Dîner du 26 avril chez Gérard Besson – les vins jeudi, 26 avril 2007

Hermitage Chevalier de Sterimberg Paul Jaboulet Aîné 1995

Le vin "Le Jura", Saint-Emilion 1913

Château La Tour Haut-Brion 1926 et Meursault Clos de Mazeray Domaine Prieur 1988.

J’ai tenu à ce que l’on puisse lire cette phrase du Dr Morelot en 1831 car il y a une formulation énigmatique : "quand il a été gardé", qui semblerait indiquer qu’on le déclassait souvent ?

Fantastique Beaune 1934 de Chémardin négociant.

étonnante capsule du La Tour Haut-Brion rouge 1926, car ces couleurs étaient réservées aux blancs, habituellement, et capsule du Beaune 1934.

La capsule du Chateau Lassalle Premières Côtes de Bordeaux 1958 est pour moi comme une oeuvre d’art. Et le vin fut absolument délicieux.

La Tour Blanche 1919, star de la soirée avec le Beaune 1934.

Jacques Le Divellec monte d’un grade dans la Légion d’Honneur mercredi, 25 avril 2007

J’avais déjà assisté à se première remise de médaille. C’était au restaurant Le Divellec. Le buffet était un festin.

Dans les jardins prestigieux du ministère de l’Agriculture, il semble que l’on donne des médailles dans les derniers jours d’un règne qui s’éteint.

Jacques, aux qualités humaines immenses et au talent de chef qui convient à mon goût, reçoit un lourd cordon.

J’ai raté les discours car j’étais en retard, mais le sourire épanoui de Jacques indique que tout s’est bien passé.

Le buffet est d’un traiteur, sauf le demi-homard, donné à profusion, qui provenait des viviers du restaurant Le Divellec.

J’ai rencontré quelques fidèles du restaurant qui comme moi, ne tarissent pas d’éloges pour ce chef généreux.

les jardins du ministère

Caviste lundi, 23 avril 2007

texte : "Personnellement, je vous conseillerais plutôt le Vinjoli à capsule verte à 0,75 euros : moins tonitruant au niveau des tanins, mais tellement plus sur le fruit".

Ce dessin est de Voutch.

Le vigneron lundi, 23 avril 2007

texte : "aujourd’hui, ça tombe mal : j’ai une grosse réunion marketing dans 2 minutes et juste après une visioconférence sur l’oxydation bactérienne dans la microbiosphère".

Toute ressemblance avec un vigneron auquel vous pensez serait purement fortuite.

Ce dessin est de Voutch, l’un des plus brillants dessinateurs de moeurs actuels.

23 avril, un an de plus lundi, 23 avril 2007

ça y est, une année de plus.

64 ans, c’est 2 puissance 6. C’est un demi Calment (Jeanne) ce qui sonne comme une ordonnance.

Il me reste tant de vins à découvrir que le compte à rebours me paraît trop rapide.

C’est un encouragement à mettre les bouchées doubles, et à créer les plus beaux repas de la planète.

D’avance merci à ceux qui m’aideront à réussir d’aussi beaux dîners que ceux du 6 avril 2007 et du 16 avril 2007. Nous sommes en train de créer avec quelques amis la "dream team", qui va ouvrir des bouteilles historiques uniques. On peut élargir ce cercle.

Le temps tourne, allons-y !

Montrachet Comtes Lafon au Tan Dinh lundi, 23 avril 2007

Montrachet Comtes Lafon 1993

 

Pour boire un bon vin, je ne connais pas d’endroit plus adapté que le restaurant Tan Dinh, animé par Robert Vifian, l’un des plus fins palais que je connaisse. Quelqu’un qui annonce avoir bu une trentaine de fois Pétrus 1947 impose le respect. Robert fait essayer un Macon-Bussières, appellation Macon-Villages 1999 des héritiers du Comte Lafon. C’est assez anecdotique mais bien fait. Sur une cuisine vietnamienne intelligente, où les épices sont dosées de façon précise et où les saveurs ne s’égarent pas dans des divagations préjudiciables au vin, je choisis un Montrachet Comtes Lafon 1993 parce que Robert m’a dit : « ça se goûte bien en ce moment ». Ce n’est pas le plus puissant des Montrachet, mais il a une générosité aromatique abondante. On se plait à tourner les pages du récit de ce vin car à chaque fois c’est une nouvelle aventure qui est contée.  La bouche est pleine de joie. Tan Dinh est un temple où tous les amoureux des vins devraient venir se recueillir.

