Déjeuner du 15 août 283ème repas dimanche, 18 août 2024

L’événement du 15 août est un moment important dans ma vie depuis 20 ans. C’est un peu le point culminant de l’été car nous invitons ou rejoignons des amis gastronomes et appréciant les grands vins pour plusieurs repas autour du 15 août. Aujourd’hui, chez nous, nous sommes neuf. Les associations mets et vins ont été mises au point en fonction de mes choix de vins. Une équipe se forme en cuisine entre ma femme et un ami et je suis aidé pour la mise en place des vins par un autre ami.

L’ouverture des vins a démarré dès neuf heures du matin. Le gros problème a été celui du Haut-Brion 1980. Le liège du bouchon est très léger et se déchire avec une grande facilité. On ne peut pas tirer le tirebouchon sans qu’il ne déchire le liège qui colle aux parois. Il y a des centaines de morceaux autour de moi et des copeaux de liège tombent dans le vin. La solution est de verser le vin dans une carafe, de nettoyer la bouteille et de remettre le vin dans la bouteille. Le parfum du vin est superbe et prometteur.

Il convient de faire une remarque sur le Champagne Dom Pérignon magnum 1988. Pendant la préparation, pendant le repas, j’étais persuadé qu’il s’agissait d’un 1998. C’est seulement le lendemain que j’ai vu qu’il s’agissait d’un 1988 lorsqu’un abonné sur Instagram m’en a fait la remarque après avoir vu la vidéo présentant les bouteilles. Et ce qui est amusant, c’est que persuadé qu’il s’agissait d’un 1998, je n’ai pas remarqué qu’il s’agissait d’un 1988. Or la cape qui revêt le bouchon était manifestement assez vieille, le pschitt était discret, alors qu’un 1998 aurait été plus tonitruant, et la couleur dans le verre, d’un orange prononcé aurait dû m’interpeller. Mais dans le feu de l’action je ne mets pas en doute ce que j’ai annoncé.

Les amis arrivent à l’heure dite. Nous commençons a trinquer au 15 août avec le Champagne Dom Pérignon magnum 1988. Je demande à tous de prendre un peu de rillette pour accueillir le champagne. L’association avec les rillettes est à tomber par terre. Le gras de la rillette fait exploser les saveurs du champagne. Ce Dom Pérignon noble est plein de joie et de plaisir. Il y a beaucoup d’amuse-bouches, mais rien ne peut rivaliser avec la rillette.

Le Champagne Salon magnum 2007 a fait un gros pschitt à l’ouverture trois heures avant. Noble, aristocratique, encore un peu trop jeune pour moi, il est parfait avec le camembert Jort et avec la charcuterie espagnole.

Le menu a été composé par ma femme : Gambas et Wagyu / Pigeon et pommes de terre truffées / Fromages divers / Tarte Tatin / Mignardises.

C’est ma femme qui a eu l’idée d’associer les gambas au wagyu. J’ai choisi un Châteauneuf-du-Pape Beaucastel blanc Vieilles Vignes 2007 pour ce plat. L’association avec le vin est spectaculaire car ce vin puissant a suffisamment de gras et de largeur pour envelopper le wagyu. C’est probablement le moment le plus élevé et intense de notre repas.

Le Château Haut-Brion rouge 1980 a créé la plus belle surprise du déjeuner. A tel point que Haut-Brion a obtenu 7 voix de premier lors du vote final de 8 buveurs. C’est incroyable. C’est un grand moment sur les suprêmes de pigeon. Le vin est dense, presque charbonneux, noble et distingué. Une belle expression des vins de Graves.

La Côte Rôtie La Landonne Guigal 1989 est un vin de plaisir si agréable, sincère, fluide mais conquérant. Il est parfait sur le pigeon servi en deux fois, suprême et ailes. Il est tellement équilibré, heureux, apportant du bonheur. Le vin s’adapte aussi aux fromages dont un saint-nectaire de belle maturité.

