déjeuner au Cinq du George V avec un amateur australien mercredi, 23 janvier 2008

Il est des instants où l’on se félicite d’écrire sur des forums. Ce déjeuner est une récompense. Un australien, son épouse et leur adorable petit bout de fille se promènent en France et visitent des producteurs de vins. Il est collectionneur de vins depuis fort longtemps et pousse son amour du vin de Bourgogne au point d’acheter une maison avec une belle cave voûtée dans un village emblématique de la zone des grands crus. Il déjeune avec Didier Depond, président de Salon. Mon nom est évoqué et Didier m’appelle sur mon portable et me dit : « je te passe Anthony ». Suis-je libre à déjeuner dans deux jours ? La réponse est oui. 

Dans la belle salle à manger du Cinq de l’hôtel George V, nous allons partager un repas tous les quatre, lui, elle, le petit bout de chou et moi. Comme j’étais arrivé en avance, j’ai étudié la carte des vins. Cette carte a l’intelligence que lui confère la science d’Eric Beaumard, mais elle a la tarification d’un bandit de grand chemin. On ne voit pas pourquoi l’hôtel se priverait de rançonner le touriste pour qui le prix d’un vin n’a aucune importance. Mais cela met en quarantaine l’amateur français. J’ai repéré quelques pépites et constaté que la plupart des vins que j’aime sont irrémédiablement inaccessibles. Il y a toujours un sentiment complexe quand on se rend compte qu’on devient petit joueur.

Le service du Cinq est un modèle du genre et l’on voit que tout a été pensé pour atteindre la perfection. Bien qu’étant invité, j’ai suggéré le champagne pour qu’on évite la culbute des grandes cuvées. Nous avons bien fait car le champagne blanc de blancs Diebolt-Vallois est plein de charme. Il n’est pas très complexe mais il est franc, pur, gentiment vineux. Il répond du tac au tac aux petits amuse-bouche dont un crustacé cru qui l’excite particulièrement.

Le menu que j’ai pris est composé de : tarte d’artichaut et de truffes noires du Périgord / poulette de Bresse et homard George V en cocotte lutée / millefeuille allégé à la vanille de Bourbon rafraîchi aux kumquats.

Le sommelier nous apporte sur la tarte un verre de Madère Boal d’Oliveras 1922 mais je ne suis pas convaincu. La continuité gustative existe, mais le vin est beaucoup trop fort. Il écrase la subtilité de l’artichaut. Le plat est délicat mais j’aurais aimé que l’artichaut soit mis un tout petit peu plus en valeur. Il se montre plus sur le champagne.

La poulette est délicieuse et cohabite de belle façon, grâce à la sauce, avec le homard. Le Bâtard-Montrachet Domaine Leflaive 2005 arrive un peu coincé, mais dès qu’il s’ébroue, c’est un vin magnifique d’une rare sérénité. J’ai un faible pour les Bâtard de Leflaive. Les chairs sont belles et le vin leur répond. C’est surtout sur la purée que le vin s’épanouit car elle chauffe le palais qui tressaute sur le Bâtard. Nous ferons la même expérience un peu plus tard sur le deuxième service du plat où des morceaux de poulet et de homard concassés dans une sorte de ravioli sont noyés dans un bouillon. C’est le bouillon qui complexifie le goût vif de ce blanc de Bourgogne adoré.

Le millefeuille est un dessert stratosphérique. Il est immense. La délicatesse du kumquat le rafraîchit effectivement, comme il est dit dans le texte du menu. Le Champagne Diebolt-Vallois 1997 est un champagne particulièrement strict. Très sec, cistercien, il cache sous sa rigueur de belles qualités. Il permet de finir ce repas délicieux dans de belles conditions. Ce nouvel ami a commencé à collectionner les vins il y a plus de trente ans, quand il était encore adolescent. Il possède quelques vins anciens d’Australie qui sont aujourd’hui des trésors. Nous avons échafaudé de futures agapes pour partager certaines de nos pépites.

les photos du déjeuner au George V mercredi, 23 janvier 2008

délicieux Diebolt-Vallois blanc de blancs

 crustacé cru …

 

Jolie tarte d’artichaut un peu écrasée par le madère de 1922

 

Si la photo de droite est apparemment floue, c’est que j’ai voulu capter la vapeur qui s’échappe à l’ouverture de la cocotte lutée

 

 

homard et poulette reliés par la délicieuse sauce

 

deuxième service du plat et le merveilleux Bâtard Montrachet Domaine Leflaive 2005

 

miraculeux millefeuille

 

fleurs, luxe et confiserie…

esquisse de contact avec la Chine mardi, 22 janvier 2008

Quelqu’un m’ayant demandé de trouver une entreprise du monde du vin qui pourrait créer à Pékin un bar à vins, vitrine de l’œnologie française, j’ai, par un concours de circonstances, initié un contact entre un négociant en vins chinois et une femme française qui va ouvrir une galerie d’art à Pékin, destinée à promouvoir l’art français. Un dîner impromptu s’organise chez moi avec le négociant chinois et des amis, et nous commençons à boire un champagne Léon Camuzet 1979 vin de Vertus, champagne consommé par ma famille depuis deux générations. C’est le champagne de famille, celui qui marque le goût futur. Le vin est splendide. L’âge a arrondi le champagne qui a des tonalités de fruits roses. Long en bouche, il accompagne très bien des petites sardines.

