Visite au jardin botanique de fondation Fairchild vendredi, 4 janvier 2019

dans le parc :

camouflage d’iguane. Il me tire la langue !

fleur ou fruit ?

la cage aux papillons

les papillons sont nourris aux bananes bien mûres

on introduit de nouveaux papillons dans une valise et l’un d’eux se trouve bien sur la main de ma femme

c’est très difficile de photographier des colibris, quasiment toujours en vol

une belle orchidée

ma femme s’est faite une nouvelle amie !

Dîner au restaurant Ironside Kitchen vendredi, 4 janvier 2019

Avec des amis de mon fils et leurs enfants, nous allons dîner dans un restaurant italien Ironside Kitchen proche de Miami Downtown qui est installé en plein air à côté d’un centre de commerces qu’on baptiserait volontiers aujourd’hui un « incubateur de start-up », car ça fait plus chic. Lorsque nous sommes assis, nous apprenons que le restaurant ne vend pas d’alcool mais accepte que l’on vienne avec ses vins. Mon fils et son ami courent acheter des vins à la plus proche boutique et nous les boirons sur des pizzas.

Le Champagne Veuve Clicquot Brut sans année étiquette jaune que nous buvons me paraît moins expressif que celui que nous avons bu ce midi, mais l’atmosphère ambiante peut expliquer la baisse d’enthousiasme.

Dans les emplettes de dernière minute il y a deux vins de Coppola, un blanc et un rouge. Je ne goûterai que le Pinot Noir de Francis Coppola Diamond Collection 2015 qui titre 13,5° et je n’insisterai pas car ce vin simple est à l’image des vins parkérisés, formatés pour des amateurs internationaux qui trouveront ce goût partout. Je l’ai délaissé pour rester sur le champagne qui par contraste m’a souri de plus en plus.

J’avais acheté avec mon fils chez son fournisseur habituel quelques vins pour les repas que nous partagerions. Pour un dîner en famille chez mon fils nous ouvrons un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle sans année qui doit être d’un dégorgement récent, si on regarde le bouchon qui s’est enflé à sa sortie du goulot. Immédiatement je suis conquis, captivé par son charme et il me semble que c’est le meilleur champagne que nous ayons bu depuis mon arrivée à Miami. Ce jugement est fait sans beaucoup réfléchir mais il se justifie par le fait que ce champagne est d’un charme fou. Il est romantique, très délicat et équilibré. C’est un peu Grace Kelly au sommet de sa beauté. Tout en lui m’enchante, malgré sa jeunesse.

Dîner chez mon fils avec des amies américaines lundi, 31 décembre 2018

Le jour suivant, le soleil est très chaud. Mon fils vient chercher ma femme sur son sidecar Royal Enfield dont le moteur chante une musique élégante et racée. La journée se passe de façon quiète. Le soir mes deux amies américaines, Lilly et Sarah, qui sont les plus fidèles participantes de mes dîners, viennent dîner chez mon fils. L’une vit à Boston et fait le voyage jusqu’à Miami uniquement pour ce dîner. L’autre a vécu à Miami et vit maintenant à Charlotte. Son séjour à Miami est plus long. Elle est accompagnée d’une de ses amies, décoratrice en cette ville. Il y aura donc pour le dîner mon fils, sa femme et ses deux enfants, ma femme et les trois américaines.

Nous commençons avec un Champagne Louis Roederer Brut Nature 2009 élaboré avec Philippe Starck. Le champagne est agréable mais sans grande passion. Lilly me trouve sévère, mais le champagne suivant va confirmer mon jugement.

Le Champagne Dom Pérignon 2008 « legacy edition » dont l’étiquette porte les noms des deux chefs de cave pour affirmer la continuité de l’approche de l’ancien et du nouveau est un champagne brillant, vivant, d’une grande énergie. Sa petite acidité est adoucie par les délicieux amuse-bouches préparés par ma belle-fille, crème de petits pois, crevettes très épicées, gaufrettes au parmesan, céleri branche et crème au céleri, olives vertes et gressins, et d’autres choses sans doute. Ce champagne est promis à un bel avenir, car il va s’élargir et s’anoblir.

