Beau déjeuner au restaurant Akrame mercredi, 19 septembre 2018

De retour à Paris, je suis pris dans la spirale d’un monde qui bouge. C’est la première fois que je vois, au retour du sud, les figues du jardin parisien mûres comme celles du jardin du sud. On peut imaginer que lorsqu’il fera 30° à Paris à Noël, il y aura encore des gens qui nieront le réchauffement climatique. Devant faire un des prochains dîners au restaurant Akrame, j’ai réservé une table pour le déjeuner, avec l’intention de voir le chef Akrame en fin de repas pour mettre au point le menu du futur dîner. J’ai invité ma fille cadette à partager ce repas. Etant en avance, j’ai le temps d’ouvrir le vin que j’ai apporté, un Châteauneuf-du-Pape Château de Montredon 1985, parce que j’adore cette année de plénitude à Châteauneuf. Dans la cour du restaurant, Akrame discute avec quelqu’un. Je l’embrasse et je me prépare à ouvrir le vin. Pour me donner du cœur à l’ouvrage, je commande un Champagne Laurent Perrier Cuvée Grand Siècle sans année. L’attaque est belle et généreuse et ce champagne est comme le baume du Tigre : il pourrait guérir de tous les accidents de la vie, tant il exsude une joie de vivre conquérante. Il est complexe, mais tellement accueillant. Ce n’est que du bonheur. J’apporte deux verres à la table où Akrame travaille et nous trinquons. Pour Akrame, un champagne ne se conçoit que s’il est de cette générosité.

J’ouvre mon vin et le tirebouchon limonadier ne lève qu’un bouchon poreux qui se déchire en bribes. Il faut que j’utilise la longue mèche en faisant bien attention pour que le bouchon sorte entier. Le parfum est divin, riche et joyeux.

Akrame est un homme pressé aussi la séance de travail que nous avions prévue à la fin du repas devra se tenir maintenant. Il vaut mieux tenir que courir. Entretemps ma fille arrive et s’assied, trinquant avec Akrame et moi. Nous étudions la liste des vins et c’est toujours un régal de discuter d’un menu avec un chef qui comprend instantanément ce qui va convenir. Nous trinquons au champagne qui plait beaucoup à Akrame et nous ravit, ma fille et moi. Comme un marteau-piqueur officie dans la cour de l’immeuble qui jouxte la cour du restaurant, nous décidons de prendre une table à l’intérieur. Je dis à Akrame de faire ce qu’il veut pour ce déjeuner.

L’équipe du restaurant est jeune, intelligente, souriante et comprend à demi-mot nos souhaits. Ils ont senti que je me chargerai du service du vin. On nous apporte deux beurres travaillés par le chef pour accompagner le pain. Je résiste car il n’est pas question que les efforts de trois mois dans le sud se perdent dès le premier jour. Le menu, tel qu’il m’a été donné en fin de repas, dans son expression minimaliste, ne rend pas compte de l’extrême générosité de la cuisine du chef : Audace : tourteau, carotte, navet / force : homard barbecue, menthe / marin : Skrei (cabillaud), champignon, noisette / terre : pigeon, Kamut / fraîcheur : apéro Ricard, cacahuète / jouissance : tomate, framboise, meringue, mousse chocolat d’antan, coulis fumé.

La sobriété en forme d’épure du menu du chef correspond sans doute à sa recherche mais elle ne rend pas compte de l’incroyable complexité de ses plats, dont la logique est percutante. La fine pâtisserie qui entoure le tourteau est sublimée par une sauce d’une rare justesse. Le homard est divinement cuit et convient aux deux vins, au Châteauneuf quand la chair est seule, et au champagne quand on associe le pesto à la menthe. Mais on s’aperçoit que le Châteauneuf-du-Pape Château de Montredon 1985 est tellement généreux qu’il arrive aussi à cohabiter avec la sauce crémée à la menthe. La chair du homard est cuite à la perfection.

Le vin rouge combine puissance et velours. Il est d’une force envahissante, mais il expose aussi un velours rassurant. Ce vin est magnifique. Le cabillaud est traité avec douceur et a perdu un peu de son aspect sauvage, tendance morue. Aussi est-ce le champagne qui lui convient le mieux. La raviole champignon noisette avec une sauce à la moutarde est délicieuse, sans doute à peine trop moutardée.

Le plat le plus étonnant est le pigeon qui apparaît dans une sorte d’omelette norvégienne qui ne se mange pas. La chair du pigeon est fondante, absolument parfaite. C’est, avec le homard, le couple gagnant de ce repas. Nous sommes rassasiés, aussi la suite du repas, avec le sorbet au Ricard et cacahuète, au goût suffisamment mesuré pour qu’il ne heurte pas le palais, et les desserts qui suivent n’éveillent plus notre enthousiasme.

Alors que les deux vins sont superbes, dont ce Châteauneuf-du-Pape puissant et velouté, qui devient presque doux en fin de repas, ce sont les plats qui ont eu la vedette. Akrame est en pleine possession de ses moyens qui sont grands et réussit une cuisine d’un très haut niveau. Le homard et le pigeon sont parmi les meilleurs que j’aie eu l’occasion de manger. Les chairs sont sublimes, et les accompagnements généreux ne leur nuisent pas.

