un menu d’affaires excellent à Hiramatsu mercredi, 12 septembre 2007

Un ami gastronome me dit : il faut absolument aller à Hiramatsu, leur repas d’affaires à un prix défiant toute concurrence est de grande qualité. Ayant envie de revoir cet ami et de retourner à Hiramatsu, j’accepte avec enthousiasme. La salle de restaurant est spacieuse, de couleurs gaies. On est loin de la confidentialité exiguë mais sympathique de l’Ile Saint-Louis. Attendant mon ami, je scrute la carte des vins abondante et intelligente et j’y repère une envie. Mon ami arrive avec dans sa musette un Apremont 1989. Nous le goûtons sans grande conviction. Nous n’irons pas plus loin.

Le repas d’affaires offre du choix et nous prendrons chacun une branche différente des alternatives. Un sorbet sert d’amuse-bouche, mais ce n’est pas avec du froid qu’on émoustille les papilles. La suite est infiniment plus belle. Le thon rouge en trois préparations est d’une grande finesse. Le turbot est goûteux et joyeux et le dessert, sabayon de whisky, montre une vraie science des desserts. Le service est impeccable souriant et attentionné, l’ambiance générale est très deux étoiles. On peut dire sans hésiter que c’est un sans faute  à un prix imbattable. Oui mais le vin dans tout ça ? Eh bien, j’ai jeté mon dévolu sur un Chambertin Armand Rousseau 1999. Ce domaine fait de sublimes chambertins. Le premier nez est d’une pureté extrême, et nous décidons avec le sommelier de laisser le vin s’épanouir tout seul dans le verre. C’est un vin dans sa pleine jeunesse, rassurant car on le comprend très vite. Le fruit est beau, l’amertume est discrète. Il y a un léger manque de coffre, car j’attendais que cela trompette un peu plus, mais l’élégance et la finesse ravissent le palais.

M. Hiramatsu est venu nous saluer. Il possède une quinzaine de restaurants au Japon, il s’occupe de restaurants de Paul Bocuse au Japon, et il vient tous les deux mois superviser son antenne parisienne. Il fait ici une vraie cuisine française qui fut aujourd’hui d’un niveau de deux étoiles. Une belle expérience.

coïncidence mercredi, 12 septembre 2007

Quittant Hiramatsu, je vais à l’Astrance pour réserver une table pour un dîner. Il semblerait que comme l’aimant, j’attire les coïncidences. Car à l’Astrance, je vois un couple d’américains pour qui j’avais fait un dîner de wine-dinners, qui devait être un moment important de leur voyage de noces. Et j’avais inclus Yquem 1967, de l’année de naissance de la jeune mariée. Nous nous embrassons, et je leur dis que je vais faire le lendemain un dîner à Ledoyen. Ils rient à gorge déployée en me disant : « nous allons donc nous revoir, car nous avons retenu une table pour demain soir à Ledoyen ». On défie les probabilités statistiques.

vins de Hugel et de Perrot Minot au Carré des Feuillants mardi, 11 septembre 2007

Bipin Desai cornaque un groupe d’amateurs américains qui viennent festoyer pendant une bonne semaine dans les plus beaux endroits. Ayant eu l’opportunité de faire connaître à Bipin un personnage du vin, Jean Hugel, Bipin me demanda si je voulais me joindre à son groupe pour un déjeuner au restaurant le Carré des Feuillants. L’esprit encore embrumé d’une courte nuit après ces verticales de Rauzan-Ségla et Canon, j’arrive au Carré des Feuillants, accueilli par une équipe souriante et attentive. L’apéritif se tient au sous-sol et je vois des rescapés de la veille en grande forme. Le champagne Billecart-Salmon cuvée Nicolas-François Billecart 1998 est très peu dosé, très sec, et se boit bien. Nous remontons au rez-de-chaussée pour le déjeuner dans une jolie salle aménagée pour nous. Il fallait bien nous isoler, car Jean Hugel que j’adore, ce pétulant octogénaire a le verbe haut et nourri. Ma voisine de table qui est productrice d’un groupe théâtral a l’habitude de voir jouer de grands talents. Elle est sous le charme du discours de Jean Hugel qui énonce des vérités d’une simplicité biblique, consternantes de bon sens.

