Conférence à l’institut supérieur du marketing et du goût jeudi, 30 novembre 2006

J’avais, avec Alain Senderens, fait partie d’un jury de thèse d’une élève de l’institut supérieur du marketing et du goût. On me demande si je veux parler de vins anciens à la nouvelle promotion de cette école. Je m’y rends, avec dans ma musette un Maury 1959 des vignerons de Maury. Il est assez facile de conquérir son auditoire avec un Maury ancien et quelques carrés de chocolat. Des jeunes gens studieux, attentifs, posant de bonnes questions m’ont permis d’évoquer avec joie le fond de ma passion.

Soirée amicale avec les vins de Sancerre d’Alphonse Mellot dimanche, 26 novembre 2006

Les caves Legrand filles et fils organisent de sympathiques soirées autour du vin. L’organisateur de la partie spectacle de ces soirées est un comédien avec lequel une sympathie est immédiatement apparue. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il m’annonce qu’il fait un dîner en tout petit comité chez lui, dont le repas est conçu par Michel Orth, cuisinier à Brumath et auteur de livres sur la cuisine ancienne, et les vins seront de Sancerre du non moins célèbre Alphonse Mellot qui fait atteindre aux vins de sa région des sommets de qualité. Alors que nous nous connaissons à peine, j’accepte l’invitation. Dans un charmant appartement sous des combles aux plafonds supportés par des poutres anciennes, un sympathique feu de cheminée crée une ambiance chaleureuse. Le chef est affairé dans la petite cuisine, ayant occupé tout l’espace, et j’ai à peine le temps de serrer des mains qu’un verre m’est donné. C’est un vin de pays des coteaux Charitois (les Pénitents blancs) Alphonse Mellot 2005. Fort direct et engageant, ce vin annonce la couleur de la soirée.

Il y a autour de la table des gens que je ne connais pas, à la culture impressionnante, avec lesquels les discussions seront passionnées. La moitié de la table est alsacienne, parlant d’un accent qui a un vrai ton de Riesling, avec cette pierre à fusil dans le rythme vocal. Le menu composé par Michel Orth est pensé pour les vins d’Alphonse Mellot : croustillant de tête de veau et presskopf de la forêt / cassolette de coquillages au massalé (mélange d’épices qui se présente sous forme de poudre) / filet d’empereur à la Fine Champagne / canard aigre-doux au chou rouge et épices de Noël, coing glacé, knepfle (pâtes alsaciennes) / foie gras de canard et d’oie « Michel Orth », purée de gavage romaine, hutzelbrot / munster truffé sauce à la bière / île flottante à la crème de citron, salade d’agrumes / infusion de safran.

Ce fut assez spectaculaire. Voici maintenant les vins d’Alphonse Mellot, en profusion inimaginable pour la taille de la table : Sancerre blanc génération XIX Alphonse Mellot 2005, Sancerre blanc « Edmond » Alphonse Mellot 2001, ce qui est sympathique, c’est d’avoir ajouté un vin qui pourrait être en compétition avec les vins d’Alphonse Mellot : Chablis Grand Cru les Clos William Fèvre 2000, Sancerre rouge « en grands champs » Alphonse Mellot 2002, encore un vin « étranger » : Gevrey-Chambertin 1er cru Poissenot Geantet Pansiot 2001,  Sancerre blanc « Edmond » Alphonse Mellot 2002, Sancerre blanc « la Moussière » Alphonse Mellot 1999, champagne rosé Jacques Selosse, Yquem 1981 qui est ma contribution, et Vin de Constance Klein Constanzia 2000 (Afrique du Sud).

Alphonse Mellot, truculent, agile, conquérant dans l’échange, n’a pas cherché à faire l’article. Il préférait la joute intellectuelle à l’explication de ses vins qu’il nous a laissé découvrir. Je les avais déjà appréciés – mais pas autant – aux caves Legrand et en d’autres occasions. J’ai été frappé par la pureté, l’authenticité et la légitimité de ces vins. Paradoxalement, le Chablis, pourtant un Grand Cru, faisait timide à côté de ces vins pour lesquels notre palais était prêt. Le Gevrey-Chambertin m’a particulièrement séduit. Si Alphonse Mellot était discret dans la promotion de ses vins, Michel Orth nous fit un véritable numéro de camelot pour son « élixir des dieux », fait de vin blanc, de sucre, de miel, de gingembre frais et d’épices, agréable pause au milieu du repas, pour équilibrer l’impressionnante série de vins.

plat de coquillages qui "appelait" Yquem

Une anecdote chatouilla aimablement mon ego. Nous étions en train de goûter la cassolette de coquillages, où les coques abondaient, au jus très épicé, et je fis remarquer à Michel Orth que le plat et le blanc que nous goûtions, trop semblables, n’additionnaient pas leur forces mais au contraire se neutralisaient. Et j’eus l’intuition que la sauce des coques réclamait Yquem. Nous l’essayâmes, et ce fut un accord divin. Michel Orth n’en revenait pas. Il eut la gentillesse de me féliciter en disant : « jamais je n’aurais osé un tel accord, alors qu’il marche remarquablement bien ». Sur les autres compartiments du dîner, Michel Orth fit merveille et nous expliqua comment il fait renaître des recettes oubliées, ancestrales, comme cette purée de gavage romaine assez étonnante, très adaptée au foie gras.

Le chef étant à table et engagé dans les discussions, la montre tournait et tournait, et le vin se buvait et se buvait, notre hôte ne cessant d’user de son tirebouchon. Ayant dans ma musette le fond de Bourbon 1900 d’un américain rencontré à l’Astrance, je fis découvrir ce breuvage extraordinaire qui reçut une agréable réplique des truffes en chocolat d’un chocolatier célèbre de Paris. L’ami qui invitait avait prévu pour chacun, sur des cartes anciennes, des phrases de René Char qu’il a lues avant chaque plat. Tout respirait l’envie de satisfaire les convives dans les plus infimes détails. Une soirée d’une grande amitié.

féeriques dégustations au Grand Tasting samedi, 25 novembre 2006

« le Grand Tasting ». Le franglais sera-t-il suffisant pour attirer une clientèle étrangère ? La veille de l’ouverture, plus de quatre cents professionnels du vin sont réunis en un dîner au salon Opéra, salon classé de l’hôtel Intercontinental. Avant de passer à table, dans une coursive, on peut goûter de prestigieux champagnes. Fatigué du dîner de l’académie des vins anciens, je trempe mes lèvres dans un expressif champagne Veuve Cliquot 1988, très joliment fait, et un prometteur champagne Gosset 1998. D’autres beaux champagnes auraient pu me tenter.

salon Opéra de l’hôtel Intercontinental

Le Salon des Grands Vins s’est rebaptisé

Nous passons à table sous les ors, les stucs, les colonnades et les lourdes tentures. L’acoustique du lieu est épouvantable, et l’annonce des prix décernés par un jury placé sous l’autorité de Michel Bettane et Thierry Desseauve sera presque inaudible à la table où nous nous trouvons. Le menu est assez spectaculaire pour autant de personnes : cœur de saumon mariné au sel de Guérande et quenelle de choux fleurs à la réglisse / foie gras de canard cuit entier, craquant de pain au mendiant, chutney aux coings / filet de pintade fermière, pastilla de légumes, jus de volaille / filet d’agneau cuit sauté, tartiné d’une fine croûte au basilic, tonnelet de pommes Charlotte et fleurs de courgette. Je ne cite pas le dessert au chocolat car j’ai quitté la table tel Cendrillon.

