régime dans cette marina, il faut dix minutes de plus.

 

Alors que la séance fait une heure, en voici la moitié qui est consommée. Nous arrivons dans notre bassin et le moniteur nous indique les noms des deux dauphins qui vont nager avec nous. Et des membres du groupe se mettent à poser des questions. Je rêve. Nous entrons dans l’eau et à côté de moi, il y a un moniteur qui dit qu’il y a dans le bassin de jeunes dauphins qui sont en apprentissage. Il demande qu’on ne les touche pas car ils ne connaissent pas la valeur de nos signes. Comment reconnaître un jeune dauphin d’un vieux, je ne sais, car à un moment un jeune me mordilla la main, ce qui fait une drôle d’impression.

 

Qu’avons-nous fait ? Caresser les dauphins sur la tête et sur le ventre. Leur embrasser le bout du nez pour que le photographe puisse s’acheter une nouvelle Cadillac. Se mettre en cercle pour que les dauphins se fassent caresser en continu. Enfin, les deux seules activités physiques : mettre les bras en croix, saisir les ailerons de deux requins qui nous tirent sur plusieurs mètres. Et, le plus spectaculaire, se faire pousser les pieds par deux dauphins, qui nous soulèvent et permettent que l’on ait l’impression de marcher sur les eaux.

 

C’est charmant, mais c’est un peu mince. J’imaginais que je nagerais à côté d’un dauphin en créant une complicité. Or ici, c’est une usine ou un cirque. On vous vend une impression fugitive, et non pas une rencontre avec un dauphin.

 

Ce n’est pas inintéressant, c’est évident. Mais on sent l’usine à fric, le côté cabaret et rien de plus. Une fois que chacun a fait ses petits exercices, nous sortons en applaudissant les dauphins qui font des bonds spectaculaires, et nous sommes conduits dans une salle de projection pour regarder la vidéo de nos exercices. Chacun rit de lui-même et des mimiques des autres. Ce temps supplémentaire permet au photographe de faire un tirage papier des photos qu’il a prises. On passe à la caisse, une fois de plus.

 

Nous attendons le taxi de retour, commandé à l’arrivée, et de taxi, il n’y en a pas. C’est une navette pourrie qui nous raccompagnera à l’hôtel.

 

Nous allons déjeuner au petit restaurant de l’hôtel qui est face à la mer et aux deux piscines. Des kite-surfs fendent l’eau, dirigés par des mains expertes. Les vagues sont très fortes. La nourriture est bonne, différente de celle du restaurant du soir.

 

Je vais faire une séance de hammam aux senteurs délicates et à 17h00, aussi bien Silke que moi, nous nous faisons masser dans le spa de l’hôtel. Les senteurs, les huiles, les essences créent un climat de relaxation. Ma masseuse doit avoir été championne de bras de fer, car elle tord mes muscles avec la puissance d’un rouleau compresseur. Mais le massage est efficace. Son diagnostic final à mon égard : « de temps en temps, vous devriez vous dire que tout va bien ». Apparemment, mon corps parle de façon explicite.

 

Revenu, zen, fourbu mais pas cassé, j’ouvre mon ordinateur qui n’accepte plus la connexion internet du réseau de l’hôtel. Habitué aux problèmes informatiques qui se concentrent sur moi comme les vautours sur la viande morte, je suis d’un calme olympien lorsqu’un préposé de l’hôtel arrivé avec retard semble impuissant à réparer.

 

Nous n’allons quand même pas gâcher les dernières vingt-quatre heures d’un voyage épique autant qu’unique – du moins pour nous -.

 

Après le dîner sans histoire, retour dans la chambre. L’internet marche de nouveau. Demain il faut faire les valises. Ça sent le retour.

 

Cancun – suite et Chichen Itza jeudi, 21 janvier 2010

Voyage de Silke et François Audouze janvier 2010

 

Ce compte-rendu de voyage a été rédigé pour garder la mémoire des événements qui nous ont marqués. Il n’a normalement pas sa place sur le blog, puisqu’on n’y parlera pas de vin. Il ne sera pas inclus dans les bulletins. Il a été mis dans l’année 2001, pour ne pas dévier du contenu qui est destiné au vin.

 

Suite des visites mexicaines.