Le repas devant être frugal, nous dégustons des tagliatelles au foie gras et à la truffe sur un Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1997. Que je suis heureux de ne pas vouloir approcher le vin de façon objective ! Si ce 1997 était en comparaison, de doctes sages trouveraient un millésime plus puissant. Mais je n’avais pas besoin de puissance à ce moment-là. J’ai adoré ce vin à cet instant précis. Juteux, changeant en bouche, avec des ondulations canailles, ce vin s’amuse sur le palais.

Sur une fine tarte aux pommes j’ai servi une Fine Bourgogne Domaine de la Romanée Conti 1979 d’un rare équilibre, moins virile que la Fine Parent vers 1904 d’il y a peu de jours, plus joyeuse en bouche. Mon hôte chinois m’a fait un portrait des perspectives qu’offre la Chine en ce qui concerne les vins anciens. On comprend que le soleil se lève à l’Est.

deux Dom Pérignon à l’Arpège lundi, 21 janvier 2008

Richard Geoffroy, l’homme qui crée Dom Pérignon, est de passage à Paris. Il me donne rendez-vous au restaurant l’Arpège. Alain Passard est en voyage, ce que nous regrettons, car nous aurions aimé l’un et l’autre bavarder avec lui. Son équipe jeune et motivée nous a permis de passer un fort agréable dîner. Le petit amuse-bouche de bienvenue plante le décor : nous aurons ce soir des saveurs raffinées. L’œuf à la coque au vinaigre balsamique et au sirop d’érable permet au champagne Dom Périgon 1999 de montrer son adaptabilité. Richard avait lu mes commentaires sur ce champagne lors de sa sortie publique. Je n’avais pas été ébloui. Richard a voulu me faire réviser mon analyse et il a eu raison. Le champagne a mûri, a des épaules plus larges et sur la cuisine délicate de l’Arpège, il montre ses facultés gastronomiques.

Nous commençons par un gratin d’oignon blanc à la truffe, parmiggiano reggiano. Le plat arrive trop chaud et le champagne trop froid, ce qui crée un blocage gustatif majeur qui va gentiment s’estomper quand le plat se refroidit. L’oignon castre la truffe peu envahissante. Le très agréable maître d’hôtel eut une bonne réaction lorsqu’il connut l’erreur de température : il fit préparer deux nouvelles portions.

Le plat suivant est le foie gras de canard de la madeleine de Nonancourt, datte et citron confit. La chair du foie est absolument merveilleuse et ce qui me séduit le plus, c’est que la datte, très adoucie, forme une continuité avec la chair du foie. Le champagne se régale et offre des évocations de miel, de caramel, de beurre et de brioche. Il s’épanouit.

Un ris de veau de Corrèze aux châtaignes effilées, fondue de truffe noir, accueille maintenant le champagne Dom Pérignon Oenothèque 1993. Le ris en tranches un peu fines est un peu trop cuit à mon goût mais il est délicieux. Le champagne agréable, léger essaie de suivre ce plat, mais c’est surtout le 1999 qui s’adapte à sa poésie. On aurait pu envisager un vin jaune sur ce plat goûteux.

La deuxième portion du gratin d’oignon à la truffe se présente un peu moins chaude, et je ne vois pas du tout ce que l’un apporte à l’autre, du blanc et du noir. Il n’y a aucun effet multiplicateur. Le 1993 est surtout à l’aise avec les lamelles de truffes seules.

Le plat le plus éblouissant, c’est la volaille du Pathy, endives au lard fumé, car la chair du volatile est d’une trame précieuse et d’un goût ravissant. Cette poule est élevée au lait de vache, ce qui, pour le moins, est original. Le goût est envoûtant, et les légumes montrent un talent exceptionnel. Il y a dans tous les plats une recherche de pureté qui est de bon augure pour le dîner que je compte faire un jour avec Alain Passard. Le 1993 a montré des affinités gastronomiques moins étendues que le 1999. Il joue dans une discrétion particulière. Le Comté de quatre ans de Bernard Antony est astucieusement tranché en fines lamelles ce qui le rend plus délicieux. C’est le type de saveurs qui convient au Dom Pérignon 1993, car il y a une vibration qui se crée. C’est peut-être même plus subtil que l’accord traditionnel avec un vin jaune.