De merveilleux vins de nombreux producteurs étaient distribués au hasard de table en table, sauf aux tables des producteurs présents. C’est ainsi qu’après un Chablis Vieilles Vignes Domaine Brocard 1995 agréable, sans toutefois créer d’émotion, nous goûtons avec ses créateurs le Clos Haut Peyraguey 2003 à la réussite certaine, déjà charmeur, bouquet d’abricots qui deviendra un jour un immense sauternes.

Avec son propriétaire nous buvons Château La Couspaude Saint-émilion 2002, un vin qui manque un peu de complexité. Le Château Mouton-Rothschild 1985 est distribué à toutes les tables. Ayant sans doute connu ici ou là un problème de froid, il est fort désagréable à plusieurs tables (car je me renseigne du fait de la décevante impression initiale), mais va connaître un spectaculaire redressement qui nous fait reconnaître enfin l’un des charmes de Mouton. Je m’éclipse de cette belle soirée avant un Porto Taylor’s Tawny 20 ans d’âge. Il fallait vraiment que je sois fatigué !

Le Grand Tasting 2006 démarre à dix heures, et j’assiste pour quelques minutes à une présentation des vins du Château Hostens-Picant. Stéphane Derenoncourt au langage truculent et imagé explique des choix très clairs pour la fabrication des blancs 2004 et 2005. Le Château Hostens-Picant blanc 2004 est encore bordelais mais léger. Le 2005 se rapproche du goût du consommateur actuel.

Je me rends à la conférence sur les blancs de Louis Jadot, avec les exposés toujours aussi brillants de Jacques Lardière. Sous le lyrisme poétique, il y a une profondeur de raisonnement impressionnante. Le Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot Clos de la chapelle Louis Jadot 2002 a un nez assez joli. En bouche, c’est fort, assez animal. Le Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot Clos de la chapelle Louis Jadot 1992 a un nez plus minéral. En bouche il est minéral. Plus léger mais plus arrondi. Goût de grillé, de beurre. Le final est magnifique, poivré. Jacques dit que ce sont deux années pléthoriques. Je sens un peu d’amertume, de noisette en final. Le Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot Clos de la chapelle Louis Jadot 1986 est encore plus minéral, au nez envahissant. En bouche, c’est beaucoup plus rond, plus expressif. La jeunesse est impressionnante. Evocation de caramel, fraîcheur en fin de bouche. Il n’y a pas du tout d’amertume. C’est un joli vin au beau final.

Philippe Guigal, Nicolas de Rabaudy et Michel Bettane (la photo est assez trouble, mais pas le vin de Guigal).

Philippe Guigal présente les vins de son domaine. Le Condrieu La Doriane Guigal 2005 a été élevé en bois neuf. Il n’est pas encore mis en bouteille. Il a un nez de pêche, de fruit jaune, doucereux. La robe est jaune à peine rose. En bouche, c’est incroyablement fruité : coing et pêche au sirop. Le final est salin. Ce côté très fruit blanc salé poivré me dérange un peu. Il y a des évocations de muscat. Un vin à revoir dans au moins deux ans.

La Côte-Rôtie Château d’Ampuis Guigal 2003 est faite de syrah avec 7% de viognier. Il a vécu 38 mois en fût neuf, non collé et non filtré. Le nez est très poivré mais joli. Le cassis poivre qui m’agace souvent est ici élégant. Il est mis en bouteille depuis seulement une semaine. La bouche est bien opulente. Assez strict car il est jeune, ce vin a un potentiel d’évolution et je pense qu’il sera très grand dans dix ans. C’est un vin joyeux au travail rigoureux. Le collectionneur que je suis s’intéresse surtout aux trois grandes Côte-Rôtie de la maison. Il serait bon d’aller vers celle-ci qui n’a rien d’un second vin.

La Côte Rôtie La Mouline Guigal 2000 a, comme chacune des trois légendaires « La La », passé 42 mois en fût neuf. Nous sommes ici sur le Côte blonde, en vignes terrassées dont les soutènements de pierres datent de 24 siècles. Le vin comporte 11% de viognier. Le nez est très discret. Ce vin est très équilibré. C’est un grand vin très souple. Il ne fait pas du tout boisé, il est parfaitement lisible. C’est le plus féminin des trois.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1998 est un 100% syrah pure et dure de la Côte brune. Il y a de l’oxyde de fer dans le sol qui va marquer ce vin de puissance. Le nez est intense, irréel de perfection mais encore serré. Il y a des notes noires dans ce nez. En bouche, c’est inimitable. Terriblement astringent, le vin a un final de poivre et de bois marin. Le vin arrache la bouche et le fait qu’il ne soit pas éraflé explique cette astringence. Il sera impérial dans quelques années car sa charpente est puissante et ses tannins parfaits.

La salle se vide et l’idée vient de déjeuner ensemble avec Philippe Guigal. Je lui suggère de prendre un reste de Mouline et nous voilà partis tous les deux à la brasserie Le Dauphin où les patrons sont des gens adorables. Nous devisons fort aimablement pendant qu’à la table voisine on lorgne avec insistance sur notre bouteille. Les deux voisins n’en reviendront pas quand nous leur offrirons à chacun un verre de ce précieux breuvage à l’élégance rare.

De retour au Grand Tasting, présentation de Gilette et Les Justices par Christian Médeville. Le Château Les Justices 2003 m’impressionne. On croque un abricot. Il y a une légèreté rare, pas d’acidité, un bel équilibre. Je ne sais qui cite cette phrase à ce moment là : « un vin qui à la gueule de l’endroit et la tripe de l’homme ». Ce vin est réussi. Le  Château Les Justices 1997 a une belle trace fumée de pâte de fruit. C’est la même signature que le 2003, mais l’abricot est remplacé par la pâte de fruit.

Le Château Gilette 1983 a un nez d’une profondeur extrême. C’est magnifique. Le vin est léger, frais, sans lourdeur aucune. Une belle longueur. Il n’y a pas eu d’élevage en bois. Seul le botrytis a donné cette expression très Gilette. Le Château Gilette 1976 est plus avancé en maturité. Il a une belle profondeur mais il est moins parfait. Il n’a pas la densité et l’équilibre du 1983. Il est un peu amer et salin mettant ainsi encore plus en valeur le 1983.

Entre deux « master class », je vais saluer quelques vignerons amis, sans forcément goûter leurs vins, car il faut que je me ménage.

Jean-René Matignon présente les vins de Pichon-Longueville Baron. Les Tourelles de Longueville 2003 est le second vin du château. Le nez est très pur, chaleureux. En bouche l’attaque est à la fois forte et légère. Il y a du fruit généreux mais le bois est fort. C’est assez strict au sein de cette exubérance, Le final est très boisé. C’est un peu simplifié avec un certain manque de générosité. Le Château Pichon-Longueville Baron 2003 a aussi un nez subtil. La bouche est plus pleine. Il y a une élégance qui est très supérieure. Je trouve toutefois un côté fruit cuit. La différence est très forte avec les Tourelles. Ce vin va bien vieillir et prendre des tons de cigare. Le Château Pichon-Longueville Baron 2002 a un nez plus discret et strict. Il est un peu amer, avec moins de fruit mais j’aime assez. Il est très charpenté pour un 2002. Il y a du poivre en fin de bouche avec un joli bois. Jean-René Matignon estime qu’il est dans une phase plus amère et fermée. Le Château Pichon-Longueville Baron 2001 a un nez convenable mais sans charme particulier. Mais en bouche, quel charme. Il s’est arrondi, épicé. Il est chaleureux quand le 2002 est strict. Lequel des deux vieillira le mieux ? Ce n’est pas si évident. Le Château Pichon-Longueville Baron 2000 a un nez très beau et bien structuré. La bouche est noble. Le vin est rond, construit, d’un très beau poivre. Ce vin bien défini est d’une grande pureté.