 

19 janv. 10

 

Le dîner du 18 fut aussi sympathique que le précédent et le service est très prévenant. Le petit-déjeuner arrive à l’heure, ce qui est agréable. A 8h00, nous rencontrons Juan Carlos, notre guide et Ernan notre chauffeur. Nous partons visiter le site maya de Muyil situé dans une réserve de la biosphère. Au moment où nous nous arrêtons sur le site, il n’y a personne. Pas l’ombre d’un touriste. Bien sûr, cela s’explique par le fait que le site archéologique est assez mal conservé. Mais le fait d’être seuls face à ces monuments donne beaucoup plus d’émotions que sur les sites noirs de monde.

 

Après avoir visité des monuments et avoir pu, pour la première fois, entrer à l’intérieur de maisons, car il n’y a pas de cordes pour canaliser la foule, nous nous engageons sur un sentier pédestre dans une jungle protégée. C’est la réserve Sian Ka’an qui, en maya, veut dire : l’origine du ciel. Il fait chaud et humide, les espèces sont extrêmement nombreuses et cela fait forcément penser à la Vallée de Mai, aux Seychelles, qui est l’un des seuls sites au monde où la végétation n’a jamais subi l’influence de l’homme. Ici, cette jungle y fait penser. Il y a un mirador de 25 mètres de haut que le guide nous suggère d’escalader pour voir la canopée. On monte par des échelles. Ayant fait l’ascension de la plus haute pyramide, j’ai moins le goût de l’exploit, d’autant qu’ici, la protection contre les moustiques est indispensable, et j’entrevois qu’une forte suée ferait couler mon liquide protecteur comme le rimmel d’une femme qui pleure.

 

Nous poursuivons donc notre chemin pour arriver sur une plage au bord d’une lagune immense. Le site est protégé et classé au patrimoine de l’humanité. Ernan, le chauffeur, nous propose une petite collation. Il n’est que 9h45, ce qui ne nécessite pas de manger, mais nous le faisons. Silke voyant les vagues sur la lagune et la fragilité des embarcations décide de ne pas nous suivre. Elle reste avec le chauffeur et les nombreux gondoliers de ces pirogues à moteurs.

 

Nous traversons en bateau une première lagune et nous nous engageons dans un étroit chenal à l’eau limpide qui rejoint une seconde lagune. Pendant notre trajet dans le chenal un bel oiseau nous précède de vingt mètres environ et il m’est extrêmement difficile de le photographier car il bouge très vite. Je n’y arriverai qu’à la sortie du chenal.

 

Nous entrons maintenant dans un chenal, une mangrove, qui fait trente kilomètres de long et va jusqu’à la mer. Peu après être entrés dans le chenal, un embarcadère où nous nous attachons conduit à un édifice maya qui est un poste de douane. Car les mayas utilisaient ce chenal naturel pour transposter des marchandises. Juan Carlos m’annonce que nous allons nager pendant six cents mètres dans la mangrove. Je sursaute et il m’indique qu’il existe un léger courant porteur. Nous nous mettons à l’eau et nager dans une eau limpide sur un fond le plus souvent sablonneux est très agréable voire très confortable. Nous pouvons voir la flore de très près. Comme l’imagination travaille, les branches tordues dans tous les sens m’évoquent parfois des oiseaux qui s’évaporent lorsque la branche est vue sous un autre angle.

 

Nous croisons d’autres bateaux qui portent des touristes. A la fin de notre nage, un embarcadère nous attend, qui nous permet de remonter en bateau pour revenir. Cette nage dans une nature d’une rare richesse est très excitante. Ce n’est qu’au trois quarts de la nage que je me suis rendu compte que ce site nourrit plus de deux mille crocodiles. Savoir qu’ils ont ignoré ma chair que je suppose succulente a frustré mon orgueil.

 

Nous revenons au port au moment où un autre bateau de même taille va promener une bonne dizaine de touristes.

 