Le Vega Sicilia Unico magnum 2000 est mon amour, surtout en magnum. Alors que 7 buveurs placent le Haut-Brion en premier, j’ai mis le vin espagnol en premier. Il a tout, du charme, de la puissance, une finale qui est un démon tentateur, un vin magnifique.

La tarte Tatin de ma femme devrait être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Le Château Gilette crème de tête 1971, bien gras et épais mais pas transcendantal sera bien aidé par la tarte.

J’avais annoncé dans le programme un Jerez J. Ruiz & Co Prize sherries of Spain circa 1955, mais quand j’ai vu le bouchon conique et tout petit, imprégné du vin, je dirais années 40. Il est gentil, mais pas porteur d’une grande émotion.

Nous avons voté. Le vote des 8 buveurs est : 1 – Château Haut-Brion 1980, 2 – Vega Sicilia Unico 2000, 3 – Beaucastel Vieilles Vignes 2007, 4 – La Landonne Guigal 1989, 5 – Dom Pérignon 1988.

Mon vote est : 1 – Vega Sicilia Unico 2000, 2 – Beaucastel Vieilles Vignes 2007, 3 – Champagne Salon 2007, 4 – Château Haut-Brion 1980, 5 – Champagne Dom Pérignon 1988.

Dans mes dîners, il n’arrive jamais qu’un vin obtienne 7 votes de premier sur 8 buveurs. C’est complétement étonnant pour moi que ce soit le Haut-Brion 1980, mais tant mieux, car malgré un millésime plutôt discret, cela montre à quel point Haut-Brion est un grand vin. Est-ce que le passage en carafe puis le retour en bouteille ont joué un rôle dans ce succès. Voilà un beau sujet de méditation.

Les meilleures associations du repas sont : gambas wagyu au Beaucastel / rillettes au Dom Pérignon / Tatin à Gilette / pigeon à Landonne.

Chaque instant était parfait. Un moment de bonheur absolu et immense.

Comme ce repas a été fait selon les méthodes et règles de mes dîners, il sera considéré comme l’un des dîners de wine-dinners et portera le numéro 283, ce qui me permettra de m’approcher un peu plus vite du 300ème dîner.

Déjeuner chez des amis samedi, 17 août 2024

Pour le déjeuner du 14 août, nous allons chez des amis qui ont l’initiative totale pour le menu et les vins. Leur maison a une vue magnifique sur la baie d’Hyères et sur le tombolo qui raccorde la presqu’île de Giens au continent, avec de larges marais salants.

Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2006 est d’un millésime que j’ai toujours adoré. C’est un Champagne très expressif dans un millésime pourtant peu vanté. Son parfum est intense et sa personnalité très affirmée.

Notre ami pensait ouvrir un magnum de champagne mais en regardant attentivement il s’aperçoit que ce n’est pas un champagne. Devant trouver rapidement une solution, il ouvre un magnum de Champagne Ruinart non millésimé. Il est très convenable mais il ne peut pas rivaliser avec le champagne précédent, même s’il est doux.

Notre amie a fait un repas splendide qui a dû lui demander des heures et des heures de préparation : chips aux baies, chips à la truffe, tranches de canard et de bœuf séchées, pata negra, anchois, sardines, beurre combawa, gouda, olives caprons et pickles de carotte, anchoïade et gressins composent les amuse-bouches. Crabes, crevettes, thon et avocat, consommé et bisque et aïoli / brochettes d’agneau, de filet de bœuf, de canard, avec pomme de terre et patate douce / fromages / madeleine brocoli, petites meringues, tarte mirabelle, marbré, tarte aux pommes façon Passard, caramel, fleur d’oranger, tarte meringuée, ananas rôti, cerise, mirabelle.

Le premier vin est un Hermitage Blanc Chave 1996. Quel vin. Pour moi, Chave c’est Chave, j’adore. Cela veut dire que j’apprécie la consistance, la densité de ce vin majeur noble représentant des vins du Rhône.

Pour le Clos de la Roche Charles Antonin 1994, je n’ai pas prêté beaucoup d’attention, car j’ai été attiré par les vins du Bordelais.