Ajoutons à cela un service joyeux et compétent. Je sens que le dîner que nous ferons en ce lieu sera une réussite.

le vin du Rhône a un bouchon poreux collé au verre, très difficile à extirper

la table dans la cour de l’immeuble

les beurres travaillés de l’accueil à table

Akrame image toujours sa démarche culinaire

the 2018 World’s Best Wine Lists Awards winners mercredi, 12 septembre 2018

I have received this classification made by a Jury with well known people.

I find it interesting to put it on my blog, as it could be of interest for wine lovers.

The World of Fine Wine in association with Gaggenau, announces

the 2018 World’s Best Wine Lists Awards winners

Winner of the Wine List of the Year 2018 named as The Barn at Blackberry Farm, Walland Tennessee

The Barn at Blackberry Farm is also awarded in these categories: Best Designed Wine List in the World, Best Long Wine List in the World and Champions’ League World’s Best Wine List 2018

La Dame de Pic London wins Best Medium-Size Wine List in the World 2018

 

London (September 12, 2018) – the World’s Best Wine Lists in association with Gaggenau have been announced today at the Vintners’ Hall, with The Barn at Blackberry Farm, Walland Tennessee, receiving the honor of Wine List of the Year, Best Designed Wine List in the World, Best Long Wine List in the World and Champions’ League World’s Best Wine List 2018.

The World’s Best Wine Lists celebrated its fifth anniversary with a prestigious judging panel – chaired by Neil Beckett, World of Fine Wine Editor – featuring: writer and broadcaster, Andrew Jefford; award-winning sommelier, Andreas Larsson; publisher and writer Ch’ng Poh Tiong; wine writers Elin McCoy, Francis Percival and Alder Yarrow; sommelier Luciana Girotto; and wine writer and lecturer Anne Krebiehl MW. They have assessed over 1,000 of the world’s best wine lists to determine the shortlist. The nominees and winners are based on a range of criteria including breadth, depth, interest, quality, value, clarity and accuracy.

Nestled among the Great Smoky Mountains of Eastern Tennessee, Blackberry Farm is a rural idyll, playing host to one of America’s finest luxury hotels – in turn featuring one of the country’s best-loved and most respected restaurants, worthy of its supreme praise and four top recognitions at the World’s Best Wine Lists Awards 2018. The Barn’s creative cookery is well matched by a superb modern wine list containing over 9,000 selections. Described by our judges as « a phenomenal list that is a joy to explore » with a « wonderful variety and half-bottle selection to die for ».

Newly opened restaurants awarded in their regions included HIDE and Tenshino at Pullman Bangkok King Power.

HIDE, London, United Kingdom

Tenshino at Pullman Bangkok King Power, Bangkok, Thailand

The awards are renowned as the Michelin Stars of the wine list world and include a number of best-in-class category winners including The NoMad Hotel, New York for Best Spirits List in the World; Restaurant Mosaic at The Orient for Best Hotel Wine List in the World; Pilu at Freshwater for Best Regional Wine List in the World; Nº5 Wine Bar returning to take Best Wine Bar List in the World; and Air France claiming Best Airline Wine List in the World.

The NoMad Hotel, New York, USA

Restaurant Mosaic at The Orient, Pretoria, South Africa

Pilu at Freshwater, Sydney, Australia

Nº5 Wine Bar, Toulouse, France

Air France

On the awards, World of Fine Wine Editor Neil Beckett commented: « In its fifth year running, and at its first live ceremony, the World Best Wine Lists Awards was honored with the presence of guests from every continent apart from Antarctica. I think that the geographical spread of our top winners speaks volumes for the global spread of fine wine and also for the global scope of these awards ».

The Winners

Best Long Wine List in the World 2018 : The Barn at Blackberry Farm

Best Medium-Size Wine List in the World 2018 : La Dame de Pic London

Best Short Wine List in the World 2018 : Bar Boulud

Best Micro Wine List in the World 2018 : 28°-50° Wine Workshop & Kitchen, Maddox Street

Best Regional Wine List in the World 2018 : Pilu at Freshwater

Best Champagne & Sparkling Wine List in the World 2018 : Pix Pâtisserie

Best Dessert & Fortified Wine List in the World 2018 : Bern’s Steak House

Best Spirits List in the World 2018 : The NoMad Hotel, New York

Best By-the-Glass Wine List Without Coravin® in the World 2018 : Terroir

Best By-the-Glass Wine List With Coravin® in the World 2018 : Morrell Wine Bar & Café

Best Wine Bar List in the World 2018 : Nº5 Wine Bar

Best Hotel Wine List in the World 2018 : Restaurant Mosaic at The Orient

Most Original Wine List in the World 2018 : Frasca Food and Wine

Best Designed Wine List in the World 2018 : The Barn at Blackberry Farm

Best Airline Wine List in the World 2018 : Air France

Best Cruise Ship Wine List in the World 2018 : The World Residences at Sea

Wine List of the Year 2018 : The Barn at Blackberry Farm

Champions’ League World’s Best Wine List 2018 : The Barn at Blackberry Farm

Notes to editors

The World’s Best Wine Lists is the most prestigious and rigorous wine list awards, judging over 1,000 restaurants’ lists worldwide. The World of Fine Wine has assembled a panel of some of the world’s greatest experts, including Masters of Wine and a World Champion Sommelier, to guarantee the credibility and integrity of the competition and to put each list submitted through an intensive judging process.

