bue le jour de Noël de 2006. Voir commentaire à cette date.
Marquès de Murrieta 1954.
Grands Echézeaux Bouchard Père & Fils 1954
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Marquès de Murrieta 1954.
Grands Echézeaux Bouchard Père & Fils 1954
Au retour à Paris, un dîner chez Sormani. Il y règne une atmosphère solide, décontractée, joyeuse, de maison qui a trouvé sa voie. Le personnel est attentif et souriant. La décoration a cessé depuis longtemps d’être un sujet de réflexion, mais tout va bien. Les saveurs ont pris le ton de la maison. Elles sont rassurantes, précises, confortables. C’est donc l’occasion de faire ouvrir un solide pilier de la Bourgogne : Montrachet Louis Jadot 1995. Une couleur jaune citron. Pas un soupçon d’or. Un nez envahissant et conquérant. La première gorgée ne montre pas un Montrachet puissant. Il y a un léger gras et beaucoup de piments, d’agrumes. Le vin cherche sa température, car sa palette d’arômes est incroyablement réactive au moindre petit degré. Et l’on jouit d’un bon Montrachet charpenté qui trouve des sujets de conversation tant avec les raviolis aux truffes blanches qu’avec des pâtes aux truffes noires. Un Rayne Vigneau 1979 au verre à la belle couleur ambrée a trouvé une maturité précoce et un goût délicieux. Une Grappa blanche de Sassicaïa a le nez désagréable de toutes les grappas mais se lâche bien en bouche pour offrir une belle eau de vie. Bien agréable restaurant où un beau Montrachet brilla.
On suit l’Autoroute du Soleil. Une sortie vers la campagne et l’on se retrouve au milieu de vignes écrasées de soleil. La terre est recouverte de lourds galets ronds polis par des flots puissants, jadis violents et depuis longtemps disparus. Les ceps ont des pieds imposants et chenus. Les grappes sont rares mais belles, très proches du sol tant les ceps sont trapus. C’est le soleil sur les galets qui va fabriquer leurs saveurs. On sent que la vigne a été soignée comme en un jardin de curé pour ne faire grandir que les grappes les plus belles. Une belle demeure à la pierre ocre et chaleureuse est plantée depuis des siècles dans cet environnement où le temps se souvient qu’il fut heureux. Le sourire de Jean Pierre Perrin propriétaire avec son frère François du Château de Beaucastel est plus large que la porte massive. Nous avions participé ensemble à plusieurs événements dont cet inoubliable atelier de travail avec Alain Senderens (bulletin 47). Il était décidé que nous bavarderions ensemble sur des sujets de vins et de gastronomie, ce que nous fîmes. Ce grand pédagogue va m’expliquer la nature : les ceps sont petits parce que le mistral est fort. Les ceps sont anciens car il faut chercher l’eau très profondément. Les grappes sont rares parce que l’eau l’est aussi. Il explique les treize cépages et leurs fonctions, les options de stockage en fût ou en cuve liées à des éléments de logique naturelle mais aussi de personnalité. Les combinaisons de cépages différencient Beaucastel de Rayas, la Nerthe, Vieux Télégraphe et d’autres. Quand on entend que chaque choix est commandé par la nature, dans le plus grand respect de l’histoire, je ne peux qu’applaudir, tant je suis convaincu que la sagesse d’aujourd’hui a mis des siècles pour devenir ce qu’elle est.
Etant sur place, il était évident que nous allions goûter les productions récentes, et dans une cave très sobre où de nombreux mouvements de vins se faisaient, une décoration minimaliste était un message : on vient là pour goûter le vin. Pas pour autre chose. En blanc, le Coudoulet 2002, le Beaucastel 2002 préparent l’entrée en bouche du Beaucastel Roussanne Vieilles Vignes 2002 qui est une pure merveille. Ce qui est amusant, c’est que le Beaucastel blanc 1970 est dix fois plus défendu par moi que par Jean Pierre Perrin. C’est normal : il se prépare à sa future récolte qu’il va surveiller comme le lait sur le feu. Le goût de ce 1970 est bien loin de ce qu’il recherche aujourd’hui, quand mes lèvres lui trouvent des évolutions fort pertinentes.