L’intitulé du menu est un vrai roman : bouillon du pêcheur de perles / rouget barbet, tomate ancienne, cerises en gaspacho, huile noire d’olives, arlette aux anchois / homard bleu vapeur, royale coraillée, pince en rouleau croustillant, salade d’herbes parfumées, nougatine d’ail doux / le cèpe mariné, le chapeau poêlé, le pied en petit pâté chaud / notre poularde rôtie en cocotte, jus clair, céleri confit, petit chou au lard, (volaille d’excellence engraissée librement en Béarn) / Fougeru briard travaillé à la truffe / envie de vacherin, grosses framboises, meringue légère au Yuzu, crème fermière et Mascavo. C’est tout un programme, et chaque précision a son importance. J’ai trouvé la cuisine d’Alain Dutournier particulièrement brillante. Je dois même dire que c’est le plus accompli des repas que j’ai faits dans cet établissement où je suis assidu, démontrant une sérénité remarquable. La question qui agite les repas en ville c’est de savoir pourquoi Alain n’a pas sa troisième étoile. Il m’est arrivé d’être d’accord avec ce purgatoire mais aussi de ne pas le trouver justifié. Sur ce repas le doute n’est plus permis. La troisième étoile est atteinte brillamment avec une cuisine sincère, engagée comme son auteur, et souriante comme lui. Comme il n’existe aucune faute de service, on est de plain-pied dans l’excellence absolue.

Nous commençons par le Riesling Hugel Vendanges Tardives 1998 d’une belle couleur d’un or délicat. Le nez est discret. En bouche, et c’est une des caractéristiques des vins de Hugel, on est frappé par la pureté. Le vin est à la fois puissant et léger, ce qui est paradoxal mais réussi. Le final est assez court et poivré.

Le Riesling Hugel Vendanges Tardives 1983 est d’un jaune plus doré, très limpide, au nez discret. Le goût est résolument sec. Il est très élégant et gastronomique. Ce qui est évident là aussi, c’est la pureté. Le 1998 est plus sucré avec un sucre résiduel important. Le 1983 est élégant et bâti pour la gastronomie. Jean Hugel signale à tous une des caractéristiques de ses vins qui est de voir le sucre se fondre naturellement avec l’âge.

Alors qu’il était prévu que l’on commence par un 2002, Jean Hugel demande que sur le homard on l’oublie car ce serait un crime au profit du seul 1976. Il s’agit du Gewurztraminer Hugel Sélection de Grains Nobles 1976. Il est d’un or profond, d’un nez discret, et ce qui frappe, c’est qu’il est devenu sec. C’est un vin délicat et extrêmement précis qui convient remarquablement au homard délicieux. J’ai la chance d’en avoir bu plusieurs exemplaires avec chaque fois le même plaisir.

Nous passons ensuite aux vins de la maison Perrot-Minot dont, je dois le confesser, je n’ai jamais bu aucun vin. Le Charmes Chambertin Vieilles Vignes Perrot-Minot 2000 a un nez discret et élégant. Le joli fruit est très distingué. Le final est très profond. Il est strict, mais plaisant. Le Charmes Chambertin Vieilles Vignes Perrot-Minot 2001 a un nez plus doucereux, velouté. Le goût est plus poivré, plus moderne. C’est moins bourguignon que le 2000 qui lui-même ne l’est pas tellement. Le Charmes Chambertin Vieilles Vignes Perrot-Minot 2003 a un nez très fin, poivré. En bouche, c’est très boisé, les tannins sont forts, il y a des évocations de poivre en grain et de clou de girofle.

Je suis bien en peine de désigner celui qui me plait le plus et je vois qu’aux deux tables de notre groupe, les avis sont partagés. J’avais tendance à préférer le 2000, puis je suis venu au 2001, et je suis revenu au 2000. Alain Dutournier qui nous a salués a aimé aussi le 2000. Les trois vins sont très poivrés. Je pense qu’il leur faudrait quelques années de plus pour vraiment les apprécier, car ils vont s’arrondir. Tels qu’ils se présentent aujourd’hui, ils manquent un peu de rondeur pour me séduire. Quelques années y pourvoiront.

Le plat de cèpes est une institution. Plat phare de ce lieu il a atteint en pleine saison de cèpes de belle qualité une maturité incontestable.

Le Gewurztraminer Hugel Sélection de Grains Nobles 2002 que l’on sert maintenant combine ce que j’aime, un sucre lourd, un côté très doux, tout en étant aérien. Le nez évoque le litchi mais je sais que Jean Hugel déteste qu’on décortique les composantes d’un vin. Ce vin est servi avec un Château Caillou Barsac 1989. Puisque l’occasion se présente de goûter ensemble ces deux vins que j’apprécie, mon cœur balance en direction du Caillou, plus fruité et plus profond à mon goût. Mais le Gewurztraminer, léger malgré sa puissance est un vin de grande qualité. C’est vraiment une question de préférence personnelle.

