Pour l’anniversaire de mon fils mes trois enfants et quatre petits-enfants dîneront à la maison. J’ai envie d’ouvrir des bouteilles dont certaines seront peu conventionnelles. Vers 17 heures j’ouvre trois vins. Dans deux cas, un resserrement du goulot en haut de la bouteille entraîne que les bouchons se déchirent en mille morceaux en se levant. Deux vins me semblent en très mauvaise condition car les odeurs sont inamicales. Je repère des bouteilles que j’ouvrirai en cas de besoin.
L’apéritif consiste en des petits crackers tartinés d’houmous, de la rillette de sardine, un fromage au pesto et un fromage aux orties. Le Champagne Krug Private Cuvée doit dater des années 60 ou du début des années 70. Le bouchon se brise à la torsion et je récupère la base du bouchon avec un tirebouchon. Le pschitt est quasiment inexistant mais une fine bulle est visible dans les verres. Le champagne est magnifique, profond, riche et ce qui frappe c’est un fruit doré imposant. Ce champagne gourmand et vif est un champagne de plaisir.
J’avais ouvert sans trop d’illusion un Meursault C. Charton Fils 1942 au niveau assez bas. Les odeurs faisaient penser à une serpillère au moment de l’ouverture. Lorsqu’il est servi, toutes les mauvaises odeurs ont disparu. Mais le vin est plat, fade, et ne porte aucune émotion. Il est inutile d’insister.
J’ouvre un Chablis Grand Cru Les Clos Robert Vocoret & Fils 1971. Le niveau est beau, la couleur est claire, le nez est expressif. Le vin est superbe. C’est la forme la plus aboutie d’un Chablis Grand Cru. On se régale avec ce vin qui est généreux. Le cœur de filet de saumon le rend encore plus vibrant.
L’Aloxe-Corton Joseph Drouhin 1969 avait un nez absolument superbe à l’ouverture. Il l’a encore et se montre brillant. J’adore quand des vins Villages vibrent comme des grands vins. Il a une grâce bourguignonne extrême avec une jolie râpe et des accents délicats.
Le Chambertin Charles Viénot 1934 est un vin que j’avais acheté il y a une vingtaine d’années lors d’une vente aux enchères de vins du restaurant Maxim’s. Le niveau est très acceptable pour cet âge. A l’ouverture le parfum souffrait de beaucoup de vilaines odeurs, au point que j’avais peur que le vin ne puisse être bu à table. Au moment de servir je suis rassuré, car les mauvaises odeurs ont disparu. Il reste une légère torréfaction qui va s’estomper progressivement. Ma femme a préparé des poulets au four avec un gratin de pommes de terre qui sont idéaux pour mettre en valeur les vins. Le chambertin s’améliore et devient ce que j’espérais, un riche vin généreux, puissant et subtil. C’est un beau témoignage même si le vin a un peu souffert.
Les deux vins rouges ont brillé sur des fromages divers, dont un chèvre qui a effacé toute trace imprécise du 1934.
Le classement final serait : 1 – Krug, 2 – Chablis 1971, 3 – Chambertin 1934, 4 – Aloxe-Corton 1969. Ce fut un beau dîner de famille.