Le Château Mouton Rothschild 1990 a été critiqué dans sa jeunesse, mais maintenant, je le trouve splendide. La noblesse, le parfum fantastique font de ce vin un vin de très haut niveau. Un grand Mouton. Grâce, noblesse, richesse le caractérisent.

Avec le Château Palmer 2002 : quel choc ! Généralement les Margaux sont féminins, mais ce Palmer est un guerrier. Et son avenir est tellement prometteur que je suis touché par sa présence. Chaque gorgée est un plaisir fou.

Sassicaia 2010. Nous avons bu hier le 1978. Ce plus jeune est complexe et dynamique. Un vin de gastronomie.

Château Léoville Las Cases 1980. Je n’ai pas accordé l’attention qu’il aurait dû recevoir. Il n’est pas apparu à un moment qui m’aurait permis d’en profiter. Il faut dire que les amuse-bouches si variés avaient entamé notre gourmandise.

Château Climens 1979 : quel que soit le millésime j’adore Climens, tellement charmant Barsac. Il a brillé sur les délicieux et pantagruéliques desserts à l’inventivité infinie.

Nous avons voté. Le vote de notre groupe de 8 est : 1 – Mouton-Rothschild 1990, 2 – Château Palmer 2002, 3 – Hermitage Chave blanc 1996, 4 – Sassicaia 2010, 5 – Château Climens 1979.

Mon vote : 1 – Château Palmer 2002, 2 – Mouton-Rothschild 1990, 3 – Hermitage Chave 1996, 4 – Château Climens 1979, 5 – Sassicaia 2010.

Ce fut un grand déjeuner avec un menu d’une inventivité extrême.

Dîner avec des amis des repas du 15 août samedi, 17 août 2024

Les amis qui participeront au déjeuner du 15 août et logent chez nous sont arrivés ce matin. Nous allons dîner au restaurant où j’ai le privilège d’apporter mes vins. Pour tenir compte des vins que j’ai choisis, j’ai suggéré des langoustes. Nous en avons tous commandé. Seule ma femme qui ne boit pas a pris un autre plat.

J’ai ouvert les vins il y a quatre heures. Le Chambertin Clos de Bèze Armand Rousseau 2001 avait un parfum très discret au moment de l’ouverture. Il a maintenant un parfum plus intense, mais qui reste discret.

Le miracle se produit quand nous buvons. C’est un vin surnaturel, élégant, noble, poli et qui montre à quel point il est complet. Un pur rêve.

J’avais déjà bu le Châteauneuf du Pape Domaine du Pegau 2007 au même endroit et j’étais enthousiaste. Mais servi après le Clos de Bèze, je me rends compte qu’ils ne vivent pas dans le même monde. J’adore les deux, mais le Clos de Bèze est sur une autre planète.

Le Sassicaia 1978 s’est montré plutôt rude à la première gorgée, mais ce vin italien s’est avéré de loin le meilleur compagnon de la langouste et est devenu adorable. Il était comme une belle endormie embrassée par la langouste.

 

Le classement final, influencé par la présence de la langouste est : 1 – Chambertin Clos de Bèze Rousseau 2001, 2 – Sassicaia 1978, 3 – Domaine du Pegau 2007.

La magie du Clos de Bèze reste un souvenir éternel. Ce dîner du 13 août, à J-2 du grand repas, est un superbe dîner convivial.

A future dinner vendredi, 16 août 2024

It will be a great event of François Audouze. Date is fixed: November 7, 2024

Champagne Dom Ruinart 1990

1990 is certainly one of the greatest years for Ruinart

Champagne Krug Vintage 1966

1966 is a legendary Krug

Château Laville Haut Brion 1er Cru de Graves white 1971

One of the greatest white wine of Bordeaux, great in 1971

Bâtard Montrachet Fontaine & Vion 1990

Not well known producer but his Bâtard is great in 1990

Château Nénin Pomerol 1961

One of the greatest producers of Pomerol, in a legendary year

Magnum Château Margaux 1924

Magnums are rare in the twenties. Bottled by Clossmann & Co

Château Grand Saint Lambert Cru Bourgeois Supérieur 1924 (cave du Chapon Fin à Bordeaux)

Put to have a comparison for two Bordeaux of 1924

Château Pichon Baron de Longueville 1904

Low level, but I have drunk several 1904 which proved to be excellent

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1950

Great year for La Tâche. There was no Romanée Conti in 1950. The level is low but it is amazing how old Romanée Conti wines can perform, even with low levels.

