Je pars en éclaireur au Gavroche, restaurant londonien tenu par Michel Roux, formé par de grands chefs que j’admire. L’une des grandes tables de Londres.
Je viens apporter les bouteilles d’un dîner qui aura lieu dans un mois, et nous discutons des accords possibles sur ces vins. Cette cuisine est intéressante, car il y a le « French touch » agréable, un respect évident des mets de qualité, et un talent, personnel bien sûr, mais évoquant Pignol ou Vigato. Sachant le dîner qui m’attendait, j’ai boycotté la carte des vins qui a des prix totalement surréalistes. Pour Pétrus 1945, on frôle les 25.000 euros. Mais même le Margaux 55 que j’allais servir ce soir était à 1.500 euros. Respect, comme on dit de nos jours. Le sommelier François, calme et compétent m’a proposé des vins de sommelier particulièrement justes : un verre de Domaine Gavoty, Cuvée Clarendon 2001 en blanc. Le Côtes de Provence qui fait chanter les grillons dans la tête, fruité, généreux, et fort astucieusement sans trop de prétention. En rouge, un Coteaux d’Aix Château Vignelaure 1998 qui ensoleille l’humeur, l’astuce de ce vin de chaleur et d’alcool étant de ne pas en faire trop. Un pigeon comme je les aime, une ambiance joyeuse et un accueil charmant. Tout annonce un bon dîner à venir.
Juste avant de passer à table pour honorer Beychevelle, un appel téléphonique sur le portable. « Je ne vous dérange pas ? ». Je dis non, plus par politesse que par souci de vérité. Une entreprise qui a déjà organisé des dîners de wine-dinners. « Notre grand patron américain est à Paris. Il voudrait participer à un dîner de wine-dinners, à condition que ce soit demain ». Demain était consacré à Londres. Il était impossible que je puisse faire un dîner ce jour là.
J’ai dit oui.