Nous avons envie d’essayer des Chateauneuf-du-Pape offerts par mon gendre. Deux jours après, il reste un fond du Champagne Charles Heidsieck mis en cave en 1997 et dégorgé en 2000. C’est l’occasion de couper des tranches de poutargue. A notre bonne surprise, le champagne a encore une bulle active et confirme son impression de charme et de raffinement. Le champagne est assez doucereux, fruité, avec une petite amertume délicate en fin de bouche.
Il reste aussi un fond de Côte-Rôtie La Mouline Guigal 1996 qui a maintenant trois jours et a affronté des journées d’une lourde chaleur. Une idée folle me vient : que dirait La Mouline sur la poutargue ? Sur le papier et dans nos têtes, c’est pure folie. Le vin ayant gardé l’essentiel de sa vigueur et le temps n’ayant que peu altéré sa spontanéité, on peut remarquer que le caractère salé et iodé de la poutargue sur un support moelleux excite le fruité opulent du vin sans en rien gauchir le goût. Cela signifie que contre toute attente, la salinité de la poutargue accompagne bien le vin. C’est un accord improbable qu’il fallait tester.
Yvan Roux nous a tranché des pavés de mérous sur une sauce de cuisson et des aulx très doux. Une purée de pomme de terre quasiment sans crème et frottée d’ail confit accompagne le poisson.
Le Chateauneuf-du-Pape blanc Bérard P&F 1955 a une robe d’un or très soutenu. Le premier contact est d’un nez de bouchon léger, qui altère le goût mais sans le rendre imbuvable. La deuxième gorgée est horrible, tant au nez qu’en bouche.
Le Chateauneuf-du-Pape rouge Bérard P&F 1959, par opposition, nous ravit totalement. Le nez est agréable et charmeur. La bouche est chatoyante, opulente car il fait très chaud, et le final est très court. Mais ce vin limité est plaisant à boire et il se marie de façon excitante avec la chair du poisson. Mais c’est surtout sur la purée « sèche » que l’accord est soyeux. Ce vin ne laissera pas une trace indélébile dans nos mémoires mais le moment fut agréable.
C’est amusant de constater que l’impression en relief de la capsule se retrouve presque parfaitement sur le haut du bouchon
Chateauneuf-du-Pape blanc Bérard P&F 1955
Chateauneuf-du-Pape rouge Bérard P&F 1959