Nous avons abondamment parlé de thèmes qui nous tiennent à cœur. Richard vit chaque seconde de sa vie pour la création du Dom Pérignon parfait. Il me fait penser au roman de Patrick Süskind, le Parfum, où le héros du livre est à la recherche du parfum absolu. Richard a la même quête. J’espère qu’il n’ira pas comme Jean-Baptiste Grenouille jusqu’au meurtre pour obtenir le Dom Pérignon parfait. Beaucoup de considérations sur la gastronomie nous rapprochent, ce qui multiplie le plaisir d’être ensemble. Ce fut un beau dîner dans un beau cadre, avec un service trendy de grande qualité.

buveur d’étiquettes ou non ? lundi, 21 janvier 2008

Un correspondant d’un forum me suggérant de répondre à une question posée sur un autre forum, j’y suis allé. Et, comme cela arrive souvent, je fais l’objet de critiques sur ce que je bois.

Une critique souvent exprimée est que je serais un buveur d’étiquettes. Alors, j’ai voulu explorer cette notion.

Il faut d’abord définir ce qui est « vin d’étiquette ». J’ai retenu les vins suivants, sachant que la liste est très imparfaite, mais comporte du « lourd » :

Pétrus, Yquem, Cheval Blanc, Latour, Haut-Brion, Mission Haut-brion, Laville Haut-Brion, Château Margaux, Lafite-Rothschild, Mouton-Rothschild, Domaine de la Romanée Conti, Domaine Armand Rousseau, Coche-Dury (Grands Crus), Henri Jayer, Comtes Lafon (GC), Domaine de Vogüé (GC), quelques vins de Bouchard d’avant 1870, Trimbach (uniquement Clos Sainte Hune) Harlan Estate, Penfold Grange, Vega Sicilia Unico, Constantia d’Afrique du sud d’avant 1900, champagnes Krug (millésimé) et Salon, trois Côtes Rôties de Guigal, Rayas rouge, Hermitage La Chapelle (seulement 1929, 1961 et 1978), Chave rouge, Beaucastel (seulement Hommage).

Avec cette définition j’ai exploré mon fichier des vins dégustés sur les sept dernières années, qui comprend 5.357 vins. J’ai bu 1.056 « vins d’étiquette » (VE) et 4.301 vins « normaux » (VN). J’ai bu chaque semaine presque 3 vins d’étiquette. A ce titre, je pourrais être buveur d’étiquettes. Mais comme j’ai bu près de 12 vins « normaux » par semaine, cela fait de moi un non-buveur d’étiquettes.

Dans les dîners officiels que j’ai faits, il y a eu 973 vins, dont 236 VE et 737 VN. Il y a eu 24% de VE dans mes dîners contre 19% de VE dans tout ce que j’ai bu. L’écart n’est pas flagrant. Je ne fais donc pas de dîners où on ne tape que dans le clinquant si tant est que des grands vins soient clinquants.

Si l’on regarde les VE pour quelques groupes d’années :

1928 + 1929 : 16 VE sur 172 vins bus

1945 + 1947 : 24 VE sur 180. La somme des deux fait 40 VE sur 352 vins bus.

1989 + 1990 : 83 VE sur 353 vins bus.

A ce propos, quand on pense que je bois surtout des vins anciens, on peut remarquer que j’ai bu autant de vins de 1989 + 1990 que je n’ai bu de 1928 + 1929 + 1945 + 1947.

Regardons un instant les vins « normaux » que j’ai bus de 1928 et 1929 :