Juan Carlos indique qu’il n’est pas nécessaire de se rhabiller, car nous allons visiter un « cenote », une grotte remplie d’eau. Contrairement à notre visite jusqu’alors, cette grotte est très fréquentée. Nous voyons sortir de l’eau des personnages ressemblant à des extraterrestres, tant leurs combinaisons de plongée et autres appareils d’éclairage ou de respiration prennent de volume. Nous descendons les marches d’un escalier de bois et découvrons une immense grotte remplie d’eau, dont la couleur varie selon celle du fond et selon l’orientation par rapport au soleil. Sur fond sableux éclairé, l’eau est turquoise. Malgré la beauté du site, Silke n’a pas envie de se baigner. Lorsque je prends masque et tuba, je découvre un paysage marin incroyable. La grotte comprend des stalactites de grand diamètre dont certaines ont rejoint le sol. Tout le plafond de la grotte grouille d’hirondelles aux cris assourdissants. Je nage sous une longue voûte pour arriver sur une flaque quasi circulaire en plein air, comme un puits. Je reviens sur mon chemin et les couleurs changent. De nombreux petits poissons ne sont pas farouches et se prendraient facilement à la main. Ce parcours en eau douce dans une grotte aux énormes stalactites est absolument féerique. Lors d’une nage, j’ai vu au loin, au plus profond, des rais de lumière bouger, indiquant des nageurs spéléologues nageant dans une cave souterraine. Ce moment est d’une rare intensité.

 

Juan Carlos nous indique que nous allons déjeuner à Tulum au restaurant Zebra. Nous traversons une zone qui longe la mer où se succèdent des centaines d’hôtels ou résidences de loisir. Tout ici est fait pour le touriste. Le sol est sableux, d’un sable blanc et fin. Nous nous arrêtons au Zebra qui fait aussi résidence hôtelière sur une plage magnifique. Les touristes sont logés dans des cabanes qui évoquent nos yourtes de triste mémoire. Sous une grande hutte se tient le restaurant. Nous mangeons une soupe de poule meilleure que celle d’hier et je prends des gambas au gril absolument excellentes. Le serveur avait apporté des pots de sauces pimentées. Mais comme le chauffeur et le guide suçaient leurs tortillas et les replongeaient dans la sauce, je me suis abstenu de toute épice, ce que je regrette. Apprenant que notre programme était fini après ce repas, j’aurais bien fait l’économie d’un repas avec le chauffeur et le guide, qui ne cherchaient en aucun cas à s’intéresser à une discussion avec nous. Nous somme rentrés à l’hôtel, heureux de ces aventures assez folles, mais déçus par un guide peu intéressant et peu compétent en flore et faune, alors qu’il y avait matière à nous passionner. A l’entrée de l’hôtel, un pécari peu farouche nous suit à distance.

 

Alors que je me suis baigné deux fois, dans la mangrove et dans une grotte, rien ne vaut un bain dans notre mini piscine chauffée pour finir en beauté une magnifique excursion. Notre voyage est décidément riche en découvertes.

 

20 janv.-10

 

A 9 heures, après un petit déjeuner apprécié et servi à l’heure, nous retrouvons Antonio notre guide d’il y a deux jours, qui parle un français parfait, très influencé par le français québécois, appris en autodidacte, et dont l’origine maya va nous être d’un précieux secours.

 

Nous nous arrêtons sur la place centrale de Valladolid, ville de 70.000 habitants, située à mi-chemin entre Cancun et Merida. L’influence espagnole est totale, ce qui contraste avec les sites mayas que nous avons vus. Nous prenons du café dans une échoppe où Silke achète pour nos petits-enfants des témoignages de l’artisanat local. La place est carrée, dotée d’un grand parc où une déesse maya semble donner de l’eau à une vasque où elle se tient au centre. Elle porte la robe traditionnelle maya. Dans les allées, des chaises doubles disposées en « toi et moi » sont d’origine française.

 

Nous nous rendons à la maison de la culture, immense bâtisse de type espagnol où différentes activités sont proposées à la population, dont le folklore, la guitare, l’apprentissage de l’anglais ou du maya, et ce qui fait sourire : le développement de l’intelligence. Dans une très longue salle au premier étage, quatre gigantesques peintures réalisées en 1981 racontent l’histoire du Yucatan, depuis les premiers mayas jusqu’au 4 juin 1910 ou le Mexique a définitivement pacifié cette région. Il y a un petit côté « commande de circonstance » dans cette façon d’idéaliser l’histoire.

 

Antonio nous apprend la signification du mot Yucatan : lorsque les premiers espagnols sont arrivés, les mayas n’arrêtaient pas de leur dire quelque chose qui phonétiquement ressemble à Yucatan et signifiait : « je ne comprends pas ce que vous dîtes ». Les espagnols ont cru que cela désignait leur terre.

 

L’église San Bernardino est d’une architecture espagnole d’un grand classicisme. Antonio nous raconte les saints qui sont honorés dans les différentes stations de prières. Certaines histoires sont charmantes de poésie.