En rouge nous essayons le Beaucastel 2001 que je trouve extrêmement généreux et plaisant, puis le Beaucastel 1989 qui est déjà plus évolué, plus sérieux. Loin de l’exubérance du 2001, mais représentant une autre forme de vin plaisant. Je sens pendant que nous goûtons que Jean Pierre Perrin est à cent lieues de ce vin là, tant son esprit le pousse à rechercher des palettes de saveurs qui sont loin de celles là. Je me suis amusé de cet écart de préoccupations. J’accepte beaucoup plus que lui ce qu’il considère déjà comme du passé. Il n’aurait sans doute pas la même attitude si nous n’étions en cave. La cave, c’est le sérieux du jour. Le vin à table, c’est l’école du plaisir. Nous allions d’ailleurs nous livrer à une bien belle expérience dans une salle à manger privée du château. Le menu préparé par un chef de grand talent était une petite merveille de précision et de création : la tomate cœur de bœuf et le poivron doux dit « marocain » façon « Pan Bagna » à l’huile d’olive douce, bouchée de parmesan au basilic sur son gressin, langoustine vapeur dite à la cuiller, fenouil craquant et Serrano frais, jus émulsionné à l’huile d’olive douce, le canard en trois services dont la cuisse confite en chiffonnade, caramel au poivre noir et bâtonnets de betterave, le magret aux figues et à la feuille de figuier mis en coque de pain façon pastilla, le magret pré-salé rôti , sirop à l’écorce de citron de pays et romarin frais, carré d’agneau rôti, légumes braisés au romarin, concassé de petits pois à la marjolaine fraîche et jus au thym, calisson chocolat à l’écorce d’orange confite. Le cuisinier a produit des plats d’une extrême intelligence. Il fallait juger des accords avec de nombreux vins qui sont commercialisés ou produits par l’autre société de la famille Perrin, des Côtes du Ventoux, des Côtes du Rhône, des Chateauneuf du Pape et pour finir un Rasteau. Et ce fut passionnant. Je n’ai pas pris de notes, mais j’ai retenu que dans deux cas, la nourriture a manifestement amélioré la qualité intrinsèque du vin. Dans quatre cas, la combinaison fut parfaite, le vin se sentant bien et s’épanouissant grâce à la pertinence du plat. Dans deux cas, le vin et le plat se déplaçaient séparément sur des routes parallèles, et sur deux cas la nourriture s’opposa au vin. Ce fut l’objet de discussions acharnées et intéressantes entre le chef Laurent, Jean Pierre Perrin et moi. Le chef ayant entendu mes propos revint avec un carré d’agneau aux rognons et un Beaucastel rouge 1980. Ce fut un accord fantastique sur un vin comme je les aime, qui raconte l’histoire de sa belle terre. Cette expérience fut intense. Et je ne prétends évidemment pas que mon avis représente le goût universel, puisqu’il n’existe pas. Mais pouvoir parler comme nous le fîmes de ce qui est l’essence du goût fut une expérience vivante. Je retiens de ce passage en un domaine que j’apprécie la tenace recherche de l’excellence dans la fabrication du vin, la motivante recherche des accords mets et vins pour mettre en valeur des vins dont certains ont des classifications très ordinaires à coté des vins prestigieux, et surtout la chaude amitié que renforce la commune démarche vers la justesse gastronomique.
J’aimerais comprendre de quoi il s’agit. Voici ce qui est écrit :
"Chateauneuf du Pape, Clos du Roi, Bourgogne Vieux 1955". Alors ? est-on dans le Rhône ou en Bourgogne ?
I would like to understand what is this wine. Where are we ? In Rhône or in Burgundy ? It is urgent to check!