Un fantastique rosé d’Algérie 1940 samedi, 21 avril 2007

Ma fille, enceinte et fort ronde et mon gendre sont venus à la maison, alors que ma femme est dans le Sud. Ils ont apporté une magnifique et volumineuse truffe noire. Voilà un passeport sympathique que je vais valider.

Ils vont préparer une brouillade d’œufs à la truffe et des pommes de terre à la truffe. Nous commencerons par un feuilleté au jambon et par ailleurs du Serrano assez fade.

Je vais en cave avec mon gendre, et j’extrais un vin d’Algérie de Frédéric Lung de 1940 que j’imagine sous la poussière être un blanc. Après avoir choisi il y a cinq jours pour le château d’Yquem un Royal Khébir Frédéric Lung 1945, je trouve que le clin d’œil a de l’intérêt. Le choix du rouge est plus simple : ma fille est enceinte et née en 1974. Ce sera Pétrus 1974.

Je sers le vin de Frédéric Lung 1940, et, oh surprise, c’est un rosé. Lung, à cette époque, faisait les trois couleurs. La robe est magnifique de présence, riche et séduisante, le nez est juste banal. En bouche, le vin est phénoménal. Je dis bien phénoménal. Ce vin est complètement immense. A mille coudées au dessus du rosé de Mouton de 1936, qui fut tant apprécié à Yquem. On en jouit de façon totale, transporté que l’on est avec ce vin dans des dimensions irréelles. Il est impossible de le décrire. Je hasarde que cela me fait penser à des tranches de citrouille que l’on poêlerait. Mais ce n’est qu’un aspect au milieu de mille. Ma fille signale à juste titre, avec les trois gouttes qu’elle boit, que c’est un rosé authentique. Et je me dis qu’il serait impossible de faire comprendre que ce vin est sublime à quelqu’un qui ne le boit pas.

Sur les pommes de terre à la crème et aux truffes, le Pétrus 1974 capte un nez de truffe. En bouche, c’est un vin d’une subtilité extrême, car il a adopté l’essence de la truffe. Mon gendre est en extase. Je pense qu’aucun 1974 ne peut égaler ce vin là. Il faut bien sûr connaître Pétrus pour l’apprécier au mieux, mais mon gendre en profite avec une joie sans mélange.

Sur des pâtisseries qu’on ne peut plus nommer « tête de nègre », je fais goûter un fond de bouteille d’un Maury La Coume du Roy 1880. Ce vin qui est merveilleux et dont j’ai encore quelques bouteilles provenant d’un tonnelet que je connais, est complètement passé. Difficilement buvable, il est délaissé.

Le rosé d’Algérie 1940 était invraisemblablement grand, et Pétrus 1974, sans être un immense Pétrus était un vin de grand plaisir. Qu’un obscur rosé de 1940 soit devant un Pétrus, qui lui-même est très bon dans une petite année, voilà qui est original.

Ce fut un bien beau dîner.

 

Générosité de la truffe et de la crème sur les pommes de terre, et la merveilleuse couleur de ce rosé Lung 1940.