 

Nous repartons pour notre prochaine étape, la Cenote Samula, nouvelle grotte où nous aurions pu nous baigner. Mais l’envie aujourd’hui n’y était pas. Imaginons une des cloches de service des plats dans les grands restaurants. Cette forme de cloche est exactement celle de la grotte, mais avec plus de 40 mètres de haut. Imaginons qu’au lieu du bouton qui permet de saisir la cloche de service, il y ait un trou. Nous avons alors la grotte. Le trou ne fait pas plus de trois mètres de large. Le soleil crée un puits de lumière qui paraît presque solide car l’humidité de la grotte donne la trace du soleil comme s’il s’agissait d’un tube transparent. Pour descendre, les escaliers, d’abord en pierre puis en bois, sont raides et glissants. L’humidité crée une pesanteur moite. Contrairement à la grotte visitée hier les stalactites sont minuscules. La grotte est envahie par les hirondelles qui volent à des vitesses impressionnantes. De l’intérieur, on a l’impression qu’elles entrent et sortent de la grotte en se croisant à des vitesses folles. Mais en fait, revenus à la surface, nous voyons que les hirondelles font en fait des virages au sommet du trou, sans quitter la grotte. Tout en bas, de nombreux baigneurs s’ébattent dans l’eau claire. Une caractéristique est impressionnante. Sur le bord du trou, un arbre est en porte-à-faux. Ses racines plongent dans le trou, et, chose invraisemblable, elles ont atteint l’eau, à quarante mètres plus bas.

 

La direction est maintenant Chichen Itza, le plus beau site maya. Je connaissais le nom de ce site. J’ai lu des bribes d’informations. Mais jamais je n’aurais imaginé que nous serions saisis de cette façon par une réelle merveille du monde.

 

Si je disais que nous étions seuls pour faire cette visite, on ne pourrait pas me croire. Car le site grouille de monde. Et, chose insolite, qui porte à polémique au sein du monde maya, le site est envahi de marchands du temple, qui envoient de jeunes enfants qui comme des mouches se collent aux touristes en chuchotant ou criant « dix pesos ».

 

Nous commençons la visite par un cenote, petit lac au fond d’un trou, qui a sans doute été utilisé pour fournir de l’eau au village. Nous voyons ensuite un chemin maya qui en deux endroits est coupé, car de nouvelles grottes se sont formées par l’effondrement de plaques de calcaire. Le premier monument est le Caracol, observatoire qui intrigue les savants modernes, car sans l’aide d’aucun télescope, les mayas ont décrit les phases des planètes avec une rare précision. Nous allons ensuite à l’annexe des nonnes, dont les ornements sculptés montrent la différence des constructions de type toltèque et de type maya. Nous nous rendons ensuite au temple du grand prêtre puis au Castillo, la grande pyramide, construite par emboîtement au dessus d’une plus petite pyramide, 52 ans plus tard. Il faut dire que le calendrier maya combine un cycle solaire de 365 jours et un autre cycle divinatoire de 260 jours. Le premier jour du calendrier correspond à 3114 avant Jésus-Christ. Pour retrouver un jour ayant les mêmes positions dans les deux cycles, il faut attendre 52 ans, ce qui explique des décisions de construction intégrant ce cycle.

 

Cette pyramide est orientée de telle façon que le 21 mars, le soleil éclaire l’escalier du nord en donnant à la pierre la forme d’un serpent qui ondule, tout le long des 91 marches de cette face. Ce jour là, une foule immense de visiteurs vient pour contempler le phénomène. Antonio nous parle de 30.000 personnes.

 

Ce qui m’a abasourdi, et de loin, c’est que face à la pyramide, si l’on claque dans ses mains comme lorsqu’on applaudit, l’écho qui revient est le cri d’un oiseau. Ce pourrait être un hasard, mais Antonio nous dit que c’était voulu. Difficile à croire, mais, si c’est vrai, c’est énorme. Car tout atour de moi des milliers de mains claquent, et des milliers d’oiseaux semblent chanter. A partir de ce moment, je suis estomaqué.

 

Nous allons voir ensuite le groupe des mille colonnes, dont les carrées sont sculptées avec une précision et une conservation stupéfiantes, et les rondes, les plus nombreuses, sont en pierre brute.

