Grande réunion de l’Union des Grands Crus de Bordeaux qui présentait les vins du millésime 2000, sauf Carbonnieux, qui, ayant sans doute mal lu son plan de vol, faisait goûter son rouge 1995, largement plus ouvert, donc non comparable. Quand on goûte des 2000, qui ont tellement de puissance et de tannins, très rapidement on atteint le seuil de saturation, et il n’est plus possible de juger, sauf au nez. C’est donc au feeling qu’on se plait à faire des différences qui ne résisteraient sans doute pas à un examen plus approfondi. On place évidemment en tête des chouchous : La Conseillante, Haut-Bailly. On découvre de très bons vins : Phélan Ségur qui comme en 1999 est très bien réussi, Maucaillou qui est largement plus agréable maintenant que des vins plus charnus. Des convives alentour cèdent au charme des vins tout en puissance : Clinet, Pichon Longueville, Léoville Barton, Smith Haut Lafitte. Et, au fil des présentations, on se plait avec La Lagune, Pape Clément, Beychevelle, Talbot et tant d’autres merveilles qui vont éclore.
A table, nous sommes placés à la table de Pape Clément et La Tour Carnet. Le Pape Clément blanc 1999, dès qu’il a pris un peu de chaleur, a un gras fort agréable. Peut-être un peu trop généreux. Quelques années vont le domestiquer. Sans doute un peu monolithique pour un Bordeaux blanc. Le Pape Clément 1996 rouge a une belle attaque, puis s’éteint tout de suite. Etait-ce la bouteille ? Le représentant du groupe de M. Magrez le trouvait normal. Une bouteille de La Conseillante 1996, fruit d’une rapine obscure n’a pas montré tout le génie de ce vin, et c’est en fait, des trois rouges de la table, le La Tour Carnet 1998 qui est apparu comme le plus adapté à ce moment là. En fin de repas, un aimable Nairac 1999 a rappelé le charme du Sauternes. Belle soirée à l’Automobile Club où la fine fleur des producteurs de Bordeaux nous faisait le plaisir d’être personnellement présente. Profusion de 2000 année exceptionnelle qui promet des merveilles mais qui, à cet âge, donne des différenciations qui vont forcément évoluer jusqu’au moment où les vins seront épanouis.