A partir d’aujourd’hui, je suis officiellement inutile.
Pierre Tchernia et Michel Drücker peuvent présenter des émissions à la télévision.
Christian Poncelet peut briguer une nouvelle présidence du Sénat.
Danielle Darrieux, Line Renaud, Charles Aznavour peuvent jouer ou chanter.
Philippe Bouvard peut faire son cent millième papier où il ne parle que de lui.
Mais dans l’entreprise, fini, tout est fini à 65 ans.
L’Etat, qui veut se mêler de tout, barre la route à l’emploi des séniors au nom de deux principes stupides :
– il veut libérer le travailleur du joug aliénant du travail, alors qu’avocat, médecin, chanteur ne sont pas aliénés, donc pas à libérer
– il pense qu’en enlevant un sénior du marché du travail, il libère un emploi, car, c’est bien connu dans la doctrine marxiste, le travail ne se crée pas, il se partage.
La dictature cryptocommuniste a conduit à ce gâchis qui fait partir des gens pleinement compétents du marché du travail vers l’ascension du Machu Picchu, les parties de tennis endiablées, ou l’enfoncement dans une sénilité précoce selon les cas.
Le passage de ce cap est difficile pour moi, car me sentant en pleine possession de mes moyens intellectuels, je suis triste pour mon pays qui subit la dictature de la pensée correcte imposée par les syndicats et s’enfonce dans une médiocrité qu’il serait tellement facile d’éviter.
Mais j’y pense tout à coup, si le monde de l’entreprise m’est maintenant fermé, il me reste une carrière possible : je peux être Président de la République.
C’est en 2012.
Si pour les Jeux Olympiques, mes espoirs sont assez faibles, pour la conduite du Char de l’Etat, mon permis est encore valable. Un petit peu d’échauffement, et hop, c’est bon.
On y va !