All award-winning wine lists must reach certain standards in relation to a range of criteria, among which the most important are: the breadth, depth, interest, quality, and value of the wine selection (relative to the nature and size of the list and any specialism); the clarity of the organization and presentation; the accuracy and completeness of the information for each entry on the list, including origin, producer, wine, vintage, price, and format or serving size; and the suitability of the selection in terms of the cuisine and the establishment.

On devrait toujours ouvrir les champagnes la veille lundi, 10 septembre 2018

Le lendemain à déjeuner, d’autres amis nous rejoignent à la maison. L’apéritif contient des amuse-bouches similaires, dont l’anchoïade sur des gressins, des olives noires, des petites tomates du jardin et des biscuits italiens au poivre noir. Il restait du Champagne Dom Pérignon 2004 ouvert hier. Il a manifestement profité de la nuit car il a une belle bulle fine très active et paraît nettement moins dosé. Il est vif et floral et me plait beaucoup plus.

L’entrée est un foie gras agrémenté de kumquats confits du jardin et d’une gelée de coquelicot. Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2005 est un champagne très agréable. Il a l’esprit d’un blanc de blancs dans une belle définition. Généreux, droit, flexible, il cohabite agréablement avec le foie gras.

Sur des côtelettes d’agneau, nous buvons le reste du Vosne-Romanée 1er Cru Les Chaumes Prince S. H. de Bourbon-Parme 2001 qui est moins velouté que la veille et montre un alcool un peu fort. Il a des notes légèrement torréfiées qui ne sont pas désagréables, même si le vin a perdu un peu de son charme. Une tarte aux mirabelles faite par mon épouse parachève ce déjeuner d’amitié.

Le lendemain, je bois le reste du Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2005. Plus vif, plus cinglant, il incarne la noblesse du blanc de blancs. Il est beaucoup plus conforme au souvenir que j’en avais, d’un champagne très grand, généreux et noble. Alors ? On devrait toujours ouvrir les champagnes la veille !

Belle surprise d’un Vosne-Romanée samedi, 8 septembre 2018

Des amis viennent dîner dans notre maison du sud. Dès 17 heures j’ouvre les vins. Le menu comprenant des langoustines et des dos de cabillaud j’ouvre un vin blanc, un Châteauneuf 1991. Le bouchon est le pire qui soit. Avec le tirebouchon, je retire un carottage du centre du bouchon. Avec une longue mèche torsadée, je ne relève que des miettes car le bouchon est totalement collé au verre. Avec un couteau fin je décolle le bouchon du verre en faisant attention à ce que le bouchon ne tombe pas dans le vin, mais je ne peux empêcher que des miettes tombent. Je nettoie tout ce qui doit l’être et je sens. Normalement, je n’aime pas que l’on dise qu’un vin est madérisé lorsque l’on confond évolution et madérisation. Mais là, force est de reconnaître que ce 1991 est l’archétype du vin madérisé. Je le ferai goûter ce soir, pour l’expérience, mais j’ouvre un chablis de 2002 au parfum idéal. C’est aussi le cas du vin rouge de 2001. Nous boirons bien.

Les amis arrivent au quatrième top de 20 heures. L’apéritif va consister en de petites sardines, des tranches de saucisson, des olives noires, une délicieuse anchoïade, des petits biscuits italiens au poivre noir, un gouda à la truffe et un gouda au pesto. Le Champagne Charles Heidsieck Brut sans année doit être des années 70. Au moment de relever le bouchon qui vient entier, des petites bulles éclataient le long du bouchon, signe que le pétillant est bien là. La couleur est ambrée, la bulle quasi inexistante. C’est un champagne ancien, doucereux, au joli fruit brun, mais dont le message est trop monocorde. Il est agréable et cohabite bien avec les saveurs variées de l’apéritif, mais il lui manque un peu de vivacité et d’émotion.

Dès que j’ouvre le Champagne Dom Pérignon 2004, on grimpe dans l’échelle des saveurs, car ce champagne est vif, joyeux de se montrer fringant. Il a un dosage qui le rend assez doux, mais c’est un champagne complexe et plein de charme d’une belle longueur. Il y a toujours de la joie et du romantisme dans les jeunes Dom Pérignon.

Nous passons à table et sur des langoustines accompagnées de betteraves blanches, de fleurs comestibles et d’une huile d’olive parfumée à la mandarine, je sers le Châteauneuf-du-Pape Domaine de Cristia 1991 que j’annonce madérisé. Par rapport à ce que j’avais senti à l’ouverture, le vin a fait de réels progrès parce qu’il serait buvable, mais nous n’insistons pas.