Chambertin Grand Cru Coron Père & Fils 1929

Coron worked very well at this period. This is a very great 1929, legendary year.

Vin Blanc Vieux d’Arlay Jean Bourdy 1911

Bourdy keeps his bottles with no label and has put a label when I visited. 1911 is a legendary year

Château Suduiraut Sauternes 1936

Great Sauternes in a unusual year. Nice level.

Domaine de Bouchon Sainte-Croix du Mont Café Voisin 1900

Café Voisin was one of the most famous restaurant in Paris with a renowned cellar. This Sainte-Croix du Mont is a rarity.

Vin de Chypre 1869

The label is not readable but the bottle belongs to a group of Cyprus wines 1869, which makes the year certain.

Years of wines of this lunch : 1869 – 1900 – 1904 – 1911 – 1924 – 1924 – 1929 – 1936 – 1950 – 1961 – 1966 – 1971 – 1990 – 1990

The list of wines :

Champagne Dom Ruinart 1990

Champagne Krug Vintage 1966

Château Laville Haut Brion 1er Cru de Graves white 1971

Bâtard Montrachet Fontaine & Vion 1990

Château Nénin Pomerol 1961

Magnum  Château Margaux 1924

Château Grand Saint Lambert Cru Bourgeois Supérieur 1924 (cave du Chapon Fin à Bordeaux)

Château Pichon Baron de Longueville 1904

La Tâche Domaine de la Romanée Conti 1950

Chambertin Grand Cru Coron Père & Fils 1929

Vin Blanc Vieux d’Arlay Jean Bourdy 1911

Château Suduiraut Sauternes 1936

Domaine de Bouchon Sainte-Croix du Mont Café Voisin 1900

Vin de Chypre 1869

De grands champagnes avec mes enfants mardi, 13 août 2024

Ma fille cadette fait un passage éclair dans notre maison du sud, entre deux destinations de vacances. Nous dinons avec un poulet au citron et une tarte aux mirabelles. Ce qui me paraît le plus opportun, c’est d’ouvrir un Champagne Dom Ruinart 1988.

La bouteille est d’une grande beauté. Le bouchon vient assez facilement et le pschitt existe, plus dynamique que ce que j’aurais attendu d’un champagne de 36 ans.

La couleur est d’un beau jaune clair et la bulle est active. Le nez est éblouissant comme joyeux parfum. En bouche, c’est une explosion de fruits. Quel plaisir ! Ce champagne est fort et enthousiasmant. Sa complexité est extrême et on le sent au sommet de sa maturité, encore jeune et déjà mature.

Si je songe au légendaire Dom Ruinart 1990, celui-ci est plus fort, plus affirmé et moins romantique que le 1990. Il faut aimer les deux.

En préparant les vins pour le rendez-vous incontournable du 15 août qui sera dans trois jours, je remarque un Champagne Dom Pérignon 1978 qui a perdu 20% de son volume. Je regarde le haut de la bouteille et il y a une excroissance comme un nid de guêpe. C’est comme si la bouteille avait vomi son bouchon. Alors que cette bouteille n’était pas prévue, c’est elle qui sera ouverte pour la venue de mon fils.

La bouteille est terriblement sale et je passe beaucoup de temps à tout nettoyer. J’ai évidemment bien peur. Je retire le bouchon qui n’offre aucun pschitt et le bas du bouchon reste coincé dans le goulot de la bouteille. Je le soulève et le parfum semble normal.

Quand on le verse on voit une couleur d’un ambre foncé et le parfum est parfait. En bouche, c’est un grand champagne, onctueux et élégant. Puissant et noble. Une belle expression de Dom Pérignon.

