L’abbaye du Thoronet est un monument splendide, merveille de l’art cistercien, qui confirme s’il en était besoin que la France a des racines chrétiennes. Nous avons fait sa visite avant de nous rendre au restaurant Bruno à Lorgues. Le chemin d’arrivée est joliment décoré, à l’italienne. Un voiturier prend soin de notre voiture. Dans le jardin des œuvres d’art sont nombreuses et colorées.
La menace de pluie fait que nous prenons place à l’intérieur du restaurant, au lieu du jardin, ce qui impose un respect plus strict du port des masques. Tout le personnel, nombreux est doté de masques ce qui n’exclut pas une franche bonne humeur, contrairement à ce qu’offrait la brigade de Mirazur.
Nous avons le choix entre plusieurs menus et nous nous mettons d’accord pour prendre le menu à la truffe blanche sauvage d’Alba. Il est ainsi rédigé : apéritif de bienvenue et amuse-bouche / filet de veau à la piémontaise aux truffes Tuber Magnatum Pico / nos pâtes aux truffes Tuber Magnatum Pico / homard bleu de Bretagne tout simplement rôti accompagné de sa bisque légère et râpée de truffe Tuber Magnatum Pico / prédessert / les douceurs récréatives.
Je commande deux vins pour ce déjeuner à quatre. Le Champagne Dom Pérignon 2008 arrive un peu froid et s’épanouira dès qu’il atteint sa température d’excellence. Il est vif et racé. L’amuse-bouche est d’une crème au fenouil, un peu trop marquée par de la vanille. L’accord se trouve plutôt avec un toast huilé et à la truffe d’été. Le champagne noble trouvera son envol avec le filet de veau traité en tartare dont l’œuf mollet est idéal.
Le vin du repas est le Châteauneuf-du-Pape Château de Beaucastel Roussane Vieilles Vignes 2015. Le très compétent sommelier nous avait exposé les différences entre le 2015 et le 2016 présents sur la liste des vins. Nous avons pris le 2015 pour que sa puissance se confronte aux plats. Le vin est riche et large et avec le temps devient gras, ce qui lui va bien. Il a des notes fumées que donnent les vieilles roussanes, et la largeur de sa palette aromatique le rend très gastronomique. Il est opulent et pertinent.
Notre intérêt est captivé par la cuisine de Benjamin, fils de Clément Bruno. La crème au fenouil est parfaitement dosée même si la trace vanillée est un peu forte, le toast à la truffe d’été est gourmand à souhait, on trempe l’excellent pain dans l’huile d’olive divine, voilà pour l’arrivée. Le filet de veau est frais et léger, formant un plat équilibré qui se marie au champagne. Les pâtes sont gourmandes à souhait et on a l’impression de manger goulûment dans la ville d’Alba. Le homard est cuit à la perfection. Sa coquille est enlevée sur table par un maître d’hôtel et le plat est divin. Les desserts sont gourmands et parfaits. Ce repas est un sans-faute. Comme nous l’avait expliqué Clément Bruno il y a longtemps, on fait chez lui la cuisine des mères. Ce n’est pas une cuisine qui cherche à épater, c’est une cuisine qui cherche à faire plaisir. Tout ce que nous avons mangé est bon et juste. C’est un champion de la cuisine gourmande bien faite.
Le service est absolument parfait, bien organisé, efficace et joyeux. On ne peut que recommander une table aussi accueillante et professionnelle, et il est sûr que nous y reviendrons. Les deux vins de haut niveau ont eux aussi parfaitement joué le jeu pour faire de ce repas un déjeuner mémorable.
dans le jardin
le chef vient nous saluer avec un panier de truffes d’été