Et nous avons raison, car le Chablis Grand Cru Moutonne Domaine Long-Dépaquit Albert Bichot 2002 est au sommet de sa forme, puissant, riche en bouche, de belle mâche, avec de très agréables complexités et une minéralité délicate de galets qui roulent dans des torrents d’été. Les langoustines sont fondantes et l’accord est idéal, la trace de mandarine titillant le vin. Le dos de cabillaud est d’un goût très typé qui s’accorde bien au chablis.

Le camembert Jort est un rite que nous avions peu pratiqué cet été. Celui que nous goûtons est d’un affinage idéal. Le Vosne-Romanée 1er Cru Les Chaumes Prince S. H. de Bourbon-Parme 2001 est une immense surprise car je n’imaginais pas ce vin à ce niveau de grâce et de subtilité. Ce vin est un pur velours. Il cohabite bien avec le camembert, mais il se boit aussi bien seul, comme un nectar velouté. Il est d’une noblesse raffinée. Quel plaisir !

Des petits fours sucrés délicieux s’accompagnent de champagne, de vin rouge ou d’eau, au gré de chacun, tandis que les conversations se poursuivent, marquées par la joie de retrouvailles. La belle surprise est celle de ce Vosne-Romanée que je découvrais, dont j’ignore comment il est parvenu dans ma cave.

pour le Châteauneuf-du-Pape on voit à quel point le bouchon a été creusé par le tirebouchon qui a fait de la charpie

le fameux camembert Jort !

dîner au restaurant de l’hôtel du Castellet vendredi, 7 septembre 2018

Valérie Costa était chef du restaurant La Promesse, qu’elle dirigeait avec son mari Jean-Marc. Ils ont pris une décision d’une importance extrême pour leurs vies : ils ont vendu tout ce qu’ils possèdent pour aller diriger la restauration d’un hôtel de luxe dans une minuscule île polynésienne. La probabilité de les revoir s’amenuise, aussi ma femme et moi les invitons à dîner au restaurant de l’hôtel du Castellet. Valérie connaît depuis toujours Christophe et Alexandra Bacquié. Le chef a obtenu depuis quelques mois sa troisième étoile. C’est aussi l’occasion de voir comment a évolué sa cuisine, à la suite de sa promotion.

L’hôtel est installé dans un vaste espace de verdure puisque le parcours de golf est en continuité immédiate de la pelouse. La terrasse propre au restaurant gastronomique est agréable et spacieuse. Etant arrivé en avance, je bavarde avec le chef-sommelier Romain Ambrosi pour choisir les vins du repas, sachant que j’ai été autorisé à apporter une bouteille.

Le Champagne Comtes de Champagne Taittinger 2006 est d’une belle opulence, joyeux, facile à vivre. J’aurais tendance à penser que le 2005 est plus vif que celui-ci. Le 2006 est très agréable mais manque peut-être de vibration. Il est presque trop confortable. Il va convenir parfaitement aux préparations d’apéritif.

Dès la première bouchée d’un minuscule gâteau d’une recette locale, on sent que l’on est dans le plus haut niveau gastronomique. Toutes les saveurs sont claires, lisibles, précises et compréhensibles. Dans les diverses présentations aucune complexité n’est présente pour être complexe, mais pour être cohérente avec les saveurs qui l’accompagnent. Ça s’annonce bien. On se régale.

Nous passons à table dans la salle à manger à la décoration minimaliste et assez froide. Deux menus sont possibles et le nombre de plats par repas peut varier. Nous prenons le menu « au fil des années » à cinq plats : aïoli moderne, légumes de nos maraîchers locaux, poulpe de Méditerranée / Gambon écarlate juste snacké, la quintessence des têtes / saint-pierre en filet, jus d’oignon, huile de tagète / pigeonneau au sang « excellence Mieral » cuit en pâte à sel épicée, jus acidulé au vinaigre de myrte sauvage / le pamplemousse, eau à la baie des Batak / soufflé chaud Cazette, crème glacée aux grains de café torréfiés.

En attendant le premier plat, on nous offre un pain absolument gourmand que l’on peut accompagner d’un beurre de bonne qualité et d’une fleur d’huile exceptionnelle du moulin du Partégal à La Farlède, huile bio.

Le Champagne Philipponnat Clos des Goisses 2005 est beaucoup plus vif et tranchant que le Taittinger. En fait, ce sont deux champagnes très différents, qui ne visent pas les mêmes émotions. Le Taittinger est confortable et le Clos des Goisses est hautement gastronomique. Il réagit à chaque saveur. L’aïoli est délicieux et les morceaux de poulpes dont divins.

Valérie et Jean-Marc veulent offrir un vin blanc et commandent un Puligny-Montrachet Domaine de la Vougeraie 2015. Ce vin, bien que jeune, a une acidité d’un rare équilibre. Il offre des bouquets de saveurs raffinées et il va provoquer le plus bel accord de la soirée en étant associé à un superbe saint-pierre. Je suis aux anges face à ces subtilités de grande délicatesse. Le vin blanc est absolument plaisant par le dosage de ses variations gustatives. Nous vivons un grand moment de bonheur.