 

Nous passons ensuite devant le temple des jaguars, où l’on voit des jaguars et des aigles qui portent sur une patte ou sur une serre un cœur humain. Nous voyons d’ailleurs au milieu des mille colonnes une pierre de sacrifice où une personne était posée, face vers le ciel et où on lui arrachait le cœur.

 

Plus loin, un édifice montre des centaines de crânes sculptés dans la pierre, des toltèques qui étaient sans doute, les vrais crânes, portés sur des lances.

 

Le site du jeu de balle est le plus grand de tous ceux qui ont existé. 180 mètres de long et 80 mètres de large et là aussi une acoustique qui permettait que deux personnes à l’opposé dans la grande longueur se parlaient facilement. Les parois de l’aire de jeu sont quasi verticales, légèrement inclinées vers l’aire de jeu. Il fallait lancer une balle à l’intérieur d’un anneau de pierre placé très en hauteur, et comme il n’existe aucun témoignage sur la façon dont on jouait, on suppose que l’on utilisait des battes pour taper dans la balle. La partie pouvait durer trois jours, et à l’issue, selon ce qui est dit, le capitaine de l’équipe perdante était décapité. Antonio réfute cette hypothèse et se met à interpréter pour nous les bas-reliefs du stade. Il nous commente les équipements des joueurs et les dieux invoqués, pour suggérer que le sacrifice n’était pas automatiquement celui du perdant. Tout au long de la visite, Antonio nous a expliqué les bas-reliefs, ce qui a donné plus de prix et de relief à notre visite.

 

La complexité des sites, des bas-reliefs, des bandeaux écrits selon l’écriture maya et toute la symbolique sont absolument saisissants. Une civilisation très avancée au niveau des concepts, de la numération, de la connaissance des astres est magnifiquement représentée sur ce site unique. C’est enrichissant et enthousiasmant.

 

Epuisés, nous sommes allés déjeuner dans un immense hôtel, le Mayaland, qui est une usine à touristes, qui reconstitue une sorte de palais espagnol. Le buffet est simple mais délicieux.

 

Fourbus, nous sommes rentrés à notre hôtel, conscients d’avoir fait aujourd’hui la plus extraordinaire visite de notre voyage. Pour moi, c’est du même niveau que d’avoir vu la Cité Interdite à Pékin. On est presque dans le domaine du surnaturel.

 

Cancun et les Mayas lundi, 18 janvier 2010

Voyage de Silke et François Audouze janvier 2010

 

Ce compte-rendu de voyage a été rédigé pour garder la mémoire des événements qui nous ont marqués. Il n’a normalement pas sa place sur le blog, puisqu’on n’y parlera pas de vin. Il ne sera pas inclus dans les bulletins. Il a été mis dans l’année 2001, pour ne pas dévier du contenu qui est destiné au vin.

 

Début de notre séjour à Cancun

 

Cancun

 

16 janv.-10

 

Nous partons pour Santiago. L’attente à l’enregistrement est particulièrement longue. L’avion est en retard, aussi, quand il stoppe à notre porte d’embarquement, nous avons tout loisir de regarder à travers le vitrage toutes les opérations qui sont faites lorsqu’un avion arrive. Nous voyons notamment le déchargement des colis postaux. Ils sont jetés sans ménagement, et la fragilité ou les indications de « haut » et « bas » sont absolument ignorées par le manutentionnaire qui jette tout ce qu’il décharge. Un carton protégé par des bandes adhésives se brise lorsqu’il est projeté sur le plateau de réception.

 

Nous voyons aussi le chargement des valises et nous cherchons à voir si nos bagages embarquent, car il y a deux vols distincts pour Santiago. Deux valises sont écartées par le préposé, qui ne doivent pas être de notre vol. On peut imaginer l’inverse, c’est-à-dire que des valises soient rejetées à l’autre vol car appartenant à celui-ci.

 

L’avion est plus petit et nous sommes plus serrés qu’à l’aller. Deux heures après notre départ, nous atterrissons. Cela ne correspond pas au temps qu’il faut pour aller à Santiago. On nous dit que nous sommes arrivés à Puerto Montt. Nous serions-nous trompés d’avion ? Car jamais nous n’avons été informés d’une correspondance. En fait, c’est bien une correspondance et nous poursuivrons jusqu’à Santiago. Je commence à me dire qu’un arrêt intermédiaire, c’est une occasion de plus de perdre des valises. Cela fait partie de mes petites obsessions et angoisses.