Latricières-Chambertin Pierre Bourée Fils 1955. J’ai bu ce vin plusieurs fois, dont une avec Richard Juhlin, l’expert international des champagnes. Ce suédois fut conquis par ce vin qu’il considère comme le plus grand bourgogne de sa vie. Il lui aurait accordé 98 ou 99 points Parker. Ce dîner au Bistrot du Sommelier avec Pétrus 1979 est raconté dans le blog.
Chateau Laville Haut-Brion 1955, blanc d’une incroyable finess.
En fin d’été le Petit Nice me manquait et c’est un pèlerinage fort agréable. Surplombant une mer sillonnée de lourds navires évoquant la conquête de terres lointaines, cette belle demeure est un havre de calme au coeur de la trépidante agitation marseillaise. J’avais déjà évoqué mes expériences en ce lieu dans les bulletins 70 et 85. Une certaine difficulté à entrer dans le monde créatif de Gérald Passédat aux variations japonisantes, puis mon grand plaisir quand j’ai compris sa logique, acceptant les choix et les partis pris. Cette nouvelle expérience me fit reculer de trois cases. Je ne sais pas pourquoi, mais ces combinaisons disparates ne m’inspiraient pas ce soir là. Je ne suis sans doute pas bon juge comme on le verra dans le bulletin qui décrira un dîner chez Pierre Gagnaire, car je pense trop aux accords avec les vins quand je déguste un plat. Aussi, toutes ces petites errances sur des chemins de traverse avec des saveurs éloignées des bases du plat me gênent sans doute plus que d’autres. Là, les pistes explorées ne m’allaient pas. Une nouvelle tentative me rapprochera sans doute de ce chef au talent certain. Connaissant les tendances culinaires du chef j’avais demandé un Krug 1985 champagne qui porte déjà des traces d’âge. Mais cela lui convient. La trame vineuse est forte, ce qui lui permet de bien se tenir face aux banderilles gustatives des plats. Un coucher de soleil sur la mer déployé comme pour nous seuls dans cette salle de restaurant ouverte sur un beau panorama, un Krug 1985 à l’élégance, la puissance et la personnalité rassurantes, le charme du site, cela suffisait largement pour faire une belle soirée. Un nouvel essai s’impose car j’aime ce lieu.
Les champagnes furent largement à l’honneur tant le sujet des naissances pouvait les justifier. Un Veuve Clicquot Ponsardin 1990 virginal comme une robe de dentelles oubliée sur des pétales de roses. Ici tout est frêle quand un Krug Grande Cuvée d’environ quinze ans a une force herculéenne qui m’impose le respect. Il appelle des saveurs lourdes pour qu’un dialogue s’instaure. Le Krug, c’est le seigneur en armure qui part pour la huitième croisade quand le Dom Pérignon 1996, c’est la châtelaine qui lui fait un signe du haut du donjon, souriante parce qu’il en revient.
Le Sud fut innovant cette année. Achats locaux suggérés par quelques cavistes bien inspirés ou apport de ma cave parisienne, comme ce Chambertin Camus Grand Cru 1989 essayé une nouvelle fois avec un grand bonheur. Un nez presque irréel de perfection, un charme, une douceur, une pourpre cardinalice, une profondeur pénétrante, mais surtout ce nez démontrant un niveau que je ne soupçonnais pas et que peu d’experts admettraient qu’il ait. Un Nuits Saint Georges les Cailles premier cru Doudet Naudin 1999 déjà bu a de nouveau un très joli nez. C’est un bourgogne délicat et élégant. Ce n’est sans doute pas le plus grand des bourgognes, mais il va s’épanouir joliment. Un Cos d’Estournel 1994 fut affreusement bouchonné, une fois n’est pas coutume, et un Talbot 1965 ouvert par un ami, au-delà d’une acidité de façade qui rebuterait plus d’un palais laissait voir de belles traces de charme que j’ai appréciées comme elles se livraient.