Anjou  "Rablay" Caves Prunier  1928 – Anjou « Maison Prunier » – 1928 – Anjou Caves Prunier – 1928 – Anjou Caves Prunier 1928 – Anjou Rablay Maison Prunier 1928 – Banyuls Brut de l’Etoile – 1928 – Beaune Avaux Bouchard Père et Fils – 1928 – Beaune Camille Giraud – 1928 – Beaune Camille Giroud 1928 – Champagne Veuve Clicquot rosé R.D. – 1928 – Château Beychevelle – 1928 – Château Carbonnieux 1928 – Château Carbonnieux 1928 – Château Carbonnieux rouge 1928 – Château Carbonnieux, Graves – 1928 – Château Carbonnieux, Graves – 1928 – Château Carbonnieux, Graves – 1928 – Château Carbonnieux, Graves rouge en magnum – 1928 – Château Chalon Jean Bourdy 1928 – Château Chalon Jean Bourdy 1928 – Château Chalon, Bourdy  – 1928 – Château Climens – 1928 – Château Cos d’Estournel 1928 – Château Desmirail Margaux – 1928 – Château Filhot – 1928 – Château Filhot – 1928 – Château Filhot – 1928 – Château Gruaud Larose – 1928 – Château Gruaud Larose Saint Julien – 1928 – Château Gruaud Larose Sarget 1928 – Château Gruaud-Larose 1928 – Château Junayme – 1928 – Château Junayme – 1928 – Château La Gaffelière – 1928 – Château La Gaffelière Saint-Emilion – 1928 – Château La Lagune – 1928 – Château La Tour Blanche, sauternes 1928 – Château Lafaurie Peyraguey – 1928 – Château Lagrange – 1928 – Château Léoville Las Cazes Saint Julien – 1928 – Château Loubens Sainte Croix du Mont 1928 – Château Millet Graves blanc – 1928 – Château Palmer – 1928 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande – 1928 – Château Sigalas Rabaud Sauternes 1928 – château Suduiraut – 1928 – château Suduiraut – 1928 – château Suduiraut – 1928 – Château Suduiraut 1928 – Coteaux du Layon – 1928 – Côtes d’Agly – Roussillon – hôtel Claridge – 1928 – Gevrey Chambertin « Clos Saint-Jacques » – 1928 – Gruaud Larose Faure-Bethmann 1928 – Hermitage blanc Paul Etienne – 1928 – Maury Domaine et Terroirs du Sud 1928 – Meursault Fortier-Picard maison Bichot 1928 – Montrachet Chauvenet – 1928 – Montrose – 1928 – Morey Saint Denis Chauvenet et Fils – 1928 – Moulin à Vent Coron Père et Fils – 1928 – Musigny Chevillot 1928 – Musigny Chevillot 1928 – Musigny Coron Père & Fils – 1928 – Richebourg Noëllat – 1928 – Tokay Hugel 1928 – Volnay Coron Père et Fils – 1928 – Volnay Faiveley – 1928 – Banyuls Grand Sivir – 1929 – Beaune Clos du Roi Bouchard Père & Fils – 1929 – Beaune Marconnets Nicolas – 1929 – Beaune Masson – 1929 – Cahors Clos de Gamot (Jouffreau) 1929 – Chablis Maison Bichot 1929 – Chambertin Clos de Bèze Corcol – 1929 – Chambertin Clos de Bèze Joseph Drouhin – 1929 – Champagne Pommery Brut – 1929 – Champagne Roederer – 1929 – Château Bouscaut blanc  – 1929 – Château Bouscaut en magnum – 1929 – Château Caillou, Barsac, crème de tête 1929 – Château Calon, Montagne Saint Emilion – 1929 – Château Carbonnieux rouge – 1929 – Château Chalon Bourdy et Fils – 1929 – Château Chalon, Bourdy  – 1929 – Château Chauvin – 1929 – Château Chauvin Saint Emilion – 1929 – Château Chauvin Saint Emilion – 1929 – Château Climens – 1929 – Château Climens – 1929 – Château Climens 1929 – Château d’Issan – 1929 – château de Tastes Ste Croix du Mont – 1929 – Château du Peyrat Capian – 1929 – Château Fanning La Fontaine – 1929 – Château Filhot – 1929 – Château Filhot – 1929 – Château Filhot – 1929 – Château Filhot 1929 – Château Gadet Médoc – 1929 – Château Gadet Médoc 1929 – Château Galan «Land limited by Saint-Julien » Vve Bordessoulles 1929 – Château Haut-Bages Averous – 1929 – Château La Gaffelière – 1929 – Château La Gaffelière Naudes 1929 – Château Léoville Poyferré – 1929 – Château Lynch-Bages  – 1929 – Château Pape Clément – 1929 – Château Petit Gravet 1929 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande – 1929 – Château Raymond Lafon Sauternes – 1929 – Château Suduiraut 1929 – Clos Capitoro blanc – Ajaccio – 1929 – Clos de Vougeot Château de la Tour Morin Père & Fils – 1929 – Clos Saint-Robert Barsac – 1929 – Clos Saint-Robert Barsac – 1929 – Cognac Adet – 1929 # – Corton "cuvée B" Brossaud – 1929 – Corton L. Soualle et E. De Bailliencourt – 1929 – Corton L. Soualle et E. De Bailliencourt – 1929 – Côte Rôtie Paul Etienne – 1929 – Côtes du Jura blanc, Bourdy  – 1929 – Crémant de Cramant Pierre Gimonod  – 1929 – Fleurie Domaine Poncié – 1929 – Grand Anjou – 1929 – Grand Chambertin domaine Régnier de Sosthène de Gravigny – 1929 – Grand Chambertin domaine Régnier de Sosthène de Gravigny – 1929 – Jurançon Le Trouilh Paul Roustille – 1929 – Jurançon Nicolas 1929 – Jurançon sec Nicolas – 1929 – Jurançon sec Nicolas – 1929 – Langoiran – 1929 # – Langoiran – 1929 # – Langoiran – 1929 # – Mercurey « Clos du Roy » Coron – 1929 – Monbazillac 1er Grand Cru Domaine Theulet et Marsallet – 1929 – Montrachet Maxim’s – 1929 – Montrose – 1929 – Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929 – Musigny « grand vin de Bourgogne » négoce AMG (fondé en 1862) 1929 – Pommard " Grand vin d’origine " 1929 – Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929 – Pommard Epenots Joseph Drouhin 1929 – Pommard Rugiens Bouchard Père & Fils – 1929 – Pouilly Fuissé Colcombet – 1929 – Pouilly Fuissé de Joncq – 1929 – Quarts de Chaume Beaulieu Vins Fins à La Membrolle Sur Choisille 1929 – Rauzan-Ségla 1929 – Richebourg Charles Noëllat – 1929 – Richebourg provenance inconnue – 1929 – Saint-Nicolas de Bourgueil Nicolas – 1929 – Santenay Louis Grivot – 1929 – Sauternes générique 1929 – Sauternes générique appellation contrôlée – 1929 – Volnay Caillerets ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils 1929 – Vouvray d’origine 1929 – Vouvray d’origine – 1929.

