Je suis invité à une présentation des vins de Henri Maire. Les plus anciens se souviennent qu’il fut l’inventeur de la vente directe des vins aux particuliers. La publicité pour son Vin Fou, un pétillant du Jura, inonda les ondes, les écrans de cinéma et toutes les routes de France, chaque village ayant le décompte du nombre d’habitants qui lisent Paris match et le rappel de Henri Maire à boire son Vin Fou. Sa fille nous présente ses vins. Un Arbois Chardonnay 2003 est un bien agréable blanc bien fait. Le rouge est un peu moins appréciable pour moi, mais je me délecte d’une cuvée rare, un Arbois rouge vigne « Pasteur » 1990 qui n’est jamais vendu dans le public car, provenant du Clos Rosières de la famille Pasteur, il est gracieusement vinifié par Henri Maire et offert à des scientifiques. Ce vin titillerait volontiers le cerveau pour qu’on invente de nouveaux vaccins. Fait de cinq cépages, il a une personnalité rare, car de saveur jamais bue. Le Château Chalon Henri Maire 1986 est un très joli vin jaune qui raconte des histoires quand on croque avec lui un beau Comté. Et sur les délicieux desserts de l’hôtel Bristol, un vin de paille la Vignière 2000 bien jeune encore offre des promesses de bonheur lorsqu’il aura pris de l’âge. La publicité insistante de Henri Maire il y a plus de quarante ans avait associé son nom à l’idée de vins de quantité, donc sans qualité. L’intérêt de cette séance conduite par l’héritière de Henri Maire, outre d’avoir réveillé des souvenirs d’enfance, est d’avoir montré que ses vins savent aussi trouver la qualité.