Jean Hugel est toujours un merveilleux conteur, ambassadeur des vins d’Alsace avec ses vins d’une rare pureté, j’ai découvert des vins d’un domaine qui ne m’était pas familier mais il faudra attendre quelques années de plus, et j’ai été enthousiasmé par le niveau atteint par Alain Dutournier dans une sérénité prometteuse de gloire.

Peut-on être prophète en son pays ? lundi, 10 septembre 2007

La réponse est oui !

Voici le message que j’ai reçu :

Mr Audouze,
Je voulais vous envoyer ce message pour vous remercier. Je suis amateur de vins depuis plusieurs années et je fais tout mon possible pour me faire une cave digne de ce nom. Je pensais commencer à connaître ce qu’il fallait savoir sur le vin. Hors je me trompais. Il y a de ca quelques mois, j’ai offert à une amie une bouteille de son année de naissance pour son anniversaire, une bouteille de Côtes de Beaune villages de 1974. En possédant 3 exemplaires, je décidais d’en goûter une avant de lui faire cadeau de la seconde… les niveaux étaient superbes, la couleur assez rassurante et l’état du bouchon satisfaisant. A l’ouverture le nez était joli, fin, rond et encore pleins d’arômes typiques de ces vins. Mais après une (trop) petite heure d’aération et un carafage (mal venu je crois), le goût m’a semblé passé, pas bouchonné bien au contraire, mais passé tout simplement, et je me suis dit :" dommage j’ai du la rater de quelques années à peine…" Quel erreur! Hier j’ai découvert votre site et vos bulletins… et j’ai lu, lu et relu,… et j’ai découvert tellement de choses… Ouvrir un vin ancien, ce n’est pas ouvrir un vin, ce sont deux choses sans aucun rapport. Du coup, je suis descendu chercher la troisième bouteille, je l’ai laissée debout quelques heures, puis je l’ai ouverte, 4 bonnes heures avant le repas, l’ai laissé s’aérer doucement, très doucement, en bouteille… et je me suis mis en cuisine. J’ai cherché dans ma mémoire le parfum ressenti à l’ouverture, sans re-sentir le vin, et, l’ayant trouvé, j’ai opté pour un canard poivré sur sauce aux cèpes et pieds-de-mouton. Une fois le tout préparé, j’ai servi le vin, l’ai laissé s’aérer et faire ses tours de verre un bon quart d’heure, et sur une bouchée de canard, je l’ai goûté. Et quelle surprise….. Tout y était, les arômes, les parfums, le nez, la bouche, les fruits même…. stupéfiant! Evidemment c’était un vin ancien, un autre monde, un autre façon d’être un vin, sans aucun rapport avec ce que je connais habituellement. Mais tjs est-il qu’il était subtil, agréable, élaboré et éminemment délicat. Et là j’ai compris que tout un pan du vin venait de m’apparaître. J’ai compris ce que vous voulez dire quand vous expliquez que aimer les vins ANCIENS c’est autre chose, qu’on y cherche (et trouve) autre chose que lorsque l’on boit un vin jeune, qu’il ne faut pas y venir avec la même bouche, et pas avec les mêmes accords de plats également. Tout ca m’a sauté au visage en l’espace d’une heure de dégustation. Bien souvent dans la soirée je me suis demandé si tout cela n’était pas qu’un jeu de mon esprit qui, ayant lu vos bulletins toute la matinée, s’imaginait un changement inexistant au regard de la première bouteille. Mais non, la première était "mauvaise", la deuxième superbe… et les niveaux, couleurs et bouchons étaient les mêmes. Alors s’il vous plait, rassurez-moi et dites moi que je n’ai pas rêvé : ce que vous préconisez quant à l’ouverture change tout n’est ce pas?

Merci d’avance

Cordialement

Je promets que je n’ai pas écrit ce témoignage moi-même !!! J’ai remercié son auteur. C’est tellement plaisant que je n’ai pas voulu le garder pour moi.

an impressive vertical of Rauzan Ségla and Canon by Taillevent lundi, 10 septembre 2007

Bipin Desai is an American collector of fine wines who organises magnificent events about specific wines. I attended verticals of Yquem, Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Montrose, Angélus, Lynch-Bages, Trimbach, Léoville-Barton and Langoa Barton for which I made reports. When these events are held in Paris, it is usually by restaurant Taillevent. As it is my first event in Paris after a break of nearly three months, it is the best possible solution to acclimate myself again to Paris in this wonderful place. Jean Claude Vrinat welcomes us with his legendary smile, and, on the first floor, in the small Japanese salon, we drink a champagne Taillevent, which is a Deutz non vintage, a little dosé, but easy to drink with the very tasty “gougères”.