Au hasard d’une dégustation privée, on me sert un verre de Château Pichon- Longueville Comtesse de Lalande 1990 dont je connais l’extrême perfection et un verre de Montrachet Prosper Maufoux 1992 dont j’ai envie de montrer l’imposante perfection à tout mon voisinage. C’est un grand Montrachet.

A toutes les conférences un groupe de jeunes étudiants déjouent tous les barrages, car je les retrouve à chaque fois, attentifs et passionnés. La salle est remplie d’amateurs qui veulent connaître des vins qui le plus souvent leur sont inaccessibles. Il y a donc grâce à ce salon une pédagogie mais aussi une ouverture vers des consommateurs passionnés et pas toujours fortunés. Ce sera le cas pour la conférence qui clôt cette première journée, la présentation par Jean Berchon de trois Dom Pérignon. Il y a dans toute présentation du groupe LVMH une image de premier de la classe. Tout exsude la recherche de la perfection. Et nos papilles éblouies vont entrer dans ce monde d’irréalité. Le champagne Dom Pérignon 1998, je le connais par cœur, car j’ai abondamment profité de sa première plage d’excellence, celle des sept à huit ans, avant que ne survienne celle des 14 ans et celle des 28/30 ans, car ce champagne merveilleux connaît des pics de perfection. Tout en ce champagne respire l’élégance. Je vais plutôt me concentrer sur le champagne Dom Pérignon rosé 1996 que je ne connais pas, ayant, fortement ancrée en ma mémoire, la perfection absolue du rosé 1990. La couleur est d’un rose de cerise jaune d’une élégance inégalable. Le nez est assez discret. La longueur en bouche est exceptionnelle. Jean Berchon parle de fumé et de cerises noires que je ne retrouve pas mais peux imaginer. Ce champagne installé dans le verre devient excitant et grandiose. Le champagne Dom Pérignon Oenothèque en magnum 1992 a un nez incroyablement fort et minéral. Là, il y a du fumé et un accomplissement total. Il a un côté crémeux et l’une des longueurs en bouche les plus belles que je connaisse. Ce champagne mis sur le marché lors du deuxième pic d’excellence est notoirement meilleur que les 1992 en bouteilles que j’ai récemment ouverts de ma cave.

Le deuxième jour commence pour moi par du champagne. Matthieu Kauffmann, directeur des caves de la maison Bollinger présente ses champagnes. Le Bollinger Spécial Cuvée a un nez très fumé, une bulle forte. La couleur dorée vient du Pinot noir. Le goût est un peu faible à l’attaque et donne une forte trace de caramel en fin de bouche. Ce champagne est fait de vins de 2001 et 2002 à plus de 50% et de vins conservés en magnums des années 90. Pour construire ce vin, il faut ouvrir chaque année cent mille magnums de réserve. Quel travail ! C’est un bon champagne qui gagnera beaucoup si on le laisse vieillir.

Le champagne Bollinger Grande Année 1999 a un nez plus discret et plus fin. Il vieillit à 100% en tonneaux qui ne sont jamais neufs. Je sens du poivre. En bouche, c’est aérien. C’est beaucoup plus subtil tout en gardant ce fumé caramel. C’est un vin de gastronomie. Son aspect floral me plait. On peut y trouver de la menthe de la groseille à maquereau, des fruits secs, des épices douces. Sa trace en bouche est forte. Le Champagne Bollinger RD 1996 a un nez très floral. Il est très distingué, très équilibré. Tout est encore plus fin que le précédent. Je vois des fleurs et des fruits roses. La longueur est extrême et la persistance aromatique infinie. L’iode, la craie, les épices le levain, le sous-bois, la trace de safran, tout cela se trouve dans cet onctueux champagne. A la fin de la présentation un visiteur me demande si je préfère le Dom Pérignon 1992 de la veille ou le RD 1996. Il est impossible de comparer. Il faut aimer les deux.

Après cette conférence, je fais école buissonnière, allant goûter ici ou là quelques bons vins, comme le champagne Egly-Ouriet qui présente de belles cuvées, comme le champagne Mailly, le Joseph Perrier, le Pannier. En Bourgogne, je salue Clos de Tart et la maison Bichot, sachant que chez Bouchard Père & Fils je n’ai besoin de rien goûter tant je les connais. Les vins italiens font recette, car ce sont de grands qui sont venus. Jean-Luc Thunevin est tout sourire et présente les vins de son écurie. Je salue les propriétaires de Poujeaux, Malartic Lagravière, Brane-Cantenac, et beaucoup d’autres domaines. Je rappelle à Séverine Sclumberger le 1945 que nous avions récemment partagé. Je serre la main à des vignerons qui étaient venus à la dernière séance de l’académie des vins anciens. Il y a ici la crème des vignobles français.

Christophe Salin et Charles Chevallier présentent les vins de la galaxie Barons de Rothschild. Le Carruades de Lafite 2003 a un nez très pur. C’est un vin sans concession. En bouche, c’est très pur. Pas du tout exubérant, il est dense, complet, sans aucun besoin de séduire. Il est d’une grande justesse. Le Château Lafite-Rothschild 2003 à côté de lui a un nez explosif. La puissance olfactive est assez incroyable. Il est très réservé en bouche. On sent que c’est immense, et je donne l’image du moteur d’une voiture puissante qui tourne comme une horloge, mais on n’a pas encore engagé la première. Ce vin qui a une trame extraordinaire, des accents de cèdre, de graphite, d’une légère astringence et de tannins présents va devenir une référence unique. Le Château Lafite-Rothschild 1998 a un nez qui a mis une sourdine par rapport au 2003. En bouche c’est un grand vin où toutes les composantes sont remarquablement dosées. Le bois est très net, la densité est absolue. Ce vin est très astringent et d’une jeunesse folle. Il évoque la mûre, les fruits noirs, le poivre. Charles Chevallier le trouve dans une phase un peu fermée. Le Château Lafite-Rothschild 1988 a un nez superbe. Il est épanoui de bois pur. Il est magnifique, rond, grandiose, très supérieur aux versions précédentes que j’ai bues de ce millésime. Il y a aussi de l’astringence, du graphite, de la mine de crayon. Il est à la fois pur et complexe. Le fruit n’apparaît qu’en début de bouche. Ce vin va devenir grand. Le Château Rieussec 1997 qui appartient à la galaxie Rothschild a un nez de vin très dense. Du pur miel et caramel en bouche mariés à de l’abricot et de la mangue. Son final est époustouflant. D’un style complètement opposé à celui de Gilette, j’aime sa définition ciselée.

Hervé Berland, directeur général de Mouton-Rothschild nous présente une rare brochette de vins. L’Aile d’Argent 2003 a un nez très coloré de litchi, fruit confit, menthe. En bouche, c’est étonnant. On dirait un alcool. Très fumé, caramel, fruit confit. Il y a un beau final très typé, mais c’est très déroutant pour moi alors que Michel Bettane est à l’aise avec lui.

