Au petit déjeuner, lecture des journaux qui racontent la Percée du samedi. Je suis abondamment cité. Les femmes ayant peu d’envie d’affronter les navettes et la foule nous partons visiter Château Chalon, pèlerinage obligé, et l’abbaye de Baume-les-Messieurs, où l’on se retrempe dans une atmosphère mystique qui ramène un millénaire en arrière. Nous déjeunons au restaurant Le Grand Jardin, étape sans prétention mais très sympathique où une tarte aux oignons et des raviolis de champignons au foie gras ont accompagné un Château Chalon de la Fruitière Vinicole de Voiteur 1997 qui nous a réchauffé le cœur. Bel accord sur un vin flexible et accueillant.
Dans une belle salle voûtée de l’hôtel, il est temps de faire une belote. Quand on a Dom Pérignon 1998 et des toasts au foie gras, on pousse mieux la carte. Nous avions commandé la veille deux poulardes de Bresse cuites en terrine lutée, suprême sur un gratin de pommes de terre au vin jaune, cuisse en salade comme un lendemain de pot au feu. Le jeune sommelier que je consulte m’oriente évidemment vers les vins jaunes. Mais la carte n’en a que de jeunes. Une intuition m’impose de commander un vin qui se révélera absolument fabuleux sur la poularde : Château d’Yquem 1989. Le vin est sublime, d’un caramel tendre, et la chair de la poularde chante avec lui. L’accord est magique sur la première chair, mais ne convient pas au deuxième service. Qu’importe. Le sommelier ayant douté de la pertinence de l’accord, je vais voir le chef en cuisine pour lui faire goûter le sauternes avec un peu de chair blanche. C’est une révélation pour le chef qui avait le même doute que le sommelier.
Je demande au chef pâtissier de poêler quelques tranches de pamplemousse rose pour l’Yquem. Mais ça ne marche pas, car cet Yquem est caramel et miel et n’est pas agrume. Tant pis.
Le lendemain matin, je me rends aux Caves Jean Bourdy pour acheter de très vieilles bouteilles. Je prends une des dernières Château Chalon de 1865 et de 1895 qui seront les vins vedettes de futurs dîners. Le séjour dans un Jura baigné de soleil est un souvenir de grand bonheur.
L’assassin revient toujours sur le lieu de ses crimes…..