I meet people who are used to attend these events, writers or journalists on wines, auctioneers, sommeliers, wine merchants and some friends of Bipin. We are 32 people to drink 30 wines, and the guest of honour is John F. Kolasa, who is in charge of the two wines that we are going to drink to night. We talk, standing with our cup of champagne, and at 10 pm we are still not asked to go to the dining room. Knowing the program, I am a little afraid that it would last long. It did, as we left our table after 2 am.

The menu created for this event is : ravioli de champignons du moment, velouté de cèpes / bar de ligne poêlé, bouillon parmentier / canard colvert rôti à la rouennaise / fromage de nos provinces / croustillant de quetsches à l’Amaretto. It is as usual a very elegant cook, with a very precise definition, but the duck was not exactly cooked as the very late service of the dishes disorganised the kitchen.

When we enter the dining room, whose charm cannot be paralleled, there is a very curious smell in the room, as the one that exists in chais, as the 288 glasses of the first flight, which are already on the tables, give this smell. Serena Suttcliffe had the same surprise as me. Fortunately this curious smell did not indicate any defect of the wines.

We are going to have four flights. The first concerns Rauzan-Ségla 2005, 2000, 1996, 1995, 1988, 1982, 1970, 1966, 1961. My notes are taken very quickly as I tried to catch the first impressions. I came back to the same wines for another try, but I had not as time as I used to have as at our table of French speaking people, we talked and talked and smiled.

The Rauzan-Ségla 2005 has a smell which evokes cream or milk. In mouth it is very green but very promising. Herbaceous, deep, it is a great wine.

The Rauzan-Ségla 2000 has a nose which is already structured. It is serene. In mouth, there is a strong material combined with an elegant airiness. Slightly bitter, it lets a long trace in mouth. At this point I notice that the temperature of the wines for tasting is ideal.

The Rauzan-Ségla 1996 has a deep and elegant nose. In mouth I notice a constant skeleton in the structures of the wines, which is the terroir’s trace. This wine is a little bitter, lacks of balance and of length.

The Rauzan-Ségla 1995 has a discrete nose and an elegant taste. Slightly bitter but delicate, I like the persistency in mouth.

The Rauzan-Ségla 1988 has a confidential smell but which shows the intensity of the body of the wine. It is a little muddy. The taste is slightly acidic. There is some red fruit. The wine is a little short and has an acidic final.

The Rauzan-Ségla 1982 has the first smell which begins to show signs of evolution. The colour is a little orange brown. The taste shows also signs of evolution. The wine is a little light but has a smart consistency.

The Rauzan-Ségla 1970 has a nice and powerful nose. It is very nice in mouth and would require some food to really express all its potential. The balance can be imagined but the wine needs too much a food partner.

The Rauzan-Ségla 1966 has a lovely nose and a nice colour. The taste is a little imprecise and the wine lacks of balance.

The Rauzan-Ségla 1961 has a delicate and handsome smell. In mouth the wine is quite bitter and shows tiredness.

At this stage of the observation, having not had food to appreciate better some wines, it appears that the young wines, the more recent, put a little shadow on the older wines which lack a little of expansion. I like the 2000, the 1995 and the 2005. Revisiting the wines, I like the 1966 and the 1970 when they are accompanied by food. The 1988 is nice, just that, and the deception comes from 1982 and 1961, because one would expect more from these great years. The 2000 is a great wine to keep in cellar, as it will become very great, and the 2005 will become a very great wine. It is really well made. The 1966 that I had not so nicely judged at the first try remains very satisfying during all the time we can try this flight.

Bipin Desai has asked that each flight would be commented by a guest of French culture and by a guest of English culture. He has designated for the second flight David Peppercorn for the English comment, and myself for the French side. David is a talented writer on wine who has an encyclopaedic knowledge, and knows in advance what every vintage should give. It is interesting to notice that our analyses have been very different. Who is right ? Certainly David, as he has an experience that I have not, but by this exercise, I have learned a lot about the Anglo-Saxon approach of wines.

The second flight concerns : Rauzan-Ségla 1990, 1989, 1986, 1985, 1957, 1952, 1947, 1929.

The Rauzan-Ségla 1990 has a very pure nose. It is very different from the sensations of the first group as there is a taste of sherry that I did not notice in the previous wines. Acidic, it has a great length but does not please me so much.

The Rauzan-Ségla 1989 has a very pure smell too. It is very pleasant but I notice that something is lacking. This wine, as the 1970 requires food.

The Rauzan-Ségla 1986 has a deep smell. The wine is a little scholar. Once again, I feel that a strong tasty meat would enlarge the wine, which is a good sign if a wine demands food.

The Rauzan-Ségla 1985 has a rather tired nose. The wine has too much evolution. There is might, tastes of prunes, and for me a certain lack of charm.