Le pigeon est joliment présenté, mais la chair des suprêmes manque un peu de mordant. J’aime le pigeon un peu plus sauvage. Le Vega Sicilia Unico 1989 que j’ai apporté est d’une belle richesse. C’est un vin plein qui trouve avec la cuisse de pigeon une résonnance beaucoup plus forte qu’avec les filets. Le vin espagnol est noble, mais il n’a pas la fraîcheur mentholée que j’adore, qui est offerte par de plus jeunes millésimes.

Il reste suffisamment de vin pour que nous allions regarder du côté des fromages. Une salle leur est consacrée, comme une cave à température contrôlée où mûrissent de très nombreux fromages. Jean-Marc a pris une variété de fromages plus large que ce que les vins peuvent accepter alors que je me suis concentré sur des goûts très proches de ceux du camembert, pour accompagner le Vega Sicilia.

Vient alors le temps des desserts. Tout est tentant, le pamplemousse aussi bien que le soufflé chaud, mais dans un ballet qui n’en finit pas on nous a servi des dizaines de desserts plus aguichants les uns que les autres. Le dicton affirme : « abondance de biens ne nuit pas ». C’est faux, car cette avalanche de desserts gourmands est excessive. Trop, c’est trop pour nos capacités d’absorption.

Que dire de cette expérience dans ce restaurant ? Romain est un sommelier sympathique et très compétent. C’est un plaisir de vivre le repas avec son service et ses conseils. Dans la carte des vins très bien fournie il y a évidemment des prix exorbitants, mais il y a aussi un très grand nombre de vins à des prix mesurés. Des bonnes pioches sont possibles.

Christophe Bacquié fait une cuisine qui est réellement de trois étoiles. Les goûts des amuse-bouches de l’apéritif sont d’une précision qui fait plaisir. La soupe de poisson servie dans un verre est une merveille, très typée. L’aïoli est une belle réussite notamment par les poulpes. Le saint-pierre est magnifique et goûteux splendidement aidé par le Puligny. Pour mon goût le pigeon n’était assez sauvage, les fromages un peu trop affinés, et les desserts trop copieux. Ces remarques sont « à la marge », car ce dîner fut de très haut niveau. La salle à manger mériterait une décoration plus moderne et plus vive.

Lorsque nous reviendrons ici, car nous en avons envie, nous penserons à Valérie et Jean-Marc qui vont s’installer sous des cieux où il fait toujours beau, où les gens sont souriants, et où ils pourront développer une belle cuisine au bout du monde.

Comme Arnaud Donckele de la Vague d’Or qui a aussi trois étoiles, Christophe Bacquié appuie sa cuisine sur ses racines et son histoire. La quête de l’authenticité historique des recettes et des goûts est certainement un facteur qui participe au succès de ces deux chefs.

la salle des fromages

les desserts (quelques uns)

1973 a fait de beaux champagnes jeudi, 6 septembre 2018

Une amie vient nous rendre visite dans le sud. Elle a apporté divers cadeaux dont une anchoïade et une tapenade. L’appel au champagne est évident pour l’apéritif. Je choisis un Champagne La Royale Charles Heidsieck 1973. Il était très prévisible que le bouchon se brise lorsque l’on veut le tourner, la lunule du bas se désolidarisant. C’est le cas. Je prends mon tirebouchon pour extraire ce disque de quelques millimètres d’épaisseur, et c’est la première fois, je crois, que je ne relève qu’un disque beaucoup plus petit, d’un diamètre inférieur, ce qui laisse comme une auréole qui continue de coller au goulot. Cette auréole est levée avec la mèche longue qui me sert à la suite du tirebouchon.

La couleur du champagne est d’un ambre clair, doré comme un blé d’été. La bulle est rare mais le pétillant est vif. Le champagne pétille sur la langue. Il a une très jolie maturité avec des accents miellés et des évocations de fruits jaunes délicats. La couleur influence l’impression de mâchonner des blés d’été. Ce Charles Heidsieck est d’une rare flexibilité avec la délicieuse anchoïade, du saucisson, du gouda au pesto, mais ce qui est le plus impressionnant, c’est l’accord qu’il crée avec de la poutargue, qui semble en continuité gustative absolue. L’effet couleur sur couleur joue à plein.

Le repas consiste en un plat de crevettes roses mariées à du riz noir. Ce 1973 est une belle réussite.

Une bien curieuse mention samedi, 1 septembre 2018

Sur une bouteille de Champagne Piper Heidsieck 1962 figure, en bas d’étiquette :

« Marchandise destinée aux avitaillements de navires ».

Et au-dessus de cette mention il y a un petit bateau dessiné.

J’aimerais bien avoir une explication.