Une étape chez Bruno à Lorgues. On sent bien sûr que les équipes sont un peu fatiguées car on est en fin de saison, mais la truffe vue par Bruno est un bien agréable compagnon de route. Le champagne William Deutz 1995 se goûte comme un délicieux champagne de plaisir. Le Chateauneuf du Pape Château Mont Redon 1990 est un peu poussiéreux à l’ouverture. Puis il développe progressivement une structure charnue et alcoolique de lourde présence. Je l’ai trouvé moins généreux qu’un Mont Redon 1999 bu récemment, mais c’est un vin de grand plaisir.
année difficile. Mais Mission Haut-Brion 1957 mérite d’être essayé.
Il faut regarder la croix de cette étiquette et aller ensuite à la galerie 1958…
Chateau Ausone 1957 acheté à Nicolas
Château Laville Haut-Brion 1958. La couleur de ce vin est splendide.
Regardez la croix de gauche, et allez à la galerie 1957 …
Magnificent colour for this wine. Look at the cross on the left, and compare it to the one by galerie 1957.
Retour dans le Sud. On m’annonce un plat d’encornets fourrés à la perche et farcis. J’ai l’intuition d’un château Mouton-Rothschild 1987. L’accord fut splendide. Une odeur de fleurs exotiques blanches. Une attaque de bois, de bois de jonque. Une belle présence en bouche où le fruit a disparu, gommé par le bois intense. Une expression de grande séduction.
Le soir même sur deux gigots d’agneaux de Sisteron, un Minervois Château Villerambert Julien 1995 qui titre 12°5. Le nez est prometteur, et l’attaque est particulièrement élégante. Il y a peu de temps j’avais goûté des minervois où la technique dominait (bulletin 111). Là c’est le joli terroir qui s’expose. Un goût de terre sèche obscurcit le message et le raccourcit. Mais on ne peut pas demander à un minervois une longueur qu’il n’a pas. J’ai globalement largement apprécié ce beau vin qui servait d’exact faire valoir à une grande surprise.
Le Château Ausone 1992 est une immense surprise. Sa couleur est d’un vif rubis rouge sang. Son nez a une complexité remarquable et une élégance extrême. En bouche c’est aussi l’élégance et la complexité qui dominent. Jamais un vin de 1992 ne devrait délivrer des messages d’une telle puissance conquérante. On est là dans la grande subtilité. Je suis impressionné par ce Ausone dont le message est très clair, fait d’évident charme distingué. On est dans le grand plaisir. Ceci m’a permis de comparer les deux vins bus à deux repas successifs. Le Mouton est manifestement élevé pour séduire. Il joue de son bois comme de biceps. Le Ausone a un charme naturel de séduction. Mouton 87, c’est Burt Lancaster en pirate, Ausone 92 c’est Fred Astaire dansant avec Cyd Charisse. Alors que je suis un inconditionnel de Mouton, j’ai succombé aux charmes diablement plus envoûtants du Ausone, sans doute l’un de mes meilleurs, bien que cette année soit généralement jugée si petite.
A propos d’envoûtement, on devrait interdire la vente des vins de Mas Amiel. Nous avons bu sur une tarte aux abricots et un dessert au chocolat un Mas Amiel 15 ans d’âge que j’ai dû acheter il y a plus de cinq ans. C’est invraisemblable de plaisir total. On succombe. On a une jouissance incommensurable. Ma femme qui ne boit jamais de vin en a repris deux fois. A proscrire absolument tant c’est bon, car la dépendance vous guette.
Un nouveau petit enfant, premier petit fils, vient agrandir la famille. Loin de mon fils resté à Paris, je décide de fêter cette naissance avec des vins locaux, rares du fait de leur millésime. Après un Charles Heidsieck mis en cave en 1997 toujours vertement bon et expressif, j’ouvre un Rimauresq, Côtes de Provence 1983. Ce vin a un nez d’une rare élégance, et en bouche c’est le charme le plus pur. Parfaitement adapté au climat du moment, ce vin qui n’a bien sûr pas les longueurs des grands Bordeaux ou bourgognes ne cède en rien sur le terrain de l’expressivité et de la séduction. C’est un vin de joie, adapté à l’instant, et qui montre à quel point ces vins vieillissent avec une élégance exceptionnelle.