Le Petit Mouton 2004  a un nez assez simplifié, très bordelais. En bouche il est nettement plus chaleureux. J’aime beaucoup. L’astringence est contrôlée, le vin est rond. Il est séducteur, charmant. Le Château Mouton-Rothschild 2000 a un nez assez discret mais d’une grande noblesse. En bouche, c’est un bijou. Le nez est très vineux. Il y a du charme, de la mâche, c’est riche en bouche mais il est dans une phase où il se referme un peu. Le nez du Château Mouton-Rothschild 1996 est l’essence même du cabernet sauvignon (c’est Michel Bettane qui me le dit). Beaucoup plus intense que le 2000. En bouche, c’est déjà chaleureux. Les composants sont intenses : l’alcool, le bois, le fruit, l’astringence. Tout est poussé à l’extrême. C’est un vin explosif en bouche à l’acidité forte. Le Château Mouton-Rothschild 1989 a un nez de poivre. Il est déjà plus évolué, de façon marquée. Il y a en bouche des signes d’évolution. Il a moins de pétulance que le 1996 mais il est très expressif. La persistance aromatique est impressionnante. C’est un vin qui arrache ! Mais c’est le final du 1996 qui m’impressionne le plus.

Ce salon est inégalable pour proposer l’accès à des vins de prestige. Une foule d’amateurs désireux d’apprendre a été comblée. Des jeunes nombreux avaient les yeux qui brillaient. Pendant deux jours, j’ai dégusté, assis juste à côté de Michel Bettane, profitant de l’éclairage de l’homme qui connaît le mieux ces immenses vins. Tout pour moi ne fut que bonheur. Longue vie au Grand Tasting qui a réussi son 2006.

l’académie des vins anciens du 22 novembre mercredi, 22 novembre 2006

les vins de l’académie du 22 novembre

L’académie des vins anciens tient sa quatrième session au Pavillon Elysée. La grande salle du premier étage, que je pratiquais dans un passé professionnel lointain, quand ce lieu faisait partie des grandes tables parisiennes, est exactement adaptée à notre groupe de 48 membres répartis en six tables de huit. L’efficacité de l’équipe présente est à signaler. Je commence la cérémonie d’ouverture d’une cinquantaine de vins sous l’œil d’une caméra maniée avec l’intention de faire connaître au monde américain les petites astuces et les principes que j’ai adoptés après avoir ouvert des milliers de bouteilles en observant les effets des initiatives que je prends. Un petit groupe d’amis grossit  autour de moi car certains veulent m’aider et d’autres veulent apprendre. Certains vins ont des odeurs merveilleuses, comme l’Yquem 1950 et le Volnay 1949. D’autres vins sont franchement au-delà de tout espoir de survie. Certaines odeurs sont épouvantables. Il manque à l’académie un comité d’admission des bouteilles. La diversité des apports n’a jamais été aussi marquée que ce soir. Il faudra travailler ce sujet. J’ai eu l’occasion de le rappeler dans mon discours introductif : « c’est la qualité des apports qui fait la qualité de nos réunions. Chacun est solidairement responsable. N’attaquez pas telle ou telle bouteille, puisque son propriétaire est sans doute à votre table ». Fort heureusement de merveilleuses bouteilles ont permis à chacun de trouver des sujets de grand bonheur.

Un académicien fort généreux ayant apporté pour les travailleurs du tirebouchon un champagne Duval-Leroy vers 1969, nous avons pu goûter un délicieux champagne à la bulle devenue discrète dont l’expression typée est joyeuse.

Comme à chaque réunion, nous trinquons sur des demi-bouteilles de champagne Léon Camuzet d’une quinzaine d’années, dont l’évolution sympathique est une mise en bouche pour s’acclimater au monde des vins anciens. Didier Depond fit la moue sur ce champagne que d’autres amis ont adoré. Il était visiblement fort marri que ses champagnes Delamotte et Salon expédiés depuis plusieurs jours aient manqué à notre soirée. On les retrouvera un jour, mais comme Grouchy.

Le menu a été composé avant qu’on ne connaisse les vins. Il n’avait donc aucune vocation à être strictement adapté aux vins. Il fut fort honorable mais sans corrélation possible avec ce que nous avons bu : Tempura de gambas avocat pomme / Déclinaison de saumon cuit fumé et mariné, chips de pomme de terre et asperge fine / Foie gras de canard aux épices en déclinaison glacé / Suprême de Pintade rôtie aux asperges vertes et mitonnée de morilles / Fromages de Bernard Antony / Macaronade nuts caramel d’agrumes et pain d’épices.

Les académiciens sont répartis en trois groupes, et voici leurs vins, dans l’ordre de service :

Groupe 1 : Pol Roger rosé 1979 – Probable Chassagne blanc vers année 30, capsule porte : JJ & B – Domaine de Chevalier 1952 – Château Talbot 1955 – Château les grands Rosiers Pauillac 1926 – Château Rausan Ségla 1924 – Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 1962 – Chateauneuf du Pape Sélection de la réserve des Chartes 1947 – Hermitage  Paul Etienne 1959 – Vega Sicilia Unico 1941 – Bouzy Barancourt 1974 – Château Chalon Jean Bourdy 1953 – Montrachet du Domaine de la Romanée Conti 1969 – Domaine du Pin, Beguey, 1ères Côtes de Bordeaux 1937 – Château d’Yquem 1950 – Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880.

Groupe 2 : champagne "Femme" Duval Leroy 1996 – Graves blanc LE CARDINAL 195? – G de Château Gilette 1958 – Chassagne-Montrachet – Namont de Marcy  1962 – Clos de l’Oratoire 1961 – Château Le Bon Pasteur 1955 – Château Larcis Ducasse 1945 – Château Carbonnieux 1928 – Clos Saint Jean – Bouchard aîné & fils 1962 – Bonnes Mares  Lionel Bluck  1966 – Volnay Clos des chênes 1949 – Côteaux du Layon Cousin-Leduc 1961 – Lacrimae Santa Odiliae Pierre Weissenburger à Obernai 1928 – Château Rayne Vigneau 1975 – Château Coutet 1947 – Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880.

Groupe 3 : Pol Roger rosé 1979 – champagne Dom Pérignon Oenothèque 1976 – PULIGNY-MONTRACHET  Gauthier frères 1953 – Bâtard Chevalier blanc Pessac Léognan 1988 – Château Talbot 1978 – Château Le Prieuré Saint-émilion 1971 – Château Haut-Brion 1970 – Château La Cabanne Pomerol 1953 – Bouchard Ainé Fils, Grand Manoir, Côtes de Nuits 1929 – Moulin à Vent Bichot 1947 – Chateauneuf du Pape Domaine de Nalys 1985 – Anjou Rosé Moelleux domaine de Bablut 1959 – LOUPIAC  château Dauphiné-Rondillon  1952 – Château Camperos Haut-Barsac 1941 – Château Chalon Jean Bourdy 1969 – Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880 (commun à toutes les tables).

Les académiciens étant de plus en plus disciplinés, les échanges de vins entre groupes furent discrets. Aussi n’ai-je pu profiter de quelques vins des autres tables qui m’excitaient au moment où je les ai ouverts avec la fine équipe de « tirebouchonniers ». Le Coutet 1947 a été grandiose selon les échos que j’en ai eu, comme le Volnay 1949, le Dom Pérignon 1976 et le Larcis Ducasse 1945. Le Haut-Brion 1970 que j’avais affecté à cette expérience avant de savoir ce qu’il donnerait chez Robuchon fut applaudi. C’est heureux qu’il ait choisi ce soir là pour être bon.