Le repas consiste en des poulets cuits à la perfection, accompagnés d’une purée de patates douces et de petits dés de maïs pané. L’Ermitage Le Pavillon de M. Chapoutier 2005 est un vin que j’avais acheté à Miami lors d’un de mes précédents séjours auprès de mon fils. D’emblée on sent que l’on boit grand. Le vin est doté d’un velours extrême. Tout en lui est velours, grâce et charme. Le finale est très riche en fruits noirs, comme du cassis, avec une fraîcheur quasi mentholée qui claque dans la fin du parcours de ce vin.

Hier, parmi d’autres achats, j’avais acquis un Sassicaia Tenuta San Guido Bolgheri Sassicaia 2014. Dès la première gorgée on est frappé par la noblesse de ce vin de Toscane et aussi par sa profondeur. Ce vin est impressionnant. Alors il est tentant de chercher celui que l’on préfère de ces deux vins rouges si dissemblables. Sarah est une des convives de mes dîners qui a le plus souvent des votes très comparables aux miens. Au château d’Yquem elle était la seule des convives qui avait les trois premiers de son vote identiques aux miens. Or ici, nous divergeons car je préfère l’Ermitage plus romantique à l’italien plus guerrier. Mais je vais changer d’avis deux fois lors de l’épanouissement des vins dans les verres. Ils sont fascinants tous les deux, le vin du Rhône étant velours et charme, et l’italien noblesse et profondeur.

J’avais imaginé que nous boirions trois vins rouges aussi mon fils avait ouvert un Clos-Fourtet Saint-Emilion 2000. Or ma belle-fille a servi des fondants au chocolat sur lequel est prévu un Banyuls Vial-Magnères Olivier et Chrystel Sapéras 4 ans d’âge. Je goûte rapidement un soupçon du vin de Bordeaux qui me paraît d’un niveau très élevé comme les deux vins précédents.

Le Banyuls est naturellement plus adapté que le bordelais au fondant. Mais c’est un Banyuls assez ordinaire, et, je ne sais pas pourquoi, l’image qui me vient est que la qualité des tonneaux dans lesquels ce Banyuls a vieilli n’est pas parfaite. Malgré tout, l’accord se fait et c’est ce qui compte.

Les discussions sur mille et un sujets ont été passionnantes. Nous avons même bâti des projets de futurs dîners. Mes amies américaines sont insatiables, et tant mieux. Ma belle-fille a réussi un repas de haute qualité. Il ne reste plus qu’un jour en 2018, mais ce 30 décembre fut un sommet.

Le lendemain pour le déjeuner, il faut que l’on goûte dans de meilleures conditions le Clos Fourtet 2000. Le Sassicaia 2014 dont il restait un peu va servir de témoin. Sur ce qui reste des poulets, le Clos Fourtet se présente comme un vin glorieux, impressionnant. Son nez est conquérant, sa bouche est précise, riche, altière d’un saint-émilion parfait. C’est la forme la plus aboutie de ce que peut être un saint-émilion riche en pleine possession de ses moyens. Il respire la truffe. Il est beau, équilibré, une réussite absolue. Alors, le classement des trois rouges sera : 1 – Clos Fourtet 2000, 2 – Ermitage Le Pavillon Chapoutier 2005, 3 – Sassicaia 2014.

Début de séjour à Miami lundi, 31 décembre 2018

Départ pour Miami. Dans l’avion on me propose un champagne de bienvenue. Je demande ce que c’est, car j’ai du mal à imaginer qu’il s’agisse de champagne. L’hôtesse très aimable se renseigne et me dit qu’il s’agit d’un Cava, vin effervescent espagnol. Le repas se prend peu après le décollage. J’ai demandé du poulet mais au moment du service on me dit qu’il n’y en a plus. On me propose du bœuf qui est probablement l’un des plus désagréables que j’aie eu lors d’un vol en avion.

A l’arrivée, l’écart de température avec Paris est saisissant, de plus de 25°. Mon fils nous conduit vers l’hôtel Biltmore où nous avons déjà séjourné de nombreuses fois. Cet hôtel légendaire est le fruit de la folie d’un visionnaire. Notre chambre est spacieuse, mais moins qu’en de précédents séjours. Après avoir posé nos bagages, nous nous rendons vers la maison que mon fils et sa femme ont achetée il y a quelques années et que je découvre pour la première fois. Je suis fasciné par l’agencement des maisons dans les quartiers de Corral Gables. Il n’y a pas de clôtures mais des pelouses impeccables qui prolongent les rues, sans marque de trottoir. Il y a de l’espace et c’est très reposant. On peut laisser ses affaires à la vue de tous sans craindre qu’elles soient volées ou saccagées. Tout respire la quiétude. La maison de mon fils et sa famille est relativement petite mais jolie et décorée avec goût.