Un Bandol Domaine des Baguiers 1989 a plus encore la typicité régionale. C’est beaucoup plus sauvage, viril, agressif mais noblement agressif, et la force de persuasion alcoolique est immense. Un vin plus brutal, mais sincère, complètement opposé au charme assis et accompli du Rimauresq. Ces vins doivent être un signe pour que notre petit Félix devienne un jour un gourmet, s’appuyant sur les vins de notre si belle France, riche d’invention dans toutes ses régions.
Je reçois un américain avec qui j’échange par internet sur un forum dédié aux vins. Recevoir un correspondant encore virtuel, c’est comme ouvrir une bouteille d’un vin inconnu. Tout peut arriver. Ce jeune professeur de guitare new-yorkais se révéla un hôte fort agréable, comme je pouvais le souhaiter. Dans la préparation du repas, puisque je suis dans le Sud, il fallait l’intéresser plus par les choix gastronomiques que par les valeurs des vins. C’est l’ordonnancement des saveurs qui devait exciter son intérêt.
Sur un jambon corse fumé sur du bois de châtaigner, un champagne Pommery 1987 se montra fort élégant. Il a déjà pris un petit goût toasté et fumé et sa rondeur le rend particulièrement charmant. Si des olives se marient assez bien, c’est incontestablement le jambon typé qui lui sied le mieux.
Sur un saumon fumé fourré d’oeufs de saumon et de tarama, un Château d’Epiré, Anjou 1994 donne un accord parfait. Le coté légèrement doux de l’Anjou flatte le saumon et le tarama fait ressortir la saveur citronnée du vin produisant des passages incessants du sucré au sec. C’est kaléidoscopique. Nous avons repris sur une épaule d’agneau largement aillée un Ausone 1992 meilleur encore que la bouteille précédente, ce qui n’est pas peu dire, suivi d’un Clos des Papes, Chateauneuf du Pape 1979. Un vin lourd et alcoolique qui fait penser au Porto. Rond, souple, doux, d’une séduction rare. Un vin de pur plaisir par son accomplissement généreux.
Manquant sans doute d’originalité, ou gagné par l’addiction, j’ouvris à nouveau le vin le plus démoniaque, un Maury Mas Amiel 15 ans d’âge. Sur du Cantal vieux, un vrai bonheur. De nouveau sur une tarte aux abricots, l’accord se fait mais se fait seulement. Puis sur une divine mousse au chocolat, on succombe de plaisir.
C’est la succession des saveurs qui m’intéressait le plus en cette occasion pour que Chris, mon hôte américain, puisse comprendre pourquoi les français passent du temps à table : parce que c’est bon.
La formule de ces recherches d’accords inspira un nouveau déjeuner où je recevais quelques amis dont le sommelier avec qui j’avais partagé le Pétrus 1979 qu’il avait gagné à une tombola, au restaurant le Bistrot du Sommelier (bulletin 107). Ce brillant sommelier était venu à Bandol pour y goûter des vins. L’occasion était trop belle de lui tendre quelques pièges. Il eut la gentillesse d’y tomber.
Le Clos Val Bruyère, un Cassis de 2002, conseil d’un caviste local, est un gentil vin blanc tout floral de fleurs virginales. Belle mise en soif que des olives excitaient avec bonheur. Le Rimauresq, Côtes de Provence blanc 2003 est largement plus typé. On est dans les fruits blancs avec une affirmation de personnalité très nette. C’est un vin mâle, quand le Cassis est une frêle jeune fille.
Sur un gigot d’agneau aux pommes de terre et soupçons de tomates, La Courtade, Côtes de Provence 2001 de Porquerolles affiche une belle personnalité moderne. Il y a du bois, mais bien intégré. C’est charmeur, tendance actuelle, mais ça tient la route.