Voici quelques commentaires succincts des vins de mon groupe. Soucieux de l’organisation, je n’avais pas l’attention qu’il faudrait pour saisir toutes les subtilités. Le champagne Pol Roger rosé 1979 est joyeusement fruité. Il est précis. Son attaque est belle, mais il est très court en bouche. Un champagne très agréable, plus plaisant que le récent Pol Roger rosé 1999 que j’ai goûté lors d’un dîner littéraire.

Le probable Chassagne blanc des années 30, JJ&B est une énigme pour tous, mais il est extrêmement plaisant. Certains se demandent si c’est bourguignon. On me parle de chenin. On évoque le chardonnay. Je le crois volontiers. C’est un vin charmant, qui ne renie pas son âge avancé, qui ne ressemble à rien d’actuel, mais qui imprime en bouche une trace forte et plaisante. Son association avec l’agrume du plat le rend absolument excitant.

Les trois vignerons qui sont à ma table sont surpris que le Domaine de Chevalier rouge 1952 puisse avoir cette jeunesse. Ce vin est extrêmement bon. Sa robe et son nez sont jeunes. Il est précis en bouche. Un grand vin. Il ouvre des horizons nouveaux sur la pertinence des périodes de maturité annoncées par les gourous du vin. Ce bordeaux a 54 ans. Il est ingambe et séduisant.

Cette leçon va être confirmée par le Château Talbot 1955 qui est brillant, comme tous les vins de 1955 en ce moment. La structure est un peu plus précise et l’année un peu plus chaleureuse que celle du Domaine de Chavalier.

Le Château les grands Rosiers Pauillac 1926 est une inconnue pour tous. Est-ce Haut Bages comme il est inscrit sur l’étiquette récente. La capsule est assez neuve, le bouchon me semble avoir largement plus de quarante ans. Lorsque je dis que j’aime ce vin, Aubert de Villaine, attentif à nos approches de ces vins anciens, se refuse à suivre mon optimisme. Il n’aime pas ce vin du fait de défauts évidents. Il est possible que l’insistance aromatique du saumon fumé, très éloigné des désirs des vins rouges, ait conduit à cet écart d’analyses. Ce vin est plaisant, vivant, très certainement de 1926. Je l’ai aimé.

En revanche, contrairement au blanc des années 30 et au 1952 de ma cave, le Château Rausan Ségla 1924 que j’avais ajouté malgré un niveau bas montre dès l’abord une odeur animale décourageante. Mais ce vin allait apporter à mes théories une indéniable confirmation. Je demande toujours que l’on ne juge pas trop vite. Nous avons constaté avec mon célèbre voisin une transformation olfactive spectaculaire du Rausan-Ségla. Nous aurions attendu quelques heures de plus, il n’est pas interdit de penser que la majeure partie des imperfections eussent été gommées. Au moment de son passage en scène il ne savait pas son texte. Paix à son âme.

Le Pommard Grands Epenots Michel Gaunoux 1962 est le petit fils d’un de mes plus grands bourgognes, le Grands Epenots Michel Gaunoux 1926. On sent au nez tout le charme bourguignon. Hélas en bouche, ce n’est pas très bien assemblé. Du charme certes, mais de l’imprécision. Le Chateauneuf du Pape Sélection de la réserve des Chartes 1947 dont j’avais fait aussi la pioche dans ma cave me plait énormément. C’est indéniablement un vin simple, sans aucune complication, mais c’est un vin de plaisir qui chante comme sa région.

L’Hermitage  Paul Etienne 1959 a une magnifique étiquette, comme celle de très vieux cognacs. Me déplaçant, car j’étais appelé par d’autres tables, je n’ai pas gardé le souvenir de ce beau vin.

Le Vega Sicilia Unico 1941 m’avait fait très peur à l’ouverture. Sous la capsule, le haut du bouchon, descendu de huit millimètres, laissait suinter du liquide sur un disque moisi. Il n’y avait heureusement aucune contagion. Ce témoignage antique du plus grand vin espagnol me plait énormément, fort, alcoolique, presque caramélisé.

Après ce monstre sacré, le joli Bouzy Barancourt 1974 a moins de structure. On l’aime surtout car c’est un témoignage de valeur de sa région. Le Montrachet du Domaine de la Romanée Conti 1969, cadeau spectaculaire pour l’académie, est un vin qui se boit religieusement. Il est bien sûr de grande race, mais je ne lui ai pas trouvé le caractère flamboyant qu’il a dans ses versions plus récentes. Il est à noter que même plus discret, ce vin reste spectaculaire. Mon attirance pour le Château Chalon Jean Bourdy 1953 est connue. Je l’avais goûté récemment. Celui-ci est vif, limpide, conforme à l’empreinte qu’il doit avoir. J’ai un faible pour le Domaine du Pin, Beguey, 1ères Côtes de Bordeaux 1937 que j’ai déjà fait figurer dans plusieurs de mes dîners. Il ne faut pas lui demander une puissance qu’il serait incapable d’avoir. C’est sur la séduction tranquille avec des notes d’agrumes qu’il faut le déguster. Le Château d’Yquem 1950, cadeau de Pierre Lurton, qui ne pouvait être des nôtres, est généreux, sûr de son charme. Il est très Yquem, sans chercher à dérouter. Très classique, il joue sa partition sans la moindre fausse note. Cette bouteille reconditionnée en 1992 est de l’or le plus pur. Le Cognac de Tiffont, cuvée du centenaire vers 1880 est objectivement un grand cognac. Je l’ai trouvé un peu aqueux et manquant de pep. Là aussi, un certain manque de sex-appeal. Par comparaison, le Bourbon 1900 que je fis goûter à certains est un diablotin remuant.

Notre groupe de vins était particulièrement brillant. Les rires fusaient aux autres tables montrant que les académiciens ne se chagrinaient pas trop des quelques bouteilles réellement mortes. Je serais bien en peine de faire un classement des vins que j’ai bus. Je mettrais en tête Yquem 1950, car il est toujours au rendez-vous, avec une pureté de ton remarquable. C’est le Montrachet DRC 1969 qui doit venir en second pour sa noblesse. Mais je le ferais volontiers précéder par le Domaine de Chevalier 1952 qui sera second ou troisième selon que l’on privilégie tel ou tel critère de jugement. Le Chateauneuf du Pape 1947 vient ensuite et le Vega Sicilia Unico 1941.

L’académie des vins anciens est sans doute le seul cercle qui permet à des amateurs d’avoir accès à des vins impossibles à rassembler : Dom Pérignon Oenothèque 1976, Montrachet DRC 1969, Yquem 1950, Coutet 1947, Vega Sicilia Unico 1941, Larcis Ducasse 1945, Carbonnieux 1928, et d’autres, où peut-on les rassembler ? Seulement à l’académie bien sûr, pour des budgets aussi mesurés.