La bienvenue se souhaite avec un Champagne Dom Pérignon 2009. Après une très longue journée en avion mon palais est un peu fatigué mais je reconnais avec plaisir le charme de ce Dom Pérignon très affirmé de belle personnalité.

Nous poursuivons par un champagne que je ne connais pas, le Champagne Grongnet Special Club Etoges 2009, dégorgé en 2016. C’est une suggestion du caviste de mon fils et même si ce champagne est bien fait, il y a un manque réel de finale. Ce champagne est trop court.

Il est rapidement remplacé par un Champagne Dom Pérignon 2006. Solide et rassurant, il donne le coup d’envoi d’un séjour d’affection familiale dans une ville que j’apprécie.

Le lendemain, ma belle-fille m’a inscrit à un cours de yoga. Cela fait plusieurs années que je n’ai plus de coach et je mesure à quel point le corps se rouille. Alors que les exercices sont faits avec douceur, je finis cette séance totalement épuisé.

Nous passons notre journée chez mon fils et sa famille. Il fait beau, je fais équipe à la belote avec mon petit-fils contre ma femme et ma belle-fille. Les scores – à ce stade – sont équilibrés. Le soir, sur un poulet mariné, nous buvons un Champagne Pierre Moncuit Blanc de Blancs sans année de belle construction, pur vin du Mesnil, très orthodoxe, très bon élève à qui il manque juste une petite pincée d’émotion. Fort curieusement, ce sont des marrons glacés qui vont lui donner de la rondeur et de l’entrain.

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L’hôtel Biltmore

vue de notre chambre à l’hôtel Biltmore sur le golf

le jardin de la maison de mon fils

bulletins du 2ème semestre 2018, du n° 786 à 808 mercredi, 26 décembre 2018

(bulletin WD N° 808 181224)   Le bulletin n° 808 raconte : 230ème dîner de wine-dinners au château d’Yquem, où les six vins préférés des convives ont une moyenne d’âge de 110 ans.

(bulletin WD N° 807 181224)   Le bulletin n° 807 raconte : déjeuner au restaurant Matsuhisa de l’hôtel Royal Monceau, apéritif à l’hôtel restaurant Lalique du château Lafaurie-Peyraguey, dîner au restaurant le Saprien à Sauternes, déjeuner au château d’Yquem et ouverture des vins du 230ème dîner.

(bulletin WD N° 806 181218)   Le bulletin n° 806 raconte : dîner de gala annuel de l’Académie du Vin de France précédé d’une Paulée, dîner d’anniversaire d’un ami avec une sublime Romanée-Conti.

(bulletin WD N° 805 181211)   Le bulletin n° 805 raconte : dîner à Beaune au restaurant Le Conty, dégustation des 2014 de la maison Bouchard Père & Fils, dîner à l’Orangerie du château de Beaune avec un sublime 1918.

(bulletin WD N° 804 181204)   Le bulletin n° 804 raconte : lancement du guide Gault & Millau 2019 avec un dîner au restaurant La Felicita, dégustation des vins des maisons Mumm et Perrier-Jouët au siège de Perrier-Jouët, dîner à la Maison Belle Epoque de Perrier Jouët, fonds de bouteilles avec mon fils.

(bulletin WD N° 803 181127)   Le bulletin n° 803 raconte : déjeuner au restaurant Pages illuminé par un vin de 1911, déjeuner de famille et dîner au caviar..

(bulletin WD N° 802 181120)   Le bulletin n° 802 raconte : dîner avec ma fille cadette, déjeuner au restaurant L’Ecu de France, dîner avec ma femme, déjeuner de famille, dîner à la manufacture Kaviari avec le chef Kei Kobayashi du restaurant Kei, déjeuner au restaurant Epicure.

(bulletin WD N° 801 181113)   Le bulletin n° 801 raconte : déjeuner chez des voisins, déjeuner de conscrits au Yacht Club de France, déjeuner au restaurant La Rotonde et 18ème dîner de vignerons, « dîner des amis de Bipin Desai », 229ème de mes dîners, avec un vin mythique au restaurant Laurent.

(bulletin WD N° 800 181106)   Le bulletin n° 800 raconte : déjeuner au restaurant Taillevent avec mon ami Tomo, dîner au restaurant Akrame avec Bipin Desai, déjeuner dans ma cave avec un archéologue, en vue d’une exposition.

