Rhône Vignobles – acte 2 – dîner chez Yves Cuilleronmardi, 4 février 2014

« Rhône Vignobles » réunit ses quinze membres chez Yves Cuilleron. Nous venons de terminer la dégustation des vins anciens et toute le monde est encore sous le charme de bouteilles superbes, dont les beaujolais qui, comme il y a deux ans, ont brillé.

Georges découpe de fines tranches d’un magnifique jambon espagnol avec une dextérité invraisemblable. Pour nous « rincer la bouche » Yves Cuilleron nous sert un Condrieu domaine Cuilleron 2012 très rafraîchissant. Et pendant ce temps, j’ouvre les bouteilles du dîner.

Lorsque j’ai fini, nous passons aux champagnes. Le premier est un Champagne Pommery Cuvée Louise 1981 agréable et qui est mis en valeur par le jambon d’un beau gras.

Vient maintenant la bouteille la plus prestigieuse de mes apports, le Champagne Heidsieck Monopole magnum 1961*. Le bouchon se casse et je suis obligé de le sortir au tirebouchon. La bulle est faible mais le pétillant est présent. Ce champagne me ravit. Sa couleur est très jeune, d’un jaune presque vert. En bouche il est opulent, riche, d’une acidité citronnée parfaite. Quel bonheur ! Sur le jambon, c’est un régal.

Georges sert deux bouteilles de Château Simone blanc 1990 et des amis se moquent gentiment de lui en disant que l’on peut comparer deux versions de ce vin, avec ou sans shaker, tant il a remué le vin dans une carafe. Ce blanc de grande sérénité est au sommet de son art. Il en impose.

Le Pavillon Blanc de Château Margaux 1979* n’a pas le succès que j’espérais, alors qu’il est ce qu’il devrait être, sans doute parce que ce vin est trop loin des vins riches et fruités des belles régions des vignerons.

Nous passons à table. Les truffes ont été généreusement fournies par Hubert Valayer du domaine de Deurre, qui fait commerce de ce précieux fruit de la terre et la cuisine est faite par François Villard, du domaine éponyme, qui a un passé de restaurateur. Le menu est composé d’un bouillon de pot au feu au foie gras et à la truffe, d’une omelette aux truffes, d’un gigantesque pot au feu aux différents morceaux de bœuf et d’une tarte aux pommes.

Le Saint-Joseph domaine Cuilleron 1996 arrive à point nommé car il a un goût de truffe assez spectaculaire.

La Côte Rôtie François Villard magnum 1995 est de son premier millésime. C’est un vin très gourmand, chaleureux, qui s’associe très bien avec le bouillon.

Pour l’omelette, je reviens vers l’Hermitage La Tour Blanche Jaboulet Vercherre 1976. Il est toujours remarquable. Le Saint-Joseph domaine Cuilleron 1983 a été fait par l’oncle d’Yves. Il est un peu fatigué mais chaleureux. Il n’est pas d’une précision suffisante.

Le Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1962 est bouchonné.

Le Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1957 même imparfait se boit correctement. Il manque d’énergie.

Le Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 1990 est le premier millésime de Laurent Combier. Il est superbe. Il est très agréable à boire.

Le Chambolle-Musigny Denis Mortet 1992 a un joli nez. En bouche il n’est pas mal mais il manque de dynamisme et son final est un peu rêche.

Mes notes deviennent de plus en plus succinctes, car le temps fait son travail de sape.

La Côte Rôtie Delas 1982 est un très bon vin.

L’Hermitage rouge Chave 1996 est droit, direct, bon. Il y a une petite acidité qui ne remet pas en cause l’équilibre. Le vin est de grand charme.

Le Château Gruaud Larose 1978 a une belle puissance et beaucoup de structure. C’est un bon vin.

La Côte Rôtie Les Grandes Places Jean-Michel Gerin 1988 a une petite présence viandeuse, mais qui disparaît. C’est le premier millésime de Jean-Michel. Il a un joli fruit mais je trouve que le vin est encore fermé et s’exprimera mieux dans dix ans.

Le Santenay Hautes Cornières de M. Chapelle
1966 est agréable mais mon palais sature. Il a encore un joli fruit.

Le Château Rayas Chateauneuf-du-Pape rouge 1998 a un nez agréable et précis. Il est magnifique et a beaucoup plus de rythme que les vins précédents. Son fruit rouge est beau. C’est un grand vin. Son final est très affirmé.

Le Château Chalon Jean Bourdy 1934* est gigantesque. Tout le monde apprécie ce magnifique Château Chalon d’une grande pureté et d’une force indestructible.

Le Château Gilette crème de tête 1961* est absolument parfait et gourmand. Mais il a un rival.

Le Château Gilette crème de tête 1953 est plus clair, plus safrané. Il est plus léger mais plus subtil. Il sera généralement préféré au 1961. J’aime les deux, le 1961 pour sa force et son gras et le 1953 pour sa subtilité.

Le Château Rieussec 1970 est bouchonné.

Le Condrieu Les Eguets Récoltes Tardives Cuilleron 1993 n’a pas un nez très précis. Il est frais à boire, mais la fin de bouche est un peu amère. C’est difficile pour lui de passer après les deux Gilette.

Le Klein Constantia 1987 est une bonne surprise pour moi car je ne l’attendais pas à ce niveau. Georges qui l’a apporté considère qu’il n’est pas ce qu’il devrait être et ne l’accepte pas comme je l’ai accepté.

