Après une semaine de sagesse et de remise en forme, nous recevons une jeune amie de notre fille qui est de passage entre deux destinations. J’ouvre un Champagne Ruinart brut dont je pense qu’il est ancien, mais sans en savoir plus. La bulle est bien active, la couleur est d’un jaune prononcé. Ce qui frappe immédiatement, c’est que le champagne est d’un confort total. Il a capté toutes les caractéristiques positives d’un champagne ancien. Il est doux, cohérent, structuré et je ressens de la pâte de fruit de fruits roses et rouges. A cela s’ajoute le romantisme d’un champagne floral. Ce champagne est tellement bon qu’il transcende la notion de brut sans année. J’imaginerais volontiers qu’il a plus de quinze ans, mais quand j’ouvre à la suite le Champagne Henriot Cuvée des Enchanteleurs 1996 le doute n’est pas permis : le Ruinart a plus de 25 ans, ce qui explique le charme de sa rondeur.
L’Henriot a du mal à se placer après le Ruinart et l’on regrette que les deux soient apparus dans cet ordre. Lorsque le palais s’est acclimaté, on perçoit que l’Henriot a une force vineuse beaucoup plus nette et une structure plus ample. Mais il faut bien constater que le Ruinart, avec le supplément d’âme qu’apporte sa longévité, a créé une émotion subtile beaucoup plus forte que l’Enchanteleur que pourtant je chéris. C’est une fois de plus la démonstration de l’incroyable apport de l’âge sur les performances des champagnes.