(bulletin WD N° 799 181030)   Le bulletin n° 799 raconte : Plusieurs repas de famille : déjeuner et dîner avec mon fils, dîner de champagnes Krug, anniversaire de ma fille cadette, une fois avec mon fils et une fois avec ma fille aînée.

(bulletin WD N° 798 181023)   Le bulletin n° 798 raconte : le 228ème dîner de wine-dinners au restaurant Akrame pourrait s’appeler, en paraphrasant Gene Kelly, ‘drinking in the rain’.

(bulletin WD N° 797 181016)   Le bulletin n° 797 raconte : dîner à 18 mains, occasion pour neuf chefs de composer un menu exceptionnel au restaurant Passage 53 puis, au restaurant Pages, 227ème dîner de wine-dinners.

(bulletin WD N° 796 181009)   Le bulletin n° 796 raconte : déjeuner au restaurant Le Gaigne, déjeuner impromptu au château d’Yquem où je livre les vins d’un futur dîner, dîner dans un château au nord de Bordeaux avec un vin à l’émotion transcendantale.

(bulletin WD N° 795 181002)   Le bulletin n° 795 raconte : dîner avec des amis dans le sud, déjeuner avec d’autres amis dans le sud, déjeuner au restaurant Akrame et présentation des vins du groupe de vignerons bordelais « les 5 nés sous une bonne étoile » aux Caves Legrand Filles & Fils.

(bulletin WD N° 794 180925)   Le bulletin n° 794 raconte : dîner avec des amis dans le sud, dîner avec une amie et dîner au restaurant gastronomique Christophe Bacquié de l’hôtel du Castellet.

(bulletin WD N° 793 180918)   Le bulletin n° 793 raconte : avec l’équipe des gourmets du 15 août, dîner au champagne, dîner chez des amis et dîner final à la maison.

(bulletin WD N° 792 180911)   Le bulletin n° 792 raconte : nombreux dîners en famille ou avec des amis, déjeuner au restaurant BOR à Hyères, arrivée d’amis qui font partie de la tradition gastronomique du 15 août et dîner au restaurant La Vague d’Or de l’hôtel La Pinède à Saint-Tropez.

(bulletin WD N° 791 180904)   Le bulletin n° 791 raconte : déjeuner chez un cousin près d’Orange, repas de famille dans le sud, déjeuner au restaurant BOR, succession de repas de famille ou d’amis avec notamment de très grands champagnes.

(bulletin WD N° 790 180828)   Le bulletin n° 790 raconte : au Plaza Athénée, dîner de célébration de la transmission du savoir-faire de Richard Geoffroy vers son successeur Vincent Chaperon, dîner dans le sud chez des amis, déjeuner avec d’autres amis dans ma maison du sud, déjeuner au restaurant de l’hôtel BOR.

(bulletin WD N° 789 180821)   Le bulletin n° 789 raconte : passage impromptu aux caves Legrand, dîner au restaurant Le Grand Véfour, deux repas avec mon fils, présentation à l’abbaye d’Hautvillers, siège de Dom Pérignon, dans les vignes, du Dom Pérignon 2008 et autres dégustations.

(bulletin WD N° 788 180717)   Le bulletin n° 788 raconte : dîner chez des amis avec des vins exotiques, 226ème dîner de wine-dinners à la Cave d’Exception de l’Hôtel de Crillon, avec des innovations dans les accords.

(bulletin WD N° 787 180710)   Le bulletin n° 787 raconte : déjeuner de famille, 225ème dîner de wine-dinners au restaurant Pages.

(bulletin WD N° 786 180703)   Le bulletin n° 786 raconte : déjeuner au restaurant de poissons Le Duc, apéritif dans la brasserie le 116 Pages du restaurant Pages, dîner au restaurant Taillevent, avec des vins rares.

Les deux repas de Noël mardi, 25 décembre 2018

C’est Noël à la maison. Le 24 décembre, nous serons six, ma femme et moi, mes deux filles et les deux filles de ma fille aînée. Je suis le seul mâle. Suis-je dominant, je ne le crois pas. Nous avons déjeuné sobrement car il faut se ménager pour le dîner de réveillon. La cuisine fourmille et il est opportun de ne pas s’y montrer. Les vins rouges sont ouverts en début d’après-midi. Ils sont sans histoire.