Le caviar osciètre est magique, avec un sel absolument idéal, et on déguste un Dom Pérignon 1978 qui n’a pas souffert du tout. Le champagne est très solide et peut-être parfait malgré tout ce qu’il a souffert.

Nous passons maintenant au vin prévu, un Champagne Dom Pérignon Magnum 1992. Je deviens absolument furieux. Après le Dom Pérignon 1978 qui était très sale, j’ouvre ce magnum avec un niveau parfait et je retrouve des saletés partout en ouvrant. La cape noire qui recouvre le bouchon est d’une matière qui se brise en mille morceaux, et de la poussière noire apparaît partout. Alors que pour l’ouverture des vins de mes dîners, je suis d’une patience d’ange, tant de problèmes à cause de cette cape, cela m’énerve.

Je suis surpris par le pschitt qui propulse le bouchon comme une bombe. Le bouchon m’échappe des mains. Les bulles sont généreuses. L’odeur est magique et le champagne est absolument élégant.

Quand 1992 est apparu sur le marché, il a suscité peu d’intérêt. Mais désormais, en magnum, c’est un Dom Pérignon parfait.

Les deux champagnes sont très opposés. Le 1978 est déjà mature, conquérant comme un soldat du front, alors que le 1992 est plus gracieux, jouant sur son élégance. Mais les deux expriment la grandeur de Dom Pérignon.

Chers amis qui mangez du foie gras au Sauternes, oubliez cette idée. Le foie gras est fait pour le champagne. Et le Dom Pérignon 1992 accompagne parfaitement le foie gras. Le format de magnum préserve la jeunesse de ce beau champagne

Je continue d’être furieux contre la cape noire qui enveloppe les bouchons, mais le 1978 sur du caviar et le 1992 sur du foie gras sont deux instants magiques.

Des repas avec mes petits-enfants mardi, 6 août 2024

J’ai un amour particulier pour le Châteauneuf du Pape Domaine du Pégau qui n’est pas sur le devant de la scène mais produit des vins merveilleux. Le Châteauneuf du Pape Domaine du Pégau 2007 est d’un millésime très intense. J’avais rencontré Laurence Féraud pour un dîner au domaine avec des vignerons de Châteauneuf, et nous nous sommes parfaitement compris lorsque nous avons dégusté des vins comme le Rayas 1978 que j’avais apporté et un autre Châteauneuf de 1947.

Le 2007 est complexe, viril, expressif et très long. J’adore ce vin sauvage et conquérant. Il est très excitant avec un homard parfaitement cuit.

Dans un restaurant proche, je peux apporter mon vin, ce qui est un privilège. Je viens avec deux vins dont un Châteauneuf-du-Pape Clos des Papes 1979. Quel grand vin ! Charmant, plein de joie, gratifiant, c’est le vin qu’on espérerait boire un jour, l’archétype des vins de plaisir, avec une grande personnalité. Sur des moules gratinées l’accord est magique et sur le poisson Saint-Pierre, un incontournable.

Juste après le Clos des Papes 1979, le Vega Sicilia Unico 2004 est comme une bombe, d’une puissance incroyable. Ouah ! Au bout de quelques minutes le vin est plus calme et je reconnais avec plaisir la fraîcheur de la finale, avec des notes de menthe. J’adore le vin espagnol, mais nous avons eu plus de plaisir avec le Clos des Papes 1979.

Il est à noter que le lendemain, j’ai bu le Vega Sicilia Unico sur un fromage Saint-Marcellin. L’accord est divin et fait ressortir la fraîcheur mentholée de ce jeune vin. Un bonheur pur.

Pour un apéritif informel avec deux de mes petites-filles, j’ai ouvert un Champagne Salon 1996. Ce champagne est devenu mythique. Je souhaite vérifier son évolution.

Le pschitt est discret. La première impression est immense. Quel grand champagne, si jeune et si intense. C’est un choc. C’est le parfait Salon jeune, déjà mature mais gardant sa jeunesse. J’adore Salon 1997 et 1999 pour leur jeunesse, mais 1996 est plus épanoui et plus complet, pour l’instant. Car tous ces millésimes vont évoluer dans le meilleur des sens.