Belle salle, bon service, repas structuré, intelligents fromages, grands vins. L’académie s’installe sur un bon rythme. Et le groupe de fidèles est très sympathique. Vivement la prochaine séance.

règles de fonctionnement pour la réunion de l’académie des vins anciens mercredi, 22 novembre 2006

Voici le texte adressé le 20 octobre aux inscrits :

Chère académicienne, cher académicien,

1 – lieu et date

La prochaine séance de l’académie se tiendra au Pavillon Elysée, 10 avenue des Champs-Élysées le 22 novembre 2006 à 19 heures précises.

Nous bénéficierons d’un repas à plusieurs plats préparé par le groupe Lenôtre et de fromages de Bernard Antony.

2 – conditions financières

Pour assurer un niveau de haute qualité des vins de cette soirée, je vais innover en prévoyant une tarification à deux niveaux pour ceux qui apportent des vins.

Les conditions de participation à cette séance seront les suivantes :

          participation à la séance avec une bouteille ancienne de haut niveau : 120 €

          majoration pour bouteille acceptée, non ancienne ou de moindre rareté : 60 €

          majoration pour absence de bouteille : 50 € en plus des 60 €

J’indiquerai à chacun dans quelle catégorie il se trouve.

Comme j’ai demandé des prestations plus chères, le prix est plus élevé. Je comprendrai si parmi les inscrits certains d’entre vous annulent leur inscription. Me le dire au plus vite pour que j’accepte d’autres demandes.

3 – livraison des vins

Les vins doivent être adressés à deux endroits possibles :

          à mon bureau 18 rue de Paris à 93130 Noisy-le-Sec, société Vimpériale, pour ceux qui enverront leur bouteille par la poste

          au bureau de la société Henriot 5 rue la Boétie 75008 Paris, au deuxième étage, pour ceux qui déposeront leur bouteille sans recourir à l’envoi postal

Les bouteilles devront être arrivées à l’un de ces deux points avant le 15 novembre. Il faut donc que j’aie validé vos propositions, au plus vite. Les bouteilles validées peuvent être envoyées ou livrées dès maintenant.

Pour permettre  le bon ordonnancement de la réunion, tout académicien qui n’aurait pas apporté sa bouteille à l’un des deux sites avant le 21 novembre à 12 heures devra payer la cotisation comme s’il n’avait pas de bouteille, sauf exception autorisée. Il y a en effet une importante préparation avec les sommeliers pour le service qui nécessite d’avoir les vins à l’avance.

4 – paiement

Il va falloir verser des arrhes. Je serais heureux que le plus grand nombre d’entre vous m’adressent le prix de leur participation à l’avance, ce qui facilitera l’accueil lors de la réunion.

Chèque à l’ordre de « François Audouze AVA » 18 rue de Paris 93130 Noisy-le-Sec.

5 – divers

N’hésitez pas à me contacter pour toute question. N’hésitez pas à me faire des remarques.

La liste des bouteilles inscrites à cette réunion figure dans un message spécial ci-dessous.

 

Quelques vins ne sont pas encore annoncés.

Ouvrons ensemble nos plus beaux flacons.

(rappel) les vins des trois premières séances de l’académie des vins anciens mercredi, 22 novembre 2006

Au moment où l’on pense à la séance de l’académie des vins anciens du 22 novembre 2006, il n’est pas mauvais de rappeler ce qui a été bu aux trois premières.

La liste est faite par ordre d’âge. Si un vin est cité plusieurs fois, c’est qu’il y avait plusieurs bouteilles.

Une liste aussi respectable montre le succès que rencontre l’académie des vins anciens.

Cognac très ancien vers 1880 – Cave Jean Bourdy, Blanc vieux d’Arlay 1907  – Riesling Hugel Sélection de Grains Nobles 1915 – Domaine de Chevalier 1924 – château Figeac 1925 – Château d’Arsac Margaux 1925 – Château Haut-Brion 1925 – Alvar Pedro Jimenez dulce 1927 – Tokay Hugel 1928 – Maury 1928 – Château Chalon Jean Bourdy 1928 – Château Gruaud-Larose Faure Bethmann 1928 – Château Pape Clément 1929  – Château Filhot 1929 – Musigny "Grand Vin de Bourgogne" 1929 – Pommard 1929 Prop ou Nég inconnu – Corton Clos du Roy L.A. Montoy 1929 – Bouzy Delamotte 1933 – Gevrey Chambertin Marius Meulien 1933 – Château Talbot 1934 – Château Malescot Saint-Exupéry 1934 – Château Montrose 1934 – Montrachet maison Bichot 1935 – Château d’Yquem 1937

Barsac (?) nom inconnu 1937 – Domaine du Pin 1ères Côtes de Bordeaux 1937 – Grands Echézeaux Domaine de la Romanée Conti 1942 – Montrachet  domaine Bichot 1943 – Fleurie Beaujolais 1943 – Château Suduiraut 1945 – Château Rabaud 1945 – Caves Jean Bourdy, Côtes du Jura rouge 1945 – Vosne Romanée Réserve Reine Pédauque 1945 – Château Rabaud Sauternes 1947   – Gevrey Chambertin J. Faiveley probable 1947 – Monthélie 1947 – Beaune Champimonts 1er Cru Joseph Drouhin 1948 – Corton Charlemagne Louis Jadot 1949 – Montagny Barozzi 1949 – Chateau La Gaffelière 1949 – vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 – Chablis 1er cru Montée de Tonnerre Jean Quenard 1950 – vin nature de champagne Saran de Moët & Chandon 1950 – Bourgogne Aligoté Barozzi 1950 – Banyuls hors d’âge, Dom du Mas Blanc, Parcé, sostera vers 1950 – vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 – vin nature de champagne Saran, blanc de blancs Moët 1950 – Riesling Hugel 1953 – Meursault (?) 1953

Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 1955 – La Mission Haut-Brion 1955 – Château Latour 1955 – Rivesaltes ambré 1955 – Rivesaltes ambré 1955 – POUILLY-VINZELLES 1956 de Cabet-Frères  – Volnay 1er Cru Bouchard Père & Fils 1957  – VOLNAY 1957 de De Moucheron  – Château Gilette bordeaux supérieur 1958, blanc sec – Carruades de Château Lafite-Rothschild 1958  – Château Chalon Marius Perron 1959 – Santenay Clos de Tavannes Fauconnet 1959   – Château Palmer 1959  – Champagne Salon 1959 – Maury vignerons de Maury 1959 – Bâtard Montrachet Chanson 1959 – Mouton Baron Philippe (d’Armaillac) 1959 – Château Palmer 1961 – Château Chasse Spleen 1961 – Château Saint Georges, St Georges St Emilion 1961 – "Y" d’Yquem 1962 – Château Fieuzal 1962 – Château Fombrauge 1962 – Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964

Château Lafite Rothschild 1964    – Magnum de Moët & Chandon Brut Impérial 1964  – Château Lynch Bages 1964 – Côtes du Jura blanc Marcel Blanchard 1964 – Chambolle Musigny les Amoureuses Dom Ropiteau 1964 – Château Phélan Segur 1964 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1964 – Château Pontet Canet 1964 – Château Bellefont Belcier (Saint Emilion) 1964 – Vega Sicilia Unico 1966 – Chassagne Montrachet 1966 de Thorin – Vin Jaune d’Arbois 1966 domaine de la Pinte – Château Taillefer Puisseguin Saint-Emilion 1966 – Château Cos d’Estournel 1966 – Tokay de Riquewihr 1966 (Dopff et Irion) – Château La Louvière rouge 1967 – Hautes Côtes de Nuits J. et M. Gauthet 1969 – Château Lafon-Rochet 1972  – Vieux Château Certan 1973 – Château Cos d’Estournel 1973 – Champagne Gonet 1973 – Clos Joliette  Jurançon sec 1974          – Clos Joliette 1974 Jurançon – Richebourg Charles Noëllat 1974