L’apéritif commence vers 19h30. Je voulais comparer deux champagnes Krug mais ma fille cadette ne souhaite pas se livrer à cet exercice intellectuel de comparaison. Je bois du petit lait en l’écoutant car je trouve que la dégustation des vins est infiniment plus riche lorsque l’on n’a pas l’obligation de comparer. Nous commençons donc par le Champagne Krug Grande Cuvée à étiquette crème qui correspond à un champagne commercialisé vers la fin des années 80 et dont les champagnes assemblés sont autour de 1980. Ce qui frappe d’emblée c’est que ce champagne racé est extrêmement facile à vivre. Il est noble et franc, d’un équilibre parfait et si accessible qu’on en jouit librement. Sa couleur est ambrée vers des tons de roses et de pêches. L’apéritif consiste en de fines tranches de boudin blanc truffé avec lequel le champagne est en symbiose totale. Il y a aussi du foie gras et de petites galettes épicées.

Alors que ma fille ne voulait pas de comparaison, je triche, car je garde un verre de ce champagne pour comparer avec le Champagne Krug Grande Cuvée à étiquette initiale étiquette un peu plus verte et avec un graphisme qui rappelle les Private Cuvées, prédécesseurs des Grandes Cuvées. Ce champagne date de la période 1978-1983 et correspond à des vins du début des années 70. Ce qui apparaît, c’est que le plus jeune est probablement plus précis, mais que le plus ancien est nettement plus émouvant. Il prend aux tripes. Ce champagne est d’une énergie incroyable et emporte dans une farandole de joie. Le premier est parfait, le second me séduit au-delà de tout.

Il reste du deuxième champagne pour l’entrée, des coquilles Saint-Jacques crues avec du caviar osciètre prestige de Kaviari. L’accord est superbe, le champagne réagissant aussi bien avec le sucré de la coquille qu’avec le salé magiquement dosé du caviar.

Nous poursuivons avec des suprêmes de pigeon cuits avec une purée de pomme de terre truffée et une purée de pommes de terre violettes, des vitelottes. La sauce provient de la maturation des pigeons entiers avec des carottes pendant plus d’une demi-journée. Le Château Haut-Brion rouge 1981 est un vin qui m’a toujours impressionné. Celui-ci est dans cette ligne. Il explose de truffe et se montre tout velours. Il est riche, puissant mais diablement charmeur. Et avec les suprêmes rosés à souhait, c’est un régal.

J’avais prévu un bourgogne pour faire suite mais nous avons déjà tellement festoyé qu’il ne semble pas nécessaire. Le bordeaux se comporte comme un roi avec un chèvre Sainte Maure d’affinage très avancé. Nous passons au dessert qui est une bûche créée par Cédric Grolet meilleur pâtissier du monde qui officie au Meurice. C’est une bûche au marron aussi est-ce l’occasion d’ouvrir un Xérès La Merced Solera Sherry semi-dulce Bobadilla que j’ai depuis des temps immémoriaux et qui pourrait être très ancien. L’accord entre ce Xérès et le dessert au marron est sublime. C’est pour ma fille cadette le plus bel accord du repas. Cet alcool ne titre que 19,5° alors qu’il semble en offrir plus mais son caractère extrêmement sec le rend particulièrement agréable.

Les cadeaux ont été échangés dans la bonne humeur avant le repas. La cheminée a crépité et avalé des stères de bois. Cette fête de famille a été illuminée par le pigeon et la bûche pour les plats et par le Krug le plus ancien et le Xérès pour les vins. Noël est une tradition qu’il ne faut à aucun prix manquer.

Le lendemain, le jour de Noël, le nombre des petits-enfants a doublé puisque les deux enfants de ma fille cadette nous ont rejoints. Ne le répétez à personne mais j’ai trinqué avec les petits-enfants avec du Champomy, boisson aux pommes et à bulles.

Les enfants ayant imposé le menu, ce sera poulet à la purée Robuchon, fromage et la fin de la bûche au marron de Cédric Grolet. Le Clos de Vougeot domaine Méo-Camuzet 1992 est un vin qui m’avait impressionné il y a longtemps, car c’était le premier que je buvais de ce domaine. Et je l’avais adoré malgré une année de faible renommée. Ce qui frappe dans ce vin ouvert hier en début d’après-midi, c’est son élégance. Tout en ce vin est suggéré. Sa couleur peu prononcée est celle d’un vin très jeune. Il a le charme de la Bourgogne avec une jolie râpe, il est délicat et, cadeau suprême, mes deux filles l’adorent. C’est un vin de subtilité et de finesse, qui donne un grand plaisir.

