La société Vins du Monde est l’agent en France de nombreux vins prestigieux dont les vins du groupe espagnol Vega Sicilia. Chaque année cette société organise une dégustation des nouveaux millésimes des vins de ce groupe. Ceux que nous boirons seront disponibles à la vente en 2022. Nous avons la chance que le propriétaire du groupe Vega Sicilia, Pablo Alvarez, dont la famille a acheté ce domaine prestigieux en 1982, anime la dégustation. Il est accompagné du nouveau directeur général du domaine, Antonio Menendez, dont j’avais fait la connaissance lors d’un dîner cosmopolite au restaurant Pages. Il y a dans la salle beaucoup de sommeliers de restaurants prestigieux et des journalistes.
Nous commençons la dégustation par un Oremus Dry Mandolas Hongrie 2019 qui est le vin blanc sec de la propriété de Tokaji que le groupe Vega Sicilia a acheté en 1993. Le vin a une belle robe d’un or clair. Le nez est très jeune. En bouche l’attaque est douce et le finale est rêche et plus acide. Ce vin jeune est un peu dur et devrait attendre quelques années avant d’être bu. Le finale est très poivré. Le vin fluide mêle un peu de gras avec des accents de bonbon acidulé. Ce vin 100% furmint ressemble à des vins secs autrichiens. On peut imaginer de le boire sur un poisson dont la sauce est crémée.
Le Pintia Toro Tempos Vega Sicilia 2017 est de l’appellation Toro et grandit sur des sols en galets comme à Châteauneuf-du-Pape. Il est d’un millésime particulièrement chaud et titre 15° ce qui se sent. La couleur est presque violette, le nez très riche est doux. L’attaque est rêche et m’évoque l’artichaut. Le finale a une douceur mentholée qui me plait, aidée par le fort alcool. C’est un vin solide, massif et doux, charmeur, surtout dans le finale. C’est un vin à boire jeune, sur une pièce de bœuf.
Le Macan Clasico 2018 est servi en même temps que le Macan 2017. Il est de la région de Rioja. Il a une couleur plus claire que le 2017. Le nez un peu abrupt devient plus doux au bout de quelques minutes. La bouche est suave, superbe, accueillante. Il a un beau finale, très agréable même si le vin est un peu rêche. On sent du chocolat dans le finale.
Le Macan 2017 de la région de Rioja Alta, a un nez noble et fin. L’attaque est fluide et claire. Le vin est très bien construit. Son finale est moins brillant que celui du 2018. Le chocolat dans le finale est fort. Je préfère le Clasico 2018 car le finale du 2017 est un peu trop dur à mon goût.
Le Alion Ribeira del Duero 2018 a une couleur très noire. Le nez est superbe et puissant. Le vin titre 15°. L’attaque est toute en velours, douce et fraîche. On sent la puissance. Le finale est gourmand, légèrement chocolaté avec des notes de cassis, très beau. C’est un vin confortable, agréable et puissant mais très civilisé et fort.
Le Valbuena 5° Tempos Vega Sicilia 2017 a une couleur plus tuilée que l’Alion. Le nez est superbe, très pur. L’attaque est très fluide, montrant une élégance évidente. Le finale un peu épais n’a pas la fraîcheur de l’attaque. C’est un vin très agréable.
Le Vega Sicilia Unico 2012 a un nez superbe et une attaque d’une fraîcheur incroyable. Le finale est un peu rêche, signe de jeunesse. Entre Valbuena et Unico, je préfère l’attaque de l’Unico et le finale du Valbuena. De mémoire je pense que c’est la première fois que la qualité du Valbuena se rapproche autant de la grandeur de l’Unico. Comme les dates l’indiquent, le Valbuena est disponible sur le marché quand il a cinq ans et l’Unico quand il a dix ans.
Le Oremus Tokaji Aszu 5 Puttonyos 2014 a une jolie couleur d’or légèrement ambré. Le nez est énigmatique, hésitant entre le sec et le doux. J’aime ce parfum complexe. L’attaque est superbe de jeunesse et de fraîcheur. Comme il est jeune le sucre n’est pas encore intégré. Le finale est très long. Le vin est charmeur et magnifique dans cette folle jeunesse. Il est superbe et gourmand, de grande pureté. Il est sec et doux, bonbon anglais et sel. J’adore sa palette très large.
Pablo Alvarez nous a parlé de l’approche qu’il a pour faire ces différents vins, qui consiste à chercher des améliorations jusque dans les plus infimes détails. Tout est en question pour aller plus loin dans la précision. A l’entendre je ressens les mêmes recherches que celles d’Aubert de Villaine pour les vins de la Romanée Conti. Si je fais appel à ma mémoire je dirais que l’Oremus sec est moins charmant et joyeux que de précédents millésimes, que le Tokaji Oremus 2014 est brillantissime à cet âge précis. Le Valbuena est de plus en plus proche de la qualité de l’Unico. Et le superbe Unico m’a moins impressionné à cet âge que certains autres millésimes bus au même moment de vieillissement.
Pour rien au monde je ne raterais cette dégustation, surtout quand elle est conduite par Pablo Alvarez qui dirige son groupe avec talent.