Dîner avec des amis dans le sud dimanche, 26 août 2018

Un couple d’amis vient dîner dans notre maison du sud. J’ai connu l’ami il y a une vingtaine d’années lorsqu’Alexandre de Lur Saluces réunissait autour de lui au château d’Yquem ce que l’on appelait « les amis d’Yquem ». Il a très probablement bu plus d’Yquem anciens que moi. Pour l’apéritif nous avons prévu de la boutargue très moelleuse, de très petites sardines, des tranches de saucisson, un gouda au pesto et un jambon Pata Negra bien gras. Ma femme a ajouté des feuilles et fleurs comestibles de son jardin potager.

Le Champagne Dom Pérignon 1996 a été ouvert trois heures avant d’être servi et avait offert une belle explosion sonore, la plus forte de tous les champagnes bus depuis deux mois. La couleur est d’un or clair, la bulle est active et le champagne est merveilleux. Il combine avec grâce de beaux fruits avec de belles fleurs. Les évocations de fleurs sont très romantiques alors celles de fruits sont guerrières. Main de fer dans un gant de velours, c’est la personnalité du premier millésime créé par Richard Geoffroy seul aux manettes de cette prestigieuse maison. Cette première réalisation est un coup de maître. Ce champagne est vraiment le Dom Pérignon parfait. Comme chaque fois nous mesurons à quel point les grands champagnes sont flexibles et acceptent les saveurs disparates de l’apéritif.

Sur des camerones cuits simplement, nous buvons une Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996. Le vin ouvert à 17 heures avait un niveau parfait, à moins d’un centimètre sous le bouchon. Le nez était riche de fruits noirs. Maintenant, le vin se montre d’une sérénité absolue. C’est un vin facile à vivre, sans défaut, équilibré, avec un beau fruit noir. Il est riche. L’accord avec les crustacés est naturel, et de belle pertinence.

Le veau cuit sept heures à basse température, à 65°, est accompagné d’un écrasé de pommes de terre à l’huile d’olive. La Mouline est capable d’accompagner le veau mais elle n’a pas le même effet multiplicateur qu’avec les camerones.

J’ouvre au dernier moment un Vega Sicilia Unico 2004. Le nez est riche et gourmand. Il annonce de grands plaisirs. Il a un fruit noir très prononcé, il est jeune et riche et ce qui me fascine toujours, c’est que le finale est d’une grande fraîcheur avec des notes de menthe et de fenouil. Ce vin est un vrai velours. J’avais en tête un accord de ce vin avec le camembert Jort, accord improbable qui subjugue tous ceux qui le découvrent. Et cet accord ravit mes amis, car l’amertume du camembert avec le fruité joyeux du vin crée un accord fascinant. Et j’ai envie de voir comment se comporte un champagne. Il m’a fallu aller très vite le chercher, car à mon retour, le fromage est presque fini tant mon ami en est friand.

Le Champagne Dom Pérignon 1973 a un bouchon qui se brise quand on le tourne et vient avec un tirebouchon. Le nez est très expressif. La bulle est très faible mais le pétillant est beau. La couleur est ambrée. Le vin est très doux, avec des évocations de noisettes et un fruit très fin comme la pomme d’une tarte Tatin. L’accord est possible avec le Jort mais n’arrive pas à la même émotion qu’avec le Vega Sicilia Unico. Ma femme a fait une tarte aux quetsches qui accompagne sans souci le champagne.

Nous n’avons pas voté, mais je classerais ainsi : 1 – Champagne Dom Pérignon 1996, 2 – Vega Sicilia Unico 2004, 3 – Côte Rôtie La Mouline Guigal 1996, 4 – Champagne Dom Pérignon 1973. Si le 1973 est seulement quatrième, c’est parce que le 1996 lui a fait un peu d’ombre. Car ce champagne à maturité est superbe. Mais les quatre vins furent si grands, que nommer un quatrième n’est pas une condamnation. Les discussions allaient bon train. Nous nous sommes quittés fort tard, heureux d’avoir partagé ce beau dîner.

Troisième dîner des amis du 15 août mercredi, 15 août 2018

Le dîner se tiendra chez moi, ma femme étant aux fourneaux, aidée par l’un de nos amis parisiens. Ça chauffe dans la cuisine car Muriel avait mis hier la barre très haut. Le cake au pamplemousse requiert des soins particuliers pour atteindre ce que veut ma femme. La cuisine d’été est un bruissement d’inventivité. A 17 heures j’ouvre les vins et les champagnes. Ils reposent avant le dîner dans des armoires aux températures idéales. Nos amis parisiens ont fourni le champagne Selosse, le Vega Sicilia et l’Yquem et j’ai fourni les autres vins. Nos amis locaux avaient fourni hier l’essentiel des vins.