Nous avons fini la bûche au marron avec le Xérès toujours aussi pertinent, sec et de belle prestance. Noël, c’est un moment familial intense. Dans trois jours nous rejoindrons ceux qui vivent à Miami pour faire le tour complet de nos affections. Joyeux Noël.


pour l’échange des cadeaux, la cheminée crépite

la fameuse bûche de Noël avec le délicieux Sherry

les vins du dîner

la cheminée quand on va se coucher

le lendemain avec le bourgogne ouvert la veille

la tarte faite par les petits-enfants

les vins des deux repas

boutique « Divins » 25 rue Hérold dans le 1er arrondissement samedi, 22 décembre 2018

Thomas Bravo-Maza est le journaliste qui a fait en 2014 le film « Quatre Saisons à la Romanée Conti » où l’on me voit avec mon ami Tomo boire deux Romanée Conti, 1986 et 1996. Thomas s’est reconverti dans le vin et avec une bande d’amis il a ouvert une boutique « Divins » 25 rue Hérold dans le 1er arrondissement. Il voulait me la montrer. Dans une rue discrète et derrière une façade qui l’est aussi, la surface est étonnamment grande. On y fait des conférences, des dégustations et on y vend du vin. Thomas est en pleine forme et tout souriant. J’ai peu de temps devant moi aussi nous n’aurons pas le temps de boire le vin que j’ai apporté. Nous trinquons sur un Champagne André Heucq extra-brut sans année qui est à 100% en pinot meunier. C’est un champagne sans concession très vert, très tendance actuelle mais qui ne manque pas d’intérêt et serait volontiers gastronomique.

C’est un plaisir de revoir cet homme passionnant. Sa boutique vous attend, courez-y.

Déjeuner au sauternes au restaurant Lasserre samedi, 22 décembre 2018

Nicolas de Rabaudy, écrivain et journaliste qui a accompagné mon parcours dès le début de mes aventures dans le vin, me transmet une invitation d’Alexandre de Lur Saluces pour un déjeuner au restaurant Lasserre. Lorsque je pénètre dans le restaurant, des milliers de souvenirs me reviennent du temps où je venais en ce lieu, jadis trois étoiles, où Malraux comme Dali avaient des tables attitrées. Je n’y ai pas vu Malraux mais ma femme et moi avons vu plusieurs fois Salvador Dali dîner avec Amanda Lear.

A la table réservée pour Alexandre de Lur Saluces il y a son fils Philippe, Stéphane, le directeur du développement commercial du château de Fargues, Jean-Claude Ribaud, journaliste éminent qui a officié notamment au Monde et avait écrit sur mes dîners au tout début, Nicolas et moi. Je reconnais en salle des sommelières ou sommeliers que j’ai connus en d’autres endroits.

Le menu a été composé par le restaurant avec Nicolas pour se marier avec des vins de Fargues. Il y aura : poireaux de M. Riant cuits sur braise, mousse de pommes de terre ratte, sabayon au Marsala, truffe blanche / poularde de la Cour d’Armoise sur un lit de navets glaçons fumés, bouillon lié au beurre de sarrasin, algue kombu / fourme d’Ambert / blanc-manger / mangue.

Le Château de Fargues Sauternes 2015 est une merveille de fraîcheur. Il est intense mais aérien. Comme Alexandre nous a longuement parlé d’asperges qu’il produit à grande échelle sur ses terres, j’ai pris les poireaux à la cape verte pour des asperges, ne reconnaissant pas leur goût, ni d’ailleurs celui du poireau ! Le plat est agréable et convient au sauternes qui n’a rien d’un liquoreux tant il est fluide. La truffe blanche lui sied bien et l’on aurait pu faire l’économie du sabayon au Marsala.

Je n’ai pas reconnu le poireau car j’étais influencé par le discours sur les asperges et je n’ai pas reconnu les navets alors que je suis un fan de ce légume aux multiples facettes. La poularde est goûteuse et le Château de Fargues 1988 d’un or magnifique est absolument superbe. Il est riche, puissant mais il a aussi la fraîcheur qui en fait un compagnon parfait du plat.