Des vins avec ma fille dimanche, 21 juillet 2024

Une entreprise qui travaillait pour ma maison dans le sud était en retard dans ses livraisons et a commis des erreurs successives. Pour se faire pardonner, elle m’offre un Champagne Gimmonet Gonet ‘L’Origine’ Blanc de Blancs Grand Cru dégorgé en octobre 2023.

Ce choix est tout à son honneur. Le vin est frais et agréable mais manque un peu de longueur. Agréable, il est fait pour être bu en été.

Pour suivre, j’ouvre un Champagne Salon 2004. Ma fille a la même réaction que moi : nous cherchons en vain où est l’émotion. Comment est-il possible que ce champagne que j’avais trouvé si enthousiasmant il y a quelques jours soit aussi effacé aujourd’hui ? Salon est un champagne d’une constance certaine aussi cette contreperformance est un mystère. Il faudra vite qu’un autre Salon efface ce souvenir.

Pour le dîner, ma femme annonce du poulet. Ce volatile est l’ami du vin, qu’il soit rouge ou blanc. J’ai envie de partager avec ma fille un vin que j’adore, le Clos de Vougeot Méo Camuzet 1999. Je l’ai ouvert peu de temps avant le repas car le vin est jeune. Le niveau dans la bouteille est au plus haut possible. Le parfum est d’un charme extrême. Il annonce un vin intense et noble.

Le premier mot qui vient dès qu’on le boit est soie. Quel raffinement. Ce vin est plein de grâce, élégant et soyeux. Un vin purement délicat et adorable. Ce vin est un grand moment.

Des vins plus jeunes au restaurant dimanche, 21 juillet 2024

Quelques jours plus tard, nous revenons au même restaurant avec ma fille cadette. Etant autorisé à venir avec mes vins je les choisis plus jeunes pour que le maître d’hôtel et son épouse puissent en profiter. J’ai choisi un Champagne Krug Grand Cuvée 163ème édition. Un gros pschitt est apparu lorsque je l’ai ouvert quatre heures avant le dîner. Il a une belle couleur dorée et un parfum élégant. La bulle est très active. Je dois dire – à mon goût – que la bulle est trop puissante.

Quand je compare ce Krug avec le Grande Cuvée qui a une étiquette de couleur crème, mon cœur appartient à la version plus ancienne. Krug a besoin de temps et je dis toujours : achetez Krug et laissez-le dormir dans votre cave pendant au moins dix ans. Bien sûr, je sais que de nombreux amateurs de vin ne peuvent pas le faire pour différentes raisons dont l’espace de stockage et l’argent. Mais la différence est si grande que les amateurs de vin qui peuvent le faire devraient suivre cette voie.

Quoi qu’il en soit, c’est un champagne très agréable et qui a été apprécié par la femme du maître d’hôtel en l’absence de son mari.

L’autre vin que j’ai apporté est un Rimauresq Côtes de Provence rouge 1993. Le niveau est absolument parfait. L’odeur est merveilleuse au moment de l’ouverture 5 heures avant. On sent avec force l’olivier et la garrigue. Lorsque je le sers, le parfum est d’une rare insistance. Le vin est riche, dense et présente le summum de ce qu’un Côtes de Provence peut offrir. L’âge donne beaucoup à ce vin. Je n’arrive pas à croire qu’il fasse 12,5 degrés. 14 serait plus adapté. Le vin est noble, élégant. Il serait difficile à l’aveugle de dire Côtes de Provence. Nous l’avons bu avec un poisson Saint-Pierre et l’accord est parfait. Comme pour le Krug Grande Cuvée, je dirais aux amateurs : laissez vieillir les Côtes de Provence et Bandol, la différence est phénoménale.

Des vins avec mes petits-enfants dimanche, 21 juillet 2024

L’aînée de mes petits-enfants vient nous rendre visite dans le sud. Ayant ouvert la veille un Salon 2004, j’aie envie d’ouvrir un Champagne Salon 2012. Il est très joli, élégant, avec une longueur agréable. Mais à mon goût, il faudra le garder 10 à 12 ans pour développer sa complexité. C’est un joli Salon prometteur.