The Rauzan-Ségla 1957 has a smell which shows some evolution, but it is interesting. We enter in a world of wines that I practice and like. Even if now and then one could find that not everything is perfect in this wine, it is exciting. A Burgundian aspect is not to displease me.

The Rauzan-Ségla 1952 has also a nose with signs of evolution and a lot of charm. The taste is male, evokes meat and game, and is wonderful with food. This is a wine that I like particularly.

The Rauzan-Ségla 1947 has a very elegant smell. The acidity is very pleasant. It is a great wine that I like.

The Rauzan-Ségla 1929, from the two bottles which are shared for all the attendants, is too acidic, too tired to be pleasant. I expected an improvement, but even if it began, there was no significant recovery.

On the fish, the 1986 is delicious. The 1990 is velvety and sweet, contrarily to the first impression. The 1989 is broad, virile, the 1986 is a synthesis of the 1989 and 1990. The 1985 is a little unfriendly to me but goes well with the mushrooms, as the 1957. The 1952 is splendid and better than the 1947, less brilliant as time flies. The 1929 improves a little. To classify these wines is difficult, but I appreciate perhaps a little more the 1986 and the 1952.

This vertical shows that Rauzan Ségla has lived periods in history where the wine had some weaknesses. Under the leadership of John Kolasa, new president of the property, this wine comes back to the glory that it had in the decade 1920-1929. This has been shown very brilliantly.

At my table are Neal Martin, who joined recently the team of Robert Parker and has his own forum, Michel Bettane, whose guide makes sensation in wine circles, Raoul Salama who writes for Revue du Vin de France, and some other famous persons. We talk a lot while studying the wines, in a very smiling atmosphere. It is after midnight when the second wine to taste appears on our tables, made by John and belonging also to the family Wertheimer.

The third flight concerns Château Canon Saint-Emilion 2005, 2000, 1982, 1961*, 1959*, 1949*, 1947. The sign “*” indicates that the wines were served from magnums and not from bottles as it was mostly the case.

In the Château Canon 2005 everything is « soft ». The impression which comes to my mind is the one of a motor of a Rolls Royce turning at 1000 rpm.

The Château Canon 2000 is very strict. It is a highly promising wine and one can expect a lot from this wine.

Very curiously, the word which comes to my mind concerning the Château Canon 1982 is exactly the same : “promising”, and it makes a great contrast with the Rauzan-Ségla 1982 which was too much evolved.

We continue in the same line of impressions, as I find that the Château Canon 1961 has a minimum of thirty years left to continue to be extremely brilliant.

The Château Canon 1959 is absolutely fabulous. I adore it, as it is a wine round and full of joy.

The Château Canon 1949 is astringent and acidic.

The Château Canon 1947 is a dream, of a pure perfect definition.

For me, the 1959 is above the 1947. I find it absolutely gorgeous. This flight shows a great contrast between Château Canon and Rauzan Ségla, the Saint-Emilion being more structured to perform on a long term than the Margaux.

The fourth flight concerns Château Canon 1998, 1990, 1989, 1964*, 1955*, 1952.

The Château Canon 1998 has a nice structure but is not particularly seducing.

The Château Canon 1990 is a great wine, pure and solid. At this time, after one am, my notes begin to be simplified, but keep the dominant impression.

The Château Canon 1989 is nice and solid, a little less charming than the 1990.

The Château Canon 1964 seems to be smoky, powerful, a great wine for gastronomy.

The Château Canon 1955 is a great wine, a little bitter but great.

I write for Château Canon 1952 this is wine !!! There are notes of coffee. I like this taste.

Château Canon offers obviously many greater years than Rauzan-Ségla. The tasting is interesting as it shows the progress made in both properties on the most recent wines. It should be stressed anyway that the two more recent years that we tasted are 2005 and 2000, which are years gifted by nature.

The success is there, and every young collector can already consider that in twenty to thirty years, he will drink wines which will reach the quality of the legendary wines of the twenties. Good luck to John Kolasa to continue in this positive trend.

verticale de Rauzan-Ségla et Canon au restaurant Taillevent lundi, 10 septembre 2007

Bipin Desai est un amateur américain qui organise de grandes verticales que j’ai eu l’occasion de commenter : Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Montrose, Léoville Barton et Langoa Barton, Angélus, Lynch-Bages, Trimbach. A Paris, ces dégustations se font au restaurant Taillevent, ce qui marque ce soir mon retour en capitale. On ne peut rêver de meilleure acclimatation. Jean-Claude Vrinat nous accueille avec son sourire légendaire et nous commençons par une coupe de champagne Taillevent, qui est un Deutz un peu dosé mais facile à boire, qui aspire les gougères avec gourmandise.