Si l’on lit cette liste, peut-on réellement considérer que je suis un buveur d’étiquettes ? J’ai la faiblesse de penser que non.

Pour 1989 + 1990, la liste des vins normaux (271) serait trop longue. Elle est extrêmement diversifiée avec un nombre de vins différents considérable et toujours supérieur au nombre de vins d’étiquette. Pour Bordeaux, 64 VN contre 28 VE, pour Bourgogne, 42 VN contre 12 VE, pour le Rhône, 27 VN pour 10 VE et pour les liquoreux, 20 VN pour 11 VE.

Voici seulement la liste des vins dits normaux de Bourgogne de 1989 et 1990 :

Bâtard Montrachet Antonin Rodet – 1989 – Bâtard Montrachet Antonin Rodet – 1989 – Bâtard Montrachet Sauzet – 1989 – Chambertin Grand Cru Camus Père & Fils – 1989 – Chambertin Grand Cru Camus Père & Fils – 1989 – Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils – 1989 – Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils – 1989 – Mazoyères Chambertin Grand Cru Camus Père et Fils 1989 – Mazoyères-Chambertin Camus – 1989 – Meursault Perrières Domaine Jacques Prieur – 1989 – Nuits-Saint-Georges Clos des Forêts Saint Georges Domaine de l’Arlot 1989 – Pommard " Les Rugiens " Hubert de Montille 1989 – Saint Véran maison Bichot 1989 – Saint-Véran Bichot – 1989 – Saint-Véran, Bichot – 1989 – Volnay Cailerets Ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils – 1989 – Vosne Romanée Cros Parantoux Emmanuel Rouget – 1989 – Vosne Romanée Cros Parantoux Méo Camuzet – 1989 – Vosne Romanée Mugneret Gibourg – 1989 – Bâtard Montrachet Blain Gagnard 1990 – Beaune du Château Bouchard Père & Fils 1990 – Beaune Grèves Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & fils – 1990 – Chambertin Clos de Bèze Faiveley 1990 – Chassagne Montrachet Fontaine Gagnard – 1990 – Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils 1990 – Clos de Tart – 1990 – Corton Bouchard Père & Fils 1990 – Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils – 1990 – Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils – 1990 – Corton Charlemagne Domaine Bonneau du Martray – 1990 – Corton Renardes Michel Gaunoux – 1990 – Côtes de Beaune Maranges Gilles Gaudet – 1990 – Griottes Chambertin Domaine Ponsot en magnum – 1990 – Meursault Perrières Coche-Dury – 1990 – Meursault Santenots Marquis d’Angerville – 1990 – Montrachet Bouchard Père & Fils 1990 – Musigny G. Roumier – 1990 – Pommard premier cru Michel Gaunoux – 1990 – Pommard-Rugiens 1er cru JM Boillot en magnum 1990 – Ruchottes-Chambertin Grand Cru Domaine Mugneret – 1990 – Volnay Caillerets Ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils – 1990 – Vosne Romanée Cros Parantoux Emmanuel Rouget – 1990.

Tout porte à croire que la variété des vins bus interdit de me classer comme un adorateur des seuls vins d’étiquettes. Je parle quatre fois plus souvent de vins normaux que de vins d’étiquette. Mais la mémoire ne conserve sans doute que les plus prestigieux d’entre eux. Or mon univers est peuplé de quatre fois plus de vins en dehors des vins phare.

L’intérêt de ces questions est de me pousser à analyser un peu plus précisément ce que je bois. A ce titre, cette étude était intéressante.

lendemain de fête dans le Vaucluse dimanche, 20 janvier 2008

Voir mon fidèle ami, amateur de vins anciens, devant un jus de fruit est un phénomène assez rare.

Couché à 3 heures du matin, levé (presque) aux aurores, il a l’énergie de disserter sur la marche du monde !

 

Comme s’il restait encore une trace d’appétit, un brunch nous tend les bras.