L’apéritif commence à 20 heures avec ce qu’il restait du Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1998, c’est-à-dire presque l’équivalent d’une bouteille. Le champagne qui avait été rebouché avec son propre bouchon s’est élargi depuis hier et se montre gourmand et racé. L’apéritif consiste en : une anchoïade, de belles tranches de foie gras, des saucissons bien moelleux, des artichauts Condatini, des olives Caviaroli Albert Adria et un gouda pimenté. Le Champagne Substance Selosse Blanc de Blancs dégorgé en 2007 a une couleur très ambrée. On sent qu’il a connu une maturation plus rapide que ce qu’on pourrait attendre, mais cela lui va bien. Il est vif, large, avec des notes fumées et d’évolution très sympathiques. Sa maturation précoce sera confirmée par l’apparition du Champagne Dom Ruinart Blanc de Blancs 1973 qui a une couleur ambrée très semblable et offre des notes évoluées très belles. Il est gourmand et gastronomique et les deux champagnes se répondent comme en un duo a capella. Chaque saveur change l’énergie des champagnes. Les olives les titillent, le foie gras les cajole. Pour le Dom Ruinart l’accord le plus agréable est avec le gouda au piment rouge, alors que l’anchoïade correspond parfaitement à l’esprit du Selosse.

Le menu composé par ma femme est : dos de loup et écrasé de pommes de terre truffées, fleur des champs / côtelettes d’agneau aux herbes de Provence, petites pommes de terre rattes entières / Stilton / chaud froid de pamplemousses en suprêmes, confit de pomme à la clémentine corse de Stephan Charmasson (Arles), cake au pamplemousse.

Deux vins rouges sont servis sur le loup. Le Vosne-Romanée Les Chaumes Méo Camuzet 2002 a un nez superbe et une vivacité très bourguignonne. Il titille nos sens et dégage un réel plaisir. Le Clos de la Roche domaine Dujac 2002 a un nez moins expressif. Il est tout en rondeur alors que le Vosne-Romanée est en profondeur. Nous n’aurions que le Clos de la Roche, nous serions ravis car le vin est généreux et solide. Mais la sensibilité du vin de Méo-Camuzet emporte nos suffrages. L’accord des deux vins avec le plat aux saveurs très harmonieuses est parfait.

Pour les côtelettes, c’est au tour du Vega Sicilia Unico 2000. Il n’a pas l’explosion de saveurs du 2004 que nous avions bu récemment, mais il a tout ce que j’aime en ce vin espagnol, la générosité, les évocations de cassis et de garrigue, et le finale à la fraîcheur mentholée qui ravit l’âme. Avec le plat le vin est un drapeau de la cuisine bourgeoise telle qu’elle a été couronnée par l’Unesco.

Le stilton est superbe et le Château d’Yquem 1976 un peu moins ample que le 1989 bu hier est malgré tout d’un charme saisissant. C’est un Yquem plus calme et subtil.

Sur l’assiette du dessert il y a les suprêmes de pomelos dont certains nature et d’autres passés sur la plancha un temps infinitésimal. Il y a le confit de pomme et clémentine qui apporte au pomelo un supplément de gourmandise et il y a une tranche du cake au pamplemousse avec un glaçage à l’huile essentielle de pamplemousse. L’accord est divin et récompense le travail de plusieurs heures pour rendre ce cake parfait.

Nous sommes six à voter pour sept vins. Quatre ont été nommés premier, le Vosne-Romanée et l’Yquem chacun deux fois et le Substance et le Dom Ruinart chacun une fois.

Le vote du consensus serait : 1 – Vosne-Romanée Les Chaumes Méo Camuzet 2002, 2 – Champagne Substance Selosse dégorgé en 2007, 3 – Château d’Yquem 1976, 4 – Champagne Dom Ruinart 1973, 5 – Vega Sicilia Unico 2000.

Mon vote est 1 – Château d’Yquem 1976, 2 – Vosne-Romanée Les Chaumes Méo Camuzet 2002, 3 – Champagne Dom Ruinart 1973, 4 – Vega Sicilia Unico 2000.

Ce repas a conclu de bien belle façon le rendez-vous des amis du 15 août. Nous aurons eu trois repas majeurs, celui à la Vague d’Or avec le chef Arnaud Donckele au talent brillantissime, celui chez nos amis locaux et le dîner de ce soir, chaque fois avec des plats inspirés et des accords de la plus belle gastronomie. Ce fut l’occasion d’ouvrir de grands vins. Le prochain rendez-vous gastronomique avec ce petit groupe d’amis est normalement le 31 décembre, selon la tradition. Mais nous nous reverrons sûrement avant.

L’apéritif

le repas

avant / après

le cake

le dessert pour l’Yquem

apéritif

repas

Dîner chez des amis du sud mardi, 14 août 2018

Notre groupe de sept, les amis du 15 août, se retrouve chez nos amis locaux. Muriel, la maîtresse de maison, a réalisé un dîner d’une qualité exceptionnelle qui va mettre une pression certaine sur ma femme qui réalisera le dîner du lendemain.