Magnum de Château Gruaud Larose 1975 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1975 – magnum de champagne Diebolt-Vallois 1976   – Gewürztraminer 1976 Sélection de Grains Nobles Hugel – Riesling Sélection de Grains Nobles Hugel 1976 – Château L’Enclos Pomerol 1976 – Corton Rouge Les Languettes Domaine Bichot 1977 – Chambolle Musigny Amoureuses domaine Clair-Daü 1977 – Champagne Deutz 1978 – Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1982 – champagne Salon 1983   – Château Lynch Bages 1983 – Riesling Kaefferkopf 1983 Jean-Baptiste ADAM   – Coulée de Serrant Nicolas Joly 1983 – MONTLOUIS Demi-sec 1983 de Fradin-Georges  – Château Pape Clément 1985  – Côtes du Jura blanc Savagnin Perron 1985 – Riesling Clos Sainte Hune Trimbach 1986 – Criots Bâtard Montrachet Jaboulet Vercherre 1988 – Montrachet Bouchard 1988 – Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989 – Montlouis "Les Bâtisses" Domaine Deletang "Grande Réserve Tris" Moelleux 1989  – Côte-Rôtie Chapoutier 1989 – Château Climens 1989 – BOURGUEIL Sélection Vieilles Vignes 1989 du Domaine des Ouches  – Château Mouton-Rothschild 1990  – Martha’s Vineyard Heitz Cellars Cabernet 1990   – Magnum Château Olivier 1990 – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Champagne Léon Camuzet environ 15 ans – Château d’Yquem 1994

Pour avoir plus de détails, on peut se reporter aux comptes-rendus qui ont été faits de ces trois séances, aux dates du 4 octobre 2005, 26 janvier 2006 et 8 juin 2006 (vous pouvez sélectionner la catégorie : "académie des vins anciens").

Je retrouve l’univers de Joël Robuchon lundi, 20 novembre 2006

Il y a des jours sans. Un ami veut que nous déjeunions ensemble et suggère que nous apportions chacun une bouteille à La Table de Joël Robuchon. Je n’étais jamais revenu dans l’univers de ce chef que je vénère, car lorsqu’il a quitté l’avenue Raymond Poincaré où j’étais assidu, c’est un fil qui s’était cassé. Quand le Tout-paris gourmet s’est précipité à l’Atelier, je n’ai pas suivi.

ça, c’est Robuchon

Cela fait tout drôle de retrouver Antoine grâce auquel j’ai pu vivre certaines de mes plus belles expériences gastronomiques et de voir ces tables sans nappe, avec une jolie jeune fille qui vient ramasser le rond de serviette en carton de peur que je l’écorne. La cuisine est fort belle. Le foie gras poêlé aux lentilles est bien exécuté. Je ne tombe pas en admiration devant l’interprétation de la paella car le calamar est fort résistant et la langoustine joue un peu à contre-emploi. Le ris de veau au laurier est superbe et le dessert au chocolat d’une maîtrise parfaite. Mais l’émotion Robuchon s’est émoussée. Faut-il aller à Las Vegas, New York, Macao ou Tokyo pour retrouver le talent de ce génie ? Ce serait si simple que ce soit à Paris.

Les vins que nous avons apportés n’ayant pas l’oxygène nécessaire, nous prenons un vin au verre : Château Brane-Cantenac 2003.

ça c’est moins Robuchon

Mon Dieu que c’est raide ! Je demande à Antoine pourquoi avoir choisi ce vin à proposer au verre. Il me répond : « il faut des vins qui aient de la tenue, s’ils dépassent un certain temps d’ouverture ». Pour de la tenue, c’est de la tenue. Le Château Haut-Brion 1970 que j’ai apporté deviendra progressivement meilleur, mais il est quand même assez cuit. Il ne donne pas le plaisir qu’on peut en attendre. Le Volnay Taillepieds Bouchard Père & Fils 1985 s’est fait immédiatement condamner par Antoine à l’ouverture. Irrécupérable selon lui. Il est vrai qu’il est particulièrement fatigué, et nous n’en boirons que peu. Mais on sentait au fil du temps le retour en grâce. Je ne parierais pas, mais je crois que si l’on avait attendu jusqu’au dîner, ce vin serait sans doute revenu proche de sa définition. Il est probable que seul l’évier l’aura connu. Retrouver un restaurant de Robuchon qui n’est plus dans la Golden League et en plus ouvrir deux vins qui ne sont pas au rendez-vous. Comme dirait Laurent Gerra imitant l’abbé Pierre : « y a des jours… ».

Visite impromptue à la Romanée Conti vendredi, 17 novembre 2006

M. Aubert de Villaine me fait une nouvelle fois le plaisir de s’inscrire à la quatrième séance de l’académie des vins anciens. Devant me rendre à un féerique dîner au château de Beaune, je fais un petit détour par le Domaine de la Romanée Conti pour aller chercher la bouteille qu’Aubert de Villaine apportera : Montrachet 1969. Arrivé sur place, on me propose de faire un crochet par la cave. J’y retrouve Jean-Charles Cuvelier qui fait goûter des vins à l’aveugle à des américains. Quand je me présente, l’un dit : « ah, the Audouze method », faisant allusion à cette méthode que j’ai exposée pour l’ouverture des vins anciens. Il y a parmi eux le chef de cave du Caesar’s Palace de Las Vegas. J’imagine que ses bons de commande doivent être bodybuildés.

Nous goûtons Richebourg Domaine de la Romanée Conti 2000, assez discret, mais il faut dire que nous sommes en cave. Très astucieusement, Jean-Charles fait goûter ensuite le Vosne-Romanée 1er cru Domaine de la Romanée Conti 1999 qui parait beaucoup plus riche et épanoui que le Richebourg. Ensuite un vin, que je connais par cœur, se présente avec un quart seulement de ses possibilités. C’est l’emblématique La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1990. Je chauffe mon verre pour qu’il s’exprime. Il faut faire appel à mon imagination pour retrouver le plaisir que ce vin devenu une référence m’a déjà procuré.

Je suis nettement meilleur que mes voisins pour le vin qui suit. Je dis immédiatement à Jean-Charles : « ça je connais ». Il me regarde dubitatif, mais ça fait partie du jeu. Mes voisins attendent le Montrachet alors qu’il s’agit du Bâtard, ce vin qui n’est jamais commercialisé. C’est le Bâtard-Montrachet Domaine de la Romanée Conti 1997, au charme souverain.