 J’en ai même oublié que François Parent nous a ouvert le dimanche midi ce Meursault-Charmes Bocard 1990.

Quelle générosité !

verticale de Pommard Epenots Parent dans le Vaucluse samedi, 19 janvier 2008

Mon cousin, fin chasseur, a embroché les grives. Derrière lui, François Parent.

Pendant l’apéritif, les grives rôtissent.

 Quand une bouteille est tenue en main, la photo n’est pas très nette. Champagne Mahu 1952 un peu fatigué mais délicieux.

Madame Anne-Françoise Gros est servie.

 Délicieuse terrine, et l’ananas sur branche de citronnelle préparé par nos amis hollandais.

 

François Parent s’apprête à verser le Pommard Epenots Domaine Parent 1964 en jéroboam.

Rayne Vigneau 1936.

une belle verticale de Pommard Epenots Parent samedi, 19 janvier 2008

Il y a quelques mois, j’avais été logé chez un couple de vignerons bourguignons qui ont choisi de s’évader les week-ends au milieu de vignes rhodaniennes. Nous avions parlé vin, comme font les cul-de-jatte entre eux quand ils se rencontrent dans la chanson. Un rendez-vous a été mis au point par mon cousin ami des vignerons, pour que nous goûtions ensemble quelques antiques flacons.

Ma femme et moi arrivons le vendredi après-midi chez mon cousin et je vais déposer mes vins chez les vignerons. François Parent me montre un nombre invraisemblable de bouteilles de tous formats et me dit : « toutes ces bouteilles de la cave familiale ont leur bouchon d’origine. J’ai prévu des bouteilles de secours en cas de madérisation ou de défaut ». Il se trouve que François, qui ouvre de temps en temps un ou deux vieux flacons, fera seulement la troisième grande verticale des vins de son domaine. La première se fit avec Robert Parker au début des années 80, la deuxième se fit il y a trois ans avec Allen Meadows, l’homme qui, sans doute, connaît le mieux les vins de Bourgogne comme Richard Juhlin connaît les champagnes,  et la troisième se fait en la présence de quelques amis et moi-même, ce que je ressens comme un honneur. Une marque supplémentaire d’estime est que François me laissera ouvrir moi-même les vins, opération qu’il n’a jamais confiée à quelqu’un d’autre. Par bravade ou par encouragement, sans avoir vu les vins, je lance : « demain il n’y aura pas de déchet ».

Nous retournons chez mon cousin  pour dîner et nous commençons par un champagne pur Chardonnay, Lady de N de Le Brun de Neuville. Il se boit fort agréablement et s’adapte bien au foie gras fait par son gendre que l’on poivre légèrement. Sur une soupe à la châtaigne et un toast à la châtaigne, mon cousin ouvre un Vin jaune d’Arbois de Rolet Père & Fils 1995. Le vin est très puissant. L’accord est suave, confortable. Tout en ce vin jaune me ravit, le nez impérieux, le goût viril et envahissant et un final talentueux. Nous avons peur qu’un vin aussi dominateur ne porte ombrage au vin qui va suivre, mais nous nous lançons. Sur un cabillaud à l’orange, le Clos de la Coulée de Serrant de Mme Joly 1983 est divinement approprié car son acidité citronnée élégante épouse la préparation du poisson. Ce qui me frappe, c’est la précision de la trame de ce vin. J’apprécie beaucoup ce vin de la période qui précède celle du pape de la biodynamie, Nicolas Joly. Il montre à l’évidence qu’il ne faut boire ce vin que lorsqu’il est adulte. L’acidité de la tarte à la rhubarbe et aux groseilles refuse tout vin.

Le lendemain matin un chaud soleil illumine le Vaucluse. Mon cousin part plumer les grives, François Parent et Anne-Françoise Gros sont affairés. Dans quelques heures j’irai ouvrir les vins accompagné d’un de mes plus fidèles compagnons de dîners de vins anciens et nos épouses. Tout bruisse du recueillement d’avant match.

J’arrive un peu en retard, à 17h30 au lieu de 17h00 et je suis un peu nerveux car je voudrais que la démonstration de ma méthode d’ouverture soit la plus éclatante possible, mais François Parent est aussi nerveux que moi, car il n’ouvre jamais aussi tôt des flacons aussi antiques. François ouvre tous les flacons postérieurs à 1947 et j’ouvre tous les plus anciens. Les bouchons d’origine ont le haut qui est très sec et se brise comme la croûte d’un lac asséché. Mais le bas des bouchons est très souple. Les bouchons collent aux parois et s’enlèvent avec difficulté mais viennent entiers, sauf celui du Pommard 1886 qui se déchire en morceaux. François s’étonne que nous trouvions très bons des vins aux odeurs désagréables, mais il accepte l’expérience. Anne-Françoise me montre le menu et me demande comment je répartirais les vins pour des plats qui n’ont pas tous été conçus pour eux, puisque les vins de mon ami et les miens n’étaient pas annoncés.