Nous retrouvons avec plaisir les habitués, tous importants dans le monde du vin. L’apéritif s’éternise et sachant le programme de dégustation qui nous attend, je commence à être un peu inquiet. Bipin Desai est très strict sur le service des vins et je ne saurai quel problème méritait que l’on passe à table vers 22 heures. Nous la quitterons à 2 heures du matin !

Le menu : ravioli de champignons du moment, velouté de cèpes / bar de ligne poêlé, bouillon parmentier / canard colvert rôti à la rouennaise / fromage de nos provinces / croustillant de quetsches à l’Amaretto. Ce fut une cuisine sobrement exécutée, très adaptée aux vins, dans l’esprit traditionnel de ce lieu de grande qualité. Il y eut un incident sur la cuisson du canard qui est imputable au fort décalage horaire de ce dîner, qui a déréglé la belle mécanique de la cuisine.

Lorsque nous entrons dans la magnifique salle à manger au charme inimitable, une curieuse odeur prend la narine, car les 288 vins qui sont sur les tables exhalent ces odeurs que l’on sent dans les chais. Serena Suttcliffe a la même réaction d’étonnement que moi. Rien dans les verres ne montra que l’on dût s’inquiéter.

Nous aurons quatre séries de vins. La première concerne les Rauzan-Ségla 2005, 2000, 1996, 1995, 1988, 1982, 1970, 1966, 1961. Les verres sont déjà sur table. Je signale au passage l’extrême dextérité de l’équipe de Taillevent pour réussir le ballet de tous ces verres, 960 au total. J’ai pris mes notes à la volée, captant les impressions premières. Le retard que nous avions pris ne m’a pas donné l’occasion de revenir comme je l’aurais aimé sur chaque série pour mieux analyser mes préférences.

Le Rauzan-Ségla 2005 a un nez lacté. En bouche, c’est vert mais très prometteur. Très herbacé, profond, c’est un grand vin. Le Rauzan-Ségla 2000 a un  nez qui s’est déjà placé. Il est serein. En bouche il y a une matière forte combinée à une élégante légèreté. A peine astringent, il remplit la bouche en laissant une trace énorme. Je note au passage que les températures des vins sont idéales. Le Rauzan-Ségla 1996 a un nez profond et élégant. En bouche on sent une constance de goût avec les précédents, ce que l’on nomme le terroir. Ce vin est un peu déséquilibré, un peu amer et manque de longueur. Le Rauzan-Ségla 1995 a un nez discret et une bouche élégante. Astringent mais délicat, il a une belle persistance en bouche.

Le Rauzan-Ségla 1988 a un nez retenu mais intense, un peu poussiéreux. La bouche est un peu acide. Il y a du fruit rouge. Le vin est un peu court et d’un final acide. Le Rauzan-Ségla 1982 a un nez qui commence à montrer des signes d’évolution. La couleur est plus tuilée. Le goût amorce aussi une évolution. Le vin est un peu léger mais de belle persistance. Le Rauzan-Ségla 1970 a un très joli nez, puissant. Il est assez joli en bouche et demanderait un plat pour s’exprimer. Il a un bel équilibre mais reste la patte en l’air s’il n’a pas un partenaire solide pour le mettre en valeur. Le Rauzan-Ségla 1966 a un très joli nez et une belle couleur. La bouche est un peu imprécise et le vin manque d’équilibre. Le Rauzan-Ségla 1961 a un nez délicat et raffiné. En bouche, l’astringence est là et le vin est légèrement fatigué.

Après ce round d’observation sans manger, il m’apparaît que les jeunes vins font de l’ombre aux anciens qui manquent un peu de coffre. J’aime beaucoup le 2000, le 1995 et le 2005. En revisitant, j’aime aussi le 1966 et le 1970 dès que je mange le premier plat. Le 1988 est gentil, sans plus, et les déceptions viennent de 1982 et de 1961, car on attendrait plus de ces grandes années. Le 2000 est un grand vin de garde, le 2005 deviendra très grand, il est bien fait, et le 1966 que j’avais méjugé à la première approche reste bon pendant le temps de cette première série.

Bipin Desai fait commenter chaque série par un convive de culture française et un convive de culture anglaise. Je suis désigné pour la seconde série, ainsi que David Peppercorn, écrivain du vin au savoir encyclopédique et à l’expérience spectaculaire. Nos analyses seront presque diamétralement opposées. David connaît les tours et détours de chaque millésime et juge avec la connaissance de ce que chaque millésime doit donner. Je n’ai pas cette science et j’aborde chaque vin sans cet impressionnant savoir. Qui de nous deux a raison ? David, par nature, mais cela montre la diversité des palais. Et cela m’apprend beaucoup sur l’approche anglo-saxonne des vins.

