Selon une agréable tradition, nous allons au début octobre à l’hôtel Casadelmar à Porto-Vecchio. Les paysages sont splendides, l’hôtel est luxueux. C’est une belle façon de retarder l’automne. Nous arrivons par avion avec un beau soleil venté qui sera remplacé plus tard par de petites pluies. Le déjeuner est frugal, sur la terrasse au niveau du restaurant, point de chute obligé car toutes les petites niches, qui ne sont pas fiscales, où l’on peut déjeuner au contact de la mer sont fermées depuis le 1er octobre cette année, contrairement à la tradition. Dommage.
A l’heure de l’apéritif, je fais ouvrir un Champagne Krug Grande Cuvée, car c’est souvent Krug qui lance notre week-end gastronomique. Je vais saluer Davide Bissetto, le chef deux étoiles, tout souriant, qui va nous composer un impromptu hors carte. Ce sera : Citrus : granité concombre, gelée de pamplemousse, fraise, tourteau mariné, eau de tomate corse/ Gnocchetti : gnocchetti aux herbes sur nage d’oursin, gambas de San Remo / Chevreuil : chevreuil poêlé au poivre blanc, crème de pomme de terre fumée.
Le champagne est très vert et il faut que je recalibre mon palais pour accepter ce jeune fou. Mais il est Krug, aussi sa complexité, son ampleur compensent sa jeunesse. Force est de dire que malgré les efforts de la maison Krug de les faire mûrir, un tel champagne supporterait cinq ans de plus avant qu’on ne le consomme.
La vitesse à laquelle le niveau a baissé montre que nous n’avons pas été indifférents à ce champagne. Le repas a été agréable, procédant d’une aimable attention, mais c’est sur les repas à venir que nous voulons profiter du talent de ce grand chef.