La fourme d’Ambert est de belle qualité et suffisamment jeune pour accompagner le précieux sauternes. Philippe de Lur Saluces préfère le 1988 sur le blanc-manger alors que je le préfère avec la mangue. C’est une question de goût.

Nous avons bavardé sur les moyens à adopter pour faire aimer le sauternes comme compagnon de gastronomie. Alexandre pense que le sauternes doit être mis en début de repas car on a alors le palais réceptif à ce type de vins. Les sauternes ont une grande rémanence en bouche et la difficulté pour les vins qui suivraient est facilement résolue en servant un bouillon de poule qui a le grand mérite de recalibrer le palais. C’est ce que j’ai fait en m’inspirant de cette astuce créée par Alexandre lorsque j’ai fait un dîner au Crillon où j’avais mis des Yquem à trois moments différents du repas.

A cette exception près, je suis plutôt favorable aux liquoreux en fin de repas, et sur 230 dîners, j’ai mis 449 liquoreux, donc près de 2 par repas, dont 349 de la région de Bordeaux. L’idée de mettre le sauternes à trois moments d’un repas gastronomique me semble bonne, car il fait entrecouper le repas avec d’autres vins, rouges ou blancs. J’envisage d’en faire l’expérience lors d’un prochain dîner.

Nos avis divergeaient souvent car je suis un amoureux inconditionnel des vieux sauternes – la moyenne d’âge des sauternes dans mes repas est de 65 ans – alors que mes compagnons de table pensent plus aux jeunes sauternes qu’il faut faire aimer.

Une autre question est celle de la vertu démonstrative de ce repas. Il est d’une évidence que ce repas montre que le sauternes peut soutenir et embellir un repas. Mais celui qui fait cette expérience sautera-t-il le pas ? Sera-t-il désireux de le refaire chez lui avec des amis ? Une chose est sûre, c’est que les liquoreux ont toute leur place dans la gastronomie. Il faut les faire aimer, il faut convaincre et si je peux aider, comme je l’ai fait pour les vins du Jura, je le ferai.

le légendaire toit ouvrant

Deux champagnes imparfaits jeudi, 20 décembre 2018

Le séjour de mon fils touche à sa fin et nous le retrouverons à Miami pour les fêtes de fin d’année. Pour le dernier dîner, j’ai acheté à la Manufacture Kaviari du caviar osciètre prestige et du cœur de saumon. Ma femme cuit à la poêle des tranches de boudin blanc qui vont servir d’apéritif.

J’avais apporté la veille deux bouteilles de champagne mises au réfrigérateur. Quand je les saisis, les collerettes semblent très humides et me font imaginer que le réfrigérateur est en dégivrage. J’ouvre les deux bouteilles et les bouchons sont noirs sur la partie au contact du goulot. Mes mains sont noires. Le plan de travail sur lequel j’opère est très mouillé. En fait ce n’est pas de l’eau de dégivrage mais une coulure pour les deux bouteilles, qui ont perdu significativement du volume. Malgré cela, le pschitt est très sensible pour les deux bouteilles.

Le Champagne Veuve Clicquot 1969 a une couleur légèrement ambrée. L’attaque est belle, de champagne ancien, avec une jolie amertume, mais le plaisir est gâché en milieu de bouche par une imprécision quasi métallique qui pourrait être dû à un contact du champagne avec la cape.

Le Champagne Veuve Clicquot rosé 1969 a une robe beaucoup plus intense, d’un joli rose foncé. L’impression est assez similaire à celle du champagne brut, mais avec beaucoup moins de défauts. Mon fils, qui est du millésime de ces deux champagnes préfère, comme moi, le rosé.

Les deux champagnes accueillent avec plaisir le boudin blanc truffé. Je pensais que le rosé aurait du mal avec le caviar mais, même s’il n’est pas aussi pertinent que le blanc pour ce délicieux caviar, il est possible du fait qu’il s’agit d’un rosé âgé, aux suggestions florales élégantes.

Pour le saumon délicieux à la mâche parfaite, c’est l’accord couleur sur couleur qui fonctionne le mieux, et le rosé est à son aise. Globalement, nous avons bu deux champagnes imparfaits qui du fait d’une réaction violente dans le réfrigérateur, ont perdu du volume en salissant le champagne. Mon fils étant tolérant comme je le suis, cela n’a pas gâché ce dernier soir en famille.

les hauts des deux bouteilles sont identiques

le bouchon du rosé est plus long