En ce dimanche, ma fille aînée vient déjeuner avec sa fille aînée. Nous prenons l’apéritif avec un Champagne Laurent Perrier Grand Siècle qui doit être des années 80. Le bouchon me résiste et la lunule du bas du bouchon ne tourne pas en même temps que le bouchon. Elle se cisaille et je suis obligé de l’extraire au tirebouchon. Le pschitt est inexistant mais dans les verres la bulle est fine et présente. La couleur est d’un or pâle. Le champagne est éblouissant. Il est d’une perfection facile. C’est Cary Grant, le séduisant séducteur qui ne fait rien pour séduire. Le champagne a une belle puissance, toute en rondeur, un beau fruit doré et une longueur en bouche joyeuse. C’est un champagne de plaisir raffiné.
Ma fille avait commandé un veau Orloff au four servi avec du riz très simple. J’ai ouvert un Pétrus 1977 au niveau à la base du goulot. Lorsque j’étais jeune, je n’avais pas beaucoup de moyens, mais je voulais m’intéresser aux grands vins. J’ai donc acheté des grands vins dans les petites années et je possède ce Pétrus 1977 depuis quarante ans environ. Oserai-je dire qu’il s’agit d’un Pétrus parfait ? Il n’a pas la puissance (quoique…) mais il a la subtilité et la grâce qui en font un vin d’un infini plaisir. Je suis tellement heureux quand les petites années brillent ainsi, car elles montrent que les grands vignerons font grand, même lorsque le climat ne les aide pas.
L’accord avec le veau est d’une rare grâce mais nous avons succombé au péché d’un moelleux au chocolat tout en douceur qui donne au Pétrus un parfum incroyable.
Il est des jours comme celui-ci où tout marche à la perfection.