J’ai acheté récemment plusieurs Château de Beaucastel Châteauneuf-du-Pape 1981. L’acidité me fait penser que ces bouteilles ont eu un stockage trop chaud. Mais par un hasard sauveur comme il en arrive assez souvent, avec un Saint-Félicien fort affiné, l’extrême personnalité de ce vin, si dynamique et expressif est apparue. Je boirai donc les prochaines bouteilles avec des fromages virils pour en profiter car j’aime l’intensité de ce vin en 1981.

Dans un restaurant proche de chez nous, je suis autorisé à apporter mes vins. J’ai choisi un Champagne Dom Pérignon 1970. Il n’offre aucun pschitt, n’a pas de bulle mais un joli pétillant. Ce qui m’impressionne, c’est la longueur de ce champagne qui semble ne jamais s’arrêter. Doux, complexe, il est charmant, mais ce 1970 n’est pas le meilleur Dom Pérignon 1970 que j’ai bu. J’ai offert un verre au maître d’hôtel et à sa femme. Ils ont eu du mal à comprendre ce champagne car ils pensaient qu’un champagne de plus de 50 ans devait être mort. Mais ils ont été impressionnés.

Sur une langouste cuite à la perfection j’ai apporté une Côte Rôtie La Turque Guigal 1998. Le vin est dense, intense et conquérant. Il est juteux et joyeux. Son parfum est mentholé et son goût a une finale mentholée qui lui donne sa fraîcheur. C’est un conquistador. J’ai du mal à croire qu’il ne fait que 13 degrés.

Le maître d’hôtel et son épouse ont été émerveillés par la grandeur de ce vin de pur plaisir. Il est à noter que le niveau dans la bouteille se situait à 2 millimètres sous le bouchon. Incroyable. La langouste était parfaitement cuite et la combinaison excitante.

Le Champagne Krug Grande Cuvée étiquette de crème se situe au sommet de l’aristocratie du champagne. En ouvrant il y avait un pschitt assez important, ainsi que de belles bulles. Si je devais décrire la complexité de ce champagne parfait, je dirais ‘arc-en-ciel’. Car tous les fruits et toutes les émotions possibles se retrouvent dans ce champagne.

Comme la vie n’est pas un paradis permanent, j’avais ouvert avant ce Krug un Champagne Dom Pérignon 1983 de faible niveau. Il était imbuvable. La vie est ainsi. Je suis tellement content de boire des champagnes qu’il faut accepter un accident. Dom Pérignon a souvent des bouchons trop fins qui laissent place à l’air qui peut abîmer une bouteille.

Un Champagne Salon 2004 magique lundi, 8 juillet 2024

Nous sommes invités au restaurant par des amis. Par peur des encombrements, voilà qu’ils s’annoncent chez nous une heure avant le dîner. Heureusement nous sommes prêts à les accueillir.

J’ouvre un Champagne Salon 2004 qui fait un joli pschitt. La couleur est claire, la bulle est active. Le champagne est d’une grande fraîcheur et très fluide. Il glisse en bouche et offre un grand plaisir.

Lorsque nous sommes au restaurant, le champagne commandé est un Champagne Ruinart Blanc de Blancs sans année. Alors qu’il est accueillant, il nous fait mesurer à quel point le Salon 2004 est transcendantal. Je n’aurais jamais imaginé que l’écart soit aussi grand, car j’aime beaucoup les champagnes de la maison Ruinart.

Dans la carte très chiche du restaurant que nous aimons pour ses poissons cuits de belle façon, nous avons bu un Chablis 2023 que je ne nommerai pas pour ne pas lui nuire, mais qui est imbuvable tant il est inexpressif à cet âge, et un Saint-Joseph 2020 d’une maison célèbre, mais tellement court ! Comment peut-on boire des vins de ces âges, qui n’ont rien pour plaire ? On vend les vins trop tôt, on boit les vins trop jeunes, essentiellement pour des raisons financières. Quelle tristesse.