La seconde série est : Rauzan-Ségla 1990, 1989, 1986, 1985, 1957, 1952, 1947, 1929.

Le Rauzan-Ségla 1990 a un nez très pur. Il est très différent des sensations du premier groupe, car il y a un goût de cerise que je n’avais pas encore perçu. Acide, il a une grande longueur mais ne me plait pas tant que cela. Le Rauzan-Ségla 1989 a un nez très pur aussi. Il est très plaisant mais je sens quelque chose qui manque. Ce vin, comme le 1970, appelle de la nourriture. Le Rauzan-Ségla 1986 a un nez profond. Le vin est un peu scolaire. Là aussi, l’impression serait magnifiée par une viande goûteuse. Le Rauzan-Ségla 1985 a un nez assez fatigué. Le vin est évolué. Il y a de la puissance, des évocations de prunes, et un certain manque de charme.

Le Rauzan-Ségla 1957 a un nez déjà évolué mais intéressant car on entre dans le monde des vins que je pratique. Même si l’on sent un ou deux défauts, ce vin est passionnant. Le petit côté bourguignon du vin ne me déplait pas. Le Rauzan-Ségla 1952 a aussi un nez évolué mais charmant. Il a un côté giboyeux, viril et se marie parfaitement à la cuisine. J’aime beaucoup ce vin. Le Rauzan-Ségla 1947 a un très beau nez racé. L’acidité est belle. C’est un très beau vin et je l’aime. Le Rauzan-Ségla 1929, quelle que soit la bouteille car il y en a toujours deux pour les 32 participants que nous sommes est acide. Il est trop fatigué pour être plaisant. J’ai cru qu’il reviendrait à la vie mais la cause était entendue.

Sur le poisson, le 1986 est délicieux. Je reprends les vins. Le 1990 est doux, contrairement à sa première approche acide, le 1989 est grand, viril, le 1986 est une synthèse des 1989 et 1990. Le 1985 est un peu dur, mais se marie bien aux champignons, comme le 1957. Le 1952 est splendide, meilleur que le 1947 moins brillant sur la durée. Le 1929 est meilleur que la première impression. Classer ces vins est difficile. J’ai un penchant pour le 1986 et le 1952.

Il se dégage de cette belle verticale que Rauzan-Ségla aura vécu dans son histoire des moments de faiblesse. Sous la conduite de John Kolasa, nouveau président de cette propriété, ce grand vin retrouve le lustre qu’il avait dans les années 20. Ce fut montré de bien belle façon.

Je suis assis à côté de Neal Martin qui a rejoint l’équipe de Robert Parker et dispose en son sein de son propre forum. Nous parlons abondamment de la sortie du guide de Michel Bettane, présent et souriant, avec lequel les traits d’esprit fusent. D’autres amis français sont à cette table où l’ambiance est studieuse peut-être mais surtout souriante, amicale et décontractée.

Il était déjà minuit bien sonné quand nous abordons les deux séries de Château Canon, un grand saint-émilion, dont John Kolasa est aussi le maître d’œuvre, les deux châteaux appartenant à la famille Wertheimer.

La troisième série comporte les Château Canon 2005, 2000, 1982, 1961*, 1959*, 1949*, 1947. Les années marquées d’un astérisque ont été présentées en magnum et non en bouteilles comme la majorité des vins.

Dans le Château Canon 2005 tout est doux. L’impression qui me vient à l’esprit est celle d’un moteur de Rolls Royce qui tourne à mille tours par minute. Le Château Canon 2000 est très strict. C’est un vin qui promet beaucoup et dont on peut attendre beaucoup. Très curieusement, le même adjectif « prometteur » me vient à l’esprit pour le Château Canon 1982 ce qui fait contraste avec le Rauzan-Ségla 1982 qui paraissait évolué. On continue dans cette même ligne d’impressions, car je trouve que le Château Canon 1961 a au moins encore trente ans devant lui pour être aussi brillant. Le Château Canon 1959 est absolument fabuleux. Je l’adore, c’est un vin rond et joyeux. Le Château Canon 1949 est astringent et acide. Le Château Canon 1947 est un rêve, d’une précision parfaite.

Le 1959 est plus grand que le 1947. C’est un vin parfait, géant. Le 1982 est très grand. On prend conscience de l’écart très important qui existe entre le Château Canon et le Rauzan Ségla, le saint-émilion étant taillé pour l’Histoire beaucoup plus que le margaux.

La quatrième série comprend Château Canon 1998, 1990, 1989, 1964*, 1955*, 1952.