 

Nous arrivons à Santiago avec une demi-heure de retard. Il est 22 heures. Nos valises sont là, l’accueil prévu est là. Vicente parle un français parfait car il a étudié à Lyon. Il fait bon, l’air est agréable, même si la pollution se sent. Nous allons à l’hôtel Ritz-Carlton qui est dans un quartier d’affaires où les buildings poussent comme des champignons.

 

Nous l’avons enfin l’hôtel de luxe que nous recherchons depuis le début ! Hélas, nous n’aurons pas beaucoup de temps pour en profiter, car nous arrivons à 23 heures et nous repartons demain à 7 heures. Mais quand même, respirons l’odeur du luxe. La chambre est grande spacieuse, fonctionnelle, et il y a une logique d’utilisation à deux personnes d’une même chambre. Bien sûr, on pourrait faire mieux, car les toilettes, si elles sont isolées, ont leur accès par la salle de bain au lieu d’avoir un accès distinct. Mais ne chipotons pas, c’est agréable.

 

Nous allons prendre un dîner succinct sur une terrasse en plein air. L’atmosphère est agréable. Seul petit détail qui ne colle pas avec un palace : le restaurant ferme normalement à minuit. Mais deux tables dont la notre sont encore occupées sur la terrasse. Cela n’empêche pas l’un des serveurs de venir enlever toutes les bougies d’éclairage puisqu’il est minuit.

 

17 janv. 10

 

A 5h55 un appel nous réveille, comme nous l’avions demandé, et à 5h56 le chariot de petit-déjeuner pénètre dans notre chambre. Ça c’est la classe. A l’heure dite Vicente est à la réception. Il faut reconnaître que le service d’accompagnement a fait un sans-faute qui mérite les éloges.

 

Nous sommes très en avance pour les formalités à l’aéroport qui à cette heure est noir de monde. On a atteint les limites de capacité d’un tel aéroport ce qui justifie les travaux d’agrandissement en cours. J’écris de l’agréable salon d’attente de la classe affaires. Dans peu de temps, départ pour Cancun. Si Vicente nous a fait arriver si tôt, c’est parce que le 17 janvier est le grand jour de l’élection présidentielle. Il a eu peur d’une fébrilité de la circulation un jour de vote.

 

Le vol par la compagnie chilienne est direct pour Cancun. Bien que choyés en classe affaires, nous ne sentons pas la chaleur humaine et le sens du service que nous avons connu sur d’autres vols.

 

Cancun est un aéroport très actif, et l’attente au passage en douane est assez longue. Les bagages sont déjà arrivés quand nous avons franchi la douane, et comme des préposés les enlèvent de leur carrousel, la recherche n’est pas simple.

 

La corporation des porteurs a été astucieusement protégée. Car les caddies sont interdits à partir d’un certain point, très en amont de la sortie. Alors que faire avec autant de valises ? Je n’ai aucune envie de subir ce coup forcé, aussi Silke reste avec quelques valises et je sors avec deux d’entre elles. Je trouve notre chauffeur qui pour une fois n’est pas accompagné d’un guide. Quand je veux rentrer à nouveau dans l’aéroport pour retrouver Silke, on m’interdit l’accès. Cela m’énerve mais rien n’y fait. Et à ce moment, une bonne âme se présente, qui va arranger tout. Je n’aurai donc pas échappé au syndicat des porteurs, le mien m’ayant prévenu en anglais : « j’espère que vous allez me donner un gros pourboire ».

 

Nous quittons l’aéroport en direction du Tulum, vers l’hôtel Esencia. La route prend un peu plus d’une heure. Tout au long du chemin, le nombre de centres de vacances est impressionnant. Et ce qui frappe encore plus ce sont les entrées monumentales de ces paradis pour touristes. C’est le Club Méd à la puissance dix. Comme très souvent ces hôtels ou résidences sont choisis par internet, à quoi sert-il que les façades soient aussi disproportionnées ? Je ne sais.