Le menu élaboré par Anne-Françoise Gros est le suivant : terrine de poisson, coquilles Saint-Jacques sur lit de Vosne-Romanée / les grives du Vaucluse à la broche / le rôti de biche, purée de céleri, pomme de terre et truffes sauvages / plateau de fromages de Bourgogne / tarte aux pommes et coings de Pommard / ananas rôti, brochette de citronnelle, crème au gingembre.

Nous prenons l’apéritif devant la cheminée où une compagnie de grives tourne à la broche, chaque volatile étant séparé des autres par des tranches de lard, deux demi-pains placés sous les grives recueillant les suintements de cuisson. Le champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1983 que j’ai apporté est de belle acidité, de grande fraîcheur, qui remplit agréablement la bouche. On n’a pas la densité ou la complexité de champagnes typés comme Salon ou Krug, mais on a une expression très confortable d’un beau champagne. Il faut s’accoutumer au champagne Mahu blanc de blancs 1952 apporté par mon ami, car il a perdu sa bulle, a une couleur ambrée, et offre un vin très prononcé qui évoque un peu les vins du Jura, avec moins de force. Tout le monde étant amateur, le vin est très apprécié. Il a toutefois plus vieilli qu’il n’aurait dû, ce qui n’enlève rien à son intérêt.

Nous passons à table et sur la terrine sont prévus deux vins : un Echézeaux domaine Gustave Gros en demi-bouteille 1976 et un Pommard Chaponnières en magnum domaine Parent 1990. Le Pommard est d’une jeunesse joyeuse, avec un beau fruit et mon cousin l’adore et ne cessera de le répéter. Le 1976 est d’une grande personnalité, ne montre aucune sécheresse, et ne souffre pas du format de son flacon. Nous en boirons deux, de très belle qualité. Les deux vins sont dissemblables mais cohabitent bien et l’accord avec le plat est pertinent. J’aime beaucoup le message du 1976.

Sur les grives, j’ai voulu associer le Pommard Epenots domaine Parent en Jéroboam 1964 avec le Pommard Epenots domaine Parent 1933. Et ça marche très bien. On est frappé par la similitude du goût entre les deux, qui sont l’expression du terroir du domaine Parent. Le 1964 est épanoui, un peu amer et le 1933, année que mon ami et moi aimons particulièrement, se montre d’une très belle complexité pour l’année, la plus belle des années 30, sans être une année de grand rayonnement. Le 1933 nous plait beaucoup.

Sur le rôti de biche nous aurons deux séries des vins des plus beaux millésimes. La première série comporte le Pommard Epenots domaine Parent 1959 et le Pommard Epenots domaine Parent 1947. Le plus jeune est d’une grande élégance et d’une légèreté qui trace un long parcours en bouche. Le contraste est saisissant avec le 1947 plus rond, plus plein, plus complexe, de plus grande richesse. Je suis assez abasourdi par la perfection du 1947 alors que mon cousin ne voyait pas tant de différence avec le 1959. François Parent constate qu’une ouverture faite plusieurs heures avant arrondit les vins et que le vin est bon de la première gorgée à la dernière, puisqu’il a profité longtemps de son aération.

La deuxième série comprend le Pommard Epenots domaine Parent 1928 et le Pommard Epenots domaine Parent 1915. Pourrait-on imaginer deux vins plus dissemblables et aussi parfaits, chacun dans son registre ? Le 1928 est dans la lignée du 1947, mais il a tout en plus. Mon ami et moi disons immédiatement que pour un 1928, il a tout de 1928. Mais il a plus que cela. Il est puissant, solide, charpenté, complexe, d’une présence en bouche spectaculaire. On dirait que c’est le Pommard parfait, qui paraît plus joyeux que les Pommard du début de repas. Anne-Françoise dit en buvant le 1915 : « c’est de la rose ». Et je raconte l’anecdote du premier repas que j’avais partagé avec Alain Senderens pour lequel j’avais apporté mon chouchou Nuits-Saint-Georges les Cailles Morin 1915. Alain l’avait adoré et avait demandé à un maître d’hôtel de chercher des pétales de rose. Et nous avions mâché des pétales de rose et bu le 1915 pour un accord divin. Anne-Françoise venait de retrouver la même évocation qu’Alain sur un vin de la même année. Le 1915 est un vin d’une sensualité invraisemblable. Il est sexy, déroutant, aguichant, et nous entraîne sur des pistes gustatives que nous n’aurions pas imaginées. Il y a quelques similitudes entre le 1915 et le 1933, le plus vieux ayant un charme très nettement supérieur. Nous étions assez impressionnés que l’on puisse avoir ensemble le 1928 sûr de lui et dominateur et le 1915 romantique, panier de roses d’un charme féminin.