Le Château Canon 1998 a une belle structure, sans séduction. Le Château Canon 1990 est un très grand vin, pur et solide. Le Château Canon 1989 est beau, solide, un peu moins charmeur que le 1990. Le Château Canon 1964 est fumé, puissant, grand vin de gastronomie. Le Château Canon 1955 est un grand vin, amer mais grand. Le Château Canon 1952, ça c’est du vin ! Il a des petites notes de café.

Château Canon offre manifestement beaucoup plus d’années réussies que Rauzan-Ségla. La dégustation est passionnante car elle a montré les progrès faits sur les deux propriétés sur les vins les plus récents, dont les grands experts présents parlaient abondamment. Ces deux vins sont attachants. Attendons de boire à pleine maturité les vins faits par John Kolasa.

visites du blog en août 2007 dimanche, 2 septembre 2007

Voici la statistique pour le mois d’août :

 

blog : www.academiedesvinsanciens.org  
mois :    08/2007
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Il semblerait que les visiteurs du blog ont eu plus de temps en vacances pour lire, car on pulvérise le record du nombre de pages lues par visite : presque 10 pages par visite, ce qui est énorme, contre une moyenne en 2007 à ce jour de 5,6 pages.

C’est très encourageant.

 

dîner à l’Hôtel des Roches jeudi, 30 août 2007

Après une partie de cartes endiablée, nos amis décident de nous inviter dans deux jours au restaurant de Matthias Dandine à l’hôtel des Roches. Je retiens une table, et quand nous arrivons, c’est à moi que l’on confie le choix des vins. Fort opportunément Matthias vient nous saluer pendant que nous buvons un Champagne Comtes de Champagne 1997 agréable et qui se boit bien. Le menu se compose alors, d’un ris de veau aux truffes d’été et d’un chapon farci.

Le Bâtard Montrachet Blain Gagnard 1990 a une belle couleur d’or citronné. Le nez est citronné mais avec de l’ampleur. Et en bouche, c’est la complexité qui est la plus évidente. Il y a des notes d’agrumes, des évocations crémeuses, mais c’est surtout l’élégance qui entraîne les suffrages.

Sur la chair du ris aussi bien que sur les truffes l’accord est d’une belle précision. Le grand plaisir, c’est de voir que ce vin serein, bien arrondi par son âge, est le compagnon parfait de ce premier plat remarquablement exécuté.

Sur le chapon à la chair goûteuse, le Châteauneuf-du-Pape Château Rayas 1999 est éblouissant.

C’est un Chateauneuf aux accents bourguignons pleins de charme. La farce étant très appuyée, l’accord se trouve mieux sur la chair pure, qui tend les bras à ce subtil Rayas, d’une puissance agréablement mesurée. La longueur en bouche est spectaculaire.

N’aimant pas être invité sans offrir aussi quelque chose, je fis ouvrir Château d’Yquem 1987 sur des fromages pâtes bleues et sur des petites gelées d’agrumes, mais mon coeur s’assombrit quand mes amis que je n’avais pas consultés m’apprirent qu’ils ne sont pas très friands de liquoreux. La joie d’être ensemble effaça cette passagère tristesse. Matthias Dandine s’affirme de plus en plus et Sébastien, sommelier fidèle, a un humour qui nous réjouit. Il était indispensable de faire cette étape avant de revenir à Paris.

Quintessence ! Vous avez dit Quintessence ? mardi, 28 août 2007

Les fêtes continuent, car nous allons jouer aux cartes chez des amis qui me disent : « tu devrais goûter ce Côtes du Rhône qui est encensé par Parker ». Je regarde la bouteille et je lis « Quintessence ». Déjà, ça part mal, car sur les milliers de vins français qui s’appellent Quintessence, combien sont bons ? Deux Quintessence en deux jours, c’est peut-être trop pour moi. Ensuite, je lis « 15° », ce qui me fait encore plus peur. Je renifle, je porte le verre à mes lèvres. Et je demande à mes amis de boire avec moi en leur posant la question : « dans ce vin, on sent nettement le poivre et le cassis. Mais y a-t-il selon vous autre chose de plus ? ». Force est de convenir que dans ce vin très court, qui pourrait être produit à l’identique dans n’importe quelle région du monde, il n’y a rien. Mon avis ne montrait pas franchement une grande délicatesse, mais mon cri de joie pour le vin qui arrive me fit pardonner. Mon ami tient en main une bouteille de forme bordelaise dont il cache l’étiquette, me sert et je crie : « ah, ça, ça c’est du vin ». C’est Château Chasse-Spleen 1990 qui est d’une délicatesse encore plus mise en valeur par le contraste qu’il forme au chouchou de Parker.