 

Nous arrivons au petit hôtel Esencia dont l’entrée est directement sur l’autoroute, et la voiture parcourt à peine quelques mètres puis s’arrête. Voilà un hôtel bien près de la route, me semble-t-il. Erreur. Car la petite hutte en paille proche de la route n’est qu’un point d’accueil. L’agent qui nous reçoit ne nous dit quasiment rien. Il nous suggère de nous asseoir dans un rickshaw pour rejoindre notre chambre, mais c’est une plaisanterie car les pneus sont dégonflés. C’est une décoration. Voyant la hutte de paille, Silke tremble de devoir recommencer une expérience analogue à celle de nos yourtes. Nous grimpons dans une petite voiture de golf électrique qui serpente dans un jardin tropical d’une grande richesse. Ici, tout est luxuriant. Une jeune femme nous tend la main et se présente et l’homme d’accueil s’efface. Par une longue marche, nous arrivons au spa que la responsable nous fait visiter, puis nous continuons vers la maison centrale où se trouve la réception. Devant cette maison, deux belles piscines dans un beau jardin, puis une belle plage de sable fin donnant sur l’océan. La plage est quasi privative, réservée aux clients de l’hôtel. Tout est décoré avec un goût exquis et le confort semble parfait.

 

Nous accédons à notre chambre spacieuse, joliment décorée et très bien équipée. La piscine privée annoncée dans notre programme est tout au plus un mini jacuzzi. Mais tout nous plaît dans ce lieu paradisiaque. Et le fait qu’il s’agisse d’un hôtel de petite taille nous plaît encore plus.

 

Nous commençons à prendre possession de la chambre et nous allons dîner dans une grande hutte en plein air. Le repas est sommaire mais bien exécuté. Nous nous sentons vraiment en vacances. Il nous fallait absolument enfin connaître cet état.

 

La félicité n’est jamais complète, car la douche est un nouveau calvaire. Il se peut que je sois obsédé par les douches mais je ne vois pas pourquoi une douche ne remplirait pas la fonction qui lui est impartie. Ici, du fait d’un débit bas d’eau chaude, dès qu’on ajoute de l’eau froide, l’eau devient froide. Et si l’on referme l’eau froide, l’eau devient bouillante. Pourquoi ne pas préserver ce que doit être la douche, le moment privilégié où l’on reconstruit le monde, où l’on rassemble ses idées, ou bien où l’on se prend pour Pavarotti. La douche est un moment sacré qui implique impérieusement une eau de température constante. La lutte contre les robinets est un supplice.

 

18 janv. 10

 

Une nuit réparatrice est un vrai cadeau. A L’heure dite le petit déjeuner arrive. Oui, ce sont de vraies vacances qui commencent. Pendant que nous mangeons je crois apercevoir un chien curieux qui s’approche de nous. C’est en fait un coati curieux qui cherche sans doute une victuaille égarée.

 

Après ce petit-déjeuner simple mais bon, la douche me paraît plus clémente. J’ai osé choisir la pomme de douche plus large qu’une soupière, fixe bien sûr, que j’exècre normalement. Elle fut plus efficace que celle de la veille, de la taille d’une tasse à café, et orientée de biais.

 

Notre guide Antonio et le chauffeur Teodoro nous attendent à l’entrée de l’hôtel avec une camionnette qui emporterait facilement dix personnes. Heureusement elle n’est que pour nous. Antonio est un Maya, descendant des Mayas, et fier de l’être. Teodoro est un mexicain du centre du Mexique. Il conduit vite, double sans se soucier des lignes blanches continues et je vois le compteur qui indique 130 km/h quand les panneaux indiquent 60. Faut-il s’arrêter à de tels détails ?

 

Après une heure de route nous arrivons au site Maya de Coba. Ce site a commencé d’exister vers 600 après J.C., et a eu sa période de gloire entre 600 et 800. L’entrée grouille de monde de toutes nationalités. Les bus sont alignés en files impressionnantes. Antonio nous fait passer par un point de passage obligé : demander que l’on édite pour nous des dates qui comptent, présentées selon le calendrier Maya. Les affichettes seront prêtes lorsque nous sortirons de la visite.

 

Nous entrons dans le vaste parc de 70 km². Antonio nous avait promis un kilomètre de marche. Nous en ferons environ six, dans une forêt luxuriante. Dans une allée nous voyons un grand papillon aux ailes d’un bleu azur brillant absolument magnifique. Nous verrons aussi un petit perroquet ainsi que de gros iguanes.

 

Les sites archéologiques sont intéressants, même si les restes de sculpture sont assez imprécis. Il y a deux sites dédiés au jeu de balle qui consiste à envoyer une boule de caoutchouc avec l’aide des pieds et des hanches sur une pente à près de 45° pour qu’elle passe à travers un anneau de pierre. La symbolique de cette pénétration d’une balle dans un cercle de pierre évoque les éclipses et d’autres symboles mystiques. Dans certaines circonstances ces jeux de balles finissaient par des sacrifices humains.