Le Marsala 1840, toujours de Georges d’une générosité extrême, a un nez marqué par l’amertume. Il a une très belle acidité. En bouche je ressens l’artichaut et l’œuf, la quinine. Il y a beaucoup de plantes dans ce vin assez amer, bien loin du Marsala 1856 splendide que j’avais ouvert à El Celler de Can Rocca.

Alain Graillot nous ouvre un Rhum 1945 qui affiche 40° mais en fait plus. Il est très pur mais trop strict, manquant de rondeur et de gras.

C’est à ce moment-là que je me rends compte que l’on n’a pas bu le Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1999* que je voulais offrir à notre groupe. J’avais ouvert ce vin et Georges l’avait carafé. La carafe est là sur la table et il n’est pas question de la boire après un rhum. Georges n’est pas capable de m’expliquer pourquoi il n’est pas bu. Je montre mon agacement et Georges remet le vin carafé dans sa bouteille pour qu’on puisse l’apporter au déjeuner du lendemain. Il verse et nous constatons qu’il manque la moitié de la bouteille. Ce qui veut dire que la moitié de la table en a eu et l’autre non. Pour vérifier si le vin avait un défaut, je me verse un verre. Même après les vins sucrés que je viens de boire, je comprends que le vin est grand. Quel dommage. Je l’emporte avec d’autres vins que nous boirons demain.

Les conversations continuent et nous sommes tous d’accord sur le fait que la qualité des vins anciens s’est beaucoup mieux révélée que celle des vins jeunes du dîner. S’il y avait eu un match, mais nous n’en voulions pas, les vins anciens auraient été déclarés vainqueurs.

Nous félicitons François Villard pour la qualité de sa cuisine, nous remercions Yves Cuilleron pour la chaleur de son accueil. Nous nous rendons en taxi à l’hôtel le Domaine des Vignes à Ampuis tenu par Pascal Clusel qui est à la fois hôtelier et vigneron. Il arbore un large sourire, et son hôtel est d’un agréable et suffisant confort.

Nous venons de passer une journée mémorable avec de grands vins et d’autres que nous oublierons. Le point le plus important de cette journée est la générosité et l’amitié de tous les membres de l’association, dont la nouvelle génération se souviendra car nombreux étaient ceux qui seront les vignerons du milieu de 21ème siècle. Longue vie à « Rhône Vignobles ».

DSC07772

pour l’apéritif, Georges dos Santos découpe le jambon avec une dextérité impressionnante

IMG_4628

Condrieu La Petite Côte domaine Yves Cuilleron 2012

DSC07811

Champagne Pommery Cuvée Louise 1981

DSC07799

Champagne Heidsieck Monopole magnum 1961*

DSC07470 DSC07469 DSC07468

Château Simone blanc 1990

DSC07846 DSC07787

un autre Vouvray sec Clovis Lefèvre 1961

DSC07794

le riesling allemand que j’avais apporté ne m’a pas été servi. Je n’ai pu le commenter

DSC07480 DSC07481

Condrieu François Villard Le Grand Vallon 2012

DSC07804

Pavillon Blanc de Château Margaux 1979*

DSC07844

Condrieu La Loye Jean-Michel Gerin 2012

DSC07776 DSC07777

Puligny Montrachet Etienne Sauzet 1992 (non bu par FA)

DSC07808

Saint-Joseph domaine Cuilleron 1996

DSC07809

Cahors Le Cèdre 1998 (non bu par FA)

DSC07817

Côte Rôtie François Villard magnum 1995

Hermitage Chave blanc 1995

DSC07838

Deux Cairanne domaine Delubac 1976 (non bus par FA)

DSC07803 DSC07834

Chateau La Tour du Pin Figeac 1995 (non bu par FA)

DSC07822

Saint-Joseph domaine Cuilleron 1983

DSC07818

Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1962

DSC07823

Chateauneuf-du-Pape du Haut des Terres Blanches 1957

DSC07782

Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 1990

DSC07763

Crozes-Hermitage Clos des Grives domaine Combier 2005

DSC07775

Chambolle-Musigny Denis Mortet 1992

DSC07766 DSC07765

Côte Rôtie Seigneur de Maugiron Delas 1982

DSC07840

Hermitage rouge Chave 1996

DSC07830

Château Gruaud Larose 1978

DSC07813

Chateau Branaire 1998

DSC07820

Côte Rôtie Les Grandes Places Jean-Michel Gerin 1988

DSC07783

Santenay Hautes Cornières de M. Chapelle 1966

DSC07781

Château Rayas Chateauneuf-du-Pape rouge 1998

DSC07841

vin illisible et inconnu (non bu FA)

DSC07814

Chateauneuf-du-Pape Prestige domaine de la Janasse 2004 (non bu FA)

DSC07774

Château Chalon Jean Bourdy 1934*

DSC07478

vin non bu : Chateau Tahbilk Marsanne 1993 (probablement liquoreux ?)

DSC07824

Château Gilette crème de tête 1961*

DSC07479

Château Gilette crème de tête 1953

DSC07790

Château Rieussec 1970

DSC07806

Condrieu Les Eguets Crème de Tête Vendange Tardive Cuilleron 1993

DSC07784

Klein Constantia 1987

DSC07801

Marsala 1840

DSC07768 DSC07802

Rhum 1945

DSC07773

Beaune Grèves Vignes de l’Enfant Jésus Bouchard Père & Fils 1999*

DSC07789

quelques photos des plats

DSC07761 DSC07762 DSC07767