Je viens avec un ami à 17 heures chez Muriel pour ouvrir tous les vins prévus. Les champagnes sont apportés par moi, le Haut-Brion est de nos amis parisiens et tous les autres de Philippe, maître des lieux. Tous les vins seront ouverts et les champagnes aussi. Pour donner du cœur à l’ouvrage à l’ouvreur de vins, Philippe ouvre un Champagne Laurent-Perrier rosé non millésimé à la couleur très intense, à l’attaque très agréable mais manquant un peu de longueur. Il y aura trois bordeaux rouges, un Mouton 1984, un Pape-Clément 1982 et un Haut-Brion 1975. Contre toute attente, le parfum le plus prometteur est celui du Mouton 1984, d’une petite année mais aux fragrances intenses et dynamiques. Le Haut-Brion a été ré étiqueté en 2008 et nous sommes étonnés de lire que cette opération a été faite à l’Oustau de Baumanière. Son bouchon étonnamment rétréci est venu presque tout seul, alors que le bouchon de l’Yquem, très serré m’a demandé beaucoup d’efforts.

L’apéritif commence à 20 heures et Muriel en a fait un festin : des noix de macadamia, une soubressade de porc noir de Majorque, des asperges vertes trempées dans une huile de truffe, du thon fumé à la façon d’un lomo, anchois et caviar d’Aquitaine à la façon d’Anne-Sophie Pic, une tapenade mêlant artichaut, olive et truffe, des charcuteries dont un Pata Negra, un saucisson et un lomo, des Saint-Jacques poêlées, et je ne suis pas sûr d’avoir tout noté. Nous commençons par un Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2005 à la couleur joliment dorée. Il est puissant, fort en alcool. C’est un guerrier qui envahit le palais. Très flexible et accueillant toutes les saveurs distinctes, il a une joie de vivre communicative. Son acidité est superbe, sa tension forte. Il est comme un rayon de soleil dont on se régale.

Il est suivi par le Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1998. La subtilité et la complexité de ce champagne sont extraordinaires. Des amis ont gardé du champagne précédent et disent que l’on passe de l’un à l’autre sans que le 1998 ne nuise au 2005. Le champagne Pol Roger est élégant, tout en délicatesse et affirmation avec des notes florales raffinées, mêlées à des petits fruits rouges aigrelets. La noblesse de ce champagne est extrême.

Nous passons à table sur la terrasse de la maison qui offre une vue féérique sur les îles de Porquerolles et Port-Cros ainsi que la presqu’île de Giens. Le menu composé par Muriel est : camerones rôties au four au beurre salé, accompagnées d’une bisque chaude / la plus grosse pâte du monde, Caccavella Calota napolitaine, farcie de civet de lotte / fromages divers dont un stilton et un Stichelton / déclinaison de mangues, en jus, en tranches de mangue poêlées et en Tatin de mangue.

Le Clos de la Coulée de Serrant Savennières Nicolas Joly 2012 avait à l’ouverture un nez glorieux. Il l’a encore et son énergie est extrême. Il est un peu fumé, offre des notes de réduction, et se comporte divinement sur les camerones. Prendre une cuiller de bisque et boire ce vin forme un accord orgasmique tant le vin et la bisque se confondent. C’est magique.

Sur le civet de lotte nous avons les trois bordeaux. Le Château Mouton Rothschild Pauillac 1984 est naturellement brillant, beaucoup plus musclé que son année le supposerait. Il a un grain de truffe et de charbon qui confirme sa puissance mais il sait être aussi élégant.

Le Château Pape Clément Graves 1982 est assez déroutant, car on sent par moment toute la gloire de son année, mais il redevient parfois plus hésitant et plus imprécis. Seul, on vanterait ses qualités, mais en comparaison, il n’exprime pas ce que son millésime devrait offrir. C’est évidemment un grand vin.

Le Château Haut-Brion Pessac-Léognan 1975 est lui aussi troublant car on ne trouve pas la gloire de Haut-Brion. Mais il a suffisamment de charme pour qu’on l’apprécie, avec suffisamment de structure et de charme. Les trois vins se sont bien comportés sur le délicieux civet de lotte.

Sur le stilton et le Stichelton le Château d’Yquem 1989 apparaît. Il est dans un état de grâce, d’une maturité agréable et d’un charme accompli. Son botrytis est affirmé et sa longueur est quasi infinie. Autant sur les trois rouges on pouvait chercher les petits détails qui ne vont pas, autant avec l’Yquem, la perfection ne se discute pas. L’Yquem a poursuivi son voyage avec un dessert à la mangue qui est l’un des meilleurs que j’aie mangés, tant les variations sur le thème de la mangue se sont trouvées ingénieuses et pertinentes.

Philippe a suggéré que nous votions pour nos quatre vins préférés. Nous sommes six à voter. Le Champagne Winston Churchill a obtenu quatre places de premier, la Coulée de Serrant et l’Yquem ont eu chacun un vote de premier.

Le vote du consensus est : 1 – Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1998, 2 – Coulée de Serrant Nicolas Joly 2012, 3 – Château d’Yquem 1989, 4 – Château Mouton Rothschild 1984, 5 – Château Haut-Brion 1975.

Mon vote est : 1 – Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill magnum 1998, 2 – Coulée de Serrant Nicolas Joly 2012, 3 – Château d’Yquem 1989, 4 – Champagne Taittinger Comtes de Champagne 2005.

Ce qui a fait de ce dîner un moment unique, c’est la qualité de la cuisine de Muriel. Par une belle soirée d’été, nous avons eu un dîner mémorable.