 

Le temple de Coba est le plus haut de tous les temples Mayas. C’est aussi celui qu’il est possible d’escalader. Il est prévu que cette permission cessera dans un an, pour la préservation du site et à la suite d’un accident.

 

Je demande à Antonio si c’est dur de faire l’escalade. Il me dit oui. Puis il ajoute : montez quelques marches, vous aurez ainsi la sensation. Antonio ne me connaît pas. Car une fois sur la pente spectaculairement haute, de 42 mètres qui en paraissent plus, je décide d’aller jusqu’en haut. En haut, l’escalier est fermé par un mur. Et pour aller sur la terrasse, il faut faire un crochet sur les côtés, presque dans le vide. C’est mort de peur que je fais ce crochet, me souvenant seulement à cet instant que je suis sujet au vertige.

 

J’ai du mal à prendre des photos des marches vues du haut, car j’ai peur. Je lève les yeux, et ce qui impressionne, c’est que devant moi il n’y a que de la forêt et quelques lacs. On ne voit, dans cet axe, aucune habitation. C’est spectaculaire. Je redescends en me tenant à la grosse corde qui est posée sur toute la longueur de l’escalier. Je suis prudent et peureux, refusant de regarder vers le bas, mon champ de vision se limitant aux deux ou trois marches à venir.

 

C’est effectivement très excitant de me dire que j’ai gravi la plus haute des constructions Mayas du Honduras et que cette possibilité n’existera plus.

 

Après la visite, Antonio nous propose de déjeuner aux abords du site. J’ai peur de ces gargotes pour touristes. Le restaurant bar « La Piramide » ne paie pas de mine. Il est en face d’un lac où vivent des crocodiles, mais nous n’aurons pas la chance de les voir. Le restaurant propose un buffet. Nous avons mangé une soupe de poule très convenable et la préparation de poulet épicé que j’ai prise est délicieuse. Il faut réviser toute opinion sur les baraques à touristes.

 

Nous partons ensuite sur le site archéologique de Tulum, qui date des années 1200, donc nettement plus tard que Coba. Sa caractéristique principale est d’être sur la mer des Caraïbes et d’être un village fortifié rectangulaire dont un côté est la mer, face au récif corallien. Les architectures sont plus complexes et il y a des vestiges de fresques, dont malheureusement nous n’apercevons que des bribes. C’est l’occasion pour Antonio de nous expliquer les différents dieux, qui sont honorés dans divers bâtiments qui entourent le temple principal dédié au dieu volant.

 

L’entrée du temple est trustée par les marchands de produits artisanaux. Des mayas déguisés se font photographier près des touristes. De faux mayas dansent des danses tribales autour d’un mât qui doit servir à de périlleuses acrobaties que nous ne verrons pas. Des wagonnets tirés par un tracteur agricole nous emmènent vers l’entrée du site, pour éviter que tous les bus et les voitures ne viennent polluer le site proche de l’océan.

 

Antonio nous a donné beaucoup d’explications dans un français très pur. Nous rentrons à l’hôtel. L’heure est à la baignade. La plage de sable fin est équipée de chaises longues abritées du soleil ou des plagistes posent des serviettes douces. Nous prenons notre premier bain dans la mer des Caraïbes. Silke boit un jus d’ananas et je bois une Corona. Ces boissons ont un goût de paradis. A côté de nous un photographe de mode, flanqué de toute une équipe de maquilleurs, éclairagistes, scénaristes et autres, photographie une très jeune fille, sans doute pour un article sur les maillots de bain.

 

Nous retournons à notre chambre. Silke m’a précédé. Elle est installée dans la mini piscine privative, attachée à notre chambre. Je n’y serais pas allé spontanément, mais Silke me dit : « c’est génial ». Je m’y plonge et l’eau est aussi chaude que dans une baignoire. C’est en fait un grand jacuzzi et nous nous prélassons pendant de longues minutes dans cette eau chaude, sous un ciel de feuilles d’arbres à caoutchouc.

 

Le dîner sous la hutte est de nouveau très agréable : cocktail de crabe, côtelettes d’agneau et, pour moi, banane flambée.

 

Cette journée dans une atmosphère ensoleillée et chaude, avec une imprégnation bien présentée au monde Maya, suivie d’un farniente de luxe, c’est vraiment des vacances !