Achat, chat en poche !
Je reçois environ 10 / 15 offres par semaine de vins à vendre.
Généralement, je réponds : « la valeur gustative de vos vins étant supérieure à la valeur financière, je vous conseille de les boire ».
Un jour, quelqu’un me propose des Frédéric Lung, Royal Kébir, vin d’Algérie.
Là, stop, on cause.
Le vendeur me dit qu’il a une caisse en bois de Lung, et que ce doit être des années 50, et qu’il doit y avoir 4 rouges, 4 blancs et 4 rosés.
Je formule un prix en disant : sous réserve de les voir.
Nous avons rendez-vous à Hyères, sur le port, et je découvre cette caisse. Monsieur est venu avec madame, et ce couple de retraités est évidemment inquiet de savoir si la transaction se fera.
Je demande si on peut ouvrir et le monsieur me dit : « vous n’y pensez pas. D’ailleurs, pour un collectionneur, c’est la caisse entière d’origine qui a de la valeur ». Quand je lui dis : « mais c’est pour les boire », le monsieur se dit que je dois être un fada.
Nous récapitulons ce qu’il me vend, chat en poche donc : quatre bouteilles de chacune des couleurs, années 50.
Je reviens juste d’avoir ouvert la caisse :
– quatre rosés sans année, bruns comme des figues sèches, d’excellent niveau
– huit rouges 1945 dont une seule est haute épaule, les autres dans le goulot.
Bingo !
J’ai déjà bu Frédéric Lung 1945. C’est un vin de légende.
Dans le club dont je faisais partie, où les dégustations se faisaient à l’aveugle, les Lung damaient le pion aux bourgognes des années trente et quarante.
Bonne pioche.
Je suis ravi.
Le monsieur doit l’être aussi, car il doit considérer comme fada une personne qui paie aussi cher une caisse de vins sans doute définitivement morts.
Je suis estomaqué des niveaux de ces vins.