Visite à Chateau Margaux, Mouton et diner à Kirwan mardi, 17 avril 2007

Quittant le château d’Yquem avec le sentiment d’avoir partagé un moment œnologique unique, notre petit groupe qui se réduit de dix à six part pour d’autres cieux bordelais. Nous arrivons à Château Margaux où nous sommes très aimablement accueillis. Tina nous fait visiter les chais, explique le processus de vinification et nous sommes reçus au « musée », salle où Corinne Mentzelopoulos avait reçu à dîner il y a deux ans un groupe d’américains pour un repas à l’émotion rare dont j’ai raconté les magnums de Château Margaux qui coulaient à flot. Paul Pontallier, directeur général de Château Margaux nous explique brillamment, avec une extrême précision, tout ce qui permet de comprendre les vins que nous buvons. C’est Le Pavillon rouge de Château Margaux 2006, brutal retour à la réalité puisque le dernier vin que nous avions en bouche est son aîné de 161 ans ! C’est ensuite Château Margaux 2006, vin de grande classe très plaisant malgré son jeune âge et prometteur, qui ne souffre pas trop d’être suivi du Château Margaux 2005, vin qui sera dans peu de temps un véritable trésor. Malgré son charme qui s’esquisse, Le Pavillon Blanc 2006 est d’un choc trop brutal. Il faut une souplesse d’échine au palais (si je peux dire) que je n’ai pas, pour accepter un tel blanc après ceux d’hier soir. Nous avons fait cette dégustation en même temps qu’un meilleur sommelier danois qui prépare le concours de meilleur sommelier du monde et sera en compétition avec Andreas Larrson, meilleur sommelier suédois que j’avais retrouvé au Club des Professionnels du Vin. Des anglais sont entrés dans la salle, avec qui j’ai bavardé de mes dîners et qui ont montré un intérêt certain car ils sont négociants en vins rares.

Nous filons vers Mouton-Rothschild. Au bureau des visites, six charmantes hôtesses sont tout sourire. Je leur montre le menu de la veille avec les trois vins de Mouton ce qui les assomme comme un coup de marteau. Nôtre hôtesse est sans voix. Nous voyons le petit film d’accueil de Philippine de Rothschild. La visite du musée est un grand moment d’émotion. Philippe Dhalluin est tout sourire, car tout le monde du vin bruisse de la réussite de Mouton 2006. Il nous reçoit pour la dégustation. Nous goûtons les vins de la propriété en 2006. Le château d’Armailhac, le Château Clerc Milon, le Petit Mouton et enfin Mouton-Rothschild 2006 qui est éblouissant de promesses. C’est un vin de très grande classe. Nous évoquons la récente vente de Sothebie’s à New York qui a consacré un jéroboam de Mouton 45 (ce que nous avons bu hier, mais en bouteille), avec un prix de 310.000 $.

Ces glorieux châteaux sont assaillis de demandes de visites et les groupes se succèdent comme dans les musées. Je suis donc particulièrement heureux que Paul Pontallier et Philippe Dhalluin aient pu nous consacrer de leur temps précieux pour présenter leurs 2006. C’est un honneur qu’ils nous faisaient.

Nous avons rendez-vous au Château KirwanSophie Schÿller nous invite à dîner. Le temps a fraîchi et les délicates croupes de la propriété sont belles à voir au soleil couchant. Après une visite des chais où tout a une dimension plus humaine, plus préhensible que ces vaisseaux spatiaux que sont Margaux et Mouton, nous faisons une dégustation de Château Kirwan en remontant les sept millésimes de 2006 à 2000. Mes amis n’ont  pas l’habitude de ces dégustations comparatives où il n’est pas facile de projeter ce qu’un bébé de huit mois deviendra à dix-huit ans. Car c’est un peu de cela qu’il s’agit quand on juge un vin qui n’est pas encore au stade de la mise en bouteilles. Grâce aux explications du nouveau directeur général et au charme de Sophie, nous comprenons bien sur cette période les principes fondamentaux de ce vin et ses constantes. Une belle finesse d’approche, une précision élégante, un poivre assez soutenu lié à la proportion inhabituelle de merlot, et ce romantisme féminin propre aux grands Margaux. Sophie nous raconte divers sujets de fierté qui propulsent à juste titre Kirwan au niveau des grands. En deux mots, car mon avis sur les vins jeunes n’est pas déterminant, le 2006 sera un bon vin, le 2005 est superbe, le 2004 est très au dessus de ce qu’on dit de cette année, le 2003 est taillé pour une longue vie, le 2002 ne me parle pas, le 2001 me plait énormément et le 2000 est grand, sans être au niveau qu’on pourrait imaginer compte tenu des hyperboles qui ont enveloppé cette année. Ce sont de grands vins indéniablement.