Les vins de 2005 de la maison Bouchard Père & Fils vendredi, 17 novembre 2006

La chaîne TF1 va évoquer le repas historique qui se tiendra ce soir au château de Beaune. Une séquence est prévue en cave. On me demande d’être aux côtés de Stéphane Follin-Arbelet lorsqu’il va montrer les vins du dîner. Pendant que le caméraman règle ses éclairages, j’ai le temps de rêver au milieu de piles impressionnantes de vins d’années comme 1846, 1858, 1864, 1865. Cette cave est un rêve inatteignable. Nous nous plions aux demandes de Didier Guyot, le journaliste qui avait réalisé le joli reportage « flacons d’éternité » lors d’un dîner de même nature. Après cette séance dont les extraits ordonnancés passeront le lendemain au journal de 13 heures, je me rends à la nouvelle cuverie Saint Vincent de Bouchard. Cette installation impressionnante est commandée par la recherche de la qualité totale, chère à Joseph Henriot, le dynamique propriétaire de Bouchard Père & Fils, malheureusement empêché d’assister aux cérémonies du 275ème anniversaire de la maison Bouchard Père & Fils. J’aurais beaucoup aimé qu’il explique ses choix, car il le fait toujours avec une clarté édifiante. Mais dans mon groupe de visite les explications de Christophe Bouchard furent précises et motivées. La simplicité et le respect de la nature ont commandé l’organisation des flux et la création d’une cave spectaculaire. C’est là que se fait la dégustation des 2005, face à des allées interminables de tonneaux.

Intéressé par les vins anciens j’ai beaucoup de difficultés à appréhender des vins très jeunes, dont la majorité ne sont pas encore au stade de la mise en bouteille. Je jugerai donc plus sur la qualité actuelle du vin et non pas sur ce qu’il deviendra. Ces notes prises à la volée, le carnet appuyé sur un tonneau quand une main tient un verre et l’autre le crayon ne sont pas celles d’un professionnel. J’ai eu la chance de pouvoir les confronter avec les remarques du directeur de la qualité qui m’a fait découvrir des caractéristiques lumineuses, quand on est guidé par un tel talent. Les 2005 sont les premiers vins à avoir été faits dans cette nouvelle cathédrale du vin. J’ai senti que tous en étaient fiers.

Le Bourgogne Pinot noir Bouchard Père & Fils 2005, vin d’assemblage, a un nez de clou de girofle et d’anis étoilé. Ce nez est chaleureux. La bouche est un peu coincée, mais il y a de belles choses, du fruit. Le fruit est encore un peu amer. Je pense à un artichaut poivré.

Le Beaune du Château rouge Bouchard Père & Fils 2005 a un nez plus subtil, joli et distingué. L’attaque est très acide, mais cela s’estompe. Il y a du potentiel, mais le vin est loin d’avoir fini sa croissance. Le final est de cassis et framboise.

Le nez du Beaune Grèves, Vigne de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 2005 est subtil, mais pas totalement formé. C’est dommage, car le perlant donne un goût salin. En en faisant abstraction, ce qui est difficile, on sent un velouté et un fruit de cassis. Ce vin sera très beau.

Le Volnay Caillerets, ancienne cuvée Carnot Bouchard Père & Fils 2005 combine avec force le poivre et la framboise. Il y a même du fruit confit. Il est bien rond, dense, charnu, soyeux et généreux.

Le Corton Bouchard Père & Fils 2005 a un nez très romantique. Subtil, son poivre est discret. Le fruit est clair. Un léger perlant gêne peu. Ce vin est plus strict que le précédent, moins généreux, mais ce qui frappe, c’est la finesse de la trame. Le directeur de la qualité dit : « on sent le caillou ». Ce vin sera très grand.

Le Vosne Romanée aux Malconsorts Bouchard Père & Fils 2005 a un nez de vin déjà plus évolué. Il est charmeur et semble déjà intégré. En bouche il est léger, aérien, au fruit bien affirmé. Il parait beaucoup plus mûr. C’est très charmeur, plus animal, mais je ne lui trouve pas la finesse des deux précédents.

Le Bonnes Mares Bouchard Père & Fils 2005 a un nez fabuleux, d’une finesse extrême. L’épice et le cassis sont ciselés. En bouche la rondeur est grande. Je note : « quelle rondeur en bouche ! C’est éblouissant ! Quel charme ! »

Le Chapelle Chambertin Bouchard Père & Fils 2005 a un nez subtil très distingué. La densité est impressionnante. Menthol, anis, race immense, il est austère quand le Bonnes Mares est joyeux. C’est frais, épicé, c’est beau.

Le Chambertin Clos de Bèze Bouchard Père & Fils 2005 a un nez encore un peu fermé mais prometteur. En bouche il commence dans la joie. Mais le perlant insiste. Il est alors plus austère, strict. C’est un vin de très grande complexité qui sera brillant quand il va s’assembler.

Si l’on juge du seul plaisir, je classe ainsi : 1 – Bonnes Mares, 2 –  Volnay Caillerets, 3 – Chapelle-Chambertin, 4 – Le Corton. Globalement, ce qui me frappe, c’est la densité, la concentration et la précision de la trame de ces grands vins.

Nous passons aux blancs. Le Bourgogne Chardonnay Bouchard Père & Fils 2005, vin de mélange, a un nez déjà terriblement flatteur. L’exposé aromatique est presque trop riche. Il y a pour moi un certain manque de coffre. Il est trop brut de forge.

Le Beaune du Château blanc Bouchard Père & Fils 2005 a une belle acidité au nez. En bouche, il est perlant. Il y a de belles caractéristiques mais je sens un petit manque. Je sens une persistance en bouche très sensible, sur une structure un peu simplifiée.

Le Meursault Genévrières Bouchard Père & Fils 2005 a son territoire situé en bas des Genévrières du dessus, précision topologique que je trouve jolie. Le nez est généreux. En bouche, ça cause ! Là, on sent qu’il y a de la matière. Très fruit confit, caramel, combiné à du floral. Vin chatoyant de belle acidité. Vin élégant.

Le Meursault Perrières Bouchard Père & Fils 2005 a un beau nez. C’est un vin très différent du précédent. Je le trouve plus léger, plus minéral, moins rond, plus dans la définition du Meursault. L’acidité est belle, la longueur est folle. Ce sera un très grand vin, même si pour l’instant il est un peu dur. Deux camps se formeront pour choisir le plus grand Meursault des deux. Le Perrières, à mon goût, a plus d’avenir mais moins de charme à ce jour.

Le Chevalier Montrachet Bouchard Père & Fils 2005, c’est la classe folle. Il est floral, élégant, eau de rose. La palette aromatique est vaste. Le vin reste très léger. Je fais rire tous mes compagnons de dégustation en disant que c’est un « vin de soif », tant on a envie d’en reprendre.

Le Montrachet Bouchard Père & Fils 2005 a un nez fort. C’est un parfum. Le vineux apparaît fort, plus que le floral. Belle complexité et force sont ses deux caractéristiques essentielles. Quand il s’ouvre dans le verre, il devient grand. Il n’a pas le charme immédiat du Chevalier. Mais il est dense et grand avec un beau final.

Le Corton Charlemagne Bouchard Père & Fils 2005 a un nez discret mais joyeux. En bouche, il chante. Il est riche, il a beaucoup d’ampleur, de charme. Il est coloré et plein en bouche, avec une immense persistance aromatique. Il promet.

Les premières impressions qui viennent, c’est que l’ordre de dégustation est particulièrement judicieux. Ensuite, un grand nombre de ces vins seraient à l’aise à table, sur une belle cuisine, sans qu’on les rejette pour précocité interdite. Enfin, ce qui se dégage, c’est la qualité exemplaire de la fabrication de ces vins. Lors des précédentes dégustations de vins jeunes en cave, je trouvais une signature Bouchard très typée. Ici, je pense qu’avec les nouveaux moyens mis à la disposition du vin, on a gagné en universalité. Ces vins sont plus purs. Cela nous promet d’immenses vins. Bravo à la maison Bouchard et à toutes les équipes qui ont permis que ce rêve se réalise.