Le Moulin des Costes, domaine Bunan, Bandol 1991 est tout le contraire et c’est un vin qui m’excite. J’aime les vins qui m’interpellent et ce vin, sans une once de bois visible, joue dans la séduction diaphane. Il y a de l’amer, mais pas trop, de l’alcool, mais pas trop, du doux, mais pas trop. Un vin en évocations subtiles que l’âge a transformé ce qui explique qu’à l’aveugle il ne fut pas découvert, comme son successeur le Domaine de Terrebrune Bandol 1990. Il a le bois de La Courtade, sa puissance, et le charme d’un Bandol parfaitement mûr. C’est un vin de charme, facile à saisir. Il a même attrapé l’animalité de certains vieux bourgognes qui s’alliait bien à la viande. Tous mes convives préférèrent soit La Courtade soit Terrebrune. Je fus le seul à préférer Moulin des Costes, vin d’énigme qui parle à mon palais. Un fermier résidant à Bandol se flagella de ne pas avoir reconnu ces deux vins qui font partie des meilleurs Bandol qu’il n’ait jamais bus.
Mon ami ayant apporté un Bredell’s Cape Vintage Reserve 1998 Stellenbosch titrant 20°, nous goûtâmes ce faux Porto au goût de bois macéré, mariné dans l’alcool, flirtant avec les pruneaux et les griottes. C’est plaisant à boire mais s’éloigne grandement de la subtilité des Maury bus récemment.
Grandes discussions sur le vin, rires nombreux sur les réponses les plus folles aux vins à découvrir, la tablée fut joyeuse pour un fort plaisant repas, aux vins puisés dans la région.
Le lendemain, un Chambertin grand cru Camus Père & Fils 1989 fut une agréable piqûre de rappel pour se souvenir que la complexité bourguignonne est d’une séduction redoutable. Un Chambertin, c’est quand même très bon !
Peu de temps après, les motifs de festoyer ne manquant pas, j’ouvris un Cristal Roederer 1996. J’avais en tête une récente dégustation chez Christie’s de champagne de Roederer où le Cristal de cette même année n’avait pas été le plus brillant des vins présentés (bulletin 82). Or voici que je succombe à son charme. Le nez est joli, léger, et la bulle est fine. Le premier contact en bouche, c’est l’image des grains de cassis que j’écrasais goulûment dans ma bouche lorsque j’étais enfant. Cette sensation persistait, puis d’autres s’imposaient : des fleurs blanches, des groseilles à maquereau. Puis la nectarine et enfin l’impression qui n’allait plus me quitter : la pamplemousse rose. Ce champagne changeait d’aspect mais avec une constante : l’atmosphère des photos de David Hamilton. Les fruits suggérés étaient de délicates Lolitas.
Ce champagne allait faire gravement de l’ombre à deux beautés locales. Le rosé de Bandol Domaine Tempier 2003 s’éteignait en bouche avant même d’y avoir pénétré, et le Domaine d’Ott rosé 2003, manifestement plus formé n’éveillait pas pour autant mon intérêt qui ne se marqua que sur un blanc, Rimauresq 2003 d’une belle personnalité sauvage et expressive. L’esprit cet été allait vers l’exploration des vins de la région, en situation de repas. Les délices de ces vins du Sud jalonnent avec bonheur un été radieux.
Beaune Clos du Roi Louis Latour 1959, d’une immense année de Bourgogne.
Puligny-Montrachet "les Pucelles" Veuve Genin 1959 à la belle couleur. A été bu le 25/01/2007 chez Jacques Le Divellec. Voir au compte-rendu à cette date.
Cet Ardalya 1959 de Damoy, "marque déposée" est une énigme, car il n’existe rien sur le web qui puisse l’expliquer. Il a été bu quand je l’ai apporté chez Jean-Philippe Durand le 20/05/06. Voir ce compte-rendu à cette date ou recherchez sur Ardalya.
Chateau Lynch Bages 1959, très grande réussite de ce vin.
Chateau d’Yquem 1959
Chateau Palmer 1959 bue en 2005 à l’académie des vins anciens.