Je souhaitais que les deux plus vieux vins se dégustent sans plat, mais nous avons picoré du fromage, le chambertin se prêtant bien à la mise en valeur de ces deux ancêtres. Le Pommard Epenots domaine Parent 1904 a une couleur assez ahurissante que François connaît bien, très rouge sang ce qui est presque invraisemblable pour cette année. Le vin est bon, agréable, typé, expressif, mais on commence à ressentir les effets de l’âge même si le vin est ingambe. Le Pommard Epenots domaine Parent 1886 est émouvant. Il provient de vignes pré phylloxériques qui ont été arrachées en 1895. Le vin qui était d’un niveau bas est encore vivant et François constate avec plaisir son agilité. Mais on le boit plus comme une relique émouvante que comme un grand vin. Un détail m’a frappé : François connaît tout de l’histoire de chaque année et explique le goût de chaque vin par la climatologie et les décisions qui en découlent.

Nous allons sur le fromage faire une constatation percutante de précision. Le Pommard Epenots domaine Parent en magnum 1985 et le Pommard Epenots domaine Parent en magnum 1978 sont des vins qui font un saut de presque un siècle avec le vin que nous avions quitté. Et si la jeunesse est belle, les vins nous apparaissent à ce moment comme trop jeunes, pas assez structurés, pas assez assemblés, pas assez homogènes. Des vins qui ont plus de vingt ans semblent des gamins comme des vins de l’année.

Mon ami est bien triste, car son Vouvray Clos du Bourg Huet 1959 est agréable, mais à cent coudées de ce qu’il peut montrer, comme s’il avait un rhume. J’ai apporté deux liquoreux. Le Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937 que j’ai annoncé comme étant un sauternes, et de 1941, car la bouteille n’avait pas d’étiquette a un nez joliment agrume. En bouche, les agrumes sont présents, mais le vin manque un peu de coffre. Le Château Rayne-Vigneau 1936, très ambré a un nez de caramel. Anne-Françoise y voit du chocolat que j’ai du mal à trouver. En bouche c’est très caramel et s’harmonise bien avec la sauce de l’ananas confectionné par le couple de convives hollandais qui participe au repas. Ce vin sera très favorisé dans les votes, mais je trouve que les deux liquoreux que j’ai apportés, tout comme le Huet, jouent petit bras lors de cette soirée.

Au-delà de deux heures du matin, sous un ciel étoilé, les volutes cubains forment les seuls nuages et se marient à une fine de Bourgogne Parent que l’on peut dater entre 1890 et 1904, provenant d’un fût de 228 litres évaporé pour ne laisser que 50 litres environ lors de la mise en bouteilles. De sa naissance à 70°, il reste encore une force alcoolique à percer les murailles. Nous avons voté pour les quatre vins qui ont été les plus appréciés. Malgré de belles disparités, le consensus se fit largement sur les deux premiers. Le vote du consensus serait : 1 – Pommard Epenots domaine Parent 1915, 2 – Pommard Epenots domaine Parent 1928, 3 – Pommard Epenots domaine Parent 1947, 4 – Château Rayne-Vigneau 1936. Mon vote est presque le même, le sauternes étant remplacé par le champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1983.

Je tirerais de cette magnifique verticale les enseignements suivants. La période d’excellence de ce Pommard est entre 1959 et 1915. Les plus jeunes n’ont pas encore atteint la rondeur qui les met en valeur, et au-delà de 1915, les vins plus vieux, même intéressants, sont aujourd’hui des témoignages historiques plus que des sérénités gustatives. Ils ont dépassé leur seuil d’intérêt, alors que le 1928 par exemple montrera une longévité quasi infinie. Le plus grand sujet de fierté pour moi est le succès total de ma méthode d’ouverture. François Parent a constaté que deux vins qu’il aurait écartés, le 1933 et le 1886, ont été à la hauteur de ce qu’il attendait. C’est la première fois que dans ces verticales, il n’a pas été obligé d’ouvrir des bouteilles de secours, et il a constaté que le vin renforcé par une oxygénation lente, se présente sur table dans l’état le plus épanoui qu’il serait capable d’offrir.

Le lendemain midi sous un soleil lourd qu’on ne verrait normalement jamais en janvier, un brunch nous réunit pour commenter le dîner merveilleux de la veille. Le 1990 est toujours aussi joyeux, le 1964 est devenu plus amer et a un peu perdu de sa superbe. Le 1985 est constant, et c’est surtout le 1978 qui s’est amélioré de façon incroyable. N’étant plus confronté au talent des 28 et 47, il montre une joie de vivre et un équilibre qu’il n’avait pas hier, qui nous réconcilie avec les vins de cet âge.

Cette verticale impressionnante, dans une ambiance amicale entre connaisseurs de vins anciens a appris beaucoup de choses à chacun.