Nous nous faisons beaux pour dîner dans la jolie salle à manger d’une maison annexe du château. L’élégance est féminine et je me rends compte que les trois propriétés que nous avons visitées aujourd’hui, Margaux, Mouton, Kirwan, sont des propriétés possédées et gérées par des femmes. Aucune parité dans nos visites ; nous sommes donc coupables. Nous l’assumerons ce soir car Sophie fut la plus délicate, attentionnée et amicale des hôtesses. Elle nous a reçus comme on reçoit ses amis les plus proches. Elle nous a raconté mille anecdotes passionnantes sur des histoires familiales, sur ses choix, sa vie riche en créations nombreuses et porteuses d’avenir. Marie, la cuisinière, a choisi seule le menu. Ce sera crème d’asperges, suprême de volaille aux champignons, fromages et tarte à la rhubarbe. Sophie nous a servi Signatures 2005, un  joli vin simple de négoce de la maison familiale fondée en 1739, il y a presque 270 ans. C’est son frère qui dirige cette organisation. Nous goûtons à l’aveugle Kirwan 1985 dont un de mes amis, d’un ton péremptoire, annonça le bon millésime. J’étais à un an près. Ce fut ensuite Kirwan 1982, que beaucoup trouvent plus charmant que le 1985. J’ai un faible pour le 1985 car une proportion plus forte de merlot lui donne un petit accent de Pomerol que j’adore. Je trouve au premier essai l’année du Kirwan 1966 car c’est une belle année pour les margaux, et il a un charme qui correspond à mon penchant pour les vins d’un certain âge. La gérontophilie est-elle héréditaire ? Je demanderai à l’un des candidats à la Présidence.

J’avais apporté en cadeau Yquem 1983. La tarte à la rhubarbe, délicieuse et peu marquée a bien accompagné l’Yquem majestueux, contrairement à ce que j’avais supposé. Très bel Yquem à la couleur orange, il a une longueur inimitable. J’ai versé un verre à Marie. Voir ses yeux qui brillent me réjouit le cœur. Sophie a réussi la démonstration qu’elle voulait faire de la grandeur de son Kirwan auquel elle se consacre avec une volonté que l’on sentait à chaque mot. Mais c’est aussi une musicienne et une source de projets passionnants dont la description nous a charmés. Nous étions comme à un repas de famille.

Après une douce nuit dans l’annexe du château nous nous sommes quittés avant de repartir vers nos domiciles, forts du souvenir d’une chaleur humaine inégalée.

 

Les chais et la cave des trésors à Chateau Margaux

des millésimes du 19ème siècle, et la tonnellerie à Margaux

Une jolie faïence dans la salle de dégustation à Margaux, et un faune nous accueille au musée de Mouton

 

Le mouton emblématique que l’on retrouve sérigraphié d’or sur la bouteille de Mouton 2000 et le chai légendaire.

la salle de dégustation de Mouton-Rothschild où nous fûmes reçu avec amitié.

 

Chateau Kirwan et la serre qui est classée.

le soir et le matin à Yquem mardi, 17 avril 2007

Après une chaude journée le 16 avril, le soleil se couche (on peut comparer cette image à celle datée du 22 mars).

Le lendemain matin, c’est la brume et une fine bruine sur les vignes d’Yquem, qui fera place à une chaude journée ensoleillée. C’est le climat idéal pour faire un grand vin. Merci Ciron !